Asta mo Kaadanaari / Asta mo Kâdanâri

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, chantefable, taalol — riche, pauvre, fille de roi, fille de pauvre, miroir, jalousie, beauté

Production du corpus

Conteuse: Djam Doûdou a 55 ans. Elle ne s’exprime qu’en fulfulde. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Mariée, elle n’a jamais eu d’enfant. Elle a appris à conter auprès de sa mère et de sa grand-mère. Quand elle était petite, elle savait beaucoup de contes. Maintenant, elle en a oublié beaucoup.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde ] (Dargala, Cameroun, région de l’Extrême Nord), 06/03/2011. Enregistré dans une case en matinée, suite à un rendez-vous  pris avec la conteuse.

Descriptif

Asta mo Kâdanâri est la fille d’un roi. Elle est très belle. Il y a également une Asta mo Kâdanâri qui est la fille d’un pauvre. Elle est aussi très belle. Asta mo Kâdanâri, la fille du roi veut voir Asta mo Kâdanâri la fille du pauvre qu’on prétend être plus belle qu’elle. La fille du roi va de village en village. Elle chante. Dans sa chanson, elle demande à voir la fille du pauvre. La fille du roi arrive enfin dans le village de la fille du pauvre. La fille du pauvre lui répond en chanson. La fille du pauvre lui dit qu’elle est la personne qu’elle recherche. La fille du pauvre apparaît. Asta mo Kâdanâri, la fille du pauvre est plus belle que la fille du roi. Asta mo Kâdanâri, la fille du roi pousse une exclamation et meurt.

Conte avec chant.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

(Asta mo Kaadanaari) (Asta mo Kaadanaari)
(Teema naa halleende !) (Voilà ce que donne la méchanceté !) 1
Asta mo Kaadanaari na ? [Je conte] Asta mo Kaadanaari ?
Yoo wooɗi ! Oui, d’accord !
Asta mo Kaadanaari boo, Asta mo Kaadanaari,
Mhm ! Mhm !
o ɓii laamɗo. est fille de chef.
Mhm ! Mhm !
O booɗɗo haaaaa ɓuri semmbe ! O wooɗi ! Elle est d’une beauté exceptionnelle ! Elle est belle !
Mhm ! Mhm !
Oya boo, Asta mo Kaadanaari, ɓii laafuɗo. L’autre, Asta mo Kaadanaari, est fille de pauvre.
Mhm ! Mhm !
Oon doo wooɗi haa ɓuri semmbe. Elle aussi est d’une beauté exceptionnelle.
Mhm ! Mhm !
O hooƴa daarorgal, o laartoo nii o wi’a : [La première Asta] prend un miroir, elle se regarde dedans et dit :
« Ayyee ! Miin oo nii, ɓe mbi’a « Comment ! Moi, on dit
woodi Asta ɓii laafungel meere ɓuratam wooɗgo ? qu’il y a une Asta, fille d’un petit pauvre de rien, qui est plus belle que moi ?
(Rire) (Rire)
Miin oon woodi ko ɓuratammi ? Moi, il y a quelqu’un qui me dépasse [en beauté] ?
Mhm ! Mhm !
Sey mi laaroya mo. » Il faut que j’aille la voir. »
Mhm ! Mhm !
Yoo wooɗi ! Bisimilla ! Bon ! Bisimilla !
Mhm ! Mhm !
Ɓe ngaatani ɓe pucci, o wa’’ii bee yimɓe baaba maako. On leur 2 prépara des chevaux, elle monta en compagnie des gens de son père.
Mhm ! Mhm !
Ɓe ndilli, ɓe ngurtake. Ils s’en allèrent et sortirent [de leur village].
Ɓe njaali wuro : Ils arrivèrent près d’un [autre] village :
chant 3 Moy woni Asta mo Kaaaadanaari ? chant Qui est Asta mo Kaadanaari ?
Mo daɗɗaaree njamndi, Celle qui a un tapis de selle en fer 4 ,
Mo gabbii kurantaa 5 , Celle que les hippopotames appellent [comme leur petit],
Mo geelooɗi mboyantaa, Après laquelle pleurent les dromadaires,
Mo illii talaaɗi Celle à l’étagère bien rangée
Mo ngari ceeeeki lesdii ? Celle à qui l’on est venu fendre le sol ?
Mhm ! Mhm !
Asta, naa ɗoo woni. Asta, ce n’est pas ici qu’elle habite.
Mhm ! Mhm !
Asta wuro yeesoowo ! Asta, c’est dans la prochain village [qu’elle se trouve] !
Mhm ! Mhm !
Ɓe caalake. Ils poursuivirent leur chemin.
chant Moy woni Asta mo Kaaaadanaari ? chant Qui est Asta mo Kaadanaari ?
Mo daɗɗaaree njamndi, Celle qui a un tapis de selle en fer,
Mo gabbii kurantaa, Celle que les hippopotames appellent [comme leur petit],
Mo geelooɗi mboyantaa, Après laquelle pleurent les dromadaires,
Mo illii talaaɗi Celle à l’étagère bien rangée
Mo ngari ceeeeki lesdii ? Celle à qui l’on est venu fendre le sol ?
Mhm ! Mhm !
Asta haa wuro yeeso woni ! Asta, c’est dans le prochain village qu’elle habite !
Mhm ! Mhm !
chant Moy woni Asta mo Kaaaadanaari ? chant Qui est Asta mo Kaadanaari ?
Mo daɗɗaaree njamndi, Celle qui a un tapis de selle en fer,
Mo gabbii kurantaa, Celle que les hippopotames appellent [comme leur petit],
Mo geelooɗi mboyantaa, Après laquelle pleurent les dromadaires,
Mo illii talaaɗi Celle à l’étagère bien rangée
Mo ngari ceeeeki lesdii ? Celle à qui l’on est venu fendre le sol ?
Mhm ! Mhm !
Asta, naa ɗoo woni. Asta, ce n’est pas ici qu’elle habite.
Mhm ! Mhm !
Asta wuro yeesoowo ! Asta, c’est dans le prochain village [qu’elle habite] !
Mhm ! Mhm !
Mhm ! Mhm !
[…] 6
Taal ! Conte !
Moy woni Asta mo Kaadanaari ? Qui est Asta mo Kaadanaari ?
[…] […]
(… elle peut continuer…) (… elle peut continuer…)
Taal ! Aan kam ! Conte donc !
(Rire) (Rire)
chant Moy woni Asta mo Kaaaadanaari ? chant Qui est Asta mo Kaadanaari ?
Mo daɗɗaaree njamndi, Celle qui a un tapis de selle en fer,
Mo gabbii kurantaa, Celle que les hippopotames appellent [comme leur petit],
Mo geelooɗi mboyantaa, Après laquelle pleurent les dromadaires,
Mo illii talaaɗi Celle à l’étagère bien rangée
Mo ngari ceeeeki lesdii ? Celle à qui l’on est venu fendre le sol ?
Mhm ! Mhm !
O yottake wuro Asta woni. Elle arriva au village ou habitait Asta.
Mhm ! Mhm !
Ɓe maatinoyi Asta’en boo mooɓti. Ils allèrent informer Asta et ses gens, qui se réunirent.
Mhm ! Mhm !
chant Moy woni Asta mo Kaaaadanaari ? chant Qui est Asta mo Kaadanaari ?
Mo daɗɗaaree njamndi, Celle qui a un tapis de selle en fer,
Mo gabbii kurantaa, Celle que les hippopotames appellent [comme leur petit],
Mo geelooɗi mboyantaa, Après laquelle pleurent les dromadaires,
Mo illii talaaɗi Celle à l’étagère bien rangée
Mo ngari ceeeeki lesdii ? Celle à qui l’on est venu fendre le sol ?
Mhm ! Mhm !
Asta wi’i : Asta dit :
chant Min woni Asta mo Kaadanaari ! chant C’est moi qui suis Asta mo Kaadanaari !
Mo daɗɗaaree njamndi, Celle qui a un tapis de selle en fer,
Mo gabbii kurantaa, Celle que les hippopotames appellent [comme leur petit],
Mo geelooɗi mboyantaa, Après laquelle pleurent les dromadaires,
Mo illii talaaɗi Celle à l’étagère bien rangée
Mo ngari ceeeeki lesdi. Celle à qui l’on est venu fendre le sol ?
Asta wurtii nii noon, Dès qu’Asta [la fille du pauvre] sortit,
o waɗi hmm 7 ! [l’autre] fit hmm !
O tawi Asta ɓuri mo wooɗgo. Elle constata que [l’autre] Asta la surpassait en beauté.
(Rire) (Rire)
O maayi. Elle est morte.
Do’’ago tan. Tombée par terre !
(Rire) (Rire)
Asta ɓuri mo wooɗgo bana ɓe mbi’i noon. Asta la surpassait en beauté comme on le lui avait dit.
« Ayyee ɓii laafungel meere ɓurimmi wooɗgo. » « Et oui ! La fille du petit pauvre de rien du tout est plus belle que moi ! »
(Ɗoo kam na Alla hokkata kadi !) (Ça, c’est Dieu qui le donne !)
Takala mulus ! C’est fini !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1 Commentaire d’une femme de l’assistance par rapport à la fin du conte précédent (Jaree), où la marâtre est finalement punie de sa méchanceté.

2 Asta la fille de chef et sa suite.

3 Dans le chant, certaines voyelles, longues ou brèves, sont doublées.

4 Cette phrase et les suivantes sont un éloge en forme de devise.

5 Hurango, « appeler [son petit] » pour une vache, en principe ; Noye 1989, p. 176.

6 Un élément extérieur vient troubler la conteuse qui s’interrompt. Les membres de l’audience lui demandent de continuer.

7 Exclamation faite en inspirant l’air.

 

Bello, deerɗiiko’en bee goggo maɓɓe / Bello, ses frères et leur tante paternelle

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Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — tante paternelle, ogresse

Production du corpus

Conteuse: Mamma Mâzou surnommée affectueusement Diddiya ou Inna. Elle a environ 75 ans. Elle est née à Marfaye Dalâré [Marfay Dalaare ]. Diddiya a appris à conter auprès de sa grand-mère et de sa tante, auprès desquelles elle a grandi. Son contage s’est amélioré quand elle le faisait pour ses enfants. « Mais maintenant, je suis en train d’oublier de conter » dit-elle en riant. Parce qu’elle ne conte plus. Elle n’aime pas la lumière des flashs, ni que la caméra soit fixée sur elle.

Contexte de production

Marfaye Dalâré [Marfay Dalaare ] (Cameroun, région de l’Extrême Nord), 23/03/2011.  Conte enregistré suite à rendez-vous pris avec la conteuse. L’enregistrement a été fait au domicile même de la conteuse. Conteuse plusieurs fois interrompue dans son récit.

Descriptif

Un enfant dans le ventre de sa mère demande à celle-ci de le mettre au monde pour qu’il aille rattraper ses frères. Ils arrivent chez leur tante paternelle, qui en fait est une ogresse. Elle égorge ses propres enfants au lieu des trois garçons, qui se sauvent grâce au benjamin. De retour au village, celui-ci obtient une femme et la moitié du village.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

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Ɓiɗɗo oo, L’enfant,
Mhm ! – Mhm 1 !
Mm, daada maako reedu. Mm, sa mère est enceinte.
Ɓikkon Hamman bee Buuba. [Ses] enfants sont Hamman et Buuba.
Ɓe mbii yoo ɓe ndillan jahaangal. Ils disent qu’ils partent en voyage.
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Ɓe ndilli. Bon ! Ils sont partis.
Daada reedu goo wi’ata yoo, La mère enceinte dit,
ɓinngel nder reedu goo wi’ata : « Miin boo, l’enfant dans [son] ventre dit : « Quant à moi,
Mhm ! Mhm !
uuum ! daada, danyam law haa mi dilla, hum ! maman, accouche-moi vite pour que je parte,
Mhm ! Mhm !
haa mi dilla mi taccina Hamman bee Buuba, deerɗam’en ». pour que je parte rattraper Hamman et Buuba, mes frères ».
Mhm ! Mhm !
Hii ! Daada goo danyi mo. Hii 2  ! La mère l’a mis au monde.
Nii noon, oo, o taccini ɓe. Comme ça, il, il les a rattrapés.
O yehi, o wi’ata yoo : « Ndeenee ɗam ! Il est allé et leur a dit : « Attendez-moi !
[Ayyo !] Ayyo 3  !
Ndeenee ɗam ! Attendez-moi !
Mhm ! Mhm !
Mhm ! Mhm !
[On mbaali jam ?] Bonjour 4
Jam ni, jam ɓanndu ? Bonjour, ça va 5  ?
[……………….] ………………. 6
Koyɗum nii. Tout va bien 7
[On ɗon bee hoɗɓe du ?] Vous avez donc des visiteurs 8  ?
[……………….] ………………. 9
Mhm ! Mhm !
Ɓe ndeeni mo. Ils l’ont attendu.
Mhm ! Mhm !
Jam, o wi’ata yoo : « Taata ɗumaana, taa kultoree ! Puis il dit : « Ne euh !…, n’ayez pas peur !
Daada am danyimmi ɓaawo mon ; miin boo, Ma mère m’a mis au monde après votre départ, quant à moi.
Mhm ! Mhm !
mi deerɗiraawo mon. Je suis votre frère.
To weelo nanngi on, mbi’on am. Si vous avez faim, dites-le-moi.
To woodi haala mbiimi on boo, Et si je vous dis quelque chose,
uum, njaɓon, taata calee ! » hum, acceptez-le, ne dites pas non ! »
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Ɓen goo mbii : « Wooɗi ! » Bon ! Quant à eux, ils lui disent : « Bien ! »
O wii : « To ɗomka naawi on boo, mbi’on am. » Il leur dit : « Si vous avez soif également, dites-le-moi. »
Ɗomka naawi ɓe. Ils ont eu soif.
Ɓe mbii : « Ɗomka goo na naawi min ». Ils lui ont dit : « On a vraiment soif ».
O waɗi moccoore maako, ndiyam wangi. Il a fait une incantation magique en crachotant, de l’eau est apparue.
Mhm ! Mhm !
Ɓe njari. Ils ont bu.
Yoo ! Kadi boo, o wi’ata yoo : Bon ! Il 10 leur dit encore :
« Weelo na naawi yam. » « J’ai faim. »
O waɗi dabare maako. Il a fait son truc.
Nyiiri wangi, ɓe nyaami. De la nourriture est apparue et ils ont mangé.
Mhm ! Mhm !
Yowwa ! Ɓe njehi kadi her goggo maɓɓe, ɓe mbaalii. Bon ! Ils se sont alors rendus chez leur tante paternelle et y ont passé la nuit.
O wi’ata : « Goggo am, Il [le jeune garçon] lui dit : « Ma tante,
miin kam, anndal ni ngarmi ɗaɓɓugo. » moi, c’est seulement le savoir que je suis venu chercher. »
Goggo wi’ata yoo : « Wooɗi, ɓinngel am ! » Sa tante lui dit : « Bien, mon enfant ! »
« Woodi ni ɓinngel, umm, deerɗam goɗɗo boo, « Il y a un enfant, hum ! un autre frère à moi,
Mhm ! Mhm !
bumɗo, gite woodaa. qui est aveugle, il n’a pas d’yeux.
Fuu ni, kanjum ngarmi ɗaɓɓugo annde maajum. » Tout ça, c’est de tout ça que je suis venu chercher le savoir. »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Booɗɗum ! Elle dit : « Bien !
A heɓan ! » Tu pourras l’avoir ! »
Jam, o wari o jooɗii. Puis, il est venu s’asseoir.
Jemma waɗi. La nuit est tombée.
Mhm ! Mhm !
Goggo goo wii : « Miin kam, mi dilli, La tante dit : « Quant à moi, je m’en vais,
Mhm ! Mhm !
ammaa, to ɓadake weetgo, mais, à l’approche du jour,
ƴummooɗon ! vous vous lèverez !
Woodi ko ndefananmi on » Je vais cuire quelque chose pour vous »,
wi’ata ɓiyum’en goo. dit-elle à ses enfants.
« Ooho ! Ooho ! » « Oui ! Oui ! » [répondent les enfants.]
« Woodi ko ndefanmi nyaamon ! « Je vais vous faire la cuisine pour que vous mangiez !
Mhm ! Mhm !
Onon kam, mi dillan, miin kam, mi dawan mi dilla na’i am. » Pour vous, je vais partir, quant à moi, je vais partir très tôt auprès de mes vaches. »
Mhm ! Mhm !
Jam, jemma waɗi na. Puis, la nuit est tombée, n’est-ce pas?
Caka jemma goo, o ummi o hirsi ɓiyiiko’en goo. Au milieu de la nuit, elle se leva et elle égorgea ses enfants.
– Hḿm̀ ! – Hḿm̀ 11  !
O sikka ɗum warnooɓe goo. Elle croyait que c’était ceux qui étaient venus [i.e. des visiteurs].
Mhm ! Mhm !
Goggo maɓɓe, o wii o Goggo goo. Leur tante, elle dit qu’elle était leur tante paternelle.
Mhm ! Mhm !
Jam, o hirsi. Puis, elle les a égorgés.
Ɓinngel goo ɗon waalii laara mo, L’enfant en question était couché et la regardait ;
biinoongel “ndanyee ɗam” goo, celui qui avait dit “accouchez-moi”,
Mhm ! Mhm !
ɗon waalii laara mo ; ɗon laara mo. il était couché et la regardait ; il la regardait.
O hirsi Hamman maako, Buuba maako, kanko boo, Elle a égorgé son Hamman, son Buuba, elle,
– Uu’’uhum ! – Uu’’uhum !
jam, o wa’’ini her payanga. puis, elle les a mis [à cuire] sur [le feu] dans une grande marmite.
Mhm ! Mhm !
Jam, o wi’ata yoo : « To subaha waɗi ɗoo, Puis, elle a dit : « A l’aube,
Mhm ! Mhm !
ƴummooɗon nyaamon ! vous vous lèverez et vous mangerez !
Mhm ! Mhm !
Miin kam, mi dilli. Quant à moi, je m’en vais.
Ɗalee ɓee kam mbaaloo. Laissez ceux-là dormir
Mhm ! Mhm !
haa to mi warti ! jusqu’à mon retour !
A nani du ? » Tu as bien compris ? »
Mhm ! Mhm !
O wi’ata ɓiyiiko’en : Elle dit à ses enfants :
« Onon kam, to on nyaami on kaari ni, « Vous autres, quand vous aurez mangé et que vous n’aurez plus faim,
kuuje kirsaaɗum ɗoo kam accee. ces machins que j’ai égorgés, laissez-les.
Ndaa ndi ndefmi nyaamon ! » Voici la nourriture que je vous ai préparée à manger ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe ƴummi ɓe ndilli. Ils se sont levés et sont partis.
[Salaamu aleekum !] Salaamu aleekum 12  !
O doggi o dilli goo, o wi’ata ɓe yoo : [L’enfant] s’est enfui en courant et leut dit :
Mhm ! Mhm !
« Uum, ndaa Goggo kam dilli, « Hum, voici que [notre] tante est partie,
ammaa, onon kam, mais, vous,
Mhm ! Mhm !
Saala, saala aan kam Passe, passe donc !
o ɗon taala, taa taƴa mo] Elle est en train de conter, ne l’interromps pas 13  !
onon kam, ummee ! vous, levez-vous !
Ndaa ko Goggo defi ɗoo, nyaamee ! Voici ce que Tante a cuit, mangez !
Mhm ! Mhm !
Ngaree ndoggee ndillen ! Venez, enfuyons-nous !
Goggo kam anndaa sikka ɗum enen hirsi, La tante ne le sait pas, elle croit que c’est nous qu’elle a égorgés,
Mhm ! Mhm !
jaka ɗum ɓikkon mum hirsi. » alors que ce sont ses enfants qu’elle a égorgés ! »
Jam o wi’ata  : « Ummee ndoggen ma ! Puis il dit  : « Debout, enfuyons-nous !
Nyaamee ko nyaamoton kam haa kaaree nii, ndoggen ! » Mangez ce que vous avez à manger jusqu’à ce que vous n’ayez plus faim, et fuyons ! »
Mhm ! Mhm !
Jam, ɓe ndoggi ɓe ndilli. Puis, ils se sont enfuis.
Yoo, Goggo goo toon ladde, Bon, la tante est là-bas en brousse,
anndaa jaka ɓikkon mum hirsi. elle ne sait pas que ce sont ses enfants qu’elle a égorgés !
Mhm ! Mhm !
Ɓe nyaami, jam, o wi’ata : « Ndillen ma onon kam ! Ils ont mangé, puis, [le petit] dit : « Partons donc, vous autres !
Taa ndaree, taa ngeecitee ! » Ne vous arrêtez pas, ne vous retournez pas ! »
Ko Goggo tinndini mo goo pat, o hooci o saawi. Tout ce que la tante lui avait expliqué, il l’a retenu 14 .
Jam, ɓe ndoggi ɓe ndilli. Puis, ils se sont enfuis.
Yoo ! Ɓe ndilli. Bon ! Ils sont partis.
Goggo warti : « Hii, ɓikkon am goo nii, haa subaha fuu ɓe ngaraay ? La tante est revenue : « Hii, mes enfants-là, jusqu’à l’aube ils ne sont pas venus 15  ?
No waɗi, Alla am ! » Que s’est-il passé, mon Dieu ! »
Mhm ! Mhm !
Suy dilli laaroygo goo, Alors, elle est allée voir
tawi jaka ɗum ɓikkon mum hirsi, et elle a constaté que ce sont ses enfants qu’elle a égorgés
Mhm ! Mhm !
anndaa fuu. sans le savoir !
« Wayyooo ! Ɓikkon am mi hirsi ɗum ! « Oh mon Dieu ! Ce sont les enfants que j’ai égorgés !
Jenjo malaayel ! Jenjo, le petit brigand !
Mhm ! Mhm !
Mi ƴakki ɓikkon am, mi sikkano ɗum kamɓe ! » J’ai mangé mes enfants, je croyais que c’étaient les autres ! »
Mhm ! Mhm !
Jam, ɓirawattere, Goggo kam suukii noon dilli, Puis, mince alors ! la tante est partie sans savoir où elle allait,
Mhm ! Mhm !
ɗon dogga : « Heey ! Jenjo ! elle court : « Hé ! Jenjo !
[Halkiri toon] Elle s’est perdue là-bas 16
Heey ! Jenjo ! Hé ! Jenjo !
Mhm ! Mhm !
Taa waɗ ba mbiimaami ! Ne fais pas ce que je t’avais dit !
Mhm ! Mhm !
Ɗuum ɗuma, juseere, C’est autre chose, juseere 17 ,
haala gite goo boo, pour l’affaire des yeux,
ɗum gaadal tappumi. c’est un bulbe que j’ai écrasé.
Ngaddaa kilbu njowaa ! Tu prends du natron et tu en verses dessus !
Mhm ! Mhm !
Naa noon, naa ba mbiimaami goo, Goggo, uumm, Jenjo ! Ce n’est pas comme ça, ce n’est pas comme je t’avais dit de faire 18 19 , Jenjo !
Taa waɗ noon ! » Ne fais pas comme ça ! »
O wii : « Heesi, Il dit : « Oh !
Goggo malaawa, Méchante tante,
Goggo laɓel jemma, Tante, petit couteau de nuit 20 ,
Mhm ! Mhm !
Goggo aartuka aarti ! Tante, c’est la première parole qui est la bonne !
Mhm ! Mhm !
Mi nani haala maa fuu. J’ai compris tout ce que tu as dit.
Miin kam, mi sakka ɓiraaɗam, Moi, je mets du lait frais en dessous,
mi wadda ɗuma uumm yitere, j’apporte machin, euh, l’oeil,
mi waɗa ba mbiiɗaa noon, je le mets comme tu l’as dit,
Mhm ! Mhm !
ba mbiiɗaa noon nii. » juste comme tu l’as dit. »
Jam, o doggi o dilli. Puis il s’est enfui.
Mhm ! Mhm !
Goggo goo waɗi anndal mum wiino mo goo fuu o yehi o, o ɗumaani, Le garçon 21 22 ,
Mhm ! Mhm !
anndal o wiino mo goo fuu, ɓiraa, o yehi o waɗoyi kuuje o wiino mo goo pat. tout le savoir qu’elle lui avait dit, il est allé faire tout ce qu’elle lui avait dit.
O waɗoyi, jam, Goggo kam faasikiijo, gujjo. Il est allé le faire, mais la tante n’est pas quelqu’un de fiable, c’est une voleuse.
Mhm ! Mhm !
« Goggo kam wari, en-, enen kam, en njooɗoo. » « La tante est arrivée, nous, nous restons [là]. »
Mhm ! Mhm !
Goggo, ɓernde mum feeri, La tante, son cœur lui a fait très mal,
wii nde hirsi ɓiyum’en kam, elle dit que, comme elle a égorgé ses enfants,
Mhm ! Mhm !
yaha, yaha laatoyo nelɓi, qu’elle va, qu’elle va se transformer en ébénier du Sénégal 23 ,
Mhm ! Mhm !
saabeere. en champ d’arachides.
Mhm ! Mhm !
Ɓikkon goo o wii haa o nannga ɓe kadi boo. Les enfants en question, elle dit qu’elle va encore les attraper.
Mhm ! Mhm !
Ɓe ngara ni  « Kaay ! Ayyee ! » Ils viennent « Kaay ! Ayyee ! »
[O laatii biriiji] Elle s’est transformée en arachides 24
Mhm ! Mhm !
Ɓikkon ngara naasta saabeere biriiji. Les enfants entrent dans le champ d’arachides.
Mhm ! Mhm !
O wi’a yoo : « Uumm, biriiji ɗoo, Le garçon dit : « Hum, ces arachides,
Mhm ! Mhm !
taa ɗoofee ! ne les arrachez pas !
[Seŋsaŋ] 500 25
Ayyee ! Saabeere ni layataa sam ! Ben dis donc ! Un champ d’arachides qui ne s’étale pas 26  ?
Biriiji ɗoo layataa sikee ? » Ces arachides ne s’étaleraient pas ? »
Mhm ! Mhm !
To o waɗi nii ni, ɓiraa, biriiji laya, Dès que [le garçon] a dit ça, les arachides s’étalent,
biriiji laya. les arachides s’étalent.
« Kaay ! Ayyee ! Saabeere nde noppi ! « Kaay ! Ayyee ! Un champ d’arachides qui entend [litt. qui a des oreilles] !
Mhm ! Mhm !
Ayyee ! biriiji ?  » Ben dis donc ! des arachides ?  »
O taɓɓitoo : « Hii ! Oo… Taata ɗoofee biriiji ɗoo ɓikkon ! Il répond : « Hii ! Il… N’arrachez pas ces arachides, les enfants !
Mi wii on, ɓe tagga on ɓe ndilla. » Je vous dis, on va vous enrouler [dans les feuilles] et partir [avec vous]. »
Mhm ! Mhm !
Acca, derke’en goo acca ndilla. [Ils les] laissent, les jeunes gens les laissent et s’en vont.
Mhm ! Mhm !
Kadi boo, ɗum laatii nelɓeeji, yehi darii daande maayo. A nouveau, elle se transforme en fruits d’ébénier et va se planter au bord du fleuve.
Mhm ! Mhm !
Nelɓe goo ɗon ciŋŋinii. L’ébénier est couvert de baies.
Mhm ! Mhm !
Hii ! O wi’a : « Kaay ! Ayyee ! Nelɓe nii saamataa sam ? » Hii ! Il dit : « Kaay ! Ayyee ! Des baies d’ébénier qui ne tombent pas ? »
Mhm ! Mhm !
To o wii nii ni, kanko kam o anndi. Dès qu’il a eu dit ça, lui, il connaît [la réponse].
Nelɓe nii caamataa ? Des baies d’ébénier qui ne tombent pas ?
Suy ko caama ratatatata ! Alors ils 27 tombent ratatatata !
[Rire] [Rire]
O wi’a : « Ɓikkon, taa kooƴee nelɓe ɗoo ! Il dit : « Les enfants, ne prenez pas ces baies d’ébénier !
Mhm ! Mhm !
Ndaayee ! Laissez-les !
Taa kooƴee ! N’en prenez pas !
Nelɓi nii bee noppi ? » Un ébénier qui entend [litt. un ébénier qui a des oreilles] ? »
Mhm ! Mhm !
Jam, ɓikkon goo acca ! Puis, les enfants le laissent !
Jam, ɓiɗɗo gooto wi’a  : « Miin kam, Puis, l’un des enfants dit  : « Quant à moi,
hannde kam, mi hoocan nelɓe ɗoo ! » aujourd’hui, je vais prendre ces baies ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe mba”ii nelɓi kam, ɓe ciŋŋini. Ils grimpent à l’ébénier, tous.
« Yoo ! Nde a wa”ake kam, minin boo, min mba”oto. » « Bon ! Puisque tu y as grimpé, nous aussi nous allons y grimper. »
Mhm ! Mhm !
Ɓe fuu, ɓe mba”ii nelɓi. Eux tous, ils sont montés sur l’ébénier.
Mhm ! Mhm !
Jam, ɓe ɓori nelɓe, ɓe ɓori. Puis, ils ont arraché des baies, ils en ont arraché.
O wii  : « Kaay ! Hannde kam, mi toskake. [Le plus jeune] dit : « Kaay ! Aujourd’hui, je suis fichu [litt. je suis humilié].
Mhm ! Mhm !
On mba”ake nelɓi du ? » Vous avez-donc grimpé sur l’ébénier ? »
Mhm ! Mhm !
Jam, hooci ɓe ɓee fuu, dillidi. Puis, [l’arbre] les a tous pris et les a emportés.
[Hooci ɓe ɓee fuu ?] Il les a tous pris 28  ?
Hooci ɓe ɓee pat, dillidi. Il les a tous pris et les a emportés 29 !
[Ayyee !] [Ayyee !]
Jam, o jooɗii, o wii : « Mi wi’aay on taa ɓikkon mon mba”oo nelɓi ɗoo na ? Puis, il a dit : « Je ne vous avais pas dit que vos enfants ne devaient pas monter sur cet ébénier ?
Mhm ! Mhm !
Na ndaa ka kadi. Voilà le résultat !
Ooho, hannde kam o hooƴi on. » Oui, aujourd’hui, il 30 vous a pris ! »
[O hooƴi] Il les a pris 31
Jam, ɓe mbii yoo ɓe ndillan. Puis, ils disent qu’ils vont partir.
Jam, ɓii laamɗo boo ɗon nder ɗoon. Et il ya un fils du chef parmi eux.
O wi’ata laamɗo yoo : Il dit au chef :
« Jonta gite ɓinngel maaɗa ɗoo, « Maintenant, les yeux de ton fils,
miin kam to a yiɗi kam, mi wartirante. » moi, si tu veux, je vais les lui rendre. »
Mhm ! Mhm !
O wii : « – Ayyee ! Il dit : « – Vraiment ?
To goɗɗo wartirani yam gite ɓinngel am kam, Si quelqu’un rend pour moi la vue [litt. : les yeux] à mon fils,
Mhm ! Mhm !
miin kam, mi hokkan ɗum reeta wuro am ɗoo. moi, je lui donnerai la moitié de mon village.
– Ayyee ? A hokkan reeta wuro ? – C’est vrai ? tu lui donneras la moitié du village ?
– Mi hokkan ɗum reeta wuro, – Je lui donnerai la moitié du village,
mi ɓaŋanan ɗum debbo. » et je lui donnerai une femme en mariage. »
Mhm ! Mhm !
Jam, o wii : « Booɗɗum haa mi wara kadi. » Puis [l’enfant] dit : « Bien, j’arrive ! »
Jam o doggi o dilli. Puis il partit en courant.
Kadi boo, o saawi nii tekkaaje o wii o reedu. Après, il fait un gros ballot de chiffons et il dit qu’il est en grossesse.
Mhm ! Mhm !
« Ayyee ! Gog-, daada am ! » « Ayyee ! Ma tan-, maman ! »
Jonta kam, o yehi her Goggo goo : Alors, il est allé chez sa tante paternelle [en se faisant passer pour sa fille] :
« – Daada am ! « – Maman !
– Oo’o ! – Oo’o !
– Miin kam, kuuɗe ni kaɗimmi wargo e maa. – Moi, ce sont les travaux qui m’ont empêchée de venir chez toi.
Daga nannoomi Hamman bee Babba am maayi goo ni, Depuis que j’ai appris que mon Hamman et mon Babba sont morts,
mi heɓaay wargo her maa. je n’ai pas pu venir chez toi.
Mhm ! Mhm !
Jonta ɗoo, ndaa kuuɗe ! Actuellement, voici qu’il y a des travaux [à faire] !
Mhm ! Mhm !
Ndaa mi reedu ! Voici que je suis enceinte !
Mhm ! Mhm !
Laamɗo boo ɓaŋatammi, koo dabare. C’est aussi le chef qui m’a épousée, pas moyen de sortir 32
Mhm ! Mhm !
Koo no mbaami. » Je ne peux rien y faire. »
[Jaka boo tekke] Alors que ce sont des chiffons 33  !
Jaka ɗum tekke. Alors que ce sont des chiffons 34  !
Suy o wi’ata mo yoo : Alors elle lui dit :
« E ɗume ngiɗɗaa ɓinngel am ? » « Et que veux-tu ma fille ? »
O wii : « Ngiɗmi kam, Il dit : « Ce que je veux,
mi heɓano, woodi korɗo ɓe ndokkimmi haa wallitammi kuugal, [ce que] j’aurais voulu avoir, il y a une esclave que l’on m’a donnée pour m’aider au travail,
gite woodaa. elle est aveugle [litt. : les yeux, il n’y en a pas].
Miin boo, ndaa mi tedduɗo. » Moi, voici que je suis lourde [i.e. enceinte]. »
O wii : « Hii ! Gite woodaa kam na a heɓan. Elle dit : « Hii ! Elle n’a pas d’yeux ? tu en auras [pour elle].
Uuum ! A heɓan ! » Uuum ! Tu en auras ! »
Jam ! Bon !
Mhm ! Mhm !
Moy ? C’est qui 35  ?
[Aan kam yeewtu haala maa !] Toi, raconte ton histoire 36  !
Mhm ! Mhm !
« Heɓan ! » « Tu en auras ! »
O hooƴi ɗuum ɗoo, Elle prend le truc,
o hooƴi o wii mo : « Ndaa kurtuwal ngaal, elle le prend et lui dit : « Voici cette calebasse 37 profonde,
kooƴaa gite ɗe ngiɗɗaa, njaaraana korɗo maaɗa. prends-y les yeux que tu veux, emporte-les à ton esclave.
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Koocaa, uuum, cakkaa ɓiraaɗam, Bon ! Tu prends du lait frais, hum, tu mets le lait frais sous [les yeux],
ngaddaa yitere ngaɗaa. tu prends un œil et tu le mets [sur le lait].
Har ɗoo boo, yitere wootan. » Et là, l’œil se réparera. »
O wii : « Wooɗi. L’enfant [déguisé en femme] dit : « – Bien !
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Kooƴaa ɗoo boo, – Bon ! Tu prends ça,
uumm ! hum !
– Ayya ! Ayya ! Ayya ! Ayya 38  !
– Mm ?] Comment ?
Ɓe ɗon ƴeewne !] On t’appelle !]
Kooƴaa ɗoo boo, uumm, ɗuum ɗoo, Tu prends ça, hum, ce truc,
ɗume onon, ɗoo kam, waɗa yitere mo”itina. c’est quoi, vous 39  ?, ça, ça fait que l’œil se répare.
Ee ! Ee ! Ɓiɓɓe, ɓiɓɓe, ɓee boo, ndaa layaaji ɗoo boo. Ee ! Ee ! [Pour] les enfants 40 , [pour] les enfants, pour [eux] aussi, voici ces grigris.
Mhm ! Mhm !
Njahaa ngaɗaa huunde ɗoo, Tu vas mettre ce truc,
ngaɗaa haa ɓanndu maa. tu le mets sur toi [litt. : sur ton corps].
Koo goɗɗo ɗon haa faarte jokke, Même si quelqu’un te poursuit et te rejoint,
Mhm ! Mhm !
a hisan, tu y échapperas,
Mhm ! Mhm !
jokkataako ma. on ne te rattrappera pas.
Ndaa ɗoo, to a sakkini, Le voici, si tu le jettes,
Mhm ! Mhm !
ɗum laatoo maayo caka mon, cela devient un fleuve [qui s’interpose] entre vous,
maayo ngo jolataa, goɗɗo jokkataako ma. un fleuve qu’on ne franchit pas, personne ne pourra te rattrapper.
Ɗoo boo, to a waɗi layaaru nduu boo, Ça, si tu mets ce grigri,
Mhm ! Mhm !
kebbe bee tuppe caka ɗon. [ça met] entre [vous] des graines 41 de Cenchrus biflorus et des graines de Tribulus terrestris.
Yoo ! Innu man wurataa kebbe. Bon ! La personne ne pourra pas passer à travers le Cenchrus. »
Aa ! Booɗɗum ! Oui ! C’est bon !
Goggo am, mi dilli. » Ma tante 42 , je m’en vais. »
Suy o hooci kuuje goo, Puis, il a pris ses affaires et est parti,
o hooci kuuje goo, o doggi. il a pris les affaires en question et il s’est enfui.
Jam, Goggo goo wii : « Onon ! Garɗo oo kam, teema ɗum iii… ɗum Jenjo. Puis, la tante a dit : « Vous ! Celle qui est venue, c’est peut-être, euh, Jenjo.
Mhm ! Mhm !
Naa ɗum ɓinngel am ! » Ce n’est pas ma fille ! »
Goggo tokki 43 Jenjo : « A fewan, ɗum aan, La tante a suivi Jenjo : « Tu mens, c’est toi,
Jenjo malaayel. » Jenjo le petit brigand. »
O wii : Il dit :
« Ɓiraa Goggo malaawa, « Fichue méchante tante !
Goggo laɓel jemma ! Tante petit couteau de nuit !
Uum, ɗum miin ! » hum, c’est moi ! »
O wii mo : « To a yehi kam, Elle lui dit : « Quand tu arrives,
keɓaa kilbu, ngaddaa cokkuri, ngaɗaa haa yitere goo kam. » tu prends du natron, tu mets du sel végétal, tu mets ça sur l’œil. »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Aartuka aarti, Il dit : « C’est la première parole qui est la meilleure,
Goggo malaayel, tante méchante,
Goggo laɓel jemma ! » tante petit couteau de nuit ! »
O yehi o huuci saare. Il est rentré chez lui.
Mhm ! Mhm !
Laamɗo hokki mo reeta wuro, Le chef lui donna la moitié du village,
Mhm ! Mhm !
hokki mo debbo, et lui a donné une femme,
suy o ɓaŋi o jooɗii. puis il l’a épousée et il est resté à demeure.
Ɗoo kam, takala mulus ! Ça, takala mulus  44 !
Timmi ! Ngool kam ! C’est fini, ce conte !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

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Notes:

1 Approbation d’une répondante qui va scander les propos de la conteuse tout au long du conte.

2 Exclamation marquant l’étonnement.

3 Quelqu’un de l’extérieur appelle la conteuse.

4 La personne salue de dehors la conteuse.

5 La conteuse répond à la salutation.

6 Inaudible.

7 Réponse de la conteuse.

8 Question posée par la personne qui se trouve à la porte de la case.

9 Inaudible.

10 Normalement, ce sont les grands frères de l’enfant qui devraient dire ce qui suit.

11 Forte exclamation d’indignation d’une auditrice, prononcée sur un ton haut-bas.

12 Salutation d’une visiteuse qui est arrivée à la porte dela case.

13 La visiteuse veut à tout prix entrer et on lui dit de faire vite.

14 Litt. : il l’a pris et l’a emballé.

15 Sous-entendu : « me rejoindre en brousse ».

16 Commentaire d’une personne de l’auditoire.

17 Mot inconnu.

18 [Ce n’est pas comme je t’avais dit de faire qu’il faut faire.] La tante veut tromper le garçon en lui faisant croire que le remède qu’elle lui avait indiqué pour guérir l’aveugle n’est pas le bon.

19 La conteuse se trompe et commence par dire « goggo » au lieu de « Jenjo ».

20 Référence probable à la sorcellerie.

21 La conteuse se trompe ici et dit « la tante ».

22 La conteuse emploie ici un verbe passe-partout, dépourvu de sens propre.

23 Diospyros mespiliformis (Ebenaceae).

24 Précision aportée par une auditrice.

25 On entend quelqu’un de dehors prononcer ce nombre en français.

26 L’arachide dont on parle ici a un port rampant.

27 Le sujet en fulfulde est [ko], d’une classe augmentative, laissant entendre que ces fruits sont énormes.

28 Intervention d’une auditrice, reprenant sur le mode interrogatif une phrase de la conteuse.

29 Réponse de la conteuse à la question de l’auditrice.

30 En fulfulde, pronom [o], qui ne réfère pas à l’arbre en tant que tel, mais à la sorcière qui est dedans.

31 Reprise d’un membre de phrase de la conteuse par une auditrice, en manière de confirmation.

32 La femme est recluse au fond de la concession de son mari, a fortiori lorsque celui-ci est un chef.

33 Commentaire d’une auditrice.

34 La conteuse confirme la remarque de l’auditrice en la répétant.

35 La conteuse demande l’identité d’une personne qui vient d’arriver dehors.

36 Une auditrice dit à la conteuse de ne pas s’en préoccuper et de continuer à conter.

37 En fulfulde : kurtuwal. D’après Noye 1989, p. 210, calebasse profonde dans laquelle on peut mettre du lait ou des aliments, mais qui sert surtout à recueillir l’urine des animaux. Sert aussi de vase de nuit pour les personnes âgées.

38 Un enfant, dehors, appelle une femme qui est à l’intérieur de la case. Suit un court dialogue entre la femme en question et l’enfant.

39 La conteuse demande à l’audiroire de l’aider à retrouver un mot.

40 La vieille femme fait maintenant référence aux enfants de sa fille.

41 Le Cenchrus biflorus est une herbe dont les épillets sont garnis de petits crochets réfléchis et vulnérants ; les fruits de Tribulus terrestris sont ornés de fortes dents épineuses et divergentes (cf. Le Bourgeois, 2010, Adventrop).

42 L’enfant aurait dû dire « maman », puisqu’il a pris l’apparence de la fille de la vieille.

43 Le verbe devrait être tokkake, à la voix moyenne.

44 Formule stéréotypée de clôture de conte.

Hamman Kine-Loope / Haman Nez-d’Argile

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Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — chien, chat, arbre-véhicule

Production du corpus

Conteuse: Zaraou, âgée d’environ 35 ans. Elle est née à Bogo. Veuve. Elle a quatre enfants.

Contexte de production

Bogo [Ɓogo ] (Cameroun, région de l’Extrême Nord), 19/04/2012. Le conte a été enregistré dans la matinée, en plein air, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Haman Nez-d’Argile demande à son chien de l’accompagner en voyage et le transporte dans un arbre quand il est fatigué. Il lui procure tout ce qu’il faut pour manger. De retour au village, le chien invite le chat à le suivre en voyage et finit par le manger.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

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Mhm Mhm
Hamman Kine-Loope oo, Hamman Nez-en-Terre,
Mhm Mhm
o ɗon dilla jahaangal  ; il part en voyage.
Ooho ! Ooho[1] !
Mo[2] ɗon dilla jahaangal. Il part en voyage.
Ooho ! Ooho !
O wii rawaandu yoo : Il dit au Chien :
Mhm Mhm
« Rawaandu, ɗoftam ! « Chien, accompagne-moi !
Mhm ! Mhm !
To a somi, mbi’aa yam ! Quand tu seras fatigué, dis-le-moi !
Mhm ! Mhm !
To a doli, mbi’aa yam ! Quand tu auras faim, dis-le-moi !
Mhm ! Mhm !
To a ɗomɗi, mbi’aa yam ! » Quand tu auras soif, dis-le-moi ! »
Mhm ! Mhm !
Rawaandu wii : « Wooɗi ! » Le Chien dit : « Bien ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent.
Jahaangal daayake. Le voyage est long.
Mhm ! Mhm !
Rawaandu goo wi’ata yoo : Le Chien dit :
Mhm ! Mhm !
« Mi somi. « Je suis fatigué.
Mhm ! Mhm !
Mi somi. » Je suis fatigué. »
Mhm Mhm
O wii : « To a somi, dara ! » Il [Hamman] dit : « Si tu es fatigué, arrête-toi ! »
Mhm ! Mhm !
O darii. Il s’arrêta.
O wii, umm, o wii : « Wa’’a lekki. » Il dit, hum, il dit : « Monte dans l’arbre. »
Mhm ! Mhm !
Rawaandu wa’’ii lekki ; Le Chien monta dans l’arbre.
Kanko boo o wa’’ii lekki. Lui aussi, il monta dans l’arbre.
Mhm ! Mhm !
Ɓe ɗon ndilla, Il vont[3]
O wii lekki : « Yaa ! » [Hamman] dit à l’arbre : « Avance ! »
Mhm ! Mhm !
Lekki ɗon yaha, ɗon yaara ɓe, ɗon laa-, ɗon yaara ɓe, L’arbre s’en va, il les emporte, il les -, il les emporte,
ɗon yaara ɓe haa o[4] somti. il les emporte jusqu’à ce que [le Chien] soit reposé.
Rawaandu goo haa somti. Le Chien, jusqu’à ce qu’il soit reposé.
Mhm ! Mhm !
O wii : « – Mi somti. Il [Chien] dit : « – Je suis reposé.
– A somti ? – Tu es reposé ?
– Mi somti ! » – Je suis reposé ! »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Jippa ! » Il lui dit : « Descends ! »
Rawaandu goo jippii. Le Chien est descendu.
Ɓe puɗɗiti yaago bee kosɗe. Ils reprennent leur marche à pied.
Mhm ! Mhm !
Ɓe ɗon njaha, ɓe ɗon njaha, ɓe ɗon njaha, bee kosɗe. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, à pied.
Mhm ! Mhm !
Suy o wi’ata yoo : « – Mi doli ! Puis [le Chien] dit : « – J’ai faim !
Mhm ! Mhm !
– A doli ? – Tu as faim ?
– Ooho! Mi doli. – Oui ! J’ai faim.
– Yoo ! Wa’’a lekki kadi boo ! » – Bon ! Remonte dans l’arbre ! »
O wa’’ii lekki. Il monta dans l’arbre.
« Yoo ! Ɗoof liiliwol haako ! » « Bon ! Arrache une feuille du feuillage ! »
O ɗoofi liiliwol haako, Il arracha une feuille du feuillage,
nyaamdu wangi nii. et de la nourriture apparut comme ça[5].
Mhm ! Mhm !
Rawaandu nyaami, nyaami, nyaami haa haari, Le Chien mangea, mangea, mangea à satiété,
Mhm ! Mhm !
wii : « – Mi haari ! et dit : « – Je n’ai plus faim !
– Yoo ! Noy a ɗomɗaay na ? » – Bon ! Tu n’as pas soif ? »
O wii : « – Mi ɗomɗi. Il dit : « – J’ai soif.
– Ɗoof liiliwol ! » – Arrache une feuille ! »
O ɗoofi liiliwol. Il arracha une feuille.
Ndiyam wurtii jur tummude. Il en est sorti plein d’eau, une calebasse.
Mhm ! Mhm !
Rawaandu yari, yari, yari haa ɗomɗiti. Le Chien but, but, but jusqu’à ce qu’il n’eût plus soif.
Mhm ! Mhm !
Suy, ɓe njippii. Puis, ils sont descendus.
Ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent.
Ɓe ngari ɓe tawi maayo maapinndiiwo ngo ɗon heewi. Ils sont allés trouver un très grand[6] fleuve qui était plein.
Mhm ! Mhm !
Ngo ɗon heewi ndiyam. Il était plein d’eau.
Mhm ! Mhm !
Suy, o wi’ata rawaandu yoo : Puis, [Hamman] dit au Chien :
Mhm ! Mhm !
« Yar nee ndiyam to a ɗomɗuɗo ! » « Bois donc de l’eau si tu as soif ! »
Rawaandu yari, yari, yari, yari, haa ɗomɗiti. Le Chien a bu, bu, bu, bu, jusqu’à ce qu’il n’eût plus soif.
Mhm ! Mhm !
Kanko goo, o yari go’o, ɗiɗi noon, maayo ɓeeɓi ; Quant à lui [Hamman], il a bu une fois ; à la deuxième, le fleuve est à sec ;
Koo ko lutti, ndiyam luttaay haa maayo, koo tis. Il ne reste rien, il ne reste pas d’eau dans le fleuve, rien du tout.
Mhm ! Mhm !
Sey liɗɗi ɗon pija nder maayo. Il n’y a que les poissons qui jouent dans le fleuve.
Mhm ! Mhm !
Liɗɗi ɗon pija, ɗon pija, ɗon pija. Les poissons jouent, jouent, jouent.
Mhm ! Mhm !
Suy, o wi’ata rawaandu : « Ƴakku liɗɗi ɗoo haa to a safti ! » Puis, [Hamman] dit au Chien : « Mange ces poissons jusqu’à ce que tu en aies eu suffisamment ! »
Mhm ! Mhm !
Rawaandu ƴakki, ƴakki, ƴakki, waawaay timmingo liɗɗi goo. Le Chien en a mangé, mangé, mangé, il n’a pas pu les manger tous.
Mhm ! Mhm !
O ƴakki gootel noon, liɗɗi man pat timmi. Dès que [Hamman] en a mangé un seul, tous les poissons sont finis.
Mhm Mhm
Suy, jonta kam, ɓe tayti gaɗa maayo. Puis, à ce moment, ils ont traversé le fleuve.
Mhm ! Mhm !
Ɓe tayti gaɗa maayo goo, Quand ils ont eu traversé le fleuve,
o wii rawaandu goo : « Jonta kam, huucu kadi ! [Hamman] dit au Chien : « Maintenant, rentre donc chez toi !
Mi warti. » Je suis rentré[7]. »
Mhm ! Mhm !
Rawaandu lorti, warti, kanyum boo, haa wuro ba naane. Le Chien fit demi-tour, rentra, lui aussi au village, comme avant.
Mhm ! Mhm !
Rawaandu jooɗii, jooɗii wi’ata : « Paatuuru ? » Le Chien est demeuré, est demeuré [là] et il dit : « Chat ? »
Paatuuru nooti. La Chat répondit à l’appel.
« Ɗoftam lee ! « Accompagne-moi !
To a somi, mbi’aa yam ! Quand tu seras fatigué, dis-le-moi !
To a ɗomɗi, mbi’aa yam ! Quand tu auras soif, dis-le-moi !
To a doli, mbi’aa yam ! » Quand tu auras faim, dis-le-moi ! »
Mhm ! Mhm !
Suy, paatuuru goo wii : « Iyo ! » Puis la Chat dit : « D’accord ! »
Ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla. Ils marchent, ils marchent, ils marchent.
Mhm ! Mhm !
Suy, paatu goo wii rawaandu : « Na mi somi. » Puis le Chat dit au Chien : « Je suis vraiment fatigué. »
Rawaandu wii : « Wa’’a lekki ! » Le Chien dit : « Monte dans l’arbre ! »
Paatu wa’’ii lekki ; Le Chat monta dans l’arbre.
« Lekki yaa ! » « Arbre, avance ! »
Lekki ɗon darii. L’arbre reste sur place.
« Lekki yaa ! » « Arbre, avance ! »
Lekki ɗon darii. L’arbre reste sur place.
Mhm ! Mhm !
O wii yoo « Paatu na rawaandu na lekki sali yaago. [Le Chien] dit : « Chat, le Chien[8], l’arbre refuse carrément de marcher !
Yoo, jippa kadi ! » Bon, descends, alors ! »
Mhm ! Mhm !
Suy paatu jippii. Alors le Chat est descendu.
Ɓe ɗon ndilla. Ils s’en vont.
Paatu wii : « Na mi doli ». Le Chat dit : « J’ai vraiment faim ».
Mhm ! Mhm !
O wii : « Wa’’a lekki kadi boo ! » [Le Chien] dit : « Remonte dans l’arbre ! »
Paatu wa’’ii. Le Chat y est remonté.
« Ɗoof ! » « Arrache ! »
Paatu haɓdi haa ɗoofa liiliwol, sali. Le Chat fit tout pour arracher une feuille, mais ça n’a pas marché.
Mhm ! Mhm !
O wii : « Paatu am, jippa noon, ndillen kadi walaa ko keɓɗen ». Il dit : « Cher Chat, descends donc, continuons notre marche, nous n’avons rien eu ».
Mhm ! Mhm !
Ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe ɗon ndilla, ɓe njottii maayo goo, Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils atteignirent le fleuve en question,
Mhm ! Mhm !
maayo ɗon heewi. le fleuve était plein.
Mhm ! Mhm !
Suy o wii yoo « Aan kam, yar haa ɗomɗita, paatu !, Puis [le Chien] dit : « Toi, bois pour étancher ta soif, Chat !,
ngam to mi yari ni, ndiyam man timman ». car, dès que j’aurai bu, il n’y aura plus d’eau ».
Mhm ! Mhm !
Paatu yari, yari, yari, ɗomɗiti ; La Chat a bu, bu, bu, et a étanché sa soif.
Rawaandu goo yari, yari, yari, ndiyam goo timmaay. Le Chien aussi a bu, bu, bu, [mais] l’eau n’a pas fini.
Mhm ! Mhm !
Suy, nii noon, ɓe naasti nder maayo goo, Puis, comme ça, ils sont entrés dans le fleuve,
ɓe ɗon nginoo, ɓe ɗon nginoo. et ils nagent, ils nagent.
Ɓe keɓi liik-, liikon taton nii. Ils ont eu des p-, trois petits poissons seulement.
Mhm ! Mhm !
Rawaandu goo wurtini haa daande maayo nii, Le Chien les a sortis sur la rive du fleuve,
wii paatu : « Ƴakku haa to a safti. et il dit au Chat : « Mange jusqu’à ce que tu en aies suffisamment !
Mhm ! Mhm !
To a safti ni, miin boo mi ƴakka. » Quand tu en auras eu suffisamment, moi aussi j’en mangerai. »
Mhm ! Mhm !
Paatu ƴakki go’o, ɗiɗi noon. Le Chat en mangea une fois, deux fois seulement.
O wii : « Aan, a timminan ɗi na ? » [Le Chien] dit : « Toi, tu vas les manger tous ? »
O hippi paatuuru. Il sauta sur le Chat.
Suy, o ƴakki paatuuru kanko ; Puis, il mangea le Chat, lui ;
(Rire) (Rire)
O ƴakki paatuuru kam. Il a mangé le Chat !
Takala mulus ! Takala mulus !
Takkaande bojel ! Takkaande bojel [9] !
Suy timmi, ɗoo kam ! Bon, ce [conte] est fini !
Mhm ! Mhm !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

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Notes:

[1] Oui !

[2] En principe, ce pronom est un pronom objet, mais dans cette partie du Diamaré, à l’ouest de Maroua, on l’entend couramment utilisé comme sujet du verbe par les locuteurs natifs. A des correspondants en mbo dans des parlers occidentaux (Peter Gottschligg, communication personnelle, décembre 2015).

[3] La conteuse anticipe sur la suite.

[4] On devrait avoir ici le pronom de reprise ndu, correspondant au Chien.

[5] Ici la conteuse fait un geste pour indiquer une grande quantité.

[6] Le mot signifie simplement « grand », mais l’intonation emphatique de la conteuse fait comprendre qu’il s’agit d’un fleuve énorme.

[7] Hamman dit au Chien que lui, il est déjà arrivé chez lui.

[8] Lapsus de la conteuse, qui se reprend.

[9] Formule de clôture du conte.

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