Ndaa nga ! / Le voici !

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, littérature enfantine, chanson pour jouer — wamndugo

Production du corpus

Conteuse: Djénabou (surnommée Kilélé). Djénabou a 55 ans. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Elle a appris à conter auprès de sa grand-mère.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde] (Dargala) 06/03/2011

Enregistré dans une case, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Comptine pour jouer avec les tout petits: l’adulte prend l’enfant et le fait sauter entre ses mains (wamndugo) en disant ou en chantant la comptine. Celle-ci ne pouvant être exécutée sans bébé effectivement dans les mains, la conteuse s’est fabriqué une sorte de poupée de chiffon comme substitut de bébé.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

 

Ndaa nga, ndaa nga, ndaa nga !

Le voici, le voici, le voici !
Ndaa nga, ilam waddi nga ! Le voici, c’est la crue qui l’a apporté !
Ndaa nga, Alla hokki nga ! Le voici, c’est Dieu qui l’a donné !
Ndaa nga, ilam waddi nga ! Le voici, c’est la crue qui l’a apporté !
Giɗɗo nga, fina laara nga ! Que celui qui l’aime s’éveille et le voie !
Ganyɗo nga, fina suukoo ! Que celui qui le hait s’éveille et aille au diable !
Giɗɗo nga, fina laara nga ! Que celui qui l’aime s’éveille et le voie !
Ganyɗo nga, fina suukoo ! Que celui qui le hait s’éveille et aille au diable !
Ndaa nga, ndaa nga, ndaa nga ! Le voici, le voici, le voici !
Ndaa nga, Alla hokki nga ! Le voici, c’est Dieu qui l’a donné !
Ndaa nga, ilam waddi nga ! Le voici, c’est la crue qui l’a apporté !
Giɗɗo nga, fina laara nga ! Que celui qui l’aime s’éveille et le voie !
Ganyɗo nga, yewa daande ! Que celui qui le hait se brise le cou !
Ndaa nga, ndaa nga, ndaa nga ! Le voici, le voici, le voici !
Daarɗo nga, gite nduɗɗitoo ! Celui qui l’aime, que ses yeux se révulsent !
Caliiɗo ! Celui qui refuse !
Daarɗo nga, gite nduɗɗitoo ! Celui qui l’aime, que ses yeux se révulsent !
Cappiiɗo nga, koolel yewa ! Celui qui le pointe du doigt, que son petit doigt se brise !
Ndaa !

Voilà !

 

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

Kaay sukaayel kaay ! / Oh ! petit gars ! Oh !

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, littérature enfantine, chanson pour jouer — wamndugo

Production du corpus

Conteuse: Djam Doûdou a 55 ans. Elle ne s’exprime qu’en fulfulde. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Mariée, elle n’a jamais eu d’enfant. Elle a appris à conter auprès de sa mère et de sa grand-mère. Quand elle était petite, elle savait beaucoup de contes. Maintenant, elle en a oublié beaucoup.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde] (Dargala) 06/03/2011

Enregistré dans une case, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Comptine pour jouer avec les tout petits: l’adulte prend l’enfant et le fait sauter entre ses mains (wamndugo) en disant ou en chantant la comptine. Celle-ci ne pouvant être exécutée sans bébé effectivement dans les mains, la conteuse s’est fabriqué une sorte de poupée de chiffon comme substitut de bébé.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Kaay1 sukaayel kaay !

Kaay petit gars kaay !

Kaa’2 e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji3 kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

(A’a ?)

(A’a ?)

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay!

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

(Aan, suy lee non !)

(Toi, arrête, ça suffit comme ça4 !)

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa’ et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay!

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

(Cuy !)

(Ça suffit !)

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Kaay sukaayel, kaay !

Kaay petit gars, kaay !

Kaa’ e mo yiɗ ma hul ma !

Kaa ! et qui t’aime te craint !

Adineeji kulanmi, kaay !

Ce sont les difficultés de la vie que je crains, kaay !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1  Exclamation qui signifie l’étonnement souvent teinté de réprobation.

2  Exclamation marquant une interdiction.

3 Equivalent probable de yakeeji dunya : les conditions de ce monde. Le mot n’est pas attesté au dictionnaire de Noye (1989).

4  Une femme assise près de Jam-Duudu lui dit d’arrêter, puisqu’elle a déjà donné la comptine intégralement.

Woudâlo-Woudâlo

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — oiseau, bale de mil

Production du corpus

Conteuse: Djam Doûdou a 55 ans. Elle ne s’exprime qu’en fulfulde. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Mariée, elle n’a jamais eu d’enfant. Elle a appris à conter auprès de sa mère et de sa grand-mère. Quand elle était petite, elle savait beaucoup de contes. Maintenant, elle en a oublié une bonne partie.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde], (Dargala06/03/2011)

Conte enregistré suite à un rendez-vous pris avec la conteuse

Descriptif

Woudâlo, un fils de roi, a pitié d’un oiseau qui se contente de picorer de la bale de mil.

L’oiseau finit par avaler tous les biens du village, mais, à la fin, il les restitue.

Conte avec chant.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

 

Wudaalo-Wudaalo ! – Wudaalo-Wudaalo1 !
(Rires) (Rires)
Yoo ! Ɗoo kam, timmi na ? Bon ! Celui-ci est fini ?
Wudaalo-Wudaalo na ? [Je conte] Wudaalo-Wudaalo ?
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Wooɗi ! Huuduure e daande ! Bon ! Bien ! La plaie au cou2 !
(Yolnde e tiinde !) (L’entrée au front !)
Ɓinngel ngeel, Cet enfant,
Mhm ! Mhm !
ɓii laamɗo, kanko boo… c’est un fils de roi, lui aussi…
Sonndu ɗon. Il y a un oiseau.
O yaali sonndu ɗon nyaama nyaande har wiɗaago ɗoo. En passant, [il trouve] un oiseau qui mange de la bale en grattant le sol.
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Ayyee, sonndu am ! Il dit : « Oh3 ! mon oiseau !
Ayyee, gawri baaba am mari ndii pat ni, Oh ! Avec tout ce que mon père possède de mil,
ngaraa a ɗon wiɗoo nyaande meere ! tu viens gratter la bale seulement !
Mhm ! Mhm !
Ii ! Fayannde amin woore boo a saftan. » Ii ! Une seule de nos marmites pourrait te suffire. »
Wooɗi, sonndu fiiri var ! Bon, l’oiseau s’envola var4 !
tokkii mo wi’i mo : « Ndeen kam, ndillen ma ! » le suivit et lui dit : « Alors, allons-y ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe ngari her gawri dubbe unordu maɓɓe. Ils allèrent vers le mil qui se trouvait tout autour de leur mortier.
O waddi sonndu her gawri dubbe unordu. Il amena l’oiseau dans le mil qui se trouvait tout autour du mortier.
Sonndu suppi cap ! cap ! cap ! timmini ! L’oiseau picora cap ! cap ! cap ! et mangea tout !
Mhm ! Mhm !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
(Rire) (Rires)
O wi’i : [L’enfant] dit :
« Daada am, nanii na5, [CHANT] « Ma mère, écoute,
Baaba am, nanii na, Mon père, écoute
Ko colel wi’atammi, Ce que l’oiseau me dit,
Collalel6 ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo7 !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe naastini mo, um, hum, fayannde. Ils l’ont mis dans, euh, euh, un récipient en terre.
Mhm ! Mhm !
Suppi pat, timmini, wurtii. Il a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti.
(Kaay !) (Kaay !)
Mhm ! Mhm !
(Kuugal na waɗi) (Ça c’est du boulot8 !)
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
« Daada am nanii na, [CHANT du garçon] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo, Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Ɓe naastini mo beembal. On le fait entrer dans le grenier.
Mhm ! Mhm !
Sonndu suppi pat, timmini wurtii ! L’oiseau a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé !
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe naastini mo ngaska gawri, ɓe ufti. Ils le font entrer dans le silo à grain, ils le déterrent9.
Sonndu naasti suppi pat timmini, wurti ! L’oiseau y est entré, il a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti !
Mhm ! Mhm !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Jonta kam, min timmi, [L’enfant] dit : « Maintenant, nous sommes fichus,
sey na’i amin lutti. » il ne [nous] reste plus que nos vaches. »
Moɗi na’i goo fuu. [L’oiseau] avala toutes les vaches en question.
Hmm ! Hmm !
Kadi boo : De nouveau :
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
O wi’i : [L’enfant] dit :
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
O wi’i : « Jonta kam, [L’enfant] dit : « Désormais,
sey minin lutti bee baaba am bee daada am. » il ne reste plus que moi, mon père et ma mère. »
O wi’i : « Janngo, taa meetu ! » [L’oiseau] dit : « La prochaine fois, ne recommence pas ! »
O tuuti kuuje maɓɓe goo pat, L’oiseau régurgita tous leurs biens,
koo gawri dubbe unordu. même le mil autour du mortier.
O wi’i : « To a tawi sonndu ɗon suppa e nyaande mum, [L’oiseau] dit : « Si tu trouves un oiseau qui picore dans sa bale,
accu suppa ! laisse-le picorer.
Mhm ! Mhm !
A anndi no reedu mum foti na ? » Connais-tu la contenance de son ventre10 ? »
(Rires) (Rires)
Takkaande bojel ! Takkaande bojel11 !
(Sakko mbi’aa a jogotoo na ?) (Et tu dirais que tu vas t’occuper de lui12 ?)
(Rires) (Rire)

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1  Un homme de l’assistance rappelle à la conteuse le titre du prochain conte qu’elle a promis.

2  La conteuse se remémore une phrase caractéristique du conte, et une personne de l’assistance dit la suivante.

3  Ayyee : exclamation marquant la pitié.

4  Idéophone formellement apparenté à une racine verbale tchadique *fr.

5  Littéralement : « n’as[-tu] pas entendu ? »

6   Forme poétique pour collel « petit oiseau »

7  L’enfant répète le chant de l’oiseau.

8  Commentaire d’une auditrice.

9 Autrefois, on creusait de profonds silos à grain dans la terre, et on les rebouchait soigneusement.

10  L’oiseau conseille à l’enfant de laisser les oiseaux picorer comme ils ont l’habitude de le faire, sans leur proposer quoi que ce soit d’autre, au risque de se retrouver ruiné.

11  Formule conclusive.

12  Commentaire d’une personne de l’auditoire.

Doggudu lelel / La course de la petite gazelle

 

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, littérature enfantine, comptine

Production du corpus

Conteuse: Djénabou (surnommée Kilélé). Djénabou a 55 ans. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Elle a appris à conter auprès de sa grand-mère.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde] (Dargala) 06/03/2011

Enregistré en matinée dans une case, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse

Descriptif

Comptine avec passages difficiles à traduire.Texte chantonné.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

 

Yoo !

Bon !

Doggudu lelel.

La course de la gazelle.

Doggudu lelel na ?

La course de la gazelle ?

Mhm !

Mhm !

Yoo, ɗoo boo, doggudu lelwa.

Bon, en ce cas, [voici] la course de la gazelle.

Mhm !

Mhm !

Lelel lelel, ko ndoggataa?

Gazelle, gazelle, pourquoi cours-tu ?

Naa mi doggan, mi ijjitan

Je ne cours pas, je retourne la terre avec force

Bidi bidi yaadu foondu ;

Bidi bidi au pas de pigeons ;

Tawmi colel keƴƴaangel1 ;

J’ai trouvé un oiselet coupé en tranches ;

Tawmi binndi caafaali ;

J’ai trouvé les tachetures2 du lycaon ;

Nagge nani duudaango

La vache a entendu l’aboiement [?]

duudiingel girim pak

Le petit aboiement girim pak

girim pak ngel dawaaɗi,

Le girim pak des chiens,

Dawaaɗi mbaalii woygo;

Les chiens ont aboyé toute la nuit

Daftaaɗi mbaalii woygo

Les [chiens] du grand matin [?] ont passé la nuit à crier,

damta kuruutuyel.

damta kuruutuyel.

Mhm !

Mhm !

Suy !

C’est fini !

(Rire)

(Rire)

Suy na ?

C’est fini ?

Timmi !

C’est terminé !

(Rire)

(Rire)

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1   Participe passif de heƴƴugo « couper, trancher », absent de Noye 1989.

2   Litt. : « les écrits ». La comptine compare les taches du pelage du lycaon à des signes graphiques.

Nyiiwa bee bojel bee ngabbu / L’éléphant, le lièvre et l’hippopotame

 

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — lièvre, éléphant, hippopotame, tir à la corde, porc-épic

Production du corpus

Conteuse: Zaraou, âgée d’environ 35 ans. Elle est née à Bogo. Veuve. Elle a quatre enfants.

Contexte de production

Bogo 19/04/2012

Le conte a été enregistré en plein air, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Lièvre défie Éléphant au tir à la corde et se fait subrepticement remplacer par Hippopotame. Hippopotame découvre la supercherie. Mais finalement, Lièvre échappe au mauvais sort auquel on voulait le condamner.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 


 

 

 

.

.

Nyiiwa bee bojel bee ngabbu. L’Éléphant, le Lièvre et l’Hippopotame.
[– On ɗon taala taali kadi boo na ?] – Vous contez encore vos contes 1  ?
– Ooho ! – Oui !
Bee ngabbu. Et l’Hippopotame.
Mhm ! Mhm !
Jonta kam, bojel ɗon yiiloo, ɗon yiiloo, ɗon yiiloo, Alors, le Lièvre se promenait, il se promenait, il se promenait,
Mhm ! Mhm !
yehi fotti bee nyiiwa. et il était allé rencontrer l’Éléphant.
Yehi fotti bee nyiiwa goo, Après avoir été rencontrer l’Éléphant,
Mhm ! Mhm !
bojel wi’ata nyiiwa yoo : le Lièvre dit à l’Éléphant :
« Hm ! Nyiiwa, jonta, nyiiwa, « Hm ! Éléphant, maintenant, Éléphant,
Mhm ! Mhm !
mi wadda ɓoggol nii, j’apporte une corde,
Mhm ! Mhm !
njogooɗaa ɓoggol. tu tiens la corde.
Miin boo mi yaha haa daayiiɗum, mi jogoo ɓoggol. Moi, je m’éloigne, je tiens la corde.
Pooɗpooɗtindiren haa ndaaren moy ɓurata semmbe na. » Tirons mutuellement pour voir qui est le plus fort. »
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa wi’ata : « Hm ! Hey bojel ! Hey bojel ! L’Éléphant dit : « Hm ! Eh ! Lièvre ! Eh ! Lièvre !
Aan oo ni mbi’aa yoo pooɗpooɗtindiren haa ndaara moy ɓurata semmbe C’est toi qui me dis que nous tirions chacun de notre côté pour voir qui est le plus fort ?
Sinaa haa carga yam ? » N’est-ce pas pour m’embêter ? »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Aan kam, poonden ma haa ndaaren. Il dit : « Toi, essayons donc pour voir !
A anndi moy ɓurata semmbe na ? » Tu sais qui est le plus fort ? »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Nyiiwa wii : « Wooɗi. » L’Éléphant dit : « Bon ! »
Bojel hokki nyiiwa ɓoggol. Le Lièvre donna la corde à l’Éléphant.
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa jogake. L’Éléphant la prit.
Bojel dilli, ɗon dura, ɗon dura, ɗon dura, Le Lièvre partit, il pâture, il pâture, il pâture,
yehi tawoyi ngabbu. et va trouver l’Hippopotame.
Ngabbu boo, kanyum mari maayo, ɗon nder maayo tum. L’Hippopotame, c’est lui le maître du fleuve, il est toujours dans le fleuve.
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa, kanyum mari ladde, ɗon nder ladde tum. L’Éléphant, c’est lui le maître de la brousse, il est toujours en brousse.
Mhm ! Mhm !
Suy, Puis,
[Miin kam, mi dilli, Adda !] Moi, je m’en vais, Adda 2  !
Ngabbu wi’ata, L’Éléphant dit 3 ,
Bojel wi’ata ngabbu yoo : le Lièvre dit à l’Hippopotame :
« Ngabbu, jonta, ngabbu, « Hippopotame, maintenant, Hippopotame,
jonta en poondoo lee semmbe men, ndaaren. maintenant mesurons nos forces, pour voir.
Mi hokke ɓoggol njogooɗaa, Je te donne la corde à tenir,
Mhm ! Mhm !
miin doo 4 , mi jogoo ɓoggol. moi aussi, je tiens la corde.
En ɗon pooɗpooɗtindira haa ndaaren moy ɓurata semmbe. » Tirons chacun de notre côté pour voir qui est le plus fort. »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ngabbu wii: « Hey bojel ! L’Hippopotame dit : « Eh ! Lièvre !
Aan oo nii jonta pooɗpooɗtindiren haa haa ndaaren moy ɓurata semmbe ? C’est toi maintenant [qui dis] que nous tirions chacun de notre côté pour voir qui est le plus fort ?
Sinaa haa mbi’aa, haa cargaa yam, bojel. » N’est-ce pas pour dire, pour m’embêter, Lièvre. »
O wii : « Aan kam, a anndi no semmbe am foti na, joga lee ! » Il dit : « Toi, tu connais ma force, tiens ça ! »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ngabbu wii : « Yoo, wooɗi ! » L’Hippopotame dit : « Bon, d’accord ! »
Mhm ! Mhm !
Ngabbu goo jogake ɓoggol. L’Hippopotame a tenu la corde.
Bojel dilli naasti ladde ɗon dura. Le Lièvre est parti en brousse et il pâture.
Nyiiwa fooɗa, ngabbu fooɗa. L’Éléphant tire, l’Hippopotame tire.
Daga fajiri, Depuis le matin,
Mhm ! Mhm !
nyiiwa fooɗa haa ɗum laaha, ɗum somsomtindira. l’Éléphant tire tant et si bien que [tous les deux] halètent, ils sont fatigués tous les deux.
Ngabbu wi’a yoo : « Kaay ! Ayyee ! Bojel ni, L’Hippopotame dit : « Kaay ! Ayyee ! Le lièvre !
Mhm ! Mhm !
daga fajiri haa asiri mi waawataa fooɗgo bojel. Depuis le matin jusqu’au soir, je n’arrive pas à tirer un lièvre ?
Mhm ! Mhm !
Kaayeefi kam waɗi. » C’est vraiment qqch d’incroyable ! »
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa boo fooɗa, fooɗa, soma, daroo wi’a yoo : L’Éléphant, également, tire, tire, se fatigue, s’arrête et dit :
« Ayyee ! Bojel ni, miin nyiiwa, Ayyee ! Le Lièvre ! Moi, Éléphant,
mi waawataa fooɗgo bojel mi wartira haa yeeso am daga fajiri haa asiri. je n’arrive pas à tirer un lièvre pour l’amener devant moi, depuis le matin jusqu’au soir ?
Mhm ! Mhm !
Ammaa, bojel, asee, jonta, bojel bee semmbe bannii. » Mais, le Lièvre, ah ! maintenant, le Lièvre est fort comme ça ? »
Bojel fooɗa, ngabbu fooɗa. Le Lièvre 5  tire, l’Hippopotame tire.
Bojel fooɗa, ngabbu fooɗa haa asiri, naange ɗon muta. Le Lièvre tire, l’Hippopotame tire jusqu’au soir, le soleil se couche.
Mhm ! Mhm !
Suy, nyiiwa ɗon tagga ɓoggol. Puis l’Éléphant enroule la corde.
Mhm ! Mhm !
Ngabbu ɗon tagga ɓoggol. L’Hippopotame enroule la corde.
Mhm ! Mhm !
Haa ɓe ngari ɓe potti kakara kap ! Jusqu’à ce qu’ils se rejoignent nez à nez !
« – Hii ! Nyiiwa ! « –Hii ! Éléphant !
– Hii ! Ngabbu ! – Hii ! Hippopotame !
Noy ngabbu? – Que se passe-t-il, Hippopotame ?
Hii ! Miin na ndaa ko bojel wii yam. Hii ! Moi, voici ce que m’a dit le Lièvre.
Mhm ! Mhm !
Bojel wii : “Mi foo-, mi jogoo, kanyum haa fooɗa, Le Lièvre a dit : « Je ti-, je tiens, pour que lui il tire,
miin boo, mi fooɗa, min ndaara semmbe”. et moi, que je tire, que nous comparions nos forces. »
Hii ! Miin doo, na bojel wii yam ka. – Hii ! Moi aussi, le Lièvre m’a dit ça.
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Laa ilaaha illalla ! Laa ilaaha illalla 6  !
Hey bojel ! Hey nyiiwa ! » Hey, le Lièvre ! Hey Éléphant ! »
Booɗɗum ! Bon !
Nyiiwa wii yoo : « Naa non ngaɗten ngab-, ngabbu. L’Éléphant dit : « Ce n’est pas comme ça qu’on doit faire, Hip-, Hippopotame.
Mhm ! Mhm !
Miin, min mari ladde. Moi, je suis le maître de la brousse.
Mhm ! Mhm !
To mi yii bojel ɗon dura haa ladde ɗoo pat, mi wara ɗum. Dès que je verrai le Lièvre pâturer dans la brousse, je le tuerai.
Aan boo, aan mari ndiyam. Toi, c’est toi qui es le maître de l’eau.
Taa bojel yaha yara. Il ne faut pas que le Lièvre aille boire.
To wari haa yara fuu, war ɗum. » Dès qu’il vient boire, tue-le ! »
Mhm ! Mhm !
Yoo, wooɗi ! Asee, bojel ɗon falii sera nana. Bon, bien ! Ah ! Le lièvre est aux aguets, à côté, et il entend.
Ɓe acca haraka, Adda ! Il faut qu’ils arrêtent de faire du bruit, Adda 7  !
– Mbi’aa Adda faarta ɓe, ɓe acca haraka !] – Dis à Adda de les chasser, qu’ils arrêtent de faire du bruit 8  !
Mhm ! Mhm !
Suy bojel kam, Puis le Lièvre,
[Adda, o wii yoo paartaa ɓe, ɓe acca haraka.] Adda, elle a dit que tu les chasses, qu’ils arrêtent de faire du bruit 9 .
Bojel kam doggi suuɗake, Le Lièvre a couru se cacher,
suuɗoo dura, suuɗoo dura, il se cache et pâture, il se cache et pâture,
Mhm ! Mhm !
suuɗoo dura. il se cache et pâture.
Jam, ɓiira, bojel kam, Puis, ɓiira, le Lièvre,
har suuɗotoo dura, ɗoon, yehi tawi saŋalde waati. là où il se cache pour pâturer, là, il a trouvé un porc-épic mort.
Saŋalde boo, huunde jey mari gi’e gi’e ɗoo, Le porc-épic, c’est une bête qui a des piquants,
huunde jey mari gi’e gi’e ɗoo. une bête qui a des piquants partout.
Ɗon nii nii ɗoo, waati. Ils [piquants] sont comme ça comme ça 10 , il est mort.
Mhm ! Mhm !
Buubi ɗon tokkii laral man. Il y a des mouches qui sont après la peau.
Ɓiira, bojel itti laral man fahaat ! ɓorni haa ɓanndu muuɗum. Ɓiira, le Lièvre arrache la peau fahaat 11  ! et l’a mise sur lui.
Mhm ! Mhm !
Suy, ɓiira, buubi ɗon tokkii. Puis, ɓiira, les mouches sont après [lui].
Suy bojel goo ɗon yaha, yehi ɗon dura les nyiiwa, Puis le Lièvre s’en va, il s’en va pâturer à côté de l’Éléphant,
Mhm ! Mhm !
hakkiilo, hakkiilo, buubi ɗon tiŋŋinii. tout doucement, tout doucement, il est couvert de mouches.
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa laari : « – Saŋalde ? L’Éléphant le voit : « – Porc-épic ?
– Na’aam ! nyiiwa am ! – Oui ! Cher 12  Éléphant !
– E ko waɗma bannii, saŋalde ? – Et qu’est-ce qui t’arrive comme ça, Porc-Épic ?
(Rire) (Rires)
– Naa bojel siiri yam na ? – N’est-ce pas le Lièvre qui m’a jeté un mauvais sort ?
– Hii, jonta bojel siirotoo na, saŋalde ? – Hii, depuis quand le Lièvre jette-t-il des mauvais sorts, Porc-Épic ?
– Ala, ala, ala, bojel na siirotoo haa mbara, saŋalde. – Ha, ha, ha ! Le Lièvre jette bel et bien des sorts au point de tuer, Porc-Épic 13 .
– Useni to a yi’ani yam nyiiwa, bojel, – Si tu me vois l’Éléphant, Lièvre 14 ,
mbi’aa bojel wara dura, ladde nde maako. dis-lui de venir pâturer, la brousse est à lui.
Kanko mari, useni. » C’est lui [qui en est] le propriétaire, je t’en prie. »
Mhm ! Mhm !
Wooɗi, bojel dilli gal ndiyam, Bon ! Le lièvre est allé du côté de l’eau,
ɗon duu-, ɗon haa yara ndiyam, il pâ-, pour boire de l’eau,
wari tawi ngabbu. et il a trouvé l’Hippopotame.
Ngabbu laari huunde, buubi fuu ɗon tokkii, L’Hippopotame voit la bête, suivie d’un essaim de mouches.
ba nga ɓadake waatgo. comme [un animal] qui est près de crever.
– Hii ! ii ! Bojel, e ko waɗ ma bojel ? – Hii ! ii ! Lièvre, et qu’est-ce qu’il t’arrive Lièvre ?
– Hii, naa ! – Hii, n’est-ce pas !
[Saŋalde] Le Porc-épic 15
– Ko waɗ ma saŋalde ? – Qu’est-ce qu’il t’arrive, Porc-Épic 16  ?
– Naa bojel siiri yam na ? – N’est-ce pas le Lièvre qui m’a jeté un mauvais sort ?
Na bojel siiri yam. C’est bel et bien le Lièvre qui m’a jeté un mauvais sort.
– Jonta bojel siirotoo na, saŋalde ? – Depuis quand le Lièvre jette-t-il des mauvais sorts, Porc-Épic ?
– Ala, ala, ala, ko siiri ba bojel. – Ha, ha, ha ! Qu’est-ce qui jette des mauvais sorts sinon le Lièvre !
Bojel na siirotoo haa mbara. C’est le Lièvre qui jette des mauvais sorts jusqu’à tuer.
– To a yi’ani yam bojel, – Si tu me vois le Lièvre [dit l’Hippopotame],
mbi’aa bojel wara duu-, wara yara ndiyam. dis-lui de venir pâ-, de venir boire de l’eau.
Ndiyam ɗam maako. L’eau lui appartient.
Mhm ! Mhm !
Useni to a yi’ani yam bojel… » Je t’en prie, si tu me vois le Lièvre… »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Jam, o wii : « Iyo ! » Puis, il dit : « D’accord ! »
Bojel taari nii yehi ɓorti laral goo, sakkini. Le Lièvre est allé faire un tour, il a retiré la peau et l’a jetée.
Mhm ! Mhm !
Suy wari ɗon dura les nyiiwa. Puis il est venu pâturer près de l’Éléphant.
Daga daayiiɗum, bojel, nyiiwa laari bojel. De loin, le Lièvre 17 , l’Éléphant a vu le Lièvre.
« Bojel, war ! « Lièvre, viens !
(Rire) (Rire)
Kadi ngam en ngaɗi haala seɗɗa nii, Alors, c’est parce qu’on a eu une petite dispute,
tikkaa mbi’aa a durataa ladde ? que tu te fâches et que tu dis que tu ne vas pas pâturer en brousse ?
Ladde na nde maaɗa ! La brousse est à toi !
Ngaraa nduraa no ngiɗɗaa. Viens pâturer comme tu veux !
Mhm ! Mhm !
Ngaɗaa ko ngiɗɗaa. Fais comme tu veux !
Ladde nde maaɗa. La brousse est à toi.
Kadi to a duraay haa ladde ndee kam, Si ce n’est pas toi qui pâtures dans cette brousse,
moy duri nde ? qui le fera ?
War, dur no ngiɗɗaa. Viens, pâture comme tu veux !
– Iyo wooɗi, nyiiwa am ! » – Bon, d’accord, cher Éléphant ! »
Kadi boo, ngel dilli haa ngabbu. De nouveau, [le Lièvre] est allé du côté de chez l’Hippopotame.
Ngabbu ƴeewi haa daayiiɗum : L’Hippopotame l’a aperçu de loin :
« Bojel, bojel, war waaye ! « Lièvre, Lièvre, viens, mon ami 18  !
War waaye bojel ! » Viens mon ami Lièvre ! »
Bojel wari. Le Lièvre est venu.
« Kadi ndiyam ɗam maaɗa ni, a warataa njaraa. « Alors que cette eau est à toi, tu ne viens pas boire ?
Mbi’aa yoo ngam en ngaɗi haala seɗɗa, Tu dis que c’est parce que nous avons eu une petite dispute,
mbi’aa yoo a tikki a warataa njaraa ndiyam. tu dis que tu es fâché et que tu ne vas pas venir boire de l’eau ?
Toy ngarataa njaraa ndiyam sinaa haa ɗoo ? Où iras-tu boire de l’eau sinon ici ?
Mhm ! Mhm !
War yar ndiyam maa no ngiɗɗaa. » Viens boire de l’eau comme tu veux. »
Mhm ! Mhm !
Bojel heɓti hoore muuɗum. Le Lièvre s’est sauvé.
Takala mulus ! Takala mulus !
(Rire) (Rires)

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


.

Notes:

1  Question posée à la conteuse par une femme de passage.

2  Une femme de l’auditoire prévient la conteuse qu’elle s’en va.

3  La conteuse se trompe et se reprend immédiatement.

4  Variante de boo.

5  La conteuse se trompe. Elle voulait dire « l’Eléphant ».

6  Littéralement : « il n’y a d’autre dieu que Dieu ! » ; fait partie de la profession de foi islamique. Ici, comme dans le langage courant, c’est simplement une exclamation qui marque la réprobation, la stupéfaction, etc.

7  La conteuse s’adresse à une femme surnommée « Adda » [grande sœur] et lui demande de faire cesser le bruit qui la dérange.

8  Comme Adda ne comprend manifestement pas ce qu’on lui demande, la conteuse demande à une petite fille d’aller redire la chose à Adda.

9  La petite fille s’adresse à Adda.

10  La conteuse fait un geste pour montrer comment les piquants sont dressés.

11  Idéophone qui décrit le geste et le bruit d’une peau qu’on arrache sur un animal mort.

12  Litt. « mon Éléphant » ; comporte une forte nuance d’affectivité.

13  La conteuse s’est trompée et voulait dire « Eléphant ».

14  La conteuse voulait dire : « Si tu me vois le Lièvre, Eléphant… »

15  Un personne de l’auditoire fait comprendre à la conteuse qu’elle s’est trompée et rectifie son erreur.

16  La conteuse se reprend en corrigeant.

17  Lapsus de la conteuse, qui se reprend immédiatement.

18  Appellation familière entre membres d’une même classe d’âge ; en dehors de ce cadre, peut être considéré comme un manque de respect.

Sonndu woosndu / L’oiseau paralytique

 

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, chantefable, taalol — oiseau, puits

Production du corpus

Conteuse: Djam Doûdou a 55 ans. Elle ne s’exprime qu’en fulfulde. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Mariée, elle n’a jamais eu d’enfant. Elle a appris à conter auprès de sa mère et de sa grand-mère. Quand elle était petite, elle savait beaucoup de contes. Maintenant, elle en a oublié une bonne partie.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde] (Dargala) 17/04/2012

Le conte a été enregistré dans une case, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Les oiseaux sont allés boire au puits et ont poussé dedans l’oiseau paralytique. Du fond du puits l’oiseau chante pour raconter ce qu’on lui a fait. Tout le village défile au puits pour écouter le merveilleux chant de l’oiseau. Finalement, on le sort de là et le roi le prend chez lui. La femme du roi le laisse s’échapper. Le roi demande qu’on le lui retrouve. Finalement, l’oiseau revient.

Conte avec chant d’un rythme remarquable.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 


 

 

 

 

 

 

1  Colli ndilli nyeɗoygo, 1 Les oiseaux sont allés puiser de l’eau
2  ɗi ndilli yaroygo. 2  et ils sont allés boire.
3  Jam, ɗi mooɓti ɗi fuu ɗi njari, 3  Puis, ils se sont tous réunis et ils ont bu.
4  suy, ɗi ngerɓi collel yewa-kosngelyel, boosngel. 4  Alors, ils ont poussé l’oiselet à la petite patte cassée, paralytique.
5  – Mhm ! 5  – Mhm !
6  Jam, laamɗo boo, ɓunndu man yaranno, 6  Puis, le chef, c’est à ce puits qu’il buvait,
7  neliɓewiiɓeɓenjaha, 7  il a envoyé [des gens] et leur a dit d’aller,
8  neli korɗo mum yaha nyeɗana ɗum. 8  il a envoyé son esclave femme lui puiser [de l’eau].
9  Laamɗo teema wari haa yara tawon kanyum oon, 9  Le chef était peut-être déjà venu boire lui-même,
10  wari tawi collel. 10  il est venu trouver l’oiselet.
11  Laamɗo, laamɗoo ! [La conteuse s’interrompt pour retrouver le fil du conte] 11  [CHANT] Chef, chef ! [La conteuse s’interrompt pour retrouver le fil du conte]
12  – Debbo laamɗo teema ? [Suggestion de la voisine de la conteuse] 12  – La femme du chef, peut-être ? [Suggestion de la voisine de la conteuse]
13  –Ḿ’m̀ ! 13  –Non!
14  [CHANT] Laamɗo, laamɗoo, daymana ! 14  [CHANT] Chef, chef, daymana !
15  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 15  Grand chef, daymana !
16  Colli ngarnoo, daymana ! 16  Les oiseaux étaient venus, daymana !
17  Ngarino yargoo, daymana ! 17  Étaient venus boire
18  Colli piirii, daymana ! 18  Les oiseaux se sont envolés, daymana !
19  Ɗali collell, daymana ! 19  Ont laissé l’oiselet, daymana !
20  Sonndu woosnduu, daymana ! 20  L’oiseau paralytique, daymana !
21  [Na-1] naasti ɓunnduu, daymana ! 21  [Les oiseaux] sont entrés dans le puits, daymana !
22  Fiiri dillii, daymana ! 22  Se sont envolés et sont partis, daymana !
23  Wa’’i leggell, daymana ! 23  Sont montés sur un arbuste, daymana !
24  Laamɗo kam heɓaay no yarda, 24  Le chef n’a pas réussi à boire,
25  huuci neli korɗo muuɗum. 25  il est rentré chez lui et a envoyé son esclave femme.
26  Korɗo wari. 26  L’esclave est venue.
27  – Ngel ton nder ɓunndu [Commentaire d’une personne de l’assistance] 27  [L’oiselet] se trouve dans le puits. [Commentaire d’une personne de l’assistance.]
28  Ngel toon, ngel heɓaay, 28  [L’oiselet] est dedans et il n’a pas pu [ressortir].
29  [CHANT] Korɗo, korɗoo, daymana ! 29  [CHANT] Esclave femme, esclave femme, daymana !
30  Korɗo laamɗoo, daymana ! 30  Esclave du chef, daymana !
31  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 31  Du grand chef, daymana !
32  Colli ngarnoo, daymana ! 32  Les oiseaux étaient venus, daymana !
33  Ngari yargoo, daymana ! 33  Sont venus boire, daymana !
34  Piiri ndillii, daymana ! 34  Se sont envolés et sont partis, daymana !
35  Ɗali colleel, daymana ! 35  Ont laissé l’oiselet, daymana !
36  Sonndu woosnduu, daymana ! 36  L’oiseau paralytique, daymana !
37  Piiri ndillii, daymana ! 37  Se sont envolés et sont partis, daymana !
38  Mba’’i leggell, daymana ! 38  Sont montés sur un arbuste, daymana !
39  Ɗali collell, daymana ! 39  Ont laissé l’oiselet, daymana !
40  Korɗo kam jooɗii ɗoon ! 40  L’esclave femme est restée là.
41  Debbo laamɗo waroyi. 41  La femme du chef est arrivée.
42  [Rires de la voisine de la conteuse] 42  [Rires de la voisine de la conteuse]
43  [CHANT] Laamɗo, laamɗoo, daymana ! 43  [CHANT] Chef, chef, daymana !
44  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 44  Grand chef, daymana !
45  Debbo laamɗoo, daymana ! 45  Femme du chef, daymana !
46  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 46  Grand chef, daymana !
47  Colli ngarnoo, daymana ! 47  Les oiseaux étaient venus, daymana !
48  Ngari yargoo, daymana ! 48  Sont venus boire, daymana !
49  Colli piirii, daymana ! 49  Les oiseaux se sont envolés, daymana !
50  Ɗali collell, daymana ! 50  Ont laissé l’oiselet, daymana !
51  Sonndu woosnduu, daymana ! 51  L’oiseau paralytique, daymana !
52  Piiri ndillii, daymana ! 52  Se sont envolés et sont partis, daymana !
53  Ɗali sonnduu, daymana ! 53  Ont laissé l’oiseau, daymana !
54  Laamɗo,laamɗoo,daymana! 54  Chef, chef !daymana !
55  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 55  Grand chef, daymana !
56  Debbo boo jooɗii ! 56  La femme également est restée [là-bas].
57  Goɗɗo boo waroyi ! 57  Quelqu’un d’autre est venu.
58  [CHANT] Laamɗo, laamɗoo, daymana ! 58  [CHANT] Chef, chef, daymana !
59  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 59  Grand chef, daymana !
60  Innu laamɗoo, daymana ! 60  Homme du palais [litt. : personne du chef], daymana !
61  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 61  Grand chef, daymana !
62  Colli ngarnoo, daymana ! 62  Les oiseaux étaient venus, daymana !
63  Ngari yargoo, daymana ! 63  Étaient venus boire, daymana !
64  Piiri ndillii, daymana ! 64  Se sont envolés et sont partis, daymana !
65  Ɗali collell, daymana ! 65  Ont laissé l’oiselet, daymana !
66  Sonndu woosnduu, daymana ! 66  L’oiseau paralytique, daymana !
67  Piiri ndillii, daymana ! 67  Se sont envolés et sont partis, daymana !
68  Mba’’i lekkii, daymana ! 68  Sont montés sur un arbre, daymana !
69  Goɗɗo boo waroyi ! 69  Quelqu’un d’autre est arrivé.
70  Wuro fuu wardi. 70  Tout le village est venu.
71  Ii! 71  Ii!
72  [CHANT] Laamɗo, laamɗoo, daymana ! 72  [CHANT] Chef, chef, daymana !
73  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 73  Grand chef, daymana !
74  Colli piirii, daymana ! 74  Les oiseaux se sont envolés, daymana !
75  Piiri ndillii, daymana ! 75  Se sont envolés et sont partis, daymana !
76  Ɗali sonnduu, daymana ! 76  Ont laissé l’oiseau, daymana !
77  Sonndu woosnduu, daymana ! 77  L’oiseau paralytique, daymana !
78  Piiri ndillii, daymana ! 78  Se sont envolés et sont partis, daymana !
79  Mba’’i lekkii, daymana ! 79  Sont montés sur un arbre, daymana !
80  Ɓenaastiɓengurtinisonndu, 80  Ils sont entrés [dans le puits] et [en] ont fait sortir l’oiseau,
81  ɓe kooci ɓe koori saare laamɗo, 81  ils l’ont pris et l’ont ramené chez le chef,
82  – Mhm ! 82  – Mhm !
83  ɓe maɓɓi sonndu. 83  ils ont enfermé l’oiseau.
84  Sonndu, fajira fuu, ɓe ngurtina : 84  L’oiseau, chaque matin, on le faisait sortir.
85  [CHANT] Laamɗo, laamɗoo, daymana ! 85  CHANT] Chef, chef, daymana !
86  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 86  Grand chef, daymana !
87  Colli piirii, daymana ! 87  Les oiseaux se sont envolés, daymana !
88  Piiri ndillii, daymana ! 88  Se sont envolés et sont partis, daymana !
89  Ɗali sonnduu, daymana ! 89  Ont laissé l’oiseau, daymana !
90  Warno yargoo, daymana ! 90  [qui] était venu boire, daymana !
91  Sonndu woosnduu, daymana ! 91  L’oiseau paralytique, daymana !
92  Mba’’i lekkui, daymana ! 92  Sont montés sur un arbre, daymana !
93  Hii ! Ndu weeta yimgo ni, 93  Hii ! Il [oiseau] chante toute la matinée.
94  suy debbo maɓɓiti ndu ɓaawo laamɗo, ndu fiiri. 94  Puis, la femme [du chef] lui a ouvert [la cage] en l’absence du chef, et [l’oiseau] s’est envolé.
95  [Rires dans l’auditoire] 95  [Rires dans l’auditoire]
96  Ndu dilli. 96  Il est parti.
97  Debbo wii laamɗo : « Sey ɗaɓɓitonaa2 yam miin kam sonndu am! » 97  La femme dit au chef : « Moi, il faut aller me chercher mon oiseau ! »
98  Ɓe mooɓti colliije kam, fuu ngari, 98  Ils ont réuni les oiseaux, et tous sont venus.
99  o heɓtaay. 99  [La femme du chef] ne l’a pas retrouvé.
100  Ɓe mbii mo : « Hooy koddon !” 100  On lui a dit : « Prends un peu de farine ! »
101  – Mhm ! 101  – Mhm !
102  Debbo hoo’i koddon, 102  La femme a pris un peu de farine
103  yaha haa toy fuu jooɗoo dow lekki. 103  et elle va partout s’asseoir sur l’arbre.
104  Iii, ngara, colli ngara, 104  Hi ! [Ils] viennent. Les oiseaux viennent
105  haa ndu wari : 105  tant et si bien que lui [l’oiseau en question] vient :
106  [CHANT] Laamɗo, laamɗoo, daymana ! 106  [CHANT] Chef, chef, daymana !
107  Laamɗo mawɗoo, daymana ! 107  Grand chef, daymana !
108  Debbo laamɗoo, daymana ! 108  Femme du chef, daymana !
109  Korɗo laamɗoo, daymana ! 109  Esclave-femme du chef, daymana !
110  Yimɓe laamɗoo, daymana ! 110  Gens du chef, daymana !
111. Colli warnoo, daymana ! 111   Les oiseaux étaient venus, daymana !
112  Colli ngarnoo, daymana ! 112   Les oiseaux étaient venus, daymana !
113  Ngarno yargoo, daymana ! 113   Étaient venus boire, daymana !
114  Piiri ndillii, daymana ! 114   Se sont envolés et sont partis, daymana !
115  Ɗali sonnduu, daymana ! 115   Ont laissé l’oiseau, daymana !
116  Sonndu woosnduu, daymana ! 116   L’oiseau paralytique, daymana,
117  Piiri ndillii, daymana ! 117   Se sont envolés et sont partis, daymana !
118  Mba’’i lekkii, daymana ! 118   Sont montés sur un arbre, daymana !
119  Takkaandebojel! 119   [Marmite] hermétiquement close du Lièvre !
120  Ɓe keɓti sonndu maɓɓe. 120   Ils ont retrouvé leur oiseau.
121  [Rires] 121 [Rires d’une personne de l’auditoire]

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1 Hésitation de la conteuse.

2 Normalement : ɗaɓɓitanaa yam.

Fowru bee bojel / L’hyène et le lièvre

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — hyène, lièvre, hippopotame, âne, traversée du fleuve, marabout

Production du corpus

Conteuse: Zaraou, âgée d’environ 35 ans. Elle est née à Bogo.Veuve. Elle a quatre enfants.

Contexte de production

Bogo 19/04/2012

Le conte a été enregistré en plein air, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Hyène et Lièvre traversent le fleuve pour aller danser de l’autre côté. Lièvre pète dans l’eau. Hyène révèle ce détail infamant à la population. Lièvre rentre et traverse le fleuve à la nage. Hyène tente de passer aussi mais elle n’arrive pas à nager. Elle fait appel à Hippopotame, qui la prend sur son dos. Hyène se faisant passer pour un marabout prétend circoncire les petits d’Hippopotame. En fait, elle les dévore. Finalement, Hippopotame, avec la complicité d’Âne, extermine Hyène et sa famille.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 


 

 

 

 

 

Rawaandu, Le Chien,
Mhm1 ! Mhm !
hala ! Fowru bee bojel. non ! L’Hyène et le Lièvre.
Mhm ! Mhm !
Jonta kam, fowru bee bojel. Alors, l’Hyène et le Lièvre.
Fowru wii bojel yoo : « Ndillen ma jahaangal. L’Hyène dit au Lièvre : « Partons donc en voyage !
Mhm ! Mhm !
Oo, a anndi na fijirde ɗon waɗa haa gaɗa maayo too. Euh… Tu sais bien qu’on joue de l’autre côté du fleuve.
Sey to a laari, bojel. » Il faut que tu voies ça, Lièvre. »
Mhm ! Mhm !
Bojel wii fowru : « Sey to a laari. » Le Lièvre2 dit à l’Hyène : « Il faut que tu voies ça. »
Fowru wii : « Iyo ! » L’Hyène dit : « Bon ! »
Mhm ! Mhm !
« – En ndillan ? « – On y va ?
– En ndillan ! » – On y va ! »
Mhm ! Mhm !
Wooɗi. Ɓe nanngi laawol maɓɓe. Bon. Ils se mirent en route.
Innde wuro pat dilli sey kamɓe lutti. [Les gens de] tous les villages sont partis, sauf eux.
Mhm ! Mhm !
[P]ijirle3 kam ɗon [n]dumpa. Les jeux battent leur plein.
Mhm ! Mhm !
Jam, ɓiira, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, Puis, ɓiira4 , ils s’en vont, ils s’en vont, ils s’en vont,
haa ɓe njaha ɓe taytoo, pour aller traverser [le fleuve] ;
ɓe tawi maayo ɗon heewi ndiyam tel. ils trouvent le fleuve plein à ras bord.
(Rire) (Rire)
Suy, suy maayo ɗon heewi ndiyam. Et, et le fleuve est plein d’eau.
Mhm ! Mhm !
Jonta kam bojel wi’ata yoo : Alors le Lièvre dit :
« Fowru, e noy caalortooɗen ? » « Hyène, comment allons-nous passer ? »
Bojel wi’ata : « E noy caalortooɗen ? » Le Lièvre dit : « Comment allons-nous passer ? »
Fowru boo wi’a : « E noy caalortooɗen ? » L’Hyène dit aussi : « Comment allons-nous passer ? »
Mhm ! Mhm !
Suy bojel wi’ata fowru yoo : Puis le Lièvre dit à l’Hyène :
« Miin kam, « Moi,
Mhm ! Mhm !
to a yeetantaako yam kam, en caaloto. » si tu ne racontes pas des choses sur moi, nous allons pouvoir passer. »
Mhm ! Mhm !
Bojel wii yoo, fowru wii : Le Lièvre dit, l’Hyène dit :
« – Alla, mi yeetantaako ma bojel. » « – Je le jure, je ne raconterai pas de choses sur toi, Lièvre !
– A’’a, taa mi waɗa ka ni, suy njahaa ngeetanooɗaa yam. – Non non ! Il ne faut pas que je fasse ça, et que tu ailles raconter des choses sur moi !
– Kaay ! Mi yeetantaako ma. – Jamais de la vie ! Je ne raconterai pas des choses sur toi.
– Yoo ! Ndeen kam, ndillen ma ! » – Bon ! En ce cas, allons-y ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe nanngi laawol maɓɓe. Ils se mirent en route.
Ɓiira bojel fuusti parrrrrrrr ! Fuutere ! Ɓiira, le Lièvre lâcha un pet, parrrrrrrr ! Un pet !
Ɓiira suy ndiyam wersi nii. Ɓiira ! L’eau se divisa.
Mhm ! Mhm !
Ndiyam wersi laawol waɗi. Ɓiira ! L’eau se divisa et il y eut un passage.
Ɓiira, jam o wii : « Caalooɗen ma, fowru. » Puis, ɓiira, [le Lièvre] dit : « Passons donc, Hyène ! »
Jam, ɓe caali bee fowru. Puis, tous deux passèrent.
Mhm ! Mhm !
Jam, ɓe ndilli, ɓe njehi ɓe njottii. Puis, ils allèrent et arrivèrent à destination.
Hiirde ɗon modda. La veillée était intense.
Mhm ! Mhm !
Ɓe njottii noon, ɓiira fowru kam ɗon waɗa nii, Dès qu’ils sont arrivés, ɓiira, Hyène fit ceci,
ɗon ɗaɓɓita babal mbaggu woni. il chercha où se trouvait le tambour.
Mhm ! Mhm !
« Ngokkee5 yam mbaggu ! « Donnez-moi le tambour !
Mhm ! Mhm !
Ngokkee yam mbaggu ! Donnez-moi le tambour !
Ngokkee yam mbaggu ! » Donnez-moi le tambour ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe ndokki fowru mbaggu. On donna à l’Hyène le tambour.
Fowru jaɓi mbaggu, wakkiti. L’Hyène prit le tambour et le mit à l’épaule bien comme il faut.
Mhm ! Mhm !
Ɓiira jogiti leggal. Ɓiira, [l’Hyène] a bien tenu la baguette.
« Keɗee ! keɗee ! « Écoutez ! Écoutez !
Keenya ga min ngara ! Hier quand nous venions !
Keenya zuura ga min ngara ! Hier après-midi quand nous venions !
Bojel fuusti, ndiyam wersi min caali. » Le Lièvre a pété, l’eau s’est divisée et nous sommes passés6 . »
(Rire) (Rire)
[O fefti haala goo] [L’Hyène a révélé le secret !]
[O fefti] [Elle l’a révélé7 !]
« Keenya ga min ngara ! « Hier quand nous venions !
Keenya zuura ga min ngara ! Hier après-midi quand nous venions !
Keenya zuura ga min ngara ! Hier après-midi quand nous venions !
Bojel fuust, fisti8 , ndiyam wersi, min caali. » Le Lièvre a pé-, a pété, l’eau s’est divisée et nous sommes passés. »
Suy, ɓiira bojel goo… Puis, ɓiira, le Lièvre en question…
Yimɓe fuu… « Keɗee ! keɗee ! » Tous les gens… « Écoutez ! Écoutez ! »
Ammaa, mbaggu fowru ɗoo weli. Oh là là ! Le tambour de l’Hyène sonne bien !
Ammaa, mbaggu fowru… Oh là là ! Le tambour de l’Hyène…
Ɓiira ɓe ɗon ngama. Ɓiira, [les gens] dansent.
Bojel goo laari laari doggi suuɗii nder yimɓe goo. Le Lièvre a regardé à droite et à gauche, et il a couru se cacher dans la foule.
Cemtuɗum nanngi ɗum. Il avait honte.
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Jam, yehi ɗon wicciti. Puis, il est allé se mettre à l’écart.
Ɓe kiiri, ɓe kiiri, ɓe kiiri, haa subaha ɓe ɗon ngama. [Les gens] ont veillé, veillé, veillé, jusqu’à l’aube ils dansaient.
Mhm ! Mhm !
Yimɓe pat cankiti. La foule s’est dispersée.
Koo moy anndi no taytirta maayo. Chacun sait comment traverser le fleuve.
Ooho ! Oui !
Suy ɓe ngari ɓe ɗon ngarta goo. Et ils sont en train de rentrer.
Fowru goo wari fotti bee bojel kadi boo. L’Hyène est venue rencontrer le Lièvre à nouveau.
« Bojel, en kuucan na waaye, bojel ? » « Lièvre, ne rentrons-nous pas, mon ami Lièvre ? »
Bojel wii : « Bee moy ? Le Lièvre dit : « Avec qui ?
Keɓtaa no kuuciraa. Tu sauras comment rentrer.
Na mi wiino ma taa feftam. Ne t’avais-je pas dit de ne pas dévoiler [mes secrets] ?
Mbiiɗaa a wari a ɗon yima dow innde am du. Tu t’es donc dit que tu es venue me chansonner ?
Mi huucataa. » Je ne rentrerai pas. »
Mhm ! Mhm !
Fowru ɗon tokki bojel, ɗon tokki bojel. L’Hyène suit le Lièvre, elle suit le Lièvre.
Suy bojel wari, kap ! Puis le Lièvre est arrivé, kap !
Ɓe ngari daande maayo. Ils sont arrivés au bord du fleuve.
Bojel waɗi nii noon naasti ndiyam. Le Lièvre a fait comme ci comme ça et est entré dans l’eau.
Kanyum kam ɓiira yinake saalake. Lui, ɓiira, il est passé à la nage.
[Acci mo] [Il a laissé l’autre9 !]
Mhm ! Mhm !
Ɓiira kaawu kam heɓaay saalaago. Ɓiira, Oncle [Hyène] n’a pas pu passer.
Mhm ! Mhm !
Darii, darii, ɓiira fiyi nder ndiyam. [L’Oncle] est resté debout, debout, ɓiira, et il a plongé dans l’eau.
Puyam ! Puyam ! Puyam ! Puyam ! Puyam10  ! Puyam ! Puyam ! Puyam !
Ɗon yaha nder ndiyam. Il avance dans l’eau.
Kap ! Ɓiira ngabbu wari nanngi fowru. Kap ! Ɓiira, un hippopotame est venu attraper l’Hyène.
Hii ! [Hii !]
Kap ! Kap !
Mhm ! Mhm !
« –Ɗum moy ? « – Qui est-ce ? [demande l’hippopotame.]
– A’a, ɗum wannjam. » – Non11 , c’est le barbier. »
Fowru wi’ata : « Ɗum miin wannjam. L’Hyène dit : « C’est moi, le barbier12 .
To a woodi ɓikkon maa, Si tu as des enfants,
ngaddaa haa mi juulnane. » amène-les pour que je te les circoncise. »
[Haa mi juulna] [Pour que je les circoncise13 !]
(Rire) (Rire)
« – Miin na mi juulnan ! « – Moi, je vais les circoncire !
[Iihi ! Iihi !] [Iihi ! Iihi !]
– Ayyee ? – Vraiment ?
– Ooho, mi juulnan. » – Oui, je vais les circoncire. »
Yoo wooɗi ! Bon !
Ɓiira ngabbu yehi waddi ɓikkon mum nayon. Ɓiira, l’hippopotame a amené quatre garçonnets.
Mhm ! Mhm !
Fowru kam, ɓiira ngeleeyel fuu ƴakka. L’hyène, ɓiira, chacun, elle le mange.
Ngeleeyel fuu ƴakka timmina. Chacun, elle le mange entièrement.
Ƴakka timmina. Elle le mange entièrement.
Ƴakki ɓikkon kam pat. Elle a mangé tous les garçons.
Hii ! [Hii !]
Ngabbu wari wii : « Noy ? » L’hippopotame est venu et a dit : « Alors ? »
O wii : « Yaa, aan kam caalinaayam ni, [L’Hyène] dit : « – Va, tu me fais passer [le fleuve],
kooƴaa kilbuuri ngulndi jaw, njahaa ndokkaa ɓe ɓe njara. tu prends de la bouillie au natron très chaude, tu vas la leur donner à boire.
To a taytini yam, a saalini yam, Quand tu m’auras fait traverser, que tu m’auras fait passer,
sey to mi meeti wargo. » [on se reverra] seulement à mon retour.
Yoo, wooɗi ! – Bon, c’est bien ! »
Mhm ! Mhm !
Suy bannii man, Puis, de cette façon,
[Mi tappete Layla !] [Je vais te frapper Layla14 !]
bannii maajum, ɓiira, ngabbu kam saalini, saalini fowru. de cette façon, ɓiira, l’Hippopotame fait passer, fait passer l’Hyène.
Mhm ! Mhm !
Fowru goo, L’Hyène en question,
Mhm ! Mhm !
fowru kam na saalake. l’Hyène est passée.
Mhm ! Mhm !
Ngabbu ɗon yaawa, L’Hippopotame se dépêche ;
wari noon tawi ɓikkon mum kam fowru ƴakkidi. dès qu’il arrive, il trouve que l’Hyène a mangé tous ses petits.
Hii ! Hii !
M’huhm M’huhm
Ngabbu wii : « Booɗɗum, walaa ayibe, L’Hippopotame dit : « Bien, il n’y a pas de mal,
Mhm ! Mhm !
jonta kam, walaa meetanɗo wargo yara ndiyam haa ɗoo. » désormais, personne ne reviendra boire ici. »
Ɓiira ngabbu ɗon halliti nder maayo. Ɓiira, l’Hippopotame est très en colère dans le fleuve.
Mhm ! Mhm !
Ko wari haa yara fuu, ngabbu faarta. Quiconque venait boire, l’Hippopotame le chassait.
Ko wari haa yara fuu, ngabbu faarta. Quiconque venait boire, l’Hippopotame le chassait.
Suy wamnde, ɗomka naawi ɗum wari haa yara. Puis l’Âne, souffrant de soif, vient pour boire.
Mhm ! Mhm !
Suy wamnde wari. Alors, l’Âne est venu.
Ngabbu wii : « A yarataa ! » L’Hippopotame dit : « Tu ne boiras pas ! »
Wamnde wii : « Useni, accam mi yara. L’Âne dit : « S’il te plaît, laisse-moi boire !
Ngabbu, ɗomka wari yam. » Hippopotame, je meurs de soif. »
O wii : « A yarataa sey to a waddantam fowru. » Il dit : « Tu ne boiras que si tu m’amènes l’Hyène. »
O wii : « Fowru tan na ? Il dit : « Rien que l’Hyène ?
Mhm ! Mhm !
Fowru kam, mi waddantee ɗum. » L’Hyène, je vais te l’amener. »
Mhm ! Mhm !
O wii yoo : « – Wooɗi. Il dit : « – D’accord.
Taata a waddaay. Ne t’amuse pas à ne pas l’amener !
To a waddaay, a meetataa wargo yara. » Si tu ne l’amènes pas, tu ne pourras plus jamais revenir boire. »
O wii : « Mi waddan. » Il dit : « Je l’amènerai. »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Ndeen kam, war yar ! » Il dit : « Alors, viens boire ! »
Ngabbu goo wari… L’Hippopotame est venu…
Ɓiira, ii wamnde kam yari yari, dilli, Ɓiira, ii15 , l’Âne a bu, a bu, il est parti,
Mhm ! Mhm !
yehi haa suudu fowru. il s’est rendu à la maison de l’Hyène.
Nde dilli goo, dilli haa ladde, haa suudu fowru. Quand il est parti, il est allé en brousse, à la maison de l’Hyène.
Suy waalii siŋŋini kosɗe, Puis il s’est couché, les pattes en l’air,
siŋŋini ɓanndu pat bana waati goo, il s’est mis comme s’il était mort,
Ooho ! Ooho !
suy wallini hoore. puis il a posé la tête par terre16 .
Ɓiira ɓii fowru fiji, fiji wurti, Ɓiira, le petit de l’Hyène s’amusait, il s’amusait et il est sorti,
wari yuurni, il est venu et a jeté un coup d’œil,
doggi lorti. et il est reparti en courant.
Mhm ! Mhm !
« – Baaba, hannde kam, en keɓi kusel. « – Papa, aujourd’hui, nous avons de la viande.
(Rire) (Rire)
– Alla ? » – Vraiment ? »
O wii : « – Ooho, en keɓi kusel. Il dit : « – Oui, nous avons de la viande.
– A fewan ! », – Tu mens ! »
Mhm ! Mhm !
Fowru wi’ata ɓinngel mum goo : dit l’Hyène à son petit :
« A fewan ! « Tu mens !
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ɓinngel, yaa yuurna aan boo. » Mon fils, va jeter un coup d’œil toi aussi. »
Ɓinngel goɗngel boo wari yuurni. Un autre petit est venu jeter un coup d’œil.
« Baaba, bee goonga hannde en keɓi kusel. » « Papa, c’est vrai, aujourd’hui nous avons de la viande ! »
(Rire) (Rire)
Goɗngel boo wari yuurni. Un autre encore est venu jeter un coup d’œil.
« Baaba, o fewataa. » « Papa, il ne ment pas. »
Ɓiira, baaba kam wakki laɓa, ɓikkon tokki. Ɓiira, le père a mis son coutelas en bandoulière, les petits l’ont suivi.
« Ngaree ! Ngaree ! Ndillen ! » « Venez ! Venez ! Allons-y ! »
Ɓe nanngi laawol maɓɓe, ɓiira, ɓe ndilli. Ils se sont mis en route, ɓiira, ils sont partis.
Baaba yuurni nii, wii : Le père a jeté un coup d’œil comme ça et il a dit :
« Ndaree haa mi aarta mi naasta tawon. » « Attendez que j’entre le premier, d’abord ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓiira, baaba kam yolli nder reedu wamnde. Ɓiira, le père est tombé dans le ventre de l’âne.
Hii ! Hii !
Ɓikkon naasti. Les petits y sont entrés.
Wamnde ummi dimmbi, dimmbi, dimmbi, dimmbi. L’âne se mit debout, il remua, remua, remua, remua17 .
Ɓiira ɗon dogga, ɗon dogga, haa yehi haa maayo. Ɓiira, et il court, il court, jusqu’au fleuve.
« Ngabbu ! Ngabbu ! » « Hippopotame ! Hippopotame ! »
Ngabbu nooti. L’Hippopotame répondit.
« – Hannde kam mi waddani ma fowru bee ɓikkon mum fuu. « – Aujourd’hui, je t’ai amené l’Hyène et tous ses petits.
– A waddi du ? – Tu les as amenés, vraiment ?
– Mi waddi. » – Je les ai amenés. »
Ɓiira nga wurtini cot ! cot ! cot ! Ɓiira, il les fait sortir, cot ! cot ! cot !
Nga bu’i ɓikk-, fowru baabaaru bee ɓikkon mum fuu. Il a chié les pe-, le père Hyène et tous ses petits.
Mhm ! Mhm !
Ɓiira ngabbu nannga fowru fuu ɗiɗi helta, Ɓiira, l’Hippopotame attrape chaque hyène et la coupe en deux,
Hḿm̀ ! Hḿm̀ !
nannga baabaawa, ɓikkon, pat. il attrape le gros mâle, les petits, tout !
Nga18 helti nga sakkini nder maayo. Il les coupe en deux et les jette dans le fleuve.
Suy, takala mulus ! Bon, takala mulus19  !
Timmi ! C’est fini !
(Rire) (Rire)

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1 Approbation bouche fermée d’une répondante dans l’assistance.

2 Erreur de la conteuse qui aurait dû dire : « L’hyène dit au Lièvre ».

3 La conteuse dit en fait : « fijirle kam ɗon dumpa ».

4 Exclamation amusante, abréviation de ɓii rawaandu « fils de chien ». Nous la laisserons non traduite.

5 Remarquer ici l’alternance en ng- de la consonne initiale (du verbe hokkugo), caractéristique du parler de Kalfou (Noye 1989, p. 166). A Maroua, on aurait ndokkee. Par ailleurs, on note que la conteuse remplace parfois les terminaisons verbales de la voix moyenne par des terminaisons de la voix active. Ceci est conforme à l’évolution actuelle de la langue.

6 Ce passage imite un rythme de tambour.

7 Commentaires de l’auditoire.

8 Hésitations de la conteuse qui voulait dire « fuusti ».

9 Commentaire de l’auditoire.

10 Idéophone décrivant l’Hyène marchant maladroitement dans l’eau.

11 L’Hyène veut dissimuler son identité et veut donc dire : « Non, je ne suis pas l’Hyène ». Elle ne prononce pas le mot de « Hyène » pour ne pas se trahir.

12 Le barbier, outre ses activités de coiffeur, exerçait aussi la profession de circonciseur dans la société traditionnelle. L’hippopotame doit être content de la proposition de l’Hyène, car cela le dispensera des coûteuses dépenses occasionnées par la circoncision.

13 Intervention de l’auditoire.

14 La conteuse rabroue sa fillette qui la dérange.

15 La conteuse se rend compte qu’elle s’est trompée.

16 L’expression, prise métaphoriquement, signifie « il est mort ». Ici, il s’agit du sens propre puisque l’âne se contente de contrefaire le mort.

17 L’idée est ici que l’âne remue son ventre pour que chaque chose y retrouve sa place.

18 On s’attendrait à « ngu », pronom de reprise de ngabbu.

19 Formule conclusive stéréotypée.

Piisaaɗe rewɓe / Les manières hypocrites des femmes

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, histoire, kiistawol — adultère, ruse, amant, courge

Production du corpus

Conteuse: Saoudatou Yougouda; environ 35 ans. Elle est née à Bogo. Divorcée, elle a des enfants. Elle vit seule dans sa maison. Son père est décédé.

Contexte de production

Wouro Issa (Bogo) 17/02/2012

L’histoire a été enregistrée dans une case, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Un homme va en voyage. Sa femme a un amant. Le jour du retour de son mari, elle décide d’aller faucher de l’herbe derrière la maison; c’est aussi le chemin par où revient son époux. Le mari trouve sa femme en train de faucher de l’herbe. Le mari l’aide à faucher l’herbe. Le mari demande à sa femme de rapporter ses bagages à la maison. La femme remet les bagages de son mari à son amant. Le mari ramène la botte d’herbe. Sa femme l’accueille. Le mari demande ses bagages. La femme ne sait pas de quoi il parle, elle pleure. Elle dit que son mari n’a rien rapporté de son voyage à part une botte d’herbe. On attache l’homme.

La femme du roi est au courant de l’affaire. Elle s’impatiente. La femme du roi veut qu’on détache cet homme innocent. Le roi refuse. La femme du roi demande à un enfant de lui rapporter du fleuve des petits poissons avec du sable. Elle demande aussi une courge. Elle dit au roi qu’elle va préparer de la courge; le roi en veut. La femme du roi nettoie l’intérieur de la courge, y met les petits poissons et du sable et la referme. Elle fend la courge et s’étonne de ce qu’elle trouve dedans.

Le roi regarde cela et s’en va appeler ses courtisans. Quand le roi revient, la femme a déjà jeté la courge dans les latrines. Le roi revient avec ses courtisans, la femme dit ne pas savoir de quoi parle le roi. On attache le roi pendant une semaine.

La femme du roi prépare le bain du roi. Elle va trouver le roi et lui dit ce que l’hypocrisie de la femme peut faire. Le roi demande qu’on libère le jeune homme et qu’on attache sa femme à sa place. La femme crie, pleure et dit la vérité. On attrape l’amant et il ramène les bagages de l’homme. L’homme répudie la femme

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Gorko dilli jahaangal, Un homme est parti en voyage,
Mhm ! Mhm !
ɗali debbo muuɗum ! et a laissé sa femme !
Nde o dilli jahaangal, o ɗali debbo maako. En partant en voyage, il a laissé sa femme.
Debbo maako goo boo, suka yiɗi ɗum. Sa femme, il y a un jeune homme qui l’aime.
Sukaajo yiɗi mo haa ɓuri semmbe. Le jeune homme l’aime extrêmement.
Mhm ! Mhm !
Yowwa, gorko maako dilli jahaangal. Bon, son mari est parti en voyage.
Nyannde wartata goo, Le jour de son retour,
Mhm ! Mhm !
suy o hoo’i feƴƴirde, elle a pris une hache,
a’’a, o hoo’i waarudu. non, elle a pris une faucille.
Mhm ! Mhm !
O wii o yahan o wa’oya, Elle dit qu’elle va aller faucher,
o yahan o wa’oya huɗo haa ɓaawo calaaje maɓɓe nii. qu’elle va aller faucher de l’herbe derrière chez eux.
Mhm ! Mhm !
Gal toon, gorko maako tokkortoo wartira. C’est par là que son mari passe pour rentrer.
Mhm ! Mhm !
Yowwa ! O yehi o ɗon wa’a huɗo goo, Bon ! Elle est allée faucher de l’herbe,
gorko ɗon roondii[1] donngal muuɗum, ɗon warta. l’homme porte des bagages, il revient.
Mhm ! Mhm !
Ii ! Woɗ-, goɗɗo noon boo ɗon roond-, Euh… Il y a euh… Quelqu’un d’autre… por-,
bambe boo ɗon roondanii ɗum. un porteur lui en porte [une partie].
Mhm ! Mhm !
Yowwa ! Suy gorko goo yaali mo, Bon ! Alors, le mari passa à côté d’elle,
wii mo : « E ko ngaɗtaa bee huɗo ɗoo ? » et lui dit : « Que fais-tu avec cette herbe ? »
O wii haa o yaha o waɗa haa ɓaawo-suudu maɓɓe ɗoo. Elle dit qu’elle va la mettre à leur toilette.
Mhm ! Mhm !
Ko dilli pat, ii, o ɗon jooɗii meere noon ! Depuis qu’il est parti, euh…, elle est restée comme ça sans rien[2] !
Jam, gorko goo wii mo yoo : « Ndeen kam, Puis, le mari lui dit : « Comme ça,
ndaa donngal am ɗoo, hooru saare. voici mes bagages, emporte-les à la maison.
Ndaa bee ngal bammbe roondii, Voici aussi ceux que transporte le porteur,
Mhm ! Mhm !
huucu aan kam, mi ɗon itta. » toi, rentre à la maison, je vais faucher[3]. »
Ɗoo kam gorko gartuɗo jahaangal jonta, Là, c’est le mari qui vient à l’instant de rentrer de voyage,
Mhm ! Mhm !
Alla anndi lebbi noy ! [il avait été absent] Dieu sait combien de mois !
Mhm ! Mhm !
Gorko jaɓi wa’i huɗo kam, waɗi waare muuɗum. L’homme a pris [la faucille] et a fauché l’herbe, il en a fait une botte.
Hiddee ko yottoo goo, Avant qu’il arrive,
suka goo boo wii mo yoo : le jeune homme [l’amant] dit [à la femme] :
« To a yiɗi yam kam, « Si tu m’aimes,
to gorko maa warti, quand ton mari sera revenu,
Mhm ! Mhm !
donngal mum ɗoo, ngaraa cakkiinaa ngal ɓaawo leeso am. » ses bagages, viens les jeter derrière mon lit. »
Mhm ! Mhm !
O jaɓi donngal e gorko. Elle a pris les bagages de son mari.
O yehi o sakkini ɓaawo leeso suka. Elle est allée les jeter derrière le lit du jeune homme.
Bee ngal bambe roondii fuu, De même que ceux que portait le porteur,
o yehi o sakkinoyi ɓaawo leeso suka. elle est allée les jeter derrière le lit du jeune homme.
Mhm ! Mhm !
Gorko warti bee huɗo, do’’i huɗo, jo’’ini. Le mari est revenu avec l’herbe, a jeté l’herbe par terre, et l’a posée.
Mhm ! Mhm !
O jaɓɓi ɗum, o hokki ɗum ndiyam, noy noy, yari, nyaami, timmini. Elle l’a accueilli[4], elle lui a donné de l’eau, et tout et tout, il a bu, il a mangé, il a tout fait.
Ɓe ɗon njooɗii ! Ils sont assis !
Suy, ɓe ɗon njooɗii goo, Puis, comme ils sont assis là,
gorko goo wii mo : le mari lui dit :
« Yaa waddanam donngal goo nee haa mi fiista. » « Apporte-moi mes bagages pour que je les défasse. »
O wii ɗum yoo : « – Donngal ngalee ? Elle lui dit : « – Quels bagages ?
– Hi, donngal ngalee ! » – Comment, quels bagages ! »
Ɓiira, o jooɗii o toɓɓi. Ɓiira, elle a poussé un cri :
« – Mi laari bone am ! « – Il m’est arrivé un malheur[5] !
Kay ! Ayyee ! Gorko am wartidaay ! Eh ! Mon Dieu ! Mon mari a perdu la tête[6] !
Mi laari bone am ! Il m’est arrivé un malheur !
Gorko am wartidaay ! Mon mari a perdu la tête !
(Rire) (Rire)
– Ko habar ? » – Que se passe-t-il ? »
Mhm ! Mhm !
He ! Ɓiira, yimɓe mooɓti. Eh ! Ɓiira, des gens se sont rassemblés.
« – Cenndee yam bee maako ! « – Séparez-moi de lui !
Keedee hakkunde amin ! Interposez-vous entre nous !
Keedee hakkunde amin ! Interposez-vous entre nous !
Wayyam hey, mi natti ! Ô mon Dieu ! Je suis fichue !
– Ee ko habar ? – Que se passe-t-il ? » [demande une autre personne encore].
– O wii sike… o warti jonta ɗoo o nyaami o timmini. Il dit… il vient de revenir, il a mangé, et tout et tout,
O wii, donngal… il dit que ses bagages…
Mi yidaay mo boo bee donngal. Je ne l’ai pas vu avec des bagages.
Huɗo kokkoon, ndaa huɗo o roondii o wartidi. Cette herbe-là, voilà l’herbe qu’il portait et qu’il a rapportée.
(Rire) (Rire)
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Huɗo, huɗo kokkoon ! L’herbe, cette herbe-là !
Wayyoo ! Alla am ! Mi laari … » Hélas ! Mon Dieu ! Il m’est arrivé … »
Ɓiira, gorko kam, Ɓiira, le mari…
ɓe teeŋi[7] ɗum ɓoggi haa baaji lutti. on l’attacha fortement avec suffisamment de cordes[8].
Ɓe ɗon kaɓɓi gorko. On attacha l’homme.
Gorko kam ɗon… ɗon wolwa noon, L’homme est en train de parler,
wii : « – Kaay ! Ayyee !… et il dit : « – Qu’est-ce que vous faites ! Ce n’est pas possible !…
– Nanee lee ! Ko o wolwata, nanee ! – Écoutez-le donc ! Écoutez ce qu’il raconte !
Kaa kam pat, ɗum haala meere. Tout ça, c’est des histoires.
Nanee ko o wolwata ! » Écoutez ce qu’il dit ! »
Ɓe ɗon kaɓɓi gorko. On attacha l’homme.
Ɓiira, debbo laamɗo nanoyi ka. Ɓiira, la femme du chef apprit la chose.
Ka naawi ɗum. Ça lui fit mal.
Mhm ! Mhm !
Ɓiira, a anndi haala kam yottotoo haa laamɗo, Ɓiira, tu sais que cette affaire va arriver aux oreilles du chef,
iraada haala bannii kam ! un genre d’histoire comme ça[9] !
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ɓiira, debbo laamɗo, ka naawi ɗum. Ɓiira, la femme du chef, ça lui a fait mal.
Debbo laamɗo goo wii laamɗo yoo : La femme du chef dit au chef :
« Jonta kuugal ngaal ɗoo ɗoo nii, « Maintenant, ce genre d’histoire…
on ɗon… a ɗon hiitoo haa wuro ɗoo, vous… que tu juges dans ce village,
a anndi haa wuro ɗoo nii, tu sais que dans ce village,
a anndi rewɓe bee faasikaare, tu sais qu’elles sont fourbes,
njaɓaa haala kaa, et tu accepterais ça,
ɓe kaɓɓa ɓinngel gorko ɗoo, ba mardi hakkiilo nii ɗoo ɗoo ? qu’on attache ce garçon alors qu’il est si intelligent ?
Mhm ! Mhm !
Yimɓe pat, ka naawi ɗum, ciŋki ka ! C’est à tout le monde que cette affaire fait mal, [tous] s’en plaignent !
A faami ? » Tu comprends ? »
Asee, haa o heɓa o naatra suka. En fait, elle cherche à trouver le moyen d’épouser le jeune homme[10] !
Jam, booɗɗum walaa ayibe ! Bon, bien ! Il n’y a pas de problème !
Debbo laamɗo ɗoo walaa ko haɓdaay haa ɓe piista gorko ɗoo, La femme du chef, elle a tout fait pour qu’on détache le mari,
laamɗo salii. le chef a refusé.
Ɓinngel goo, ɓinngel ɗon nder saare laamɗo ɗoon. Un enfant, il y a un enfant chez le chef.
O wii : « – Yaa waddanam liikon cewkon cewkon haa maayo ! Elle [la femme du chef] dit [à cet enfant] : « – Va me chercher du menu fretin au fleuve !
Mhm ! Mhm !
Ngaddanaa yam bee njaareendi ! Apporte-le-moi avec du sable !
Mhm ! Mhm !
– Wooɗi, walaa ayibe ! » – Bien, sans problème ! »
Ɓinngel gorgel goo, ɓiira, yehi ittoyi liikon cewkon cewkon nii haa maayo, Le jeune garçon en question, ɓiira, est allé pêcher du menu fretin dans le fleuve,
waddi bee njaareendi. il l’a apporté avec du sable.
O wii mo yoo : « Ɗaɓɓanam waygoore ! » Elle lui dit : « Va me chercher une courge ! »
Mhm ! Mhm !
O ɗaɓɓi waygoore. Il est allé chercher une courge.
Ɓiira, o heeri, o hee-… Ɓiira, elle a délimité[11], elle a dé-
A’’a ! O wii laamɗo yoo : Non[12] !… Elle a dit au chef :
« – Miin kam, hannde kam, sey mi defana’en waygoore ! « – Moi, aujourd’hui, il faut que je nous cuise de la courge !
– Ayyee ? Aa ? A defanan’en waygoore ? – Ah bon ? Hein ? Tu vas nous cuire de la courge ?
Aa ! Na booɗɗum ! Oui, c’est bien !
Ndeen kam, waɗanan’en laawturu. En ce cas, fais-nous de la pâte de courge !
(Rire) (Rire)
– Booɗɗum ! » – D’accord ! »
Jam, o ɗon jooɗii goo, Puis, après s’être assise,
jam, ɓiira, o seeki, alors, ɓiira, elle a fendu [la courge],
jam, o hooƴi liikon goo o yoll-, puis, elle a pris les petits poissons et les a four-…,
o heertindii waygoore goo. elle a tracé un rond sur la courge.
Mhm ! Mhm !
O yolli liikon goo bee njaareendi nder waygoore goo. Elle a fourré les petits poissons et le sable dans la courge.
Mhm ! Mhm !
Suy, o maɓɓi, o sukki. Puis, elle a refermé [le trou], elle l’a bouché.
Mhm ! Mhm !
Suy, ɓiira, o ɗon jooɗii noon, o seeki waygoore nii goo, Puis, ɓiira, elle est assise, elle a coupé la courge,
jam, ɓiira : « Hii ! puis, ɓiira, [elle s’exclame] : « Oh là là !
Njoowɗee[13] ƴoownanee yam laamɗo ! Appelez-moi vite le chef !
E ɗum ɗume ɗuum boo ! » Qu’est-ce que c’est que ce truc-là ! »
Ɓiira, laamɗo, ɓiira, ngurtoyɗaa ! Ɓiira, le chef, ɓiira, tu es sorti[14] !
« Aan, a giiɗo ko tawmi nder waygoore ndee na ? » « Toi, as-tu vu ce que j’ai trouvé dans cette courge ? »
Laamɗo wii mo : « Dara haa mi ƴoownoyoo saraaki’en haa yaasi. » Le chef lui dit : « Attends que j’appelle mes notables dehors ! »
Laamɗo, waylitaago noon, Le chef, dès qu’il s’est retourné,
o yehi o yolloyi nde nder calka. elle est allée jeter [la courge] dans les latrines.
Ɓiira, saraaki’en toɓi bee laamɗo. Ɓiira, les notables arrivèrent brusquement avec le chef.
« Ee toy ɗuma goo ? » « Et où est ce truc ? »
O wii : « – Ɗum ɗumeejum ? Elle dit : « – Quel truc ?
(Rire) (Rire)
– Ɗum ɗume ? » – [Tu me demandes] quel truc ? »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Jonta ceekɗaa waygoore ! Il dit : « A l’instant, tu as fendu une courge ! »
Ɓiira, ii…, debbo laamɗo, ɓiira, yooyti. Ɓiira, euh… la femme du chef, ɓiira, poussa des lamentations.
(Rire) (Rire)
« Kay ! Wayyam hey, Alla am ! « Kay ! Hélas, mon Dieu !
Ee ko waɗanimmi laamɗo ? Qu’est-ce qu’on a pu faire à mon chef ?
Waygoore ndeen mi seeka nde, liɗɗi ngurtoo bee njaareendi ? Cette courge, je la fends, et il en sort des petits poissons avec du sable ?
Innaa lillaahi ! Wayyam hey, Alla am ! Mi laari bone ! » Innaa lillaahi, hélas, mon Dieu, un malheur m’est arrivé ! »
[Ɓe kaɓɓan laamɗo kam ?] [Ils vont attacher le chef[15] ?]
Hala ! Laamɗo, ɓe tirzi ɗum haa baaji lutti ! Et comment ! Le chef, ils l’ont ficelé bien proprement !
(Rire) (Rire)
Ɓe njehi ɓe kaɓɓoyi ɗum. On est allé l’attacher.
Ɓe njehi ɓe naastini ɗum nder… nder suudu. On est allé l’enfermer dans… dans la maison.
Asaweere, laamɗo ɗon haɓɓi haa baaji lutti. Pendant une semaine, le chef reste bien ficelé.
Gorko, debbo goo dolli ngulɗam. Le mari[16]… La femme [du chef] a fait bouillir de l’eau.
O, o yaari ɓaawo suudu, Elle… elle l’a emportée à la toilette
bee sooso bee saabul pat, o yaari ɓaawo suudu. en même temps qu’une éponge végétale et du savon, elle les a emportés à la toilette.
O wurtinoyi lumce laamɗo paasaaɗe, o jo’’ini. Elle a sorti les habits repassés du chef et elle les a déposés.
O yehi haa suudu goo, o maɓɓiti laamɗo. Elle est allée à la maison et a libéré le chef.
O wii mo : « Mi haɓɓaay ma na ? » Elle lui dit : « Ne t’ai-je pas attaché ? »
Mhm ! Mhm !
O wii mo : « Mi haɓɓi ma. » Il lui dit : « Je t’ai attachée[17]. »
O wii : « Na a giiɗo piisaaɗe rewɓe ! Elle dit : « Tu as bien vu l’hypocrisie des femmes !
Mi haɓɓaay ma na ? » Je ne t’ai pas attaché ? »
O wii : « Mi haɓɓi ma ! Il dit : « Je t’ai attaché !
(A haɓɓi yam !) (Tu m’as attaché[18] !)
Ee ! a haɓɓi. » Oui ! Tu [m’]as attaché. »
O fiisti laamɗo goo. Elle détacha le chef.
Laamɗo yehi yiiwii, laaɓi tal. Le chef est allé se laver, très propre.
O ƴeewnii saraakiijo laamɗo, [La femme] a appelé le notable du chef,
Mhm ! Mhm !
o wii : « Ngurtinee korowal ! » elle lui a dit : « Sortez une chaise ! »
Ɓe ngurtini korowal. Ils sortirent une chaise.
O hokki ɗum[19] laamɗo lumce, ɓorni. Elle donna des habits au chef et il les mit.
« Yaa jooɗaa dow korowal ! » « Va t’asseoir sur la chaise ! »
Laamɗo yehi jooɗii. Le chef alla s’asseoir.
O wii : « Ɓiɗɗo gorko mo kaɓɓuɗon ɗoo, Il dit : « Le garçon que vous avez attaché,
law, njoofon mo, kaɓɓon debbo ! » vite, libérez-le, attachez la femme ! »
Mhm ! Mhm !
Laamɗo ɗon jooɗii goo wii : « Law, Le chef qui était assis dit : « Vite,
Njehee ngaddee debbo kaɓɓuɗo gorko mum ɗoo. Allez chercher la femme qui a attaché son mari !
Mhm ! Mhm !
Piistee gorko, kaɓɓee debbo ! » Détachez l’homme, attachez la femme ! »
Ɓe piisti gorko, ɓe kaɓɓi debbo. Ils détachèrent l’homme et attachèrent la femme.
A ɗon faama ? Tu comprends[20] ?
Mhm ! Mhm !
Ɓiira ɓe ngari. Ɓiira, ils y sont allés.
Ɓiira, debbo kam, ɓe tirzi ɗum kam, ɗon wooka, ɗon wooka : Ɓiira, la femme, ils la ficelèrent, elle crie, elle crie :
« Wayyoo ! Mi laari bone am ! « Aïe aïe aïe ! Un malheur m’est arrivé !
Wayyoo ! Mi laari bone am ! Aïe aïe aïe ! Un malheur m’est arrivé !
Ɗum suka, suka wurtinimmi. C’est le jeune homme, le jeune homme m’a fait sortir.
Wallaahi suka wii yoo Je le jure ! Le jeune homme [m’]a dit :
sey mi wadda ii… il faut que j’apporte, euh…
(donngal) (les bagages[21])
donngal, donngal am haa ɓaawo leeso maako. les bagages, mes bagages derrière son lit.
Donngal gorko am, Les bagages de mon mari,
mi wadda ɗum haa ɓaawo leeso maako. que je les emporte derrière son lit.
O wii to mi, to mi yiɗi mo kam, Il a dit que si je, si je l’aime,
noon, sey noon. » comme ça, il faut [que je fasse] comme ça. »
Jam, ninnoon, ii, ɓe mbii mo yoo : « Joota booɗɗum ! » Puis, comme ça, euh… on lui dit : « Réfléchis[22] bien ! »
O jootii ! Elle a bien réfléchi !
O wii mo yoo : « Law ! [Le chef] lui a dit : « Vite !
Njahaa koocoyaa donngal gorko maaɗa ɗoo, Vite, va chercher les bagages de ton mari,
Mhm ! Mhm !
koo peetitel nii, taa ustoo ! sans y enlever la plus petite chose !
Yaa wurtinoyi ngal. » Va les sortir ! »
Jam, ɓe ngaddoyi suka. Puis ils firent venir le jeune homme.
Suka, ɓe mbii mo yoo : « E ko ngaaruɗaa[23] ka ? » Le jeune homme, ils lui dirent : « Et pourquoi as-tu fait ça ? »
O wii : « – Hii, na mi yiɗi mo ! Il dit : « – Hein ! C’est que je l’aime !
– E a yiɗi mo kam, – Et si tu l’aimes,
sey ngaɗaa bannii na ? » c’est comme ça que tu dois faire ? »
O wii : « – Hii, na mi yiɗi mo. Il dit : « – Oui ! C’est que je l’aime !
– Too, ndeen kam, yaa waddu kuuje gorko ɗoo. – Bon ! En ce cas, va chercher les affaires du mari !
Mhm ! Mhm !
Ko halki pat, a yoɓan. » Tout ce qui est perdu, tu le rembourseras. »
Jam, o yehi o waddoyi donngal gorko goo kam, Puis, il alla chercher les bagages du mari,
koo fiistaago ma, ngal fiistaaki. ils n’avaient même pas été déballés[24].
Ɓe njehi ɓe ngartirani gorko. Ils allèrent les rapporter au mari.
Jam, gorko goo wii : « Miin boo, mi yiɗaa mo sam ! Puis, le mari dit : « Quant à moi, je ne l’aime plus du tout !
Mi yiɗaa mo. Je n’en veux plus.
Mi seeri, mi yiɗaa mo. » Je [la] répudie, je ne l’aime plus. »
Nii, jam, o dilli. Ainsi, donc, elle est partie.
Takala mulus ! Takala mulus !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

[1] Roondaago : « porter sur la tête ».

[2]. La conteuse veut dire que la toilette étant restée sans clôture, par conséquent, la femme était exposée à la vue des passants quand elle s’y rendait.

[3] Litt. : « je vais enlever ».

[4] L’épouse fait tout ce qu’une bonne épouse fait lorsque son mari rentre de voyage : elle le salue, lui apporte de l’eau à boire et de la nourriture.

[5] Litt. : « J’ai vu mon malheur ! »

[6] Litt. : « Mon mari n’est pas revenu avec ».

[7] Noye 1989 donne la forme teŋ-, mais la conteuse utilise bien un radical teeŋ-.

[8] Litt. : « on l’attacha avec des cordes, jusqu’à ce qu’il restât des bandes d’écorce ».

[9] Incise de la conteuse qui prévoit déjà ce qui va se passer.

[10] Incise de la conteuse qui explique les intentions réelles de la femme qui veut faire passer son mari pour fou.

[11] La femme du chef, avec un couteau, effectue une petite ouverture dans la courge, qu’elle rebouche après y avoir introduit ce qu’elle veut. Dans les lignes qui suivent, on comprend que cette ouverture est circulaire.

[12] La conteuse se rend compte qu’elle est en train de sauter une étape, et elle se reprend.

[13]. Le radical verbal utilisé ici est yaaw-, sous la variante yoow-.

[14] Incise de la conteuse qui interpelle le personnage du chef.

[15] Question d’une femme de l’auditoire qui imagine déjà ce qui va arriver au chef.

[16] Lapsus de la conteuse.

[17] Erreur de la conteuse qui voulait dire : « Tu m’as attaché ».

[18] Une femme de l’auditoire corrige la conteuse.

[19] Pronom inutile, prononcé par erreur par la conteuse.

[20] La conteuse interpelle la personne de l’auditoire qui se trouve en face d’elle.

[21] Une personne de l’assistance souffle un mot à la conteuse qui a une hésitation.

[22] Litt. : « Reconsidère bien [ce que tu as dit] ! Du verbe jooɗtaago [jootaago], dérivé de jooɗaago « s’asseoir ».

[23] Forme structurelle : *waɗru-. Avec l’alternance consonantique à l’initiale entraînée par la suffixation du sujet, cela donne ngaɗru-ɗaa. Le groupe [ɗr] donne d’abord [’r], nga’ruɗaa > ngaaruɗaa.

[24] Litt. : « Même être déballés ils n’ont pas été déballés ».

Duɓdo paatuuji / L’invitation des chats

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — invitation, chat, coq, souris, margouillat, mariage

Production du corpus

Conteuse: Djebba (Ayya Daada), 45 ans. Née à Kaya, elle ne parle que le fulfulde. Elle a appris à conter auprès de sa grand-mère et de sa mère. Elle perfectionne ses contes en contant auprès de ses enfants et petits-enfants.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde] (Dargala) 18/04/2012

Le conte a été enregistré dans une case, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Un chat veut se marier. Il réunit des animaux pour obtenir des cadeaux. Margouillat pousse des youyous. Coq bat le tam-tam. Dialogue rythmé du tam-tam et des youyous de Margouillat. Une souris bat la cadence. Elle avertit les autres souris et leur dit de faire semblant d’aller uriner. Une souris prend le tam-tam. La souris demande dans sa chanson de creuser des trous pour pouvoir fuir. Les animaux arrivent à fuir. Il ne reste que trois animaux. Chat chante. Dialogue entre les trois animaux. Coq et Margouillat veulent fuir, Chat veut les manger. Fin ouverte.

Rythme remarquable.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Duɓdo[1] paatuuji kam, L’invitation des chats.
paatu maatini gortooɗe, Le chat a informé les poules,
maatini paa…, ee… doombi, il a informé les ch-…, euh…, les souris
Mhm[2] ! Mhm !
Maatini ɗume ? il a informé qui ?
Yoo, … bee pallaandi. Bon ! ainsi que le margouillat.
Mhm ! Mhm !
Pallaandi kam ilinan[3]. Le margouillat pousse des youyous.
Mhm ! Mhm !
[Rires d’une personne dans l’assistance] [Rires]
Yoo ! Jonta kam, paatu fi-, Bon ! À ce moment, le chat b-…
ḿ’m̀, agumri fiyata tawon. Non ! C’est d’abord le coq qui bat [le tambour].
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Agumri fuɗɗi fiigo. Bon ! Le coq s’est mis à battre [le tambour].
Mm, : « Laalayel, paatu, onon boo, saani mon, Mm ! [Le coq dit :] « Laalayel, chat[s], vous, votre affaire,
goɗɗo heɓtataa. personne ne peut la comprendre !
– A’’a, walaa koo ɗume. – Non [répond le chat] ! Il n’y a pas de problème.
Miin kam, mooɓtirde am tan ! Moi, je n’ai pas d’autre objectif que ma réunion [litt. : moi, ma réunion seulement]
– Yoo, wooɗi ! » – Bon ! C’est bien [répond le coq] ! »
Yoo, ɗum fuɗɗi, Bon, ils ont commencé.
Agumri fuɗɗi kadi : Le coq a commencé [à battre le gros tambour].
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam ! Ciɗiki, ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki ciɗiki !
Pallaandi : « Laalee ! Laalee ! » Le margouillat [dit] : « Courage ! Courage ! »
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari[4] yaa micingiriwww [fait le coq[5] avec son tambour] !
[Rire d’une personne dans l’assistance] [Rire d’une personne dans l’assistance]
Yoo ! « Ɗiɗon, taton, ngaɗa ba cilloyan. » Bon ! « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser[6] ! »
Ɗoo boo caɓɓoyel : Elle, c’est une petite [poule] qui lui répond en rythme :
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser !
Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. » Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser ! »
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [dit le margouillat[7]].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriw ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww [fait le coq avec le gros tambour] !
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki Gam ! Ciɗiki, ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki !
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [fait le margouillat].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! [fait le coq avec son gros tambour].
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser !
Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. » Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser ! » [dit la poule[8] avec son petit tambour].
Mm, doomru wii : « Waddu haa mi jaɓa ! Mm, la souris dit : « Apporte-le-moi ! »
Jonta kam, miin jaɓata. » Désormais, c’est moi qui prends [le gros tambour] ! »
« Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! « Creusez, serpentez, resserrez !
Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! » Creusez, serpentez, resserrez ! » [dit la souris[9] avec le gros tambour].
Ɓe ɗon ngasa, ɓe ɗon lunya. Elles creusent, elles serpentent.
Doombi ɗon njolloo nder gasɗe. Les souris se précipitent [litt. : tombent] dans les trous.
Mhm ! Mhm !
Too, « Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan » boo, Bon ! « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser ! »
gertooɗe piirdi ! Les poules se sont toutes envolées.
Lutti agumri bee paatuuru bee doomru luttundu ; Il reste le coq et le chat ainsi que la souris restante.
Mhm ! Mhm !
Paatu : « Ngaddee! » Le chat [dit] : « Apportez [le gros tambour] ! »
« Nduu fayndu, ngaal payngal, « [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal, [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal, [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal ! » [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras ! » [dit le chat avec le gros tambour].
A’’a ! Non !
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam ! Ciɗiki ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki ciɗiki !
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [fait le margouillat].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! [fait le coq avec son tambour].
Noy kam ? Comment ?
[Rires de la conteuse et de l’auditoire] [Rire]
Yoo ! Bon !
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser !
Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. » Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser ! » [fait la poule].
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [dit le margouillat].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww !
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam ! Ciɗiki ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki ciɗiki ! [fait le coq].
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [dit le margouillat]
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww !
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. » Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser ! » [fait la poule].
« Nduu fayndu, ngaal payngal ! « [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal ! [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal ! » [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras ! » [fait le chat[10]].
« Ngasee, lunyee, njajjitinee ! « Creusez, serpentez, élargissez[11] !
Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! Creusez, serpentez, resserrez !
Ngasee, lunyee, njajjitinee ! Creusez, serpentez, élargissez !
Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! » Creusez, serpentez, resserrez ! » [fait la souris].
Takala mulus ! Takala mulus
Takkaande bojel ! Takkaande bojel !
[Rires de la conteuse et de l’auditoire] [Rires de la conteuse et de l’auditoire]

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

[1]. Duɓdo : invitation et réunion d’ami[e]s destinées à susciter des cadeaux au bénéfice de celui ou de celle qui invite.

[2]. Acquiescement d’une répondante dans l’auditoire.

[3]. Ilingo : pour une femme, pousser des youyous [la main devant la bouche avec mouvement alterné de la langue].

[4]. Kilaari : mil prêté ou emprunté pour une durée de quelques jours. C’est aussi une désignation du coq adulte.

[5]. Le coq est sur ses gardes et l’on suppose que, par ce rythme particulier, il donne une consigne aux poules présentes.

[6]. C’est le message qu’envoie le tambour du coq à l’adresse des poules. Comme chacun le sait, les poules ne pissent pas. Un tel ordre est donc suspect pour les poules qui l’entendent ; son seul objectif est de les mettre en garde contre un danger et de leur conseiller la fuite.

[7]. Le margouillat apparaît comme particulièrement stupide dans ce texte. Manifestement, il ne voit pas du tout ce qui est en train de se tramer et il continue bêtement à encourager les batteurs de tambour sans chercher à comprendre ce qu’ils disent.

[8]. La poule demande à ses congénères de se préparer à fuir.

[9]. Le père souris demande aux souris de creuser une galerie tortueuse et étroite.

[10]. En s’intéressant maintenant ouvertement à la corpulence de ses invités, le chat démasque ses véritables intentions.

[11]. On peut supposer qu’à ce moment, toutes les souris ont réussi à se faufiler dans la galerie et le père souris, un peu plus gras qu’elles, demande qu’on lui élargisse le passage pour que lui aussi puisse fuir.

Sukaajo mo puccel / Le jeune homme au petit cheval

 

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, histoire, kiistawol — cheval, femme libre, conflit de propriété, arbitrage, silure

Production du corpus

Conteuse: Saoudatou Yougouda; environ 35 ans. Elle est née à Bogo. Divorcée, elle a des enfants. Elle vit seule dans sa maison. Son père est décédé.

Contexte de production

Wouro Issa (Bogo) 17/02/2012

L’histoire a été enregistrée dans une case, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

La fille du roi, la fille du lawan (chef d’un groupe de villages) et la fille du djawro (chef de quartier). Les trois filles vivent comme des femmes libres. Arrive un jeune homme avec son petit cheval blanc; il a une bague à la main. Les gens disent au jeune homme qu’il n’a aucune chance auprès des filles. Il fait appeler la fille du roi. La fille du roi est séduite. Ils se donnent rendez-vous. Le jeune homme fait cadeau de son petit cheval à la fille du roi. Le jeune homme procède de la même façon avec la fille du lawan et la fille du djawro.

Toutes les trois se retrouvent propriétaires du même et unique cheval. Elles se disputent le cheval. Le roi est au courant. Le roi n’arrive pas à départager les filles. Un passant propose sa façon de régler le litige à condition que le roi lui donne la moitié de son territoire. Le roi accepte. On apporte une bassine d’eau, on y jette un silure. La fille qui attrape le silure aura le petit cheval blanc. Les filles du roi et du lawan échouent. La fille du djawro qui est une fille kanouri gagne la partie.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Ɓii laamɗo, Une fille de lamido,
Mhm ! Mhm !
ɓii lawan, une fille de lawan,
Mhm ! Mhm !
ɓii jawro, une fille de jawro,
Mhm ! Mhm !
ɓe tato. elles sont trois.
Jonta kam, ɓe tato, Effectivement, elles sont trois,
ɓe kooƴi ajabaaru. et elles ont pris une maison pour « femmes libres[1] ».
Mhm ! Mhm !
Ɓe kooƴi ajabaaru, ɓe ɗon njooɗii. Elles ont pris une maison pour « femmes libres », et elles y demeurent.
Gorko garɗo pat, ɓe ngiɗaa. Chaque homme qui vient, elles n’en veulent pas.
Mhm ! Mhm !
Gorko garɗo pat, ɓe ngiɗaa. Chaque homme qui vient, elles n’en veulent pas.
Gorko garɗo pat, ɓe ngiɗaa. Chaque homme qui vient, elles n’en veulent pas.
Gorko feere wari bee puccel mum daneeyel nii. Un certain homme est venu avec son petit cheval blanc.
Mhm ! Mhm !
Jonta kam noy ? Que se passe-t-il maintenant[2] ?
Wari kanyum boo ɗon mari boo baageyel[3] nii haa junngo muuɗum. Il est venu lui aussi, il a une petite bague à la main.
Mhm ! Mhm !
Ɓiira, suy wari, Ɓiira, puis il est venu,
e ɓe mbii mo yoo : et on lui a dit :
« Koo ngaɗaa koo ngole[4], a wurtintaa koo gooto. « Quel que soit ton stratagème, tu n’en auras[5] aucune.
Walaa ko yimɓe kaɓaay. Les gens ont déjà tout essayé.
Laamɓe, ɓeye-ɓeye’en, walaa ko… Des lamidos, des tas d’autres hommes, ils sont…
walaa ɓe ngaraay. il n’y en a pas qui ne soient venus.
Mhm ! Mhm !
Woɗɓe bee mootaaji bee noy ngara, Il y en a qui viennent en voiture et quoi et quoi,
ɓiira, ngam puu-, puccel maa ngeel, ɓiira tu crois qu’avec ton che-, ce petit cheval que tu as,
ngam ngel ranwi, du fait qu’il est blanc,
suy, mbi’aa haa keɓaa debbo na ? alors, tu crois que tu auras une femme ?
A heɓataa ! » Tu n’en auras pas ! »
Suy, o wii : « Booɗɗum ! » Puis il dit : « D’accord ! »
O waalii haa peewol, o ɗon darii haa sera nii. Il a gardé son calme[6], il est resté à proximité.
O wii yoo, o wii ajabaajo feere ni : Il dit, il dit à une autre « femme libre » :
« – Yaa ƴeewnanam ɓii laamɗo wara. « – Va m’appeler la fille du lamido !
– Ɗum moy ƴeewnotoo yam ? » – Qui m’appelle ? »
O wii mo : « Aan, war lee noota mo, Elle lui dit : « Toi, viens répondre à son appel,
koo ngam njottiiɗaa noon, kuɗɗaa mo loriiɗaa boo na kal. » dès que tu arriveras [là-bas], insulte-le et reviens, ça ira. »
Mhm ! Mhm !
O wii kaay ! o wurtataako. Elle [la fille du lamido] dit non, qu’elle ne sortirait pas.
O wii mo : « No ngaɗɗaa pat, Elle [l’autre femme libre] lui dit : « Quoi que tu fasses,
aan kam, koo ni njottiiɗaa nii, toi, dès que tu arriveras,
aan kam, piiɗaa mo maaraawo noon, loriiɗaa boo, kal. » toi, que tu l’auras giflé et que tu seras revenue, ça ira. »
Mhm ! Mhm !
Jam, o wari, o yottii noon. Puis, elle [la fille du lamido] y est allée, elle est arrivée.
Yottaago maako noon, Dès son arrivée,
ɓiira kam, saarme[7] kam nanngi ɓooyma. ɓiira, [son] charme[8] [l’]a déjà subjugué[e].
Mhm ! Mhm !
Suy, ii, suka ɗon jogii… Puis, euh… le jeune homme tient…
(puccel) (le petit cheval[9])
jo’’ini junngo muuɗum dow puccel, a posé la main sur son petit cheval,
ɓiira baageyel ɗon jalbita. ɓiira, sa petite bague brille.
Ɓiira, o wari o darii. Ɓiira, elle est venue auprès de lui.
O wii mo : « – Noy debbo ? Il lui dit : « – Comment [ça va], la femme ?
Jam ɓanndu ? Ça va bien ?
– Jam koo ɗume ! – Ça va bien !
– Jam ɓanndu booɗɗum ? – Ça va très bien ?
– Jam ! – Ça va !
– Ee noy, na mi yiɗi ma ? » – Et alors, je t’aime ? »
Mhm ! Mhm !
Ɓii laamɗo goo wii mo : La fille du lamido lui dit :
« Miin boo na mi yiɗi ma. » « Moi aussi, je t’aime. »
Haala kam waɗi, ɓe ngaɗi ka kaayeefi. Il s’est passé quelque chose, on a trouvé ça extraordinaire.
Jam : « E noy jonta kam ? Puis : « Et maintenant ?
Noy ngiidirten ? Comment allons-nous nous revoir ?
Ɓaawo mangariba, mi woodi weerde. Après la prière du coucher du soleil… je suis hébergé quelque part.
Mhm ! Mhm !
Ngiiden haa saare wanciire[10]. Voyons-nous dans telle concession.
Goɗ-, goɗɗo am mo ngardumi ɗon wara hooƴe haa ngonɗaa. Mon ami avec qui je suis venu viendra te prendre là où tu es.
Mhm ! Mhm !
Taaskooɗaa ! Prépare-toi !
Wooɗi walaa ayibe ! » Bien ! Il n’y a pas de problème ! »
O hooƴi Il prit
(halagaare) (la bague)
ɗorommayel goo, o ɓornani ɓii laamɗo. la petite bague et l’a passée [au doigt] de la fille du lamido.
Ɓii laamɗo warti. La fille du lamido est rentrée [chez elle].
Ɓaawo mangariba, ɓaawo mangariba, Après la prière du coucher du soleil, après la prière du coucher du soleil,
ii, ɓokkorgel mangariba goo, suka maako wari hooƴi debbo. euh, juste après la prière du coucher du soleil, son serviteur est allé prendre la femme.
(Njehoyɗaa) (Tu y es allée[11] !)
Njehoyɗaa ! Tu y es allée !
A faami ? Tu comprends ?
(Rires) (Rires)
Kuugal timmi. Ils ont fait leur « affaire[12] ».
O wii mo yoo : « Ndaa puccu boo. Il lui dit : « Prends aussi le cheval.
To… to a suklitake, Quand … quand tu seras libre,
Mhm ! Mhm !
ii, ɓe ngara ɓe piistane puccu boo. euh, qu’on vienne te détacher le cheval aussi.
Mi hokki ma ɗum. » Je te le donne. »
O warti. Elle est rentrée.
A faami ? Tu comprends[13] ?
O wii na ɓe caahake mo puccu. Elle dit qu’on lui a offert un cheval.
« – Ayyee ? « – C’est vrai ?
– Ooho ! » – Oui ! »
Janngoore kadi boo, o yehi o darii. Le lendemain encore, il est allé se planter [devant chez les filles].
O sannjitii, naa ɗum kanko noon. Il s’est déguisé, ce n’est plus lui.
Kadboo, o wari o wi’ata ɓe ƴeewnanoo mo ɓii lawan. De nouveau, il est venu leur dire de lui appeler la fille du lawan.
Ɓii lawan wari. La fille du lawan est venue.
O wi’ata : « – Noy ? Il dit : « – Comment [ça va] ?
Na mi yiɗi ma ? Je t’aime ?
– Ayyee ? A yiɗi yam ? – Ah bon ? Tu m’aimes ?
Miin boo, mi yiɗi ma Moi aussi, je t’aime.
– Ayyee ? – Ah bon ?
– Ooho ! – Oui !
– Yoo ! Ɓaawo mangariba, ngiiden haa saare wayne. – Bon ! Après la prière du coucher du soleil, voyons-nous chez un tel.
Mi ɗon nula[14] goɗɗo am. » J’enverrai[15] mon ami [te chercher]. »
Kadboo, ɓaawo mangariba, o nuli goɗɗo, De nouveau, après la prière du coucher du soleil, il envoya quelqu’un,
Mhm ! Mhm !
wari hooƴani mo ɓii lawan. qui est venu lui prendre la fille du lawan.
O yehi, aan boo, haaje hiɓɓi. Elle est allée – toi aussi[16] ! – L’ « affaire[17] » est faite.
O wii ɗum : « Mi saahake ma puccu ». Il lui dit : « Je t’offre un cheval ».
Puccu ngu ngootu noon. Le même cheval[18] !
(Rires) (Rires)
O nanngi laawol maako kadboo. Il reprit sa route.
Janngoore maajum kadboo, Le lendemain, à nouveau,
o waalii haa peewol, o wari o darii haa yolnde. il a gardé son calme, et il est venu se planter au seuil [de la maison des filles].
O wii ɓe ƴeewnanoo mo ɓii jawro boo. Il dit qu’on lui appelle la fille du jawro.
Ɓii jawro wari. Le fille du jawro est venue.
O wii ɗum : « Noy ? Il lui dit : « Comment [ça va] ?
Na mi yiɗi ma ? » Je t’aime ? »
Ɓii jawro boo wii : « – Miin boo, mi yiɗi ma. La fille du jawro dit également : « – Moi aussi, je t’aime.
– Too, ɓaawo mangariba, mi ɗon nela goɗɗo am. » – Bien ! Après la prière du coucher du soleil, je t’envoie mon gars. »
Ɓaawo mangariba, o nuli goɗɗo maako. Après la prière du coucher du soleil, il a envoyé son gars.
Too, jonta kam, e noy ? Bien, maintenent, qu’est-ce qui se passe[19] ?
O wari oon boo, kuugal timmi. Elle est venue, l’« affaire » est faite.
O wii : « Mi saahake ma puccu. » Il dit : « Je t’offre un cheval. »
Suka nyaɓi[20], huuci. Le serviteur s’est enfui en cachette, il est renté chez lui.
Mhm ! Mhm !
Puccu ngu ngootu pal, ɗaldi ɓe ngu. Le même unique cheval, il les a laissées avec.
Oo wi’a yoo : « Miin na bee puccu am. » Celle-ci dit : « Moi, j’ai un cheval. »
Oo boo wi’a yoo : « Na bee puccu am haa saare wayne. » Celle-là aussi dit : « J’ai mon cheval chez un tel. »
Ɓe pat ɓe njehi. Elles toutes, elles sont partie.
Oo, nuli, oo, nuli, oo, nuli. Celle-ci a envoyé [chercher son cheval], celle-là a envoyé, cette autre a envoyé.
Nulaaɓe tato pat ngari haa kooca puccu. Les trois commissionnaires sont venus prendre le cheval.
Mhm ! Mhm !
Ɓe tulli no ɓe koocira ngu. Ils n’ont pas réussi à le prendre.
Jonta kam, na sey laamɗo nana ka. Alors, il faut que le lamido l’apprenne.
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ɓe njaari puccu yolnde laamɗo. On a amené le cheval devant chez le lamido.
Ee jonta kam, e noy ? Et maintenant, qu’est ce qui va se passer[21] ?
Laamɗo tulli dabare mum. La lamido n’a pas trouvé de solution.
Haa hiitoo kiita kaa ɗoo, Pour rendre ce jugement,
heɓaay no hiitoroo kiita kaa ɗoo. il n’a pas trouvé comment rendre ce jugement.
Mhm ! Mhm !
E moy hiitotoo ka ? Et qui va le rendre ?
Gorko feere nii ɗon saaloo. Quelqu’un passe.
O wii : « Barkaa maa, to mi hiitanake ma kiita kaa, Il dit : « Majesté, si je rends pour toi ce jugement,
ɗume ndokkuɗaa yam ? » que me donneras-tu ? »
O wii mo : « E aan, ɗume ngiɗɗaa ? » Il lui dit : « Et toi, que veux-tu ? »
O wii mo : « Barkaa maa ! Il lui dit : « Majesté !
Ko ngiɗmi na o hokkataa yam ɗum. » Ce que je veux, tu ne me le donneras pas. »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Mi hokkete ! » Il dit : « Je te le donnerai ! »
O wii mo : « – Miin, to mi hiitanake ma kiita ɗoo, Il lui dit : « – Moi, si je rends pour toi ce jugement,
miin, ndeekanaa yam wuro, ndokkaa yam. moi, partage-moi le village en deux, et donne m’en [la moitié]. »
– Bisimilla ! » ‑ Bisimilla ! [répond le lamido]. »
O wii : « Too ! Il dit : « Bon !
Ndeen kam, barkaa maa, Alors, Majesté,
heɓanam daaroowo[22] maapinndiiwo, trouve-moi une énorme bassine,
ngo heewa ndiyam. qu’elle soit pleine d’eau.
To ngo… a’’a ! Si elle… non[23] !
Koombewal na ? Daaroowo noon nii, Est-ce une pirogue ? [Non] une simple bassine,
ngo heewa ndiyam. qu’elle soit pleine d’eau.
Mhm ! Mhm !
To ngo heewi ndiyam, Une fois qu’elle sera remplie d’eau,
keɓanon yam liinga maapinndiiwa muuɓalaawa ! trouvez-moi un énorme poisson silure !
Mhm ! Mhm !
Muuɓalaawu maapinndiiwu ! Un énorme silure !
Njollanon yam nder ndiyam goo. Plongez-le-moi dans l’eau.
Yoo, booɗɗum walaa ayibe. » D’accord, il n’y a pas de problème. »
Ɓe njehi ɓe ngaddoyi, ɓe njo’’ini. On est allé en chercher un, et on l’a mis [dans la bassine].
Ɓiira, laamɗo ɗon haɓɓi bee faada muuɗum, Ɓiira, le lamido est entouré de sa cour
kiita kam na haa hiitoo. pour que le jugement soit rendu.
Mhm ! Mhm !
Ɓiɓɓe rewɓe ɗon njooɗii tato. Les trois filles sont là.
Too, kiitoowo, ndaa ɗum wari haa hiitanoo laamɗo. Bon ! Le juge, le voici venu pour rendre le jugement au nom du lamido.
Mhm ! Mhm !
Too, liingu ɗon jooɗii. Bon ! Le poisson est là.
« – Too, onon ndaa oon na oon tato. « – Bon ! Vous, vous voici, vous êtes à trois.
– Ooho ! – Oui !
– Kala nannguɗo liingu nguu fuu, – N’importe laquelle qui attrapera ce poisson,
kanyum mari puccu. » c’est elle qui aura le cheval. »
Mhm ! Mhm !
Ɓii laamɗo ɓadoo : wurururuu ! La fille du lamido s’approche : wurururuu[24] !
Ɓiira liinga fititoo. Ɓiira, le gros poisson gigote.
Oo ɓadoo : wurururuu ! Celle-là [la fille du lawan] s’approche : wurururuu !
O[25] fititoo. Il gigote.
Ɓiira, ɓii jawro ɗoo, o ɓii Sirataajo boo. Ɓiira, la fille du jawro, c’est une Kanuri.
Ɓiira, o ɓaditii. Ɓiira, elle s’approche.
O tibistinii ɗoo, ɓiira o hooƴi, ɓiira o nyeɗi liingu. Elle rassemble ses forces, ɓiira elle le prend, ɓiira, elle sort le poisson [de la bassine].
(Rires) (Rires)
Liingu fititii, fititii, meere. Le poisson gigote, gigote, sans pouvoir s’échapper.
Ɓiira, ɓe njooɗii ɓe mbooki. Ɓiira, ils se sont mis à crier.
Ɓe mbii yoo : « Ɓii … ɓii jawro mari ngu ! [Les gens] disaient : « La fille, la fille du jawro l’a eu !
Ɓii laamɗo, o do’’i ɗum ! La fille du lamido, elle l’a laissé tomber !
Ɓii lawan, o do’’i ɗum ! » La fille du lawan, elle l’a laissé tomber ! »
Ɓiira, o hooci liingu ! Ɓiira, elle a pris le poisson !
Kay ! Kay[26] !
Puccu kam, na o mari ɗum ! Le cheval, elle l’a eu !
(Fakat !) (Vraiment[27] !)
Takala mulus ! Takala mulus[28] !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

[1]. Les femmes divorcées ou veuves non remariées ont le statut de « femmes libres ». Elles n’ont pas d’habitat spécifique. Mais celui qu’elles choisissent peut être dit a posteriori « maison de femmes libres ». Cette maison, située à l’entrée de la concession, est considérée comme une source de nuisance, du fait du défilé potentiel des soupirants. Le statut de ces femmes leur accorde une grande liberté sexuelle.

[2] Question rhétorique posée par la conteuse.

[3]. Emprunt moderne au français « bague ».

[4] Pronom mis pour dabarewol « stratagème ».

[5] Litt. : « Tu n’en feras sortir aucune » ; euphémisme pour « tu ne coucheras avec aucune ».

[6] Litt. : « il s’est couché dans l’humidité ».

[7] Emprunt au français « charme ».

[8] Il ne s’agit pas du charme physique du jeune homme, mais d’un procédé magique.

[9] Suggestion d’une personne de l’assistance, qui vient au secours de la conteuse.

[10] Wanci– « tel » ; adjectif absent du dictionnaire de D.Noye ; pas d’alternance consonantique à l’initiale. Prend la désinence de degré 3.

[11] Une personne de l’assistance parle comme si elle s’adressait à la fille du chef.

[12] En fulfulde : kuugal, litt. « travail » ; façon euphémique de désigner une relation sexuelle.

[13]. La conteuse s’adresse directement à Hadidja, sa principale auditrice

[14] Variante de nela.

[15] Variante de nela.

[16] La conteuse fait comme si elle s’adressait directement à la fille du lawan.

[17] En fulfulde haaje, litt. « besoin, envie » ; euphémisme pour « relation sexuelle ».

[18] Litt. : « le cheval qui est un seul ».

[19] C’est la conteuse qui adresse cette question rhétorique à l’auditoire. Elle n’attend évidemment aucune réponse.

[20] Nyaɓaago : prendre fuite en essayant de ne pas se faire voir. Mot absent du dictionnaire de D. Noye

[21] Cf. note précédente.

[22] Daaroowo / daarooji (ngo/ɗi) : grande bassine en métal émaillé. Absent du dictionnaire de D.Noye.

[23] La conteuse a une hésitation. Elle se demande s’il s’agit bien d’une bassine et si elle ne s’est pas trompée.

[24] Cri poussé par la fille du lamido, qui a peur de toucher le poisson.

[25] La conteuse aurait dû employer le pronom ngu.

[26] Exclamation marquant l’admiration.

[27] Intervention d’une personne de l’auditoire.

[28] Formule de clôture. La conteuse, trouvant son récit suffisamment explicite, omet d’ajouter que le lamido tient sa promesse et offre la moitié du village au juge improvisé. On peut aussi imaginer que le « juge » est en fait le propriétaire du petit cheval. Comme il s’est déguisé pour aller chez les filles, il pourrait paraître sous son aspect réel devant le lamido. Auquel cas, il gagnerait sur tous les tableaux : il empocherait la fille, retrouverait son cheval et obtiendrait la moitié du village.

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