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LEILI ANVAR: « TU POSERAS TES LÈVRES SUR LES NÔTRES » : ÉROTIQUE DE L’INSPIRATION DANS L’ŒUVRE DE RÛMI,

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Tu poseras tes lèvres sur les nôtre, sans lèvres

Et tu avoueras que nous avons la même langue

(Rûmi, Ode 1552)

La question de l’inspiration se pose de manière particulièrement aigüe en littérature mystique persane car de la source de l’inspiration dépend la validité et la valeur du texte poétique. En effet,  à partir de l’éclosion de la poésie d’inspiration spirituelle au XIIè siècle, les poètes ont ressenti le besoin de justifier leur démarche en se démarquant de la poésie de cour et en opposant radicalement la nature sacrée de leurs œuvres à la légèreté profane du panégyrique, la vérité au mensonge, le Verbe à l’ornementation verbale, l’amour mystique aux amours éphémères. En effet, la composition poétique est, chez les mystiques, indissociable de l’expérience de l’amour car le Bien-aimé divin dans toutes ses manifestations est la source d’inspiration unique du poème. C’est ainsi que le souffle de l’inspiration est assimilé au souffle divin insufflé dans l’argile d’Adam, geste réactivé dans les métaphores érotiques du baiser, du chuchotement amoureux, de la caresse, de l’union charnelle, de l’extase parfumée. La poésie devient le lieu où se joue le jeu de l’amour et du Verbe entre l’Aimé et l’amant.

Parmi les poètes dits « mystiques », le cas de Djalâl al-dîn Rûmi (1207-1273) est particulièrement digne d’intérêt pour comprendre la nature d’une poésie présentée comme inspirée par le Divin lui-même. En effet, Rûmi n’aura de cesse de se présenter comme  le “silencieux bavard” à travers qui s’exprime la voix théophanique. Poète devenu flûte de roseau vidée d’elle-même, manifestant la voix de l’Aimé divin et enflammant le monde de la flamme de l’Amour. C’est ainsi que son œuvre sera considérée comme le « Coran en persan », élevant la poésie persane au rang de Verbe sacré.

JOHN LEAVITT : « POÈTES INSPIRÉS ET INSPIRANTS DANS DEUX TRADITIONS DE LANGUE INDO-EUROPÉENNE »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Les mots pour désigner le poète dans les langues du monde le présentent souvent soit comme un artisan du langage—rhapsodos grec ou “maker” écossais, ou bien le mot grec poietes lui-même, ‘faiseur’—ou bien comme un récipient inspiré de mots divins—comme dans le latin vates, le sanskrit kavi, le filidh irlandais, ou dans le “voyant” de Rimbaud (Chadwick 1942). Il semblerait que dans certains cas la formation pour un métier devienne une maîtrise de l’au-delà. Je voudrais présenter deux cas exemplaires venant de deux périodes historiques et de deux sociétés aux deux bouts du monde parlant des langues indo-européennes, chacun le “poète archétypal” de sa tradition respective (Doan 1981). D’une part, le poète irlandais Cearbhall Ó Dálaigh (XVe siècle) est devenu un personnage du folklore pour ses dons quasiment surnaturels et ses rapports avec les fées, résultats d’une rencontre spirituelle pendant son adolescence. D’autre part, le grand poète himalayen Gopi Das (décédé en 1975) était le maître des rituels d’invitation des dieux locaux (Sah 1990). Malgré la différence de leurs biographies—notons en particulier un rapport inversé à l’amour, Cearbhall ayant été un séducteur littéralement légendaire, Gopi Das marqué par un amour perdu—les deux se centrent sur des incidents qui rendent leurs héros des intermédiaires appropriés entre la société humaine et les sociétés transnaturelles. On va demander jusqu’à quel point les deux représentent des transformations de la figure du poète-magicien qu’on peut reconstruire pour l’indo-européen commun (Watkins 1985, West 2007), et jusqu’à quel point leurs biographies ont des éléments en commun avec celles de grands maîtres spirituels (Bucke 1901).

MARIA MANCA : « QUAND LE POÈTE S’INSPIRE DE LA VIE EXEMPLAIRE DES SAINTS (JOUTES POÉTIQUES DE SARDAIGNE »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

En Sardaigne, lors des fêtes patronales, des improvisateurs s’affontent au cours d’une joute poétique (gara poetica) offerte en don au saint patron du village, afin d’obtenir sa protection. Sur la place de l’église où se trouve la statue du saint, les poètes chantent des huitains d’endécasyllabes rimés (ottavas), accompagnés par un petit chœur polyphonique, sur des thèmes tirés au sort sur le moment.

Ils se disent inspités par la “Muse” ou par le saint lui-même, à qui ils demandent de l’aide en début de joute (esordiu), qu’ils citent en exemple pour illustrer leurs thèmes (temas), puis qu’ils célèbrent en fin de gara à travers un long poème hagiographique très virtuose (la moda), retraçant sa vie et ses hauts faits. C’est à ce moment qu’ils invoquent sa grâce sur le public de la place et la population du village.

Ce saint inspirateur, loin d’être un bon “catholique”, doux et humble, apparaît comme un véritable héros sarde à l’image des bergers: valeureux et rusé. À la fois homme de parole et d’action, prophète et martyr tel saint Jean-Baptiste, c’est à lui que le poète s’identifie. À la prouesse des miracles correspond celle de l’inspiration.

De ce fait, il est intéressant de comparer deux biographies stéréotypées: celle du saint chantée par le poète et celle du poète évoquée par lui-même dans la joute ou racontée par le public. Cela permettra de voir en quoi ces biographies se rejoignent ou divergent, et comment elles infiltrent la poésie de la gara (ses valeurs, son langage, ses images, sa forme et sa pragmatique). De voir aussi, à travers la triple figure symbolique du berger-poète-saint, qui dans cette société pastorale retrace un parcours exemplaire, comment l’inspiration poétique acquiert une véritable force performative.

L’étude montrera également qu’au fil des joutes, l’ethos du poète se construit et influence son vécu. Autrement dit, sera examinée in fine l’irrigation réciproque entre poésie et vie.

CORINNE FORTIER : « L’INSPIRATION POÉTIQUE AMOUREUSE DES POÈTES MAURES DE MAURITANIE »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

La Mauritanie est connue pour être le pays au million de poètes. Tout le monde est poète dans la société maure dans la mesure où personne ne l’est réellement, parce que la poésie n’est pas de l’ordre du savoir mais de la vie. Il est à cet égard significatif que des poètes ne puissent réciter leurs propres compositions, qui sont en revanche volontiers déclamées par d’autres. Ce qui est ici en cause, c’est moins la pudeur de ces poètes voulant renier un des passe-temps frivoles de leur jeunesse, que l’essence même de la poésie amoureuse. Si le poète ne peut réciter ses propres poèmes amoureux, c’est que ceux-ci ne trouvent leur raison d’être que dans le contexte de leur production. Les poèmes amoureux ne vivent que dans l’instant où ils ont été composés, et par conséquent leur survie au-delà de ce moment n’a aucun sens pour leur auteur. La poésie n’est pas seulement un exercice de style, mais fait partie de l’itinéraire existentiel de son auteur. La poésie n’y est pas composée dans un but strictement littéraire mais pratique ; en l’occurrence, la poésie amoureuse a pour but essentiel « de faire chavirer le cœur » de l’aimée.

Il existe deux grands types de poèmes amoureux dans la société maure : un genre direct appelé ghazal qui décrit la bien-aimée ainsi que les peines et les joies qu’elle inspire, et un genre indirect appelé nasîb qui évoque les lieux qu’elle a fréquentés et les tourments qu’ils suscitent. Ce dernier genre, par essence nostalgique est inspiré de la poésie arabe bédouine. Ces quatrains sont tout particulièrement récités au cours de réunions galantes appelées « assemblée nocturne » (jamâ‘at al-layl) où se retrouvent des jeunes gens des deux sexes, réunions qui ont également cours dans la société touareg. Cette atmosphère romantique est propice aux exaltations de l’esprit et du cœur, la musique notamment est essentielle à l’inspiration poétique. La rivalité entre jeunes hommes a d’abord pour enjeu la déclamation du plus beau quatrain, à celle qu’il veut charmer. Le concurrent augmentera la difficulté en composant sur la même rime que son prédécesseur un poème plus long qui deviendra un septain.

SERGE MARTIN : « “GESTES DU “VIVRE POÈME” DANS L’ŒUVRE DE TROIS POÈTES DE LANGUE FRANÇAISE NÉS DANS LES ANNÉES 1930 : HENRI MESCHONNIC, BERNARD VARGAFTIG ET JAMES SACRÉ »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

En lisant les œuvres de Henri Meschonnic (1932-2009), James Sacré (né en 1939) et Bernard Vargaftig (1934-2012), on peut être surpris par la place des biographèmes dans la construction poétique au cœur même d’une période formaliste qui bannissait une telle perspective. Plus généralement, on peut même observer comment dans ces trois œuvres et chaque fois de manière fort singulière s’opère un retournement du formalisme désubjectivant en un « vivre poème » (Meschonnic, 2006). Ce qui ne va pas sans une reconsidération du « sujet du poème ». Aussi, j’aimerais observer, en trois temps à partir de chacune de ces œuvres, comment la création poétique trouve son « inspiration » en passant par une écriture du plus intime s’anonymisant dans un « je-tu » épique (Meschonnic), par une réinvention du trauma enfantin s’inscrivant dans une geste érotique (Vargaftig) et par une correspondance des lieux de vie et de rencontre en instantanés d’enfance (Sacré). Quelques formules constitueront les sésames de ces œuvres : « L’enfant de dix ans que j’étais est toujours en moi » (Meschonnic, 2008) où l’enfance juive mais également les enfants rencontrés en Algérie lors du service militaire continuent de vivre au plus près de l’écriture comme « resouvenir en avant » qui télescope le passé profond et le présent intense ; « Cette pierre verte ramassée un jour pas loin de Tioute au Maroc » (Sacré, 2013) où les correspondances des paysages et des expériences paysannes s’échangent dans des relations au vif d’une écriture de la notation-poème  ; « Où que j’aille, Limoges continue à me tenir la main » (Vargaftig, 2000) où le rythme de la comptine dans la prosodie du poème en vers ou en proses réitère inlassablement la peur et l’espoir d’un enfant juif qui ne sait ce qui lui arrive pendant les années de traque.

Il s’agirait en fin de compte de (re)penser quel sujet s’invente au cœur de la création poétique contemporaine et donc de la lecture à partir de ces trois expériences : contrairement à ce que d’aucuns situent dans un lyrisme du moi s’opposant à un objectivisme de la forme ou de la langue, s’y inventent des expériences du partage où le plus personnel se transforme en intime extérieur, c’est-à-dire en réénonciations ouvertes aux passages de transsubjectivation. Telle formule de Meschonnic résumerait cette hypothèse qu’il nous faudra suivre au plus près des écritures de ces trois poètes : « Pour moi, un poème est ce qui transforme la vie par le langage et le langage par la vie. C’est mon lieu, et je le partage » (Meschonnic, 2006).

Bibliographie indicative

Henri Meschonnic, Vivre poème, Editions Dumerchez, 2006.

Henri Meschonnic, Parole rencontre, L’Atelier du grand tétras, 2008.

James Sacré, Viens, dit quelqu’un, André Dimanche éditeur, 1996.

James Sacré, Parler avec le poème, La Baconnière, 2013.

Bernard Vargaftig, Un même silence, Andrté Dimanche éditeur, 2000.

MERGOL – BARKE MOODI / POÉSIE LIBRE – BARKÉ MÔDI

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[av_one_full first]

O wii dukoowo e luumo Kari

Il dit qu’un braillard (grande gueule) au marché de Kari[1]
o wii juude Maayo Maaliya woni kaayɗe a dit que la traversée de la Mer Rouge fut un prodige
o wii darataake et qu’on ne s’y arrêterait pas
o hunike nyannde ndarngal duu wo ngoonga juude Maayo Maaliya yi’ataake il a juré au nom du jour de la Résurrection qu’on ne verrait pas la traversée de la Mer Rouge, aussi vrai que
yiide nowru mum duu ana tiiɗi voir son oreille était chose difficile !
mi wii Timenkooɓe : « Ngaddon tiimtorɗe Je dis aux gens de Timé[2] : « Apportez des miroirs
on nji’an noppi mon on ummaaki ! » et vous verrez vos oreilles sans même avoir bougé ! »
Ɗun kaa mi imminii ɗun mo ummaaki. C’est avec ces paroles que je le contestai sans qu’il ait bougé.
O wii ma juude Maayo Maaliya daree hikka Il a déclaré qu’on devrait cette année s’arrêter au gué de la Mer Rouge
sabi tati Gunaari e wootere Tannga à cause des trois collines de Gouna et de l’unique de Tanga
haayre Bannjagara, baafal njamndi au plateau de Bandiagara, portail de fer,
mi nelan kaaƴe Aru et que je devrai envoyer dire aux collines d’Arou[3]
ardoo warde d’être les premiers à venir
o nuloo e haayre Jeele ɗum yiifa qu’il se chargeait d’envoyer dire à la colline de Diêlé qu’on s’assemble,
mi yoola faa mi yottoo Badaraaje et que je plonge dans l’eau jusqu’à atteindre Orion ;
o wii : « Barke, sooyna Belko ana lummba ! » il dit : « Barké ! Regarde au loin Belko en train de traverser à la nage ! »
Neɗɗo lunndotooɗo mo faamaali so neɗɗo lunndike mi luttina maaƴe ɗee, mi wadda Makka Bari, mi hottina Banngu — « Qui s’y oppose n’a pas compris que si quelqu’un le conteste, je vais inverser le cours des fleuves, le conduire à la Mekke-des-Bari et le faire stationner à Bangou[4]
faa juurotooɗo fuu faŋa juumaali. » pour que toute personne qui y descendra y passe sans hésitation. »
Oon jaabii wii : « Juude Maayo Maaliya darataake. » L’autre répondit : « Au gué de la Mer Rouge, on ne s’arrêtera pas ! »
Mi hunike nyannde ndarngal duu wo ngoonga Je fis serment au nom du jour de la Résurrection à mon tour que c’était vrai…
mi hunike nyannde dayɗo (danyɗo) gaa fuu naa waasu. je fis serment au nom du jour… que tout gagnant ici-bas serait sûrement perdant.
Mo wii : « Kanaa wali mo Alla yiɗii Il dit : « Hormis le saint que Dieu a voulu
joom-aayaaji, mo wii, kamɓe anndidataa hoto baŋŋe ! possesseur des versets – dit-il –, ceux-là ne connaissent pas ce qu’il y a de l’autre côté[5] !
Laamɗo juunnii ngo nde filnii ngo leydi ndii Le Seigneur a prolongé la mer, lorsqu’il l’a étendue tout autour de la terre
senndii njeɗɗaɓiri feewnii ngo kammu l’a divisée jusqu’au septième cercle[6] et l’a dressée vers le ciel,
ngo Kariimu waɗii ɗum kaayeefi ! et Le Généreux en a fait une merveille !
O wii Tannga aytataa Tafoo asataake – Il dit – Tanga ne creusera pas et Tafô ne sera pas creusé
fay Takana[7] ittataake e Nduuleeri pas même un iota ne sera prélevé au Ndoulêri[8],
o wii haayre Bannjagara wo baafal njamndi ! – il dit – le plateau de Bandiagara est un portail de fer !
Aan a waawataa baafal Alla Baawɗo wallataa ma e roonndaade. Toi, tu ne pourras forcer un portail et Dieu Tout-Puissant ne t’aidera pas à en porter la charge !
O wii Nyiŋo wo nyippiraangal Tuufaani – Il dit – Nyingo c’est une grande colline qui a été plantée par le Déluge
o wii Gaaɓɗo wayru Gaapiti ana teeŋii – il dit – le Bienheureux a passé longtemps avant que soit bien solide la colline de Gâpiti
aan teeŋɗi kaalataa hakkunde yimɓe et toi ce sont paroles solides que tu dis au milieu des gens
mo wii abadaa juude Maayo Maaliya darataake ! » [mais] – dit-il – jamais on ne s’arrêtera au gué de la Mer Rouge ! »
O wii mo salike haala salligi kampoowo Il dit qu’il refusait la parole et les ablutions d’un chiqueur de tabac
faa mo yottodii e sallallaahu. jusqu’à son arrivée devant « sallallaahou » (i. e. le Prophète).
O wii Laamɗo yarranii mo mo yara kampe : Il dit que le Seigneur lui avait accordé de chiquer du tabac :
Aali tagaaka « Âli n’était pas encore créé
Aadama ɓanngaali Âdam n’était pas encore apparu
Joomiraaɗo tan jooɗodii e Gaaɓɗo Le Maître seulement siégeait avec le Bienheureux
so Laamɗo yarranii kam mi yara kampe. quand il m’a accordé de chiquer. »
O wii gilla hejiba[9] sabbi hizma faa saddi

o wii ɗo sadda reedu woni fuu miɗo anndi

Il dit : « De la première section jusqu’à la trentième, partout où il y a un sad ventru[10], je connais
o wii gilla hejiba amma – il dit –   depuis le chapitre amma
faa arahmaanu jusqu’à arrahmaanu
fuu Alla anndinii kam miɗo anndi ! tout, Dieu me l’a fait savoir et je connais.
Ƴeew suu Regarde sou
e saa et sâ
e sii et sî
fuu sii nyiiƴe et sî denté
o wii sirrinke waawaa sottinde. – il dit – un détenteur des secrets ne peut pas changer cela.
Oo boowɗo finde Yimmbere fina ƴaaki Lui, un habitué de Yimbéré, est, de naissance, avec les vaches restées au village.
arrisala wonataa fijo maaɗa La Rissala n’est pas un jeu pour toi
so nii peɗeeli ceeraay e teɓɓaare et comme doigts n’ont pas renoncé au bâton d’entrave[11]
abadaa waawataa aan teeyaati[12] jamais tu ne pourras, toi, faire geste de salutation[13] !
teeŋɗi kaalataa aan hakkunde yimɓe aɗa hampa tu pourras tenir des propos fermes, toi, au milieu des gens, [mais] tu chiques
haaka et tu t’empresses
hawrita aɗa jeena de faire des rencontres adultères :
aan jaati jeyɗo watta e moolaange toi en personne, le Maître te mettra dans un feu à en demander protection (à Dieu) !
sa a wi’ii min a walii gaddaaɗo kollaa min no walii’en njuulirta Et puisque tu nous as dit que tu as été fait saint, montre-nous comment prient les saints ! »
o wii walii ɓama satalla Il dit : « Un saint prend une bouilloire
fiya salligi laaɓɗo fait proprement les ablutions,
fiilowa e suudu Laamɗo wo doobiiɗo s’en va faire le tour de la maison de Dieu, bien habillé,
mo daroo e miimja[14] il se tient debout pour le mîmdia[15]
mimbara[16] ana yaaji une chaire est vaste
mo daroo o habbira[17] il se tient debout en priant « Dieu le plus Grand ! »
mo haynoo Makka il regarde vers la Mekke
mo jannga bii il dit « bismillaah ! »
mo bismoo[18] Alhamdu il invoque le nom de Dieu et dit « louange [à Dieu] »
mo suppa tiinde il colle le front au sol
mo sujjidana[19] ªurnaaɗo se prosterne devant l’Élu
dee mo teesinoo mo ɓama teeyaati puis se rassoit et commence à bouger son doigt
teeyaati Joom-kammu e leydi en saluant le Maître du ciel et de la terre ».
  Poème inachevé

[1] Quartier de la ville de Kona.

[2] Petit village à l’est de Sendégué.

[3] Arou : sur le plateau, à une soixantaine de kilomètres de Bandiagara, au nord d’Iréli.

[4] Bangou : vers Boûna, au sud-ouest de Sendégué, campement de Bozo et d’éleveurs dans le bourgou du lac Débo

[5] De l’autre côté de la Mer ou dans l’Autre Monde.

[6] Le septième cercle sous la terre ; allusion à la topographie mystique.

[7] Takana est un tout petit hameau ; ici, c’est l’équivalent de « un rien » .

[8] Ndoulêri : dans le Sêno Dongo au nord-est, sur le plateau de Bandiagara. On ne pourra combler cette mer, inutile de creuser la terre du pays dogon pour l’en emplir, la situation est sans recours.

[9] hejiba : ar. [ḥizb], section, partie.

[10] Nom donné en peul à la lettre arabe ºad (s emphatique) ; de même, plus loin, le sî denté est le nom donné par les Peuls à la lettre arabe sÏn (s).

[11] Il s’agit d’un bâton fixé à une corde que l’on attache aux cornes d’un animal rétif qui, en le traînant, se trouve ainsi entravé dans ses mouvements.

[12] teeyaati : ar. [taḥiyyat], salutation (avec geste de l’index pendant la prière).

[13] Il s’agit plus précisément du geste du doigt qui accompagne la récitation de la prière.

[14] miimja : lettres m et z, qui maquent le début du Coran.

[15] Mim za : c’est-à-dire le début de la première sourate (La Vache) du Coran.

[16] mimbar : [minbar], chaire, tribune.

[17] habbira : ar. [kabbara], magnifier, exalter (dire la formule « Allaah akbar »).

[18] bismaade : dire « bismillaah ».

[19] sujjidana : ar. [sujūdan], se prosterner.

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JAMMOOJE NA’I – KOOCAL / ÉLOGES AUX BOVINS – KÔTIAL

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Miin Koocal wulaare, Koocal Ɓaleewo Time, miɗo naanna jooni Uural-Boɗal’en e manyetofon madam debbo Seydou.

Moi, Kôtial[1] de la brousse sauvage, Kôtial du fleuve Niger, de Timé, je vais maintenant faire entrer dans le magnétophone de Madame Seydou les bêtes du Gros-Bai-Tavelé.
   
Jinkoowal danɗeeje[2] Gros [taureau][3] qui ébranle échoppes
taƴoowal danndiije coupe à travers piments
daɗoowal baaleele devance tous ses pairs du même âge
daasoowal baanyaaji a jeunes apprentis bergers à sa traîne
jaroowal bayana[4] boit l’espace
kore looɗe Beenal gobelets de Bênal[5]
terɗe masin Bernal corps de machine Bernal[6]
daasaaki caggal n’a point lambiné, à la traîne,
daasaali labbal lamndaaki aaman[7] ! ni traîné grande sagaie, ni réclamé de l’eau !
Tinna-Arkasa Tilla-Boowal Tabooraka boowal koccu cooyniingal kaaƴe À Tinna-Arkassa, Tilla-Boowal, Tabôraka, plateau graveleux, gros taureau qui a aperçu collines au loin
cowniingal kanndi s’est humecté gosier de colostrum
cownoowal jabbe appelle pluie sur poquets
cowoowal kanaaje dépasse lavognes sans s’y arrêter
jonkoowal sahaaba[8] baratte nuages
saanfara dolaaru[9] cent francs-dollars
Uural bagi Domingo ! Gros tavelé comme tissu « Domingo[10] » !
Doori baali ndosoo Gros moutons sahéliens ont pattes flageolantes[11]
kalaamu fulaare discours en langue peule
cayge bagi fulor[12] vache au ventre taché de blanc comme tissu « fleur »
taƴoowal fuɗoowo vaillant qui coupe à travers herbe naissante
daasoowal Funndusu et fait une tirée au Foundoussou
baddi-baddi tout petits veaux
hudu-hudu[13] francolin à huppe
nyannde Tugutugu au jour de Tougoutougou
duluuru nyannde Tuwa tourbillon de poussière au jour de Touwa
dubal garci oona troupe de bêtes transhumantes mugissent
mbeeyii Tannal ont survolé Tânal
njuurii Tassalan sont descendues sur Tassâlan
nyiɓii Taylan ont stationné à Taylane
na’i taƴii Salwa vaches ont taillé à travers le Salwa
ɓaleewal sarŋere Gros-Noir de Sarnguéré
saahal Dimaamu au Sahel de Dimâmou
manaare e saaweere cape de plastique sous la rosée
Suufi-Manngal au Soûfi-Le-Grand
torso[14] laasara ƴulɓe laaxara boɗeeri laankirih funeere laankana lampe-torche l’après-midi, braises en l’Au-delà, un bai comme encre rouge, à l’image d’un turban brodé de jaune vif
lamijatal ga’i jabirou[15] des taureaux
laƴoori jaaɓal un taureau à la démarche chaloupée
latoori e jawaatu[16] un, dont sabots martèlent le sol dans la canicule
ŋatoori jamngal jawaatu njokkitii un, qui mord au métal de la canicule, ont suivi
kijjoowal Jardooso le grand pèlerin qui va au [désert sableux du] Diardosso
baytoowal jaraale qui coupe d’eau les breuvages
jahoowal wulaare va dans la brousse sauvage
seeno Wudaalan ! des sablons de l’Oudalan !
Wulumbere ga’i Regroupement de taureaux
goral ngabbu seeno gros mâle, hippopotame du Sêno
sookoloowal ga’i grande spatule des taureaux
Sookumayna au Sôkoumayna
seeno Joona Sêno Diôna
Tin-Tajooli Tin-Tadiôli
Tin-Karaana Tin-Karâna
Tin-Tabaali Tin-Tabâli
Tim-Baraajam Tim-Barâdian
Alijanna-Banngu Alijanna-Bangou
dooma baali Sitini goral il attend moutons à Sitini, le vaillant
wooɗii pare au beau costume
innde Pari au bon renom à Paris
manngal paɗe ! aux grandes chaussures !
Cumaaɗi palal Les bêtes marquées au fer d’une croix
payii ngaɗii gomi[17] sont grasses et comme gommées[18]
ndimii ko’e ngaɗaama jomi ont vêlé et ont cordes à leur tête[19]
joonin caggaali à présent ne sont point bloquées sur place
baagel ɓiree petite Ventre-Blanc est traite
gude noore Bara airs joués pour Échine-Tachée de Bara
colel nyekoo duule Petite-Mouchetée comme crachin tombé des nues
ƴonngo mahdi conngoro à bosse comme terre pétrie en gargouille
daande bagi fulor et cou comme tissu à fleur
Karakara garaaje à la mare de Karakara-aux-Indigotiers
njuura hello Gana elles descendent du côté de Gana
njannga gane-gane étudient maints javanais
kaaƴe ga’i collines des taureaux
kaanankooje regalia
kaanantorooje pommeaux de selle
nyawla mbeeta baŋŋe au soleil haut, passent la matinée dans les environs
ŋannyaaki Bala sans faire les fières devant Bala
binndi Baloore écrits de Balôré[20]
koodal barooɗe grande étoile des gibiers
Bammbarankooɓe Labu des Bambara de Labou
larwiindi Seeno taureau qui a inspecté le Sêno
lalliindi Beema s’est rincé au Bêma
mbeetu Beezel (bêtes) ont été au matin à Bêzal
birgal[21] Bergaani brigade de nuit à Bergâni
njara binnduɗi boivent philtres[22]
njaawdanoo Kolofere ! se hâtent pour atteindre Koloféré !
Weddere korsol Projectile lancé aux premières ondées
fiɓere kolaaɗe maléfice envoyé aux plaines nues
nyikkoowal ga’i vaillant qui a bien en main grande troupe de taureaux
nyikkoowal seefa et à pleines mains paquets de CFA
taƴoowal Seyna qui coupe à travers le Seyna
taƴa Seeka-Maayo traverse le Sêka-Mâyo
buuranoo seeno se lance sur le Sêno
seegeeru buruuji chanteur d’hymnes guerriers
hayeeɓe Buruuɗe des jeunes gaillards de Bouroûdé
ladde Bummbusuuwal de la brousse de Bouboussouwal
oolal Burdameeɓe Grand-Fauve des Touaregs
hoontu Seeno goral va donc rejoindre le Sêno, vaillant garçon[23]
seŋu ! et t’y enfonce résolument !
Biisa Buraagi Conduis Bourâq[24]
biisii hoore buneeji [tu] as conduit troupeau de Grises-Tourdilles
wooɗii lanndorɗe es bien nanti en protections magiques
laaɓii buulol as front haut et clair
juurii laarabuuɓe as rendu visite aux Arabes
teeraali ceeɗu n’as pas rompu les attaches à la saison sèche
tewtaali sewnde n’as pas recherché source
sultinaaki Temennde ! ni pris repos à Témendé !
Jamndi Tenngella goral Arme de Tenguella[25], vaillant garçon
sel pene détourne-toi des mensonges
jiiɓu pete brouille les flaches
latu pedal donne coups de pédale
fooɗu feetere tire étincelle
foofu yarara respire air frais
jippa Yamana descends au Yémen
yawtu Siraate franchis le Sirâte[26]
seeno Sirdal sablons du Sirdal
gannde Simmbi face au Simbi
pete galaasi flaches de glace
gayɗe Rooba bassins de Rôba[27]
asoowal gase masa grand creuseur de trous bien alignés
ooraa ngasaa ! pars au pâturage, ça va bien pour toi !
Ɗaanaaki seeɗa [Tu] n’as pas fait le moindre somme
hunngaali seeno n’as pas raté le Sêno
honaali sewre ni razzié de troupeau
hootaali sella Fakala ne t’en es pas retourné hors du Fakala
gaaraali nooso ! n’as pas garé[28] Boubou-de-Basin-Brodé.
Toɓɓe noore goje Une vache à l’échine marquée de taches rondes comme jeu de godié[29]
waɗaaka gorre n’a pas pris de vacances
suusii golle a été vaillante à l’ouvrage
jokkii goddi a suivi les désirs [de son maître]
jokkere waɗaali goofal troupeau transhumant n’a pas été parqué près des villages
seeno heɓii koɗo le Sêno a eu un hôte
ɗomka liɓii koomasa[30] la soif a mis K.O. un petit serviteur
hakkunde Furdu en plein Fourdou
jaaɓal fuurngo [moi] à la démarche élégante
janngal haayreewol taxe pour la région du Plateau
nanngoowal jammbiiɓe qui attrape les fraudeurs
jampoowal hasaaɓe coiffe les bergers saisonniers[31]
innaa mbaasu Seeno on peut appeler « pénurie » le Sêno
asambara ! et poussière !
Ceri njoppaali balaaje Fusils n’ont pas quitté épaules
bani njoppaali kanaaje Noires-d’Ébène n’ont pas abandonné les lavognes,
ceŋdi Umaru baylo fixés en crosse par Oumarou le forgeron
ceri gaɗaaɗi binndi ! fusils ont été dotés de talismans !
Maande samme mun Signe sur sa queue,
manyeere e wirngo mun dessin sur son flanc
baade e calɗi mun taches rondes sur ses membres
(m)ba’aka caggal mun belle forme de son dos
ngasaaki mun sa beauté parfaite
ngasaaki yeeso mun perfection de sa face
lisaango mun balancement rythmé de sa tête
lisaango ƴonngo mun ! et balancement de sa bosse !
Yaakuba Tunkara Yâcouba Tounkara
Siddi Tunkara Siddi Tounkara
Nuu (Nuhun) Tunkara Noû Tounkara
Yaaya Tunkara Yâya Tounkara
Al-Hajji Baaba Al-Hajji Bâba
Maamani Baaba ! Mâmani Bâba[32] !
Baasi walaa njaayri Bebbe Aucun problème dans plaine de Bebbé
ladde Joggu-Begu ! et brousse de Dioggou-Bégou !
Weertiima ko’al Il a grosse tête si large,
korodal gite yeux gris d’albinos,
kooba Ginnda Bari hippotrague de Ginnda-Bari
njaayri beelal gillaaje plaine du grand lac aux saucissonniers[33],
juuwii maayowal ! a passé à gué un grand cours d’eau !
Aljumaare Au vendredi
arraamani [ce fut] clémence de Dieu[34]
koɗo duule hôte des nues
Koocal seeno Duuni Kôtial au Sêno de Doûni
ngal naayaaki koɗorɗe lui qui n’a point infléchi sa route vers des lieux de halte
hasaali ɓulli Koraaru n’a point payé location de puits au Korârou
Koocal ngal yoppaali koreeji mun Kôtial qui n’a point abandonné ses compagnons
hakkunde Konsa entre Konsa
Sinakoro et Sinakoro
sewa korroy a mollets bien minces
wera hoɗi ! mais station inébranlable !
Weendoogo Caapa Au petit matin à Tiâpa
carŋal Grand-Haut-Encorné
difoowal came arracheur de tiami[35]
jahoowal e saŋa qui part au moment le plus glorieux
jaroowal e caaji s’abreuve aux rigoles des bas-fonds
nanoowal capaare comprend la langue maure
carŋal ndi jaɓɓaaki cawgal ndiyam Grand-Haut-Encorné qui n’a pas attrapé puisette
caaji Ummanal aux longs bas-fonds de l’Oummanal
Mayrama Mobbo Uuruuɓe ! Mayrama Mobbo des Oûroûbé !
Uural doondiingal sigi Grand-Tavelé, au front chargé de grigris
belliingal Siiri qui a dépassé Sîri
jamɗe Ɓaleewo piliers de fer du fleuve Niger[36],
maanngal ɓataaki[37] missive annonciatrice[38]
mbuulndi yeeso un taureau qui a chanfrein à liste
mbunaari korral un taureau aux pattes gris tourdille
njuurii kornal sont passés au lieu à explorer
ko’al waɗii carŋal Grosse-Tête a grandes cornes
edi seeno Canngaali buffles du Sêno de Tiangâli
eede cawaaki anacardiers[39] n’ont pas encore laissé tomber leurs fruits
pinndi saraaki ni fait pleuvoir leurs fleurs
becce ngaɗii kiyaasi poitrails bien alignés de front
kiirnda laasara se mettent en route en fin d’après-midi
kinnoo yaade et marchent assidûment
jemma kiiraaɗe ! et à la nuit ont leur dîner !
Ko’al humaa kitaabu À Grosse-Tête est fixé un talisman
na’i njara kenal vaches boivent le grand air
ɗi njawa keɓal elles dédaignent ce qu’elles ont déjà
ɗi njoppa kenɗam ! elles renoncent à toute élégance !
Kelle nduumaali Arbres kelli[40] n’ont pas encore bourgeonné
Nduunga tuɗaali Ndoûnga n’a pas encore vu venir l’eau
Tuufi ruumaali Toûfi ne s’est pas couvert d’herbe nouvelle
tuddiniingal seeno mais, opulent, il se voit bien sur le Sêno !
Ewli Segeeran Airs d’Ewli[41] au Séguêrane
Ummanan e Uunan à Oummanane et Oûnane
e Uural-Boɗal e Urban avec Grand-Bai-au-Cou-Tacheté et Ourbane
minen ngaɗii hakkunde Ummu Tuure Duma e Mayrama Mobbo Uuruuɓe nous en avons eu, entre Oummou Toûré de Douma et Mayrama Mobbo des Oûroûbé,
sappo e ɗiɗi cinndal douze à notre suite :
ciingal cinndungal mbuuɗu un grand marron-nègre avec une pièce de cinq francs accrochée[42]
cellungal hoore Dimaamu un en pleine santé au Dimâmou
ciingal ciinndungal un grand marron-nègre auquel est fixé un chargement
cinndal à sa suite
daasoowal sinndiiɓe un qui traîne derrière lui ceux qui se sont adjoints
belngal sifaade un grand bien plaisant à évoquer
hakkunde Sinnda entre Sinda
saabeere Siiri et les jachères de Sîri
sivili[43] Banal un gros taureau civilisé d’un noir de jais
balaaje ɓamtii cinndal dont épaules supportent chargement
mojiingal banaaje et joues sont enrobées
pella korsol ils attaquent aux premières ondées
nabba Konsa montent sur Konsa
cawa koɓaaje arrachent lambeaux d’écorce
taƴa kolaaɗe coupent par les plaines
njuura Koraaru descendent au Korârou
mbeele mawnii kolaaɗe grandes mares se sont étendues sur les basses terres
nge koŋa maa (konoma ?) tammani[44] une vache à robe comme tissu tammani[45]
toɓɓe tammaange une à taches rondes comme gouttes de pluie
nyaawe Lulumba une mouchetée comme tissu Lumumba[46]
luulu jaaratu perle de diamant
jaafoowal liberte du vaillant qui a, au coin de la bouche, cigarette Liberté[47],
Suume limmbal calɗi une vache blanche au mufle bleuté et haute sur pattes
hawsanke cardi de la rive haoussa, argent,
dome ngaɗii butaale fanons font comme épis
ƴonnge ngaɗii jubaale et bosses comme chignon
na’i tuɗoo curaali vaches s’abritent de la foudre
tuuɓiingal kalanɗe le grand qui boit, cou fléchi, aux retenues d’eau
lamminii kare a fait souffrir les terres sèches
laaɓii kayeeji jeunes taureaux bien propres
Jaaƴe-Kaabi à Diâdié-Kâbi,
Karsani Karsani
Karwasa Karwassa
Kallannda Kallanda
karaw ɓirdugal écuelle pour la traite
karaaje Gurbana terres nues de Gourbana
caaji Gursawal bas-fonds du Goursawal
minen tiggii Seeno nous nous fixons au Sêno
Time à Timé
Tilkal Tilkal
Tin-Siidan Tin-Sîdane
Tin-Gaasa Tin-Gâssa
Tin-Zurdan Tin-Zourdane
Tilaasi Tilâssi
Tisaala Tisâla
Tim-Baalu(n) Tim-Bâloun
Tin-Ajatafay Tin-Adiatafèye
Timenke fuu yi’aali aucun habitant de Timé n’a vu
Agasara Agassara
Sattinalaw Sattinalawo
ɓunndu Siya puits de Siya
caaji petaaje pistes à flaches
ceniingal terɗe yeenesi un grand au corps si pur au vent yênessi
Jaye hoore seeno Diayé au bout du Sêno
njaayri cafoori plaine du Puiseur
Carniniiba Tiarninîba
njaayri Narhawa plaine de Narhawa
njaayri Doya plaine de Doya
njaayri Mbaanga plaine de Mbânga
njaayri Maayo plaine de Mâyo
njaayri Uumi plaine de Oûmi
Ɓuyta kolaaɗe Njaaya-Buguuji. Bouyta, étendues de Ndiâya-Bougoudyi.
Sonndaaki kore Ne s’est point engoué à boire aux calebasses
ɓoyloowal koŋa vaillant qui fait tourner gros troupeau
ɓoylitoowal buton[48] koreeji ! et fait démarrer ses compagnons !
Hono worri Koocal Comment est donc Kôtial ?
waasaali loorde[49] dawla Il n’a point manqué de célébrité
doomaali loowru n’a point attendu vent annonciateur de pluie
waasaali kanaare n’a point manqué de renommée
taƴoowal kayeeji vaillant qui coupe à travers jeunes taureaux,
juuroowal kanaaje descend aux lavognes
asaaɗe Kataran creusées à Katarane
kaptal[50] ga’i pléthore de taureaux
kolongal Gana plaine de Gana
terɗe gara corps d’indigo
laamnii gasal a nettoyé grand trou
fiilaandu gawɗe mare cernée d’acacias
hardaandu gaawe défendue par sagaies
aataandu baawe bruyante du cri des oies d’Égypte
ɓawli garaaje où ont noirci indigotiers
jaayaama dawuuje ont couru des autruches
jaartaama guufaaji ont été démêlées tignasses[51]
jalaama Burdaaɓe et ridiculisés Touaregs !
finu Konsa A vu le jour à Konsa
fiyi korsol a battu saison des premières ondées
fiinu buba fait battre terre brûlante
sada buuwal sabrant l’herbe bouwal
baytu buukal s’est mouillé dans marécage
kolongal Bunti plaine de Bounti
salndu seeno Buunu bras du Bounou au Sêno
lataali kore n’a point shooté dans calebasses
fooɗaali konoma[52] ni tiré camisoles de femmes enceintes
sakoro[53] Konna. au marché de Konna !
Saaje kogolal Celle à longue liste de Grand-Cornes-arquées-Pointes-en Proue
sakkanaaka korodal. n’a point barré la route au Grand-aux-Yeux-d’Albinos.
Sallifanaa Koraaru À l’heure de sallifanâ au Korârou
ana wii kok l’affaire est rude !
woyna aga koroŋ[54] Soleil est brûlant
ngeelooba koornga et dromadaire voué au jeûne
hono worrii Koocal ? et qu’en fut-il de Kôtial ?
Baali kesaaka Moutons n’ont point été tondus
Badaraaje kuraaki Orion n’a pas encore disparu
banal kammu ginndaali grosse nue noire, au ciel, n’a point tonné
gine mbeeyaali cigognes-marabouts ne se sont pas envolées
gigille perre oolaali. guiguillé[55] des brousses boisées n’ont point encore jauni.
Joyfal Dioyfal
joom-boli mare de Diôm-Boli
saabeere Joomkomo jachère de Diôn-Komo
tiwre Jollal étape de Diollal
caaji karaaje Jommisa Bêtes-à-Longue-Liste sur terres sèches de Jommissa
Siiruwal au Sirouwal
Siikata Sîkata
Siimakka Sîmakka
Tajoolan Tadiôlane
Segeeran Séguêrane
Sewema Séwéma
Seydaani Seydâni
Al-Hajji Seeku Al-Hadji Sêkou
Muusa Seeku Moussa Sêkou
Yaaya Seeku Yâya Sêkou
Kuloowal Alla homme de bien qui craint Dieu
dewoowal Alla un dévot de Dieu
nyaagiingal Alla qui implore Dieu
binndiroowal nano e nyaamo qui écrit de la main gauche et de la droite
nyaamoowal seeɗa fait maigre chère
meemroowal seese est doux en ses gestes
jaaroowal seese posé dans sa démarche
kaaldoowal seese ! pondéré en ses propos !
Ko selli min tamii ! Nous avons en main santé assurée !
Seeno liɓaali Koocal Le Sêno n’a point terrassé Kôtial
sewre juuraali e sewnde troupeau n’est point descendu vers filet d’eau
pooɗoowal sewndu Grand, aspirant mince filet d’air
baafal seeno Boore ! à la porte du plateau de Bôré !
Caafii seeɗa Ont trait minces jets de lait
ƴirfii sewre ont cinglé troupeau
kippii ɗi calaaki les ont fait stationner contre leur gré
cannjii[56] kennji kunndooji. et changé le peloton de tête des moutons à laine.
Pullo fuu Tout Peul
neɗɗo fuu toute personne
yonki fuu toute âme qui vive
Kunaari fuu tout le Kounâri
kunndooji fuu tous les moutons à laine
kurwaati[57] fuu tous les moutons à poil ras
kuɗi e leɗɗe fuu tous les brins d’herbe et tous les arbres
haayre fuu tout le Plateau
Uuruuɓe fuu tous les Ouroubé
burgu fuu tout le bourgou
Jalluuɓe fuu tous les Dialloûbé
Maasina fuu tout le Massina
Mali fuu tout le Mali
Sudan fuu tout le Soudan
tagal fuu toute la création
tageefo fuu tout le genre humain
aduna fuu tout le monde
duuniya fuu ! tout le monde d’ici-bas !
Ndonndiingal duule Grand portefaix des nuées
kennjiingal duluuje meneur, en tête des tourbillons de poussière
adiingal Dumaaje arrivé le premier aux Doumâdié
duubiloowal[58] Timenkooji qui rattrape troupeaux de Timé
mbaawgu kaa si’ii à compétence connue de tous
mbara kaa nabbi le travail, certes, il s’y est mis
mbaaraagu seeno destrier blanc du Sêno
ndalawu seefa mouton noir à poil ras, C.F.A.
Segene e Gonto Séguéné et Gonto
biisa Er-Mali pilote Air-Mali
jaaroowal kaamankaana vaillant qui va nu comme ver
jaroowal ko yankina qui boit ce qu’il fait miraculeusement apparaître[59]
yaadu ngeelooba allure de dromadaire
pete Sataaman flaches du Satâmane
boowe salligi terrains à ablutions[60]
leggal-ngaari sahaaba[61] arbre à taureau[62], nuages
hakkunde Ndunkoy seeno Dumpa entre Dounkoye et les sablons de Doumpa
fina dawa dès le réveil se met en route
nyalla dara[63] et le soleil déjà haut, fait halte
jagabuulal aigle pêcheur
seeno buuwal ! sablons à herbe rase !
Mi woni duppoowal teppe mun Je suis le vaillant qui se grille la plante des pieds
cumoowal terɗe mun et se brûle le corps
yurmaaki calɗe mun sans pitié pour ses membres
kommboowal reedu mun qui se replie, ventre serré,
joornoowal konndol mun a la gorge desséchée
munnyoowal[64] kooƴe ne suce que sa salive
ceennoowal wote[65] Konsa témoin du vote à Konsa
oornoowal seeno konu ! et qui mène au Sêno une colonne armée !
Hono worri Koocal Comment est Kôtial ?
waasaali loorde Il ne manque pas de notoriété
doomaali loowru n’a pas attendu vent annonciateur des pluies
onngaali ni détourné ses bêtes à marche forcée
hello haayre Looro sur falaise de Lôro,
lommbiingal tunaaba lui qui au milieu d’un immense troupeau
tuuga baangal prend appui sur une grande lance,
bammboowel baagi jeune tuteur des bêtes au ventre-blanc
jonnjoowel baasi agitateur allumeur de querelle
jonngoowel palaaɗi baggi ! qui hisse sur dunes bêtes au ventre-blanc, marquées d’une croix !
Gabbi paraali Hippopotames n’ont pas reniflé
gawri aawaaka mil n’a pas été semé,
garrabal[66] ruumaali andropogon n’a pas encore repoussé
huɗo seeno garɗaali ni herbe des sablons repris vigueur
Koraaru gasaaki lac Korâru n’est pas à son plein niveau
kelloori sorgho
kenɗam onngaali ni eau claire n’ont détourné [le troupeau­]
kelle Tabooral applaudissements à Tabôral
ngaɗaali joobu ! n’ont point fait terres en friches !
Joyfan Dioyfane[67]
jooraangal desséché
entaangal bien formé
ekkitinaangal bien entraîné
eggi aux déplacements
eggoowal eggi bien habitué à la transhumance
bamoowal gaaci Jabaa lui qui danse sur l’air de Jabâ[68],
pihoowal jawaatu s’attaque à la canicule
daɗoowal jamaanu Uural Boɗal tuumortoo Uuruuli et distance la troupe de Grand-Blanc-Tavelé-de-Brun, songe aux troupeaux des Ouroûbé
korsol uurii ndawuuje uumii Uuna nodditii à l’odeur des premières ondées, autruches ont grondé, Oûna a relancé son appel,
sewii sanne il est tout mince
ɗaati salndu a corps tout lisse,
wifii sagoore birɗe Segeeran sewre garsaŋaaji a agité l’herbe aux flancs du Séguérane, troupeau de bêtes sédentaires
feto baali mare aux moutons
Bannjeena à Bandiêna,
Baawunti Bâwounti
Buubanki Boûbanki
Baanikaani Bânikâni
Tin-Akalfa Tin-Akalfa
leppee kaayɗe lorgnez merveilles :
ƴonngo sooro Kaali bosse [haute comme] maison de Kâli[69]
kali banal a eu raison de Grand-Noir-d’Ébène
tule Kana aux dunes de Kana
Diirgama au Dirgama
soorii suuritii s’est glissé et s’en est dégagé
Soosata Foosi-Kaŋŋe à Sôssata Fôssi-Kangué[70]
junngol kaaƴe longue piste des collines
Haani-Kaŋŋe Hâni-Kangué
tankarawal duuɗe grand roseau des îles
tarfikanke[71] ceeɗu « trafiquant » de la saison chaude
tadamakanke seeno Tadamakanké[72] du Sêno
baagal ngaari sewndu Grand-Ventre-Blanc taureau du vent léger
ɓoliiɗi ko’al bêtes à grosse tête et décornées
tulloo boɗeewol jonglent avec long chemin de terre
ɗi njaaɓa boowe foulent libres étendues
njawtoo Boore franchissent Bôré
mbontoo korsol et se font mauvaises aux premières ondées
daande korboori voix d’un jeune taureau
kolongal Yorbu ! en plaine de Yorbou !
Koocal wulaare Kôtial dans la brousse brûlante
konndol waɗaali yaa-wara pomme d’Adam immobile[73]
wati yaaga seeno n’aie point honte au Sêno
mooltin sewre fais partir en douce le troupeau
minen kaakondiri e goro ceeɗu nous nous sommes jetés sur la cola à la saison sèche
kaakii-mi min kaakondirii e seeno kaakii-mi je me suis hâté, nous nous bousculions pour atteindre le Sêno, je me suis hâté,
cefe njoppu-mi karal aux troupeaux j’ai laissé terrain nu
seeno ngan-mi kama sur le Sêno, ai marché de front
karŋoowal kaake mun vaillant qui a bien préparé ses bagages
jaroowal kawaati[74] a bu philtre prophylactique
kaamiingal sigiiji bien serré dans ses talismans
kippoowal cigaaɗi ! et couvert sous ses turbans protecteurs !
Cigi-cigaaɗi Vaches privées de leur veau, bien grasses,
cole une tachetée,
cule une piquetée
cuɓe une à pois de bon augure
mase signes de voyelles
sakala couverture
cannji ɓeda roseaux à paillasse
carsoowal saraawo celui qui bourre d’herbe sarawo[75]
sarsuma[76] dubal ga’i engele et un wagon de vingt-cinq taureaux du Ghana
njara kesam ils boivent eau nouvelle
ɗi njawa burgu dédaignent le bourgou
ɗi njaaɓa ceeɗu foulent la fournaise
ɗi njawnoo Seeno se hâtent au Sêno
ɗi njaɓɓana puriije à la rencontre des autruches
min korana pural’en nous partons en éclaireurs pour les grises
min koraali yeeso nous n’avons point exploré plus avant
min kornaali soƴƴaade ni tenté de faire demi-tour
na’i ngaɗa sommbolde bovins font grosse affluence
jokolɓe ngaɗa soobe(e) et jeunes gaillards grande vigilance
gaɗal ceeɗu sooree au signal du premier départ de saison sèche
miin woni ngal heddaaki ! je suis, moi, celui qui n’est pas resté !
Coo maandi Siirtaba Bravo au bien connu à Sirtaba
conoowal[77] Tin-Asurka grand qui trompette à Tin-Asurka !
Suudu-Miijan À Soûdou-Mîzane
ɗi njara doro bêtes boivent bière,
ɗi njaaya kolaaɗe galopent sur les plaines
ɗi njaafa ceeɗu goloonde prennent au collet la saison sèche
tornyaali mosonngu ! sans avoir fait aucun mal aux germes naissants !
Denndiraagal mooƴu ngaangu Vaillant qui affronte termite à grosse tête
mooncotoongal seeno et va à pas feutrés sur les sablons
ndoondiingal moodibbaaɓe couronné de talismans, œuvre des marabouts,
leeɓi nyaamii kohal poils sur toute sa grosse tête,
korodal nyaamii buba Grand-aux-yeux-clairs a parcouru terre brûlante,
kogolal nyaamii buuwal Grand-aux-cornes-arquées-pointes-en-proue a mangé herbe rase
Koocal nyaamii wulaare ! et Kôtial a parcouru brousse sauvage,
Hammadiiwal Muusa Al-Bakkay Hammadi de Moussa Al-Bakkaye[78]
finii daɗii Mali dès son éveil au monde s’est distingué au Mali
durii dannii timenkooji ! pasteur, a été le gagnant parmi les troupeaux de Timé !
Tiwre Konsa nyaaɗii L’étape de Konsa a été rude
sewre yaarii nyaangal ngal pour troupeau c’est rude trajet à couvrir
sewre mun soƴƴaaki mais son troupeau n’a pas rebroussé chemin
feto koole pour mare aux arbres kôlé[79]
tenngaade mun saamaali Hororo son chapeau de paille n’est pas tombé à Hororo
horsinaali Jollal il n’a point passé premières pluies à Diollal
sookaali benndi Joona korsol n’a point rejoint vaches restées à Diôna aux premières pluies
worrii kogolal a fait rentrer au parc Grand-aux-cornes-arquées-pointes-en-proue
jappinii kojole a fait jonchée d’arbres kodiolé[80]
nyaaɗii kolaaɗe a été rude sur basses-terres
Sirwal Kooba Hille au Sirwal de Kôba-Hillé
sinkaare e seeno Sinngama herbe d’hivernage au Sêno de Singama
paggiri seeno Kirwali millet sauvage au Sêno de Kirwali
jenngii hampii gile au cœur de la nuit a mis en bouche chique de girofle
weetii daɗii gine au matin a devancé cigognes-marabouts
nyawlii dampii gide au soleil déjà haut a tapé du pied les classes d’âge
mbardi keefi gigile ont éliminé bile avec guiguilé[81]
Sinngama-Jaama à Singama-Diâma
Aali-Jaama Âli-Diâma
Soori-Jamma, Foosikaani-Jaama Sôri-Diâma, Fôssikâni-Diâma,
boɗeewol Soori-Jaama au lieu à natron de Sôri-Diâma
tutaandu gawɗe mare où sont plantés acacias
ooraandu gaaci et menés airs de luth
Seeku-Tuure Gana Sêkou-Touré-du-Ghana[82]
na’i mbamii Garara vaches ont dansé sur Garara
njarii galasi ont bu eau glacée
kogolal gallaaɗi Grand-aux-cornes-arquées-pointes-en-proue
ngaari Kaarsani taureau de Karsani
seeno Karabanngu au Sêno de Karabangou
bammboowal cefe tuteur des troupeaux
fiyi baatara a poussé mugissements
baasaraman et beuglements
ngal wakkaaki bemmpeeje n’a point côtoyé ondes
juuraali Wanngara ni passé à Ouangara
waɗɗaaki seeno Bagi n’est point monté sur Sêno de Bagui
seekaali Korombana n’a point déchiré le Korombana
saamaali Seenoore ni ne s’est abattu sur Sênôré
sewre mun tiiɗaaka son troupeau n’a pas été confié à d’autres
lamndee ciingal koŋaaji interrogez la belle bronzée aux gros taureaux
Woroja de Worodia
safanaaka ɓunndu on ne lui a pas tiré eau de puits
yarniraaka satalla ni ne l’a abreuvé avec bouilloire
kooba sa’aaki hippotrague ne s’est point agité
kogolal saataali ni Grand-aux-cornes-arquées-pointes-en-proue ne s’est démené
koocal saamaali et Kôtial n’est point tombé
hakkunde Sarŋere entre Sarnguéré
Saare-Ham-Bana et Sâré-Ham-Bana
jeetti saabeere min ngaɗii sept champs de ruine nous avons fait
hakkunde sallifana e laasara entre sallifana et lassara[83]
njuurii Sansa ils ont rendu visite à Sansa,
njarii asansi[84] ont bu essence[85]
gilla e awlal depuis le début
faa e amaanan et pour toujours
faa e nannde : et jusqu’à entendre :
homo nanii timenkooji ƴeeŋii korsol koɗii ngesa Mali-Haɗi ? « qui a entendu dire que les troupeaux de Timé ont quitté le Bourgou, aux premières ondées et ont stationné sur le champ de Mali-Hadi ? »
Bolaaru Bookoore Ceux du clan Bolârou de Bôkôré
njooɗoo faa gasa s’installent bien
nyaama faa njookoo mangent à en enfler
njonngoo kaatane lorgnent sur les feux des cuisines
kaalana unooɓe parlent aux pileuses
mbi’a kaaraali ! se disent pas encore repus !
Nanee kasen : Entendez encore :
waɗaali Bookoore bene il n’a pas fait de terrasse à Bôkôre
jooɗaaki coofi Boro ne s’est pas installé aux ruisseaux de Boro
be’i Joona caakaali sewre chèvres de Diôna n’ont point dispersé le troupeau
horsinaali seeno Boore il n’a pas été, aux premières pluies, au sêno de Bôré
ngal adaaka le vaillant n’a pas été devancé
dammbuɗe Booni aux portes de Bôni
Bolel-Kaaƴe wulli na’i Bolel-Kâdié a acclamé les vaches
Eesikolan à la mare d’Êssi-Kolane
nyawlii yaaɓii koroŋ sous le soleil haut a marché dans chaleur sèche
njarii korndolle [bêtes] ont bu aux fourmilières
njaaɓii koccuuje piétiné gravier
njaayanii juggi Senndege couru aux ruisseaux de Sendégué
seeno Julaafi aux sablons de Dioulâfi
Koocal juccaali seeno Kôtial n’a point hésité devant les sablons,
sewre waɗaali jugululuku troupeau n’a point joué à colin-maillard[86]
ƴeeŋol waɗaali ngollooru transhumance n’a point fait fausse route
jaadoowal e sakaaji vaillant compagnon de route des moutons à poil
sajaaki boliiru n’a point ravi de gourde
sarɓoraaki Benkina n’a point surgi en trombe dans Benkina
Sammba Silaamaka Cadet-de-Silâmaka
kooba seeno Sirdal hippotrague du Sêno de Sirdal
sinndaaki maayo ne s’est point accroché au fleuve
fiilaaki maayde n’a point contourné la mort
ngal ɗaccere pattuki à la période de la gomme d’acacia,
Kural-Ɗaccuki kammu de Pointe-des-Pléiades au ciel[87]
ŋaccal cukkal ceeɗu de dard barbelé de la saison chaude
ceeɓdi gaawal buba de pointe acérée de sagaie de la fournaise
tahaali kayeeji n’a pas fait faire demi-tour aux taurillons,
tewtaali kanaaje Taaraaɓe n’a pas recherché lavognes aux Târâbé
jaaɓal kooba karaaje marche d’hippotrague sur terres arides
sanyii waɗii bukki a tissé et fait pompons
sancii gufa burgu s’est démêlé tignasse au bourgou
Bunti hubbii kam Bounti m’a coiffé vite fait
seeno buuwal moorii kam le Sêno d’herbe rase m’a bien tressé
karaburu moosii colla kayeeji la sécheresse a fait tourbillons de poussière et taurillons
yaraali moyyam n’ont pas bu d’eau de flaques
jooɗaaki Mogga n’ont point stationné à Mogga.
miin woni Koocal koolaangal seeno C’est moi, Kôtial, le vaillant qui a la confiance du Sêno,
kormortoongal Haruuna almaami Koobaka a pour intercesseur Haroûna, l’imam de Kôbaka
duɗɗoowo kogolal qui de la main flatte Gros-aux-cornes-arquées-pointes-en-proue
kujjoowal Konsa et, vaillant, quitte à l’aube Konsa,
ŋabboowal kobe grimpe dans la poussière
taggoowal korsol roule aux premières pluies
banal taƴii korsol taƴii ceeɗu Gros-Noir-de-Jais a traversé premières pluies, a traversé saison sèche
taƴii wonki konne taƴii hakkunde Sinnda e saabeere Siiri. a tranché la vie de l’ennemi, coupé entre Sinnda et terre en friche de Sîri.
   
Timet. Fin.
   
Miin Koocal wulaare, Koocal Ɓaleewo timmi.

 

C’est moi, Kôtial de la brousse sauvage, Kôtial du fleuve Niger, qui ai terminé.

[1] Le nom que s’est donné ce berger signifie, en fait, « branche d’épineux » ; il cultivait une certaine originalité, arborant une perruque de cheveux raides en nylon sous laquelle il ruisselait de sueur, et il bénéficiait auprès des autres bergers d’une certaine célébrité due à son talent et à son originalité.

[2] Pluriel refait sur danɗe (sg. ndanki).

[3] En utilisant tout au long de son poème des épithètes marquées du classificateur augmentatif/laudatif, sans préciser le nom auquel elles se rapportent, le poète joue en permanence sur l’ambiguïté, cette forme renvoyant tantôt au taureau puissant qu’il évoque, tantôt à lui-même dont il loue ainsi la vaillance.

[4] bayana : ar. [bayn], « espace ».

[5] Bênal est le nom donné à l’un de ses taureaux décrit comme marqué d’une tache tout le long de l’échine ; il y a là un jeu de mots, beenal pouvant désigner une « grande terrasse » — évoquant ainsi la haute taille de l’animal — et aussi un jeu de bergers : sous une couverture tenue à bout de bras par des comparses, le berger doit passer en entraînant ses bêtes. Quant aux gobelets, le poète explique que, lorsque ce taureau boit, on dirait qu’il boit à un gobelet, c’est-à-dire comme un humain.

[6] Le taureau a un corps dont forme et robe font penser à une machine à coudre de marque Bernal, blanche et émaillée.

[7] aaman : emprunt au tamashek, « eau ».

[8] sahaaba : ar. [saḥāb], « nuage ».

[9] Emprunts au français « cent francs » et « dollar ».

[10] Ce taureau nous a été décrit comme ayant un mufle gris et de petits points noirs et gris sur le cou et les épaules, ce qui rappelle le fond d’un tissu imprimé en l’honneur de Domingo, un footballeur malien dont le portrait figurait sur ce tissu.

[11] Marque de fatigue intense. Traduction ambiguë : on peut aussi comprendre « perdant leurs poils ».

[12] Emprunt au français « fleur » ; ici, nom d’un tissu à fleurs, alors à la mode.

[13] hudu-hudu : mot d’origine arabe [hudhud] : « tout oiseau qui roucoule : huppe, colombe gémissante ». Huppe ordinaire ici (Upupa epops Linné).

[14] torso : emprunt au français « lampe torche » ; lankiri : « l’encre ».

[15] Le jabirou d’Afrique est un grand échassier (Ephippiorhynchus senegalensis (Shaw) (Ciconiidæ) au long bec bicolore, rouge et noir, et surmonté d’une sorte de caroncule dorée.

[16] jawaatu : adaptation du bambara  (sec) wáati (temps).

[17] gomi : emprunt au français « gomme », colle à base d’amidon utilisée pour empeser les tissus.

[18] Leur poil est si lisse qu’il ressemble aux boubous dont on gomme le tissu pour le rendre brillant et raide.

[19] On met une corde aux cornes des vaches qui ont vêlé pour pouvoir les maîtriser, car elles ne se laissent pas traire.

[20] Balôré est le nom du marabout qui a écrit les talismans protecteurs remis au berger.

[21] birgal : déformation du français « brigade », troupe de surveillance, fonctionnant en particulier de nuit.

[22] Philtre prophylactique préparé avec de l’eau de rinçage de tablettes sur lesquelles ont été écrits des versets du Coran.

[23] Tout au long de son poème, le jeune berger joue sur l’ambiguïté, le terme goral marqué par l’augmentatif pouvant se rapporter à un humain ou, par extension ici, à un animal : c’est ainsi que tantôt il s’adresse à l’une de ses bêtes, tantôt il s’interpelle lui-même, s’auto-louangeant à la troisième personne. Pour lever le doute, j’ai parfois, dans ce dernier cas, utilisé la deuxième personne.

[24] Bourâk est la jument mythique censée avoir transporté le Prophète Mouhammad jusqu’au ciel lors de son ascension.

[25] Il s’agit, ici, non du personnage historique mais d’un commerçant de bétail.

[26] Comme l’allusion à Bourâk, plus haut, le poète n’hésite pas à mêler les références religieuses à l’environnement pastoral, le Sirâte étant le pont que les âmes devront franchir pour atteindre le Paradis.

[27] Là encore, l’ambiguïté ajoute du sens au texte : Rôba est une région de terre natronée où les troupeaux se rendent pour la cure salée : on y creuse des trous dans lesquels on verse de l’eau pour que les bêtes s’y abreuvent. Mais le poète a voulu aussi évoquer le trou du goulot d’un flacon de rhum (rooba, déformation du mot rhum), ce jeu de mots étant alors censé évoquer « la force » donnée par ce breuvage.

[28] L’emprunt au français « garer » implique l’idée de se ranger de côté mais aussi de déposer ses bagages et de stationner. Nosso (Boubou-de-Basin-Brodé) est le nom qu’il a donné à l’un de ses taureaux.

[29] Le jeu de godié se joue avec des pions que l’on doit distribuer dans deux rangées de six trous creusés dans la terre ; ce qu’évoquent les taches rondes et parallèles de la robe de cette vache.

[30] Emprunt déformé au bambara : kɔ̀maa (celui qui suit).

[31] Textuellement « ceux qui se louent », par opposition aux bergers propriétaires de leurs troupeaux qui, eux, arrivent les premiers dans les zones de pâturage.

[32] Série de noms de marabouts de Konsa.

[33] Kigelia africana (Lam.) Benth., arbre aux fruits comestibles allongés, et dont fruits et écorce ont plusieurs qualités médicinales.

[34] C’est-à-dire « il a plu ».

[35] Pterocarpus lucens Guill. et Perr. (Papilionaceæ), arbre dont le feuillage est un bon fourrage.

[36] Des poteaux métalliques signalent aux bateaux la partie profonde du fleuve et c’est là que le berger mène son troupeau.

[37] ɓataaki ɓataake.

[38] Le taureau est qualifié de missive car c’est lui qui annonce l’arrivée des troupeaux en les devançant.

[39] Sclerocarya birrea (A. Rich.) Hochst ; les fruits en sont juteux et parfumés.

[40] Grewia venusta Fres. (Tiliaceae) : arbre dont le feuillage est un bon fourrage et dont le bois est utilisé pour les boulades des bergers.

[41] Thème musical joué au luth comme une devise pour exhorter à un exploit les personnes auxquelles on l’adresse.

[42] Textuellement : « portant, accrochée, une pièce de cinq francs » ; image pour une bête marquée d’une pelote au front.

[43] Sivili : fr. « civilisé », signifie tout à la fois « civilisé » et « citadin ».

[44] Nom d’un tissu, aux dessins semblables à des pièces de monnaie ; tamma, mot emprunté au bambara táma, désignant une ancienne pièce de 1 franc.

[45] Nom d’un tissu à pois gros comme des pièces de 1 franc (tamma).

[46] Tissu à fond moucheté et frappé, en médaillon, du portrait de Lumumba.

[47] Marque nationale de cigarettes.

[48] buton : «fr. « bouton » ; tourner le bouton : faire démarrer.

[49] lorde : fr. « l’ordre », i. e. l’autorité.

[50] Kaptal : fr. « capitale », notion d’abondance et d’importance.

[51] Il s’agit plus précisément des chevelures abondantes et longues des Touaregs.

[52] konoma : emprunt au bambara kɔ̀nɔma « enceinte ».

[53] sakoro : mot emprunté au soninké.

[54] Phrase en songhay.

[55] Boscia senegalensis (Lam. ex-Poir.) (Capparidaceæ).

[56] cannjii : emprunt au français « changer ».

[57] Mot emprunté au tamashek .

[58] duubiloowal : fr. « doubler », i. e. « doubler, rattraper ».

[59] Glosé : « avec leur magie, ils font augmenter l’eau disponible ».

[60] Glosé : « parce que lorsqu’ils y pataugent ils s’aspergent d’eau ».

[61] Mot arabe [saḥāb], « nuage ».

[62] Petit arbre poussant au bord des mares, Crateva adansonii DC. (Capparidaceæ).

[63] dara daroo.

[64] munnyoowal muynoowal.

[65] wote : fr. « vote », allusion au concours pastoral des fêtes de transhumance.

[66] Andropogon et Diheteropogon amplectens Nees, Diheteropogon hagerupii Hitchc.

[67] Nom d’un taureau.

[68] Nom d’un thème musical, sorte de devise, joué pour les Touaregs. La démarche du taureau est pleine de majesté.

[69] Personnalité de Konna.

[70] Ou Fossi-Kâni : lieu de cure salée à l’ouest de Hombori.

[71] Tarfikanke : fr. « trafiquant », i. e. commerçant expert.

[72] Nom d’une fraction touarègue.

[73] Textuellement « n’a pas fait va-et-vient », c’est-à-dire « n’a pas dégluti », marque de sobriété, eau et nourriture se faisant rare.

[74] Emprunt à l’arabe [ḫawātim] « sceaux, empreintes » désignant une table cabalistique utilisée par les marabouts. Cp. bambara kàwàatumu « signes cabalistiques ».

[75] Herbe jaune d’or dont on fait, dans cette région, de parfaites imitations de bijoux d’or.

[76] Carsoowal et sarsuma : emprunts au français « charger » et « chargement ».

[77] Emprunt au français « sonner » : klaxonner.

[78] Le poète se présente ici comme un fils aîné du marabout qui, par ses prières et ses talismans, lui assure protection et réussite dans les épreuves de la transhumance.

[79] Mytragyna inermis (Willd.) O. Kuntze ( Rubiaceæ).

[80] Anogeissus leiocarpus (DC) Guill. Et Perr. (Combretaceæ).

[81] Boscia seneglensis (Pers.) Lam. Ex Poir. (Capparidaceæ).

[82] Nom d’un de ses taureaux.

[83] Autant dire en deux heures, la prière de sallifana se faisant en début d’après-midi et celle de lassara entre 16 et 17 h. Les « champs de ruine » évoquent les lieux de stationnement de son troupeau dont les environs ont été broutés et piétinés.

[84] asansi : fr. essence ».

[85] C’est-à-dire ont fait route aussi vite qu’un véhicule à moteur.

[86] C’est-à-dire : n’a pas avancé à tâtons, d’une marche hésitante.

[87] Étoile annonciatrice des grosses chaleurs.

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KAAYI DEEDE – SUNNA BONTO / RÉCIT D’ANCÊTRE – SOUNNA BONTO

Extrait de l’enregistrement (v.1 au v.46)

 

Introduction musicale [1’24’’]

1.             Bawdi[1] [13’’] 1.             Bawdi[2] [13’’]
2.             “Bawdi bingel bi Alzuma Sunna[3]” / 2.             “Bawdi bingel[4]bi[5] Alzouma Sounna”[6] /
3.             Wo[7] ga ti Bawdi / 3.             Ceci est Bawdi /
4.             Bawdi Sunna Bonto / 4.             Bawdi Sounna Bonto[8] /
5.             “Bi” Bonto Amiiru / 5.             “Bi”[9] Bonto Amirou /
6.             Amiiru Balma / 6.             Amirou Balma /
7.             Balma Siddiici / 7.             Balma Sidiki /
8.             Siddiici Yaaru Kuuru / 8.             Sidiki Yarou Kourou /
9.             Yaaru Kuuru Sanda / 9.             Yarou Kourou Sanda /
10.          Sanda Dawre / 10.          Sanda Daouré /
11.          Dawre Maali / 11.          Daouré Mali /
12.          Maali mo Zabarkaan ize no / 12.          Mali aussi est le fils de Zabarkane[10] /
13.          “Yeela a ga manye foburey zabaanu” / 13.          “Yeela a ga manye foburey zabaanu”[11] /
14.          Wi za[12] bu ya cimi no / 14.          En vérité la mort est une réalité[13] /
15.          “Kalla gama tiri” / 15.          “Kalla gama tiri”[14] /
16.          Bu si jingar a si hã[15] / 16.          La mort ne prie pas et ne demande pas[16] /
17.          Hala[17] bu ga hã / 17.          Si la mort demandait /
18.          Dõ[18] a ma[19] jasarey hã / 18.          Alors elle devrait demander aux jasare /
19.          I ma a no hayfuno[20] zambar iway / 19.          Ils lui donneront dix mille paresseux /
20.          A ma fanda Amiiru[21] Alzuma Sunna / Han kah hane[22] a ga ti baafuna[23] / 20.          Pour qu’elle épargne la vie d’Amirou Alzouma Sounna / Quand il était en vie /
21.          “Do ciraana kawane biraanana” / Han kah hane Alzuma Sunna ga ti baafuna / 21.          “Do ciraana kawane biraanana”[24] / Quand Alzouma Sounna était en vie /
22.          Han din hane jasarey mana he[25] nda moori[26] / 22.          A cette époque les jasare ne se sont pas plaint de misère /
23.          I mana he mo[27] nda haray / 23.          Ils ne se sont pas non plus plaint de famine /
24.          “Do ciraana” / 24.          “Do ciraana”[28] /
25.          Han kah hane a ga ti baafuna / 25.          Quand il était en vie /
26.          “Burnya gama dabe” / 26.          “Burnye gama dabe”[29] /
27.          Han din hane Liboore[30] mana fay-fay[31] / 27.          A cette époque Liboré n’était pas divisé /
28.          A mana te mo kambu-kambu / 28.          Il n’y avait pas non plus de clans /
29.          “Daanay kaamandi bannaajatu” / 29.          “Daanay kaamandi bannaajaatu”[32] /
30.          Nga no da a bina[33] tun kay[34] / 30.          C’est lui qui s’il s’énerve[35] /
31.          “Ga saarey kaafo” / 31.          “Ga sarey kaafo”[36] /
32.          Ka[37] borey[38] margu / 32.          Pour rassembler les gens /
33.          Boro[39] kah wanji moori nda haray[40] no bora[41] ga koy kani nd’a[42] / 33.          Celui qui a refusé c’est avec la misère et la faim qu’il passera la nuit /
34.          “Do ciraana” / 34.          “Do ciraana”[43] /
35.          Zaari[44] beero hane[45] / 35.          La journée du grand jour /
36.          “Kaana suti” / 36.          “Kaana suti”[46] /
37.          Alzuma Sunna / 37.          Alzouma Sounna /
38.          Zaari beero hane / 38.          La journée du grand jour /
39.          Kah[47] laabo kulu kay ce fo ga / 39.          Quand tout le pays s’est levé comme un seul homme[48] /
40.          Han din hane no nga mo kay ce folloh[49] ga / 40.          C’est ce jour-là qu’il s’est levé également[50] /
41.          “A suti kaamah niyme” / 41.          “A suti kaamah nyime”[51] /
42.          Han din hane no a kaaru i boh[52] nda Irkoy[53] gaaro / 42.          C’est ce jour-là qu’il est monté sur les hommes avec la selle de Dieu[54] /
43.          Han din hane mo no a na nga fundo[55] neera / 43.          C’est aussi ce jour-là qu’il a vendu sa vie[56] /
44.          Ga baabayze[57] boobo fundi fansa[58] ga[59] kande kwaara / 44.          Pour racheter la vie de nombreux rivaux afin de les ramener au village[60] /
45.          “Sarey jame” / 45.          “Sarey jame”[61] /
46.          Han din hane borey salah / 46.          Ce jour-là les gens ont parlé[62] /
47.          “Yeelay kaamah safa” / 47.          “Yeelay kaamah safa”[63] /
48.          A sanno mana ganji / 48.          Leur parole n’a pas empêché /
49.          Alzuma Sunna / A te koy Liboore[64] / 49.          Alzouma Sounna / De devenir chef à Liboré /
50.          “A day kaamah yiga” / 50.          “A day kaamah yiga”[65] /
51.          Hala[66] a te jiiri way cindi taaci / 51.          Jusqu’à ce qu’il ait régné pendant quatorze ans /
52.          “A wonye gay kaamah burnya timo” / 52.          “A wonye gay kaamah burnya timo”[67] /
53.          Amiiru Alzuma Sunna / 53.          Amirou Alzouma Sounna /
54.          A go ga laabo gaayi[68] / 54.          Garde[69] la région /
55.          Haray[70] mana te / 55.          Il n’y a pas eu de famine /
56.          Doori mana te / 56.          Il n’y a pas eu de souffrance /
57.          Banji mana te[71] / 57.          Il n’y a pas eu de manque[72] /
58.          “A nay kaamah di boh ga yaga”[73] / 58.          “A nay kaamah diboh ga yaga”[74] /
59.          Alzuma Sunna / “Albarka jiide fo wonye dambe” / “Do ciraana kooro” / 59.          Alzouma Sounna / “Albarka jide fo wonye dambe”[75] / “Do ciraana kooro”[76] /
60.          Han kah hane a ga ti baafuna / 60.          Quand il était vivant /
61.          Han din hane borey mana he nda moori / 61.          A cette époque les gens ne se sont pas plaint de misère /
62.          Borey mana he mo nda haray / 62.          Ils ne se sont pas non plus plaint de famine /
63.          A na nga[77] zabana[78] te / 63.          Il a fait son temps[79] /
64.          “A daga” / Alzuma Sunna na nga zabana hwa / 64.          “A daga”[80] / Alzouma Sounna a fait son temps /
65.          Liboore[81] / 65.          A Liboré /
66.          A bisa / 66.          Il a passé /
67.          “Do ciraana kooro” / 67.          “Do ciraana kooro”[82] /
68.          Wi za hari si[83] hari…wura hay kala[84] wura[85] / 68.          En vérité l’or ne peut donner naissance qu’à l’or /
69.          Alzuma Sunna / 69.          Alzouma Sounna /
70.          A baaba Sunna Bonto / 70.          Son père est Sounna Bonto[86] /
71.          Han kah hane a[87] ga ti baafuna Liboore / 71.          Quand il était en vie à Liboré /
72.          Nga no na Liboore kulu margu ce folloh ga / 72.          C’est lui qui a regroupé Liboré comme un seul homme[88] /
73.          “Ciraana kooro” / 73.          “Ciraana kooro”[89] /
74.          Zaari beero hane / 74.          La journée du grand jour /
75.          Kah Alzuma Sunna / 75.          Lorsqu’Alzouma Sounna /
76.          “A ninga dabaanu diiga[90]” / 76.          “A ninga dabaanu[91] yiiga”[92] /
77.          Kah a bina tun[93] Liboore / 77.          Quand il s’est énervé à Liboré[94] /
78.          “Ko fo na nye ? ” / 78.          “Ko fo na nye ?”[95] /
79.          Ifo no a te ? / 79.          Qu’est-ce qu’il a fait ? /
80.          Ifo no a nah nga banda[96] / 80.          Qu’est-ce qu’il a laissé derrière lui ? /
81.          Alzuma Sunna / 81.          Alzouma Sounna /
82.          Han din hane Sunna Bonto / 82.          Ce jour-là Sounna Bonto /
83.          “A ne kurano na bagandi[97]” / 83.          “A na kurano na bagandi” [98] /
84.          Han din hane kah bina tunu / 84.          Ce jour-là quand il s’est énervé /
85.          Ifo ga bina tunandi ? / 85.          Qu’est-ce qui l’a énervé ? /
86.          “Ciraana kooro” / 86.          “Ciraana kooro”[99] /
87.          “A faaba lammo” / Han kah hane kayno[100] kah ti / 87.          “A faaba lammo”[101] / Ce jour-là son petit frère qui était /
88.          Abdu ne nga[102] ga ba Awdi Ceso / 88.          Abdou[103] a dit qu’il aimait Awdi Ceso /
89.          Han din hane no / 89.          C’est ce jour-là /
90.          Koka[104] te / Kah borey mana di a cine / I mana maara[105] mo a cine / 90.          Qu’il y a une concurrence / Dont les gens n’ont pas vu quelque chose de semblable / Il n’ont pas non plus entendu parler de semblable /
91.          Han din hane Ndunga bora kah se[106] i ga ne Bolmay[107] / 91.          Ce jour-là l’homme de Ndounga qu’on appelle Bolmay[108] /
92.          Nga mo ga[109] ba Awdi Ceso[110] / 92.          Lui aussi aime Awdi Ceso /
93.          Awdi Ceso / 93.          Awdi Ceso /
94.          “A wonye Liboore lammo yaani” / 94.          “A wonye Liboore lammo yaani”[111] /
95.          A ga ti Liboore zanka[112] / 95.          Elle est enfant de Liboré /
96.          “Tunku lammo” / 96.          “Tunku lammo”[113] /
97.          A ga ti Amiiru beerayze[114] / 97.          Elle est la fille du grand frère d’Amirou /
98.          Sunna Bonto “safe” / 98.          Sounna Bonto “safe”[115] /
99.          Sunna Bonto ne amiiru[116] se / 99.          Sounna Bonto a dit à Amirou /
100.       Amiiru Hima mo no / 100.       C’est aussi Amirou Hima /
101.       A ne a se ni di iri koka / 101.       Il lui a dit : « tu vois notre concurrence /
102.       Sohõ manti hiijay[117] no / 102.       Maintenant ce n’est plus un mariage /
103.       Baabayzetaray[118] no / 103.       C’est la rivalité[119] /
104.       Iri nda Ndunga game ra[120] / 104.       Entre nous et Ndounga /
105.       Ifo se ? / 105.       Pourquoi ? /
106.       Hala[121] iri zankey[122] koy yamma[123] / 106.       Si nos enfants partent à la Côte[124] /
107.       Nankah[125] Awdi Ceso kosa[126]…wayo[127]… koka to / 107.       Là où la concurrence d’Awdi Ceso atteint /
108.       Boro kah na a[128] sambu[129] / 108.       Celui qui l’a prise /
109.       Ni no ga ni bora[130] zeeri / 109.       C’est lui qui terrasse son rival[131] /
110.       Zama nga no iri ga koy care wow nda / 110.       Parce que c’est avec ça que nous allons nous insulter[132] /
111.       Kurmo ra / 111.       A la Côte » /
112.       “A te a safe” / 112.       “A te a safe”[133] /
113.       A ne a se Amiiru Hima / 113.       Il lui a dit : « Amirou Hima /
114.       Ni ya bonkooni[134] no / 114.       Toi tu es chef /
115.       Ay Sunna Bonto / 115.       Moi Sounna Bonto /
(il tousse) (il tousse)
116.       Iri nda ni ga koytara[135] ceeci[136] / 116.       Toi et nous cherchons la chefferie[137] /
117.       Ya din ga[138] iri nda ni kulu ga saba / 117.       Par conséquent toi et nous sommes tous égaux /
118.       Ya din ga ni ma a hiijandi iri se / 118.       Par conséquent tu dois nous la donner en mariage[139] /
119.       Da i koy kurmi / 119.       S’ils partent en exode /
120.       Ndungayzey[140] ma si ne ngey na Liboorayzey zeeri / 120.       Les enfants de Ndounga ne doivent pas dire qu’ils ont terrassé les enfants de Liboré » /
121.       “A tebay gama tun” / 121.       “A tebay gama tun”[141] /
122.       Han din hane baabayzetara / 122.       Ce jour à cause de la rivalité /
123.       Kah go i game ra sabbay se / 123.       Qui existe entre eux /
124.       “A tebay gama footu” / 124.       “A tebay gama footu”[142] /
125.       Han din hane no / 125.       C’est ce jour-là /
126.       Amiiru ne a se / 126.       Qu’Amirou lui a dit /
127.       Burcin[143] si te sanni hinka[144] / 127.       Qu’un noble n’avait pas deux paroles[145] /
128.       Nga ban ga tu Ndunga borey se / 128.       Qu’il avait déjà répondu aux gens de Ndounga /
129.       Nga bine[146] si ye ga tu koyne / 129.       Et qu’il ne reviendrait donc plus sur sa parole[147] /
130.       A ne a se to[148] Amiiru / 130.       Il a dit : « d’accord Amirou » /
131.       “Yeelele kaamah wurgandi” / 131.       “Yeelele kaamah wurgandi”[149] /
132.       Hala ni na iri gaaray / 132.       « Si tu nous chasses /
133.       Ga a hiijandi Ndunga[150] / 133.       Pour la marier à Ndounga /
134.       Ma bay kah ni ga mooru Liboore[151]… ni ga mursu Liboore / 134.       Sache que tu perdras Liboré » /
135.       “A ti nga safa gama nyamandi” / 135.       “A ti nga safa gama nyamandi”[152] /
136.       Han din hane Alzuma / 136.       A cette époque Alzouma /
137.       A ga ti zanka / 137.       Etait enfant /
138.       “A te i faabe” / 138.       “A te i faabe”[153] /
139.       “Safo kah ni safe” / 139.       “Safo kah ni safe”[154] /
140.       A ne wo kah ni ci Amiiru se wo / 140.       Il a dit : « ce que tu as dit à Amirou /
141.       Wo din mo no ga te cimi / 141.       C’est cela également qui deviendra réalité /
142.       Zama hala a mana a hiijandi / 142.       Parce que s’il ne la marie pas /
143.       Iri windo borey[155] se / 143.       Aux gens de notre concession[156] /
144.       Liboore kwaara kulu no a ga mursu / 144.       C’est tout le village de Liboré qu’il perdra » /
145.       Hima Hamma / 145.       Hima Hamma /
146.       “A na golla nye” / 146.       “A na golla nye”[157] /
147.       Han din hane no a na hiija te Ndunga borey se / 147.       C’est ce jour-là qu’il a célébré le mariage avec les gens de Ndounga /
148.       “I na juwo jirandi” / I na way[158]-hiijo sambu[159] / 148.       “I na juwo jirandi”[160] / Ils ont pris la jeune mariée /
149.       “I taranda Ndunga dabeeni” / 149.       “I taranda Ndunga dabeeni”[161] /
150.       I konda Ndunga kwaara / 150.       Ils l’ont emmenée au village de Ndounga /
151.       Sunna Bonto / 151.       Sounna Bonto /
152.       “A tiifo gamsu tuunu” / 152.       “A tiifa gamsu tuunu”[162] /
153.       A ne i se Liboore borey[163] / 153.       Il leur a dit : « gens de Liboré /
154.       Hay kulu kah fun Yaaru Kuuru ga[164] / 154.       Tous ceux qui descendent de Yarou Kourou[165] /
155.       Kah kani[166] Tonko Bangu beene[167] / 155.       Qui passent la nuit à Tonko Bangou Haut /
156.       Kulu Irkoy ma a albarka[168] ka a ga / 156.       Que Dieu leur enlève leur valeur[169] /
157.       Da ni wande[170] go ga hay no ma dira ga a nah / Da ni gonda bari mo ma dira ga a nah / Da ni gonda ize kayna no ma dira ga a nah[171] / 157.       Si ta femme est en train d’accoucher pars et laisse-la[172] / Si tu as un cheval pars et laisse-le également / Si tu as un enfant pars et laisse-le /
158.       Wo kah ni ga hini / 158.       Tout ce que tu peux [porter] /
159.       Ma do nda Liboore ganda / 159.       Descends avec à Liboré Ganda[173] » /
160.       Han din hane no Tonko Bangu gana beene / 160.       C’est ce jour-là que Tonkobangou a déménagé du haut /
161.       Ga do ganda isa me ga[174] / 161.       Pour s’installer au bord du fleuve /
162.       Han din hane habo[175] hinne ga bara no din / 162.       A cette époque il n’y avait que le marché là-bas /
163.       Kwaara si no / 163.       Il n’y avait pas de village /
164.       Aa…[176] Sunna Bonto / 164.       Aa…Sounna Bonto /
165.       Nga no na kwaara ye ganda han din hane / 165.       C’est lui qui ce jour-là a fait revenir le village vers le bas /
166.       Sunna Bonto / 166.       Sounna Bonto /
167.       “Yeela wonye zaamaama” / 167.       “Yeela wonye zaamaama”[177] /
168.       Hala a ga koy to kayna / 168.       Après un court moment /
169.       “Ciraana bagu” / 169.       “Ciraana bagu”[178] /
170.       Mo bi ga bo / 170.       Le jour se lève /
171.       Amiiru fonnay[179] beene / 171.       Amirou a scruté le ciel /
172.       A fonnay ganda[180] / 172.       Il a scruté la terre /
(il tousse) (il tousse)
173.       Azawa nda Dandi[181] / 173.       Au Nord et au Sud /
174.       Wayna-funay nda wayna-kahay[182] / 174.       A l’Est et à l’Ouest /
175.       Han din hane kwaara si kala[183] za daba[184] banda ya hare / Kala a zulli[185] gooro ra / 175.       A cette époque-là le village se trouvait de l’autre côté de la route / Au point qu’il descendait dans la vallée[186] /
176.       Hala[187] a ka ga Amiiru windo dah / 176.       Et entourait la cour d’Amirou /
177.       Amiiru ga biya ga tun kay / 177.       Amirou se lève tôt /
178.       Gorho nya kah i si hin ga dira nda[188] banda[189] / Kwaara me a me[190] hayfo[191] si a ra[192] / 178.       A part la poule qu’ils ne pouvaient emporter / Dans tout le village il ne restait rien /
179.       Ay Jeliba Baaje / 179.       Moi Jeliba Baje /
180.       “Ay wonye lammu tukunya” / 180.       “Ay wonye lammu tukunya”[193] /
181.       Han din hane ay gonda jiiri ahakku / 181.       A cette époque j’avais huit ans /
182.       Ay bayray kwaaray[194] ra no / 182.       C’est ma connaissance /
183.       Manti i deede ay se no / 183.       Ce n’est pas qu’on me l’a raconté /
184.       “I ningey kubaanu ga bagu” / 184.       “I na ngey kabaanu ga bagu”[195] /
185.       Han din hane no Liboore gana / 185.       C’était ce jour-là que Liboré a déménagé /
186.       Ga dira ga Tonko Bangu beene nah[196] / 186.       Pour quitter Tonko Bangou Haut /
187.       Kala[197] Amiiru windo[198] / 187.       A l’exception de la concession d’Amirou /
188.       “Yonci kaamoho” / 188.       “Yonci kaamoho”[199] /
189.       Hunkuna zaaro / Bora[200] kah koy / 189.       Le jour d’aujourd’hui / Celui qui part [à Tonkobangou Haut] /
190.       Bora ga gar kah ya din no / 190.       Pourra vérifier qu’il en est ainsi /
191.       Alzuma Sunna no na wo ne te / 191.       C’est Alzouma Sounna qui a fait cela /
192.       Nga nda baabo kah ci Sunna Bonto / 192.       Lui et son père qui est Sounna Bonto /
193.       “A wone nda zaamu baane” / 193.       “A wone nda zaamu baane”[201] /
194.       Hay kulu kah fun Yaaru Kuuru ga / Han din hane i kulu na a[202] gana / 194.       Tous ceux qui descendent de Yarou Kourou / Ce jour-là tous l’ont suivi /
195.       I ne zama jeeri si zuru[203] / 195.       On dit parce que la gazelle ne court pas /
196.       Izo ma ce koli ga fanaka / 196.       Pendant que son enfant croise ses pattes et a les jambes mortes”[204] /
197.       I ne i se tanda kamba candi / 197.       On dit qu’on ne peut pas tirer une branche du calebassier[205] /
198.       Izo ma goro banda / 198.       Et que ses fruits restent derrière[206] /
199.       “I na ngey zabaanu yiiga” / 199.       “I na ngey zabaanu yiga”[207] /
200.       “Yeela wonye zaamaama” / 200.       “Yeela wonye zaamaama”[208] /
201.       I na ngey zabana te / 201.       Ils ont fait leur temps /
202.       Zankey i[209] dira ga[210] hunkuna[211] nah arah se / Da[212] hunkuna boori a go arah se / 202.       Enfants ils sont partis et vous ont laissé aujourd’hui / Si aujourd’hui est bon[213] c’est pour vous /
203.       Da a sara mo a go arah se / 203.       Si c’est gâté c’est également pour vous[214] /
204.       Zama jeeri si zuru izo ma ce koli ga fanaka / Hankah[215] ni[216] gar ize aru ga te / 204.       Parce que la gazelle ne court pas pendant que son enfant croise ses pattes et a les jambes mortes / Ce que tu as trouvé le jeune homme le fait /
205.       Kulu baabo[217] teegoy[218] no / 205.       Tout est l’œuvre de son père /
206.       “Do ciraana kooro” / 206.       “Do ciraana kooro”[219] /
207.       Zaari beero hane[220] / 207.       La journée du grand jour /
208.       “Ay kaamah faabe” / 208.       “Ay kaamah fabe”[221] /
209.       Sunna Bonto / 209.       Sounna Bonto /
210.       Han kah hane a ga[222] ti baafuna[223] / 210.       Quand il était en vie /
211.       “Aw gazandey kaamah teegu lammey” / 211.       “Aw gazandey kaamah teegu lammey”[224] /
212.       A tangam[225] nda annasaarey[226] / 212.       Il a combattu les Blancs /
213.       Han kah hane annasaarey ka / 213.       Quand les Blancs sont venus /
214.       “Day kaamah wonye tunku lammo” / 214.       “Day kaamah wonye tunku lammo”[227] /
215.       Nda Maydanda baaba[228] / 215.       Avec le père de Maydanda[229] /
216.       Ngey ga ti Liboore / 216.       Ce sont eux /
217.       Wangaari hinka / 217.       Les deux guerriers de Liboré[230] /
218.       May ga ti Maydanda baaba ? / 218.       Qui est le père de Maydanda ? /
219.       Han din hane a si kala[231] Ndunga Jay[232] Jaaja kwaara / 219.       A cette époque il habitait à Ndounga Jaaja Kwaara[233] /
220.       “Ko fo sabaabu” / 220.       “Ko fo sabaabu”[234] /
221.       Liboore borey no kah ye Ndunga / 221.       Ce sont les gens de Liboré qui sont retournés à Ndounga /
222.       “I na ngey gazo nyamandi” / 222.       “I na ngey gazo nyamandi”[235] /
223.       I na ngey zabana te / 223.       Ils ont fait leur temps /
224.       A bisa[236] / 224.       Il a passé /
225.       Ss…[237] Bonto Amiiru / 225.       Ss…Bonto Amirou /
226.       Nga mo baaba Bonto Amiiru / 226.       Son père aussi Bonto Amirou /
227.       Han kah hane a ga ti baafuna / 227.       Quand il était en vie /
228.       “Kah sarey wo sarnyamandi” / 228.       “Kan sarey wo sarnyamandi”[238] /
229.       Han din hane annasaarey mana ka / 229.       A cette époque les Blancs n’étaient pas venus /
230.       Kah i ga[239]… iri nda care[240] / 230.       Entre nous /
231.       Iri no ga care hwa[241] / 231.       Nous nous combattions[242] /
232.       Iri mo no ga care wangu / 232.       Et nous nous faisions également la guerre /
233.       Han din hane… / 233.       C’est à cette époque /
234.       Amiiru / 234.       Amirou /
235.       Kondi Kissu[243] / 235.       Kondi Kissou[244] /
236.       A tangam nda Surgey / 236.       A combattu les Touaregs /
237.       Surgey / 237.       Les Touaregs /
238.       A tangam nda Surgey / 238.       Il a combattu les Touaregs /
239.       Bonkuuku / 239.       A Bonkoukou[245] /
240.       “A gazey ndey naana gaabo” / 240.       “A gazey ndey naana gaabo”[246] /
241.       A tangam nda fulahey / 241.       Il a combattu les Peuls /
242.       Gurmace / 242.       Sur la rive droite du fleuve[247] /
243.       “A wa gaazo nyamandi” / 243.       “A wa gaazo nyamandi”[248] /
244.       A tangam nda Zarma boobo[249] / 244.       Il a combattu beaucoup de Zarma /
245.       Wo din ay si du ga[250] i ci / 245.       Ceux-là je ne peux les dire /
246.       Zama arah nda care koonu[251] no / 246.       Parce que c’est uniquement entre vous /
247.       “Yeela wonye zaamaama” / 247.       “Yeela wonye zaamaama”[252] /
248.       “A wonye gaza nyamandi” / 248.       “A wonye gaza nyamandi”[253] /
249.       Yanje zeeno / 249.       Une vieille dispute /
250.       Nga no ga i tejo[254] tunandi / 250.       C’est elle qui réveille la nouvelle /
251.       A se no da[255] ni[256] ga[257] bora nyamti / Ma[258] si a nyamti bi zeena ra / 251.       C’est pourquoi si tu pinces quelqu’un / Il ne faut pas le pincer dans l’ancienne plaie /
252.       Zama hino biyo[259] ga beeri nda i zeena[260] / 252.       Parce que la prochaine sera plus grande[261] que l’ancienne /
253.       “Yeela wonye zaamaama” / 253.       “Yeela wonye zaamaama”[262] /
254.       Amiiru Kondi Kissu / 254.       Amirou Kondi Kissou /
255.       Han kah hane a ga ti baafuna / 255.       Quand il était en vie /
256.       Kondi laala din kah go kamba ga / Hala a na a candi a to jasa ga[263] ga boori / Da bina tun[264] / 256.       Le dangereux bracelet[265] qui se trouvait à son poignet / S’il le tirait bien il atteignait son épaule[266] / Quand il s’énerve /
257.       Nankulu[267] kah hare[268] a go ga[269] guna / Jasarey ne boro wo dinyah wo saarey yah no / Saarey binde[270] si du ga[271] zuru[272] / I[273] ne a kambe hwaaro[274] / Nda a kambu wo[275] borey no ga zuru / 257.       Partout où il regarde / Les jasare ont dit : « ces personnes-là sont des tombes » / Or une tombe ne peut pas fuir / Ils ont dit : « les gens à sa droite / Et ceux à sa gauche ce sont eux qui fuient » /
258.       “A na nga zabaanu yiiga” / 258.       “A na nga zabaanu yiiga”[276] /
259.       A na nga zabana te / 259.       Il a fait son temps /
260.       A bisa / 260.       Il a passé /
261.       “A nay kaamah da bolo nyamandi” / 261.       “A nay kaaamah dabolo nyamandi”[277] /
262.       “Ciraana kooro” / 262.       “Ciraana kooro”[278] /
263.       Amiiru Kondi Kissu / 263.       Amirou Kondi Kissou /
264.       Nga mo na nga zabana te a bisa / 264.       Lui aussi a fait son temps il a passé /
265.       “Yeelay   kaamah nye tunku” / 265.       “Yeelay kaamah nye tunku”[279] /
266.       May nda may[280] ga ti a kaayi ? / 266.       Qui[281] sont ses ancêtres ? /
267.       Sombo / 267.       Sombo /
268.       Sombo ga ti Maali Beero / 268.       Sombo est Mali Bero[282] /
269.       Han kah hane a go Malle / 269.       Quand il était à Mallé /
270.       Nga nda Surgey yanje / 270.       Lui et les Touaregs se sont battus /
271.       Han din hane a na Surgiizey kulu[283] wi Malle / 271.       Ce jour-là il a tué tous les Touaregs à Mallé /
272.       “I safa i dah” / 272.       “I safe i dah”[284] /
273.       Han din hane garaasey[285] / 273.       A cette époque les garaasa[286] /
274.       I go surgu borey do / 274.       Etaient chez les Touaregs /
275.       Amma[287] Zarmey no ga i no / 275.       Mais c’étaient les Zarma qui leur donnaient /
276.       A ga ka ga gaanu Zarmey se / 276.       Il venait danser pour les Zarma /
277.       A ga ne garaasa kani-haway / 277.       Il[288] disait : « les garaasa se couchent sans manger /
278.       Tanga zooru di bone / I ga haaru i ga a no nooru[289] / 278.       Le va-et-vient bruyant a vu le malheur[290] » / Ils riaient ils lui donnaient de l’argent /
279.       I ga a no mo bankaaray yah / 279.       Ils lui donnaient aussi des vêtements /
280.       “Yeela wonye zaama…” / 280.       “Yela wonye zaama…”[291] /
281.       Hala a ga koy to kayna / 281.       Après un court moment /
282.       Mate ga te ? / 282.       Que s’est-il passé ? /
283.       Maali Beero / 283.       Mali Bero /
284.       A na Zarmayzey kulu ce / 284.       Il a appelé tous les enfants zarma /
285.       Zama Sombayze[292] no / 285.       Parce que c’est le fils de Sombo[293] /
286.       “Yeela wonye zabarkaan[294]” / 286.       “Yela wonye zabarkaan”[295] /
287.       A ne hay kulu[296] kah fun Zabarkaan ga / 287.       Il a dit : « tous ceux qui descendent de Zabarkan /
288.       Kulu ma nga soola te / 288.       Tous doivent se préparer /
289.       Suda do-nda-caro[297] kah Surgey go ga te ngey se / 289.       Demain cette moquerie que nous font les Touaregs /
290.       A ga ban Malle bango boh / 290.       Elle finira sur la mare de Mallé » /
291.       Malle bango / 291.       La mare de Mallé /
292.       A gonda ganji[298] laala fo[299] / 292.       Elle a un dangereux génie /
293.       Kah se i ga ne zarma / 293.       Qu’on appelle Zarma /
294.       Ma wo din[300] no Surgey ga Zarmey ce nda / 294.       C’est par ce nom que les Touaregs appellent les Zarma /
295.       Zama se han din hane Zarmey ga boori nda[301] andunnya[302] kulu / 295.       Parce qu’à cette époque les Zarma étaient les plus beaux du monde /
296.       Boori kwaarayo kah i ga fooma nda / 296.       La vraie beauté avec laquelle les gens se vantent /
297.       Zama Yaakuba Zabarkaan / 297.       Parce que Yacouba Zabarkane /
298.       Kah na Maali Beero hay / 298.       Qui a enfanté Mali Bero /
299.       Ni bay kah Maa…[303][304] boro kwaaray no / 299.       Tu sais que c’est un homme blanc /
300.       A ka ga hiiji / 300.       Il est venu se marier /
301.       Malkey kah go Malle ga[305] / 301.       Les Mallinké[306] qui sont à Mallé /
302.       Malkey din no na Maali Beero hay / 302.       Ce sont ces Mallinké-là qui ont donné naissance à Mali Bero /
303.       Ni bay da boro bi nda boro kwaaray margu / 303.       Tu sais si un Noir et un Blanc se sont réunis /
304.       I si te kala boro boogu / 304.       Ils deviennent verts[307] /
305.       Maali Beero yah dumo booro fonda[308] no ya / 305.       C’est ce qui fait la beauté de la descendance de Mali Bero /
306.       Hala Malle borey / 306.       Au point que si les gens de Mallé /
307.       Malkey gonda sanni kah i ga i ce nda / Han din hane Zarmey / 307.       Les Mallinké ont une expression avec laquelle ils les appellent / A cette époque-là les Zarma /
308.       I zamu[309] wo / A se no[310] i ga ne / 308.       Leurs louanges / C’est ça qu’on appelle /
309.       “Mallinke kanye” / 309.       “Mallinke kanye”[311] /
310.       Malle wura no i ga ne i se / 310.       On leur dit l’or de Mallé /
311.       Malle wura / 311.       L’or de Mallé /
312.       Nga no i ga Zarmey ce / 312.       C’est comme ça qu’ils appellent les Zarma /
313.       Wi za ma din go ga dooru Surgey ga / 313.       En vérité ce nom-là fait mal aux Touaregs /
314.       Da Surgiizey ka bangu / 314.       Quand les jeunes Touaregs viennent à la mare /
315.       Sombo zaara no bonkoono izo ga sambu / 315.       C’est le pagne de Sombo que le prince prend /
316.       A ga zuru a ga nga ga-hamo tuusu[312] / 316.       Il court il s’essuie le corps /
317.       Surgiize buuna / 317.       Les petits Touaregs de rien /
318.       Ngey mo ma sambu hawey[313] zaarey / 318.       Eux aussi prennent les pagnes des enfants zarma /
319.       I ga ngey ga-hamey[314] tuusu / 319.       Ils essuient leur corps /
320.       Hala a ga koy to kayna / 320.       Après un court moment /
321.       Maali Beero ne bay kulu ma nga baaba yaajo sambu / 321.       Mali Bero a dit à chacun de prendre la lance de son père /
322.       I na zaarey sambu / 322.       Ils ont pris leurs pagnes / /
323.       “I warga taray” / 323.       “I warga taray”[315] /
324.       I ka ga to Malle bango boh[316] / 324.       Ils sont arrivés sur la mare de Mallé /
325.       Maali Beero kah ti Sombo / 325.       Mali Bero qui est Sombo /
326.       A na taaso fansi / 326.       Il a creusé le sable /
327.       A na nga yaajo dah ga daabu / 327.       Il a enfoui sa lance pour la recouvrir /
328.       A ne Surgiizey kulu ma[317] te ya din[318] / 328.       Il a demandé à tous les jeunes Touaregs[319] de faire de même /
329.       A ne Zarmayzey kulu ma te ya dini / 329.       Il a demandé à tous les jeunes Zarma de faire de même /
330.       Zarmayzey kulu ma ngey zaarey[320] te ya din[321] / 330.       Que tous les jeunes Zarma fassent ainsi avec leur pagne[322] /
331.       I go bango ra ga kurma / 331.       Ils sont en train de se baigner dans la mare /
332.       Hay kulu si kala[323] i ga Surgiizey fonnay[324] / 332.       [Quand] tout à coup ils aperçoivent les jeunes Touaregs /
333.       I go ga ka / / 333.       Ils arrivent / /
334.       Kah[325] i ka ga to bango boh / / 334.       Quand ils se sont approchés de la mare / /
335.       I ka ga sambu Sombo zaara bonkoniizo[326] / 335.       Ils sont venus prendre le pagne de Sombo le fils du chef /
336.       Talkayzey[327] sambu talkayzey zaarey / 336.       Les roturiers ont pris les pagnes des roturiers /
337.       Maali zuru ga fatta bango ra / 337.       Mali est sorti de la mare en courant /
338.       A ne a se furu ni fundi[328] / 338.       Il lui a dit : « débarrasse-toi de ta vie » /
339.       A ga[329]… hala a ga ka ga zaara yafa ga ta nga ga / 339.       Avant qu’il ne vienne prendre son pagne /
340.       A tooyanta[330] / 340.       Aussitôt arrivé /
341.       A na kambe nyaajin taaso ra / 341.       Il a enfoui sa main dans le sable /
342.       A na yaaji hinka sambu / 342.       Il a pris les deux lances /
343.       A ka ga to Surgiizey bonkoono ga / 343.       Il est arrivé à côté du chef des jeunes Touaregs /
344.       A na yaajo dah ga a hay bina ra / 344.       Il lui a planté la lance dans le cœur /
345.       A kah a bu[331] / 345.       Il est tombé il est mort /
346.       A ne to[332] Zarmayzey bay kulu[333] kah ta ni[334] zaara koy di yongo[335] fando[336] / Ma bay kah ay ga ay yaajo dah ni ra / 346.       Il a dit : « bon jeunes Zarma tous ceux qui laissent leur pagne arriver sur cette dune-là / Doivent savoir que je planterai ma lance en toi /
347.       Ni[337] mo ma ni yaajo sambu / 347.       Toi aussi tu dois prendre ta lance /
348.       Ma to ni zaara koyo / 348.       Tu atteins celui qui a ton pagne » /
349.       Ma a hay ga zeeri / 349.       Il lui plante sa lance /
350.       No din[338] no i na surgu bonkoono izo wi / 350.       C’est là-bas qu’il a tué le fils du chef touareg /
351.       Nda Zarma[339]… Surgiizey kah na a gana ga[340] koy bangu / 351.       Ainsi que les jeunes Touaregs qui l’ont suivi à la mare /
352.       Han din hane[341] Zarmey gonda tubal[342] iyye / 352.       A cette époque-là les Zarma avaient sept tambours de guerre[343] /
353.       I gonda Nasoro tubaale / 353.       Il a le tambour de guerre Nasoro[344] /
354.       I gonda Karca tubaale / 354.       Il a le tambour de guerre Kaciya /
355.       I gonda Alfu tubaale / 355.       Il a le tambour de guerre Alfou /
356.       I gonda Alfilfilo tubaale / 356.       Il a le tambour de guerre Alfilfilo /
357.       I gonda Alfu tubaale / 357.       Il a le tambour de guerre Alfou /
358.       I gonda Alfilfilo tubaale / 358.       Il a le tambour de guerre Alfilfilo /
359.       I gonda Bonkaano tubaale / 359.       Il a le tambour de guerre Bonkaano[345] /
360.       Nda Sombonkane / 360.       Et Sombonkane /
361.       Kah ti tubaaley kulu i beero[346] / 361.       Qui est le plus grand des tambours de guerre /
362.       Sombo ne i ma[347] Sombonkane kar / 362.       Sombo a demandé qu’on frappe Sombonkane /
363.       I na Sombonkane kar / 363.       Ils ont frappé Sombonkane /
364.       Han din hane Zarmey me a me[348] bari waranza no / 364.       A cette époque l’ensemble des Zarma c’est trente chevaux[349] /
365.       I kulu kaaru ka ga kay[350] / 365.       Ils les ont tous montés et se sont placés /
366.       A ne hankah se ay na arah ce / 366.       Il a dit : « ce pourquoi je vous ai appelé /
367.       Ga ti ay wo na surgiize bonkoono wi / 367.       C’est que j’ai tué le fils du chef touareg /
368.       Nda boro hannayze[351] kah na a gana ga koy bangu kulu / 368.       Et tous les enfants de nobles qui l’ont suivi à la mare » /
369.       Han din hane Zarmey / Bora kah kaaru nda yaarutaray yaarutara ban / 369.       Ce jour-là les Zarma / Celui qui est monté avec courage son courage est fini /
370.       Bora kah kaaru nda safari[352] / 370.       Celui qui est monté avec magie /
371.       Safaro ban / 371.       Sa magie est finie /
372.       Hala a ga koy to kayna / 372.       Après un court moment /
373.       Beene si koy[353] / Ganda laabo mo si fansi[354] ga furo / 373.       On ne peut pas partir par le haut[355] / On ne peut pas non plus creuser la terre pour y entrer /
374.       Surgey ba nd’ey[356] / 374.       Les Touaregs sont plus nombreux qu’eux /
375.       I te mo wangu jiney[357] nd’ey / 375.       Ils sont également plus armés qu’eux /
376.       Maali Beero[358] / 376.       Mali Bero /
377.       A gonda nga bannya fo[359] / 377.       Il a un captif[360] /
378.       Kah se i ga ne Almin / 378.       Qu’on appelle Almin /
379.       Almin din sohance[361] no / 379.       Cet Almin-là est un sohance /
380.       Nga ga ti kottekooni[362] beero[363] /¨ 380.       C’est lui le grand magicien /
381.       Almin ne Zarma[364] kulu ma zumbu ga fanda bariyey / 381.       Almin a dit : « tous les Zarma doivent descendre et laisser les chevaux /
382.       I ma zumbu ga koy subu wi[365] ga kande sohõ tilliiziyo[366] / 382.       Qu’ils descendent pour amener tout de suite de la paille » /
383.       I na subu nyaho[367] wi ga kande ga gusam / 383.       Ils ont récolté la paille ils l’ont emmenée et l’ont entassée /
384.       A ne i ma waasu ga te nga se barma daba[368] / 384.       Il a dit de lui faire rapidement le fond d’un grenier /
385.       I ga barma daba te / 385.       Ils font la base du grenier /
386.       Zarmey go ga sakulla / 386.       Les Zarma sont inquiets /
387.       I ne i ma si te garaasa[369] ma ma / 387.       Ils ont dit qu’il ne fallait pas que le garaasa[370] le sache /
388.       Zama da[371] a ma sohõ a ga koy ci Surgey se / 388.       Parce que s’il l’entendait il irait immédiatement le dire aux Touaregs /
389.       Bora kah garaasa hã / 389.       Celui que le garaasa interroge /
390.       Bora ma ne ay wo si bay hankah no / 390.       Doit lui répondre[372] qu’il ne sait pas ce qui se passe /
391.       Kala i na daba kay / 391.       Jusqu’à ce qu’ils aient tissé le fond /
392.       I na a turu / 392.       Ils l’ont tressé /
393.       Almin ne bay kulu kah go no / Kulu ma furo barma daba ra / 393.       Almin a dit : « que tous ceux qui sont là / Entrent dans le fond du grenier » /
394.       Bora[373] kulu furo barma daba ra / 394.       Tout le monde est entré dans le fond du grenier /
395.       Hala a ga koy to kayna / 395.       Après un court moment /
396.       “Ay kaamah nye tunku” / 396.       “Ay kaamah nye tunku”[374] /
397.       Hala a ga to kayna / 397.       Après un court moment /
398.       Ifo no Almin te[375] ? / 398.       Qu’a fait Almin ? /
399.       Almin ne daba / 399.       Almin a dit le fond [de grenier] /
400.       Haw hinne[376] ga ti a kabiya[377] / 400.       Son seul interdit est une vache /
401.       Han din hane mo / Almin hinne ga bara nda[378] yeeji folloh / Bora kulu furo daba ra / 401.       A cette époque également / Seul Almin possédait un seul taureau / Tout le monde est entré dans la fond [de grenier] /
402.       I dira ga yeejo nah ganda[379] / 402.       Ils sont partis en laissant le bœuf en bas /
403.       Almin gonda nga[380] barzu / 403.       Almin avait un fouet /
404.       A gonda fandu beeri / 404.       Il avait un grand van /
405.       A na daba kar wayna-funay[381] / 405.       Il a frappé la base à l’est /
406.       A na daba kar wayna-kahay[382] / 406.       Il a frappé la base à l’ouest /
407.       A na daba kar azawa[383] / 407.       Il a frappé la base au nord /
408.       A na daba kar dendi[384] / 408.       Il a frappé la base au sud /
409.       Hala a ga koy to kayna / 409.       Après un court moment /
410.       Kala i ga di daba ga gasi nda borey / Amma a si ga kungu[385] / 410.       Au point qu’[on voie que] la base commence a trembler avec les gens / Mais elle ne fait pas de bruit[386] /
411.       Daba ga gasi nda borey / Kala borey kah go a ra ga ne ngey ga fun ga kah / 411.       Le fond [de grenier] tremble avec les gens / Au point que ceux qui sont dedans se disent qu’ils vont tomber /
412.       Borey koli care ga / 412.       Les gens se sont agrippés les uns aux autres /
413.       Almin ka ga   kay daba fuuma[387] boh / 413.       Almin vient se placer au centre du fond [de grenier] /
414.       Fandu beero din kah go a se[388] / 414.       Le grand van qu’il possède /
415.       A na a feeni beene[389] / Kala[390] i di daba na laabo[391] tah / 415.       Il l’a tourné en l’air / Au point qu’on a vu le fond [de grenier] décoller de la terre /
416.       Amma a si ga kungu / Daba koy hala beene ga kay nda borey / 416.       Mais il ne fait pas de bruit / Le fond [de grenier] est monté très haut et s’est arrêté avec les gens[392] /
417.       Garaasa zuru ga ka / 417.       Le garaasa est venu en courant /
418.       A gar[393] a koy ci Surgey se / I ne garaasa ga taari no / Mata[394] kah a ga te ga hawru[395] no ya / Zarmey ga wo ne miila sonko[396] i ma a te ? / 418.       Il se trouve qu’il a déjà averti les Touaregs / Ils ont dit : « le garaasa est un menteur[397] / C’est comme ça qu’il fait pour dîner / Les Zarma peuvent-ils penser à cela [et] à plus forte raison le faire ? » /
419.       Kah daba koy beene / 419.       Quand le fond [de grenier] est monté en haut /
420.       Garaasa ka / 420.       Le garassa est arrivé /
421.       A cilili[398] Sombo se / A ne a se nga te kooro kah dana ganji[399] / 421.       Et a lancé un cri à Sombo / Il lui a dit qu’il est devenu une hyène[400] qui est aveugle en brousse /
422.       Da a goro saajo ra caley ma a hwa / 422.       Si elle reste en brousse les autres vont la manger /
423.       Da a ka kwaara mo a si gomni te feeji kali koyey se / 423.       Si elle vient au village elle ne fera pas non plus le bien des propriétaires de troupeau[401] /
424.       Almin na barzo deena salle a se / 424.       Almin lui a tendu le bout de son fouet /
425.       I na a candi ga dah daba ra / 425.       Ils l’ont tiré et l’ont mis dans le fond [de grenier] /
426.       A ka ga gar Almin / 426.       Il se trouve qu’Almin /
427.       I na gisimayze[402] hawgare / 427.       Ils ont ouvert un sac de grains d’oseille[403] /
428.       Feeri ga gisi barma daba boh / I na funayze kayna fo ka a ga / 428.       Et l’ont déposé sur le fond du grenier / Ils ont fait un petit trou au sac /
429.       A ne Zarmey se iri bora kulu si ban[404] daba ra / 429.       Il a dit aux Zarma que le fond [de grenier] ne peut les transporter tous /
430.       Amma gisimo wo / 430.       « Mais cette oseille /
431.       Nankulu kah arah na a gana / Da kaydiya fatta a ga fatta ga te nya / Nankah ay go no gisima ga ban / 431.       Partout où vous l’avez suivie / Pendant la saison des pluies elle poussera et donnera des arbres / Là où je serai l’oseille finira /
432.       Arah ma a gana arah ga di ay / Amma sohõ bora kulu ma kar ga say subo[405] ra  / Zama a gay-gay kayna Surgey ga ka ne i ga arah kulu alandaaba / 432.       Vous n’aurez qu’à la suivre et vous me verrez / Mais maintenant tout le monde doit se disperser dans la brousse / Parce que dans peu de temps les Touaregs viendront ici ils vous détruiront tous » /
433.       Daba tunanta no ya / 433.       C’est là le départ du fond [de grenier] /
434.       Daba ka Cilkaldo cilkal bosiyey / 434.       Le fond [de grenier] est arrivé à Cikaldo Cilkal Bosiyey[406] /
435.       Daba ka Naafa Dariye / 435.       Le fond [de grenier] est arrivé à Naafa Darié[407] /
436.       Daba ka sa[408]… Tumbutu “kooru” / 436.       Le fond [de grenier] est arrivé à Tombouctou Kooru[409] /
437.       Daba ka Tumbutu “tukunnya”/ 437.       Le fond [de grenier] est arrivé à Toumboutou Toukounya[410] /
438.       Daba ka Adarambuka / 438.       Le fond [de grenier] est arrivé à Adarambouka[411] /
439.       Han kah hane i kani[412] Adarambuka / 439.       Ce jour-là ils ont passé la nuit à Adarambouka /
440.       Maali gonda nga[413] kayne fo / 440.       Mali a un petit frère /
441.       Kah se i ga ne Bolombooti / 441.       Qu’on appelle Bolomboti /
442.       Bolombooti ga ba… beero[414] koytara / 442.       Bolomboti veut la chefferie de son grand frère /
443.       A ka ga gar / 443.       Il se trouve que /
444.       Adarambuka Surgey mo ga laala / 444.       Les Touaregs d’Adarambouka sont dangereux /
445.       Cino ra no a hanna ga fatta[415] daba ra / 445.       C’est en pleine nuit qu’il est sorti de du fond [de grenier] /
446.       Bolombooti koy ne Adarambuka Surgey se / 446.       Bolomboti est parti dire aux Touaregs d’Adarambouka /
447.       Nga beero wo surgiize yah no a wi ga dira Mande / 447.       Que son grand frère avait tué des jeunes Touaregs à Mallé avant de fuir /
448.       Amma i ma ka ga a wi da i na a wi nga[416] wo ne wo gora no ga kaanu nga se / 448.       Mais qu’ils doivent venir le tuer s’ils le tuent cet endroit-là lui est agréable /
449.       Nga ga ba nga ma goro ne / 449.       Il veut rester ici /
450.       Cino ra Maali Beero bay a ga[417] / 450.       Dans la nuit Mali Bero a compris [ce que son petit frère veut faire] /
451.       A ne Zarmey kulu ma tun nda ngey wangu jiney / 451.       Il a dit à tous les Zarma de se lever avec leurs armes de guerre /
452.       Zarmey kulu tun ga kay nda ngey wangu jiney / 452.       Tous les Zarma se sont levés avec leurs armes de guerre /
453.       I kaaru bariyey boh / 453.       Ils sont montés sur leurs chevaux /
454.       I ne Maali se hala[418] ifo no ? / 454.       Ils ont demandé à Mali ce qu’il y avait /
455.       Maali ne i se iri ra no boro fo[419] fatta / 455.       Mali leur a dit : « c’est parmi nous que quelqu’un est sorti /
456.       Ga koy ga ci Surgey se / 456.       Pour aller informer[420] les Touaregs /
457.       Han kah iri go ga te / 457.       De ce que nous faisons /
458.       Sohõ mo ni ga diya[421] bora ga ka nango[422] / 458.       Tout de suite également vous[423] verrez venir la personne ici » /
459.       I go no kala i ga Bolombooti fonnay / 459.       Ils sont là [quand] ils aperçoivent Bolomboti /
460.       A go ga fanah Surgey jine ga ka / 460.       Il vient en rampant devant les Touaregs /
461.       I ka ga maanu daba / 461.       Ils se sont approchés du fond [de grenier] /
462.       Maali nda bari waranza tun kay Surgey ga / 462.       Mali et ses trente chevaux[424] se sont levés devant les Touaregs /
463.       I na i gaaray / No din no Bolombooti zuru i banda[425] / 463.       Ils les ont chassés / C’est là que Bolomboti les a suivis et est parti avec eux /
464.       Bolombooti / 464.       Bolomboti /
465.       Nga nda Maali nya fo i baaba fo / 465.       Lui et Mali sont de la même mère et du même père /
466.       Bolombooti banda / 466.       Les descendants de Bolomboti /
467.       Ngey ga ti Balle kwaarey kah se i ga ne Dawsaana / 467.       Ce sont eux les Touaregs blancs qu’on appelle Daoussana /
468.       Ngey nda Zarmey kulu kaayi folloh / 468.       Eux et les Zarma ont le même ancêtre /
469.       Kah i dira ga a nah / 469.       Quand ils sont partis et l’ont laissé /
470.       Surgu bonkoono mo na nga ize hiijandi a se / 470.       Et le chef touareg l’a marié à une de ses filles /
471.       Ngey ga ti Balley[426] wo kah go ga borey kom Zarma yah no / 471.       Ce sont eux les Touaregs qui se rebellent ce sont des Zarma /
472.       “Yeela wonye saabaababa”[427] / 472.       “Yeela wonye saabaababa”[428] /
473.       I na daba tunandi ga Bolombooti nah / 473.       Ils ont décollé dans le fond [de grenier] et laissé Bolomboti /
474.       I ka ga kani Koobi / Tondi Kanje / Daba ye ga tun kay Koobi / 474.       Ils sont venus passer la nuit à Kobi / Dans le Tondikanje / Le fond [de grenier] a à nouveau décollé de Kobi /
475.       I ka ga kani Sabataaka Zarma-Ganda / 475.       Ils sont venus passer la nuit à Sabataka Zarmaganda /
476.       Daba ye ga tun kay Sabataaka / 476.       Le fond [de grenier] a à nouveau décollé de Sabataka /
477.       I ka ga kani Sargan / 477.       Ils sont venus passer la nuit à Sargan /
478.       Sargan no[429] Maali Beero daba mana ye ga tun kay koyne[430] / 478.       C’est à Sargan que le fond [de grenier] n’a plus décollé /
479.       Zama no din no gisima[431] ban / 479.       C’est là-bas que l’oseille est finie /
480.       Amma kah Maali Beero ka / 480.       Mais quand Mali Bero est arrivé /
481.       Sargan Zarma-Ganda / 481.       Sargan dans le Zarmaganda /
482.       A na Laafarey gar / 482.       Il a trouvé les Lafar /
483.       A na Ciyey gar / 483.       Il a trouvé les Tchi /
484.       A na Lorey gar / 484.       Il a trouvé les Lorey[432] /
485.       Borey kulu za[433] … Zarma no i ga i ce zama zarma sanni no i ga te / 485.       Tous ceux-ci on les appelle Zarma parce qu’ils parlent la langue zarma[434] /
486.       Maali Beero / 486.       Mali Bero /
487.       Han kah hane a ka / 487.       Le jour où il est arrivé /
488.       Zarma sanno / 488.       La langue zarma /
489.       I mana a gar kala nango manti ngey no kand’a / 489.       Ils l’ont trouvée ici ce ne sont pas eux qui l’ont emmenée /
490.       Sulance ciina[435] kah iri ga caw nda / 490.       La langue soninké avec laquelle nous étudions /
491.       Nga no Maali Beero kande ne / 491.       C’est ce que Mali Bero a apporté ici /
492.       Mate ga ti sulance ciina ? / 492.       Qu’est-ce que c’est la langue soninké ? /
493.       Nga ga ti malkey sanno / Zama ni bay Maali Beero nya Malka no / 493.       C’est ça la langue de Mallinké / Parce que tu sais la mère de Mali Bero est Mallinké /
494.       “Yeela wonye zaama…” / A se no da ni na Malka guna nga nda Zarma si fay hay kulu / 494.       “Yela wonye zaama…” / C’est pourquoi quand tu regardes un Mallinké lui et le Zarma ne se distinguent pas du tout /
495.       “Yeela wonye zaamaama” / 495.       “Yela wonye zaamaama” /
496.       Hala a ga koy[436] kayna / 496.       Après un court moment /
497.       Maali Beero / 497.       Mali Bero /
498.       A hay Kandi / 498.       Il a engendré Kandi /
499.       A hay Gooro / 499.       Il a engendré Gooro /
500.       Kandi / 500.       Kandi /
501.       A banda / 501.       Ses descendants /
502.       Nga ga ti Simiri / 502.       C’est Simiri /
503.       Nda Walam / 503.       Et Ouallam /
504.       Han kah hane Sohancey mana ka ga Walam koytara ta / Han din hane Kandi no koytaray / 504.       A l’époque où les sohance ne sont pas venus prendre la chefferie de Ouallam / A cette époque la chefferie appartenait à Kandi /
505.       Ngey mo Sohancey ga fun Sohay ga ka ga i koytara ta i ga / 505.       Eux aussi ce sont les sohance qui sont venus du Sohay leur prendre la chefferie /
506.       Nda Tondikiwindi / 506.       Et Tondikiwindi /
507.       Kandi banda ne / 507.       Voilà la descendance de Kandi /
508.       Gooro / 508.       Gooro /
509.       Nga ga hay Zarmalle / 509.       Il a mis au monde Zarmallé /
510.       Zarmalle hay Maali Kamandugusa / 510.       Zarmallé a mis au monde Mali Kamandouksa /
511.       Maali Kamandugusa hay Taguru a hay Banka / 511.       Mali Kamandouksa a mis au monde Tagourou il a mis au monde Banka /
512.       No din no / Zarmey sintin ga fay-fay[437] / Taguru nda Banka / 512.       C’est à partir de là / Que les Zarma ont commencé à se diviser / Tagourou et Banka /
513.       Nga ga ti Curtaasi nda Dooso borey kaayo / 513.       C’est lui l’ancêtre des gens de Kirtachi et Dosso /
514.       A hay Sejam / 514.       Il a mis au monde Sajam /
515.       Nda Zaam[438]a Seega / 515.       Et Zama Sega /
516.       Toobil fu borey / 516.       Les gens de Tobil-Fou /
517.       Ngey wo Isa Korombe no na i koytara kulu ta / 517.       Eux c’est Issa Korombé qui leur a pris toutes leurs chefferies /
518.       Zama koytaray taaci no i se / 518.       Parce qu’ils avaient quatre chefferies /
519.       Karra / 519.       Karra /
520.       Haw-laawal / 520.       Hawlawal /
521.       Kurfaare / 521.       Kourfaré /
522.       Nda Jabu Cirya / 522.       Et Djabou Tchiriya /
523.       Waati din i kulu zarmakoy yah no / 523.       A cette époque-là ils étaient tous des zarmakoy[439] /
524.       Kah Isara Komba[440] ka… ga nango hwa a na i ta i ga / 524.       Quand Issa Korombé est arrivé pour dominer l’endroit il les[441] a leur prises [de force] /
525.       Ga din no a hay Haali Koda / 525.       C’est à ce moment qu’il a mis au monde Hali Koda /
526.       Haali[442] Koda / Nga ga ti Maali ize kayna[443] / 526.       Hali Koda / C’est lui le fils cadet de Mali /
527.       Maali ize kayna / 527.       Le fils cadet de Mali /
528.       Nga no furo fune gumo / 528.       C’est lui qui fut le plus prolifique /
529.       Zama nga no te banda boobo / 529.       Parce que c’est lui qui a eu beaucoup de descendants /
530.       Maali Koda / 530.       Mali Koda /
531.       A hay Kayniya Mantuuku / 531.       Il a mis au monde Kayniya Mantoukou /
532.       “Yeela nye tunku” / 532.       “Yeela nye tunku”[444] /
533.       ” Yeela nye tunku kamohooni” / Nga binday[445] may nda may[446] ga ti a[447] banda ? / 533.       “Yeela nye tunku kamohooni”[448] / Et lui qui[449] sont ses descendants ? /
(il tousse) (il tousse)
534.       I mana goro kala[450] Surgay / 534.       Ils sont restés chez les Touaregs /
535.       Ifo se ? / 535.       Pourquoi ? /
536.       Waato kah Maali Beero go Sargan ? / 536.       Quand Mali Bero était à Sargan /
537.       A gonda yeeji laalo fo / 537.       Il avait un dangereux taureau /
538.       Yeejo ga te handu hinza-hinza[451] ganji / 538.       Le taureau passait trois mois en brousse /
539.       Kooro si a hwa haw… he… haw[452] ce-beeri si baara[453] / Sanku fa[454] muusu / 539.       L’hyène ne peut le manger l’éléphant n’a pas besoin de lui / A plus forte raison le lion[455] /
540.       Yeejo din no da a ka Sargan / 540.       C’est ce taureau-là s’il venait à Sargane /
541.       A ga sobay ga gooye / 541.       Il continuait à ruminer /
542.       A ga gamsa yah gooye / 542.       Il continuait à ruminer le “gamsa”[456] /
543.       Maali Beero ne da manti kah nga zeenu / 543.       Mali Bero a dit que s’il n’était pas vieux /
544.       Dõ[457] nango kah yeejo go ga fun nda hayo nga ga diya[458] / 544.       Il irait voir l’endroit d’où venait le taureau avec ça[459] /
545.       Izey ne a ma goro ngey no ga koy / 545.       Ses enfants lui ont dit de rester que c’étaient eux qui iraient /
546.       Ize guwo[460] tun ga care gana / 546.       Ses cinq enfants se sont levés et se sont suivis /
547.       I ka ga gar / Hawo da a tun kay nango kala Fooga / 547.       Ils trouvent / Que la vache quitte ici pour Foga /
548.       Fooga si kala Gaya jare ga / 548.       Foga est à côté de Gaya /
549.       No din no hawo ga koy te handu hinza / 549.       C’est là-bas que le vache part faire trois mois /
550.       Ga din no a ga ye ga ka fu / 550.       C’est après cela qu’elle revenait à la maison /
551.       “Yeela wonye zaamaama” / 551.       “Yela wonye zaamaama”[461] /
552.       Hala a ga koy to kayna / 552.       Après un court moment /
553.       Ifo no a te ? / 553.       Qu’a-t-il fait ? /
554.       “Ay kaamah nye tunku” / 554.       “Ay kaamah nye tunku”[462] /
555.       Ga din no i ka i ci baabo[463] se / 555.       C’est ainsi qu’ils sont venus informer[464] leur père /
556.       I ne baabo se amma da a ga yadda ngey se / 556.       Ils ont dit à leur père que s’il était d’accord avec eux /
557.       Dõ ngey wo ga ye no din / Zama no din gora ga bisa nango / 557.       Alors ils retourneraient là-bas / Parce que cet endroit-là[465] est mieux qu’ici /
558.       No din waati din a… waati kulu kaydiya no / Fooga / 558.       Là-bas c’était autrefois tout le temps l’hivernage / A Foga /
559.       Ga ti[466] Bukari tun kay / 559.       C’est ainsi que Boukar s’est levé /
560.       A koy goro Fooga / 560.       Il est parti s’installer à Foga /
561.       Nga nda Buraaci / 561.       Lui et Bouratchi /
562.       Nga[467] nda Cangey sobay ga yanje / 562.       Lui[468] et les Tchanga se battent continuellement /
563.       I tun kay no din / 563.       Ils ont quitté là-bas /
564.       I ne sohõ kay[469] ngey ma ye Doosa do / 564.       Ils ont dit que maintenant ils devaient retourner à Dosso /
565.       Zama ngey si ga ma care kaani / 565.       Parce qu’ils ne s’entendaient pas /
566.       Doosa do ga ti Dooso / 566.       C’est Doosa qui est appelé de nos jours Dosso /
567.       I ye ga ka ga goro Dooso / 567.       Ils sont revenus s’installer à Dosso /
568.       “Gatey kaamah nye tunku” / 568.       “Gatey kaamah nye tunku”[470] /
569.       Ga ti kah bay kulu na nga nangu di / 569.       C’est ainsi que chacun a occupé sa place /
570.       Garce Bukari nda Buraaci / 570.       Garké Boukar et Bouratchi /
571.       Ay ne ni se ngey ga ti / 571.       Je t’ai dit que ce sont eux qui sont /
572.       Curtaasi nda Dooso / A hay Sejam nda Zaama Seega / 572.       Kirtachi et Dosso / Il a engendré Sajam et Zaama Seega /
573.       Toobil fu borey nda Namaari borey / 573.       Les gens de Tobil-Fou et les gens de Namari /
574.       Namaari ga ti Kuure / 574.       Namari est Kouré /
575.       Toobil fu wo i na i koytara ta / Ga din no a hay Haali Koda / Haali mo hay Zam / A hay Yelsan / 575.       Quant à la chefferie de Tobil-Fou on l’a prise de force / C’est à ce moment qu’il a mis au monde Hali Koda / Hali a aussi mis au monde Zam / Il a mis au monde Yelsan /
576.       Coota borey fun Zam ga / 576.       Les gens de Kiota sont descendus de Zam /
577.       Kogori borey fun Yelsan ga / 577.       Les gens de Kogori sont descendus de Yelsan /
578.       Yelsan / 578.       Yelsan /
579.       A mana goro kala kwaara fo surgey laabo ra / 579.       Il est resté dans un village de la région touarègue /
580.       Kah se i ga ne Kogori / 580.       Qu’on appelle Kogori /
581.       Ba sohõ Kogori go no / 581.       Même maintenant Kogori existe /
582.       Kogori kulu mana fun kala no din / 582.       Tout Kogori est venu de là-bas /
583.       “Yeelay kaamah nye tunku” / 583.       “Yeela kaamah nye tunku”[471] /
584.       Hala a ga koy to kayna / 584.       Après un court moment /
585.       “Manta mantarci cibaruuna” / 585.       “Manta Mantarci cibaruna”[472] /
586.       “A day kaamah digo” / 586.       “A day kaamah digo”[473] /
587.       Kah Kogori tun kay / 587.       Quand Kogori s’est levé pour partir /
588.       Kogori borey tun kay i ka ga zumbu Ndunga / 588.       Les gens de Kogori sont venus s’installer à Ndounga /
589.       Kogorey kulu Ndunga no na i jini / 589.       Tous les Kogori c’est Ndounga qui les a précédés /
590.       Han kah hane i ka Ndunga / Fulah fo no i ka ga gar Ndunga gungo din ra / 590.       Le jour où ils sont venus à Ndounga / C’est un Peul qu’ils ont trouvé dans l’île de Ndounga /
591.       A ni… I ne a se hala man no nango ? / 591.       Ils lui ont demandé : « ici c’est où ? » /
592.       Fulaho ne i se dungu / 592.       Le Peul leur a dit : « ndungu » /
593.       Fulah sanni no Ndunga ma ga / 593.       Le nom de Ndounga c’est du fulfuldé /
594.       Dungu ga ti kaydiya / 594.       “ndungu” signifie[474] hivernage /
595.       A ne i se nango wo dungu no i ga ne a se zama waati kulu hari[475] no / 595.       Il leur a dit qu’ici c’est “ndungu” qu’on l’appelle parce qu’il y a tout le temps de l’eau /
596.       I goro no din / 596.       Ils se sont installés là-bas /
597.       “Yeela wonye zaamaama” / 597.       “Yeela wonye zaamaama”[476] /
598.       Hala a ga koy to kayna / 598.       Après un court moment /
599.       Sanni cindo[477] / 599.       Certaines paroles /
600.       Jasara si hin ga a ci kala da i na a sarandi / 600.       Les jasare ne peuvent les dire mais il ne peut que les sauter[478] /
601.       Zama hala i na bi zeeno nyamti / 601.       Parce que si on pince une ancienne plaie /
602.       Da a tun a ga zaari si[479]… i[480] zeena / 602.       Si elle reprend elle sera pire que l’ancienne /
603.       No din no Liboore fatta / 603.       C’est de là-bas qu’est sorti Liboré /
604.       A ka ga te nga[481] koy… kambe koy / 604.       Il est devenu sa propre chefferie /
605.       Liboore koytara / A mana sintin kala Malalay / 605.       La chefferie de Liboré / A commencé à Mallalé /
606.       Hunkuna ga ti koy way cindi taacanta[482] kah go no / 606.       Aujourd’hui c’est le quatorzième chef qui est là /
607.       Hamdillaay / 607.       Hamdallaye /
608.       A mana fatta kala no din Ndunga / 608.       Il vient de là-bas à Ndounga /
609.       Nga mo ka ga te nga kambe wo ne / 609.       Lui est également devenu sa propre chefferie /
610.       Gudel / 610.       Goudel /
611.       Nga mo mana fatta kala no din / 611.       Il vient également de là-bas /
612.       A ka ga te nga kambe koytaray / 612.       Il est devenu sa propre chefferie /
613.       Annasaarey na a ta ga[483] dah Karma / 613.       Les Blancs l’ont confisquée pour la mettre dans Karma /
614.       Baabusaay / 614.       Baboussaye /
615.       Kogori no / 615.       C’est Kogori /
616.       Nga mo annasaarey na koytara ta / 616.       A lui aussi les Blancs ont pris sa chefferie de force /
617.       I na a no Kuure se / 617.       Ils l’ont donnée à Kouré /
618.       “Yeela wonye zaamaama” / 618.       “Yeela wonye zaamaama” /
619.       Borey wo dira ra no iri go hunkuna kah ti annasaarey zabana / Bora kah manti alaasiri / A si furo ga kaayey kulu saarey he. 619.       Ces gens-ci c’est dans leur sillage que nous sommes aujourd’hui qui est l’époque des Blancs / Celui qui n’est pas dénigreur / Ira pleurer sur les tombes de tous ses ancêtres[484].

[1]                Terme d’origine soninké.

[2]                C’est le nom de l’air de moolo (luth à trois cordes) que les jasare jouent généralement aux nobles zarma.

[3]                Le premier nom est un prénom ou plus exactement un surnom qui signifie « vendredi ». Ceci indique qu’il est né un vendredi. Son véritable nom est Idrissa. Le second nom constitue le nom de famille qui est formé avec le prénom du père : il s’agit du surnom de tous les Souley.

[4]                Terme fulfuldé signifiant : « roi ».

[5]                Terme fulfuldé signifiant : « fils ».

[6]                Pour certains nobles de Liboré, Jeliba aurait dû commencer par Hassane Sounna, l’aîné, mais comme il n’a pas été chef de canton, le jasare a préféré commencer par Alzouma Sounna qui l’a été. Le statut prime, selon lui, sur l’âge.

[7]                Le démonstratif « wo » (ceci) a valeur de déictique, puisqu’il renvoie à l’air musical joué.

[8]                Bonto est le surnom de Souleymane

[9]                Terme fulfuldé signifiant : « fils ».

[10]              Lorsqu’il dit que ce Mali est fils de Zabarkane, il s’agit d’une erreur selon Jeliba. Il devrait dire Mali Kamandouksa, alors que Mali Zabarkane est l’ancêtre des Zarma qui se trouvait à Mallé et qui a combattu les Touaregs. Mais peut-être est-ce autre chose qu’une erreur… puisqu’il peut s’agir d’une ellipse avec un saut de plusieurs générations de façon à les relier plus rapidement à l’ancêtre premier (Mali Zabarkane).

Le lien à Zabarkane l’Arabe s’inscrit dans une logique qui pousse de nombreuses familles sub-sahariennes à s’attribuer, à tort ou à raison, une origine arabe. Celle-ci montre le lien au Prophète (dans un de ses récits, Jeliba Baje fait de Zabarkane un compagnon du Prophète) et donc à l’islam. Ceci implique également une couleur de peau plus claire, synonyme de beauté (cf. plus loin « boro boogu »).

[11]              Phrase soninké signifiant : « Si ce n’est pas le temps dangereux ». Il fait référence ici à l’arrivée des Européens, c’est-à-dire à l’époque coloniale.

[12]              « Wi za » est une conjonction de coordination signifiant « en vérité, alors que » : elle infirme un doute sur une croyance en montrant que celle-ci est vraie.

[13]              Parce que Sounna Bonto est mort, le jasare a vu la mort.

[14]              Cette phrase en soninké signifie « la mort ne demande pas ».

[15]              L’action est courante ; c’est pourquoi le jasare emploie l’inaccompli.

[16]              Selon Jeliba Baje, cette phrase signifie que la mort n’a pas pitié (« elle ne prie pas ») et elle n’avertit pas (« elle ne demande pas ») que l’on soit païen ou musulman.

[17]              « Hala » est un subordonnant introduisant une phrase hypothétique. Il est synonyme de « da » (si).

[18]              «  » est employé pour marquer une condition irréelle. Ce terme est alors plus ou moins synonyme d’« alors ».

[19]              Le marqueur du subjonctif est employé pour marquer la relation de conséquence dans une hypothétique.

[20]              Nom à l’indéfini singulier. La marque du pluriel étant déjà indiquée par le nombre (zambar way : dix mille), il n’est pas nécessaire de mettre le nom au défini pluriel.

[21]              Terme d’origine arabe désignant le chef.

[22]              Expression usuelle signifiant « le jour où » (littéralement : « jour / où / jour), alors que l’expression « han din hane » signifie « ce jour-là ». Le complément du temps apparaît généralement en première position.

[23]              Littéralement : « le jour où c’est le vivant ». La forme définie (terminaison en « -a » ; vient de « baafunay » : le vivant) est employée, car le récit se déroule dans le passé : la personne dont on parle étant aujourd’hui morte, le verbe est l’accompli.

[24]              Phrase soninké signifiant : « Quand il était en vie ». « Do ciraana » signifie « le grand jour », un jour important.

[25]              Le verbe « he » signifiant « faire entendre un cri, pleurer » prend ici le sens de « se plaindre ».

[26]              L’indéfini est utilisé, car il s’agit d’un terme générique.

[27]              L’adverbe « mo » (aussi) combiné à la forme négative « mana » (ne…pas) signifie « non plus ».

[28]              Expression soninké signifiant : « Le jour ».

[29]              Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « burnye gama bogu » et qui signifie « la région n’était pas divisée ».

[30]              Nom d’un canton.

[31]              L’action étant terminée, l’aspect accompli est alors utilisé. Le doublet « fay-fayya» (littéralement : « partager-partager, distribuer-distribuer ») est employé, afin de souligner l’idée d’éparpillement.

[32]              Phrase soninké signifiant : « quand il n’a pas cessé de donner ».

[33]              Les émotions sont généralement désignées par des expressions incluant le mot « cœur ». Le cœur est en effet considéré comme le siège des émotions.

[34]              L’expression « tunyah kay » signifie littéralement « se tenir debout ». Elle est très rarement employée dans une expression avec « bina » (cœur). On lui préfère habituellement l’expression « bina tunya» (se fâcher, se mettre en colère) également employée par Jeliba Baje plus tard dans le récit.

[35]              Littéralement : « si son cœur s’est levé ».

[36]              Soit : « Pour rassembler ses sujets ».

[37]              Le connecteur « ga » implique une relation de causalité ; il peut ici être traduit par « pour ».

[38]              Nom au défini pluriel (terminaison en « -ey), car il désigne les gens de Liboré.

[39]              Ici « boro » (personne) est un pronom dont le sens est « celui-ci ».

[40]              Normalement, il faudrait ici faire une pause, de façon à aider à la compréhension.

[41]              Ici, il s’agit de la forme nominale de « boro » (signifiant : « personne ») à la forme définie (terminaison en « -a »). Normalement, « boro » n’est pas utilisé deux fois dans une même phrase.

[42]              Ce verbe prend comme objet un syntagme prépositionnel avec « nda » (avec). Il signifie « se coucher avec », impliquant ainsi l’idée de passer la nuit. Le pronom « » (elle) renvoie au nom « haray » (faim, famine). Cette phrase est une expression proverbiale qui signifie, dans ce contexte, que celui qui n’aime pas Alzouma Sounna aura des problèmes.

[43]              Expression soninké signifiant : « Le grand jour ».

[44]              Le terme « zaari » désigne la journée et s’oppose à « cini », la nuit.

[45]              Le terme « hane » désigne le jour comme entité. L’expression « zaari beero hane » (littéralement : « le grand jour ») est une formule poétique qui marque un événement très important et dont le locuteur sait que le destinataire le connaît. Cette formule correspond plus ou moins à notre « Jour J ».

[46]              Phrase soninké signifiant : « Est monté [sur les gens] », et exprimant la domination.

[47]              « Kah » est le diminutif de « waato ka» (quand) qui renvoie à un événement passé spécifique.

[48]              Littéralement : « Quand tout le pays était debout sur un seul pied ».

[49]              Adjectif insistant sur l’unicité. Il montre que les gens sont comme un seul homme.

[50]              Littéralement : « C’est ce jour-là que lui aussi était debout sur un seul pied ».

[51]              Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « a suti sarey nymme » (il est monté sur les gens). Cette louange désigne le jour où il a dépassé ses ennemis, où il est devenu chef. C’est la louange que lui firent les jasare le jour de son accession au trône.

[52]              « Boh » est une postposition signifiant « sur ».

[53]              « Irkoy » : contraction de « iri koy », littéralement « notre maître ». « Cette expression est plus utilisée que le terme arabe Aalla (Allah), cependant assez usuel » (Olivier de Sardan 1982 : 221).

[54]              En fait, c’est la louange (zamu) que les jasare ont fait à Alzouma Sounna le jour de son élection. A l’époque, cinq personnes briguaient la chefferie et il y avait des conflits. On a dit que Dieu lui-même l’avait choisi parmi les hommes pour l’élire. C’est comme s’il était monté sur tous les hommes, en devenant chef. En fait, la selle correspond au choix. Si l’on détaille les expressions, « la selle de Dieu » désigne la chance. La phrase complète signifie que ce jour-là, il a pu avoir la chance qui lui a permis de dominer : en héritant du pouvoir, il a gagné sa place parmi ses ancêtres.

[55]              Fundi : mis à la forme définie (« -o ») du fait de la présence du possessif « nga » (son, sa), il désigne le principe vital, le souffle de vie.

[56]              « Vendre » dans le sens de « sacrifier ». Il s’est pratiquement sacrifié pour pouvoir honorer (glorifier) le nom de sa famille, car chercher le pouvoir met en danger (il y a la concurrence).

[57]              La contraction du terme « baaba » (père) et du suffixe « -ize » (enfant, petit) désigne les enfants d’un même père et de mères différentes. Ce terme connote également la rivalité : « L’expression du babizeterey par extension, a fini par désigner l’esprit de concurrence qui existe chez les enfants d’un même père et de mères différentes » (A. Diarra, p.46, cité par Olivier de Sardan 1982 : 41).

[58]              Le verbe « fansaya» signifie « libérer contre rançon, racheter, délivrer, affranchir ». Selon Olivier de Sardan (1982 : 130), « La rançon est à la fois échange économique (un homme réduit à l’état de marchandise contre d’autres biens matériels) et un acte symbolique par lequel un esclave est lavé de la souillure de sa condition (dans l’optique de l’idéologie dominante, celle de l’aristocratie) et retourne à l’état de noble, d’homme-libre ». Le verbe « fansaya» signifie donc ici « sauver ».

[59]              Le connecteur « ga » (et, pour) sous-entend une relation de causalité. Ainsi la présence de deux connecteurs dans cette phrase met en évidence l’enchaînement logique des actions.

[60]             En obtenant la chefferie, Alzouma Sounna fait l’honneur et la fierté de toute une famille, car il s’est confronté à ses rivaux (qui pouvaient, selon les croyances, l’éliminer) pour enlever cette fonction. Les jasare lui font cette louange, car depuis longtemps sa famille directe n’avait pas eu accès au trône ; depuis Amirou Balma dont le surnom est Amirou Kondi Kissou, un guerrier réputé. Grâce à lui, tous ceux qui descendent de Sounna Bonto pourront à nouveau briguer la chefferie (c’est ce que signifie l’expression « racheter la vie »). Le terme « baabayize » désigne tous les adversaires, ceux qui ont revendiqué la chefferie en même temps Alzouma Sounna.

[61]              Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « sarey safe » qui signifie : « les gens ont parlé » (« sarey » : gens ; « safe » : parler, dire).

[62]              Par cette phrase allusive, Jeliba Baje signifie que les gens ont beaucoup commenté son accession au trône : certains ont remercié, d’autres ont montré leur désaccord, d’autres encore ont dit qu’il s’agissait d’une élection politique, quelques-uns encore que les gris-gris d’Alzouma l’avaient fait élire, etc. Chacun allait de son commentaire. Ses adversaires, suite à son élection, se trouvent contraints à se soumettre à lui.

[63]              Phrase soninké signifiant : « Si tu as parlé ».

[64]              Le complément du lieu est placé habituellement à la fin de la phrase.

[65]              Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « a na tunkutara iyga » (il a eu la chefferie).

[66]              Conjonction de coordination marquant la durée.

[67]              Phrase soninké signifiant : « il garde la région » (dans le sens de « régner »).

[68]              La construction progressive met l’accent sur l’action en cours et sur la durée : elle ralentit le récit.

[69]              Dans le sens de « protéger ».

[70]              Comme il s’agit d’un terme générique, le nom est à la forme indéfinie.

[71]              La répétition de l’accompli insiste sur le fait que cette époque est terminée.

[72]              Ou dénuement. Par ces différentes phrases, Jeliba Baje montre qu’Alzouma Sounna a porté chance à son village et à son canton.

[73]              Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « a nay kaamah dabe na yega » : « [à l’époque] rien n’avait dominé le village ».

[74]              Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « a nay kaamah dabe na yega » qui signifie « [à l’époque] rien n’avait dominé le village ».

[75]              Phrase soninké signifiant : « merci cela est une grandeur ».

[76]              Expression soninké signifiant : « au grand jour ».

[77]              Pronom possessif. L’emploi du co-référent marque l’équivalence entre le sujet et le possessif.

[78]              Le terme « zabana » indique un grand événement, une époque importante. Il a été traduit dans cette phrase par « temps ». Ce terme est à la forme définie (terminaison en « -a »), car il est précédé par le pronom possessif « nga » (son, sa).

[79]              « zabana » signifie littéralement « partie, part ».

[80]              Phrase soninké signifiant : « il a passé ».

[81]              Le complément du lieu est placé – comme il l’est habituellement – en fin de phrase. Le fait qu’il intervienne après une pause permet au jasare de le mettre en évidence.

[82]              Expression soninké signifiant : « au grand jour ».

[83]              Le marqueur de l’inaccompli est employé, car il s’agit d’un proverbe.

[84]              « Si…kala » : cette expression courante n’est en général pas traduisible. Ici, cependant, elle apparaît comme l’équivalent de « ne…que ».

[85]              Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « wi za wura si hay kala wura » (en vérité l’or n’engendre que l’or). Littéralement, il dit « or une chose pas l’eau…l’or n’engendre que l’or ».

[86]              Bonto est le surnom de Souley. Quant à Sounna, c’est également un surnom. Selon certains informateurs, il s’appellerait Amadou Souley.

[87]              Ce pronom résume l’apposition.

[88]              Littéralement : « sur un seul pied ».

[89]              Expression soninké signifiant : « au grand jour ».

[90]              Selon Jeliba Baje, sa langue a fourché : il aurait dû dire « zabaanu » (terme signifiant « temps » en soninké) à la place de « dabaanu ».

[91]              Selon Jeliba Baje, il a commis un lapsus ; il aurait dû dire : « zabaanu » (temps).

[92]              Phrase soninké signifiant : « il a fait son temps ».

[93]              Cette expression signifie littéralement « son cœur s’est levé » et désigne l’énervement, la colère.

[94]              Littéralement : « quand son cœur s’est levé à Liboré ».

[95]              Phrase soninké signifiant : « qu’a-t-il fait ? »

[96]              Si la reformulation de la question précédente sert à préciser celle-ci, elle est en réalité ambiguë, puisqu’on peut la traduire, d’une part, par « qu’a-t-il laissé à sa descendance ? », et, d’autre part, par « que n’a-t-il pas pu faire ? », car tout ce qu’il n’a pas pu faire est derrière lui. Ainsi, le jasare enjoint-il à sa descendance de réaliser ce que l’ancêtre n’a pu accomplir.

[97]              Selon Jeliba Baje, sa langue a fourché : il aurait dû dire « kuray » (terme soninké signifiant : « guerre ») au lieu de « kurano ».

[98]              Phrase soninké signifiant : « il a chassé la guerre ». Ce terme désigne la bataille qu’il a livrée à Amirou Hima Hamma.

[99]              Expression soninké signifiant : « le grand jour ».

[100]            C’est un dérivé de l’adjectif « kayna » (petit) qui forme avec le suffixe « -e » un nom (cadet).

[101]            « Le fils de son père » , soit son rival.

[102]            Le pronom co-référentiel « nga » (il, elle) renvoie à une personne déjà mentionnée comme le sujet de la même phrase. Ceci permet d’utiles distinctions quand on parle de plus d’une personne. Ici, il marque le discours indirect.

[103]            C’est en fait la fille du grand frère de Bonto Amirou.

[104]            Le défini est employé, car le jasare fait référence à un événement qui est identifié. Ce terme est généralement utilisé quand la rivalité touche deux prétendants d’une fille.

[105]            La consonne euphonique /r/ permet de faire la différence entre « a ma » (il a entendu) et «  a ma a » (il l’a entendu).

[106]            La postposition suit également le pronom relatif « kah » (qui, que, dont).

[107]            Prénom zarma.

[108]            C’est un Zarma Kogori (tout comme Abdou Bassi Kayne), un noble donc, mais il n’appartient, semble-t-il, pas à la chefferie de Ndounga. Il n’a que de lointains liens de parenté avec elle.

[109]            Comme il s’agit d’un état présent, le verbe est à l’inaccompli.

[110]            Surnom.

[111]            Phrase soninké signifiant : « elle est enfant de Liboré ».

[112]            Le nom est à la forme définie, car on sait de qui le jasare parle : Awdi Ceso.

[113]            Terme soninké signifiant : « le prince » ou « la princesse ».

[114]            Le suffixe « -ize » est un diminutif qui signifie : « enfant, petit ». Le nom « beere » a été formé par suffixation « -e » de l’adjectif « beeri » (grand) et désigne l’aîné ou le grand frère. Comme il s’agit d’un enfant parmi d’autres et non d’un enfant unique, le nom est à l’indéfini.

[115]            Phrase soninké signifiant : « a parlé ».

[116]            « Amiiru » est un terme d’origine arabe désignant les chefs musulmans.

[117]            Le terme générique explique l’emploi de l’indéfini.

[118]            Le suffixe « -taray » indique l’état, ici la rivalité qui connote la relation entre les enfants d’un même père et de mères différentes. « Baabiizetaray » signifie littéralement « état d’enfant de père ».

[119]            Celle-ci existe encore aujourd’hui (environ quarante ans après). D’ailleurs, si un membre du clan de Sounna Bonto part régulièrement en visite chez le chef de canton, Karimou Moussa (le fils du grand frère de Amirou Hima Hamma, Moussa Hamma), il suscite la méfiance chez les autres membres du clan.

[120]            Postposition composée de deux postpositions : « game » (entre) et « ra » (dans).

[121]            Le subordonnant « hala » (si) introduit une phrase hypothétique.

[122]            Le défini pluriel est justifié par le possessif.

[123]            Terme hausa (le Sud) désignant les pays d’exode, les pays de la forêt, le plus souvent le Ghana.

[124]           Cette expression d’origine hausa signifiant « ouest » (ou « loin » d’après Rouch, 1956), désigne les pays où les Zarma partaient en exode, notamment le Ghana. Ici le jasare fait probablement référence à celui-ci.

[125]            Contraction de « nangu ka» (un lieu que, là où).

[126]            La langue de Jeliba Baje a fourché. Il s’agit de « koka » (concurrence) et non de « kosa ».

[127]            Jeliba Baje se reprend.

[128]            Pronom renvoyant à Awdi Ceso.

[129]            Dans ce sens, le verbe « sambuya» (prendre, s’emparer de) renvoie à la notion de charge ; quand un homme épouse une femme, c’est comme s’il prend une partie de la famille de sa femme en charge.

[130]            Littéralement, cette expression signifie « tes gens ». Elle désigne plus exactement « ton parent, ta parenté ». C’est la deuxième personne du singulier « ni » qui donne à ce terme sa valeur parentale, puisqu’elle marque la possession. Il s’agit d’une expression très courante à valeur générique, car elle permet de désigner la parenté (cela peut aller jusqu’à l’ami) sans spécifier le type de relation dont il est question.

[131]            Ici « bora » (littéralement : « personne ») a un sens plus précis et désigne un concurrent.

[132]            Les Zarma allaient en exode pour chercher de l’argent afin de conquérir la chefferie ou pour ravir la fiancée de quelqu’un, voire pour lui prendre son champ.

Les gens de Liboré ne veulent pas que le chef donne sa nièce à un villageois de Ndounga, car ils ne veulent pas être la risée de tout le monde du fait qu’on leur a pris une femme.

[133]            Phrase soninké signifiant : « il a dit il a parlé ».

[134]            Mot composé de « boh / ko / ni » (tête / possesseur / dérivatif d’état) signifiant littéralement : « celui qui possède la tête ». L’emploi du terme « tête » vient, d’une part, du turban (fuula) que seul le chef pouvait porter, et, d’autre part, du fait qu’il est devant. « C’est le terme le plus polyvalent et le plus explicite en songhay-zarma pour désigner les chefs. En effet, d’autres noms sont des titres réservés à certains chefs éminents (comme en pays zarma Zarmakoy, chef des Zarma), ou sont d’un usage spécifié et / ou localisé (amiiru dans l’Ouest, maygari à l’Est). Quant à koy, chef, maître, détenteur, il demande toujours à être qualifié (koyra koy, chef du village ; laabu koy : chef de canton). D’autres termes sont employés occasionnellement : albeeri, jine boro, bon » (Olivier de Sardan 1982 : 72).

[135]            Le défini est employé, car il s’agit d’une chefferie précise, celle de Liboré. Le terme est composé de « koy » (chef) et du suffixe « -taray » indiquant l’état.

[136]            L’expression « koytara ceeciya» (chercher la chefferie) désigne les élections et tout ce qui précède l’accession à la chefferie (la rivalité donc). L’expression « koytara hwaya» (manger la chefferie) signifie quant à elle : « accéder au pouvoir, accéder à la chefferie ».

[137]            Sounna Bonto et Amirou Hima Hamma seraient des parents éloignés. Selon Tanda Sounna, Amirou Hamma est l’oncle paternel de Sounna Bonto. Mais cette version est isolée, car pour la majorité des informateurs de Tonkobangou, Hima Hamma serait un enfant de femme et n’aurait par conséquent pas droit à la chefferie, puisque son père serait originaire de Ndounga. Cette version est contredite par Jeliba Baje pour qui Hima Hamma appartiendrait à une maison de Liboré qui aurait droit à la chefferie.

[138]            Conjonction de coordination qui marque le raisonnement et la conséquence. Elle est composée d’un adverbe (ya : ainsi), d’un démonstratif (din : ce…là) et de la postposition (ga : au sujet de) et signifie littéralement : « de cette manière ».

[139]            On voit que le mariage n’est pas la simple union de deux individus, mais celle de deux familles, de deux clans.

[140]            Le suffixe « -ize » signifie « enfant, petit ». Ajouté à un nom de lieu, il désigne les natifs de ce lieu.

[141]            Selon Jeliba Baje, il s’agit d’une erreur. Il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « a safe nga safa game jiri » (il a dit que sa parole ne serait pas levée).

[142]            Phrase soninké signifiant : « il a dit je ne t’ai pas compris ».

[143]            Il s’agit d’un terme générique ; c’est pourquoi l’indéfini singulier est employé.

[144]            Du fait qu’il s’agit d’un proverbe, le verbe est à l’inaccompli.

[145]            Cette parole rappelle le proverbe zarma : « la parole d’un noble est un prêt ».

[146]            La conjonction de coordination « bine » signifie « et, quant à, alors, en effet ». « Nga » (il, elle) est un pronom co-référentiel qui renvoie au sujet de la phrase principale (Amiiru) dans un discours indirect.

[147]            Littéralement : « lui aussi ne répondra plus ».

[148]            Interjection marquant l’accord.

[149]            Phrase soninké signifiant : « si tu nous chasses ».

[150]            En parlant de Ndounga à la place de Bolmay, le jasare montre que le mariage est plus qu’un lien entre deux personnes et qu’il implique toute la communauté.

[151]            Selon Jeliba Baje, sa langue a fourché. Il voulait dire « ni ga mursu » (tu vas perdre). Il se reprend par la suite.

[152]            Phrase soninké signifiant : « il a dit qu’il ne reviendrait pas sur sa parole ».

[153]            Phrase soninké signifiant : « il est devenu rival ».

[154]            Phrase soninké signifiant : « la parole que tu as dite ».

[155]            Littéralement : « les gens de notre concession ». Ce terme désigne la famille au sens large.

[156]            Dans le sens de « famille ».

[157]            Phrase soninké signifiant : « il a fait le travail ».

[158]            Nom désignant la femelle, la femme, par opposition à « aru » (le mâle, l’homme).

[159]            Ici, le verbe « sambuya» (prendre, s’emparer de) signifie « prendre en charge » dans un sens littéral. Autrefois, c’est sur un cheval que l’on transportait la mariée. A défaut de cheval, selon Jeliba Baje, elle était portée par un jasare. Ce verbe est synonyme du deuxième sens de « kubayya» : « 1) aller à rencontrer ; 2) conduire la nouvelle mariée au domicile conjugal. Le cortège donne le signal des fêtes du mariage et symbolise le mariage lui-même ; tant qu’on n’a pas amené la fiancée chez son mari, le mariage n’est pas consommé. C’est cette “conduite” qui marque le changement de statut de la femme » (Olivier de Sardan 1982 : 264).

[160]            Phrase soninké signifiant : « j’ai dit ils ont fait le mariage », soit ils l’ont emmenée.

[161]            Phrase soninké signifiant : « ils l’ont amenée à Ndounga village ».

[162]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « daaba su ma tuunu » (il dit tout le village doit entendre).

[163]            Interpellation.

[164]            La postposition « ga » (de) indique la provenance.

[165]            Ancêtre des aristocrates de Liboré.

[166]            Littéralement, le verbe « kaniyah » signifie « se coucher » et, par extension, « passer la nuit ».

[167]            Le nom « beene » signifie « ciel ». L’adverbe qui en découle désigne donc une direction (en haut), par opposition à celle désignée par la terre (ganda : la terre, en bas).

[168]            « Albarka » est un terme d’origine arabe signifiant « chance, bénédiction, grâce, valeur ».

[169]            Soit celle de Yarou Kourou ; il s’agit d’une malédiction.

[170]            Le terme « wande » désigne la femme mariée au contraire de « wandiyo » qui s’adresse aux jeunes filles célibataires.

[171]            Répétition en trois temps de la même structure syntaxique.

[172]            En réalité, selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « ne laisse rien » (ma si), car il faut tout prendre. Il fait donc ici une erreur.

[173]            L’ordre (femme – cheval – enfant) n’est pas significatif. Jeliba Baje dit l’avoir dit dans l’ordre qui lui venait à l’esprit.

[174]            La postposition renforce le fait qu’il se trouve au bord du fleuve.

[175]            Le nom est à la forme définie, car le marché (habo) est identifié.

[176]            Il voulait dire : « Alzouma Sounna ». Puis, il se reprend.

[177]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[178]            Phrase soninké signifiant : « le jour est arrivé » : lorsque le jour s’est levé, Amirou a regardé autour de lui et il n’a vu aucune trace du village.

[179]            « Fonnayya» signifie « regarder au loin ». Le jasare emploie ce verbe à la place de « gunaya» (regarder), car il veut montrer qu’il n’y a plus rien, même au loin.

[180]            S’il indique ces deux directions, c’est pour montrer qu’il n’y a rien autour d’Amirou.

[181]            Ces deux points cardinaux sont ici désignés par référence à une région : le Dendi qui se trouve au sud et l’Azawa qui est au nord.

[182]            Ces deux points cardinaux sont désignés par référence au soleil : wayna-funay (soleil-venue) et wayna-kahay (soleil-chute). Le deuxième élément du mot composé est lui-même un dérivé par suffixation « -ay » des verbes « funya» (venir) et « kahya» (tomber).

[183]            Expression courante intraduisible. Il s’agit d’une formule emphatique signifiant qu’il est nulle part ailleurs. Ainsi « a si kala Nyamay » est plus ou moins synonyme de « Nyamay no a go » (c’est à Niamey qu’il est), alors que « a go Nyamay » (il est à Niamey) a un sens neutre.

[184]            Forme définie de « dabe » qui signifie « goudron » et, par extension, « route ».

[185]            Le verbe « zulliya» (descendre) implique la notion de profondeur (forme définie de « gooru » : « rivière, ruisseau, vallée »), alors que « doyah » (descendre) n’implique pas forcément la présence d’une pente.

[186]            Cela montre l’étendue du village.

[187]            « Hala » (si) est un subordonnant qui introduit une phrase hypothétique.

[188]            « Dira / nda » : « partir / avec », soit « emporter ».

[189]            « Banda » : postposition signifiant « à part ».

[190]            « Me a me » est une expression signifiant : « d’un bout à l’autre ».

[191]            Contraction de « hari fo » (une chose).

[192]            « Ra » : postposition désignant l’intérieur.

[193]            Phrase soninké signifiant : « j’étais enfant autrefois ».

[194]            Ici à la forme indéfinie « kwaaray » signifie « pur ». « Cimi si dira kala zaari, taari mo si dira kala cini » : « la vérité voyage le jour, le mensonge voyage la nuit ».

[195]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « i na ngey dabo jiri » (ils ont quitté Liboré).

[196]            La suite de deux connecteurs montre la relation de conséquence entre les différentes actions, les verbes ayant le même sujet.

[197]            Ici « kala » est une préposition qui signifie : « sauf ».

[198]            Deux noms qui se suivent impliquent une relation de possession, à condition que le second soit à la forme définie.

[199]            Expression soninké signifiant : « ce jour-ci ».

[200]            Le terme « boro » (personne) est mis à la forme définie, car on suppose qu’il est connu. Il s’agit soit d’une erreur de Jeliba Baje, soit d’une construction qui lui est propre.

[201]            Phrase soninké signifiant : « il a un éloge ».

[202]            Soit Sounna Bonto.

[203]            Dans les proverbes en général, le verbe est à l’inaccompli, car l’action est atemporelle.

[204]            Ce proverbe met en évidence l’héritage. Il est expliqué dans l’analyse.

[205]            « Tanda » lagenaria siceraria, cucurbitacée, calebassier (plante de la calebasse).

[206]            Ce proverbe est expliqué dans l’analyse.

[207]            Phrase soninké signifiant : « ils ont fait leur temps ».

[208]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[209]            Interpellation.

[210]            Le connecteur « ga » sous-entend ici une conséquence, un but et peut être traduit par « pour ».

[211]            Variante zarma. En sohay, on dit plutôt « honkuna » (aujourd’hui).

[212]            Subordonnant introduisant une phrase hypothétique (da : si).

[213]            L’adjectif « bon » renvoie à l’époque de Sounna Bonto. Selon Jeliba Baje, celui-ci n’acceptait pas que l’on brime les pauvres, que les gens puissent être dans le dénuement. Les gens alors vivaient heureux.

[214]            Jeliba Baje explique cette phrase de la manière suivante : Alzouma Sounna a fait son temps ; le temps présent appartient à ses enfants ; s’ils le vivent bien, c’est leur histoire, si c’est mal, cela les concerne. Jeliba Baje s’adresse ici aux enfants (directs et classificatoires) d’Alzouma Sounna.

[215]            Contraction de « hari ka» (une chose que). Il s’agit d’une variation courante (r > n).

[216]            Il s’agit d’un « ni » (tu) générique. Il vise tous les destinataires potentiels.

[217]            Forme définie, car c’est le père de « ize aru » (fils) dont on parle.

[218]            Mot composé de « teyah » (faire) et de « goy » (travail). Ce terme est à la forme indéfinie, car il s’agit d’un nom générique.

[219]            Expression soninké signifiant : « au grand jour ».

[220]            « Zaari beero hane » est une expression littéraire (jour / grand / jour) indiquant un grand événement connu des destinataires, même s’il n’est pas explicitement évoqué.

[221]            Terme soninké signifiant : « ton père ».

[222]            Particule emphatique.

[223]            Forme définie de « baafunay » (le vivant).

[224]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « a gazinde yumba kaamah gay », (il a lutté contre les Européens). Le terme « yumba » désigne le feu. Les Soninké appelaient les Européens « les possesseurs du feu », à cause de leurs armes à feu.

[225]            Le verbe est à l’accompli, car l’action a déjà eu lieu.

[226]            Terme arabe « al-nasara » désignant l’Européen, suivi de la terminaison du défini pluriel « -ey » (les).

[227]            Phrase soninké signifiant : « ce jour-là tu étais prince ».

[228]            Nom composé d’un nom ou d’un surnom (Maydanda) d’origine probablement hausa et d’un qualificatif désignant la relation (baaba : père).

[229]            Maydanda Baaba est un homme de Ndounga qui a lutté aux côtés de Sounna Bonto pour le Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A.).

[230]            Littéralement : « ce sont eux de Liboré / les deux guerriers ».

[231]            « Si…kala » : expression emphatique courante en zarma, le plus souvent intraduisible.

[232]            Selon Jeliba Baje, il a fait ici un lapsus.

[233]            Ndounga Jaaja Kwaara est un village du canton de Dounga.

[234]            Expression soninké signifiant : « à cause de quoi ? ».

[235]            Phrase soninké signifiant : « ils ont fait leur temps ».

[236]            Le verbe « bisaya» (passer, dépasser) est à l’accompli, car l’action est terminée. Le verbe lui-même désigne la limite, la fin. Marquant la transition, il permet au narrateur de passer à un autre personnage. Cette pratique est couramment utilisée par le jasare.

[237]            Selon Jeliba Baje, il veut dire : « Sounna Bonto ». Mais il se reprend et, par la suite, dit : « Bonto Amirou ».

[238]            Phrase soninké signifiant : « lorsque les gens se demandaient (des nouvelles) ».

[239]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé.

[240]            Pronom de réciprocité (care : l’un l’autre). Allié au pronom de la première personne du pluriel « iri » (nous), il signifie « entre nous ».

[241]            Le verbe « hwaya» signifie tant « manger, se manger » que « consumer, détruire, se battre ». Il prend ici cette dernière signification.

[242]            Littéralement « mangions ». Ici « hwa » a le sens de combattre.

[243]            Surnom composé de son titre (amiiru : chef), d’un objet qui le caractérise (kondi : bracelet) et peut-être du nom « kusu » signifiant « marmite » et qui désigne également le pouvoir surnaturel.

[244]            Surnom d’Amirou Balma.

[245]            Canton (département de Tillabéry), à 80km de Niamey, en direction du nord (Fillingué).

[246]            Phrase soninké signifiant : « il a combattu beaucoup de Peuls ».

[247]            Soit les Peuls du Gourma.

[248]            Phrase soninké. Littéralement : « il a pris la guerre pour aller et revenir », soit : « C’est lui qui provoque la guerre ».

[249]            En peu de temps, le jasare répète la même structure syntaxique avec les mêmes termes à l’exception du peuple contre lequel le héros s’est battu. Le peuple est alors nommé mais également désigné par le lieu dans lequel il se trouve. Ces répétitions apparaissent comme une énumération des batailles d’Amirou Kondi Kissou.

[250]            Verbe de modalité marquant le pouvoir. Ici la forme négative marque l’incapacité.

[251]            « Koonu » : adverbe renforçant le pronom de réciprocité et signifiant « uniquement » :

[252]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[253]            Phrase soninké signifiant : « c’est lui qui met le feu à la bataille », c’est-à-dire qu’il la provoque.

[254]            Le préfixe « -i » fait de l’adjectif un nom. « I tejo » signifie « le nouveau ».

[255]            Subordonnant introduisant une phrase hypothétique (da : si).

[256]            L’emploi du pronom « ni » (tu) générique est typique des formules proverbiales.

[257]            Le verbe est à l’inaccompli, car il s’agit d’une action inhabituelle.

[258]            « Ma » : contraction de la forme subjonctive (ma) et de la deuxième personne du singulier (ni). Le subjonctif est employé, car il s’agit d’un ordre.

[259]            Comme le terme a déjà été mentionné, il est mis à la forme définie.

[260]            Construction proverbiale.

[261]            Profonde.

[262]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[263]            La postposition « ga » signifie : « sur, contre ».

[264]            L’expression « bina tun » (littéralement : « le cœur s’est levé ») désigne l’exaltation, la colère et l’énervement.

[265]            Selon Jeliba Baje, ce bracelet est dangereux, car il y a inséré des « médicaments » (magie).

[266]            C’est à la fois un ornement et un gris-gris. Lorsqu’il va attaquer, comme il est énervé, il remonte son bracelet du coude vers l’épaule. Cet acte montre sa force.

[267]            Contraction de « nangu kulu » (l’endroit / tout) qui signifie : « partout ».

[268]            La postposition suit également le pronom relatif auquel elle réfère.

[269]            La construction progressive met l’accent sur le cours de l’action.

[270]            Postposition à valeur de conjonction de coordination (binde : or).

[271]            « Duyah ga » : verbe de modalité désignant le pouvoir. Ce verbe se différencie de « hinyah ga » (également traduit par « pouvoir »), dans la mesure où il désigne la potentialité de faire une chose, tandis que « hinyah ga » désigne le fait d’être en état de la faire. En se plaçant du côté des morts, on se situe du côté de la possibilité et non de la pratique.

[272]            Il s’agit d’une construction littéraire des jasare, car elle est métaphorique : le locuteur compare les gens à des tombes pour dire qu’ils sont morts. Ainsi il les tue tous d’un regard.

[273]            « I » (ils, elles, on) générique.

[274]            L’expression « kambe hwaaro » (littéralement : « bras / nourriture ») désigne la main avec laquelle les gens mangent.

[275]            L’expression « kambe wo » (littéralement : « bras / démonstratif « ce ») désigne la main que l’on n’évoque pas, car c’est avec celle que l’on s’essuie lorsqu’on va aux toilettes. Ces deux expressions (cf. note précédente) distinguent non seulement les deux mains, mais également les directions gauche et droite.

[276]            Phrase soninké signifiant : « il a fait son temps ».

[277]            Phrase soninké signifiant : « il a envahi beaucoup de villages ».

[278]            Expression soninké signifiant : « le grand jour ».

[279]            Phrase soninké signifiant : « quand il est devenu chef ».

[280]            La question « may nda may ? » (qui et qui ?) montre que la question concerne plusieurs personnes. Le pluriel aurait été possible (mayya?), mais dans la région de Niamey on préfère le redoublement du mot interrogatif.

[281]            Littéralement : « qui et qui ».

[282]            Il s’agit, selon Jeliba, du fils direct de Zabarkane. Sombo est son nom propre, tandis que Mali Bero est un surnom : comme il venait du Mali et qu’il était le chef, on l’appela ainsi « Mali le grand ».

[283]            La présence du quantifieur « kulu » (tout) montre l’exploit de Mali Bero qui a tué tous les Touaregs.

[284]            Phrase soninké signifiant : « ils leur ont parlé ».

[285]            Le nom est mis au défini pluriel, car le jasare parle d’un groupe spécifique.

[286]            Travailleurs du cuir.

[287]            « Amma » (mais) est une conjonction de coordination. Elle met en évidence l’opposition avec la phrase précédente. Le narrateur insiste ainsi sur le comportement en règle des Zarma qui récompensent les « clients », quelle que soit leur origine ethnique. L’attitude des Touaregs contraste avec celle des Zarma. Elle n’apparaît par conséquent pas convenable. Ainsi, par cette phrase, le jasare précise la relation de dépendance qui lie garaasa au Zarma.

[288]            La troisième personne renvoie au garaasa. La lamentation est sa façon de quémander.

[289]            « Tanga zooru » : aller et venir dans une direction, puis dans une autre, sans ordre apparent.

[290]            Si le garaasa veut qu’on lui donne quelque chose, il demande aux Zarma de l’applaudir et il va danser. L’expression « va-et-vient a vu le malheur » vient du fait que, quand il dansait, il disait cela ; c’est-à-dire qu’il a fait assez de va-et-vient pour trouver à manger.

[291]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[292]            Contraction du prénom « Sombo » et du nom commun « ize » (enfant). « Sombayze » désigne le fils de Sombo.

[293]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il aurait dû dire « Sombo », qui est le nom propre de Mali Bero.

[294]            Selon Jeliba Baje, il voulait dire : « zaamaama » (terme soninké signifiant : « moment »).

[295]            Selon Jeliba Baje, c’est un lapsus : il aurait dû dire « yeela wonye zaamaama »  (après un court moment).

[296]            Contraction de « hari kulu » (chose / tout), terme signifiant : « tout ».

[297]            Nom composé de « do-ndaya» (se moquer), de « care » (pronom de réciprocité) et du suffixe résultatif « -ay » à la forme définie. Le nom « do-nda-caro » signifie « la moquerie ».

[298]            « Ganji » : ce terme désigne la brousse, mais également le génie, l’esprit, le lieu de ces derniers étant la brousse.

[299]            L’article indéfini « fo » signifie ici « un certain ». Il met l’accent sur le syntagme nominal dont il est le déterminant.

[300]            « Wo din » : ces deux démonstratifs qui se suivent désignent quelque chose de lointain dans le temps ou dans l’espace. Au contraire, « wo ne » (ceci, celui-ci) désigne la proximité.

[301]            Marque du comparatif.

[302]            Terme d’origine arabe « addunya » qui signifie : « monde ».

[303]            Selon Jeliba Baje, il voulait dire : « Mali Beero ».

[304]            Il se reprend.

[305]            « Ga » : postposition signifiant tant « sur » que « contre » ou « devant ». Le syntagme nominal dans son entier est une apposition qui est résumée en quelque sorte par le sujet suivant.

[306]            Ou Mandingues.

[307]            Littéralement : « ils deviennent un être vert ».

[308]            Nom désignant la provenance, l’origine. C’est le métissage qui est à l’origine de la beauté des Zarma.

[309]            Le verbe « zamuya» signifie « louer ». Le nom « zamu » désigne tant la louange que le nom de louange. On peut prononcer ce nom de deux manières : « zamu » ou « zammu ». Cette dernière forme est plutôt d’origine sohay, tandis que la première est plutôt employée par les Zarma. Comme Jeliba Baje fréquente régulièrement différentes régions, il utilise indistinctement l’une ou l’autre prononciation.

[310]            L’ordre inhabituel de la phrase, avec la présence en première position du complément d’objet indirect, permet au jasare de souligner l’information contenue dans celui-ci.

[311]            Expression soninké signifiant : « or du Mandé » ou « or de Mallé ».

[312]            La profération de ces deux phrases sans pause musicale (le jasare ne baisse la voix qu’à la fin de la deuxième phrase) marque une séquence événementielle chronologique.

[313]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « borey » (les gens) à la place de « hawey » (les vaches).

[314]            Mot composé de « ga » (corps) et « ham » (viande, chair).

[315]            Phrase soninké signifiant : « ils partaient ».

[316]            « Bo» : postposition signifiant « sur ».

[317]            Le subjonctif est employé, car c’est une injonction polie.

[318]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé.

[319]            Il s’agit d’une erreur de Jeliba Baje, qui se reprend au vers suivant.

[320]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « yaajey » (les lances) à la place de « zaarey » (les pagnes).

[321]            La particule emphatique « ya » (ainsi) ajoutée au démonstratif « din » (ce…là, celui-là) forme une expression signifiant « ainsi, comme ça ».

[322]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il aurait dû dire « lance » à la place de « pagne ».

[323]            Expression emphatique courante en zarma mais généralement intraduisible.

[324]            Le verbe « fonnayya» marque la distance, car il signifie « regarder au loin ».

[325]            Diminutif de « waato ka» (quand) : il se réfère à un événement particulier du passé.

[326]            Le suffixe « -ize » (enfant) précise qu’il ne s’agit pas du chef, mais de son fils.

[327]            « En fait, tantôt talaka s’oppose à koy-ize (“fils de chef”, c’est-à-dire aristocrate) et désigne les hommes libres exclus du pouvoir, les simples sujets (ou même les tributaires) ; tantôt talaka connote le dénuement, la pauvreté et devient synonyme d’alfukaaru. Ces deux acceptions reflètent peut-être deux époques différentes : aujourd’hui, et surtout en ville, talaka signifie plutôt “pauvre” (et même “paysan pauvre”, avec la nuance de mépris du petit bourgeois urbanisé qui parle des “péquenots”, ces “pauvres types”…). Par contre il semblerait (bien que l’unanimité ne soit pas faite à ce sujet) qu’avant la colonisation talaka s’appliquait plutôt aux roturiers. Parfois enfin talaka prend des significations intermédiaires, telles que “client”, dépendant, serf… » (Olivier de Sardan 1982 : 348-349). Dans le cas de notre récit, c’est dans le premier sens proposé par Olivier de Sardan que le terme « talaka » doit être compris.

[328]           Furu ni fundi : littéralement « jette ta vie ». Mali Bero compare son pagne à la vie de la personne qui le lui a pris. Cette métaphore montre que, pour lui, son pagne a la même valeur que sa vie. Il sous-entend donc qu’il tuera son rival, si ce dernier ne jette pas son pagne. Sachant que la nudité n’est possible que pour les jeunes enfants, c’est son honneur qu’il défend.

[329]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire : « a ga ho » (il suppose que, il a l’intention, de, il veut, il décide que, il espère).

[330]            Le suffixe « -ante » (à la forme définie) fait du verbe un adjectif, voire un nom comme c’est le cas ici pour « tooyanta » (arrivée) qui est précédé par un déterminant « a » (son, sa).

[331]            La suite de ces deux phrases simples montre l’enchaînement chronologique des actions.

[332]            Interjection marquant l’approbation.

[333]            Contraction de « boro kulu » (homme / tout) signifiant : « tout le monde ».

[334]            « Ni » (tu) générique. Mali Bero s’adresse donc à tous les Zarma présents.

[335]            « Yongo » : adverbe de lieu signifiant : « là-bas, au loin » :

[336]            Forme définie de « fandu » (colline), car on parle ici d’une colline spécifique. L’adjonction de ce deuxième complément de lieu précise le premier, plus vague, « yongo » (là-bas, au loin).

[337]            Ou « nin mo » (toi aussi), car la forme emphatique est employée lorsqu’un pronom est suivi de l’adverbe « mo » (et, aussi)

[338]            Le complément de lieu « no din » (là-bas) est renforcé par l’attribut « no » (être). Ici il est placé au début de la phrase, ce qui le met en évidence et en souligne son importance pour le reste de la phrase.

[339]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il se reprend par la suite.

[340]            Le connecteur sous-entend une relation de conséquence entre les deux verbes ayant le même sujet.

[341]            Le complément de temps (« han din hane » : ce jour-là) est généralement placé en début de phrase.

[342]            Terme d’origine arabe ou tamasheq désignant un tambour de guerre. « Le tubal, frappé par les esclaves du chef, servait à annoncer une bataille, mobiliser les combattants des alentours, galvaniser les énergies des guerriers. […] Détenu par certaines chefferies seulement le tubal est en fait devenu le symbole des chefferies prestigieuses, l’emblème de leur autorité, le signe de la légitimité. Les aventures du tubal légendaire de Maali Beero (l’ancêtre de référence de l’aristocratie zarma) en témoignent : volé par un fils cul-de-jatte (fanaka) évincé de la succession, qui sera l’ancêtre de l’actuelle chefferie de Dosso, il fait l’objet d’une bagarre générale, au cours de laquelle il tombe pour toujours au fond du puits de Dosso […]. Ce tambour en or avait un nom, Sombonkaan, et aurait été le plus prestigieux des sept tubal anciens des Zarma, qui auraient correspondu à sept “maisons” d’origine (cf. DL, p.18-19).

En cas de scission à l’intérieur d’une famille régnante, c’est la branche qui a gardé le tubal qui bénéficie d’un surcroît de légitimité, la détention matérielle du tubal s’ajoutant ainsi aux arguments généalogiques (invoquer comme ancêtre le fils aîné et non le fils cadet, le frère et non la sœur – cf. ariize). » (Olivier de Sardan 1982 : 367)

[343]            Six des sept tambours de guerre sont au Mali d’après Jeliba Baje. Le seul qui se trouve au Niger, c’est Sombonkane qui est à Dosso. La raison en est, selon Jeliba Baje, qu’à leur arrivée à Dosso, les Zarma l’ont laissé choir dans un puits de pierres, par crainte d’un larcin. Une autre version explique cette présence dans un puits par la fuite des Zarma lors d’une attaque peule.

[344]            Jeliba ne connaît pas l’origine de ce nom.

[345]            Normalement, selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « bonkaano bilbilo tubaale » (le tambour de guerre de Bonkaano Bilbilo).

[346]            Le préfixe « -i » fait de l’adjectif un nom. « I beero » signifie « le grand ».

[347]            L’ordre donné en discours indirect est exprimé par le subjonctif.

[348]            L’expression « me a me » (également prononcée « me nda me ») signifie : « d’un bout à l’autre, complètement ».

[349]            Soit : « ils n’ont que trente chevaux », métonymie pour parler des cavaliers.

[350]            La suite de connecteurs « ga » (et, pour) reliant des verbes ayant le même sujet, implique une relation de causalité entre les différentes actions.

[351]           Le suffixe « -ize » est un diminutif signifiant « enfant, fils, petit ». « Boro hanno » désigne quelqu’un de bien. « Henne a ici une fonction laudative ou superlative. Il sous-entend que celui dont on parle est en haut d’une échelle de valeurs (explicite ou implicite), quelles que soient ces valeurs, que le contexte précisera. […] Les griots (jesere) “appellent” (ce, ici : récite les généalogies) les gens “bien nés”. […] Si d’un point de vue moral les bor henne représentent les gens respectables, à qui l’on peut faire confiance, d’un point de vue socio-politique les bor henne sont ceux que le jargon colonial appela les “notables”. Cette juxtaposition des deux sens n’est peut-être pas innocente… » (Olivier de Sardan 1982 : 201-202)

[352]            Terme désignant à la fois les médicaments et la magie, les deux étant liés à la médecine locale.

[353]            Construction passive courante signifiant : « on ne peut pas partir par le ciel ».

[354]            Construction passive identique à la précédente.

[355]            Dans le sens qu’ils ne peuvent voler.

[356]            Contraction de « nda ngey » (avec eux).

[357]            Jinay : affaire, chose. Suivant le contexte, ce terme peut prendre un sens plus précis. C’est ainsi qu’ici le complément du nom « wangu » (guerre) aide à préciser le terme générique lui faisant acquérir le sens d’armes de guerre.

[358]            Apposition. Elle est résumée en quelque sorte au début de la phrase suivante par le pronom « » (il, elle).

[359]            « Fo » est un article indéfini signifiant « un certain ». Avec cet article, il met l’accent sur un captif particulier qui est défini par la suite (cf. pronom relatif « ka»). En fait, l’article annonce qu’il va être défini.

[360]            Les horso ont des secrets magiques qui dépassent ceux des nobles. Almin est un horso selon les versions connues. Jeliba Baje en fait un sohance. On peut interpréter ce changement par le fait que Jeliba cherche à mettre en évidence les pouvoirs magiques d’Almin qui se rapprochent de ceux des maîtres-magiciens que sont les sohance.

[361]            En fait, Jeliba Baje parle d’un « sohance » (maître-magicien) pour désigner quelqu’un ayant de grands pouvoirs magiques. Almin, en vérité, est un horso (captif de case). Il s’agit donc d’une métaphore qui renforce le pouvoir d’Almin par emphatisation.

[362]            Le suffixe « -kooni » désigne la personne à qui la racine appartient. « Kottekooni » signifie « celui qui utilise la magie ».

[363]            L’adjectif (beeri : grand) est à la forme définie (terminaison en « –o »), car le nom renvoie à quelqu’un dont on a déjà parlé.

[364]            Grammaticalement, on s’attendrait à ce que « Zarma » soit suivi par la terminaison du défini pluriel (« -ey » : les) à cause du quantifieur « kulu » (tout).

[365]            « Wiyah » est un verbe qui signifie : « 1) tuer ; 2) récolter ». C’est dans ce dernier sens qu’il est utilisé ici.

[366]            Onomatopée (avec la présence du suffixe « -ize » (petit)) indiquant la petitesse. Aujouté à l’adverbe « sohõ » (maintenant), elle prend ici une valeur temporelle en désignant l’instant présent. « Sohõ tilliiziyo » signifie « tout de suite ».

[367]            « Nya » est un nom qui signifie : « 1) mère ; 2) arbre ». C’est dans ce dernier sens qu’il est utilisé ici.

[368]            Ce syntagme nominal désigne une base de grenier en paille surélevée par des piquets en bois fourchu de façon à ce que le grenier soit protégé des animaux.

[369]            « Le garaasa est ainsi celui qui n’a jamais honte, l’homme impudent et sans vergogne par excellence. C’est un peu l’archétype du captif, l’antipode du noble. Le garaasa quémande, vole, injurie, et nul ne peut lui faire confiance : tel est le portrait qu’on fait habituellement de lui. Le garaasa est ainsi bloqué dans un rôle social auquel il lui est difficile d’échapper. Et pourtant il ne s’agit pas d’un esclave situé au bas de l’échelle sociale : par sa condition, le garaasa scandalise d’autant plus qu’il est libre et habile […]. » (Olivier de Sardan 1982 : 156)

[370]            A l’origine, les garaasa étaient touaregs. Certains ont suivi Mali Bero, car les Zarma étaient généreux.

[371]            Ce subordonnant (da : si) introduit une phrase hypothétique.

[372]            Littéralement : « dire ».

[373]            Comme il s’agit d’un terme générique désignant un ensemble très large, il peut être laissé au singulier malgré le quantifieur (kulu : tout). En fait, le singulier met l’accent sur l’ensemble des gens et non sur les gens eux-mêmes.

[374]            Phrase soninké signifiant : « ce jour-là il était chef ».

[375]            Le verbe est à l’accompli, car il renvoie à des événements passés.

[376]            L’adverbe « hinne » (seulement, uniquement) marque une restriction.

[377]            Ce terme désigne l’interdit, le totem.

[378]            Construction désignant la possession (barayah nda : avoir, posséder).

[379]            « Ganda » signifie à la fois « terre » et « en bas ».

[380]            La possession est ici marquée par le verbe « avoir » (gonda) et le pronom possessif  « nga » (son, sa).

[381]            L’expression « wayna-funay » (soleil-venue) désigne le levant, soit l’Est.

[382]            L’expression « wayna-kahay » (soleil-chute). Désigne le couchant, soit l’Ouest.

[383]            Le Nord est désigné par une région située au nord du Niger (Azawa).

[384]            Le Sud est désigné par une région située au sud du Niger (Dendi).

[385]            Onomatopée désignant un bruit ressemblant à l’hélicoptère.

[386]            Le terme « kungu » désigne le bruit de l’avion. Jeliba Baje précise qu’il ne le compare pas à un avion, ainsi on ne peut le traiter de menteur.

[387]            Fuuma : terme signifiant : 1) nombril ; 2) commencement ; 3) origine ; 4) centre. C’est dans cette quatrième acception que « fuuma » doit ici être compris.

[388]            Expression désignant la possession.

[389]            Beene : terme signifiant : 1) ciel ; 2) en haut.

[390]            Conjonction désignant le résultat.

[391]            Le terme « laabu » signifie en premier lieu « la terre, le sol », mais il peut également désigner la région, le canton.

[392]            Soit : « le fond de grenier a cessé de monter ».

[393]            Contraction de l’expression impersonnelle « a ka ga gar » (il s’est trouvé que).

[394]            Il s’agit de la forme définie de « mate » (manière).

[395]            Préparation à base de mil qui est le plat quotidien des Zarma, « hawru » désigne tant l’action (le verbe « hawruya» signifiant « prendre le repas du soir ») que le plat (pâte un peu solide que l’on consomme accompagnée d’une sauce à base de végétaux).

[396]            Adverbe prononcé « sanku », « sanku fa » ou « soko » (en sohay) : « à plus forte raison ».

[397]            Littéralement : « c’est le garaasa qui ment ».

[398]            Le verbe « cililiya» est construit à partir d’une onomatopée et signifie : « acclamer, pousser des “yous-yous” ».

[399]            Le terme « ganji » désigne la brousse éloignée, au contraire de « saaji » qui, généralement, fait référence à la brousse proche du village et que l’on peut défricher temporairement au moment des cultures. Ici, cependant, ces deux termes paraissent être des synonymes, puisque le jasare utilise indistinctement « ganji » et « saaji » pour le même référent.

[400]            L’hyène est gourmande, elle ne se montre pas digne. Elle est donc semblable au garaasa qui mange chez tout le monde.

[401]            Ce proverbe met en évidence la situation difficile dans laquelle se trouve le garaasa. Il est ici comparé à l’hyène. S’il reste parmi les Touaregs (désignés par la brousse, puisqu’ils sont nomades), ceux-ci vont le tuer, car il n’est pas venu les avertir assez vite. Mais les Zarma (désignés par le village, puisqu’ils sont sédentaires) risquent de ne pas le vouloir auprès d’eux, car ses bavardages les dérangent.

[402]            Le suffixe « -ize » (enfant, petit) désigne dans ce contexte le fruit de l’oseille de Guinée (gisima).

[403]            Oseille de Guinée.

[404]            Cette construction syntaxique passive relève d’un niveau de langue élevé. On peut traduire littéralement cette tournure par « tout le monde ne va pas finir » ; ce qui signifie qu’il restera toujours quelqu’un à l’extérieur du fond de grenier.

[405]            « Subo » signifie habituellement « herbe ». Ici, ce terme prend un sens plus large et désigne la brousse.

[406]            Ce lieu se trouve au Mali. Il s’agit soit d’un nom de village, soit d’un nom de mare.

[407]            Ce lieu se trouve au Mali (idem).

[408]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé.

[409]            Expression soninké signifiant : « Tombouctou le grand ».

[410]            Littéralement « Tombouctou le petit » (terme soninké). Il s’agit d’une ville située au Mali.

[411]            Ce village est situé au Niger, dans le département de Tillabéry (arrondissement de Fillingué).

[412]            Le verbe « kaniya» signifie « se coucher », mais également « passer la nuit ».

[413]            « Nga » (son, sa) est un déterminant possessif.

[414]            « Beero » signifie « grand » (beeri + terminaison du défini singulier « -o ») en taille, mais il peut également avoir le sens d’« aîné » (beere). C’est le cas ici avec la dérivation par suffixation du nom « -e » (terminaison du défini singulier « -o »).

[415]            Le verbe « hannayah » signifie « passer une partie de la nuit ». Le connecteur « ga » (et, pour) relie le verbe qui suit « fattaya» (sortir) avec le premier. La construction « a hanna ga fatta » (il est parti en pleine nuit, il a quitté nuitamment) est surtout fréquente en sohay.

[416]            Pronom co-référentiel renvoyant à Bolomboti, le locuteur de cette parole. Il s’agit donc d’un discours indirect.

[417]            La postposition « ga » signifie ici : « au sujet de, à propos de ».

[418]            Le subordonnant « hala » (ici intraduisible) introduit une question dans un discours indirect.

[419]            Ici « fo » désigne le chiffre un.

[420]            Littéralement : « dire ».

[421]            L’adjonction de la diphtongue /y/ entre les deux voyelles est nécessaire pour respecter les règles du Service d’Alphabétisation.

[422]            « Nango » est un complément de lieu construit par la contraction du nom « nangu » (lieu, endroit) et du démonstratif « wo » (ceci).

[423]           Littéralement : « tu verras ». La deuxième personne du singulier a ici valeur générique. C’est pourquoi elle a été traduite par la deuxième personne du pluriel.

[424]            Métonymie désignant les guerriers, les cavaliers.

[425]            Le terme « banda » signifie tant « dos » que « derrière (postposition) ». Il doit être compris ici dans son deuxième sens.

[426]            Le nom « balley » désigne les Touaregs blancs et noirs. Les Touaregs blancs sont désignés par le terme « surgey », alors que les Touaregs noirs (les Bouzou) sont appelés « balle bi » en zarma (littéralement : « Touaregs noirs »).

[427]            Selon Jeliba Baje, sa langue a fourché : il aurait dû dire « yeela wonye zamaama » (après un court moment).

[428]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[429]            Le complément du lieu, habituellement placé à la fin de la phrase, est ici placé en début. C’est une manière pour le narrateur de le mettre en évidence. Ceci est renforcé par la présence de l’attribut « no » (c’est) situé immédiatement après le complément de lieu.

[430]            L’adverbe de manière « koyne » (encore) accentue habituellement la répétition. Ajouté ici à la négation « mana » (ne…pas), il marque la fin de la répétition.

[431]            L’oseille de Guinée (Hibiscus sabdariffa s.s. Malvaceae) pousse à l’état sauvage ou se sème. On utilise ses feuilles pour la sauce qui accompagne la pâte de mil. Le fruit est à la base d’un condiment (maari : soumbala).

[432]            Il a oublié les Dakalé.

[433]            Il s’agit d’une hésitation discursive.

[434]            Littéralement : « parce que c’est la langue zarma qu’ils parlent ».

[435]            Le terme « ciine » et le terme « sanni » sont synonymes. Tous deux désignent la parole, la langue.

[436]            Il oublie de prononcer le verbe « toya» (atteindre, arriver) sous la forme conjuguée.

[437]            Quand un verbe est doublé, il désigne une action répétée ou continue d’intensité réduite. Le verbe « fayyah » (distribuer, partager), lorsqu’il est doublé, signifie alors « se diviser, s’éparpiller ».

[438]

[439]            Littéralement : « chef des Zarma ».

[440]            Selon Jeliba Baje, sa langue a fourché. Il voulait dire : « Isa Korombe ».

[441]            Les chefferies.

[442]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire « Haali » à la place de « Maali ».

[443]            L’adjectif « kayna » (ici à la forme définie), qui signifie habituellement « petit » est ici associé au nom « ize » (enfant, petit) et désigne le cadet.

[444]            Phrase soninké signifiant : « lorsqu’il est devenu chef ».

[445]            « Binday » est une variation de la postposition « binde » (et, quant à, alors, en effet). Les Zarma disent généralement « binday » et les Sohay « bine ».

[446]            Le mot interrogatif est redoublé (may nda may : qui et qui ?) de façon à indiquer qu’il y a plusieurs personnes. Le pluriel pourrait être également utilisé (mayyah) même si, dans la région de Niamey, les gens préfèrent le redoublement.

[447]            « A » (son, sa) est un possessif.

[448]            Phrase soninké signifiant : « s’il est devenu chef c’est qu’il l’a trouvé ».

[449]            Littéralement : « qui et qui ».

[450]            « Mana…kala » est une expression emphatique (ici le verbe est à l’accompli) couramment employée mais qui ne peut être rendue en français.

[451]            Le redoublement d’un chiffre indique ici la durée (handu hinza hinza : pendant trois mois).

[452]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé.

[453]            La consonne /r/ permet de distinguer « a ba a » (il l’a aimé / voulu) de « a ba » (il a aimé / voulu).

[454]            L’adverbe « sanku fa » renforce ce qui le suit et signifie : « à plus forte raison ».

[455]            Mali Bero protège son bœuf à l’aide de magie, afin que tous les animaux qui peuvent lui nuire restent impuissants.

[456]            Arbre à fruit : parinari macrophylla. (gamsa ize : fruit de cet arbre ; gamsa bali : Amande comestible du fruit de cet arbre). Ici le terme « gamsa » désigne évidemment le fruit.

[457]            «  » (alors) est ici employé pour marquer une condition irréelle.

[458]            Comme deux voyelles différentes ne peuvent se suivre selon les règles du Service d’Alphabétisation, l’adjonction d’une diphtongue /y/ est ici nécessaire.

[459]            Le gamsa donc.

[460]            Comme deux voyelles différentes ne peuvent se suivre selon les règles du Service d’Alphabétisation, l’adjonction d’une diphtongue /w/ est ici nécessaire.

[461]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[462]            Phrase soninké signifiant : « quand il est devenu chef ».

[463]            « Baabo » est la forme définie de « baaba ». Précédé du possessif, il signifie donc « son père ».

[464]            Littéralement : « dire ».

[465]            Ou : « le séjour de là-bas ».

[466]            L’expression « ga ti » désigne la conséquence : « c’est ce qui fait que ».

[467]            Le pronom est au singulier, car il désigne Boukari qui est ici le chef. En effet, il est d’abord cité seul (Ga ti Bukari tun kay : c’est ainsi que Boukari s’est levé), puis repris sous la forme du pronom réfléchi « nga » (lui) accompagné de Bouratchi (nda Buraaci : et Bouratchi).

[468]            Terme générique. Il devrait peut-être être traduit par « eux et les Tchanga ».

[469]            Le complément de temps « sohõ kay » (à présent) insiste sur l’immédiateté. Il est plus immédiat que « sohõ » (maintenant), mais moins que « sohõ tilliiziyo » (tout de suite).

[470]            Phrase soninké signifiant : « si vous devenez chef ».

[471]            Phrase soninké signifiant : « lui quand il est devenu chef ».

[472]            Phrase soninké signifiant : « Manta comment sont les nouvelles aujourd’hui ? »

[473]            Selon Jeliba Baje, il s’est trompé. Il aurait dû dire la phrase soninké suivante : « kay kaamah jiri » à la place de « digo » qui signifie : « quand vous avez quitté ».

[474]            Littéralement : « c’est ça ».

[475]            Le terme « hari » désigne l’eau et, par extension, la pluie.

[476]            Expression soninké signifiant : « après un court moment ».

[477]            Le terme « cindi » désigne le reste, tandis que l’adjectif signifie « certain ».

[478]            Il doit se taire.

[479]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire : « jaaseyah» (être pire). C’est la forme juste qui a été traduite.

[480]            Le préfixe « -i » nominalise un adjectif. « I zeena » signifie « le vieux, l’ancien ».

[481]            Selon Jeliba Baje, il aurait dû dire : « a ka ga te nga kambe koy » (il est devenu sa propre chefferie).

[482]            Le suffixe « -ante » fait du nominal un ordinal. Le chiffre « taaci » signifie « quatre ». Le terme « taacanta » a pour signification : « quatrième ».

[483]            Le connecteur « ga » (et, pour) sous-entend une relation de causalité.

[484]            Ce proverbe est expliqué dans l’analyse de la généalogie. Le narrateur procède ici par antiphrase. Ce procédé rhétorique est courant dans la société zarma.

attente 19

 

MERGOL – KAW BII MO NDUKOY / POÉSIE LIBRE – KAW BÎ DE NDOUKOYE – TEXTE 1: LE MARCHÉ

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[av_one_full first]

Miin Kow Bii haalanta on ko naatata luumo.

C’est moi, Kow Bî, qui vous raconte ce qui entre dans un marché.
   
Ko gite am kollii kam luumo : Ce que mes yeux m’ont montré au marché :
danɗe dakiiji danndaaje échoppes, ânes, piments
kanyum e daage coodeteeɗe et avec ça, nattes à acheter
e wadduɓe daabaaji mawɗi et gens qui ont amené du petit bétail, des bêtes adultes,
damɗi e damuloy baali des boucs et des petits agneaux
ɗum kaa ana heedi banŋe taabe[1] et cela se trouve à côté d’étals
kanyum e takalaaje[2] avec des bonbons
ko tanndi koo nee tamarooje et, bien rangés, dattes
e sikkorooje[3], sinngooje[4], gonngel ngel sira[5] kampe et pains de sucre, chewing-gums et, autre petite chose, du tabac à chiquer en boulettes,
e kuungel ana wi’ee kaata[6] et une chose qu’on appelle potasse[7], et
ko nyaaɗi koo nee kardaaje[8]. une, toute hérissée de pointes : des cardes.
Mi yi’ii toon koɗi e korbooje buuɗi kanyum e kannye[9] Buure J’y ai vu colliers de perles, bagues en galalithe, et aussi pièces et or de Boûré[10]
kuruy e kumi chapelets et ceintures
e kufinaaje et chéchias
e kuungel ana wi’ee linngu. et une espèce de chose appelée poisson.
Limtu ko njii-ɗaa e luumo Énumère ce que tu as vu au marché :
laaytal e lampa[11] lampe torche et lampe-tempête
e laɓeele e lamɗam couteaux de toutes sortes et sel
labbe cootteeɗe lances à vendre
tigaaje tan e tiimtorɗe arachides et, à part ça, miroirs
jemuuɓe[12] tan e jeerorɗe cordonniers et, à part ça, tamis
beɗi tan ɓooli Bellaaɓe couvercles de paille et gourdins de Bella
manaaji[13] kanyum e masimaaji[14] plastiques[15] et avec ça, machines à coudre
meselle kanyum e mesekeeje[16] aiguilles avec, aussi, ciseaux,
meemorɗi mi yi’i luumo talc[17] pour fileuses, j’ai vu (ça) au marché
bulaaje[18] tan e bulanngaaje boules de bleu mais aussi de beurre de karité
laamu[19] kanyum e laammirɗe[20]. lames de rasoir avec aussi savons.
Laamɗo tampinii banyaŋaare[21] Le Seigneur a fatigué le portefaix
doongal baral fuu mbuudu ! une charge tuante pour une pièce de cinq francs !
Baataaje tan e balluuje Rien que tabatières et babouches
nyaamri wi’etee mbammbaari[22] céréale appelée mil bambara[23]
mbayeeri duu mi yi’i luumo du gros mil aussi, j’ai vu au marché
neengu kanyum e nebbamaali[24] riz décortiqué et aussi quantité de beurres
gawri kanyum e gawje gommbi mil et aussi tiges de mil en lamelles pour nattes
panyaaji goro e pakatiiji[25] paniers de cola et paquets
lempe e leemburu[26] nj’aama. on y a vu jupettes[27] de fillettes et citron.
Miin mi yiiliima ley luumo Moi, je me suis promené de par le marché :
kaaƴe kanyum e kaabuusi[28] pierres à feu et aussi pistolet
ɗum fuu kawri e luumo tout cela se rencontre au marché
jabe kanyum e jammbuuje balles et aussi hameçons
jaanyorɗe ana naati luumo de grandes calebasses à traire sont apportées au marché
ture kaaƴe e kambahiiri[29] anneaux de pierre et bracelets de perles
kireeji ana naata luumo fusils aiguisoirs entrent au marché
malfoy ngara mawɓe naata petits fusils y viennent, adultes s’y rendent
garooɓe ngara gawde naata teinturières d’indigo y viennent et gousses de gonakier[30] s’y trouvent
gay[31] men taata ley luumo – notre ennemi dérape dans le marché[32] ! –
gabuuje tan e gaaraaji boules d’oignons[33] mais aussi [pelotes] de fil
foolo mi nanii e foogiiji long sac en cuir, j’ai entendu dire, avec des fruits de lianes[34],
annii foocii e maggo qui y est présenté ainsi, étalé,
joote[35] kanyum e joowe nyaaƴe ! louches et aussi tas de perles !
Nyalaande samtataa luumo ! Pas de meilleure occasion qu’un marché !
Kaaɗam kanyum e kaasaaji Lait aigre mais aussi couvertures de laine
jatotooɓe e jambotooɓe calculateurs et fraudeurs
e Jaamɓe iwruɓe ngol Boobo et Diâwambé[36] originaires des environs de Bôbo
ɗum fuu mboɓɓike e luumo ! tout cela est venu s’abattre sur le marché !
Bagiiji[37] tan e banankuuje Tissus et à part ça tubercules de manioc
sitti baruutu[38] won banŋe. et poudre à fusil, à côté.
Mi yi’ii toon kewe e kenndolle J’ai vu là-bas fuseaux[39],
monyokooje e mottilaaje graines de cucurbitacées[40] et lampes à huile
mantilaton[41] manngorooje pommade mentholée et mangues
manaku[42] mun ana heedi banŋe de la patate douce se trouve à côté.
mi yi’ii poson mi yi’ii ponndeteer[43] J’ai vu du poisson, j’ai vu des pommes de terre
pale leese poociiɗe des traverses de lit rangées en long
mi yi’ii toon pehe e pennduuje j’ai vu là-bas pots à ablutions et couvercles de paille[44]
mi yi’ii jonngi e jooɗorɗe j’ai vu filets de suspension[45] et sièges
mi yi’ii boloti mi yi’ii boyle j’ai vu des pelotes de fil, j’ai vu des pipes
mi yi’ii dirim mi yi’ii diiku j’ai vu du dirim[46], j’ai vu du foulard pour baluchons
e diisaaje cootteteeɗe et de petites pièces d’étoffe à vendre
comci lelniraaɗi banŋe des vêtements qu’on avait étendus à côté,
gaaci maana des cordes de nylon,
e malfe pompi et des fusils en tuyaux[47]
annii pooccii e maggo. y sont ainsi présentés étalés.
Doortu ɗoo waddu dontooje Détaille ici et apporte des coqs
ƴeewanaa kam doforooje tourne tes regards vers moi et vois des coussins
annduɗo ƴeew aamaduuje en connaisseur regarde des nattes décorées
pati accaa toon bugeeji ne néglige pas là-bas les bougués[48]
nguru eleleldu miɗo anndi de la peau de varan d’eau – je connais ça ! –
ƴeewanaa kam artume[49] ! regarde-moi ça : de l’ail !
Miɗo tuumi yahan luumo J’imagine qu’on doit se rendre au marché :
ndawaa ngaddaa ndaamaari de bon matin tu te mets en route et tu apportes un python
afel ngel nee almeeti ! la première petite chose, bien sûr, des allumettes !
Furfuru[50] fuɗɗoode luumo ! Beignet c’est par ça qu’on commence au marché !
Joon kaa mi ittii ɗum fuusu ! Mais maintenant je cesse de plaisanter !
Dammbi baali e danngaaji Cordes pour moutons et sacoches en cuir
daaɗe e daɗi naata luumo cordes à veaux et cordelettes à entrave viennent sur un marché
teren kanyum e tenndeeje terrain avec grils à viande[51]
temeeji ana naata luumo. tamis sont apportés sur un marché.
Puccoy-poore[52], poppooji[53] potiije ana naata luumo bicyclettes, motos, marmites sont apportées au marché
mobil kanyum e motereeji[54] mottirde ana naata luumo une automobile et aussi des moteurs et un panier pour fileuse[55] sont apportés au marché
parse kanyum e pantif[56] parapluies et aussi pantoufles
paɗe kosuuje paali njuumri manaaji’en sandales de cuir, gourdes de miel et objets en plastique
marcamaaji kerepu’en[57] keeda banŋe fouets en peau de lamantin, chaussures à semelles crêpe y voisinent
lootorkooji lonnjorɗe ga’i ɓujji ukkee e luumo éponges végétales, lunettes, bœufs d’embouche sont introduits sur un marché
baddi e na’i baalikiiji petits veaux et vieilles vaches
kaabi kanyum e ga’i kayeeji taures ainsi que taurillons
ko mawɗi biye[58] koo yo bijji ! ce qui vaut force billets, ce sont jeunes génisses !
Noon mi yi’ii toon biskit Ainsi ai-je vu là-bas des biscuits
mi yi’ii cancorɗe e cagiije j’ai vu des peignes et des paniers[59]
aaman[60] kanyum e alluuje. de l’eau avec aussi des tablettes[61].
Walaa ko adotoo wacco Rien qui soit plus primeur que le souchet[62]
wattanam hen kolmuuje ajoutes-y pour moi des fruits d’ébénier du Sénégal[63]
ngaddanaa kam kojolooje apporte-moi des feuilles de bouleau d’Afrique[64]
fay konkeeje ngon luumo il y a même des fruits de konkeehi[65] sur un marché
diisi e diwle e dimaaɗi des cœurs de palmiers[66] et des charges et des étalons
ndirkitaa too e njaaɓaandi pousse un peu par là, et c’est de la pâte de jujubes[67]
njaaraa gaa’en yo cekke avance par ici : ce sont paillassons
ceemuuje e ɓoggi ceelaaɗi harpons et cordes en lanières de cuir
boobo-juruuji[68] e boliiji cordes en écorce de baobab et gourdes en calebasses
bulki kanyum e butalaaji[69] cruches et aussi bouteilles
uurdi kanyum e uureteeɗe encens et aussi gommes aromatiques
ɗacce kanyum e siraa-dakka gomme arabique et aussi tabac pilé
sigireeti tan kanyum e simsi cigarettes mais aussi chemises
guri ngara gummeeje naata peaux y viennent et fruits de ngummeehi[70]
pomaati tan e geeƴi poɗe. pommades et puis pépins de fruits de lianes[71].
Mi yi’ii lason kanyum e laalo J’ai vu de la chaux et aussi des feuilles de baobab en poudre[72]
ɓoggi kuruy e haako puddi cordelettes pour chapelets et feuilles de henné
ko heedii koo puupolooji et, à côté, des flutiaux
galbe ndakiiji gammbaraawo. troupes d’ânes à vendre, fourrage[73].
Njaaraa gaa yo jale gawri Passe par ici : ce sont houes pour le mil
ƴeewaa ɗum yo pengeleesi regarde cela : ce sont des épingles
njaaraa gaa yo pemmborɗe passe par ici : ce sont des rasoirs
nareeri tan e rimo naata farine de néré[74] mais aussi coton s’y présentent
sakke talki e taasaaji fabricants de talismans[75] et cuvettes émaillées
tamaati wara taɓɓe naata tomates sont là et tubercules de nénuphars sont présents
dugumonyoko[76] e ɓaaci duɓɓe gingembre et rejets de rôniers[77]
e leggel ana wi’ee duuru. et un petit végétal appelé doûrou[78].
Mi dullaa fuu ko naatata luumo : Je n’ignore rien de ce qui se présente sur un marché :
maaro e maagiiɓe naata riz et femmes au front orné de bijoux s’y rendent
paali kaddule paɗe rewɓe calebasses-coffres à vêtements et chaussures de femmes
kamsi jamɗe karwaasi camisoles, objets de fer et fouets
ɗum toon e karkalaaje c’est là avec sommiers en bambou
bogooji tan e booyooje courges mais aussi pailles tressées pour clôtures
janname-nyakku jale maaro petits hameçons[79], houes pour cultiver le riz
e jamngel ana wi’ee lennguru et petit objet métallique appelé clochette
lebulebu tan e kaaki leeso. boulons mais aussi matériel de lit.
Kaalon fuu ko njeggitii-mi : Parlez donc de tout ce que j’ai oublié :
kamu wara kaalaaje naata du poisson pilé en boule y vient, des perches s’y trouvent
montoro tan e mooginɗe[80] une montre mais aussi des œillère
ko heedii koo moori suudu et, voisinant cela, cordes de paille tressée pour toit de paillote
kalason karmel kayeeje kafe nii e kaata tubaaku[81] caleçons, caramels, cahiers ainsi que café et cristaux de soude
jamɗe Tuunisi ana naata. objets d’acier[82] y sont présents.
Miɗo tuumi ɗum yoo mburu Je pense que cela c’est du pain
gataaje eede ana naata aux premières ondées d’hivernage, arrivent des fruits de êdi[83]
gariibu’en ngadda bibbe[84] écoliers-mendiants[85] apportent des fruits sauvages
Safarɓe ngadda gelleeje Maures apportent des noix de doum
Raneeɓe ngarda e geelooɗi. Touaregs[86] viennent avec des dromadaires.
Miin nee mi gentini e luumo Moi, pour sûr, je suis comme un natif du marché !
mo lurru-mi fuu gaamataako ! Qui n’est pas d’accord avec moi ne bâillera plus[87] !
Geeƴi dennde e denngeleeji Pépins de pastèques grillées et sommiers en tiges de mil
tefooɓe looce mi yeggitaali ! et ceux qui cherchent des perches-arceaux de paillotes, je ne les ai pas oubliés !
Bita’en naadde e birbooɗe Des bouillies et on en arrive aux éventails
unnduɗe naadde e uddooɗe des pilons et on en arrive aux couvercles
basi ngara barmaaji naata. sacs en peau y viennent et marmites en fonte y sont apportées.

[1] taabe : pluriel de taabal, emprunt au français « table ».

[2] takalaaje : bonbons ; ou takulaaje < songhay, takula et tamasheq tagella : galette cuite sur la cendre chaude ?

[3] sikkorooje : emprunt au français « sucre » : morceaux ou pains de sucre.

[4] sinngooje : déformation du mot chewing-gum.

[5] sira : cp. bambara sīra, tabac en feuille ou en poudre.

[6] kaata : cp. bambara kàta: potasse.

[7] Il s’agit de potasse obtenue par lessivage des cendres de tiges de mil et utilisée soit dans la préparation du savon, soit mélangée au tabac à priser et aussi pour certaines préparations culinaires.

[8] kardaaje : emprunt au français « carde », peigne à carder.

[9] kannye : kaŋŋe.

[10] L’or de Bouré est, avec celui du Bambouk, célèbre depuis l’antiquité ; cette région se situe en Haute-Guinée, près de Siguiri, ville située sur le fleuve Niger, près de la frontière malienne.

[11] lampa : emprunt au français « lampe ».

[12] jemuuɓe : emprunt au songhay désignant les artisans du cuir.

[13] manaaji : cp. bambara mána : latex, caoutchouc, matière plastique.

[14] Déformation de masinaaji, emprunt au français « machines » , i. e. machines à coudre.

[15] Il s’agit principalement des capes en plastique utilisées comme imperméables.

[16] meselle : < arabe [misallat] ; mesekeeje : < arabe [miqṣ] par permutation( ?).

[17] Poudre d’os calcinés utilisée en guise de talc par les fileuses qui en enduisent leurs doigts pour faciliter la torsion du fil.

[18] bula : < français « bleu ». Il s’agit des boules de bleu pour lessive utilisées pour le linge blanc.

[19] laamu : emprunt au français « lame » de rasoir, objet d’importation.

[20] laammirɗe : laaɓinorɗe.

[21] Emprunt au songhay, désignant « un manœuvre, un porteur ».

[22] Le récitant ne prénasalise pas mbammbaari, mbayeeri, ngawri.

[23] Il s’agit du maïs.

[24] nebbamaali au lieu de nebbamaale (pluriel emphatique), sans doute pour la rime.

[25] Emprunts au français « panier » et « paquet ».

[26] Déformation de l’arabo-persan [laymūn], limon, citron.

[27] Il s’agit du cache-sexe porté par les fillettes : longue bande de tissu passée entre les cuisses, puis sous une cordelière entourant la taille, et retombant par devant et par derrière.

[28] Cp. bambara kàbusi : pistolet (< ar. [kābūs]).

[29] Mot songhay.

[30] Les gousses de cet acacia sont utilisées pour la confection du tanin.

[31] gay : m’a été glosé ganyo, alors qu’on pourrait aussi comprendre ga’i.

[32] Cette phrase m’a été glosée comme un vœu, mais on pourrait aussi entendre « nos taureaux dérapent dans le marché ».

[33] L’oignon se vend sous forme de boules d’oignons concassés et compressés, la plupart venant du pays dogon qui s’en est fait une spécialité.

[34] Fruits d’une liane – Landolphia senegalensis ou heudelotii ou owariensis (Apocynaceæ) –, riches en vitamines, dont les usages sont multiples.

[35] Mot songhay.

[36] L’enchaînement des mots « fraudeurs » et « Diâwambé » est ici un clin d’œil malicieux ; ces derniers, toujours présentés comme des parangons d’astuce, capables de résoudre les problèmes les plus épineux, sont surtout utilisés par les Peuls comme maquignons et donc suspectés de pouvoir tirer avantage de la situation.

[37] Cp. bambara bági « cotonnade de fabrication moderne » ; par extension « étoffe, tissu ».

[38] baruutu : emprunt à l’arabe [bär¨d] « poudre à fusil ».

[39] Textuellement « tiges avec pesons » ; l’extrémité de la tige du fuseau est enfilée dans une sorte de petite toupie de terre cuite.

[40] Graines noires et amères à usage surtout thérapeutique : contre la jaunisse et pour donner de l’appétit.

[41] mentilaton : nom d’une pommade parfumée à la menthe et utilisée pour calmer les démangeaison et contre les filaires.

[42] manaku : se dit aussi masaku (cp. bambara : màsaku « roi igname »).

[43] poson, ponndeteer : français « poisson » (emprunt d’occasion pour l’allitération), « pommes de terre » et, plus bas, almeeti, « alumettes », teren « train » et « terrain », temeeji « tamis ».

[44] Ces disques de paille en forme de chapeaux chinois servent de couvercle pour les plats mais sont aussi utilisés en guise d’éventails pour refroidir la nourriture.

[45] Ces filets attachés aux perches de la paillote permettent de mettre les calebasses – ou autres objets à protéger – hors d’atteinte des prédateurs.

[46] Variété de serge de couleur noire, bleue ou kaki ; ce terme est une déformation du mot anglais drill(ing) désignant le tissu dont étaient faits les uniformes militaires au début de la colonisation.

[47] Ces fusils sont confectionnés avec les tubes de fer servant à canaliser l’eau dans les pompes et aux robinets.

[48] Tissu léger, d’un bleu très foncé, teint à l’indigo et battu pour obtenir des reflets métalliques ; on en fait surtout des turbans.

[49] artume : emprunt à l’arabe [altūm].

[50] Mot bambara : fùrufuru ou fòroforo : « galette ou beignet de mil ou de haricot ».

[51] Des vendeurs de viande grillée s’installent sur les marchés.

[52] Textuellement « petits chevaux-à-pneus » (poore : caoutchouc).

[53] poppooji : par onomatopée, ce mot désigne les motos.

[54] mobil : français  « automobile » ; motereeji : « moteurs », désigne soit des moteurs pour pirogues soit, par synecdoque, des pirogues à moteur.

[55] Panier de paille contenant tout le nécessaire pour filer, fuseaux, quenouilles.

[56] Mots français : « parasol », « pantoufles ».

[57] Français « crêpe ».

[58] Mots français ; biye : « billet » et, plus loin, biskit : « biscuit ».

[59] Hauts paniers à fond carré, rigide, et bord supérieur circulaire.

[60] aaman : « eau » en tamasheq.

[61] Tablettes à écrire, en bois, utilisées par les écoliers d’école coranique.

[62] Petits tubercules comestibles de diverses plantes poussant au bord de l’eau.

[63] Diospyros mespiliformis Hochst (Ebanaceæ) ; les fruits de cet arbre sont comestibles et se vendent ; ceux qui, non cueillis, tombent de l’arbre, sont secs, noirs et très sucrés.

[64] Anogeissus leiocarpus (DC) Guill. et Perr. (Combretaceæ) ; les cendres sont utilisées pour le tannage et les feuilles pour la teinture marron dite wolo.

[65] Detarium senegalense J.F. Gmel. ou microcarpum Guill. et Perr. (Cæsalpiniaceæ); les fruits comestibles sont vendus.

[66] Les jeunes pousses de rôniers sont comestibles : on plante les noyaux, on les fait germer et on en consomme les germes.

[67] Les jujubes secs sont pilés et donnent une farine dont on fait des sortes de galettes.

[68] Cordes des Bwa : juruuji est un emprunt au Bambara jùru.

[69] Emprunts au français : butalaaji : « bouteille » et, plus loin, sigireeti : « cigarette », simsi ou simiisi : « chemise », pomaati : « pommade », lason : « la chaux », pengeleesi : « épingles », tamaati : « tomates » et, plus loin, kamsi : « camisoles », karwaasi : « cravache ».

[70] Fruits sauvages, noirs et sucrés du Vitex doniana Sweet (Verbanaceæ).

[71] Il s’agit d’une liane à latex (Landolphia owariensis ou heudelotii) ; on tire du jus des fruits riches en vitamine C.

[72] Poudre utilisée pour la confection de sauces.

[73] Il s’agit plus exactement de tiges de la graminée aquatique : Echinochloa stagnina P. Beauv. qui fournit un très bon fourrage.

[74] Poudre faite à partir de la pulpe des gousses de mimosa pourpre ou Parkia biglobosa (Jacq.) Benth. (Mimosaceæ), à usage médicinal (jaunisse et diarrhée).

[75] Ce sont les cordonniers qui cousent dans des étuis de cuir les versets du Coran utilisés comme talismans.

[76] Emprunt au bambara : dùgumanyamaku.

[77] Consommés comme des cœurs de palmiers.

[78] Euphorbe dont les feuilles infusées fournissent une teinture noire : Chrozophora brocchiana Vis. (ou Phyllantus reticulatus Poir.) (Euphorbiaceæ).

[79] Petits hameçons ; leur nom vient d’une plante hérissée d’épines qui piègent les rats.

[80] montoro : français « montre » ; mooginɗe (sg. moogine) : emprunt au songhay moo giney (« yeux affaire ») désignant un frontal à franges servant de chasse-mouches devant les yeux du cheval.

[81] Mots français : kalason : « caleçon », karmel : « caramel », kayeeje : « cahiers », kafe : « café » ; quant au kaata tubaaku ou « potasse d’Européen », ce sont les cristaux de soude utilisés pour la fabrication du savon.

[82] Textuellement « fers de Tunis ».

[83] Sclerocarya birrea (A. Rich.) Hochst. (Anacardiaceæ) ; on tire une boisson des fruits juteux et parfumés de cet anacardier.

[84] bibbe ɓiɓɓe.

[85] Il s’agit des écoliers d’école coranique qui doivent faire leur possible pour gagner leur nourriture.

[86] Textuellement « des Blancs ».

[87] Expression détournée habituelle pour dire qu’il en mourra.

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MERGOL- HAMMADI HAMMA BARI / POÉSIE LIBRE – HAMMADI HAMMA BARI TEXTE 1

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Mbii-mi mo : «  Huny e diili ŋappere Debotiina !

Je lui dis : « Emmène en transhumance les laitières prêtées, à la brèche de Débotîna !
Baagi nduggitii Baylal yalti. » Ventres-Blancs ont déjà détalé et Grand-Forgeron est sorti. »
Wii : « Banndo Amta, hoto ŋabbata[1] wuule ? [Il] dit : « Frère de Amta, où monte Celle-à-Liste ?
E Wuro-Funeeji muuyi funnaange Furdu-Nyaalde duu nde wokkii woorta. » C’est Campement-des-Jumelles qu’elle veut, à l’est, mais si c’est de Fourdou-Nyaldé que lui vient l’envie, elle change de route. »
Mo wii : « Accu hakke ! Miɗo haalane seeɗa. Il dit : « Excuse-moi ! Je t’entretiens quelque peu.
Ƴeew mi nelaaɗo Haamidi banndo Haawa Regarde ! Je suis envoyé par Hâmidi, le frère de Hâwa,
wii ngaraa tawtoyaa ɗum Woonooru. pour te dire de venir le retrouver à Wônôrou.
Ana wooɗi joonin woortaali, munyon baalɗe faa maaton baade C’est bien, actuellement, rien n’y manque, vous n’avez qu’à patienter quelques jours jusqu’à ce que vous ayez quelques gouttes de pluie,
bala-wuule’en duu ƴeeŋooji. » les Bala-à-liste[2] aussi sont de ceux qui montent en transhumance. »
Mo wii : « A haalaali law faa mi hawtiima[3] ! Il dit : « Tu n’as pas parlé si vite que j’aie aussitôt démarré !
Mi haggataa ɗi duungel Woonooru. Je ne les bloquerai pas sur l’îlot de Wônôrou.
Fay nde burgu woortii hikka mi hillaaka. Même si le bourgou a fait défaut cette année, je ne m’en suis pas soucié !
Baylo ballitii njolnu-mi baagi Forgeron a fait obstacle, j’ai fait passer à gué les Ventres-Blancs
ɗi piyi Ɓaleewo na’i peewti e Jaaɓe. ils ont passé le Niger et les vaches sont allées droit aux Jujubiers.
Munyen baagi men ŋappere baali Patientons avec nos Ventres-Blancs à la Brèche-aux-Moutons
e Ham-Barke yaha haalana mawɓe. et que Ham-Barke   aille en parler aux doyens.
Mi wanyu waŋlitinde[4] ɗi Manyatiina. Je n’ai pas du tout voulu les faire obliquer sur Manyatîna
Mi tuumanaaka miɗo jooɗoo Tunta on n’a point supputé que j’allais m’installer à Tounta
koolin-mi na’i lummbiri Kornya. j’assurai que les bêtes traverseraient par Kornya.
Lobbi ŋabbiti e dow loownirde Les belles montèrent vers les hauteurs où passer la saison lowle[5]
ɗo min tontondirta e loonnooɓe. » où nous rencontrer avec les lavandières. »
Kesel yalti wii suka keeliiɗo Kessel[6] sortit et dit au jeune qui avait sélectionné les plus belles bêtes :
« Henyen na yaade gilla ngol[7] yawtaali. « Hâtons-nous de partir avant que ne soit passé le moment de la montée en transhumance ! »
Gulɗi koyɗe ŋabbiti Gunngunna Les bêtes aux pattes actives montèrent sur Goungounna
   
beebooji namtani Benkinna ko’e garci men oortani Kommba. celles aux cornes éployées reprirent la route vers Benkina et nos groupes de bêtes de réserve partirent en transhumance sur Komba.
Mi nyallu wancoyaade e Korooji[8]. Je passai tout le jour en allées et venues dans les Korôdyi.
Kaji e ciiɗo cinnduɗo kaŋŋeeji Kadyi, celle au teint cuivré, aux boucles d’oreille en or
ana sokii ɗakkuɗi so newe mum ɗaatii min naɓa ɗi ɗaaneteengal geelooɗi. a gencives bleuies et paumes lisses et nous conduisons les bêtes au lieu de repos habituel des dromadaires.
Baggo calɗi joom-na’i balamaaji miɗo naɓa ɗi gilla Baawngal huurtaaki. Jeune aux membres souples, propriétaire de vaches balama[9], je les emmène avant même que Pléiades ne soient au ciel apparues.
Ndeen njaa-mi suudu Muulay moodibbo C’est alors que je me rendis chez Moûlaye le lettré
tawɗo defte tannduɗo taaliiɓe. qui a des livres et de bons étudiants.
Ko tawaa e becce am ɗee Taamooli Ce qui se trouve en mon cœur, c’est Tâmôli
e yaade gilla Taakili ruumaali. et m’y rendre avant même que le Tâkili n’ait eu herbe nouvelle.
Mo wii : « A nyaamrataake kaa a yi’ataa nyannge[10]. Il dit : « En tout cas, tu n’auras pas une de tes vaches dévorée ni ne verras un méchant[11].
Kaa goɗɗowiiɗo dawraay nyaaminde Même parti bien loin sans avoir cherché les moyens[12] de nourrir [tes bêtes]
   
a tawoy jam mo jamalel balamaawe ». tu vas trouver la paix, homme du Petit-Diamal-de-la-Balama[13]. »
Koownitin-mi wuro kooƴu-mi jamɗe Je revins au matin saluer le campement, je ramassai mes armes
nduggitin-mi jamalel balamaawe et fis démarrer Petit-Diamal-de-la-Balama.
Ɗi asi ɗi ƴaɓɓori ngesa Almaami Les bêtes fouirent et passèrent par le champ de l’Almâmi
ngesa Ameeri min ɗal konnaanga le champ du Chef, nous le laissons au stationnement des troupeaux
miɗon anndi korsol yottaaki. nous savons que n’est pas encore arrivée l’époque des premières ondées.
Buuli nanti[14] buuwaangol buuru[15]. Bêtes-à-listes ont repris la grande voie tracée par l’administration.
Dumari junnitii Wuro-Dunndeeje[16] Ibis-Sacrés[17] ont mis le cap sur Le-Campement-aux-Ficus.
Bura-Aali wii kam : « Giɗo wuule, Boura-Âli me dit : « Ami de la Vache-à-Liste
Wuro-Funeeji gilla ana wuli, njahtaa c’est au Campement-des-Jumeaux, dès qu’il fait chaud, que tu devrais aller
kaa dumari cultinii duungel Taaro en tout cas, les Ibis-Sacrés, ont pris quelque repos à l’îlot de Târo
– o wii – tayko-ɗaa mi wardaay takkaade tu vois – dit-il – que je ne suis pas venu m’y coller
mi wayru debbo Koyguru koolniiɗo je n’ai pas vu, de longtemps, la femme de Koïgourou en qui j’ai toute confiance
korsinaaɗo debbo e Kooteeji femme aimée plus que tout, aux Tamariniers[18]
koltiroowo baggi[19] joom-baayalle toujours vêtue de cotonnade, marquée de vergetures
mo banndo Amta’en nyallata yimde. et que les gens du frère de Amta célèbrent toute la journée.
O wii mi yahan gilla Baawngal huurtaaki. Je me mettrai en route – dit-il – avant que les Pléiades n’apparaissent au ciel. »
Mi ɓaarii weendu weeɗu ɗi mooyooru Je me suis installé à côté du lac et leur arriva une brise légère
mi taw hariima Jamaa-Du’a cakkaaɗo je trouvai fermé le pacage collectif de Diamâ-Dou’a,
caaji nyalli ana cayfita ruumko. les Fanons-Blancs tout le jour s’étaient égaillés dans l’herbe nouvelle.
Bammbaranke wii kam : « Banndo Amta Un Bambara me dit : « Frère de Amta
miɗo hokki kaalisi mi honna ɗi baalɗe. » je vais donner de l’argent et je les fais stationner quelques jours. »
Mbii-mi : « Haybu hoore maa, ɗal haawtaare Je dis : « Eh ! Prends garde à toi, abandonne tes prétentions
a heɓ ɗo nyalmo-ɗaa na a nyaagoytoo. tu trouves ici un lieu qui est à emprunter ou à solliciter !
Nde mi jiɗɗo kaalisi mi hoɗanan Kalfa Si j’étais quelqu’un qui aime l’argent, je serais l’hôte de Kalfa
suudu lobburu e debe[20] sundukuuje dans une belle maison avec quarante cantines,
oo sukaaɓe kesanata huɗo pucci. » lui pour qui des serviteurs coupent de l’herbe pour les chevaux. »
O wii : « Mi tuubanii ma tuunnoo ɗi bannguuji Il dit : « Je te présente mes excuses de les pousser contre les digues[21]
sabi a wayru Turituri naattaali car tu es resté longtemps sans entrer à Touritouri[22],
jale turaaka fey nde buulal tuunni. houes n’ont pas été courbées [sur le sol][23] que déjà Grand-à-Liste a pris le départ.
Mi nanɗo filla Turkoŋowol e naawde J’ai entendu raconter que la piste du Tourkonowol était mauvaise
kaa naaytiraa ɗi gaa too ana naawi ko pati a namru ɗi to ɓuri fuu yoorde nee ! mais tu n’as qu’à les faire obliquer vers ici, là-bas c’est mauvais, alors ne les mène pas par là où c’est le plus sec !
Dabbundeeru ana woya ana woɗɗii Le vent de saison froide pleure et c’est loin,
haya walaa ko wooɓetee e feto Ringaango. » de plus il n’y a rien à se mettre dans le gosier à la mare de Ringango ! »
O wii : « Fuu mi tuugii Alla », mi ɗali buulal tuunna. Il dit : « Pour tout, j’ai Dieu pour soutien ! », je laissai Grand-à-Liste prendre la route.
Ɗi ngari Gimaango faa cefe ana nginnda Ils arrivèrent à Guimango au point que les troupeaux tonnaient
ɗi tawaay huunde taƴani Tammbayni ils ne trouvèrent rien et coupèrent vers Tambéni
kaa min cikkitaaki min tampii ɗomka. en tout cas on ne peut douter que nous n’en pouvions plus de soif !
Min mbati mbaalndi Cewngel banndo Kajja Nous avons tenu assemblée au lieu de séjour de Svelte, le frère de Kaddia,
loowɗo terɗe fuu ɗoon lori daaɗe, ɗoo min njoppii wuro lobboduuji au corps bien replet et là se courbèrent les cous, là nous avons abandonné le campement des Lobbodoudyi[24]
jawle Sunnguja e cefe Suuduuɓe cheptel de Soungoudia et troupeaux des Soûdoûbé[25]
mbii sukaaɓe wuro Yero cuuynaaki ils se sont dits sans audace devant les jeunes de Ouro-Yéro[26],
ilam naatataa nawe keɓataake la crue n’entrera pas et l’on n’aura pas de mares
toɓaay sakko tuɗaa min tuurtiima. il n’a pas plu, alors comment auraient-elles de l’eau ! nous avons fait demi-tour.
Joon fuu mo tiimtataa wari tijjaade À présent qui ne revient pas sur ses pas vient monter tout droit
Aligi jinna wii kam : « Banndo Amta et Aligui-le-djinn me dit : « Frère de Amta
wule soƴƴitoo Sobo aawaali. » que Celle-à-Liste s’en retourne, Sobo n’a pas semé. »
Mbii-mi : « Ko soƴƴitaade ɗum kaa sottaama. Je dis : « Pour ce qui est de faire demi-tour, il n’en est plus question !
Aligi soƴƴa yaa horanam Soori yaa ! » Aligui retourne-t’en, va-t’en explorer pour moi la brousse de Sôri, va ! »
Aligi warti wakkati kiikiiɗe Aligui revint dans la soirée
wii gilla kollaaɗe Sobo faa Soori et dit que, depuis les plates étendues de Sobo et jusqu’à Sôri
fuu walaa ɗo baade cooki e funnaange. nul endroit, à l’est, qui ait bénéficié de quelques gouttes de pluie.
Mi wii Aligi : « Tinna aɗa haala ko tiiɗii. Je dis à Aligui : « Persévère, tu as paroles bien rudes !
Miin Alla siinanaay kam tiimtinde nee. Moi, Dieu n’a pas inscrit en mon destin que je revienne sur mes pas.
Mi nanii ladde Tinaboro yooliima. » J’ai ouï dire que la brousse de Tinaboro a été noyée d’eau ! »
O wii : « Nan-peneejo ɗun kaa naɓataa ɗi. » Il dit : « à entendre des mensonges, ce n’est pas ça qui conduira les bêtes ! »
– « Joon kaa Aligi soƴƴa, aawoy Awgundu – « Aligui, retourne-t’en immédiatement, va-t’en semer à Awgoundou
mi doominaay ɗi dimgol gursuuje[27] je ne leur ai pas fait attendre la fructification des goursi[28]
mi nanii ladde Guriwal yooliima ! » j’ai ouï dire que la brousse de Gouriwal a été noyée d’eau. »
Cukkitin-mi ɗi ɗi ngaɗi ngol cuurki. Je les fis détaler et ils firent poudroyer la route.
Mi taw duroowo doori e dow ferro Je trouvai un berger de moutons dôri [29]sur les steppes d’en haut
mi lamndii doometeengal Burdaaɓe. je le questionnai sur les lieux où on les gardait chez les Touaregs.
O wii Petel-Kooti ana wii kok ɗomka. Il dit qu’à Pétel-Kooti[30] c’était archi-sec et soif ardente.
Mo wii kornonooɗi ɗii duu coƴƴiima. il dit que les bêtes qui y avaient été envoyées en éclaireurs avaient fait demi-tour.
O wii buuli mbaawanaa Buulol-Beeli fay Bukkari Attawal yawtaay Bunti. Il dit que Celles-à-Liste n’avaient rien pu faire à Boûlol-Bêli, même Boukkari-Attawal n’avait pas dépassé Bounti.
O wii to Bukkari Attawal buulal feewi. Il dit que c’était tout droit la direction de Boukkari-Attawal que prit le Grand-à-Liste.
Mi garɗo saakondirde e Burdaaɓe Moi qui suis venu me répandre parmi les Touaregs
kaa nyannde Nyaaba ndee nyaaɗii sanne certes, le jour de Nyâba, ce fut très âpre
sabi faa nde nyawli ndee ɗi kosi soƴƴaade. car jusqu’à ce que le soleil fût haut les bêtes furent tentées de faire demi-tour.
Kaa miɗo anndi soobee min ngardi Mais je savais quant à moi que notre venue était une décision sérieuse
nge soottataake law jaɓii soortaade… la vache qu’on ne vendra pas vite a accepté de s’esquiver…
O wii ndi soƴƴitii faa e banndo Amta, o wii Wuro-Funeeji kaa Il dit que [le vaillant] s’en était retourné jusque chez le frère de Amta et – dit-il – au Campement-des-Jumeaux,
annii tiimta, ɗoon ndarii-mi heddii miɗo miila le voilà qui revenait sur ses pas ; c’est là que je m’arrêtai et restai à songer
faa nimsitir-mi ko ŋabbir-mi. jusqu’à regretter la façon dont j’étais monté en transhumance !
O wii laaɓa-tiinde ɓeyda tinnaade Il dit : « Sincérité accroît persévérance
tife ngoɗɗitiima na’i tiimtintaako. les distances à parcourir se sont encore allongées mais les vaches ne reviendront pas sur leurs pas.
O wii : « Arda, miin e aamare min njokki Pars devant, dit-il, la vache Âmar et moi nous suivons
sabi a yoppoyii min njoolaari. » car tu es allé nous laisser en pays étranger. »
Njooni-mi na’i njogondiri yaade Avec des diô-diô ! je fis avancer les vaches qui se mirent en marche
miɗo hajoo bijji eɗi ngaɗi bifoole tandis que je guidais les génisses qui formaient les ailes du troupeau,
eɗi tahoo yaade miɗo takkii e majji, miɗen taykitoo dammbuɗe Booni hésitantes dans leur marche, je les serrais de près et comme nous arrivions en vue des portes de Bôni
duule ŋaari damagariwal dumpii des nuages avancèrent lentement et une première gosse pluie pilonna le sol
kammu nyalli ana wayla e leydi durant tout le jour le ciel déversa sa pluie sur la terre
oo nyalawma faa mi sikku yo wadda cette journée fut telle que je crus arrivé le cœur de l’hivernage
jaka Alla yaafinanta ɗi no ɗi njaara en fait Dieu devait leur faciliter leur déplacement.
hoore haayre Gura gummbal wardi Au bout de la colline de Goura arriva un gros troupeau de bêtes choisies avec
Laarabuuɓe iwruuɓe faa Lakaba des Arabes de la fraction Lakaba[31]
yimɓe laamɗo wonɓe e nder ladde. gens du Seigneur qui vivent en brousse.
Miɗo ndaara nyawndogal e nyaagunde ɓuɓɓi Je cherchais un remède [contre les armes] et une prière de protection contre les mouches
faa mi nelda yimɓe am ana faa burgu. pour les envoyer à mes gens qui sont jusque dans le bourgou ;
Bellaaɓe tato ɓolo tannyiiɓe trois Bella dépouillés, des gens hideux
mawɓe ɓooli suftuuɓe ɓoosaaji avec de gros gourdins, et qui élèvent des chiots,
ɓe njahormaaji nii fimɓe e jammba et ne sont qu’invectives menaçantes et traîtres innés,
ɓe mbii : « Koɗum njuurnii jamalel balamaawel ? » dirent : « Qu’est-ce qui a fait descendre [au bourgou] Petit-Diamal-de-La-Bala ? »
Mbii-mi : « Mokuturu Muulay mbakkii-mi mi murii nde ngar-mi Durgama Maamuudu. Je dis : « Une amulette de Moulâye que je porte autour du cou exprès quand je viens au Dourgama Mâmoûdou.
Miɗo jogii moodiɓɓam moƴƴiiɓe sanne J’ai de très bons marabouts :
Almaami Alfaa Hamiidu Almâmi Alfâ Hamiidou,
talki majji men kaa min kaɓɓi e tanne[32] les talismans qu’ils nous font, nous les attachons à des dattiers du désert
mi taƴƴor duu ɗi njoltan Danngoore. et j’ai certitude que les bêtes reviendront de transhumance en passant par Dangôré.
Kulɗo Alla joom-kuurgal defte kuruy majji waalata toƴƴaade Avec quelqu’un qui craint Dieu, a une bibliothèque et dont le chapelet tout le jour cliquète
torra fuu ɗi nji’ataa e njeewneendi » elles ne connaîtront aucune épreuve dans la brousse déserte. »
Na’i njari Simmbi njaaɓi sikoore Vaches s’abreuvèrent à Simbi et piétinèrent l’herbe aquatique
mi sikkitaaki ɗo woni gase Booni. je n’eus aucun doute que ce fussent là fosses de Bôni.
Miɗo tacca tiireeweln mi naɓa tiŋaali Comme je coupais un petit acacia et emportais un tingâli
mi hokka debbo Tigewol e Loonnirde à donner à une femme de Tiguéwol et de Lonnirde
ciiɗo sancoroo wi’a : « Giɗo saaje une femme au teint cuivré, se démêlant les cheveux, dit : « Ami de Celle-au-Fanon-Blanc
bohal wokkiti woyani burgu. » Gros-à-Tête-Noire, plein de nostalgie, a pleuré après le bourgou. »
Miɗen njensiloo eɗi njawnjawta Comme nous ne tenions plus en place et que les bêtes faisaient grande diligence
wi’a sikkitaaki « miin yarni ɗi Simbi je dis : « Il n’y a pas de doute, c’est moi qui les ai abreuvées au Simbi
miin durdi seeno Sinngama Maamuudu moi qui les ai fait pâturer dans le sêno de Singama Mâmoûdou
miin mooltini ɗi gilla a moortaaki. » moi qui les ai fait partir en catimini avant même que tes tresses n’aient été refaites. »
Se ndunngu sukkitata miɗo faa Suufi Dès l’arrivée de la saison des pluies, je suis vers Soûfi
miɗo dura ɗi cuudeteengal geelooɗi miɗo yarna Cuuramaajam cililliije[33]. à les mener où trottent des dromadaires et à les abreuver à Tioûramâdiam[34]-aux- Dendrocygnes.

[1] Le poète prononce nabbata, comme, plus haut nappere.

[2] Bala-wuule : forme abrégée de balamaawe-wuule, terme désignant une vache à liste (wuule) et dont la robe présente une grande tache blanche couvrant largement le ventre et remontant vers les épaules et le cou (balamaawe).

[3] hawtiima haftiima.

[4] waŋlitinde : pour waylitinde.

[5] Fin de la saison froide et début de la saison chaude, vers février-mars.

[6] Nom d’un Bozo.

[7] ngol : ƴeeŋol.

[8] Acacia ataxacantha D. C. (Mimosacées).

[9] Voir note 2.

[10] nyannge : rawaandu ladde.

[11] C’est-à-dire un lion. Les prédictions du marabout consulté rassurent le berger.

[12] C’est-à-dire « les protections et moyens talismaniques » que le berger est venu chercher auprès du marabout.

[13] Diamal désigne un bovin dont la robe comprend trois grandes taches partageant le corps verticalement. Balama : forme courte de balamaawe (voir note 1).

[14] nanti nanngiti.

[15] buuru : ce mot qui désigne l’administration coloniale, l’autorité, serait emprunté au wolof buur, signifiant « roi ».

[16] Ficus platyphylla Del.

[17] Bovins dont la robe ressemble au plumage de l’ibis sacré.

[18] Nom faisant partie de la devise de la ville de Konsa.

[19] baggi bagi, emprunt au bambara bági.

[20] Emprunt au bambara dɛ̀bɛ.

[21] Il s’agit de petites digues de boue et d’herbe pratiquées dans le bourgou, en particulier pour empêcher les poissons d’entrer dans les pépinières de riz.

[22] Campement de Bozo.

[23] C’est-à-dire « les travaux des champs n’ont pas encore commencé ».

[24] Nom des troupeaux de Tonyimina.

[25] Soungoudia est une zone dans le cercle de Niafounké et les Soudoubé représentent un groupe peul.

[26] Textuellement « Village de Yéro », désignant Sendégué.

[27] Grewia flavescens (Juss.) ou tenax (Forsk.) Fiori.

[28] Arbre donnant des baies comestibles.

[29] Grands moutons à poil ras, comme les moutons de Somalie.

[30] Textuellement : « Petit-marigot-aux-Tiques ».

[31] Fraction des Kounta, dans la région de Bambara-Mawndé.

[32] Balanites aegyptiaca (L.) Del.

n Maerua crassifolia (Forsk) ou Boscia salicifolia (Oliv).

[33] Dendrocygne veuf, Dendrocygna viduata

[34] Ce nom évoque une boisson allongée d’eau.

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MERGOL- HAMMADI HAMMA BARI / POÉSIE LIBRE – HAMMADI HAMMA BARI TEXTE 2

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Laaɓi baagi inndanii Bale-Ŋayle

Aux Ventres-Blancs immaculés pour but on a cité Balé-Ngaylé[1]
caaji naŋti[2] Caykoy[3]-Caayeeje. et Fanons-Blancs occupèrent Petits-Acacias-des-Cuvettes.
Afo aytinaa ɗi Ayrame e Ata-Banngu Afo[4] ne les met pas au soleil aux mares d’Ayramé et d’Ata-Banngou
anndinaa ɗi Naa-Gabbu nawe Aali. ni ne leur fait connaître Nâ-Hippopotame aux mares d’Âli.
Yari-Loottataake fuyna loociiji, C’est à « a-bu-mais ne s’y lavera pas[5] » qu’il fait se sécher les Longues-Cornes-Effilées,
Dunndu-Kummbaare ɓujji kura dewi kuuna. à Doundou-Koumbâré, gros bœufs grognent et femelles meuglent.
Ɗi kunca koyɗe njuurowa Kokorooru Ils activent leurs pattes et vont descendre aux berges du Kokorôrou
koboroori gaarondiri e ko’e gaanyaaji. papyrus entrave l’avancée des troupes de gros taureaux.
O howlii na’i ɗi horani Hoggoore Il a pressé les bêtes pour qui il est parti explorer Hoggôré
tawii Hoobu huɗo yawti hoore. et a trouvé qu’à la mare de Hôbou l’herbe dépassait la tête.
Koobi Callugaawal kunya daaɗe. Hippotragues du Tiallougawal relèvent le cou.
Nde koownu-noo-mi Degedege wuro Sammba Une fois donné le salut matinal à Déguédégué-Wouro-Samba,
mi taccu kennji kewti na’i Tappa je détachai un peloton de meneurs et rattrapai les vaches de Tappa[6].
So ɗi kowlii fuu mi yima Kowi-Jeejeere Sitôt qu’elles ont fait diligence, je célèbre Kowi-Diêdiêré[7],
kobe piiloo ngeenndi luwe ɓujji ana piira poussière cerne le village et se cognent cornes des gros bœufs
min pinoo ndooma gori pindina mawɓe nos yeux se fardent de poussière, mâles réveillent les doyens
jennga gorɗi piya tube jeereende. et, à la nuit, vaillants, battent tambour dans haute brousse.
Mi joowta Jebba jeyngel Taaraaɓe Je salue la chère petite Diebba de Târâbé
bohi njobbinoo mi waynoo debbo Njoore Têtes-Noires se mettent en branle et je prends congé d’une femme de Ndiôré,
gide njoowta kam mi naɓa jamalal njoola. classes d’âge me saluent, je conduis Grand-Diamal[8] à l’étranger[9].
Kaa pati joowtu rewɓe Degedege wuro Soppa En tout cas, ne salue pas les femmes de Déguédégué-Wouro-Soppa :
nde a soɗaay ngaari ndee a soodantaake si tu n’as pas sabré un taureau, on n’achètera pas de cola pour toi
ana canya gajaaje anndaa caadaaje on tresse des pailles grossières, on ignore les cadeaux de bienvenue
fay so payno-ɗaa pati paŋoyaa ɓe. même si tu as bien engraissé tes bêtes, ne passe pas par chez elles.
Mbii-mi : « Yella on kaalanaaka naa on kawraali J’ai dit : « Ne vous a-t-on pas averties, ou bien ne vous êtes pas mises d’accord :
on kawrinaali kaalisi moodibbo vous ne vous êtes pas cotisées pour donner de l’argent à un marabout
on mooɓanaay ɗi goro on mooraaki ! vous n’avez pas amassé noix de cola en l’honneur des troupeaux, vous ne vous êtes pas bien coiffées !
On nanaay Mooci ŋootti jaagaade N’avez-vous pas appris que les Mossi ont cessé de commercer,
Mooci nelda Wagadugu wara Moomti que les Mossi envoient des gens à Ouagadougou qui viennent à Mopti
waɗa wakkaaje wadda e ngalluuje font des ballots de cola qu’ils apportent dans les grandes villes,
Jaamɓe njeeyata so njennira Fulɓe ? » que les Diawambé vendent et en profitent pour insulter les Peuls ? »
Mo hulaay jawdi mun fuu huya sooda Quiconque ne craint pas [de dépenser] son bien, achète avec joie,
fay hutuure ndonkani banndo Kummba. [or] même un rogaton de cola [elles n’ont pas été capables d’acheter] pour le frère de Koumba !
Mbii-mi : « Yella hikka tiirru on naa J’ai dit : « Cette année a-t-elle été trop difficile pour vous ou bien
goro timmu ? la cola a-t-elle été épuisée ?
Tinno-ɗon naa ɗum kaa haya haatta Faites tout votre possible pour que cela en tout cas s’arrête là
so wanaa ko laaɓa-tiinde e yugo[10] Lalla sinon, c’est à Front-Clair et à l’ami de Lalla
ma mi laɓan hoore yoga mon ! que je devrai raser la tête et à certaines d’entre vous !
Mi yoɓa haange. Je m’acquitte d’une génisse.
Hakkunde am e mooɗon ɗo haaɗi. Et entre vous et moi ça s’arrête là. »
Cumpi-ngulli taccitii Guraaje Des bêtes au gros nombril ont coupé à travers les Gourâdié
Hamman-Dêba aan e Dumaral Demmba Hammane-Dêba, tu es avec Grand-Ibis[11] de Demba :
nokku fuu ɗo ndeggodi deebaare partout où seront descendus dans cuvette herbeuse,
ɗi mberan koyɗe kooboo gammbaraaji[12] ils planteront leurs pattes y glanant tiges du bourgou
ɗi pornya ɓaynde faa warta e poobe. et saccageant plantes des marais jusqu’à n’en laisser que souches.
Colal danngoowal e daakal ndi Nalla Gros-Tavelé taureau de dix ans et Gros-à- Collier de Nalla[13]
se ɗi keɓii nawre ɓooyan nawtaali s’ils arrivent à une mare y resteront longtemps sans profit
kaa mi tawii Taannereewol naataali. car j’ai trouvé qu’au canal deTannéré, eau n’était pas encore entrée.
Huɗo Laƴiwol e lanyingol ley beeli Herbe du Ladyiwol et algues au fond des lacs
Begu karsawol e gaandol e gayalaawo[14] et dans Bégou herbe karsa et gandol et fourrage aquatique
yaayni gannde silawal gaanyaaji. ont fait large le poitrail du chef des gros taureaux d’hivernage.
Huɗo Doosanaaji doŋa e Begu huɗo Beeyna seeno Herbe des Dossanâdyi, riz sauvage de Bégou, herbe des sablons de Bêyna
ɗum yaayni becce Belebele[15] jaytaaɗi voilà ce qui fait larges les flancs de Plantureux-des-Dieytâdyi[16]
gilla ɗo njaayri Ɓulbere fuɗɗirta depuis là où commence la plaine de Boulbéré
faa ɗi ndaroo ɗo Moodi-Fune’en lummbirta jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent où les Môdi-Founé traversent l’eau,
gilla to nawre Nyiŋa muynata maayo depuis là où la mare de Gninga est alimentée par le fleuve[17]
faa ɗo Muusa Kuyi yoolata bubbi jusque là où Moussa Kouyi[18] plonge ses filets,
gilla to Tanngu tamata bulooli[19] depuis là où le village de Tangou cueille nénuphars à poignées
faa daroo e bunciliingol Gunkoole jusqu’où s’arrête le flot de la crue, aux Gounkôlé,
gilla to Hoobu hoontata Fakalaawo de là où la mare de Hôbou s’abouche au Fakalâwo
faa ɗo Hoore-Guube hoosotoo e heesuure, jusqu’à Hôré-Goubé où s’arrache herbe kêssou[20],
mo mi heddanaali heen fuu hennyaali. celui à qui je n’ai rien laissé de cela n’a pas eu ce qu’il lui fallait.
Tolo seeki noori Nama goruwol Seewa. Bas-fond herbeux a scindé les Échines-Tachées au canal de Nama, à Sêwa.
Huɗo Nyamaruure, tolo Sunngay ruunde Herbe de Gnamaroûré, bas-fond de l’îlot Soungaye,
to suume sumpe suumti to ɓuri suubu[21] c’est là qu’une blanche au mufle bleuté et au gros nombril a inauguré le meilleur pâturage
horsinaange gen Sule suɓamaawe la favorite de l’épouse de Soulé, sa privilégiée
nge sule mamniraali ɓirgol e ɓillaare et celle à robe piquetée que n’importune ni traite ni confinement
darii waamgo dartii wallaadu walli kam mi haɗa wayɓe ko ndaari. s’est dressée sur une colline et, corne brandie, m’a aidé à interdire à mes adversaires ce qu’ils cherchaient.
Burgu Taannereewol e huɗo Tanndawo so ga’i tanniima hawri e taganeede. Bourgou du canal de Tannérê et herbe de Tanda, si taureaux y ont pris embonpoint, est atteint ce pour quoi ils furent créés.
Beeli Karsawol tule beebooje hikka becce ɓujji am ɓuri beembe. C’est aux lacs du Karsawol et aux buttes arborées que, cette année, les flancs de mes bœufs sont devenus plus gros que greniers.
Kaalanon na Belkel mo beɗi kaŋŋe ! Parlez-en donc à Belkel[22] aux disques d’or !
Sabi nyannde kammu waali waylaade À cause du jour où il a plu toute la nuit
faa baade cagga dow nade bani Mampa au point que gouttes restaient aux croupes des Noirs-de-Jais à Mampa
faa fetere waali dow felluru waage et que foulard passa la nuit sur Pelote-au-front (née-de)Ventre-Blanc,
wane wanyoowe nge woni wannyorge. Noire-de-Jais qui ne veut plus [de ses petits][23] s’est fait détester [de l’ennemi].
Afo yimana Waaɓi debbo Koolel[24]-Waamgo Afo chante pour Wâbi, femme de Kôlel-Wâmgo,
mi duroo Koro-Guusu mi yarna ɗi feto Koole je pais [mes bêtes] à Koro-Goussou[25] et les abreuve au marigot aux Kôlé
ngo bada[26] hoɗaaka korngal hollaali où jamais l’on ne stationne si on ne l’a découvert en allant en éclaireur
so wanaa miin e hono am yi’ataa ngo. il n’y a que moi et mon égal pour le voir.
To hoɗaa baɗɗi hometee ɓiɓɓe baay®i C’est là le séjour des cobs, là le gîte des petits de hyènes
to bakuleeji leelotoo ley baade là que léopards s’allongent sous la pluie
se a durii baalɗe tati fuu a tamnii ɓe ! et si tu as mené paître le troupeau trois jours, tu les as bien eus[27] !
Mi taw Huri-Baafe huɗo waɗii huubuuje eɗi coorta ɓiɓɓe jawe ley jabbooji (cabbooji). Je trouvai qu’à Houri-Bâfé, herbe avait fait comme une meule tandis que troupeaux débusquaient des faons de guibs de sous les buissons.
Mi jala mi miilta banndo Belko Jallo Je ris en songeant à la sœur de Belko Diallo.
Jamali kawnya jabbol Seewaari Diamals broutent goulûment l’herbe aquatique du Sêwâri
huɗo seniiko noorol See worri herbe bien propre, à la dorsale de Sê,
selo gayaawo Ganngiingol Seewa long fourrage aquatique de Ganguiwol-Sêwa
sera Toownde-Baafe Basibaniwol Togga toon tilaaki Tooba timmaali aux confins de Townde-Bâfé, Bassibaniwol, Togga[28], là-bas, n’est pas épuisé ni, à Tôba, terminé,
tiinde Allungaawol Banngooru en face d’Alloungâwol de Bangôrou[29]
nde ngorrotoo-mi waajibi bani ngowwa ngabba kanyum e baagal terkaari et quand je fais relâche, inévitablement, Noirs-de-Jais sont bien gras, et Gros-Hippopotame et, avec lui, Grand-Beige-au-Ventre-Blanc
mba’a bawuure mbargita gayalaawo hono Hoore-Mbaalu balotoo maarooje fauchent prairie de riz sauvage, arrachent fourrage aquatique, comme Tête-de-Mouton[30] faucarde rizières
no bajji ngatta suftere Bara kaawɗe de même vaches uniques font, du regain d’herbe à Bara, merveilles
nyiiɓan koppi korfoo ko’e njaada et, genoux ployés, n’en bougent plus et troupeaux vont de conserve
ɓaynde wurja hono garuwal wuusi prairie marécageuse s’effondre comme s’écroule une maison en pisé :
wuro Yerooɓe jedduɗo kala haala boowɗo hasidaade ma halkiima. au campement des Yéro, tout contradicteur reconnaît que qui te jalouse toujours en a été anéanti.
Nde bijji kaaɓunoo biilal Seewa Une fois génisses lassées du grand campement abandonné de Sêwa
mi seri wooto Belebele huri wooto je donnai un seul coup de sifflet, Bélébélé[31] poussa un seul grognement
gorɗi mawɗi njerƴidi masinaaji et grands mâles ont d’un seul élan lancé leurs machines
so ɗi immodiima faa kare ana iida tous ensemble mis en branle au point que vibre le sol dur
hono kanuuru immii dow kaaƴe. comme un coup de canon sur les collines.
Ngel Gaaɓɗo huyri ɓujji ngaɗa ganngiije Le chéri de Gâbdo est enthousiaste car gros bœufs sont comme piliers centraux de cases,
gaanyaaji tummba ngel Tufi nyallirta. gros taureaux l’entourent, lui à qui Toufi pense tout le jour.
Banal e nyaale mbatti kam ɗi mbii Nyaaba Gros-Noir et Aigrette me font compagnie et disent « à Gnâba ! »
jam nyallu leydi mawngal nyaaruuji ! et que soit bonne la journée au pays aux vastes plaines herbeuses !
Ɗi kammbi weendu miɗo weɗoo kaabi Les bêtes longent un lac tandis que je navigue parmi les génisses
eɗi ceŋi e seeno eɗi mbobsoo seewndu elles sont allées s’incruster dans le Sêno, à siroter un air léger,
seebuure beeli seŋoseŋo[32] sera Beeyna. herbe des lacs, buissons aux abords du Bêyna.
Serinda jawle yim Senndera Jallo ! Mets-toi à l’écart des troupeaux et chante Sendéra Diallo.
Jam nyalli seeno sekkini tireeje[33]! Bonjour au Sêno où s’alignent des tirêhi !
Laaɓa-tiinde miɗo yime nyannde tiiɗi Front-Sans-Tache, je te célèbrerai au jour d’épreuve !
Afo jaawa ciiɗi yima Ciingal Jaari Afo bourre les flancs des Bruns-Foncés et chante Belle-Brune Diâri[34],
ana jalɓi tiinde fati to tiimtaade a front brillant – pas besoin de miroir où se mirer ! –
laaɓi tiinde tiiɗaa goro boomi se gorɗi tijjike nge dariima e tiinde a front sans tache, ne manque pas de cola, don des jouvencelles, quand mâles ont avancé droit sur la vache arrêtée tout devant,
tilsu kaa mi yima mo tiingal lewru forcément alors, je chante celle au beau front de lune
ana ŋarɗi leenye diirta ɓe hara leeso. aux jolies scarifications[35], qui évince ses rivales mais garde sa natte interdite[36].
Kanaa lewru baataasari leela Ce n’est qu’à la pleine lune couchée
se mi jaanya leeɓi darngel e dikko daake. que je ramène de la pâture celle de belle stature et première-née de la Cou-Blanc.
Joom bakaaɗi moyŋaro baadeeje Portant boubous bleus et magnifiques bagues de prix[37]
mi bakataako bayɗo[38] Ciingal banndo Jaari je ne me soucierais guère de l’adversaire de Belle-Brune, sœur de Diâri.
Bari haani nyaayde[39] kirɗo ma nyaaniima Bari[40], il te sied de te pavaner, ton rival s’est épuisé pour subsister,
mo nyalbi cuumi yeewtata toni cuumɗi toi qui as veaux blancs au museau bleuté, trouve compagnie auprès des lèvres bleuies[41]
debbo Saasiwol e Keera huma kerkaaji une femme de Sâssiwol et Kêra attache des courtines
ana huyra wayni kerewal jaytaaɗi et s’enflamme pour le berger de Grand-Ventre-Tacheté marqué de trois traits[42]
mi nyaaƴa naange nyawla mi nyasa nyaawe je vais fièrement sous le plein soleil choisir, en tête, une tiquetée
mi nyalla yimde Baataasari Jaaƴe ! et tout au long du jour je chante Pleine-Lune[43] Diâdié !
Se yiitere naange toowii ɗi tontiima L’œil du soleil arrivé au plus haut, les bêtes se sont immobilisées
miɗo huyra toowi-tiingal Guuroowo et je m’enflamme pour celle au front haut, [fille] de Gourôwo
laaɓi-tiinde nana gori tijjiima. celle au front clair apprend que mâles sont allés tout droit.
Lalla-Ndonto nana bani ɗowtiima Lalla-Ndonto apprend que Noirs-de-Jais se sont laissé conduire
ɗi njiɗaa konnga Korombana noddii ɗi. eux qui n’aiment pas stationner sur les champs, Korombana[44] les a appelés.
Mori haasidiima moƴƴuɗi Baa-Haawa. Mori a été jaloux des splendides bêtes de Bâ-Hâwa.
Sonkolooru woya soƴƴina loowru Un vent d’est brûlant pleure et repousse le vent annonciateur de pluie
lobbi jeyɗi Loowol e Loppeeru les belles bêtes auxquelles appartiennent Lôwol et Loppêrou[45]
yo ɗi ndammu loowle Tolewol e Tonngaama ce sont elles qui ont bien profité de la fin de la saison froide à Tolewol et Tongâma
huɗo Toka e toggere Diiwaare faa lewru ɗiisa miɗo yima Dii-Pennda. de l’herbe de Toka et de l’îlot boisé de Dîwâré, jusqu’à ce que la lune décline, je chante Dî-Penda.
Jemma ndegi-ɗen nam Jejjeere La nuit nous n’aurons qu’à descendre à Diédiêré,
janngo konniten nam Koriyense le lendemain, stationner à Korientzé
njottinen na Doorel Koolaaɗo. et arriver chez Dôrel-Kôlâdo !
Koobaari nyaami nyaayngal Kokorooru Un taureau Hippotague a eu, pour pâture, chaumes au Kokorôrou
min kennji boomi Keera njalti ƴeewde nous le mîmes en tête et jouvencelles de Kêra sont sorties regarder :
Pennda e Haawa lobbal pellorɗe. Penda et Hâwa au front orné de beaux bijoux[46].
Ɗi boowɗi perre biidi e pete gawɗe[47] Accoutumés aux terres dures, aux ruisseaux et flaches à acacias
garci Baaba Haawa e Hammaati. sont les troupeaux transhumants de Bâba-Hâwa et de Hammati.
Fay so moomtu-ɗon debe jinootooɗo faa mi ƴeewa baawɗo ɗi ƴeŋinde Alors même que vous aviez rassemblé quarante nageurs pour que je voie celui qui pourrait le mieux les faire remonter sur la berge
debe e sappo fuu sappii yo yinotooɓe et que toute une cinquantaine se targuèrent d’être bons nageurs,
yoga saawaama illa µappere Saasi les uns se sont trouvés noyés dans la masse dès la brèche de Sâssi,
yoga soƴƴitiima illa ndi soobaaki les autres ont fait demi-tour sans qu’un [meneur] s’y soit même appliqué
nde Jeliba sirtunoo ɓe cikkunoo siido et lorsque Diéliba[48] eut filé, fendant l’eau, et qu’ils prirent ça à la   légère,
Jara sikku dee ko wonnoo koo wooɗii Diara, certes, pensa que ce qu’il en était c’était bien :
nde arannde ndee mo waɗa arkummbeeje au début, il ne nageait qu’avec les jambes
illa teentilaaka tawi Jara tebbaama mais avant qu’il se soit trouvé bien en action, Diara a été rattrapé ;
Belebele e ganndotoongal bempeeje Bélébélé avec un grand taureau qui faisait face aux vagues
faa picce nyaara dow Belebele nyaarta au point qu’éclaboussures sautaient comme étincelles sur Bélébélé filant dans l’eau
Bonye gaɗoori bojobaja ley maayo Bonyé[49], taureau qui fait flic-flac dans le fleuve
faa dumari tacci duungal loonnooɓe au point qu’un taureau Ibis traversa la grande île aux lavandières
nde Lamaasi yurbini laafaaji et quand Lamâssi fit sombrer des bonnets de laine
njii-mi tekke njokki e tewtiwri que je vis tortillons de tissus suivre le fil de l’eau au plus profond du fleuve
teere wubba yoga teɓɓoo laace le courant en entraînait certains, qui agrippaient les queues
kanaa njii-mi Nuhu teeli e hoore et c’est alors seulement que je vis Nouhou tout seul en tête :
se ɗi ngarata faandude nde tawi Nuhu faɗɗaama et lorsque les bêtes arrivaient sur la rive où accoster, Nouhou avait déjà une bonne avance sur eux
faa goral ƴeeŋi dartini fankiiru jusqu’au moment où un gros mâle monta sur la berge et entreprit un trot de parade
ɓe keddii faa so ndartinu-mi e danyeere les gens sont restés   jusqu’à ce que je reprenne pied allant vers la rive
so ndiyam yottinoo kam taadorde et comme l’eau avait atteint ma taille
faa caadaaje tawi kam e ley maayo des cadeaux de cola m’ont trouvé alors que j’étais encore dans le fleuve :
hemre Aysa fufu goro Hammaati ɓe mbii « onon e golle ! » Goro kaa haaraama ! quatre-vingts noix de Aïssa, un paquet de cola de Hammâti, elles dirent : « Vous avec le travail[50] ! »  De la cola, en tout cas, on a été rassasié !
Mi leeti boomi lewtu-mi wullaango mbii-mi : « Fay jannginooɓe leekol ngari ƴeewde Je jetai un coup d’œil vers les jeunes filles et m’exclamai : « Même des maîtres d’école sont venus assister au spectacle,
illinaali horɓe eɗi ginda ƴaɓɓaade ! » et youyous des servantes résonnent à tue-tête !».
Miɗo inndi toownde Simmbako ngesa Sirama Et je cite comme destination, au tumulus de Simbako, un champ de Sirama[51]
fadale darge wii kam : « Galla faɓɓu ! » et Celle-à-Balzanes-et-Toupillon-Blanc me dit : « Par Dieu, reste un peu ici ! »
Mbii-mi fadale : « Sawra ɗal yiɗde ɗo faaɗi Je dis à Toupillon-Blanc : « Du calme ! Cesse de vouloir rester où l’on est trop à l’étroit !
ko koboso nyaayle Korommbana nyawndante ! Sont-ce les glanes de chaumes de Korombana qui doivent te soigner !
Rennda njotto-ɗaa ceenal Nyaanga Débrouille-toi pour atteindre les grands sablons de Gnânga :
nde hoornde ŋabbita perral Nyaaba quand la disette remonte dans la grande savane de Gnâba
Sammba-Beeli Samakiri Jaataaru de Samba-des-Lacs, Samakiri, Diâtârou,
Jennginaare hari fuu haɗi jawle Dienguinâré interdit   tout accès, empêche les troupeaux…
ɓe kari Tukaaru tummbiindu e ceene ils ont interdit l’accès à Toukârou, lac au beau milieu des sablons ;
sera Gimaangooru feƴaa ngooruuji près du Guimângôrou l’on écale cœurs de palmiers
gollooji tan ɓe ngotirata baanyaaji. et ce ne sont que coups de gourdins assenés sur la tête des bergers !
Too banal suutti huɗo baŋa-suubuure C’est là-bas que Noir-de-Jais a pris goût à l’herbe soûboûré
miɗo yima Summbuwel’en Demmbaaɓe et je chante les gens de Petite-Soumbou des Demba,
debbo Boɗeteengal mo ɓoylaaɗe une femme de Bodétengal aux boucles d’oreilles torsadées,
o wii debbi ɓoosa celi ceenal Bommbi elle dit aux femelles de fouler hautes herbes des sablons de Bombi
Sire Sila yimanta sira bale yara beeli. Siré Sila chante pour [elles], écorce folioles de doum et boit aux lacs.
Wonko mi narri Nasibogo Bellaajo Il est une chose que j’ai apprise de Nassibogo, le Bella,
wii iwi illa Ganawal e Gaaruta il a dit que, parti de Ganawal et de Gârouta
faa darii e Galjuma gase Nyoona il s’est arrêté à Galdiouma aux fosses de Gnôna,
ɓami illa Banngasa gaɗa baamle a pris depuis Bangassa, au delà des collines rocheuses,
faa mo darii e baamgel Balanyaani puis s’est arrêté à la petite colline de Balagnâni :
baɓɓati nyaami fay nyaga accaali. criquets ont tout dévoré, ne restent même pas brisures de paille.
Sa a tiinnitaaki faynude ana tiiɗi ! Si on n’y a pas mis tout son zèle, les engraisser est bien difficile !
Mo wii : « Dara faa mi tinndina ko tiimgal haalii : Il a dit : « Attends, que je t’informe de ce qu’a annoncé la géomancie :
gilla Tireere faa Time Uuruuɓe depuis Tirêré jusqu’à Timé des Oûroûbé
gilla tiinde Ummanal faa wara Uuju depuis devant Oummanal jusqu’à arriver à Oûdiou,
mbureeti umminii ɗum gilla nduungu les locustes les ont fait partir dès l’hivernage
faa ɗi nduuyni Alsuna Duga Saare jusqu’à faire se disperser le village d’Alsouna-Douga
fay jawle joon kaa ndonki jooɗaade même les troupeaux, alors, n’ont pu séjourner
faa Joona wooki wuro Tannal jokki au point que Diôna dut émigrer, et Tannal après lui
ɓe keɓaay joonde fuu ɓe mbii ɓe joloyooɓe ils n’eurent plus aucun lieu où séjourner, ils dirent qu’ils devraient aller descendre [dans le bourgou].
Miin mi jooɗataako nde ɗi nji’ataa joobu Moi, je ne stationnerai pas tant que mes bêtes ne verront pas une terre en friche
mi dillinii ɗi miɗo yima Dikko-Joodi je les ai fait partir tandis que je chante Dikko-Diôdi
Koloo tummba kam ɗi kona tuudooje Kolô[52] me met au milieu d’elles, qui s’attaquent à la brousse touffue
dumari tuurnida mi yima toni-duuru[53] Ibis inclinent le cou pour brouter et je chante Lèvres-Noircies,
duncanaama debe debbo e duunde en ont été prêtées pour leur lait quarante à une femme sur une île
debbo duunde weendu dumaral wemmbaaka une femme d’une île du lac, Grand-Ibis n’a pas été perturbé
sanaa ɓeemri duŋa duungal toowa ; ce n’est qu’après décrue qu’une grande île peut se bien dégager ;
mo Laamɗo duuri toni toowngal jommbo celle dont le Seigneur a noirci les lèvres et qui a haut toupet de tresses
wara joowta kam so gori tiimi jaango vient me saluer quand les mâles ont déjà en tête le lendemain
pelle buuɗi buge toni Daado Daaɗo pièces d’argent au front, bleu aux lèvres, Dâdo-Dâdo
jilliraali mbudu banndo Jibiriilu n’a pas mélangé [or] avec du plomb, sœur de Djibrîlou
Siise jinndungel jawe Kummba-Jaaƴe Cissé aux lourds bracelets, Koumba Diâdié
mo jawe care mo debbo Carŋal-Caayeeji aux bracelets d’argent, femme de Tiarngal-Tiâyêdié[54]
caron caado-ɗon so ɗi ndenngiima ! faites votre jury et achetez de la cola tandis que troupeaux attendent le passage !
Miɗo yimana Uurdi-Jaawel banndo Jaaƴe Je chante pour Ourdi-Diâwel, sœur de Diâdié
miɗo jappa ƴonngo jamalal hono kirke je couvre la bosse de Grand-Diamal, comme d’une selle
yo mi waanco kiirte mo wattaay kire Jawra ! et puissè-je flâner à la fête de mariage[55] de celle qui n’a pas mis de cuivre, [fille de] Diawra !
Mi yima Kajja debbo Suppa-Kaalaaje Je chante Kaddia, femme de Souppa-Kâlâdié[56],
mo teddinaali kaankasi kasataako qui n’a aucune considération pour le laiton, n’a pas à « manger son blé en herbe »
mo kaŋŋe tilsidi e ndaneejam kaabi. elle qui a, sans faute, aussi bien or que lait[57] de génisses.
Kabasana e Jaaje-Kabi fuu ɗi kaajaaka De Kabassana ni de Diâdié-Kabi bêtes n’ont eu nul besoin
kaabi kaaɗi karawal Sobo-Jaaje génisses se sont arrêtées sur terre nue de Sobo-Diâdié ;
huɗo fay e batte bale tan na’i nguuri ! même pas d’herbe, seulement de folioles de doum, bovins ont vécu !
Njaju oorngitiima[58] jawdam[59] wirfiima Vent d’est brûlant s’est rué et mon troupeau a fait demi-tour,
jaaye puyi jalli tiimi dannyere berges ont commencé à sécher et les bêtes des Dial ont surplombé la rive
ɗam dariki Peena Perakoro suftiima. l’eau s’est arrêtée à Pêna et, à Pérakoro, le bourgou a fait du regain.
Miɗo miila Kornya gilla e tati koorka Je songe à Korgna, depuis trois jours du mois de carême
ɗi koɗa Jegaango min kolla ɗi jeereende les bêtes stationnent à Diégângo, nous leur montrons la haute brousse
mi dura ferro Luggo feto Lutti-Waamgo ; je les mène paître aux terres désertes de Louggo, aux flaches de Loutti-Wâmgo ;
ɓutii ɓunndu Alla ɓuumgal tireeje[60] s’est empli le puits de Dieu, grand [puits] aux arbres tirêdié, si frais,
kojole[61] tiimi Tinjama gooruuji. et arbres kodiolé surplombent Tindiama et ses rivières.
Toon gorko Moonoowel kaa monorii ɓe C’est là-bas qu’un homme de Mônôwel[62] trouve certes son avantage avec eux
faa dabbundeeru wifi danewol yalti jusqu’à ce qu’ait soufflé vent de saison froide et que premiers jours de froid aient cessé
ɓaarotooɗi njoli ɓalewol naatti. que les troupeaux qui longent l’eau aient traversé, que derniers jours de froid soient arrivés.
Miɗo nela e ŋarɗi baka banndo almaami J’envoie dire à celle au beau boubou bleu, sœur de l’imam
almiyaali boowngol fuu e ɓuuɓde qu’au cœur de la saison froide, tout habitué à la fraîcheur,
mi jaanyataa ɗi faa hare jaaloo ɓe je ne les ramènerai pas du pâturage jusqu’à ce que le sommeil ait raison d’eux
faa yarooɓe korrobe ana koyɗa jusqu’à ce qu’ils rêvent, ivres de ronflements :
kanaa koode Ɗaccuki njana koota. ce n’est qu’au coucher des Pléiades qu’ils rentrent au bercail.
Nan sifa no kooba boɗewel jenngirta Entends comment Hippotrague-de-Petite-Baie est au cœur de la nuit
nde pin-mi fuu mi holla ɗi jeereende et que, sitôt éveillé, je leur montre la haute brousse
gilla Ooldu-Hoore honki mi hootaali et ne suis pas de retour au bercail avant que Tête-Jaune[63] n’ait donné le premier coup de houe,
faa hoddaaru waati waɗi joy hoorooɓe ; et jusqu’à ce que, passé le mois précédant le Ramadan, il y ait eu cinq jours pour les jeûneurs ;
se hoore gorɗi duŋa tiimtana duuɗe quand un groupe de mâles s’éloigne et revient sur ses pas aux îles
sabi dumari Saydu-Baa Duungal mboowi car, les Ibis de Saydou-Bâ, c’est de Grande-Île qu’ils ont l’habitude,
miɗo nela e Dawli ciingal Daaguna j’envoie dire à Dawli, la brunette de Dâgouna
dawdawol yaawa wuro Kaso sartiima que, pour le départ au premier mois de saison des pluies, le village de Kasso a fixé la date :
sarti jolnde sappo e joy koorka. le jour fixé pour la traversée, c’est le 15 du mois de Ramadan.
O wii nanii mi diidike nguru kooba Elle dit qu’elle a appris que je m’étais fait couper des sandales en cuir d’hippotrague
miɗo yamna koobowal’en koccuuje et que je fais piétiner gravillons au groupe du Gros-Hippotrague
fadde nelal jolnde iwde to joom-laamu. en attente de l’annonce de la traversée par les autorités.
So gara olii so gaafol ŋabbaama Quand indigo a fané, quand on est monté sur champs labourés
nde nawre Gaajeteengal gamtaama quand la mare de Gâdiétengal a été fréquentée assidûment
nde nyallo Gaaɓɗo-Afo welii gaajaate quand, à la réception de Gâbdo-Afo, se sont tenus propos plaisants,
jey Gamataake doomra gardiije qui détient Gamatâké attend avec des fusils ;
Suumɗi Summbu wuro Yero Aam-Buulo Soumdi Soumbou[64] du campement de Yéro Âm-Boûlo
jey maayo Baaba-Laamini Laamingo qui possède le cours d’eau de Bâba-Lâmini à Lâmingo[65]
baggo jeyɗo fimmbere Baa-Jaaba jeune propriétaire du Fimbéré[66] de Bâ-Jâba
jey maayo Baaba Tanafisa et a le cours d’eau de Bâba Tanafissa,
Summbu sudda buge ɓiranee buuli Soumbou au voile de bougué, pour elle sont traites Vaches-à-Liste.
Buuru jeyɗo fimmbere Aali-Buulo Boûrou propriétaire du Fimbéré de Âli-Boûlo
burgu ƴoori fuɗɗi yooraade le bourgou remonté à la surface a commencé à sécher
se ɗi pahii burgu buulal jummboo ɗi. et quand elles ont pris le chemin du bourgou, Grand-à-Liste les seconde.
Miɗo huyra ŋarɗi juba debbo Juumaani Je m’enflamme pour une femme au joli toupet de tresses, de Dioûmâni
to juggi ceeki juungal deebaaje où bras d’eau parcourent la longueur des cuvettes herbeuses,
debbo Baltotoongal Baheeri une femme du Baltotôngal[67] de Bahêri
juggi Lorrooɓe juuwa loociiji aux bras d’eau des Lorrôbé où passent à gué les longues cornes effilées
lobbo loonna µappere-Ndaamaari la belle lave son linge à la Brèche-du-Python
Sollu saamta calluɗi Aam-Baaba Sollou le rince aux ruisseaux d’Âm-Bâba
banndo Addu moyŋaro annoora sœur de Addou d’une lumineuse beauté
ana wi’ee Arɗo banndo Allay Seeku ; on dit Ardo frère de Allaye Sêkou ;
se ɗi njehi njeewndi kala Matu njeeyra-mi. chaque fois que les troupeaux sont partis dans la solitude, c’est Matou que je célèbre.
Yim Kummbaare lobbal kunndaaɗe Chante la Koumba aux si belles nattes[68]
Kummba debbo kumanaangal kaabi Koumba, femme pour qui sont attachées des génisses
debbo Seekotoongo nde sela maaƴe femme du Sêkotôngo[69], confluent où se divisent les fleuves
debbo Lawlotoongol e seeɗirde femme du Lawlotôngal et du lieu de séjour de saison sèche
mi seyori debbo Ngiduwol seli duuɗe je me suis plu auprès d’une femme du Ngidouwol à la pointe des îles
duko walaa nyannde njaaden wuro duunde pas de dispute le jour où nous devons partir au campement des îles :
denngaama Jaaje men : « Alla jam nyallu on a attendu, et notre Diâdié : « Bonne journée,
cayfitooji huɗo caayewel geene ! » troupeaux saccageurs d’herbe de Tiayéwel-Guêné49 ! » 
Sayge oole oolal hurgaawe La Fauve-au-Ventre-Blanc de la Grande-Fauve-Cornes-en-Ogive
ana jaaƴi deedi ana liɓa deebaaje rentre du pâturage, panse couchant herbes des cuvettes
deeba hiɓɓa Deeboy woortaali et se repaît, tout près du Dêboy, sans détour !
nawre woodi baalol hoɗi baawe C’est à une mare avec herbe baalol, lieu de séjour   d’oies d’égypte,
no debbi nyaamri illa ngel e deebaaje qu’ont pâturé les femelles depuis cette petite zone dans les cuvettes
nyaaraama nyaale Ndentaaka jam nyallu ! et s’est égaillé un vol d’aigrettes, à Ndentâka, bonne journée !
Miɗo anndi toownde Banngu yo tolo Jalli Je sais que la butte de Bangou est un îlot réservé aux troupeaux des Dial
gilla toownde jaɓɓe faa toggere jaaɓe faa daroo e tolde Toowngal-Bela-Nyorgo depuis un monticule à tamariniers jusqu’à une levée de terre à jujubiers et jusqu’à s’arrêter sur le bas-fond de Tôwngal-Béla-Gnorgo49
tolo arano mawɗi tolo Toowngal-Pimmbe ! le premier bas-fond découvert pour les doyennes[70] est celui de Tôwngal-Pimbé,
Alla dumari dammu Duungel-Daamaaji ! Dieu ! Puisse les Ibis jouir longtemps de Petite-Île-aux-Pythons !
Ŋarɗi daake dey sago Dimo-Daaɗo ! Jolie est La-Vache-à-Collier et, certes, au goût de Dimo-Dâdo !
Darge Timmbo danewel tinndeeje Celle-à-Balzanes de Timbo, petite aux pattes antérieures blanches,
nge taƴanaali tiwre so ɗi pahii Tinnaheere ! que n’a point inquiétée le trajet lorsque troupeaux ont pris la route de Tinnahêré !
Hay hoore am se Horgay inndaama ! Hè ! mon troupeau, quand Horgaye lui a été cité comme destination !
Dikko Addu Siidi yimanata sassiinge (= saaje-siinge) Dikko Addou Sîdi chante pour la Nègre-à-liste-et-Fanons-Blancs
nge Laamɗo soccii kaftule sole-siinge que Dieu a nettoyée, brusques départs de Nègre-Tavelée
nenno kaaltanon na Sontay debbo Soppa rapportez-donc la chose à Sontaye, femme de Soppa
ɓornotooɗo sontoro soka jommbo toujours vêtue de basin blanc et tresses retenues en toupet
mo wi’a joomiraaɗo reen Baŋa joolaare qui dit au Seigneur de veiller sur Banga dans la lointaine solitude ;
se Baŋa yeedii fuu mi miccoto Yeeyaande quand Banga rumine au calme, je songe à Yêyandé,
Kaŋŋe Koola Kajji debbo Kooteeji Trésor de Kôla, à Kadji femme des Kôtêdyi[71] :
ɓe nana koobi nawre Koolel e Dibo-Gorɗi elles apprennent qu’Hippotragues [sont] à la mare de Kôlel et à Dibo-Gordi[72]
to gasi mooreeji moƴƴuɗi loociiji où ça va bien pour les splendides bêtes aux fines cornes en roue
suppaama sekko seeki e nder maayo paillasson a été fixé   et a coupé le cours d’un fleuve,
mawɗi Tonngeteengal seeruuji doyennes [sont] à Tonguétêngal, où sont tendus barrages de cordes[73],
tolo woɗeewo gaandol e tole Gaaji bas-fond rouge d’herbe aquatique aux bas-fonds de Gâdyi,
haneteengo gabbi ɓuri gara boogaade fleuve où grondent hippopotames et plus bleu qu’indigo
to bohal nyaami faa boki mum jaaƴii. où Gros-à-Tête-Unie s’est sustenté à en avoir fanons dilatés,
Boɗal ganngiiwal e eeral gaaci Gros-Bai-Poteau-Fourchu[74] et Gros-à-Crins-Blancs
abadaa Galaale waasa wayneede jamais ne manquent d’être conduits à la pâture à Galâlé
waamde Waalo selataa e wardeede pour paresser, le Ouâlo ne cessera de les voir arriver
wayre Bunti selataa e wammeede trou à natron de Bounti ne cessera de les accueillir au matin,
ferro Nyaaba selataa e fecceede brousse steppique de Gnâba ne cessera d’en être parcourue,
sewnde Ammba selataa e yarneede source de Amba ne cessera de les voir s’y abreuver,
abadaa hunnde ladde werataa weeboowe jamais bête sauvage ne barrera la route à celle aux cornes éployées
tubal ɗuɗɗa sawndoo tuubaako tambour d’appel bat au côté de L’Européenne[75]
nge Tuure huyri ɗum nge Tufi nyallirta celle dont Toûré est si entiché, celle de Toufi passe la journée à jeun,
tulaay maaƴe bada tuuba e maaɗa et n’a jamais reculé devant les fleuves, docile à ta volonté ;
mi hillitaaka Tunuman sakko Bayli je ne me suis guère soucié de Tounouman, encore moins de Bayli !
Bari huyra kam mi hunya na’i balamaaji. Bari se réjouit de me voir faire partir en transhumance des bêtes à tablier blanc jusqu’aux épaules
Nde Banel-Huudi (?) hurtike heɓi baalɗe Quand l’étoile Banel-Hoûdi a réapparu au ciel et a fait quelques jours,
nde Bawngalaaje misaka[76] miilaama quand les Pléiades [sont enfin là], alors on songe
so maƴe lanndindiima maanduɗi lanndindiima. que, si les éclairs sont prêts, le sont aussi  troupeaux renommés !
Afo yimana Lalla wakkoo laamaaɗe Afo chante pour Lalla, porte à l’épaule lances damasquinées
nyallo laaɓa tiingal miilam-mi. c’est à la réception de celle au front clair que je songe.
Se nannge lammii tay faa nguli taayi Quand le soleil est si ardent que sueur fond
nde nguli sani e terɗe jaari e teppeeje quand sueur perle sur le corps et coule jusqu’aux talons,
miɗo miila teddi kootone koɗi ngoowi ! alors je songe [à celle] aux lourds anneaux, aux énormes colliers !
Oggu jey ɗi uddere seli weendu. À Oggou[77] sont bêtes que barrage de pêche détourne du lac.
Haya Ummu nan ko leeɓi e Uuruuli Ah ! Oummou, entends ce qui est beau chez les troupeaux Oûroûli
no debbi piirata huɗo calluɗi Pimmba comment femelles battent l’herbe des fossés de Pimba :
Gasel Seeri nde huɗo muuɗum garŸii à Gassel-Sêri quand l’herbe y est écrasée,
to ɗi coorotoo mi yi’ataa gallaaɗe c’est là qu’elles s’enfoncent, je ne vois plus les cornes
kanaa nyaale mbeeya e dow nyaawi. à moins qu’aigrettes ne volent au-dessus des Tiquetées.
Miɗo miila nyallo Nyaayrata bagi Nyaawo. Je songe à la réception de Celle-qui-se-pavane-dans-ses-cotonnades, [sœur] du Grêlé.
Garigariwo nawe baalol nabbe Herbe garigariwo des mares et marche le long des mares
baɗɗi nawre Baŋana e Baabooru Cobs[78] de la mare de Bangana et Bâbôrou
buuli nyaama huɗo Buulal-ƴoori Ceux-à-Liste broutent herbe de Boulal-Diôri
ɗi nguuna parsi Wurma e Nguuroori ils traversent l’eau au passage de Wourma et de Ngoûrôri
ɗi njuuwa juggi Baa-Sule Baabooru ils passent à gué les bras d’eau de Bâ-Soulé-Bâbôrou
se liɓoo Liigewol e Gaafol leliima. et abattent [l’herbe de] Lîguéwol et au Gâfol se sont couchés.
Limmbo haal ko muuy-ɗaa e baanyaaji Grand svelte[79], parle, dis ce que tu souhaites parmi les bouviers[80]
giɗo mawniraaji wuro Yero maneteeɗi ami des troupeaux ancestraux de Wouro-Yéro, qui sont à célébrer
mawɗi maayo Wulwul e Wanaare doyens du fleuve Walwal et de Wanâré
huurtaango maaji so hummba munu-maayo fleuve où convolent lamantins et nagent génies de l’eau
maneteengo teere teddungo bempeeje célébré pour son courant et ses lourdes vagues
peerooji gumpi pemmbooji e guurti troupeaux qui ouvrent pistes dans l’eau et attaquent pistes sèches
afi e maaƴe adotooɗi e oornde premiers arrivés dans les fleuves, premiers à partir en transhumance
lobbi ooli loowtina nawe oole. beaux Fauves restent à la fin de la saison sèche aux mares jaunies.
Sire kaalanon na sinndundu kaŋŋeeji ! Siré, parlez-en à Oreille-aux-Boucles-d’Or !
Ko noore sirge heɓi koo ana tiiɗi ! Ce qu’a eu Échine-Unie-et-Flancs-Tachetés, c’est difficile !
Nge yoolanaama rowanen nge yoppaama On s’est démené pour elle l’an passé, on ne l’a pas délaissée
haya hikka duu nge tuutti ko yottaaki ! et voilà que cette année encore elle a avorté !
Haya kaaltanon na ciingel moodiɓɓe Eh bien, parlez-en donc à la Petite-Bronzée des Môdibbé[81] :
yella nanii hikka cirgal moomaama naa ? a-t-elle appris que, cette année, Léopardée a été bien frottée ?
Sabi nawre Moonowel’en mboowii no Comme c’est de la mare des Mônowel qu’ont l’habitude les troupeaux,
hikka ndoomtiri-mi cirgal Nawe-Cinnɗe cette année j’ai attendu Léopardée aux Mares-Conjointes,
nge cirgi nyemmbi cire-cire alluuje elle dont taches ressemblent aux traces sur planchettes à écrire,
hikka ciindi Garagoy njeewaama cette année, des entours du Garagoye, on a eu nostalgie
ciiɗo debbo Garagoy mo galanaaji une femme au teint bronzé de Garagoy, celle aux galons,
mo yima boowɗo ganndininde ɗi tolo Gaaru qui chante celui qui a l’habitude de mener droit ses bêtes sur bas-fond de Gârou
Gaaliya mboowndi gantere gaaƴaama Gâliya, taureau habitué à passer la journée loin, où l’on traverse l’eau à pied.
looru (lowru) fooɗa lownooɗi Dibo poonda vent de fin de saison sèche entraîne les bêtes qui passent cette saison à Dibo, haletantes,
albana’i royta bani ŋabbita hoornde Petite et Grande Ourses ne sont plus là, Noirs-de-Jais remontent pour le jeûne,
koode jeeɗɗi eɗi koora e baamle aux Sept-étoiles, ils jeûnent sur les collines
se bajji ngarta baanngel Sellaare quand les Uniques reviennent à la grande termitière de Sellâré
debbi poofa dow doŋi polliire que femelles soufflent sur les tertres à chanvre
ooli oona mbuga oolol saata Fauves beuglent doucement, herbe mbuga jaunie crisse
bajji arƴa ngidu aata baawe Uniques foulent les lises,   oies d’égypte cacardent
hikka doŋel baali ƴuujani balamaaji cette année, le petit tertre aux herbes rampantes, l’eau l’a laissé à découvert et les bêtes au tablier blanc jusqu’aux épaules
eɗi njuuwa juggi celi ceeki e weendu traversent à gué les bras d’eau, bifurquent et coupent dans le lac ;
buge e kodda buulel Buudooru La-Bougué[82] et le dernier-né de Petite-à-Liste de Boûdôrou[83]
ana kojoo nawre ɓuttal bulooli. se gavent à une mare au monceau de nénuphars.
Miɗo nela e Burdameewel minyi Buubu : J’envoie un message chez le petit touareg puîné de Boûbou :
hikka duuɗe buuli coytani buge saaje cette année c’est aux îles que Celles-à-Liste ont laissé place à La-Bougué-à-Fanons-Blancs
catamaaje maayo Caygiri Cammbalaaji aux confluents du Tiaïgiri, aux Tiambalâdyi[84],
de woni caliiɗo mi jey goro boomi et s’il en est un qui refuse que j’aie de la cola des jeunes filles
min njaada jenngo Bolal minyi Boori nous nous rendons à la veillée de Bolal, la puînée de Bôri,
mi diirta ɗum mi ɗala ɗum e dinngiraare et je l’évince, je le laisse au vestibule
mi jukka ɗum ndi negejuru[85] neldaali je le mets à l’amende d’un taureau qui n’a pas envoyé de coup de téléphone[86]
mi jappa ɗum ndi kumandaw jaagaaki. je lui impute un taureau dont Commandant n’a pas fait commerce.
Jam waɗii e leydi Perakoro jaawaama Ça va bien au pays de Pérakoro, on a fait des meules
faa jabaaje panngaa e laanaaje : au point que gerbes sont chargées dans des pirogues :
ɓam ndi illa jaaɓal gere Tunta prends le pays depuis la marche du côté de Tounta
faa daroo e tuddungel Maajaaka[87] jusqu’à s’arrêter au petit campement provisoire de Mâdiâka,
gilla Kornya keerondir-ɗen e wuro Kooro depuis Kornya où nous sommes mitoyens de Wouro-Koro
faa darodoo Koola-Pagu’en korsinta jusqu’à s’arrêter avec les Kôla-Pagou[88] pour passer le début de saison des pluies,
gilla Gannɗe Aali faa Aljannaare depuis le bourgou de Gandé-Âli jusqu’à Aljannâré :
fuu balaama baw mun doynaama tout a été faucardé et on a fait flotter le riz sauvage,
ɗo doŋol maayo woni fuu doonaama partout où il y a un tertre dans le fleuve on a faucardé
to doonataake doonyuru lowtinta là où on ne faucarde pas, Celui-à-Liste-Oblique passe la fin de saison sèche
gaameteengo Kaadi e Kalfaala fleuve où pêchent au filet Kâdi et Kalfâla
maayo dawreteengal kaamaaje fleuve où pagaies doivent être magiquement préparées
to haɗi Sumayla summbata kankeeji où Soumayla est empêché de faire avancer pirogues à la perche
wudere kammu gatta e gaanyaaji et pagne du ciel[89] s’abat sur gros taureaux,
too ga’i am nyaami gaandingol weendu c’est là que mes taureaux se sont nourris d’herbe gandol du lac
Boli hillitaaka Firu fellere lewru Boli ne se soucie guère du Firou pour Pelote-en-Lune[90]
ɗo feto tuɗi e ferro Boodoro eɗi anndi là où flache a encore eau de pluie dans les steppes de Bôdoro, les bêtes le savent
fay se neɗɗo fewndike ɗi so nanii feekaango même si quelqu’un est arrivé près d’elles au point d’entendre leur clameur
so nanii neɗɗo fettike wullaango et s’il a entendu quelqu’un qui a lancé un cri
fuu naa anndu miin e felluru ɓii wuule. qu’il sache que c’est moi avec le Pelote-au-Front fils de Celle-à-Liste.
Sammba Hamma sayguru yettii ma Samba Hamma Le-Ventre-Blanc te remercie
illa ndi anwii moƴƴere maa ndi anndi depuis qu’il a été orphelin, ta bonté, il la connaît
ngaari Moola woni moylal koyɗe taureau né de Môla[91] est très haut sur pattes
fay maayo Kornya diwata ɗum koppi même le fleuve de Kornya ne dépasse pas ses genoux,
ndi ndarnde Buuya woni buulal saaje taureau qui a la taille de Boûya[92], Grand-à-liste-[né-de]-Fanons-et-Ventre-Blancs,
ndi yaadu nyemmbi caajal Buu-Hamma taureau dont la marche ressemble à celle du grand cheval à liste de Boû-Hamma
banal ŋaaku ŋari buge alasoore Grand-Noir-de-Jais crie, beauté d’un turban de bougué
doŋol Doyɗe soorii soortiima le tertre de Doydé a été sous l’eau puis en est sorti
baw iwaay saddo balamawal saaje herbe baw n’a pas atteint sa taille, que Grand-Ventre-Blanc-jusqu’aux-épaules[né-de]-La-Fanons-et-Ventre-Blancs
dajji Sammba yima daakel woonge va d’un pas fier, et Samba chante Petit-à-Collier[né de]-Noiraude
tokara debbo toggere caayeeje (= Sanantaaku ?) une homonyme de la femme de la Butte-aux-Cuvettes
se ɗi ngarii Gammbu ga’i min ardinta : lorsque les bêtes sont arrivées au gué de Gambou mes taureaux les avaient précédées
banal e hoore-nyaalal nyasidan-mi ce sont Grand-Noir-de-Jais et Tête-d’Aigrette que je devais choisir :
ɗi taƴata ɓayɗe so ɗi ndinya ɓattaade ils coupaient à travers les eaux mêlées d’herbes au point d’avancer difficilement pour se rapprocher de
huɗo Buruude[93] huɗo Buulal-ƴoori ; l’herbe des Bouroûdé, l’herbe de Boûlal-Diôri ;
hikka reedu bunewal waɗi ɓuuddi cette année la panse de Grand-Gris-Tourdille a bien enflé,
Nyaaleewo-Buulo fiya bummbutu nyallo Gnalêwo-Boûlo[94] frappe tambour d’eau à la réception de
Buge nyalliron na buulal na’i Mampa Bougué, passez donc la journée à jeun Grand-à-Liste des bovins de Mampa ,
ndi boomi mboowi yoomnude gonnjooje taureau que les jeunes filles ont coutume d’approvisionner en grosses noix de cola
ndi Boolo woowi hoccude caadaaje. taureau à qui Bôlo a coutume d’offrir petits tas de cola.
Joowro noddii batu wuro jooɗiima Le Chef de bourgou a convoqué un conseil et le village a siégé
wuro Yerooji Joomel cartiima au campement des Yérô, Diômel a fixé la date
ciforeteeɗi ŋari annduɗi ŋappe : aux bêtes caractérisées par leur beauté, qui connaissent les brèches :
Ñata immataako so ɗi tiimii maayo crocodile ne saurait se lever lorsqu’elles surplombent le fleuve,
munu suftataako so ɗi cuwii koyɗe génie de l’eau ne saurait émerger lorsqu’elles y trempent les pattes
gabbi maaje gaydooji e maaji hippopotames qui cousinent avec lamantins
ɗo gara fotaa e ɓalewol gaajaama là où indigo n’égale pas noirceur on a bavardé
gaawanaaɗi huɗo Gaamantaake bêtes auxquelles a été attribuée l’herbe de Gâmantâké
ɗi Siidi debbo Garagoy nyallirta pour elles Sîdi, une femme de Garagoye, passe la journée à jeun
nawal Gaayre huɗo waɗi galluuje à la grande mare de Gayré, l’herbe a fait comme des campements
ɗon ardinan-mi ciingal Aam-Garba c’est là que je dois mettre en tête Grand-Nègre de Âm-Garba
Siidi banndo Galo’en nyallirta Sîdi, sœur des Galo, passe la journée à jeun ;
Pira ndi Jalli Piilel ndi Jaalaali zone de Pira aux Diall, celle de Pîlel aux Jâlal,
kanyum e Pimmba-Bari kala piidaama et encore Pimba-Bari, toutes ont été parcourues,
fuu eɗi Pimmba-ÿoori Joolii ndi Aam-Buulo tous les troupeaux sont à Pimba-Diôri, zone de Diôli à Âm-Boûlo ;
wuulde maayo Mayrama ana wuddee taureau Woûldé-du-Fleuve-Mayrama est acclamé
nyannde fiinde fimmbere Baa-Wurma au jour de la traversée au méandre de Bâ-Wourma
abadaa wuulde maayo doomaay wullaango jamais Woûldé-du-Fleuve n’a attendu après un cri :
sa a waɗii wulla jola jooɗotoo hoore dès que tu pousses le cri d’appel à traverser, il s’installe en tête
faa ɗi tiimi maayo Sootere Joodoma jusqu’à ce que les bêtes aient surplombé le fleuve à Sôtéré-Diôdoma,
ndi sowondiran koyɗe ɗee ndi sowtoo ko leeɓi il replie alors ses pattes et donne belles détentes dans l’eau
nde ɗe kuncodiima eɗe ɓuri kummbeeje ! et pattes bien relevées font mieux que pagaies !
Ndi kummbaali nduɗɗanata ɗum Wuro-Duunde Lui pour qui résonnent longues calebasses au Campement-de- l’Île[95]
mboowndi nyaamde taru ana taajoo ɗi lui qui a l’habitude de se nourrir d’herbe tarou, il les fait manœuvrer
indi yaada Tannjireewol Wuro-Mbeeba tandis qu’il avance contre le Tandyirêwol[96] au Campement-de-Mbêba
doole ngardini ɗi juggol Gabbu. les a forcés à arriver ensemble au Gué-de-l’Hippopotame.
Matu kanyum e Mayrama banndo Jaaƴe Matou, avec Mayrama, sœur de Diâdié,
boomi njaabondira njaadina kelle ! jeunes filles se faisant écho, font aller bon train les applaudissements !
Kenji nyannde Kampama keddo-ɗon Meneurs, au jour du Campement, restez donc !
Miɗo nyakka gorɗi goro waddee mi nyaama J’ai bien en main de vaillants mâles, cola est apportée pour que j’en mange
miɗo haalta nyallo lobbal coɗi Jaaƴe et j’en parle à la réception de celle aux belles parures, [sœur de] Diâdié
yaage Fanta haɗi Baŋa faddeede la discrétion de Fanta a empêché Gros-Banga d’être arrêté
dolnaali baagi yima Doorel Baawi n’a pas affamé Ventres-Blancs, chante Dôrel des Bâwi[97] :
eɗi nyaama ruunde heyre mi yima Heeri ils mangent l’herbe nouvelle de l’île, je chante Hêri
Heeri debbo fimmbere Laamorde Hêri, femme de Fimbéré-Lâmordé
Matu nyannde hoore na’i nanngii maayo Matou, le jour où le troupeau de bovins a pris le fleuve
fuu nanɗo innde buulal wara ƴeewa toute personne qui a entendu le nom de Grand-à-Liste, vient regarder :
mbuuldi ardotoo mbuɗukuru gorɗi le taureau à liste est à la tête d’une troupe innombrable de vaillants mâles
gori togginan mi yima rewɓe e tolde mâles s’attrouperont, je chante les femmes sur un bas-fond découvert
toowɗi ƴonnge liɓa tole tokaraaje bêtes aux hautes bosses abattent les bas-fonds homonymes,
ga’i mbaawi nyaamde ganndol tolo maayo taureaux ont pu se nourrir d’herbe gandol d’un îlot du fleuve,
ɓujji kaani liɓde doŋi Doorel Dinnda gros bœufs sont bons pour abattre les tertres de Dôrel-Dinda ,
ɓujji nyasoo mi yima ɓuttal kaŋŋe gros bœufs se groupent à part, et je chante Celle qui a gros bijoux d’or
ana ɓuri ɓe salbu debbo Saagoy Salndu et plus de charme que les autres, femme de Sâgoy-Salndu,
debbo salndu mboodeteengal sappooji. femme de l’embranchement où beuglent taureaux de dix ans.
Boɗal iwndi jaaye Bookari Saydu Grand-Bai taureau originaire des plaines de Bôkari Saydou,
boɗal ndi boomi nyallata wuddaade Grand-Bai que les jeunes filles passent la journée à célébrer de leurs chants
eɗi kiɓɓondira e nyaale eɗi nyasa boogiiko voisinent avec les aigrettes et prennent pleines muflées d’herbe.
Yidere Boolo ana yima kam e nyallo La classe d’âge de Bôlo me chante à la réception
noodi kuuna baŋa’en kuma nawre crocodiles mugissent et les Banga cernent une mare,
Afo huyna lobbi loƴa huɗo Loopeeru Afo réjouit les belles bêtes à noyer l’herbe dans La-Boueuse[98]
faa nyannde kammu gidi waɗi pantooje ; jusqu’au jour où le ciel gronde et se pommelle ;
nyallo Dirrawel Misi miilam-mi à la réception de la petite Dirrawel de Missi, je songe à
hogole woownge jooɗaade e hoore la vache aux cornes arquées pointes en proue, habituée à se tenir en tête,
ana sunna wayɓe suŋlina wa(a)ynaaɓe ; qui inquiète les ennemis et rend soucieux les bergers ;
miɗo nela e Bayya Jal Baa jaaƴiima. j’envoie dire à Bayya Dial que Bâ[99] est de retour.
Alla kute e Bayya Jal banndo Pulloori Dieu fasse honte à Bayya Dial, sœur de Poullôri,
se ɓe nji’aay yaayre Baŋa’en puufiima ! s’ils n’ont pas vu qu’en plaine des Banga, herbe a germé !
Cuumo debbo cumeteengal nyalbi La femme claire aux lèvres bleues, la belle pour qui génisses sont marquées au fer,
nyannde duuɗe kese’en cuumtaama le jour où a été ouverte la voie à ceux des îles nouvelles,
nyallo Mayra Kummba debbo Kuunyaali à la réception de Mayra Koumba, femme de Koûgnâli[100],
miɗo nela e Maanndi Sila Mayrama Siise j’envoie dire à Mandi Sila Mayrama Cissé que,
hikka siinndu nyemmbi sirmeeru cette année, La-Nègre ressemble à une outre à beurre
nyannde kaabi udditata uddere Kaadi le jour où jeunes vaches ouvrent le barrage à poissons de Kâdi
Kajja loonna kampaman Nyalleewo Kadia fait sa lessive au Campement de Gnalêwo
nyalla yimde maannduɗi na’i Mampa et passe le jour à chanter les vaches remarquables de Mampa
udditooji tole Mampagu nawre. qui ouvrent les bas-fonds de la mare de Mampagou.

[1] Textuellement « Très-Longues-Palmes », nom d’une région sablonneuse entre Korientzé et Guîdio, dans le Sakkéré. Les mares citées ensuite sont près de Dokko, à l’ouest de Korientzé, vers Sendégué.

[2] naŋti nanngiti.

[3] Faidherbia albida (Del.) A. Chev.

[4] Textuellement « Aîné », désigne ici le poète lui-même.

[5] Nom d’une mare.

[6] Nom d’un autre berger.

[7] Nom faisant partie de la devise de Korientzé (Kowi : chevaux alezans aux genoux foncés).

[8] Bovin dont la robe comporte trois grandes taches partageant le corps verticalement.

[9] C’est-à-dire, par rapport à cette région, le Burkina Faso.

[10] yugo yigo.

[11] Haman-Dêba : nom d’un taureau ; Grand-Ibis : nom d’un taureau dont la robe rappelle le plumage de l’ibis sacré : grosse tache sur la tête et la croupe.

[12] Herbe du burgu, principalement Echinochloa stagnina (Retz.) P. Beauv.

[13] Nom d’un homme foûtanké.

[14] Diverses sortes d’herbes aquatiques fournissant un bon fourrage mais dont les tiges sont aussi utilisées pour la confection de paillassons, de radeaux etc.

[15] Belebele : emprunt au bambara : bèlebele « grand, massif, fort, puissant ».

[16] Bêtes dont la marque d’appartenance imprimée au fer rouge comporte trois traits horizontaux parallèles tout au long des flancs.

[17] Textuellement : « tète » le fleuve.

[18] Môdi Founé et Moussa Kouyi sont des pêcheurs bozo.

[19] bulooli bololi Nymphœa lotus L.

[20] Herbe sauvage dure.

[21] mot songhay.

[22] Nom qu’on pourrait traduire « Petite-Charmante ».

[23] C’est-à-dire la plus grasse, parce qu’elle n’allaite plus.

[24] Koolel : petit Mitragyna inermis (Willd.) O. Kuntze.

[25] Nom de lieu signifiant en songhay « trou de hyène ».

[26] bada : abadaa.

[27] Expression injurieuse à connotation sexuelle, à l’adresse des autres bergers, ses concurrents sur le terrain.

[28] Noms de lieux-dits ; Towndé-Bâfé ou « Butte-aux-Landolphia senegalensis » ; Bassibaniwol : nom d’un canal ; Togga ou « Grande-Butte-Arborée ».

[29] Noms d’une petite rivière et d’une mare.

[30] Nom d’un homme d’origine servile.

[31] Nom d’un taureau.

[32] Cadaba farinosa Forsk. (Capparidaceae).

[33] Boscia salicifolia Oliv. ou Maerua crassifolia Forsk. (Capparidaceae) ?

[34] Nom d’une femme, comme, plus haut, Sendéra Diallo.

[35] Il s’agit des petites scarifications parallèles faites sur les tempes.

[36] C’est-à-dire qu’elle interdit sa couche à ses prétendants.

[37] Il s’agit très précisément de pièces d’or (des louis) ou d’argent montées en bague et portées surtout par les femmes de l’aristocratie.

[38] bayɗo banyɗo.

[39] nyaayde nyaaƴude.

[40] Il s’agit de l’auteur lui-même ; de même que Afo (« Aîné »), son surnom.

[41] Les femmes ont les lèvres et leur pourtour bleuis par tatouage (toni cuumɗi) ; les bovins blancs (cuumi) ont aussi le mufle et les oreilles d’un gris bleuté.

[42] Il s’agit de trois traits parallèles le long des deux flancs de l’animal, marque d’appartenance tracée au fer rouge.

[43] Surnom métaphorique donné par le poète à la jeune fille célébrée.

[44] Village et région vers Korientzé.

[45] Nom d’un fossé et d’une mare (Loppêrou signifiant  « boueuse »). Quant à Tolewol et Tongâma, ce sont des zones de bourgou dont les noms évoquent, le premier, un bas-fond qui se découvre à la décrue en un îlot herbeux, le second (« on est entravé ») la profusion des herbes aquatiques gênant la marche.

[46] Boules d’ambre et pièces d’or, fixées à la racine des cheveux, pendent sur le front.

[47] Acacia nilotica (L.) Willd. ex Del.

[48] Nom d’un taureau bon nageur, donné en souvenir d’un ancien bateau ainsi nommé.

[49] Bélébélé est un taureau ; Bonyé, comme, plus haut Diéliba et, plus bas, Lamâssi sont des noms de bateaux, attribués à des taureaux qui sont bons nageurs.

[50] Formule de salutation traditionnelle.

[51] Nom d’un cultivateur bambara.

[52] Nom d’un gros taureau.

[53] duuru: teinture noire végétale tirée de l’Euphorbiacée nduuruwi : Phyllantus reticulatus Poir.

[54] Nom d’une zone de bourgou (« grand aux cornes en lyre des cuvettes »).

[55] kiirte : désigne la fin de l’après-midi. Il s’agit ici plus précisément de la fête de clôture des cérémonies de mariage après la semaine de réclusion nuptiale.

[56] Nom d’un cours d’eau (« Plante-Perches »).

[57] Textuellement « boisson blanche » par opposition tacite à « boisson noire » désignant l’eau simple, non coupée de lait.

[58] oorngitiima : onngitiima.

[59] jawdam jawdi am.

[60] Maerua crassifolia Forsk ou senegalensis R. Br.

[61] Anogeissus leiocarpus (DC) Guill. et Perr.

[62] Nom d’une mare (« Petit tubercule de nénuphar »).

[63] Nom d’un cultivateur (d’origine servile).

[64] Ce nom indique que l’enfant ainsi nommé est issu de parents apparentés entre eux.

[65] Lâmingo désigne le bourg de Sendégué.

[66] Portion de terre délimitée par le méandre d’un cours d’eau.

[67] Les toponymes ont très souvent une signification : Baltotôngal désigne « un cours d’eau parcouru de courants » ; Lorrôbé, plus loin, m’a été glosé : « étrangers » ?

[68] Il s’agit des grandes nattes utilisées pour couvrir les huttes, tendues sur des arceaux.

[69] Textellement : « fleuve qui se divise » et, plus loin, Lawlotôngol : « canal qui se déverse ; Ngidouwol : « zone peu profonde et boueuse » ; Tiayéwel-Guêné : « petite savane aux touffes d’herbe fauves » ; Tôwngal désigne une « hauteur », ici « une grande butte » et Béla-Gnorgo est un nom de personne, Tôwngal-Béla-Gnorgo est le nom d’une île, de même que Tôwngal-Pimbé, Pimbé désignant les portions de terre enserrées dans les méandres du fleuve.

[70] C’est-à-dire les plus anciennes bêtes du troupeau.

[71] I. e. Konsa.

[72] Lieux-dits dans le bourgou : Kôlel, i. e. « Petit Mitragyna inermis » et Dibo-Gordi : « Dibo-des-mâles ».

[73] Il s’agit de cordelettes et de torsades de paille disposées en travers d’une rivière pour retenir le poisson.

[74] Ce taureau est comparé, pour sa robustesse et ses longues cornes, au poteau fourchu qui, planté au centre d’une paillote, en supporte les arceaux les plus hauts. Gros-à-Crins-Blancs est un taureau blanc à la nuque finement tachetée.

[75] Nom attribué à la vache la plus forte du troupeau.

[76] Mot songhay : « tout de suite, maintenant même ».

[77] Surnom de l’auteur.

[78] Ce nom désigne en fait des taureaux qui sont les « ancêtres » à l’origine du troupeau. Le nom de Bangana est celui de la famille du chef (Amîrou) du groupe des Oûroûbé.

[79] L’auteur se parle ici à lui-même.

[80] Il s’agit des bergers qui louent leur service et non des bergers qui conduisent leur propre troupeau en transhumance.

[81] Ainsi sont désignées les familles de lettrés.

[82] Nom d’une vache à la robe d’un noir bleuté comme le tissu bougué.

[83] Textuellement : « Meuglant » (d’un meuglement doux, presque murmurant).

[84] Zone du bourgou.

[85] Emprunt au bambara pour désigner le fil téléphonique.

[86] Cette expression est généralement employée pour évoquer un cri puissant pouvant s’entendre de loin.

[87] Maajaaka : Maammudu-Jaaka.

[88] Nom d’un Bozo.

[89] Désigne un vent qui amène de gros nuages qui couvrent le ciel comme d’un pagne.

[90] Ce taureau appartenant à Boli porte au front une pelote aussi ronde que la lune.

[91] Nom d’une vache à robe fauve, achetée à des Touaregs qui l’appelaient ainsi.

[92] Nom d’un homme très grand.

[93] Nom d’une rivière ici, mais désigne une plante buissonnante. De même pour Oolal-Ƴoori dont le sens est « Grand-Fauve est remonté à la surface ».

[94] Désigne la ville de Sendégué.

[95] Nom d’un quartier de Sendégué, comme, plus loin, Campement-de-Mbêba

[96] Partie du fleuve parcourue de violents courants.

[97] Dôrel est une jeune femme et Bâwi, le nom d’un troupeau.

[98] Nom de mare.

[99] Il s’agit de l’auteur lui-même.

[100] Place dans le Bourgou comme, plus loin, Mampagou.

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MERGOL- HAMMADI HAMMA BARI / POÉSIE LIBRE – HAMMADI HAMMA BARI TEXTE 3

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Mi jennginii ɗi wuro weeti ƴeewde

J’ai, de nuit, mené mes bêtes et, au matin, le village en eut le spectacle
mi nyasu kayeeji gere kampama Bonso[1] j’ai choisi un peloton de taurillons près du campement du Blanc
Aali e Boolo mbii kam : « Jey Mampa Âli e Bôlo me dirent : « Toi à qui appartient Mampa[2]
a warii yeewnude ngo giɗo yero Saaje ! » tu es venu apporter nostalgie au village, ami du Yéro[3] de la Fanon-Blanc ! »
Mi nyallu wancoyaade e wuro Sammba Tout le jour, m’en fus flâner dans le village de Samba :
tilay Dinnda yi’a giɗo diilaaji ! il fallait bien que Dinda voie l’ami des vaches confiées[4] !
Cuumo debbo Saagoy mo gele caakee Tioûmo[5], femme de Sâgoye, aux incisives joliment espacées !
na Saaye yaa to came[6] ndoondi piindi ! Eh, La-Cuivrée, va donc où arbres tiamé sont couronnés de fleurs !
Ɓe mbii : « ‚alaa Sammba naɓa Caayewal-Saaje Ils dirent : « Tu n’as qu’à laisser Samba mener Grande-Cuivrée-[née de]-Fanon-Blanc,
ngaɗaa sarti ndoomaa sanyeteengo[7] fixer un rendez-vous et attendre une natte que,
keɓaa ngo ndaɗɗoyaa ɗum e caabeeje une fois obtenue, tu n’auras qu’à aller étendre sur les friches
pati caawe bonnu kaddule giɗo Saaje. » pour que la rosée ne gâte pas les effets de l’ami de La-Fanon-Blanc ! »
Mbii-mi Dikko maaɗa : « Dikko ciingel Dinnda Je dis à ta Dikko[8] : « Dikko, brunette de Dinda,
mbii-mi yiɗaa daayde gaa caggal Daake ! j’ai dit que je ne voulais pas traîner par ici derrière la Vache-à-Collier !
No liildoton na kaddule daŋeere Tout comme vous mettez à sécher des vêtements sur une berge
nii mbertiram-mi daage e nade Daaki ! » ainsi étendrai-je des nattes sur l’échine des Bêtes-à-Collier ! »
Ɓe mbi’a : « A heɓii cuuɗe yimetee suumaayɓe ! Ils disent : « Tu as eu la chance d’être célébré par des lèvres bleuies !
Duulaade gawri so dura fayna Désherber du mil pour faire paître et engraisser [les bêtes]
hemde jaawre toownde so dura jalɓa avoir haute meule et se montrer brillant pâtre
e gaajanaade Alla-Fini banndo Jaaƴe conter fleurette à Alla-Fini, la sœur de Diâdié,
ɗum fuu yo jantetee ɗum e daalaaje ! tout cela, voilà de quoi défrayer les propos sur les places !
Durɗo Moonoowel[9] giɗo Mooroori Pâtre qui mène [ses bêtes] à Mônôwel, ami du Cornes-en-Cadenettes
fay nde duule mooɓii ndee gaɗi kawli sitôt que nuages amassés se seront en stratus étirés
min pijane mbayno-ɗaa wuro giɗo Wuule ! » nous te ferons une fête pour tes adieux au village, ami de Celle-à-Liste ! »
Gilla saama naange yani wuro fuu yalti Dès le soleil couché, tout le village fut dehors :
gilla e nduɓɓi ana sera Wuro-Duunde depuis le rônier qui jouxte Village-de-l’Île
faa wara e njaɓɓi ana wuro Taaraaɓe[10] et jusqu’au tamarinier qui se trouve au village de Târâbé
fuu kelle haabuuɓe e haro surbaaɓe ! ce n’étaient, partout, que femmes battant des mains et jouvencelles s’ébattant !
Subaka kaa mi waynoto suumaayɓe Demain matin certes, je devrai dire adieu aux lèvres bleuies,
rewɓe Dinnda njima diri lisa diggi les femmes de Dinda, chantent airs de danse, balancent en cadence leurs toupets de tresses
ana limta diili dimo banndel Kummba ! tout en énumérant les vaches confiées au noble petit frère de Koumba[11] !
Mi humi kumorɗi ndujju-mi Kummbareeri Ceintures bien sanglées, je poussai vivement le taureau Grue-Couronnée
Kummba e waalde Kummbel kunyi juuɗe Koumba et les compagnes de Petite-Koumba, mains levées,
ɓe mbi’a : « Taw e jam e Kummbawel-Beeli ! » disent : « Puisses-tu trouver paix et bien-être à Koumbawel-des-Lacs ! »
Mi yimi daneejo Buulal dardarnii Je chantai une blanche et Grand-à-Liste s’est arrêté, tout droit,
ndi koyɗe dargiɗi se koofol laaɓi ! taureau aux pattes marquetées de blanc et au chanfrein immaculé !
Aan hewti dawla Nooral ndi luwe daɓɓe ! C’est toi qui as rattrapé en célébrité Grand-à-l’Échine-Tachée, celui aux courtes cornes !
Hikka ndabbidam-mi[12] e Daagaaɓe ! Cette année je passerai la saison froide avec les Dâgâbé[13] !
Faraji Bella wii : « Giɗo beebooji Faradji le Bella dit : « Ami des bêtes aux longues cornes éployées,
huɗo Benentu ana yottoo becce ! » l’herbe du bourgou de Bénentou atteint les flancs ! »
Mbii-mi Faraji Bella mawngal beenaawo[14]: Je dis à Faradji le Bella à la grande houe sous-soleuse :
« Ɗo becce gorɗi njaaƴata miɗo anndi ! » « Où peuvent s’arrondir les flancs des mâles, je connais bien ! »
Ɗi taccii ferro njuurii e feto koole[15]. Ils ont coupé à travers la steppe et sont descendus sur une mare-aux-arbres-kôlé.
Baanyaaji kawritii batu jooɗiima Des bergers[16] se sont réunis et s’est tenue une assemblée ;
mbii-mi : « Njogee faa mi limta ɓe mbayni-mi ! je dis : « Tenez, je vais énumérer celles à qui j’ai fait mes adieux !
Tufi joga ɗe kooli-ɗaa ɗe tunnaa kowre ! Toufi, prends choses sûres, sans taches, enjolivées de cuivre
Sila kowon kam mi yima korsundi Saaje Sila, faites cercle autour de moi, tandis que je chante le taureau favori de Fanon-Blanc
mi yima Tufi e Tunnata baagi sila baale que je chante Toufi et Tounnata des Ventres-Blancs, cheftaine des classes d’âge[17]
ɓoylanaama care calluɗi Demmbi ! pour elles ont été torsadés bijoux d’argent, aux rivières du Dembi !
Debbo Boodeteengol e duuɗe lobbe ! Femme de Bôdétêngol[18] et des belles îles !
Se loowle ndee ɗi njara loowngol maayo Quand en fin de saison sèche, bêtes s’abreuvent au lit du fleuve
to perre too mi durda ɗi Mali Pennda c’est sur les steppes que je mène paître, avec celles de Mali Pennda,
pelli men yo Turkoŋowol peewi nos Pelote-au-Front, et c’est droit sur Turkonowol qu’elles ont fait route
tule Gimaango baalduɗe giɗo Mbaŋri… vers les dunes de Guimango[19] où passer la nuit avec l’ami du Noir-de-Jais…
Miɗo dura ɗi Ngorba-Hana gere ngooruwa. Je les mène paître au Ngorba-Hana, au bord du grand canal.
Seeno Nyaanga tibbata dewi nyaaro Le sêno[20] de Gnanga met graisse épaisse au ventre des femelles
sako nde nyaami Asinawel-Kelle[21] ! et mieux encore lorsqu’elles broutent à Asinawel-aux-arbres-Kellé !
Mi waynii baggo Biri banndel Ummu J’ai pris congé de la toute jeunette Biri, chère sœur de Oummou
debbo « unaama Fimmbere untaama » une femme de « Fimbéré[22] où l’on a pilé et repilé »
debbo « faraama ŋappere fanndaama ». une femme d’« où s’ébrouent [hippopotames], brèche où l’on accoste ».
Dikko jeyɗo Fimmbere Ba-Diide Dikko à qui appartient l’isthme de Bâ-Dîdé
gori njari diidereeru e baw Banngu ! les mâles se sont abreuvés au bassin-à-dirêré, dans l’herbe baw[23] au Banngou[24] !
Banndo Amta moyŋaro annoore Sœur de Amta à la lumineuse beauté
abadaa Afal wullataa ma sa aɗa wuuri ! jamais Afal n’aura à se plaindre de toi, tant que tu vivras !
Wuro Yerooɓe koolike koolaaɗo Les gens de Wouro-Yéro[25] ont mis leur confiance en qui la mérite !
miin woowi hoornidinde e cefe koobi. J’ai, moi, coutume de faire jeûner mes bêtes avec troupeaux d’hippotragues !
Seeno Jaaƴe-Kabi haasata kaabi Le sêno de Dyâdié-Kabi lime les sabots des génisses :
eɗi mbeeta seeno eɗi nyalla e weendu. au matin, elles sont sur les sablons et, dans la journée, au lac.
Mburu-deeri[26] Aju mbugawol[27] duuɗe Herbe à trois épis du lac Adiou, graminées des îles,
layndi beeli beeltoowol e teere ipomées des lacs, flottant au gré du courant,
ɗum teeŋi ƴonngo Deelel-Terkaawe voilà ce qui raffermit la bosse du petit Ceinturé-de-Blanc-[rejeton de]-La-Beige
njimanteendi tekkuɓe negeneeji ! taurillon pour qui chantent les couronnées de grosse boules d’ambre !
Mi neli e Tonke ga huɗo waɗi togge J’envoyai avertir Tonké qu’ici l’herbe faisait îlots verdoyants
nyannde boomi njalti fijo boowe et le jour où les jouvencelles sortirent faire fête sur les clairières
miɗo joowta Boolo ngal toni boogaaɗi j’adressais mon salut à Bôlo, la belle aux lèvres tatouées de bleu
eɗi ndura e boowe Aju Boɗeewel-Gawɗe[28] tandis que troupeaux paissaient sur les libres espaces du lac Adiou, à Bodêwel-aux-Acacia[29]
eɗi cora e beeli gawɗe ɗi njara gayɗe s’engageaient dans les lacs aux acacias, s’abreuvaient aux fosses creusées
miɗo yimana banndo Galo ngel ganndaaka ! et que je chantais en l’honneur de la sœur de Galo la petite qui point ne plastronne !
Duule gaanye miira mi miccoo ɓe Nues gonflées d’eau insensiblement avancent et me revient le souvenir [de ces femmes] :
Bari njiman-mi Altine banndo Sammba c’est Bari que je dois célébrer, Altiné sœur de Samba
Banndo Sammba ngel ŋari mun satti chère sœur de Samba à la beauté exceptionnelle
ana sacci kaŋŋe ana wuli saadaare toute parée d’or, prompte à offrir cola de bienvenue
ana yimana Nyaawri-Caajal e nyallooji et célébrant, aux réceptions, Le-Tiqueté-[né-]de-La-Grande-au-Fanon-Blanc
so iwannoo-mi guralal Nyaaleewo ! alors que j’aurai déjà quitté le gros bourg de Gnâlêwo[30] !
Mo wii Siinge nyaamnge Sirataba pati taayta ! Elle dit à la Nègre qui se sustente à Sirataba[31] de ne pas fondre !
Nde ngar-mi fuu mi tawa goro caadaaje ! Chaque fois que j’arrive, je trouve cadeaux de cola !
Siise wubba koyngal buge hoonda Cissé au pas nonchalant et aux bougués[32] flamboyants
omo miila kam ɗo hometee moli koobi ! songe à moi qui suis où faons d’hippotragues restent tapis !
Fay so neɗɗo dannii kam heɓataa dawla Même si quelqu’un me devance, il n’aura pas l’honneur
saadaneede Altine banndo Sammba de recevoir cola de bienvenue d’Altiné, sœur de Samba,
heɓa sanyaango debbo Saagoy-Maayo d’avoir natte tressée par une femme de Sâgoye-Maayo[33]
yimee waalde Mali banndel Daado ! d’être chanté par la classe de Mali la chère sœur de Dâdo !
Daake-Jadde durdi e cefe daadi Celle-à-Collier-et-Courte-Queue a partagé pâture avec troupeaux de bubales
mbii-mi : « Haya ! Ngaree mi fuɗɗanii on dabbirde et je dis : « Eh bien ! Venez ! J’ai, pour vous, commencé le séjour de saison froide
Seensamaadu kolongal Aju mawnde à Sensamâdou dans une basse plaine du grand lac Adiou !
Guy e Joona Tannal e Tiireere À Gouye et Diôna, à Tannal et au Tirêré
daaki nyaamdi biidi so ngaɗi biiwi. Bêtes-à-Collier ont à l’envi brouté aux ruisseaux à s’en faire poitrail opulent.
Won bilaaɓe wii kam mi binndoowo Il en est qui, agacés, m’accusent d’avoir recours aux talismans :
wanaa binndi yaaynata nade bijji ce ne sont point talismans qui font aux taures larges lombes
joobu tan ɗi njokki ɗi njowi baamle. mais seulement herbe des friches où, avançant en file, elles passent colline après colline.
Se dumari nyaamii Dumpa so ndulndulli Une fois Taureaux-Ibis bien nourris à Doumpa, à en avoir fanon ballottant à chaque pas,
dewel Duuɗe-Kese miɗo henanoo ɗi gente femme des Îles-Nouvelles, pour eux, je flaire le vent :
duule kammu kawrita maje ɓamta nuages au ciel s’affrontent, éclairs redoublent,
baade cooka keni ngarda e colla ! averses éclatent et vents surgissent avec nuage de poussière !
Se wanaa boowɗo jenngude sokotooɓe Il faut être un familier des veillées des belles aux gencives bleuies
se daroo hoore Coli yima soɗotooɓe ! pour se dresser en tête des Flancs-Tavelés et chanter les bien parées !
Nde mo maƴii sanne faa mi majja ɗo ngon-mi Alors que tant d’éclairs ont éclaté que je ne sais même plus où je me trouve,
miɗo huyra waalde Mali banndo Barahiima ! je m’enfièvre à la pensée des compagnes de Mali, la sœur de Brahîma !
Abadaa mi fooɗondirtaake e daago ! Jamais je n’aurai rival avec qui disputer une natte !
Mi nyasii kennji guralel Aba-Keeɗa J’ai choisi des meneurs[34] au hameau d’Aba-Kêda
miɗo sera mi jamma Cekoy to ɗi nduumi. et, placé de côté, je célèbre Tiékoye où les bêtes ont passé l’hivernage.
Mi wari Carŋa miɗo hennji Caaji ! J’arrivai à Tiarnga   faisant marcher en tête des Fanons-Blancs !
Miɗo taƴorii rewɓe Saagoy kooliima Je suis certain que les femmes de Sâgoye ont eu toute confiance :
fay so kanuuji kawriti konataa ɗi même si fusils se liguent, ils ne les razzieront point
sako ɗiɗiije ɓaleewoy saayaaji ! encore moins fusils à double canon des [brigands aux] boubous noirs[35] !
Ɗi ndaɗii sarri sappungo Bellaaɓe ! Les bêtes ont réchappé du fléau dont Bella s’étaient targués !
Nyannde ndeen ɗi njuuri e pete belɗe Ce jour-là elles descendirent aux rives de mares suaves
to ndawuuji uggata beetaaje. là où, des matinées durant, autruches gloussent.
So ɗi mbisaama kaata ɗi kawtiima Quand, saupoudrées de potasse, elles se seront regroupées,
so naange haaɗii Awru njimanan-mi ! sous l’âpre caresse du soleil, c’est pour Aourou que je chanterai !
Saaye haannge hayhayta e perre ! Vachette La-Cuivrée, fais diligence et hâte-toi de par les steppes !
Haasidiiɓe mbii ɗum haawtaare Les envieux disent que c’est là pure vanterie
ɗum walaa fuu ko nyawndata haalooɓe et qu’il n’y a là rien qui assure aux beaux parleurs
siibotooɓe gommbi nde njoɓa gonnjo ! que celles qui découpent en lamelles hampes de mil[36] paieront cola de qualité !
Hikka gorɗi Hammadi keɓii haala ! Cette année, les vaillants mâles de Hammadi ont pu faire parler d’eux !
Ɗi ndurii harrima yimkoy Hanngirde Ils ont pâturé au terrain domanial des pauvres gens de Hanguirdé
Mbuuldi-Eerdi njimeteendi e Ewli et Le-Taureau-à-Liste-et-à-Nuque-Tachetée qu’on chante sur l’air d’Éouli
wi’a kanyum eewnotoo Njaru nde ɗi njaawa : dit que, lui, clamerait l’air de Njarou[37] pour qu’ils aillent plus vite :
« A yi’aay eerdu fuɗɗi naa, Pullo ? » « N’as-tu pas vu que c’était une bête à nuque tachetée qui avait pris les devants, Peul ? »
Saama njii-mi faa fuurngo am saayi À cet instant je vis en moi se dissiper toute afféterie
nde gunndondirɗo am nanii fuufiima et quand mon confident prit conscience de sa présomption
wii : « Koola ŋoottu, kojoloy[38] won garte ! il dit :  « Kôla, prends quelque répit, que Petits-Bouleaux soit le prochain but[39] !
Aɗa suusi ladde Cuumal ana laaɓa ! » Tu affrontes hardiment la brousse et Grand-Blanc-au-Mufle-Bleuté a robe immaculée ! »
Ndeen Saaje faɗɗi Nyaale sawndii Nyaawri Lors Fanon-Blanc dépassa Aigrette, vint se mettre au côté de Tiqueté
faa mi yaara nyallo Mali ngel nyaannaaki de sorte que je me rende à la réception de la chère Mali qui n’est point rechignée
ngel nyaagataake goro nyallo se tiiɗa et chez qui, ne pas être sollicité pour don de cola est chose bien rare[40] ,
banndo Daaɗo ngel dannantaake ! sœur de Dâdo, la chère insurpassable !
Joom-Daake ndamndi daɗɗa e Ndampaaba ! Propriétaire de Celle-à-Collier, le vaillant[41] déploie une natte à Ndampâba !
Nenno banndo Daaɗo fello darsiiji ! N’est-ce pas justement la sœur de Dâdo qui a, comme pelote au front, pièces d’argent ?
Sabi dawla Daaki hooti Nyaleewo Car la renommée des Bêtes-à-Collier est revenue jusqu’à Gnalêwo
ɗi ndura Makambaaru-Koole e Konuuna elles qui pâturent aux mares de Makamba-aux-Kôlé et de Konoûma
Tonndo e tonngomaawal Ŋooraare de Tondo et du grand tertre de Ngôrâre
kanyum e hoore maayo e huɗo togge et encore au bout du fleuve, dans l’herbe des buttes,
Peeja e Beeba Anndagoy e huɗo perre ! à Pêdia et Bêba, à la mare d’Andagoye et dans l’herbe des steppes !
Ngel durdataa ɗi pene yimetee Pennda ! Le pastoureau qui ne fourvoie pas les bêtes sera chanté par Penda !
Ɓe annditaay ko sokki Buulal e ley burgu Ils n’ont point su que ce qui dans le bourgou a bloqué Grand-à-Liste
nyallo Aadama e Altine Siise c’était, à la réception chez Âdama et Altiné Cissé,
sirri Kummbel e Dikko mawni Kulle les sortilèges de petite-Koumba et de Dikko la grande sœur de Koullé :
ɓe koomti kam se nduumtinii Kummbareeri. elles m’ont tant séduit qu’elles ont fait passer là l’hivernage au taureau Grue-Couronnée.
Kummba e Haawa nyallira Nyaakoori Koumba et Hâwa passent le jour à s’occuper du Truité
Nyaawri nyaama Karsani saabeere. Le-Tiqueté broute aux friches de Karsani.
Sewnge ƴonngo muuɗum waɗi salndu Une vache svelte à longue bosse protubérante
woownge salndu Deeboy e huɗo Demmbi ! et habituée du bras du lac Dêbo et de l’herbe du Dembi !
Debbo Cammbel e calkoy ana lamndee Auprès d’une femme de « Petit-Samba et rameaux[42] » l’on s’enquiert
ana dawli nyeeyɓe Deeboy e Nyegunjoore ! elle a renom auprès des griots du Débo et du Gnégoundiôré !
Hikka njoow-mi Baagal’en baamle. Cette année j’ai mis la troupe de Grand-Ventre-Blanc sur les collines.
Gunndaw[43] beeli ley gure Bellaaɓe Herbe goundao[44] des lacs près des campements de Bella
jegere[45] beeli miɗo munya jeereende herbe diéguéré des lacs, j’endure stoïquement la haute brousse
miɗo huyana jenngo jeyngal Juumaani ! et m’enfièvre à l’idée d’une veillée chez la dame de Dioûmâni !
Alla kutee nde gannde Buulal juuraali ! Que Dieu nous voue au mépris si le poitrail du Grand-à-Liste n’est pas pendant !
No Jamale nyaamri gese wuro Jam-Alla La façon dont La-Diamalé[46] s’est nourrie aux champs du village de Diam-Alla
ɗum wanaa ɗoyɗi Nyaawal ɗoma[47] nyaayle ce n’est pas de tout repos ! Grand-Tiqueté a grande envie d’éteules
Boɗel bonnu gese diidol Boore. Petit-Bai a fait dégâts dans les champs sur le tracé de Bôré.
Nde sariya bonso pati hul yero Saaje ! Au tribunal du Blanc, n’aie pas peur, Yéro de la Fanon-Blanc !
So ɗi mbonnii jaawe fuu mi yeena ɓe jawdi Si jamais ils ont abîmé des meules, je les en dédommagerai
ana samani kam jaannyude ma haaraali kaa. cela vaut bien mieux pour moi que de te ramener au bercail inassouvi.
Min mbonna berji Belkel waɗa nyallo Nous gâterons quelques gerbes [mais] Belkel fera une réception
nyannde Nyaaleewal naa goro joowoo ? au jour de Gnâlêwal, et n’y aura-t-il pas cola à foison ?
Sabi yonaa ko ndonkanon kam joy Jooɗa ! Car ça ne suffit guère, vous ne pouvez me satisfaire avec cinq noix de Diôda[48] !
Mo saadanaaki kam rowanin joolnde Que celle qui ne m’a pas offert de cola l’an passé, à la traversée,
sanyaango tarma soka soodoya sappo assemble les bandes d’une natte chamarrée et aille acheter dix noix
doomra kam nde gumpol sartaama et qu’elle m’attende quand sera fixée l’ouverture des pistes du bourgou
wi’a koɗuuli giɗo Nyaawel-Sayge et dise que ce sont cadeaux de bienvenue pour l’ami de Petite-Tiquetée-[née]-de-Pis-Blancs
mi holla ɗum Caayewel dajjirta ! je montrerai cela à Petite-Cuivrée qui, flattée, paradera !
Nde won caliiɗo haala Joŋo haaltu ! S’il en est un qui refuse d’en parler, Diongo[49], raconte-le !
Mi haɓɓa ɗum ɗi ganyo yiɗi gaajaate Je suis ferme là-dessus : si un adversaire de [mes bêtes] aime les commérages
mi nodda waalde Guti fiya ɗum guɓɓe je convoque l’équipe de Gouti pour le bourrer de coups de poing
nde warii jenngo wuro waɗa ɗum tuulu ! et s’il vient à la veillée au village, le passer à tabac !
Ndaarɗo sarri toonya mo yero Saaje ! Qui cherche la bagarre n’a qu’à s’attaquer au [berger] du Yéro de la Fanon-Blanc !
Miɗo guyoo e jenngo buge toni banndo Kulle Je joue les plaisantins à la veillée de la sœur de Koullé aux lèvres de bougué[50]
faa kummbareeje aatiri funnaange jusqu’à ce que, des grues couronnées ayant crié au Levant,
ɓe mbii : « Banndo Kummba gori maa kumpaama ils disent : « Frère de Koumba, tes mâles s’inquiètent de ton absence
aɗa guya e jenngo gori maa njeewaama ! tandis que tu plaisantes à la veillée, tes mâles se sentent esseulés !
– Ɓe mbii – A hulaay nyannde gumpol gullaali Ne crains-tu pas les récriminations, le jour de l’ouverture de la piste du bourgou
naa a nanaay gummbe yoga nanngii hornde ? ou bien n’es-tu pas au courant que certains troupeaux ont déjà pris les devants ?
Sammba waawanaa durngol Saaje Samba n’est pas en mesure de conduire Celle-au-Fanon-Blanc à la pâture
sabi jennga nduggitee dumaral woowi car c’est au cœur de la nuit que de “Allez ! En route !”, Grand-Ibis a l’habitude
nde sabi soɗiiɓe han ma soƴƴaade ! » alors que ce sont de joliment parées qui t’empêchent de ramener, au soir, le troupeau ! »
Mi wayru eerdu soownii faa yoora Je laissai longtemps Nuque-Tiquetée sans la traire pour en doubler le lait, jusqu’à ce qu’il tarisse
eerdu yoora ganyo yowa ngo e hoore Nuque-Tiquetée a son lait tari et, de dépit, l’adversaire porte la main à sa tête
nanɗo eerdu ɓeynii nde ana suura et qui apprend que Nuque-Tiquetée a vêlé, lors, saute de joie[51]
fuu ɓe taƴorii ɓernde muuɗum na suŋlu alors que tous sont convaincus que son cœur en est tout troublé
na sugulla han yoga ɗaanaade. et que l’inquiétude empêche certains de dormir !
Caɗe baage-bire annduɗe biidi Salut à celles aux flancs tachés de blanc qui connaissent bien les points d’eau[52]
beli ko kaakata so kaalata ngoonga ! doux est leur ramage, porteur de vérité !
Mbii-mi : « Kaaƴe Oolewal’en hono ngorri ? » Je dis : « Comment sont les stations des Collines-d’Ôléwal ? »
Ɓe mbii : « Perre Nyaaba ɗee moƴƴaay nyaamdu. Ils ont dit : « Les steppes de Gnâba n’ont pas eu de bonnes pâtures.
Ɗalaa Peena yaana njarnaa pelli Laisse le Pêna [vous] accueillir et abreuves-y les Pelotes-au-Front
sabi hikka leydi Pellel ɓuri yaake car, cette année, la région de Pellel[53] est mieux pourvue
nduraa jemma kornaa jeereende ! » mène-les donc paître de nuit et explore la haute brousse ! »
Ndeen mbaynitii-mi Mali banndel Jebba Lors, j’ai fait mes adieux à Mali, la chère sœur de Diebba
mo tonoy nyemmbi buge banndo Burahiima à celle aux minces lèvres bleues comme bougué, sœur de Bourahîma,
ana yerŋi[54] buudi ana wuddoo Buulɗi qui a front couronné de pièces enfilées et chante haut et fort les Bêtes-à-Liste
ngel garantaake ngel gaamantaake à la chère pour qui n’est faite ni teinture d’indigo ni pêche au filet[55]
belɗo gaaje debbo Garagoy-Ruunde ! à celle aux doux propos, femme de Garagoye-l’Île !
Ga’i koroyan to ruumi so hoppaaka Des taureaux partiront en éclaireurs voir où trouver herbe nouvelle pas encore piétinée
to ŋabbunooɗi korsol njottaaki. où les troupeaux montés aux premières pluies ne sont pas encore arrivés.
Mi lanndindii Nyaalewal taynu-mi Nyaawi Je me préparai à Gnâléwal et allai rejoindre les Tiquetées
mi taw(u) ɗii Peenawol yardude Pelli je les trouvai au cours d’eau de Pêna s’abreuvant en compagnie des Pelotes-au-Front
se pewndinoo-mi ndee gori ngaɗi golle et une fois que je fus arrivé aux abords, lors, les mâles se mirent à l’ouvrage :
ɗi ndiri ɗi kawri kobe maawi e kammu. ils détalèrent, se regroupèrent et la poussière envahit le ciel
Saaye dajji yottii Fiidaande La-Cuivrée, d’une fière allure, parvint à Fîdândé
wii : « Banndo Sammba Bari maa e wayreede ! et dit : « Frère de Samba Bari on doit ne plus se voir de longtemps !
Bari ndeeni-ɗaa e ooloy saayaaji ! » Bari préserve-toi des méchantes gens vêtues de kaki[56] ! »
Nge wii :“A daɗii sarri saradiŋe[57] tuubaaku Elle ajouta : « Tu as échappé au fléau du jardinage [imposé] par l’Européen
boomi koomtu ma so ɓoy-ɗaa Koola ! » les demoiselles t’ont cajolé et tu t’es attardé auprès de Kôla ! »
Yimanteenge Altine aɗa anndi Une vache d’Altiné que l’on célèbre, tu sais,
jenngo Cuumo cumeteengal nyalɓi à la veillée chez Tioûmo, l’une des jeunes génisses à marquer au fer,
e nyallo Boolo ngal Bohi-Bunaaje ! et, à la réception de jour chez Bôlo, l’une des Grises-Tourdille-à-Tête-Sombre !
Mo ngufo Noori-Buuli e ngufuuje Celle qui a lait écumant des vaches à Liste-et-Échine-Tachée et de gros bracelets d’argent
baggo jeyɗo Bani wuro hoojuure[58] jeunette qui a des Noires-de-Jais au « campement graveleux[59] »
mi hoolii oolo kootone kooteeje[60] ! j’ai toute fiance en celle aux anneaux dorés, des « tamariniers » !
Se mi ummike boomi kooloo to ɗi koori. Quand je me mets en route, les jeunes filles sont confiantes où jeûnent les bêtes.
Mbii-mi hikka kaa yo Kojoloy ndabban-mi. J’ai dit que, cette année en tout cas, ce serait aux « petits-bouleaux » que je passerai la saison froide.
Gorɗi njagga goro doobi joolnde Vaillants mâles martèlent le sol et cola s’amoncelle au gué !
Diggi Gawo huɗo faa garjorde. Au Diggui-Gawo, herbe jusqu’aux flancs !
Gannde perre gase Wayluɓe peewnu-mi Cap droit sur les steppes, aux trous[61] des Forgerons : tel est mon but,
Kambasana e Woorowaara e koccuuje ! Kambassana et Wôrowâra[62] et terres gravillonneuses !
Ƴonnge kaabi toyloo pa’a kammu ! Les grosses bosses des génisses se haussent vers le ciel !
Ɗi ndura Ciriingel e kaddiingel baamle Les bêtes paissent à Tyirînguel et au lieu cerné de collines
ɗi njima tanndungel e ciingel Taaraaɓe elles célèbrent une petite bien faite et une au teint cuivré de Târâbé
Cuumo cuɗɗiraangal munyuuje ! Tioûmo, la belle qui se couvre d’un châle à petits motifs noirs et blancs !
Iɗi ndura ɗo baamle cuurti so came cuumɗii Elles vont paissant où collines s’embrument tant que tiamé   ont verdi
se kelle miimɗii ngel gele minaaje que kellé ont foncé, c’est à la petite aux incisives espacées[63]
miɗo miila debbo kare horfa kaabi que je songe, femme des terres arides attache court[64] les génisses
karal Kaasambaja karawal Bammba sur plaque de Kassambadia et cuirasse de Bamba
karal Sayge-Wuule e Mbuga-Saame âpre lutte de Celle-à-Pis-Tacheté-et-Liste à Mbouga-Sâmé
luwal sawta law tergal laaɓa ! belle encornure tôt éployée et corps immaculé !
Layndi kecciri e durngol keeli Ipomées toutes tendres pour le pacage des meilleures choisies
gilla nyannde naann-mi ɗi, ɗi ndonkaay kennji ! qui, depuis le jour où je les y ai mises, n’ont point failli comme meneuses !
Gummbe nyaama taadi guusuuji Troupeaux broutent, entourés de fossés
joon ɗi koori Gunndingel-Baamle ! et à présent jeûnent à Goundînguel-les-Collines !
Gunnduru haayre Gurbana Awgundu Colline de Goundourou, Gourbana d’Awgoundou
Awgundu weendu Guy Guriwal Nyaaba lac Awgoundou, Gouye, Gouriwal, Gnâba…
walaa fuu ɗo Nyaawal waynaali ! il n’est nulle part où le Grand-Tiqueté n’ait pas pâturé !
Tilsu nii mi wancoo e nyallooji ! Ainsi, me voici bien forcé de flâner d’une réception à une autre !
Gilla boowe Aju faa yaa Ammba Depuis terres incultes d’Adiou et jusqu’à Amba
Asina durdude nge dullaa duuɗe au tertre d’Assina mener [le troupeau] en compagnie d’une vache qui n’ignore guère les îles
ndeen Dumare-Oole wanyi duko jeereende ! lors, la Pie-Ibis-[née]-de-la-Blonde a horreur du tapage dans la haute brousse !
Mi dunndataake durngol Saassiinge ! Je n’ai aucune hésitation ni négligence à mener au pacage la Nègre-à-Fanon-Blanc !
Ɓamde illa Sirataba faa Siiri En prenant depuis Siratâba jusqu’à Sîri,
illa Siiwi faa yottoo Simmbi de Sîwi jusqu’à atteindre Simbi,
illa tole Siriifi faa yottoo Sinnda des bas-fond de Sirîfi jusqu’à Sinda,
fuu miin e Siinge limtata caabeeje partout, moi et La-Nègre, nous dénombrons terres en friches
nde nge sidditi yaade fuu mi yima debbo Ciindi et, sitôt qu’elle s’est mise en route, je chante une femme de Tyîndi
kanyum e Siise Sila mawni Jaaje ! et, avec elle, Cissé, Sila, sœur aînée de Diâdié !
Alla-Fina e Aada pinata so njima Pimmbe Alla-Fina et Âda s’éveillent et célèbrent Pimbé[65]
piila kaŋŋe pija tole njima Todde enroulent de l’or, font fête sur les bancs de sable, chantent la Mantelée
Todde woownge tolowalwal Mampa ! la Mantelée accoutumée de la grande butte de Mampa !
Gilla waalde Mali faa mawniraare[66] De la classe d’âge de Mali jusqu’à celle des aînées,
fuu ɓe peɗotoo kaalisi ɓe ndoomta ɗi kampa[67] toutes ont toujours parures d’argent et attendent au campement les troupeaux
ɗi njiɗaa Ƴaawnde Jiba-Koole e Kammbo qui point ne veulent de la saison des moissons à Dyiba-Kôlé ni à Kambo
e boowɗi karsawol[68] Juggere-Kaala ! accoutumés qu’ils sont à la zone d’herbe aquatique de Diouguéré-Kâla !
Kummbere Jaanndo wulla ɗi jaarooɗi à Koumbéré, un Diâwando acclame les bêtes qui passent
Jamale jansiloo mi jaɓa caadaaje La-Diamalé danse de joie et je reçois volontiers tas de noix de cola
Siidi Demmbi Sira debbo e Salndu de Sîdi de Dembi, Sira, femme de La-Fourche
Sila e Siise cilɓita care mbayda Sila et Cissé agitent tête et mains, anneaux d’argent font cliquetis
fuu nanii no Baaŋri[69] watta e caabeeje toutes ont appris comment Grand-Ventre-Blanc s’est conduit dans les friches,
Caaji Cillungal[70] e pete cililiije. Les-Fanons-Blancs au Grand-Acacia et aux mares aux dendrocygnes.
Miɗo nyalla yimde ciingel debbo geene ! Tout le jour me voilà chantant une brunette, une femme des hautes herbes[71] !
To Baagi-Buuli keewi e bannguuji Là où bêtes-à-ventre-blanc-et-liste s’attroupent aux cuvettes,
guusuuji ana tummbii baamle où sont des fosses en plein milieu de collines
baandeeje ngoni dow gooruuje et des termitières en surplomb de fossés
to heewi koyɗe nyiibi e ko’e daadi où abondent troupes d’éléphants et hardes de damalisques
walaa dappi gere daanngol Boore où il n’est point de pistes de passage vers la Chaussée de Bôré
toon Daaŋri[72] waayɗiri e ndaw dabbirde ! c’est là que, au séjour de saison froide, Celui-à-Collier a fraternisé avec une autruche !
Miɗo hajoo Daake mbiwlita came daɓɓe Tandis que je retenais Celle-à-Collier de brouter le regain des tiamé encore court
faa ndawuuje mbii kam : « Giɗo Daaŋri des autruches en vinrent à me dire : « Ami de Celui-à-Collier,
se dawla ndaarataa min mbanyanaa ma si c’est notoriété que tu vises, nous n’avons contre toi aucune inimitié,
min kolle gaa ɗe Koro yi’ataa arga nous te montrerons ici des choses que ne verra pas Koro[73] au champ en bordure du fleuve[74]
ɗe naɓaa ciinndeteeɗe e arkille. » et que tu n’auras qu’à emporter pour les accrocher deux par deux à une tenture[75] !
Ɗe ndarii ɗe ubbi tati tati eɗe taanna Elles se sont dressées et les ont enfouis trois par trois, sans se presser,
ndaw buule doobe annduɗe jeereende autruches chauves et outardes qui connaissent bien la haute brousse,
jeyɗe Caanabaawol e Bayjeena ont pour domaines le Tianabâwol et le Baydiêna
jeyɗe Ginnda-Barewol e Bannguusi la cuvette du Guinda-Bari et le Bangoussi,
boowɗe ƴeeŋde korsol ɗe ndaɗa koobi ! ont pour habitude la montée aux premières pluies et devancent les hippotragues !
Iɗi puɗɗa koorka gilla Asuma-Kaayna[76]. les bêtes commencent à jeûner dès qu’apparaissent Les Poissons :
ndi Laamɗo duuri Daake so darii leebi celui que le Seigneur a teint de noir, [taureau né de] Celle-à-Collier est magnifique quand il se dresse
njimanteendi daneewal guufuuje pour être célébré par une belle au teint clair et aux gros bracelets d’argent,
ndi Daake duuru daneewal yunngaande celui, né d’une Collier-Noir, d’une belle à la tête voilée[77] de blanc,
ndi wanyii dappi Disa daneewal Noore. et qui a détesté les pistes tracées par Dissa[78], une grande blanche née d’échine-Tachée.
A haaytinaali Saawo a haawaama Tu n’as pas laissé divaguer au Sâwo et tu as été l’objet d’étonnement
njimanteendi Mali mawnii Haawa celui que doit célébrer Mali, la sœur aînée de Hâwa
kanyum tan e Hawuru banndo Koola ! et avec elle seule, aussi, Hawourou, la sœur de Kôla !
Abadaa ganyam[79] hoolataako ɗi faa ɗo haaɗii. Jamais, jusqu’à la fin des temps, mon adversaire ne pourra se fier à eux !

[1] Emprunt au français « campement », nom donné, dès l’époque coloniale, aux bâtiments destinés à l’hébergement des voyageurs ; bonso (étymologie proposée : « bonjour, bonsoir ») est un mot désignant alors le Blanc et même, plus précisément, selon le contexte, l’Administrateur colonial.

[2] Zone de bourgou (pâturage aquatique laissé par la décrue) attribuée à son troupeau.

[3] Yéro est le nom donné, par tradition, au troisième enfant. Il désigne ici le troisième veau né de la vache Fanon-Blanc ; les noms des bovins tiennent, dans cette poésie pastorale, une grande place, chaque bête étant identifiée et personnalisée par sa robe, son type d’encornure etc.

[4] Dinnda est un quartier de la ville de Sendégué ; à son troupeau partant en transhumance, le berger adjoint des vaches qui lui sont confiées et dont il a en usufruit le lait.

[5] Ce nom désigne une femme dont lèvres et gencives sont bleuies par un tatouage ; c’est aussi le nom donné aux bovins (cuumi) à robe blanche, mufle et bouts des oreilles d’un gris bleuté, qui sont très appréciés. Plus loin le qualificatif « lèvres bleuies » (suumaayɓe) désigne les femmes.

[6] Pterocarpus lucens Guill. et Perr., arbre aux fleurs jaunes d’or en longues panicules dont le feuillage fournit un bon fourrage.

[7] sanyeteengo : s. e. daago.

[8] Nom signifiant « premier-né(e) » et donné au premier enfant.

[9] Moonoowel : nom d’une mare ; textuellement « petit tubercule de nénuphar ».

[10] Taaraaɓe : zone du Guimbala comportant un long bras d’eau et des gués.

[11] Il s’agit du poète lui-même. Koumba est le nom attribué à la cadette des filles.

[12] ndabbidam-mi ndabbidan-mi.

[13] Nom d’une fraction touarègue qui transhume dans la même zone.

[14] beeneewo baaneewo. Le Bella est ainsi qualifié comme un cultivateur, ce qui, pour un éleveur est une allusion moqueuse.

[15] Mitragyna inermis (Willd.) O. Kuntze.

[16] Le terme utilisé désigne des bergers salariés qui ne sont pas propriétaires des troupeaux qu’ils emmènent en transhumance.

[17] Les jeunes filles (comme aussi les garçons) d’une même « classe d’âge » sont regroupées en une sorte d’association fondée sur la solidarité et le partage des activités.

[18] Nom de lieu dont le sens est « où sont poussés beuglements (de détresse ou de fureur) ».

[19] Village de Peuls et de Rîmâybé, près de Tambeyni.

[20] Ce terme désigne un type de terrain (mais aussi certaines zones) de terre sablonneuse non atteinte par les crues et offrant des pâturages à la saison des pluies.

[21] Grewia venusta Fres., arbre dont le feuillage est appété par le bétail.

[22] Les noms des lieux sont ici remplacés par leur devise. Fimbéré désigne une langue de terre formant comme un isthme au confluent de deux cours d’eau ou une portion de terrain délimitée par un méandre ; ce nom désigne ici un lieu de passage difficile dans la région de Tambeyni.

[23] Dirêré : au Guimbala ce mot désigne une herbe (non identifiée) ; baw désigne une sorte de riz sauvage qui donne de longues tiges dont, une fois sèches, on couvre les paillotes.

[24] Important campement bozo dans le bourgou des Dialloûbé (vers Boûna).

[25] Wouro-Yéro (« Village-de-Yéro »): nom désignant Sendégué dans la devise de ce bourg.

[26] Espèce de graminée non identifiée : Eragrostis tremula Hochst. ex Steud., Sporobolus festivus Hochst. ex A. Rich., Schoenefeldia gracilis  Kunth ou Dactyloctenium aegyptium (Linn.) P. Beauv. ?

[27] Nom de l’Echinochloa stagnina (Retz.) P. Beauv. au stade de l’épiaison.

[28] Acacia nilotica (L.) Willd. ex Del.

[29] Nom de lieu dont le premier terme signifie « Petit-Rouge », terme qui, dans les noms de lieux, suggère souvent qu’il s’agit de terre natronée où l’on mène les troupeaux pour la cure salée ; ce que confirme le vers suivant évoquant les bêtes s’abreuvant aux trous creusés dans le sol salé, où l’on verse de l’eau.

[30] Nom honorifique de la petite ville de Sendégué sur la rive sud du lac Dêbo.

[31] Îlot dans le bourgou, occupé par des campements de Bozo.

[32] Le bougué est un tissu léger teint à l’indigo, d’un noir aux reflets mordorés et d’un brillant métallique, très apprécié des Peuls et des Touaregs.

[33] L’hospitalité se traduit par le don de noix de cola et une invitation à prendre place sur une natte déployée sur le sol. Sâgoye est un grand bas-fond dans le bourgou.

[34] Les bouviers mettent en tête du troupeau des meneurs, un groupe de bêtes choisies pour leurs qualités d’endurance et de docilité.

[35] Ellipse désignant un groupe de Bella, Tadamaka. Dans ces poèmes de bergers, les Bella sont toujours évoqués de façon stéréotypée comme des razzieurs invétérés, braillards et brutaux.

[36] Les femmes découpent les hampes de mil en lamelles pour confectionner certaines nattes.

[37] Ces airs servent de devises musicales, le premier aux Diâwambé, le second à un héros de nombreux récits épiques, Boûbou Ardo Galo, qui incarne la résistance des princes peuls à l’islamisation imposée par Sêkou Âmadou, le fondateur de l’Empire peul du Massina.

[38] Anogeissus leiocarpus (DC.) Guill. et Perr.

[39] Devise d’un lieu-dit dans la brousse, dans le canton de Bôré.

[40] La coutume veut que les jeunes gens se réunissent, dans la journée, chez une jeune fille qu’ils courtisent ; lorsque celle-ci veut manifester son intérêt pour l’un d’entre eux, elle l’invite à offrir, pour elle, de la cola aux griots présents. Le poète se targue ainsi d’être souvent l’élu.

[41] Textuellement « bouc », métaphore virile conventionnelle pour désigner un preux.

[42] Surnom d’une zone de bourgou.

[43] Herbe aquatique (non identifiée) appelée aussi gunumaare.

[44] Herbe aquatique (non identifiée) fournissant un bon fourrage, de même que l’herbe diéguéré, utilisée aussi pour couvrir les paillotes.

[45] Herbe aquatique (non identifiée) donnée comme apparentée à l’herbe bawo qui est une espèce de riz sauvage.

[46] Vache dont la robe comprend trois grandes taches partageant le corps verticalement.

[47] ɗoma ɗomɗa.

[48] Diôda est une femme Diâwando qui, sur le marché, vend des noix de cola par petit tas de cinq.

[49] Nom d’une servante « dimâdio » (i. e. descendante d’une ancienne lignée servile).

[50] C’est-à-dire aux lèvres bleu foncé comme le tissu appelé bougué.

[51] Il y a là un jeu de mot, le même verbe (suurude) signifiant soit « bondir, sauter » soit « boire du lait coupé d’eau ».

[52] Le poète fait ici allusion aux grues couronnées et à l’interprétation de leur cri ; tel héros épique consultait des têtes de grues couronnées avant d’entreprendre un exploit.

[53] Petite colline dont le nom, Pellel, fait jeu de mot avec celui des bovins Pelli désignés par leur caractéristique : une tache blanche et ronde sur le front.

[54] yerŋi yermi.

[55] Il y a ici un jeu de mot : Gâmantâke  (« on ne pêche pas au filet ») étant aussi le nom d’une île dans le bourgou ; la traduction serait alors, « la [demoiselle] de Gâmantâké ».

[56] Il s’agit des militaires chargés de la surveillance du territoire ; le poète, très âgé, a composé bon nombre de ses poèmes du temps de la colonisation. Il parle aussi, dans la phrase suivante, des « travaux forcés ».

[57] saradiŋe : déformation du verbe français « jardiner » pris ici comme symbole des travaux forcés.

[58] hoojuure koccuuje.

[59] Campement graveleux, tout comme, au vers suivant, tamariniers, sont des qualificatifs qui font partie de la devise de la ville de Konsa et peuvent se substituer au nom de cette ville dans les épopées et les poèmes.

[60] Tamarindus indica (Linn.).

[61] Il s’agit des trous creusés dans les terres natronées et emplis d’eau pour la cure salée.

[62] Kambassana est un lieu de stationnement en attendant la descente vers les bourgoutières ; quant à Wôrowâra, c’est une zone d’habitation des Foulankriabé, groupe de Peuls pasteurs de la région du Hombori, influencés par les Touaregs et les Songhay.

[63] Trait particulièrement apprécié comme signe de beauté et de chance.

[64] Les génisses primipares sont souvent attachées court à un piquet pour qu’elles se laissent traire ou téter.

[65] Ce lieu situé entre Sindégué et Konsa est nommé Pimbé (pluriel de fimmbere), terme qui désigne les espèces de presqu’îles que forment les boucles très resserrées des méandres du fleuve.

[66] mawniraare waalde mawniraaɓe.

[67] kampa : emprunt déformé au français « campement » désignant le gîte construit en dur à l’entrée des village pour héberger les hôtes de passage.

[68] Zone occupée par l’herbe aquatique karsa (non identifiée).

[69] Baaŋri mbaagiri.

[70] Nom d’un lieu identifié par sa végétation d’Acacias (Acacia seyal Del., et tortilis).

[71] Textuellement : touffes de longues graminées de diverses espèces tel le vétiver.

[72] Daaŋri ndaakiri.

[73] Koro est un cousin de l’auteur qui est ici brocardé malicieusement, conformément à la relation « à plaisanterie » de règle entre cousins croisés. Arga est un lieu où les autruches ont pondu.

[74] Plus exactement le mot utilisé désigne les parties limites de la crue.

[75] Les grandes tentures richement décorées (sg. arkilla kerka) qui sont utilisées pour masquer les alcôves dans les grandes paillotes de cette région, ont à chaque point de suspension, en guise d’ornement, soit des coquilles d’œufs d’autruche soit des noix de doum vernissées, attachées par deux.

[76] Constellation : ar. As-simaakaayn « Les deux poissons » ?

[77] Il s’agit d’une petite pièce de tissu que, lorsqu’elles doivent sortir, les femmes mariées portent comme un voile, par dessus leur mouchoir de tête.

[78] Nom donné à une vache mais désignant un tissu à pompons utilisé comme écharpe ou comme turban.

[79] ganyam : ganyo am.

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MERGOL- HAMMADI HAMMA BARI / POÉSIE LIBRE – HAMMADI HAMMA BARI TEXTE 4

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Ɗi ciran kelle[1] nguli siiwoo e koyɗe ! Troupeaux écorcent arbres kelle et sueur suinte sur les pattes !
Ɓurnge kooba caayewol nde yiɗii koorka Vache qui, mieux même qu’hippotrague de plaine, a bien voulu du jeûne,
nge tawii ladde Kojoloy[2] ruumaali a trouvé que brousse de Betits-Bouleaux n’avait encore herbe nouvelle
gase boɗeeje Boɗeewal ɓettiima ! et que trous rouges de Bodêwal étaient déjà loin derrière !
Gilla Ɓoobuwel’en ruumaali Avant que la région de Bôbouwel n’ait eu herbe nouvelle
se ɗi ngarata Biidi nde Biima ruumaali pour que troupeaux viennent à Bîdi, alors que Bîma n’a pas encore herbe nouvelle
came[3] ngaɗaay ɗowdi calluɗi naataali qu’arbustes tiamé ne sont point ombreux, que rivières n’ont point d’eau
gidaay Ginnda-Bariwol nyaafaali que tonnerre n’a point grondé, Guinda-Bariwol n’a eu brève ondée
caaji Caanabaawol nduumaali que pistes du Tianabâwol n’a point herbe nouvelle,
ndeen woɗe finaange findinii caabeeje ! c’est alors que la Baie-Fardée-de-Kohl a réveillé terres en friches !
Se ɓe dulbe ƴonnyi mbii Durgaama peewi Quand ceux qui, trompés par la touffeur d’avant tornades, ont dit que c’était au Dourgama qu’ils dirigeaient leurs pas
mi du’ondiri e maɓɓe faa kootol duuɗe j’ai avec eux échangé vœux de retour aux îles
ɓe tefaay woonnude ɓe inndi to woɗɗii mais au lieu de chercher à bien faire, ils ont cité lointaine destination
batte moonde ɓe ngaɗi na’i mobilaaji[4] ! et, à l’appel du natron, fait de leurs bêtes de vraies automobiles !
Walaa ko moonde nafirataa moodiiji Aucune raison pour que, du natron, bêtes des marabouts n’aient les bienfaits
joom caayeeri laatike exalte[5]! mais le propriétaire du Cuivré est à présent bon pour la réforme !
Ndeen piy-mi mbeelu na’i beebankooji Lors je « frappai l’ombre » des vaches bêbankôdyi[6]
tawi jawle Apalel’en ardiima alors que déjà troupeaux des Apalel[7] avaient ouvert la marche
hono teren[8] ɓe naatii faa na’i ana teera ! lancés, tels un train, vaches déferlant en torrent !
Na’i keɓaay nduungu keltu-mi wifoongo Bovins n’étant pas encore à la saison des pluies, je bifurquai,
miɗo hajoo Baawaral e baawngal ceeɗu ! guidant de mes conseils Grand-Oie-d’Égypte, si fort pour affronter la saison sèche !
Batte maaɗa jey beelal Taaro C’est à toi qu’on doit d’avoir le lac de Târo
miɗo yerƴa Bunawal e buuwal ceene. je lance Grand-Gris-Tourdille dans herbe boûwal[9] des plaines sablonneuses.
Duɗel e Duuɗe-Burre[10] ɗi ɓettiima Passés Doudel et Îles-aux-Gardénias, bêtes ont poursuivi leur route
Bunawal ndi banndo Buukari Hamma Grand-Gris-Tourdille, taureau de la sœur de Boukari Hamma,
goral anndi Bunti ndi wanyi burgu ! gros mâle, connaît bien Bounti et ne veut pas du bourgou !
Mayya wii ɗi njaha mawngal gayɗe. Mayya leur a dit d’aller à la grande plaine aux fosses à sel.
Ganawal e leydi Gaapiti hono worri ? Au Ganawal et dans la région de Gâpiti, où en est-on ?
Mi hawriti e Jaajal Gaajooji Je rencontrai Diâdial, berger des troupeaux gâdiôdyi[11]
lamndanii-mi hono Ganawal worri et m’enquis de l’état du Ganawal ;
mo wii : « Gilla Du’ansa faa reggoowo duuɗe il dit : «  Depuis Douentza et jusqu’à descendre sur les îles
en nji’ii duule puɗɗaay sako puupa nous avons vu que nuages n’ont pas encore commencé, encore moins gonflé
Dummbara baalɗe jeegom ƴoogaali que Doumbara, de six jours, n’a pas puisé
sewnde Kiiro wayri maasaade ! que source de Kîro, depuis longtemps, ne coule plus !
Mawɓe Kiiro mbii kitaangal wartii Les vieux de Kîro disent qu’est revenue l’année terrible[12]
Tonndu-Feere’en puɗɗii ferde les gens de Tondou-Fêré ont commencé de migrer
luumo Borko keenyen ɗo boni nyalli le marché de Borkou a connu hier bien mauvaise journée
hari pari[13] gelle fuu annii paayaa il n’y a plus d’eau et voilà tous les villages désertés.
joom kaamiliije’en kala noddaama Des connaisseurs du Parfait[14], chacun a été convoqué
fuu kawrinaama faa nyaagoo kammu. » et tous ont été réunis pour implorer le ciel. »
Ndeen ciccinii-mi[15] Ciingal cimtir-mi Lors, d’un sifflement j’encourageai Grand-Nègre et invoquai Dieu
ndeen ummanii-mi Alfaa Usumaanu lors, me mis en route pour aller voir Alfâ Ousmânou
nyaagoyii-mi talkuru Tammbayni j’allai solliciter un talisman à Tambeyni
kem-mi dewtere to Alfaa Demmba j’obtins un livre auprès d’Alfâ Demba
nde ɓe ana e leydi waajibi maa ndi leefu ! quand ils se trouvent dans une région, celle-ci ne manque pas de recevoir la pluie !
Ndeen Pural waylitii heddii ana waaƴa ! Alors, Grand-Gris tourna bride et continua tout écumant !
Kammu jumpi faa mi sikkoo yo wadda ! Si détrempé est le ciel que je me crois au cœur de l’hivernage !
Jam fini e mawɗi Fimmbere-Hamiidu ! Bon réveil pour les Doyennes[16] au Méandre-Hamîdou !
Ndeen gigile[17] piinii ndeen Pira horsinta Lors ont fleuri arbustes guiguilé, lors Pira reçoit les premières pluies
ɗi piɗi mamnataa so inndani Piilooki ! insectes ne harcèleront pas les bêtes si pour destination leur est cité le Pîlôki !
Ɗi tayri Jommbiso e Tannal-Joona ! Elles ont coupé par le Diombisso et Grand-Dattier-du-Désert-lès-Diôna !
Giɗo Jamale-Wuule ƴaɓɓa ɗo ɓe aawa ! Ami de La-Diamal-à-Liste, dépasse là où ils sèment !
Hannde kaa a ƴaɓɓike Jawbanna ! Ce jour, en tout cas, tu as dépassé Diawbanna[18] !
Sori banndo Gaaɓɗo joom ga’i balamaaji Sori, frère de Gâbdo, propriétaire de taureaux balama[19],
baale rewɓe njimanata banndo Gaaɓɗo : les classes d’âge féminines chantent en l’honneur du frère de Gâbdo :
Sori hennja cooyi[20] coddita jeereende ! Sori met Cuivrés en tête et ils filent à travers la brousse déserte !
Celen perre fey ŋabben ceene Délaissons les steppes et montons aux plateaux sablonneux
ga’i boɗeeji Boodoro inndanta aux taureaux bais c’est Bôdoro qu’on cite pour destination
Karakara e Kaarsani Feto-Ngawdi[21] et Karakara et Karsani, la Mare-à-L’Acacia
Sataaman e Sartata Banjeena ! Satâmane et Sartata dans Bandiêna !
Miɗo faɓɓa leydi faa Nguma’en baalɗe Je m’attarde quelques jours sur les terres des gens de Ngouma
eɗi nyaama daafo nii e ciiwal daadi tandis que troupeaux broutent graminées dâfo et tyiwal-des-bubales
weendu ɓurndu Jirmey wertaade en un lac plus étendu que la plaine de Dyirmèye
ɓurndu nawre Ɓala’en ɓattiindu et plus proche que la mare des Bala
endu ɓawli loope yo ndu lobburu kaaɓi lac d’eau sombre sur fond glaiseux, ce qui est bon pour les génisses
ɗo cayle loototoo ɓaleewal loope où oies de Gambie font toilette de boue noire
weendu marndu neenal so marii ne’ema un lac de si bonne qualité qu’il est vivier de bienfaits
weendu marndu cabbol e ŋari jawdi ! lac qui prodigue herbe à paillote et beauté au bétail !
Jamale-Wuule’en caggindii baalɗe Le groupe de La-Diamal-à-Liste s’y est fixé des jours durant
gorɗi panki ƴaɓɓii Paamaaje ! gros mâles ont caracolé et dépassé Pâmâdié !
Hoore-Weendu Jamalal welliima ! Hôré-Wendou[22], Grand-Diamal l’a passé !
Mi tawi seŋiiɓe Segikira loonnooɓe Je trouvai des belles à Séguikira, des blanchisseuses
ɓe mbii : « Pullo lobbo joom gori loociiji qui dirent : « Beau Peul, propriétaire de mâles aux longues cornes effilées :
boowɗi loowle Deeboy ndeeniima habitués du début de saison sèche au Débo, ont eu salut assuré
huɗo Cafoori funti Cammbalaaje ! » l’herbe étant tout aussi pourvue au Tiafôri qu’aux Tiambal ! »
Mi sikkitaaki Sinkisi woni yeeso Je n’ai eu aucun doute que Sinkissi fût devant
Ayum yalti hawri e Aamardi ! que village d’Ayoum sortît à la rencontre du taureau Pie-Âmar[23] !
So gide Aminta Aanjuru njuuroo ɗi Pour que les classes d’âge d’Aminta Andiourou viennent les honorer
nyasu-mi bijji njoowtu-mi Bintaare je choisis un peloton de jeunes génisses et allai saluer Bintâré
limmbi-ƴoŋle liwnaa mooriiɓe ! et bêtes aux immenses cornes ont eu escorte de bien nattées !
Huɗo tolooji toggere Moojaani L’herbe des berges du tertre de Môdiâni
ko hatta ƴonngo Daakal moylaade ! voilà ce qui empêche la bosse de Grand-Cou-Taché de s’étrécir !
Mi yeggitaali tolo Alfaa Yeyya Je n’ai point oublié le bas-fond d’Alfâ Yeyya
fii muutuuɓe ga’i ndurdan no muuyri ! qui fait l’affaire des bons à rien : taureaux y paissent tout à leur guise !
Alla kodda dammu Kooma e Jonngaare Puisse le dernier-né savourer à loisir Kôma et Diongâré[24]
Dooya yaaƴi-doŋe fijetee doori et Dôya aux larges levées de terre être lieu de fêtes pour les belles
faa Doobe haaɓi doŋe keewngal doole ! jusqu’à ce que Outarde en ait assez des levées du grand seigneur[25] !
Marobaaba Jawra e Mamara njaɓanii ɗi. Marobâba de Diawra et Mamara ont autorisé l’entrée des troupeaux.
Hikka leydi Saalifu sami Baɗɗo Cette année le pays de Sâlifou vaut mieux que la cuvette de Baddo
hikka biille Tibo’en ɓuri Binnga ! cette année les anciens campements des Tibo valent mieux que Binga !
Mi birnii Saaje anndunge sabbodo D’un brrr ! j’ai fait avancer Pis-Blanc qui connaît bien herbe sabbodo
nge daaynataaki jomi dargiɗi joɓɓe n’a pas à traîner corde attachée à ses cornes et a pattes cerclées de blanc
Saaje loownataa maayel Jooni ! Pis-Blancs ne passera pas les premières chaleurs au petit fleuve de Diôni !
Miin e Demmba Hammadi joom debbi Je suis avec Demba Hammadi qui a des femelles
cuuso dokko doomoowo ɗii njeewndi valeureux, généreux, qui surveille les troupeaux dans la solitude
mo hillataaka ci’e hirsantaa ɗi ne s’intéresse guère aux villages et ne leur en sacrifiera point !
hirde Demmba Hammadi ana tiiɗi. Se faire l’émule de Demba Hammadi est chose difficile !

[1] Grewia venusta Fres., arbre considéré comme bénéfique, dont le feuillage est appété par le bétail et dans le bois duquel les bergers taillent leur boulade.

[2] Anogeissus leiocarpus (DC.) Guill. et Perr. Devise d’un lieu-dit dans la brousse, dans le canton de Bôré.

[3] Pterocarpus lucens Guill. et Perr., petit arbre aux fleurs jaunes d’or en longues panicules et dont le feuillage fournit un bon fourrage, mais qui est encore dépouillé en cette fin de saison sèche

[4] Emprunt au français « automobile » utilisé ici par référence à la vitesse de déplacement du troupeau.

[5] Emprunt au français « exempté », c’est-à-dire « renvoyé comme inapte », d’où : « qui ne vaut rien » et , utilisé en apostrophe, « va-t’en, tu n’as rien à faire ici ! ».

[6] Il s’agit des troupeaux d’un clan peul de la région. L’expression employée, « frapper l’ombre », est volontairement ambiguë ; ordinairement elle est utilisée par référence aux sorciers « mangeurs d’ombre » qui s’emparent du double des individus, de leur principe vital ; le poète joue ici sur les mots : il  « marche sur les pas du troupeau » et, en même temps, il le dirige à sa guise, s’en étant rendu maître comme le fait un sorcier d’un individu.

[7] Apalel est un gendre de l’auteur.

[8] teren : français « train ».

[9] Boûwal désigne une végétation steppique poussant en touffes courtes et espacées.

[10] Gardenia erubescens Stapf et Hutch.

[11] Nom d’un troupeau d’un groupe peul (Wadiôbé) de la région de Sendégué.

[12] Nom de la terrible famine de 1913, restée comme repère dans le décompte du calendrier. Kîro (village à l’ouest de Douentza et au sud-est de Bôré) est Kirou sur les cartes

[13] Mots songhay.

[14] Kâmil : qualificatif attribué au Coran.

[15] ciccinii-mi : pour cittinii-mi.

[16] Il s’agit des vaches les plus anciennes, qui sont respectées et ménagées.

[17] Boscia senegalensis (Pers.) Lam. ex Poir.

[18] Région occupée surtout par des Touaregs et des Bella.

[19] Bovins dont la robe pie comporte une grande tache blanche couvrant tout le ventre jusqu’à mi-flanc et remontant en collier autour du cou.

[20] Forme du pulaar, correspondant à caayeeji : bovins dont la robe est de couleur ocre roux, cuivre.

[21] Acacia nilotica (L.) Willd. ex Del.

[22] Hôré-Wendou : textuellement « Tête (i. e. bout/extrémité) du Lac ».

[23] La robe dite âmar, comporte une large tache unie courant tout le long des flancs depuis la tête jusqu’aux cuisses.

[24] Kôma est le nom d’un trajet de transhumance, Diongâré est une mare et Dôya une plaine dans le Fittouga.

[25] Outarde est le nom d’une vache dont la robe rappelle le plumage de cet oiseau. Quant au « grand seigneur » – textuellement « grand détenteur du pouvoir » (pouvoir coercitif) –, c’est ici un qualificatif ironique désignant le chef de canton, représentant de l’administration centrale, qui détient l’autorité sur la région dont parle le poète. Le pouvoir dont il est investi est ressenti par les éleveurs comme imposé de l’extérieur, à la différence de celui des responsables de régions qui régissent traditionnellement les trajets de transhumance et l’occupation des sols.

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MERGOL – JUULDE MOODIBBO HAMMADU / POÉSIE LIBRE – DIOULDÉ MÔDIBBO HAMMADOU

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Miin Juulde Moodibbo Hammadu Konsa Kiida, miɗo jooɗii Wummere faa mi haalda e Fulɓe seeɗa fulfulde seeɗa.

Moi, Diouldé Môdibbo Hammadou de Konsa Kîda, je réside à Woumméré, je vais parler un peu en peul de quelques Peuls.
   
Mi noddii joowro ɓii-joowro J’ai loué un diôro[1], fils-de- diôro
joowro adal joowro ajal[2] joowro Diŋa, joowro diina, joowro Fuuta, joowro ɓii-joowro, tawɗo njoowru keɓɗo njoowru kejjaaɗo njoowru ! diôro dès avant, diôro pour l’éternité, diôro de Dinga, diôro de la Dîna, diôro du Foûta[3], diôro fils-de-diôro, diôro de naissance, détenteur de la fonction de diôro, à qui convient bien la fonction de diôro !
Mi noddii Pullo piilkotooɗo juruuji sanne sanne J’ai loué un Peul couronné d’une masse de turbans torsadés,
ɓornotooɗo ju’aaɗi sanne sanne vêtu d’une masse de boubous brodés
baɗɗotooɗo juunɗi[4]-sawnda ! chevauchant [coursiers] aux longs flancs !
Hammadi o dogaali e boli Hammadi n’a pas couru dans les rues
donndonaali e bolooɗe ni déambulé dans les vestibules[5]
boɗeeje gite [qui a] yeux rouges
oolo gereeje canines jaunes[6]
bonnoowo ko baylo golli ! et qui met à mal production de forgeron[7] !
O donoo cuusal Il a eu en héritage bravoure
o donoo laamu commandement
o donoo njoowru fonction de diôro
o donoo dokkal et générosité
o dimo dokkitiroowo dimaaɗi il est un noble donateur de chevaux de race
alsilame dokkitiroowo keefeeri ! un musulman   donateur d’infidèles[8] !
So Hammadi ana yaa yeeƴataako Quand Hammadou marche, il ne regarde pas derrière lui
so o yeeƴike o yaataa o yi’aali mais s’il a tourné la tête, il ne partira pas sans avoir vu,
so mo yi’ii mo yaataa mo haɓaaka et celui qu’il a vu, il ne poursuivra pas sa route qu’il ne l’ait attaqué
so o haɓaama o yaataa o hawaali et s’il l’a attaqué, il ne poursuivra pas sa route qu’il n’ait été vainqueur
so o hawii o yaataa o haɓɓaali s’il a eu la victoire, il ne poursuivra pas sa route qu’il ne l’ait ligoté
so o soottii o yaataa o nyaamdaali et une fois qu’il l’aura vendu, il ne partira pas sans partager son gain
e nyamakala’en nyaagotooɓe ! avec des griots quémandeurs !
Pullo toloo ladde ɓawla Peul avec son seul troupeau, et la brousse s’assombrit[9]
leloo guuji ŋawla il se couche, et destriers hennissent doucement,
immoo solleeji mbuuwoo ! il se lève et pièces de tissu s’époussètent !
O Pullo keloowo faa hela nyannde haɓaama C’est un Peul destructeur qui détruit au jour de la lutte
o kemmboowo faa daroo nyannde rewraama mais un restaurateur qui se dresse au jour où accord lui est donné
o Hammadi keedonoowo suudu baam-mun e femmbere jihaadi Alla c’est un Hammadi[10] fidèle à la profession de sa famille paternelle dans le combat pour la sainte lutte
nyannde so moro waɗii nyannde mormoro waɗii au jour où s’est produite querelle, au jour où s’est produite bagarre
morso hoondii qu’amorces ont brûlé,
kuppe kelii douilles de lances ont été brisées
kalace nduufiima et leurs manches mis en miettes
mboɗeejam yaadii e teere boɗeeje morre yehii nyallo ngaandi que sang a coulé en flots rouges, balles sont parties faire fête au cerveau
molu mo ndurmaaka waatii que poulain a crevé sans même avoir eu la morve
kecco mo nawnaaki maayii nourrisson est mort sans avoir grandi
barmuɗo daasii maayɗo que le blessé a traîné le mort,
kanko jaati woni Hammadi tigi ! c’est bien lui Hammadi, tel qu’il est, en personne !
Nyannde ɗiɗiije ɗee tibaama baruutu Ce jour, fusils à double canon ont été bourrés de poudre,
morso toɓɓaama amorces ont plu
jabe caakiima balles se sont répandues
mboɗeejam waaciima sang a coulé à flots
ɗiɗi ndoganii asaale deux balles ont couru se loger dans la hanche
wootere doganii ngaandi et une dans la cervelle
koykoy njehii ndoosugile guiboles sont parties en gigotements
tekketoy ngaɗii baalimanna et intestins ont fait comme fil bâlimanna[11]
juukoy mbamii linngilannga ! petits bras ont dansé la danse de Saint-Guy !
Nyannde leppa fuu walaa Ce jour, jette un coup d’œil à droite, à gauche, rien !
leppa guu Un coup d’œil à un coursier,
leppa gaawal un coup d’œil à une lance
leppa ngal ganyo maa hutaaki et, après ce coup d’œil, ton adversaire n’est pas déçu !
ɓiɓɓe baaba woɗeeɓe ɓee lekkondirii Des germains de Rouges[12] se sont mesurés
darjaaji ɗii pooɗaama ! cherchant chacun à tirer gloire à soi !
Nyannde Denenngu ndee En ce jour de Dénengou
ɗoon maam-makko haɓaa c’est là que son aïeul s’est battu,
ɗoon o hawi là, qu’il a eu la victoire,
ɗoon mo huyi là, qu’il a exulté
ɗoon mo jannjilii là, qu’il a sauté d’allégresse
ɗoon mo jaawi hoore makko bugeeji boɗeeji là, qu’il a posé sur sa tête un paquet de bougués aux reflets moirés[13]
ndeen mi tawi mo kedde jamɗe ɓurɗe kedde konnaangu[14] Jam Jara Moodi Aali ! et c’est alors que je trouvai qu’il lui restait plus d’armes que d’animosité, Diam-Diara Môdi Âli !
Beete Sirataba ɗoon maam-makko haɓaa Au matin de Sirataba, c’est là que combattit son aïeul
ɗoon mo hawi là, qu’il a eu la victoire,
ɗoon mo huyi là, qu’il a exulté
ɗoon mo jannjilii là, qu’il a sauté d’allégresse
ɗoon mo jaawi hoore makko bugeeji boɗeeji là, qu’il a posé sur sa tête un paquet de bougués aux reflets moirés
ndeen mi tawi mo kedde jamɗe ɓurɗe kedde konnaangu ! et c’est alors que je trouvai qu’il lui restait plus d’armes que d’animosité !
Jam Jara Moodi Aali ! Diam-Diara Môdi Âli
Beete Ndoolu au matin de Ndôlu
ɗoon maam-makko haɓaa c’est là que combattit son aïeul
ɗoon o hawi là, qu’il a eu la victoire,
ɗoon mo huyi là, qu’il a exulté
ɗoon mo jannjilii là, qu’il a sauté d’allégresse
ɗoon mo jaawi hoore makko bugeeji boɗeeji là, qu’il a posé sur sa tête un paquet de bougués aux reflets moirés
nde o tawaa kedde jamɗe ɓurɗe kedde konnaangu lors on trouva qu’il lui restait plus d’armes que d’animosité !
Jam Jara Moodi Aali ! Diam-Diara Môdi Âli !
Beete Baade maam-makko Matin de Bâdé de son aïeul
beete Seeka maam-makko matin de Sêka de son aïeul
beete Celoynde maam-makko matin de Tiéloyndé de son aïeul
beete Cekkoynde maam-makko matin de Tiekkoydé de son aïeul
beete Commpagu maam-makko matin de Tiompagou de son aïeul
beete fimmbere ndee maam-makko matin de La-Presqu’île de son aïeul
beete rannyeere ndee maam-makko matin du Vétiver de son aïeul
beete Harehare hardaande gaawe buule ! matin de Haréharé interdit par lances blanches[15] !
Pullo Hamman Dikko Demmba Peul Hamman Dikko Demba
Oo Pullo Koowiiɗo Demmba ce Peul de Kôwîdo Demba
oo Pullo Obbo Demmba ce Peul de Obbo Demba
oo Pullo Mayrama Demmba ! ce Peul de Mayrama Demba !
O taanni Jam Hammadu Il a eu pour descendants Diam Hammadoun
o taan Demmba Hammadun Demmba Hammadoun
o taan Aamadu Hammadun Âmadou Hammadoun
o taan Mayrama Hammadun Mayrama Hammadoun
o taan Juulde Hammadun Diouldé Hammadoun
o taani Galanga Hammadun Galanga Hammadoun
o taani Inaata Hammadun ! Innata Hammadoun !
O Pullo dariiɗo balaaje sanne sanne C’est un Peul aux épaules très hautes
ɓornotooɗo bakaaɗi sanne sane vêtu d’une masse d’habits bleu indigo
baɗɗotooɗo bareeji chevauchant chevaux blanc sale
bammbiiɗo e Laamɗo enfant adoptif du Seigneur
bammbuɗo ko rimaali qui a adopté ce qu’il n’a point enfanté
Hammadun Hamman Dikko Hammadoun Hamman Dikko !
Buu-Moodi Hamman Dikko Boû-Môdi Hamman Dikko
Maamaari Hamman Dikko ! Mâmâri Hamman Dikko !
Hamman Dikko Demmba ! Hamman Dikko Demba !
Umaru Demmba Oumarou Demba
Jam Demmba Diam Demba
Inna Atta[16] Demmba ! Inna Atta Demba !
Demmba Buu-Moodi Demba Bou-Môdi
Dama Buu-Moodi Dama Boû-Môdi
Yerooru Buu-Moodi ! Yérôrou Boû-Môdi !
Jam Jara Moodi Aali ! Diam Diara Môdi Âli !
Oo woni cuddiingel gajalleeji C’est lui qui fut malheureusement dissimulé sous paillassons[17]
ɗaaniingel ɗoyɗi ngoonga et s’est endormi du sommeil de vérité
beete fimmbere rannyere au matin de la Presqu’île-aux-Vétivers,
hare hardaande gaawe buule ! à Haré défendue par lances blanches !
Pullo dariiɗo balaaje Peul aux hautes épaules
ɓornotooɗo bakaaɗi vêtu de bleu indigo
baɗɗotooɗo bareeji chevauchant chevaux blanc sale
bammbiiɗo e Laamɗo enfant adoptif du Seigneur
bammbuɗo ko rimaali ! qui a adopté ce qu’il n’a point enfanté !
O curo nyannde naawii Le conciliateur au   jour de tribulations
o cuuso nyannde tiiɗii le brave au jour de l’épreuve
o cuunyotooɗo pihanɗe ! qui va au cœur de la fusillade !
Baagi njarii Baaɗe Ventres-Blancs ont bu à Bâdé
baddi taƴii daaɗe jeunes veaux ont rompu les cordes
bareeji taƴii ngadaaɗe ! et chevaux blanc sale les entraves !
Coo Pullo ! Bravo Peul !
O baytaali e balane Il n’a pas bu lait coupé d’eau aux campements de brousse
waɗaali barma uuma n’a pas été du genre à geindre, blessé,
barewal waɗaaka wanteere beete pural buguuji moƴƴal naatooɓe grand cheval blanc sale n’a pas été mis à l’encan au matin de « la Grande aux paillotes poussiéreuses, parfaite pour ceux qui y pénètrent
njennira[18] Hammadun Yaaya et qui la louent avec le nom de Hammadoun Yâya
Aali Âli[19]
nyanngii ladde ɓuuɓii bolooɗe naatee nyaamee njaltee nyaaƴee ! a eu brousse ardue, vestibules frais, on entre et mange, on ressort et se pavane !
Bani ɓirdaama baniije ! Vaches noires de jais ont été traites dans jolies jattes ! »
Miin Juulde Moodibbo Hammadun haaldi ɗoo e Jam Amiiru Konsa fulfulde seeɗa. Moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun j’ai un peu parlé ici en langue peule de Diam chef de Konsa.
Dee so miɗo ndaarta banndiiko Et si je dois tourner mes regards vers son pair
sanaa mi mubbita faa e Pullo mo Alkaadi koolii ɗun nyannde Aawiraati-Koole ! il me faut aller jusque chez le Peul en qui les Alkâdi[20] se sont confiés au jour d’Âwirâti-Kôlé !
O Buuwaro to tife too C’est un Bouwaro sur les lointains trajets
o joowro ga burgu gaa un diôro ici, au bourgou,
o Burdaame ley Konsa ! un Touareg vers Konsa !
Kanko min mbi’ata Pullo toowɗo buuli sanne sanne C’est lui que j’appelle le Peul au front très dégagé
karnyotooɗo bugeeji sanne sanne aux nombreux turbans en torsades de bougué
Pullo Alhajji Buukari Peul Alhadji Boûkari
o Pullo Allaay Buukari le Peul Allâye Boûkari
o Pullo Burayma Buukari le Peul Bourayma Boûkari
o Pullo Muusa Buukari le Peul Moussa Boûkari
o Pullo Hasan Buukari le Peul Hassane Boûkari
o Pullo Huseyni Buukari ! le Peul Housseyni Boûkari!
O taanni Buubu Allaay Il a eu pour descendants Boûbou Allâye
o taanni Buukari Allaay Boûkari Allâye
o taanni Paate Allaay Pâté Allâye
o taanni Aysata Allaay ! Ayssata Allâye!
Kanko jey Gaamantaake ! C’est à lui qu’appartient Gâmantâke
Kanko jey Gaamama-Haaɓe ! qu’appartient Gâmama-Hâbé
Kanko jey Gaamel-Moreeji ! qu’appartient Gâmel-Morêdyi
Kanko jey soɓɓundu Sonka-Laaɓa-Njaareendi ! qu’appartient le coude de Sonka-Lâba-Ndiârêndi[21] !
Ɓujji kuunii daande Mboola Bœufs beuglent sur la rive du Mbôla
gabbi pari maayo Mboola ! hippopotames renâclent dans le fleuve Mbôla !
O Pullo gaatii goro C’est le Peul qui éructait de la cola
o Pullo hulii gacce le Peul qui a redouté l’opprobre
o Pullo ɓorniima gomnaaɗi ! le Peul vêtu d’habits amidonnés !
Pullo toowɗo tiinde Peul au front haut
torroowo wayɓe muuɗun beete pural buguuji moƴƴal naatooɓe njennira Hammadun Yaaya Aali ! qui fait souffrir ses ennemis au jour de « la Grande aux paillotes poussiéreuses, parfaite à ceux qui y pénètrent et qui la louent avec le nom de Hammadoun Yâya Âli »,
O Pullo ndaneeri kosamaari C’est le Peul au taureau blanc comme lait
inndaama njakarawalleeri dénommé Coq-d’Or
sabiyaari un albinos
sayda-giteeri ! aux yeux veinés de rouge !
Noddaa na’i nootii À l’appel, vaches ont répondu
noddaa be’i nootii à l’appel, chèvres ont répondu
noddaa baali nootii ! à l’appel, moutons ont répondu !
Gaatii goro hulii gacce ɓorniima gomnaaɗi Il a éructé de la cola, a redouté l’opprobre, a revêtu habits amidonnés
hoɓii gayaaɗe a écalé dures noix de cola tachetées
o nattaa barke mettaa yiide n’a point faible bénédiction, n’est point désagréable à voir
won fii wanaa taƴoowo goddi nyamakala’en nyaagotooɓe ! et, fortuné, ne déçoit point les espoirs des griots quémandeurs !
Pullo so ɓe ndurii mo dannan ɓe Peul qui, s’ils partent au pacage, les distancera
so ɓe ndogii mo luttan ɓe s’ils fuient, restera sur place
so ɓe ngartii Konsa Hammadun Yaaya mo dirtan Pullo faa soppinoo ! et à leur retour à Konsa Hammadoun Yâya, évincera tout concurrent peul, le mettra à genoux[22]!
   
Miin Juulde Moodibbo Hammadun haaldii ɗoo e Buubu Alhajji Buukari fulfulde seeɗa. Moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun j’ai un peu parlé ici en peul de Boûbou Alhadji Boûkari.
Dee so mi ndaarta banndiiko Et si je dois tourner mes regards vers son pair
sanaa mi mubbita faa e Pullo Bara’iima Amiiru il me faut aller jusque chez le Peul Bara’îma Amîrou
Pullo Buubakari Amiiru Peul Boûkari Amîrou
Pullo Aamadu Amiiru Peul Âmadou Amîrou
Pullo Maamuudu Amiiru Peul Mâmoûdou Amîrou
Pullo Maaliki Amiiru Peul Mâliki Amîrou
Pullo Muuytafa Amiiru Peul Moûytafa Amîrou
Pullo Gaamɗo[23] Amiiru Peule Gamdo Amîrou
Pullo Jaynaba Amiiru Peule Daynaba Amîrou
Pullo Saajo Amiiru Peule Sâdio Amîrou
Pullo Maymuuna Amiiru Peule Maymoûna Amîrou
Pullo Lobbel Amiiru Peule Lobbel Amîrou
Pullo Pennda Amiiru Peule Penda Amîrou
Pullo Daado Amiiru Peule Dâdo Amîrou
o Pullo Ummu Amiiru ! C’est la Peule Oummou Amîrou !
O taanni Hamma Buukari Il a eu pour descendants Hamma Boûkari
o taanni Hammadun Buukari Hammadoun Boûkari
o taan Abdu Buukari Abdou Boûkari
o taan Seeku Buukari Sêkou Boûkari
o taan Aam Seeku Buukari Âm Sêkou Boûkari
o taan Siita Buukari Sîta Boûkari
Buukari Hamma [et pour arrière-petits-enfants] Boûkari Hamma
Allaay Hamma Allâye Hamma
Aduraa Hamma Adourâ Hamma
Ummu Hamma Oummou Hamma
Maaliki Hamma Mâliki Hamma
Sawdatu Hamma Sawdatou Hamma
Safiyatu Hamma ! Safiyatou Hamma !
Pullo ci’e e koreeji Peul des villages et des maisonnées
Pullo cete e kayeeji Peul des confluents et des taurillons
ladde Alla yolumbereere de la brousse sauvage et déserte
e kaadime’en ! et des gens de service !
Pullo holtii risiiji Peul s’est vêtu de basin
holjinii baraaɗi daneeji hakkunde sallifana e laasara ! a fait détaler beaux chevaux blancs, entre sallifana et lassara[24] !
Pullo waamii waɗɗiima baraaɗi Peul qui, indolent, a chevauché beaux chevaux blancs
waamtii waɗɗiima motoŋaaji[25] ! et indolence chassée, a chevauché motos !
O woni Hamma Amiiru Bewlaka ! C’est Hamma, chef du Bewlaka
Miin Juulde Moodibbo haaldi e makko et c’est moi Diouldé Môdibbo qui ai parlé de lui :
omo Bamako joonin joonin. il est à Bamako actuellement.
   
Miin Juulde Moodibbo Hammadun, miɗo jooɗii Wummere, miɗo haalda e Layya Sammba Suleeru Gaanyi Hammadi Aali Moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun, je réside à Woumméré, je vais parler de Layya Samba Soulérou Gâgni Hammadi Âli.
O Pullo Hammadun Suleeru C’est le Peul Hammadoun Soulêrou
o Pullo Sammba Suleeru le Peul Samba Soulêrou
o Pullo Jaaƴe Suleeru le Peul Diâdié Soulêrou
o Pullo Aysa Suleeru la Peule Aïssa Soulêrou
o Pullo Iidi Suleeru ! la Peule Îdi Soulêrou!
O taanni Suleeru Gaanyi Il a eu pour descendants Soulêrou Gâgni
o taanni Umaru Gaanyi Oumarou Gâgni
o taanni Belkoo Gaanyi Belkô Gâgni
o taanni Hadi-Aali Gaanyi Hadi-Âli Gâgni
o taanni Aysa Gaanyi Aïssa Gâgni
o taanni Iijo Gaanyi ! Îdio Gâgni !
Gaanyi Hammadi Gaanyi Gâgni Hammadi Gâgni
Sammba Hammadi Gaanyi Samba Hammadi Gâgni
Miijo Hammadi Gaanyi Mîdio Hammadi Gâgni
Delo Hammadi Gaanyi Délo Hammadi Gâgni
Anta Hammadi Gaanyi Anta Hammadi Gâgni
Antaare Hammadi Gaanyi ! Antâré Hammadi Gâgni !
Pullo jeyɗo kabaangel koolɗe Peul qui a la maladie des ongles
nyiinaangel kayeeji ! et a reçu du sort taurillons !
Sammba dee makankooji mberii faa ɗi mbemmbii durooɓe. Quant à Samba, les troupeaux des Makambé sont restés sur place, inexpugnables, au point de stupéfier les bergers.
Miin Juulde Moodibbo Hammadun haaldi ɗoo e Layya Sammba Suleeru Gaanyi Hammadi Aali Moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun j’ai parlé ici de Layya Samba Soulêrou Gâgni Hammadi Âli
dee so miɗo ndaarta banndiiko sanaa mi mubbita faa e Pullo Hammadun Buubu mais si je dois tourner mes regards vers son pair, je dois pousser jusqu’au Peul Hammadun Boûbou
Pullo Alhajji Buubu Peul Al-Hadji Boûbou
Pullo Sam Buubu Peul Sam Boûbou
Pullo Aysa Buubu Peule Aïssa Boûbou
Pullo Boolal Buubu Peule Bôlal Boûbou
Pullo Haleymatu Buubu ! Peule Haleymatou Boûbou
O taanni Buubu Ham-Bellal Il a eu pour descendants Boûbou Ham-Bellal
o taan Paate Ham-Bellal Pâté Ham-Bellal
o taan Faaja Ham-Bellal Fâdia Ham-Bellal
o taan Aysa Ham-Bellal Aïssa Ham-Bellal
o taan Asa-Boy Ham-Bellal Assa-Boye Ham-Bellal
o taan Takkooru Ham-Bellal ! Takkôrou Ham-Bellal !
Kanko jey Bureeji-Aali C’est à lui qu’appartient Bourêdyi-Âli
Kanko jey Barkeeji-Aali à lui qu’appartient Barkêdyi-Âli
Kanko jey Gari-Polli-Aali ! à lui qu’appartient Gari-Polli-Âli !
Kanko woni Pullo gaatii goro C’est lui le Peul qui éructait cola
kanko woni Pullo hulii gacce lui le Peul qui a redouté l’opprobre
kanko woni Pullo ɓorniima gomnaaɗi lui le Peul vêtu d’habits amidonnés
kanko woni Pullo hoɓii gayaaɗe lui le Peul qui a écalé dures noix de cola tachetées
kanko woni ɓii-Pullo foondoo daŋeeje lui le fils-de-Peul va droit face aux rives,
foljina dikkeeje entame couffes [de cola]
ɗi njiiɓoo e bannguuji [si] troupeaux s’embourbent dans les bassins[26]
jiimta kuɓeeje. règle l’affaire auprès de l’administration :
O babban worɓe ladde il est un père pour les gens de la brousse,
o yumma nyaagotooɓe une mère pour les mendiants
dawii heɓii jokkooɓe en voyage a toute une suite
wartii heɓii jowtooɓe et de retour est accueilli de saluts
jooɗiima galle baa muuɗum il s’est installé dans la demeure de son père
heɓii batooɓe a toute une cour
billaa illazi illawa[27] par Dieu l’Unique !
So teew fuu so wa’ii hono nii heyre nii kettoowo tampataa Si toute viande était comme du foie, on la couperait sans mal
so Pullo fuu wa’ii no Hadi banndo Ceyɗo wa’ii nii, wanaa tampoowo wanaa jenneteeɗo si tout Peul était comme Hadi, le frère de Tieydo, il n’y aurait personne d’éprouvé ni d’insulté
sabi o hokkii kam siinge dee so miɗo ndaarta banndiiko car il m’a donné une vache marron-nègre et si je dois tourner mes yeux vers son pair,
mi mubbita faa e Pullo pinɗo keɓɗo ne’ma je dois pousser jusqu’à un Peul qui, de naissance, a de la fortune
kejjaaɗo ne’ma. et la partage.
Pullo Ne’ma Hamiidu Peule Nêma Hamîdou
Pullo Oolo Hamiidu Peule Ôlo Hamîdou
Pullo Muusa Hamiidu ! Peul Moussa Hamîdou !
O taanni Hamiidu Muusa Il a eu pour descendants Hamîdou Moussa
o taanni Hammadu Muusa Hammadou Moussa
o taanni Aamadu Muusa Âmadou Moussa
o taanni Moodibbo Muusa Môdibbo Moussa
Tiyo-Hammadi-Baali à Tiyo-Hammadi-Bâli
Nyorgel-Hammadi-Baali Niorguel-Hammadi-Bâli[28]
seeno woɗeewo Sêno rouge
guuji boɗeeji étalons bais
Fulɓe rewɓe raneeɓe femmes peules blanches
Pullo jeyɗo Nyaadoro-Nyaaka Peul propriétaire de Niâdoro-Niâka
Delnyaari-Nyaaka Delniâri-Niâka
Sunyeefa-Nyaaka ! Souniêfa-Niâka !
Miin Juulde Moodibbo Hammadun haalii ɗoo e Sisi Baa Ne’ma Hamiidu dee so miɗo ndaarta banndiiko sanaa faa mi mubbita faa e Pullo Afo Koola Moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun j’ai parlé ici de Sissi Bâ Nêma Hamîdou, mais si je dois tourner mes regards vers son pair, il me faut pousser jusque chez un Peul Afo Kôla
Pullo Sidi Koola Peul Sidi Kôla
Pullo Nuhun Koola Peul Nouhoun Kôla
Pullo Aamadu Koola Peul Âmadou Kôla
Pullo Goggoru Koola ! Peule Goggorou Kôla.
O taanni Koolaaɗo Aamadu Il a eu pour descendants Kôlâdo Âmadou
o taan Yaaya Aamadu Yâya Âmadou
o taan Moodi Aamadu Môdi Âmadou
o taani Husuna Aamadu Houssouna Âmadou
o taan Joojo Aamadu Diôdio Âmadou
o taani Galanga Aamadu ! Galanga Âmadou !
Yero yeewtii Yéro-Yêouti
Yerowel yeewtii Yérowel- Yêouti
Yimmbere yeewtii Yimbéré- Yêouti
Saayere yeewtii Sâyéré- Yêouti
Sayeere yeewtii Sayêré- Yêouti
Mayguna yeewtii ! Maygouna- Yêouti [29] !
O ɓii-Pullo jiiɓii pete, jiiɓii perre, C’est un fils de Peul, il a brouillé l’eau des mares, la terre des brousses
ɓujji jiiɓanii ɗum haganyo hakkunde Demmbi e Raneewo ! bœufs ont pour lui écrasé tendres repousses du bourgou entre Dembi et Fleuve-Blanc[30] !
Boyo Ham-Kummba Boyo Ham-Koulba
Boriyo Ham-Kummba Boriyo Ham-Koumba
Saba daande Demmbi Saba sur Dembi
Tebi daande Demmbi Tébi sur Dembi
Piro daande Demmbi Piro sur Dembi
Kow daande Demmbi Kow sur Dembi
Koofel daande Demmbi Kôfel sur Dembi
Daarnaangal daande Demmbi Darnângal sur Dembi
Yoora-Yinee daande Demmbi. Yôra-Yinê sur Dembi[31] !
Ɓii-Pullo Fils-de-Peul
   
jiiɓii pete a brouillé l’eau des mares
jiiɓii perre la terre des brousses
jiiɓii nano ngoo fuu care e korbooje ! a, à sa main droite, mêlées, bagues d’argent et de cornaline !
Wonko narru-noo-mi, Barayma Aamadu Koola Voici ce que j’avais entendu dire à Barayma Âmadou Kôla :
o wii so horboore woyii fuu hewtu hoore muuɗum il a dit que si une bague sonnait c’est qu’il était libre de son temps
hono ɗo horboore nyallata e juungo makko ɗoo kuɓɓu accataa ɗum ! tandis que là où elle passait simplement la journée à sa main, la sueur ne lui en laissait pas le temps[32] !
Sukaaɓe ana mbi’a mo Bari Kuntu ! Les enfants l’appelaient Bari Kountou !
So miɗo ndaarta banndiiko dee sanaa mi mubbita faa e Pullo Hammadun Moodi, Pullo Aysa Moodi, Pullo Haawa Moodi, Pullo Toka Moodi Si je dois tourner mes regards vers son pair il me faut pousser jusque chez le Peul Hammadoun Môdi, Peule Aïssa Môdi, Peule Hâwa Môdi, Peule Toka[33] Môdi
taan Moodi Hamman Dikko et descendants, Môdi Hammane Dikko
taan Barke Hamman Dikko Barké Hammane Dikko
taan Aysa Hamman Dikko ! Aïssa Hammane Dikko !
Pullo jeyɗo Bureeje-Aali e Barkeeji-Aali, Gari-Pooli-Aali Peul à qui appartiennent Bourêdié-Âli et Barkêdyi-Âli Gari-Polli Âli
gaatii Goro il a éructé de la cola
hulii gacce a redouté l’opprobre
ɓorniima gomnaaɗi ! a revêtu habits amidonnés !
Coo Pullo mo nattaa barke ! Louange à toi, Peul qui n’as point faible bénédiction !
Coo Pullo mo mettaa yiide ! Louange à toi, Peul qui n’es point désagréable à voir !
Coo Pullo mo wanaa taƴoowo goddi nyamakala’en nyaagotooɓe ! Louange à toi, Peul qui ne déçois point les espoirs des griots quémandeurs !
Miin Juulde Moodibbo Hammadun, miin haaldi e Aali Ameeri Feroyɓe Uuruuɓe dee so mi ndaarta banndiiko Moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun, c’est moi qui ai parlé de Âli Chef des Féroybé Ouroubé[34], mais si je dois tourner mes regards vers son pair
sanaa mi mubbita faa e Pullo Aali Hamman Dikko il me faut pousser jusque chez le Peul Âli Hammane Dikko
Bukka Hamman Dikko Boukka Hammane Dikko
Hamma Hamman Dikko Hamma Hammane Dikko
Allaay Hamman Dikko Allâye Hammane Dikko
Burayma Hamman Dikko Bourayma Hammane Dikko
Husan Hamman Dikko Houssane Hammane Dikko
Buu Moodi Hamman Dikko Boû-Môdi Hammane Dikko
Obbo Hamman Dikko Obbo Hammane Dikko
Cupito Hamman Dikko Tioupito Hammane Dikko
Kaji Hamman Dikko Kadyi Hammane Dikko
Aada Hamman Dikko Âda Hammane Dikko
Inna wuro Hamman Dikko Inna Wouro Hammane Dikko
Kuure Hamman Dikko Koûré Hammane Dikko
Kuume Hamman Dikko ! Koûmé Hammane Dikko !
Kanko wonnoo Pullo jeyɗo Gaamantaake C’était lui le Peul à qui appartient Gâmantâke
kanko jey Gamaama-Haaɓe à qui appartient Gâmama-Hâbé
kanko jey Gaamel-Meereeji à qui appartient Gâmel-Mêrêdyi
kanko jey soɓɓundu sonka laaɓa njaareendi ! à qui appartient le coude de Sonka-Lâba-Ndiârêndi !
Ɓujji kuunii daande Mboola Bœufs ont beuglé sur la rive du Mbôla
gabbi parii maayo Mboola. et hippopotames renâclé dans le fleuve Mbôla !
Coo Pullo mo nattaa barke ! Louange à toi, Peul qui as bénédiction sans faille !
Coo Pullo mo mettaa yiide ! Louange à toi, Peul pas désagréable à voir !
Kanko woni Pullo noone e hoore mum C’est lui le Peul doté de chance :
noosuru e daande mum broderie queue de caméléon à son cou[35]
noogasiiji e jiiba mum cent francs dans sa poche
noori buuli boɗeeji e wiinde baa muuɗum bovins bais à liste et tache sur l’échine au campement de son père !
Pullo mo dogaali e boli fey Peul qui n’a jamais couru dans les rues
donndonaali e bolooɗe ni cancané dans les vestibules…
dee so miɗo ndaarta banndiiko miin haaldi ɗun e Seeku Husan Hamman Dikko Hammadun mais si je dois tourner mes regards vers son pair, j’ai, moi, parlé de cela avec Sêkou Houssane Hammane Dikko Hammadoun.
O finii o tawii sewre Il a trouvé à sa naissance un troupeau
o mawnii o hokkaama sewre il a grandi et on lui a donné un troupeau
sewre wootere ndee warii wii kinaa o ɓama ɗum et l’autre troupeau   est venu dire qu’il fallait qu’il le prenne.
O woni Seeku Hamman Dikko, miin Juulde Moodibbo Hammadun haaldii ɗun e Seeku Husan Hamman Dikko, so miɗo ndaarta banndiiko fuu sinaa mi mubbita faa e Pullo Hammadun Jam-Alla Aamadu C’est Sêkou Hammane Dikko, moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun, j’ai parlé de cela avec Sêkou Houssane Hammane Dikko et si je dois tourner mes regards vers son pair il me faut pousser jusque chez le Peul Hammadoun Diam-Alla Âmadou
Pullo Burayma Jam-Alla Aamadu Peul Bourayma Diam-Alla Âmadou
Pullo Aamadu Jam-Alla Aamadu Peul Âmadou Diam-Alla Âmadou
o taanni Jam-Alla Aamadu A eu pour descendants Diam-Alla Âmadou
o taanni Allaay Aamadu Allâye Âmadou
o taanni Usmaan Aamadu Ousmâne Âmadou
o taanni Buukari Aamadu Boûkari Âmadou
o taanni Aysata Aamadu ! Aïssata Âmadou !
Ibbi hoɗii waɗii mbeelu Un figuier a pris racine et fait ombre
nganki hoɗii waɗii mbeelu un nganki[36] a pris racine et fait ombre
ngoroowi hoɗii waɗii mbeelu un colatier a pris racine et fait ombre
ngobiloowi hoɗii waɗii mbeelu ! un ngobilôwi[37] a pris racine et fait ombre !
Henndu sewndu Vent léger
seeno sewngo sablons étroits
sewru maayo étroitesse du fleuve
Buulal seereeji à Boûlal-aux-bassins-à-diguettes
Buulal laanaaji Boûlal-aux-pirogues
liilaama bubbi filets de pêche sont à sécher au soleil
liiltaama bugeeji o Pullo ndaneeri kosamaari et bougués ôtés du soleil, c’est le Peul au taureau blanc comme lait
Innaa njakarawalleeri au nom Coq-d’Or
sabiyaari albinos
saayɗa giteeri aux yeux veinés de rouge,
noddaa na’i nootii à l’appel vaches ont répondu
noddaa be’i nootii à l’appel, chèvres ont répondu
noddaa baali nootii ! à l’appel moutons ont répondu !
O Pullo gaatii goro C’est un Peul qui a éructé de la cola,
hulii gacce a redouté l’opprobre,
ɗaanɗo newe a paumes douces
newiiɗo jawdi et fortune facile
belee heɓee flatté, on obtient
garnye wasee forcé, on échoue
ngesa gawri ɓennda ƴewtee ! c’est champ de mil mûr qu’on vient voir !
Ɗoo duu miin, Juulde Moodibbo Hammadun haaldi ɗo e Aali Burayma Jam-Alla Aamadu seeɗa dee se miɗo ndaarta banndiiko sanaa mi mubbita faa e Pullo Allaay Jaaƴe Aali C’est bien ici que moi, Diouldé Môdibbo Hammadoun, j’ai un peu parlé de Âli Bourayma Diam-Alla Âmadou et, si je dois tourner mes regards vers son pair, je dois pousser jusque chez le Peul Allâye Diâdié Âli
Pullo Babbaari Jaaƴe Aali Peul Babbâri Diâdié Âli
Pullo Baaru Jaaƴe Aali Peule Bârou Diâdié Âli
Pullo Jeba Jaaƴe Aali Peule Diéba Diâdié Âli
Pullo Aasa Jaaƴe Aali ! Peule Âssa Diâdié Âli
O taanni Jaaƴe Aali Il a eu pour descendants Diâdié Âli
o taanni Umaru Aali Oumarou Âli
o taan Buu Moodi Aali Boû-Môdi Âli
o taan Jeba Aali Diéba Âli
o taan Aasa Aali ! Âssa Âli !
Kanko jey Gaamantaake C’est à lui qu’appartient Gâmantâke
kanko jey Gamaama-Haaɓe qu’appartient Gamâma-Hâbé
kanko jey Gaamel meereeji qu’appartient Gâmel-Mêrêdyi
kanko jey soɓɓundu sonka laaɓa njaareendi ! qu’appartient le coude de Sonka-Lâba-Ndiârêndi !
Ɓujji kuunii daande Mboola Bœufs beuglent sur la rive du Mbôla
gabbi parii maayo Mboola hippopotames renâclent dans le fleuve Mbôla
kummbaali mboyii daande Mboola ! longue calebasses[38] pleurent sur rive du Mbôla !
Pullo ɗi ndiirdii ɗi kelii leɗɗe Peul dont troupeaux en déplacement ont brisé arbres
ɗi njolii ɗi mbarii liɗɗi passant dans l’eau, ont massacré poissons
ɗi cuuftii jooliiɓe ont repêché ceux qui y sombraient
ɗi cultinii tontiiɓe ont soulagé ceux qui étaient bloqués
ɗi tampinii foɓɓiiɓe ont fatigué ceux qui les faisaient traverser
   
ɗi ƴeeŋii ɗi kelii polle maaye ! et, remontés sur la berge, ont brisé oseille des fleuves !
O pullo joom-jiiɓooji ɓayɗe C’est un Peul possesseur de bêtes qui pataugent dans marais
jiitinooji doŋol savent reconnaître les hauts-fonds
labaaji ɗi nganaa dabaaɗi jolies vaches qui ne sont point avares de lait
juunɗi joomi ont longues cordes
juppi gulli nombril proéminent
jarwaaɗi[39] ko’e têtes bien vives
newiiɗi koyɗe ! pattes bien utiles !
Dee so miɗo ndaarta banndiiko… Mais si je dois tourner mes regards vers son pair…
   
Tampii dee. Je suis vraiment fatigué.
   

[1] On conservera ce titre en peul, sachant qu’il désigne un chef régional chargé de l’administration d’une zone de bourgou (pâturage aquatique laissé par la décrue dans la Boucle du Niger) : surveillance des trajets de transhumance et perception des droits de pacage.

[2] ajal : ar. [’azal], « éternité » ou [’ajal], « mort, années données par le destin ».

[3] diôro de la dîna : c’est-à- dire de l’époque de l’Empire peul du Massina, sous le gouvernement de Chêkou Âmadou ; diôro du Foûta : c’est-à-dire de l’époque de la domination toucouleur des Foutankés, après la chute de l’empire du Massina.

[4] juunɗi : <*juut(u)ɗi.

[5] Courir est un comportement très mal jugé, indigne d’un adulte et, qui plus est, d’un notable. Par ailleurs un chef n’est pas un personnage ordinaire qui circule partout et fréquente assidûment les vestibules, autrement dit qui participe aux « potins de salons ».

[6] canines jaunes : signe qu’il s’agit d’un « croqueur de cola », la cola étant le cadeau traditionnel offert par respect à toute notabilité.

[7] C’est-à-dire qu’il brise même les sabres, soit par sa force personnelle, dans ses combats victorieux, soit par ses protections magiques.

[8] Glosé « chevaux » ; sans doute le parallélisme du vers précédent (noble/chevaux de race noble) ne pouvant être respecté sans friser le blasphème, le poète a opté ici pour un parallélisme antithétique avec l’opposition sémantique : musulman/païens. Par ailleurs, en filigrane, cette opposition fait aussi penser à une situation ancienne obsolète : celle du temps des jihads, où le musulman vainqueur distribuait ses captures.

[9] Son troupeau personnel est si nombreux que la brousse en est couverte.

[10] Nom donné au fils aîné.

[11] Le fil bâlimanna est un fil confectionné en chaînette, triplé, trempé et cordelé ; en outre le poète joue ici sur les mots, la terminaison du mot, –manna, ayant par ailleurs le sens d’anus et faisant écho à tekketoy, « petits intestins ».

[12] Les Peuls rouges désignent les Peuls éleveurs qui sont restés fidèles à leur vocation pastorale par opposition aux Peuls noirs, urbanisés.

[13] Il s’agit d’un tissu fin teint à l’indigo très foncé, luisant et battu au battoir pour obtenir des reflets moirés.

[14] konnaangu konnaagu..

[15] Série de noms de lieux du bourgou dépendant de l’administration de son aïeul et théâtre d’affrontements ou d’exploits, ce que l’expression « matin de… » évoque généralement dans ces textes.

[16] Atta : Aminata.

[17] Il s’agit de Cymbopogon giganteus Hochst. grande graminée dont on tresse les paillassons. Ici cette image signifie qu’il a été tué en brousse et enterré ; de même « dormir du sommeil de vérité » est un euphémisme pour signifier la mort.

[18] njennira : contraction de njettinira.

[19] Devise de la ville de Konsa,

[20] Nom d’un groupe de troupeaux transhumant.

[21] Série de noms d’îles ; Gâmantâke : « où l’on ne pêche pas au filet gaamuwal » (filet triangulaire monté sur deux bâtons). Sonka-Lâba-Njârêndi : « n’a plus un seul poisson, a du sable tout propre ».

[22] Plus exactement « au point qu’il s’accroupira ».

[23] Gaamɗo Gaaɓɗo.

[24] C’est-à-dire environ entre 14h et 16h.

[25] Emprunt au français « moto ».

[26] Il s’agit de petits bassins aménagés grâce à des diguettes pour retenir les poissons.

[27] Déformation du début de la formule arabe par laquelle on atteste de l’unicité de Dieu.

[28] Lieux-dits dans le Bourgou.

[29] Noms-devises de lieux du bourgou, dont la seconde partie, Yêouti, signifie « n’est plus désert, est égayé par l’animation et les bavardages ».

[30] Nom désignant le Bani, affluent du Niger.

[31] Le Dembi est la zone de bourgou de Sendégué. Tous ces noms correspondent à des lieux de stationnement des troupeaux au retour de transhumance, sur la bordure du pâturage aquatique, des villages sur des îlots exondés etc. Le dernier nom signifie « sèche, on nage », et désigne un endroit où l’on peut passer à la nage lorsque le niveau de l’eau descend.

[32] Les bergers portent d’énormes bagues qu’ils font tinter en agitant leurs mains ou en en heurtant rythmiquement de simples calebasses, pour accompagner leurs chants aux moments de détente, aux veillées etc. ; lorsque leurs bagues ne tintent pas, c’est que leurs occupations pastorales ne leur en laissent pas le temps.

[33] Toka signifie « homonyme ».

[34] Groupe peul de transhumants dans le bourgou de Sendégué.

[35] Nom d’un motif de broderie pour les grands boubous de cérémonie.

[36] Celtis integrifolia Lam., arbre dont le bois est utilisé pour outils et mortiers et les feuilles pour la sauce.

[37] Arbre non identifié, utilisé dans la pharmacopée traditionnelle : les feuilles pilées en poudre et mélangées à du lait caillé donnent une pommade pour soigner les boutons et la variole ; on boit aussi des décoctions de ses feuilles ; et avec ses baies rouges sèches on fait des colliers (renseignements donnés par Almamy Mâiki Yattara).

[38] Il s’agit de calebasses très longues et étroites qui, évidées, sont utilisées par les jeunes filles comme instruments de musique : elles en tirent des sons en appuyant une extrémité sur leur cuisse et une main sur l’autre, bouchant et débouchant rythmiquement l’orifice.

[39] Le poète prononce jarawɗi.

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JAMMOOJE NA’I – UMARU AALI KERA / ÉLOGES AUX BOVINS – OUMAROU ÂLI DE KÉRA

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Coo laatiingal Koomite minite libera nasional Bravo au grand du Comité   militaire de libération nationale
naatungal e fono qui est enregistré dans un phono
nde fooɗi e foto a été pris en photo
fooɗi bayaana foondoo hakkunde Gulumbo e daangol Boore. et a parcouru espace, allant entre Gouloumbo et la Chaussée de Bôré[1].
   
Boy ! Vraiment !
Boomi mooɓii goro Jeunes filles ont collecté cola
mooccoo[2] gonɗi ! et essuient larmes.
Golle ɓuri haala Agir vaut mieux que parler
ganngal haaynde hakkunde Gulumbo e daangol Boore fameux auteur de prodiges entre Gouloumbo et la Chaussée de Bôré,
daasoowal balangaaji[3] ! qui hale grosses barques !
Baahunti ciingal Bâhounti[4] Grande-Zébrée
baawaral noore saaye Grande-Oie-d’Égypte-(née)de-La-Cuivrée-à-L’échine-Blanche
tawngal kufi oolii qui a trouvé feuilles déjà jaunies
kumi njorii ceintures trop lâches
Kullabi hoorii Koullabi réduit au jeûne
kunndooji ndonkii et moutons à laine réduits à merci
kurwaati waawaa mouton à poil ras n’en pouvant plus
waadere misaali ! et pas une goutte de pluie qui soit tombée !
Coo ! Ngal sahaaki ɗomka En avant ! Grand qui n’a pas été grillé par la soif
saccaali wulaare n’a pas sillonné la brousse sauvage
leggal ngaari sahaaba grand arbre[5] de taureau du temps du Prophète
ngal waɗi sallifana Dummbara qui fait début d’après-midi à Doumbara[6]
laasara duuɗe Ɓurre milieu d’après-midi aux îles de Bourré
futuro buurtol Maamuudu Nduuldi. et crépuscule sur la piste Mâmoûdou-Ndouldi[7]
Buuwaaral ngaari deele Grand taureau boûwâro[8] (né) de La-Ceinturée-de-Blanc
bunal Jalli wune Grand-Gris-Tourdille des Diall (né) de La-Gris-Tourdille
pina nguuƴoo moollal au réveil se rincent la bouche de terre salée
nyawla nguppoo buuwal. au grand jour se lavent d’herbe rase.
Burdaame jamale Vache touarègue diamale[9]
jawaatu hommbii koolɗe maa la canicule a racorni tes sabots
ɓoylii ko’el maa a fait courber ta pauvre tête
kobe cuddi la poussière cache
jawal ngaari sirge Gros-Bracelet, taureau de La-Léopardée
Jaawanndo ciingal Diawando de Grande-Marron-Nègre
jam nyalla ciiwal passe jour en paix dans herbe gazonnante
jamale jaaloo konne La-Diamale vainct l’ennemi
jaayɓe kooloo dewal et vauriens font confiance à la grosse femelle
jansanaama buudi on a distribué pour elle moult pièces
weli nyannde burwi[10] ! et ce fut plaisir au jour de la fête !
Kasaara buuwal Calamité pour l’herbe rase
buulal wuule siinge Grand-à-Liste-(né)de-La-Nègre-à-Liste
domal wubboo koppi a gros fanons traînant entre genoux
koolɗe kaɓi e koccu sabots se battent avec gravier
kobe bati ko’al na’i poussière entoure troupeau de tête
Jawra jaaliingal konne mum et Diawra[11] qui a vaincu son ennemi
njaɓɓoo sewndu mbelloo Segeeran. vont au-devant de la brise et passent le Séguêrane[12].
Seekuuri dumaral boɗal Taureau Cheikh-(né)de-Ibis-Baie[13]
settiloo ko’al a grosse tête bien affûtée
yari kobe boit poussière
yaaɓa Koyam piétine Koyam
mbelloo[14] Koyra passe Koyra
hakkunde kolongal Jam-Banna e jaayaangal geelooɗi. entre basse terre du Diam-Banna[15] et celle où galopent dromadaires.
Hee ! Goral — ɗoo kaa jam tan ngatten na !— Hé ! Gros mâle — là, certes, n’ayons donc que paix !—
tawii a trouvé
toɓii qu’il a plu
tuɗii qu’eau est revenue dans mares
fuɗii qu’herbe a poussé
fursinii[16] funnaange leefi et fait gonfler [la terre], le Levant est humide
furngo heewi becce galanterie emplit les cœurs
berewal heɓi loorde[17] Champion est à l’honneur
losiriiwal konne qui, dégagé de l’ennemi,
lommboo kobe et au beau milieu de la poussière
lootoo nguli nguure maa yo buuwal se lave de sueur — ton viatique c’est l’herbe rase
nguddo-ɗen ceene buukal ! chantons les sablons bourbeux !
Coo ngal dagaali korsol En avant ! Le vaillant qui n’a pas établi de camp en début d’hivernage
ngal danyii sagam qui a agi à ma guise,
ngal dannii ɓe kootol les a gagnés[18] au retour
ngal wemmbii konne a stupéfait l’ennemi
ngal waɗi sallifanaa Kojoloy lui qui fait début d’après-midi aux Petits-Kodioli[19]
laasara Kooliwol milieu d’après-midi au Kôliwol
koɗal banndo Anna baawaral noore saaye beau présent à sœur Anna, Grande-Oie-d’Égypte-(née)de-Cuivrée-à-L’échine-Blanche
battaangal Maali baasi woori dewal qui a tout le Mali pour cour, le malheur a épargné la grosse femelle
baale kooloo ɗum. les classes d’âge lui font confiance.
Banal siinge baagal Grand-Noir-de-Jais-(né)de-La-Nègre-à-Ventre-Blanc
kanyum e baali ciingal avec Moutons-de-Grande-Nègre[20]
on mbarii konne vous avez tué l’ennemi
on mbarkinii buuwal vous avez remercié l’herbe rase,
burguwal geelooɗi au grand bourgou[21] des dromadaires
geennde Marsan aux villages de Marsan[22]
gasal Maamuudu Nduldi à la fosse (à natron) de Mâmoûdou Ndoûldi
ana selli sanne sabi goral sewi kohal ça va très bien car le gros mâle à la fine tête
moƴƴi koɗal joɓoowal koɗu a trouvé parfait séjour, en tant que présent d’hospitalité,
jokkoowal goddi, ngal joonyaali hakkunde Gulumbo e daangol Boore. docile aux désirs, sans s’être risqué entre Gouloumbo et la Chaussée de Bôré.
Mi joowta debbo Boodi Je salue une femme de Bôdi[23]
e boɗal saaje e bolal saaye sammba lobbo dumaral avec Grand-Bai-(né)de-La-Fanons-Blancs et Grand-Roux-(né)de-La-Cuivrée, beau cadet de Grand-Ibis[24]
sarɓoo tife se lance sur étapes
sallifanaa Tilkal et au début d’après-midi à Tilkal
sadoo daande konne. sabre le cou de l’ennemi.
Kodda dumare woɗe Benjamin de la vache Ibis-Baie
wan kolonfili[25] mali koccu joue au jeu de hasard avec gravillon
kooba cayngal buulal Hippotrague-(né)de-Grande-à-Liste-et-Fanons-Blancs
caataandi ceenal taureau plein d’entrain sur grand sablon
cadotoondi buuwal qui fauche herbe rase
adiingal Burdaaɓe Dumaaɓe et devance Touaregs, gens de Douma
buurtol Maamuudu Nduldi Bulakaasum tanndungal hoore tawangaawal sewre sur la piste Mâmoûdou Ndouldi Boulkassoum, taureau à la tête harmonieuse, trouvé en héritage dans le troupeau
taaniraagal Seeno beau descendant du Sêno[26]
ngal waɗii « seeka Alla nyo’a » a fait « déchire, Dieu coud »[27]
hakkunde Gulumbo e daangol Boore entre Gouloumbo et la Chaussée de Bôré.
Caɗe kerellooje[28] beeynal Salut clairons hauts en l’air[29]
terɗe masin Bernal corps de machine Bernal[30]
terwataake boɗal. Grande-Baie qu’on n’a pas besoin d’entraver[31].
Boomi njoomnoo goro Jeunes filles donnent provisions de cola
boongal daroo hana La-Noiraude se dresse mugissante
Booɗi nanii wote[32] Bôdi a entendu le résultat du concours
wolde bolal saaye le combat de Grand-Roux-(né)de-La-Cuivrée
bonsinaama degal a été salué au Dégal[33]
de’ennde baali nanii le Quartier-des-Moutons[34] en a entendu parler
dewal a marii yaaka grosse femelle, tu as eu de la chance
yawnge waddee canndal tu as vite remporté la palme
ŋabbir ɓe catal — enfourche-les à cru !—
welloo wiinnde Camal tu passes ancien campement du Tiamal[35]
woɗoo yaade caaji t’interdis d’aller sur les pistes
heɗoo boji caayle. écoutes les pleurs des oies armées de Gambie.
Juju boɗal daasoo. Juge[36] Grand-Bai, est à la traîne.
Coo ngal juranaaka aaman[37] Koraaru En avant ! Le Grand pour qui l’on ne puise pas eau au lac Korârou
Jumma dosooru pellal Vendredi, courtaude de La Grande-à-Pelote-au-Front
doomaali gida n’a point attendu que gronde le tonnerre
girrawal sayge Grand-Guirrawal[38]-(né)de-Celle-aux-Fanons-Blancs
ɓam sappo[39] Gana prends un chapeau de Gana[40]
nanngu salligi fais tes ablutions
sakorowal paaɓi au grand marché des grenouilles[41]
luggal katarapalan[42] au grand trou du caterpillar
kemngal paɗe Mali toi qui a chaussures du Mali
parsal Makka ombrelle de la Mecque
maasinankoowal seeno grand mâssinanké du Sêno[43]
tokara Marsan homonyme de Marsan
maajotoongal dow seeno buuwal qui défiles au pas sur les sablons d’herbe rase
a yaa ɓantiima kohal tu as redressé ta grosse tête
labaari koɗal splendide taureau, beau présent,
konnyotoongal perre qui inspectes scrupuleusement les steppes
pemmboowal konne. et combats l’ennemi.
Kori e jam dumaral boɗal Salut Grande-Ibis-Baie
pooɗoowal dulluuji qui entraînes tourbillons de vent
ndoondiingal duule portes nuages sur la tête
adiingal dumaaɓe as devancé gens de Douma
dudoowal ceene arpentes librement les sablons
jaangal gilla ceeɗu. en route depuis la saison chaude.
Saɗi lobbal caŋaaɗe Salut celui aux beaux anneaux de nez,
bandiingal cehaale familier des falaises,
ceekiingal hakkunde Gulumbo e daangol Boore qui a coupé entre Goulombo et la Chaussée de Bôré
gilla boowe tuɗaali Boore aawaali avant que terres n’aient reçu eau, que Bôré n’ait semé
adiiɗo koocal laatiiɗo almaami ayant devancé Rameau-d’épineux[44], et s’étant fait imam
ardotoongal baale baasi caygal buulal guide des classes d’âge, fléau de Grande-à Liste-et-Fanons-Blancs
caataandi ceenal taureau contrôleur du grand sablon,
cadotoondi buuwal qui fauche herbe rase
adiingal Burdaabe Dumaaɓe et a devancé les Touaregs les gens de Douma
e buurtal Maamuudu Nduuldi Bulakaasum tanndungal hoore tawangaawal sewre sur la piste de Mâmoûdou Ndoûldi Bulkassoum, taureau à la tête harmonieuse, hérité dans le troupeau
taaniraagal Seeno beau descendant du Sêno
ngal waɗii « seeka Alla nyo’a » il a fait « déchire, Dieu coud[45] »
gabbi Cammbalaaje hippopotame des Tiambalâdié[46]
ganyii ƴaarol a gagné à la montée en transhumance
garte funnaange avec l’Est en perspective
gallaaɗi baagal. cornes de Grand-Ventre-Blanc.
Miin e baali ciingal Je suis avec Moutons-de-Grande-Nègre(8)
baasi siinge ciingal fléau de La-Nègre-(née)de-Grande Nègre
kanyum e siinge buulal. et avec La-Nègre-(née)de-La-Grande-à-Liste.
Darge felli siinge Celle-à-Balzanes a visé La-Nègre
kolce jarɗe siiru. aux pattes ensorcelées[47].
Jaafara nooral cirgal Safran[48]-(né)de-Grande-Léopardée-à-échine-Tachée
jansila goral jabba wulaare. gambade, gros mâle, et creuse de poquets la brousse sauvage.
Aan e wuule baali Et toi, tu es avec Celle-à-Liste-des-Moutons(8)
e baarewal suume baawaral noore wune et Le-Beau-Blanc-(né)de-La-Blanche-au-Muffle-Bleuté et Oie-d’égypte-(né)de-La-Gris-Tourdille-à-L’échine-Blanche,
normal ! formidable !
Coo ! Nge tergal mum tanii En avant ! Celle au corps si bien fait
so leemre mum taƴii quand son pelage a été coupé
ngal takkaaki Taaraaɓe elle n’est pas restée collée aux Târâbé[49]
taaniraagal saaye woɗe petite-fille de La-Baie-Cuivrée
sappoo baree-cuumal se targue de gagner Le-Blanc-(né)de-La Blanche-au-Muffle-Bleuté
baasi eerdi terkaawe fléau pour Cou-Tiqueté-(né)de-La-Beige,
eewnotoongal waliiyu ! et héraut d’un saint !
Waaw ɓe saaje boɗal ! Vaincs-les, Fanons-Blancs-(née)de-Grande-Baie !
Waalta deele woɗe sois patiente avec La Baie-Ceinturée-de-Blanc
debbo joom-desewal femme détentrice d’un drapeau
nanngoowal dee karanti[50] qui occupe bien la place[51]
kalkoowal wayɓe mum décime ses adversaires
kaawngotoongal baale mum ! est toujours dévouée à sa classe d’âge !
Bala-sirge nootta Léopardée-aux-épaules blanches, réponds
baɗɗi Seeno Mawngo aux cobs du Grand-Sêno[52]
koobi seeno Sirdal aux hippotragues des sablons du Sirdal
baaraaɗi Suufi aux beaux chevaux du Soûfi[53]
bammbital suume clé de judo sur La-Blanche-au-Muffle-Bleuté
summboowal waage loodeewe pagayeuse de La-Ventre-Blanc-et-Tache-Noire-au Cou
aan e loorde boɗal tu es avec la force de Grand-Bai
Booɗi nanii liɓal Bôdi a entendu parler de la mise à terre
linnja[54] saaje woɗe rehausse La-Baie-aux-Fanons-Blancs
aan e limmbo-kohel tu es avec Petite-Tête-Dodelinante
e kohel anndaa jomol et Petite-Tête ne connaît pas la corde
joomum anndaa nono mum son propriétaire ne connaît pas son lait
ɓirdugal anndaa kaandi mum. calebasse ne connaît pas son colostrum.
Kaayɗe maa buulal terkawal Tes extraordinaires qualités Grand-Beige-à-Liste
bumbusuwal konne Boumboussouwal[55] de l’ennemi
kodda dumare wuule benjamin d’Ibis-à-Liste
koranaangal ceene envoyé en éclaireur dans les sablons
jaangal gilla ceeɗu parti dès la saison chaude
aan e ceŋaaɗe colal tu es avec beautés de Grand-Tavelé
miin e laaɓti canndal. et moi, avec une experte en coiffure.
Calɗe nanii wote Tialdé[56] a entendu parler du vote,
wolnde sayge woɗe la lutte de La-Baie-au-Ventre-Tacheté
sakkataake degal n’a pas eu d’obstacle au Dégal,
debbo joom-gaawal gallaaɗi dumaral femme munie de lance, cornes de Grande-Ibis
nyannde duule ŋaari au jour où nuages avancèrent doucement
dulbe pooɗi chaleur annonciatrice de tornades s’achemina
dulluuji ooymi et tourbillons de poussière s’épuisèrent
ooroowal jihaadi la grande qui s’engage dans la sainte lutte
jiiɓoowal kanaaje brouille eau des lavognes
taƴoowal karaaje parcourt terres sèches
kapital[57] ga’i au premier rang devant taureaux
kaanibe noore siinge calames de La-Nègre-à-L’échine-Tachée
kaŋŋeewal debbi belle vache d’or des Femelles[58]
kawlo-ɗen na baale appelons protection divine sur classes d’âge
banal siinge baagal Grand-Noir-de-Jais-(né)de-La-Nègre-à-Ventre-Blanc
kanyum e baali ciingal avec Moutons-de-Grande-Nègre
ɓoyloowal buton[59], qui tourne un bouton
pihoowal buba bat canicule
konngotoongal buge a bordures de bougués
buuli njari konjam Bêtes-à-Liste ont bu bière
koɗal banndo Almi présent de la sœur d’Almi
jalli bunal daasoo les bêtes des Diall, Grand-Gris-Tourdille les entraîne
adiingal puli e daagaaji qui a devancé troupeaux des Peuls et des Dâgâbé[60]
e daangol Boore à la Chaussée de Bôré,
burdaameeje e seeno buuwal ceux des Touaregs, sur le sablon à herbe rase
puriije e Suudu-Mijal. et autruches, dans le Soûdou-Mizal[61].
Jaaroowal miilo Le vaillant qui va selon sa pensée
nanngoowal midi commence à midi
binndoowal leete écrit une lettre
neldoowal Pari l’envoie à Paris
neldaangal panya[62]. et à qui on envoie un panier (de cola).
Cumaandi palal Taureau marqué au fer d’une croix
yaa labaawal gallaaɗe[63] ! va, grand aux belles cornes !
Mi iwra on gaworɗe Je vous sors des bêtes de lisière
mi womna on garara. je vous fais danser le garara.
Seeku Tuure Gana Le Sêkou Touré de Gana[64]
gattal waɗi hoolo. la mise K.O. a fait écho !
Garci ɗi ngalaa kannda Troupeaux transhumants n’ont pas d’interdit
kaydaande o walaa gidaaɗe. jeune homme n’a pas de manques.
Hey ! Hey !
Final ! Final[65] !

[1] Gouloumbo est un village à l’est de Sendégué, au sud de Korientzé sur la rive d’un lac adjacent du Débo; et la Chaussée de Bôré est une plaine à l’ouest du lac Korârou, riche en mares alimentées par les oueds descendant du plateau de Bandiagara.

[2] mooccoo : mooytoo.

[3] balangaaji : empr. fr. par le bbr. bálanka (barque).

[4] Nom tamashek d’un marigot, donné ici à une vache ; plus bas, Koullabi est un nom donné à un taureau.

[5] Glosé : épithète attribuée aux taureaux de dix ans.

[6] Doumbara : village au sud de Gnimignama et du lac Korârou.

[7] Personnage célébré dans les récits épiques de la région, chef régnant sur la région de Boni, entre le massif de Dioundé et le Hombori, à l’est de Douentza.

[8] I. e. appartenant au groupe des Wouwarbé, fraction peule.

[9] Bête dont la robe pie est partagée verticalement en trois grandes taches.

[10] burwi : fr. bruit, signifiant ici, « animation, fête ».

[11] Diawra : nom du père du poète.

[12] Vaste région au nord-ouest de Hombori au-dessus du Dourgama, à terre natronée.

[13] Les bovins appelés Ibis présentent, comme l’ibis sacré, deux larges taches, sur la nuque et l’arrière-train.

[14] Normalement on attend welloombello a sans doute été entraîné par la recherche des allitérations en b/ɓ.

[15] Zone à l’est de la pointe sud du lac Korârou.

[16] fursinii : fuurtinii.

[17] Emprunt fr. : “l’ordre”, avec les sens de “pouvoir, autorité, valeur, honneur”.

[18] Au retour de transhumance il a ramené des troupeaux plus gras que tous les autres.

[19] Brousse dans le canton de Bôré, caractérisée par sa végétation de petits Anogeissus leiocarpus ; le Koliwol est un vallon parcouru par une rivière.

[20] Explication donnée : animal ainsi nommé parce qu’acheté grâce à la vente de moutons ou bien parce que élevé avec des moutons.

[21] Pâturage aquatique.

[22] Marsan : nom d’un chef de clan touareg de la région de Douentza.

[23] Environs de Mopti.

[24] Nom donné aux bovins qui, comme l’ibis sacré, ont le corps blanc et portent deux grosses taches sur la nuque et la croupe.

[25] Emprunt déformé au bambara : kòlònnìnfili, divination par les cauris.

[26] Sêno : région de sol sablonneux et zone géographique qui s’étend à l’est du plateau de Bandiagara

[27] Expression signifiant : se remettre entre les mains de Dieu.

[28] Emprunt fr. « clairons ».

[29] Image pour les cornes dressées.

[30] Le taureau a un corps dont forme et robe font penser à une machine à coudre émaillée de marque Bernal.

[31] Plus précisément, on n’a pas besoin d’attacher son veau à sa patte arrière pour qu’elle se laisse taire.

[32] Emprunt fr. « vote »; il s’agit du concours lors des fêtes de transhumance au cours duquel un jury désigne le troupeau le plus beau, le troupeau le mieux entretenu, etc.

[33] Littéralt « descente vers le lit du fleuve », fête de retour de transhumance se déroulant à Ouro-Dialloûbé au mois de mars, lorsque les troupeaux convergent vers les zones de pâturage aquatique (bourgou) laissées par la décrue.

[34] Un quartier de Youwarou.

[35] Grand arbre : Pterocarpus erinaceus Poir.

[36] Nom donné à son taureau.

[37] aaman : « eau » en tamachek.

[38] Le nom donné à ce taureau renvoie en fait à une fraction peule (les Yirlâbé) dont les membres sont considérés comme des parangons de beauté pour leur sveltesse et leur élégance. À partird’ici est cultivée l’ambiguïté : s’agit-il du taureau ou du poète ?

[39] Emprunt fr. « chapeau ».

[40] Gana : village au pied des falaises du Gandiama, et des collines du Dioundé (ou bien Ghana ?)

[41] Autrement dit à un marigot.

[42] Emprunt fr.: caterpillar; parsal : parasol.

[43] C’est-à-dire, ressortissant du Massina dans le Sêno, vaste région de sablons.

[44] S’agit-il ici du berger poète portant ce surnom ?

[45] Expression signifiant : “s’en remettre entre les mains de Dieu”.

[46] Zone de bourgou.

[47] Littéralt “qui ont bu formule magique”.

[48] Nom donné à un taureau, sans doute pour sa couleur ocre.

[49] Târâbé : fleuve et zone du Guimbala comportant un long bras d’eau et des gués.

[50] Empr. fr. quarantaine.

[51] Textuellement « qui prend la quarantaine » ; cette expression signifie que celui qui a eu l’avantage sur son concurrent a réduit celui-ci à l’état de « mise en quarantaine » ; le berger premier arrivé profitera des pâturages et le « vaincu » n’aura plus qu’à attendre pour y faire entrer ses bêtes à son tour.

[52] Vaste région à l’est du lac Korârou, située entre le lac Gnangaye et le massif rocheux de Dioundé.

[53] Le Sirdal est une zone du Sêno comprenant une dune et le Soûfi comprend un crêt rocheux (469m), au nord-ouest de la chaîne Gandamia-Hombori, au nord du massif du Dioundé.

[54] linnja : pas son laitre ne conna-Tint-Te*liiƴ-n-, “rehausser d’un coup de rein”.

[55] Nom d’un grand canal donné ici à un taureau.

[56] Tialdé : « Confluents », plaine vers Youwarou, au bord du lac Débo.

[57] Empr. fr. indiquant une place prépondérante, un premier rang .

[58] Debbi, « Femelles » : troupeau des Yallalbé, qui va dans le prestigieux bourgou de Debbewal près de Togguéré-Koumbé.

[59] Empr. fr. évoquant la rapidité inhérente aux activités modernes : il suffit de tourner un bouton pour que la machine se mette en route, la radio s’allume etc.

[60] Les Dâgâbé sont un groupe touareg.

[61] Soûdou-Mîzal (Soudoumézed sur les cartes) : vaste steppe au nord-ouest de Hombori avec campement de touaregs dans le sêno au nord du Dourgama.

[62] Empr. fr. panier.

[63] gallaaɗe au lieu de gallaaɗi, pour la rime avec gaworɗe.

[64] Le Sékou Touré : comparaison élogieuse avec le premier Président du Mali. Gana : village au pied des falaises du Gandiama, et des collines du Dioundé et région de terre nue latéritique avec rivières autour de Gana, vers Bôni entre Douentza et Bambara-Mawndé.

[65] Empr. fr.

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EXTRAIT – BERGERS DES MOTS

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(Miin Allaay Tege mo Konsa Hammadun Yaaya, miɗo haalana joonin no jamalel waage siinge waɗii hakkunde Segeeran e Seeno Maamuudu Nduuldi).

(Moi, Allâye Tégué de Konsa-Hammadoun-Yâya, moi le soleil des Vaches-au-Ventre-Blanc entre le Séguêran et le Sêno de Mamoûdou Ndoûldi).
Nguli kayeejo naa N’est-ce pas suée pour jeune gars,
kobe kayeeji naa poussière pour taurillons,
lennguru kamale naa ?! clochette pour un gaillard ?!
Lewru kaamilan Et, pour toute une lunaison,
buurtal karraangal longue draille réservée,
cefal karbaangal et gros troupeau [fonçant] en rangs serrés
ceeɗuwal naawngal ! au plus rude de l’été torride !
Na’i ndiida buurtal Les vaches tracent une longue draille !
ɗiɗiiri e ceri ɗiɗiwal Taureau de deux ans, fusil à deux coups
e balawal min ɗiɗon tan e sewre ! sur l’épaule, nous deux, tout seuls avec un troupeau !
Jamalel tan e Seeno Petit Diamalel[1] seul sur les sables du Sêno[2] !
muyninaama Semsi Fut allaité au Semsi[3]
doyii e muuyɗe am et a vagué au gré de mes désirs !
murii eede ceeɗu Insensible à la tentation des fruits d’êri[4] de la saison sèche,
mumoo ɓiɓɓe gigile égrenant des baies de guiguili[5],
doomaali ginnde sans attendre le tonnerre,
jaɓɓanii gine est allé au-devant des cigognes marabouts,
waynii Jenngi giɗam ! a dit adieu à Diengui mon amie !

[1] Nous ne pouvons traduire ce terme qui désigne un bovin dont la robe pie comprend des tâches lui partageant le corps verticalement en trois parties.

[2] Le terme Sêno désigne toute région dont le sol est sablonneux (erg) mais aussi une zone géographique précise – de cette nature – qui s’étend à l’est du plateau de Bandiagara.

[3] Semsi (qui, en maure, désigne le soleil) est ici le nom d’une plaine. Tous les lieux cités dans ce poème sont situés sur la bordure orientale de la cuvette du Delta intérieur du Niger, dans le Gourma où transhument, au nord, les troupeaux des Oûroûbé et, plus au sud, ceux des Férôbés et des Dialloubé-Diennêri.

[4] L’arbre êri (sg. eeri, pl. eere) est un anarcardiacée: Scelocarya birrea.

[5] Le guiguili (sg. ngigili, pl. gigile) est un arbuste de la famille des Capparidacées, le Boscia angustifolia ou senegalensis.

 

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DOMINIQUE CASAJUS : « SAUDADE, SOLITUDE ET MÉLANCOLIE »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Le maître mot de la poésie touarègue classique est esuf, un terme qui, par certaines de ses acceptions, se rapproche du français “solitude”, lequel désigne lui aussi le sentiment du délaissé tout comme les lieux désertés par la fréquentation des hommes. Mais esuf désigne aussi la nostalgie de l’être aimé ou du pays perdu, acception qui lui est propre et qui n’est pas rendue en français par « solitude ». On dit fréquemment, dans la poésie, ou même dans les lettres à des êtres chers : « l’esuf de toi est en moi », c’est-à-dire « tu me manques ». Deux sentiments qui pour nous sont distincts, la souffrance d’être séparé de l’aim, et le serrement de cœur qu’on éprouve lorsqu’on se sent seul, sont donc perçus par les Touaregs comme les modalités d’un même sentiment. C’est une situation à laquelle les ethnologues sont accoutumés. Il en est des sentiments comme des mots : leur étendue ne se recouvre pas parfaitement dans les différentes cultures. On peut imaginer que ce que le Touareg éprouve quand il se dit « dans la solitude » n’est pas exactement ce que le Français éprouve quand il dit la même chose. On peut cependant aller un peu plus loin que ce constat, banal, de la relativité culturelle. En effet, du 12ème au 16ème siècle, les troubadours galégo-portugais, puis les écrivains portugais écrivant dans ce qu’on appelle le castillan lusitanien disposait d’un mot, dérivé du latin solitas, qui avait exactement le même champ sémantique que esuf. Il s’agit du mot dont la forme castillane était soledad, et la forme proprement portugaise soedade, soydade, ou suydade. On trouve par exemple chez le grand dramaturge portugais Gil Vicente, ainsi que dans une chanson du 16ème siècle, Soledad tengo de ti, « j’ai la solitude de toi », qui est un équivalent mot pour mot du touareg « l’esuf de toi est en moi ». Par la suite, soedade est devenu saudade, qui n’a plus que le sens que « nostalgie », tandis que soledad, qui existe encore en castillan, n’a plus que le sens du français « solitude ». On évoquera le cheminement de ces termes, qui ont eu, et qui ont encore tant d’importance dans la poésie portugaise.

SYLVIE PERCEAU : « MUSES, INSPIRATION, CRÉATION DANS LA POÉSIE HOMÉRIQUE ? »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

On a l’habitude d’assimiler l’inspiration des poètes épiques archaïques à la figure de la Muse ou des Muses. Or à l’épreuve du « texte » homérique, cette identification n’est pas satisfaisante : les Muses, filles de Mémoire, ne sont en réalité que les garantes de l’authenticité des informations délivrées par le chant et de leur conformité à la tradition épique. Mais saisir le processus créateur à partir de données biographiques dans la poésie homérique quand on s’interroge encore pour savoir si « Homère » a existé n’est guère plus évident, d’autant que les « Vies » d’Homère, toutes postérieures au IVè siècle, sont en réalité des procédures étiologiques visant à constituer l’aède épique en « auteur » de l’épopée (ce que l’absence de signature –sphragis– rend impossible autrement) et à justifier sa place dans les fêtes panhelléniques, en particulier à Athènes.

Il existe néanmoins des témoignages internes à l’œuvre homérique qui montrent en acte des aèdes-poètes (auxquels appartient le poète « homérique ») et peuvent permettre de se représenter la façon dont ils composent, en quoi consiste pour eux ce que nous appelons « inspiration », qui relève d’un processus de création en interaction avec l’auditoire sans lequel le chant, oral, n’existerait pas.

attente 18

 

EXTRAIT – CONTES ET FABLES DES VEILLÉES.

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Extrait à venir bientôt…

MERGOL – SIRE TARAWORE / POÉSIE LIBRE – SIRÉ TRAORÉ – TEXTE 1: COMPÉTENCE PASTORALE ET RELIGIEUSE

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Miin Sire Tarawore jeyaaɗo Konsa Moi, Siré Traoré, de Konsa,
miɗo haala ga Wummere gaa je parle ici, à Oumméré,
mi fuɗɗa. je commence.
   
Wootinɗinde Laamɗo se dura wowwa Proclamer l’unicité du Seigneur et mener paître et faire prospérer
tuubaninde joomum se wanya tuundi faire soumission à son maître et abhorrer souillure
e tummbaade yimɓe se yima lobbi s’entourer de gens et chanter beaux poèmes
e woowde loowle Lori aawaa gaande être à l’accoutumée aux premières chaleurs au bourgou de Lori semé d’herbes aquatiques[1]
e waawde lootogal e salligi lobbo et disposer pour bain et ablutions d’une belle eau
e hulde Laamɗo et craindre le Seigneur…
tawa suka lamndiiɗo voilà le destin d’un jeunot qui s’est enquis [de la connaissance]
tilsinaama buulol mun laaɓii et s’est vu imposer un [taureau] à la liste immaculée :
mi dura ndi duuɓi jeegom mi sela jenngo je le mène six années durant, renonçant aux veillées galantes,
ndeenno mi seeka gimi giɗo men Seeku tandis que je compose un poème pour notre ami, Cheikh,
mi sela e jumbude mi juuroo Ɓurɗo m’écarte du péché et honore le Meilleur d’un pieux pèlerinage.
Sammba jumpu tife juurowa Makka — « Samba[2], fais rude route, va faire à la Mekke pieuse visite
waɗdu maande nyannde jolngol mawɗi et fais-toi remarquer au jour de la traversée au gué des doyennes[3]
faa mawɓe taykitoo ndi buulol laaɓii pour que les doyens voient bien celui à la liste immaculée ! »
Nde nannge caacunoo ɗi caamii e ceene Quand sous soleil rayonnant bêtes se sont abattues sur sablons
Sammba sakkowii boɗeewal-sayge Samba est allé à la rencontre de Grand-Bai-[rejeton]-de-Pis-Blancs
hennjaneenge dow Ganngel-Saydu celle choisie comme meneuse pour monter sur Ganguel-Saydou,
baɗoo ɓornotookoy saayaaji et, à l’approche des mignonnes vêtues de boubous,
mbuuldi sayfita mi yima sappooɓe Taureau-à-Liste va de-ci de-là et je chante les belles
e saadaniiɓe kam nyannde ndegotoo-mi. qui me font offrande de cola au jour de ma descente au bourgou.
Ɗi korre laaɓii hono caajal Koonta Bêtes ont pattes blanches comme le cheval à liste et balzanes de Konta
sa a baɗike banŋe sinnduɓe kootonɗe et quand tu as été tout près des parées de boucles d’oreilles
afel waage aan e aamare-siinge petit aîné de la Ventre-Blanc et, avec toi, la Pie-aux-Flancs-Nègres
boɗal-sayge aan e dolataa-saaje Grand-Bai-de-Pis-Blancs et, avec toi, Sans-Faim-de-Fanon-Blanc,
ɗum kennji Samba giɗo buulal-waage — c’est là le peloton de tête de Samba, ami du Grand-à-Liste-de-La-Ventre-Blanc­­ —,
saaje sawnditii kam wi’ii : « Sammba La-Fanon-Blanc vint marcher à mes côtés et me dit : « Samba
ko woni golle maa e goongol duniyaaru ? » quel est ton travail durant ton existence ici-bas ?
— Se wanaa durtugol dargel-dumare — Rien d’autre que l’entretien de Petit-Pattes-Blanches-[né]d’Ibis[4]
se duule puttii fuu, mi yaltine duuɗe et, sitôt nues bien formées, je te fais sortir des îles
mi yaa Durgama ceeɗu. et je gagne le Dourgama à la saison sèche.
­— Celaa ɓuuɓi aan e buulal-waage — Loin des mouches, tu es avec Grand-à-Liste-de-La-Ventre-Blanc,
Sammba waynu sera sel ngaadaada Samba, fais ton métier de berger par là, loin des réunions frivoles
faa golal haannge maa nannda e ngaari ! pour que les joues de ta génisse égalent celles d’un taureau !
— Mi teedii gunna ko se njuur-mi ɗo teelii ­— J’ai évité affluence de troupeaux, ça oui ! pour me rendre où règne solitude :
ɗum teeŋi daande maa dargel-dumare) voilà ce qui t’a donné solide encolure, Petit-Pattes-Blanches-d’Ibis !
Se teentilii e boli heddoo eɗi teera Toujours prêt à affronter les routes tandis que troupeau dévale,
petal piyu-mi miɗo teerda e pelli c’est vers cuvette herbeuse que j’allai, dévalant avec Pelotes-au-Front
faa ngar-mi pecceteengal sadakaaji jusqu’à arriver où sont aumônes  partagées ;
ɗi njuurii njaɓɓi tala taannu-mi koyɗe elles descendirent et piétinèrent ipomées, je ralentis le pas,
koolɗe majji kaɓii dow hoccuure leurs sabots ont lutté sur le gravillon,
boomi kollondiri boɗewol jalɓii jouvencelles l’une à l’autre se montrèrent la robe chatoyante
njimreteendi Debo e Jallaali du taureau célébré en ces termes « Débo et troupeaux des Dial[5]
illa e Buubakari Siddigi depuis le temps de Boubacar Siddiki »,
mi wi’aay tayko-ɗon bunewal Jawre[6] je n’ai pas dit que vous contempliez Grande-Gris-Tourdille de Diaouré,
nge burgataake tergal Burdaame celle qu’on ne fait pas aller à marche forcée, vache au corps de Targui,
nge ƴeeŋiniinde ɗum gumpol tiiɗii qu’il fut difficile de faire monter sur berge, au trajet dans le bourgou[7],
nde neɗɗo garnyitii ganndii teere alors que l’homme luttait encore à grand peine contre le courant :
se bilaa nyayfitii seŋii bifoole et si, irritée, elle s’est faite fauve féroce et, ailes[8] bien chevillées,
se weeɗii becce muuɗum bempeeje a offert son large poitrail face aux vagues,
ma ɗi mbeelnoo ɗum ɗi ɗala ana weeya ! les bêtes qui cherchent à la doubler ne peuvent que la laisser voler !
Warɓe ƴeewde durngol beedon mo ! Venus regarder la conduite du berger, gaussez-vous de lui !
Waage wankiƴa e Waradogo ƴaaki Ventre-Blanc, va folâtrer à Ouaradogo, bourgou des vaches restées sur place[9],
darge ŋaanyu hollu ɓe ŋallaaku ! Pattes-Blanches, va de ton pas puissant et montre-leur que rien ne t’effarouche !
Mi tiima Ukkataake mi nyasa uuri Je surplombe l’Oukkatâké[10], je fais un choix de bêtes blanches au cou tavelé,
   
mi wosira luurde mawnii umma Aysa je récite prière de protection contre nuée pour l’aîné de Mère Aïssa :
hoore naawa ŋata nanngoya iduru crocodile a mal à la tête et s’en va occuper le fond d’un trou d’eau
immataako faa jangol naange pour n’en plus remonter jusqu’au coucher du soleil ;
tawa mbuuldi ŋabbitii naatii e sonngo comme Taureau-à-Liste est remonté et s’est engagé dans l’herbe haute
miɗo hajoo na’i ɗii yeru na’i ana tolna je retiens les vaches qui sont comme vaches sur un haut-fond
ɗo toowa-jommbo tawi to boomgel[11] joobu. où fille aux tresses en panache a trouvé un petit familier des friches.
Masiibo boomi ! Ƴew nge boɗewol naawɗii Fléau des jouvencelles[12] ! Regarde celle dont la robe baie rougeoie
boowɗo nelde Nana cattuɗo needi [toi qui] pour messagère habituelle as Nana, la si bien éduquée,
tawɗo ne’ema ngel newe mun ɗaati es née dans la prospérité, petite aux paumes lisses[13]
debbo Duunde-Taynde cewngel taadorde femme de Doundé-Taynde[14], chère petite à la taille fine,
a taw ko njim-mi buulal fuu ngoonga tu as trouvé vrai tout ce que dit mon chant de Grand-à-Liste
tasko-daa ndi aan sewii gele jalli admire-le, toi qui a minces interstices entre incisives, un taureau Diall
warii foonde toggel Suufiyaama est venu droit sur la petite butte du Soûfiyâma,
Hamma Jallo jaɓanaangel Konsa Hamma Diallo à qui la chance a octroyé Konsa,
sa a yehii janngo jey Gaamantaake quand tu partiras demain, tu auras pour toi Gâmantaake.
kaalanon na kaafikoy geelle Avertissez les sveltes demoiselles des villages que
ƴaaki kaanni kam kaɗi kam yimde ce sont vaches sédentaires qui m’ont dissuadé et empêché de chanter
kamandinka loowle jahaangal e toɓo kammu brouillard des premières chaleurs et marche sous la pluie
fuu Pullo Kapparal selataa e majji avec tout ça le Peul de Caporal[15] ne s’en détournera pas :
mi waynii mbuuldi tan so paatu-mi Mbuuna je demandai congé à Taureau-à-Liste pour aller droit sur Boûna
mi faɓɓu baalɗe miɗo yima banndu Jaaje où je demeurai des jours à célébrer la sœur de Diâdié ;
Baaba noddu batu njoƴƴinaa baddi Bâba, convoque une assemblée et fais siéger des jeunots !
Agana joowro aan e cattuɗi jootoo Agana chef de bourgou, toi et (tes) troupeaux si gloutons,
njooɗo-ɗon na joon wonko kaalan-mi installez-vous ! À présent j’ai de quoi raconter :
wonko mboomdi joobu nelii joom’en laana le message dont le familier des friches a chargé des piroguiers ;
sa a nanii ko Kapparal nelii kankeewa si tu apprends ce pour quoi Caporal a envoyé chercher une grande pirogue,
ma a toownu Lillaay kaayeefi il te faudra mettre au pinacle, de Dieu, les prodiges :
toownii kammu waɗii tonngomaaje Il a mis tout en haut le ciel et a fait des tertres
wanyii tooru yowii Tontoro dawla a abhorré fétiches et mis sur Tontoro[16] la renommée
darnii kam mi dura dargel-dumare m’a instauré berger du petit Pattes-Blanches-né-d’Ibis
weeynii duule haɗii gaa duumeede a fait planer nuées et interdit ici l’éternité,
wanyii Biliisa waɗii dursuuɓe binndi. a abhorré Iblis et, aux récitants du Coran, mis talismans.
Gaamotooɗo loko boomgel loowɗi Pêcheur d’alestes, petit familier des canaux
sa a yehii a foondowike Lonngol-Boola quand tu seras parti pour te diriger droit sur Longol-Bôla,
miɗo nele e Kapparal e Soppere-Kaŋŋe je te dépêcherai Caporal et Lingot-d’or[17]
e kaamakanke teeŋgel kankeeji et un de Kâmaka[18] aux solides pirogues
sa a teentiliima joon a rewtii teere et si tu t’es bien préparé et as suivi le courant,
a yi’an ndi terɗe buge boomgel teelde tu verras le taureau au corps de bougué, petit familier de la solitude
kanyum e buuru[19] ga’i bunewal-sayge ! et avec lui le roi des taureaux, Grand-Gris-Tourdille-de-Pis-Blancs
Kaa joon yo lobbo care’en mbeynnan-mi[20] ! Mais à présent c’est à une aux belles bagues d’argent qu’est dédié mon poème !
Colel peyngarel e pelleeri-sayge Petite-Tiquetée comme lait caillé[21] et taureau Pelote-au-Front-de-La-Pis-Blancs
ɗi oora soggunde mi naata e sooɓo partent au pacage avant le jour, je m’engage dans la savane drue
mi soppinoo mo loohnoo conngoori je me tapis et chasse le prédateur prêt à bondir sur ses proies :
so wonko soyfii fuu mi ɓama soccaango au moindre bruissement, je saisis une lance bien fourbie
mi ndaara tuggu cokotookoy se ɓawla et je cherche un morceau de cuir[22] pour les petites aux lèvres bleuies
faa colte peƴƴitoo coppal yawta jusqu’en pleine saison du regain et défrichage dépassé,
ndeen yaadu Sammba warii boɗewal-sayge alors sera venu le départ de Samba avec Grand-Bai-de-Pis-Blancs
ɗo safii solto fuu mi nyammina saaje partout où regain a bourgeonné, je fais brouter La-Fanon-Blanc
faa saloo ko haalii ɗun laatoo fewre jusqu’à en refuser et que ce qu’on en aura dit devienne mensonge :
se sariya dooɓii fuu mi wultina doyɗo si jamais jugement a déjà commencé, je ferai revenir sur son dit l’indécis
mi doomra darge faa waabili daasa j’attends avec Celle-aux-Pattes-Blanches, que s’achemine grosse averse
nenno mi monna danewel Tiireeje. et alors je les mène à la cure salée à Danéwel-Tirêdié.
Tamat.

Terminé.

[1] Plante aquatique légère dont on fait des cordes mais aussi des radeaux flottants.

[2] Le poète s’interpelle lui-même par le nom désignant tout cadet ; il se décrit comme berger mais aussi instruit dans le domaine religieux, revendiquant ainsi sa double culture spécifiquement peule : pastoralisme et islam. Plus loin c’est avec une vache qu’il dialoguera.

[3] Il s’agit des vaches les plus respectées du troupeau.

[4] Vache à bosse et croupe d’une autre couleur que le reste du corps, comme l’ibis sacré.

[5] On a attribué cette « devise » louangeuse à ce taureau. Les Dial constituent un groupe peul venu dans le Delta intérieur du Niger depuis le xive siècle et auquel est attribuée la zone de bourgou au sud du lac Débo.

[6] Surnom correspondant au nom propre Oumar.

[7] Cette vache est si vaillante qu’elle nage encore et dépasse les autres quand le berger en est encore à lutter contre le courant.

[8] Dans ces poèmes, l’image des ailes est souvent appliquée aux cornes. La métaphore est filée, avec le verbe weeyde « planer dans les airs », deux vers plus loin.

[9] Il s’agit du bourgou de la ville de Konsa réservé aux vaches qui ne transhument pas.

[10] Nom d’un cours d’eau signifiant « où l’on ne pénètre pas inopinément ».

[11] boomgel boowgel.

[12] Ainsi est interpellée la plus belle des jeunes filles, qui est un fléau pour toutes les autres qu’elle évince par sa beauté.

[13] Paumes et pieds lisses (« comme foie de génisse ») sont signes d’aisance, signes que l’on n’a ni à travailler de ses mains, ni à courir la brousse en quête d’eau ou de bois mort.

[14] Nom d’une île : textuellement, Île-Tronquée.

[15] Nom d’une vache.

[16] Nom d’une femme.

[17] Nom du cheval d’un héros d’épopée. Le berger a-t-il attribué ce nom à l’un de ses taureaux ou bien fait-il allusion à une monture prestigieuse ?

[18] Kâmaka : hameau en aval de Kona sur le Niger au nord de Mopti.

[19] buuru – : emprunt au wolof, « roi ».

[20] mbeynnan-mi mbeytanan-mi.

[21] Il s’agit du lait entier qui, caillé, est piqueté de grumeaux de beurre jaunes.

[22] Le berger se présente comme ayant tué un lion dont il prélèvera un morceau de peau à offrir aux jeunes fileuses : celles-ci utilisent en effet un morceau de cuir sur lequel elles font pivoter la pointe de leur fuseau.

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MERGOL – SIRE TARAWORE / POÉSIE LIBRE – SIRÉ TRAORÉ – TEXTE 2: DÉFIS ENTRE BERGERS

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Ko woni golle am e goongol duniyaaru :

Ce que furent mes actions durant mon existence ici-bas :
giɗel saaje kaa se muuynoo sarri ami cher de La-Fanon-Blanc, quand j’avais cherché l’épreuve,
mi wuttii lobbo care dow catamaaje je n’eus qu’à siffler la belle aux bracelets d’argent[1], au confluent,
ɗi njowii e maayo ngoo miɗo yima ndoondo et les bêtes furent sur le fleuve, tandis que je chantais Dondo[2]
gorɗi kigginaa mi gooytoo belɗi mâles furent regroupés, et je clame de beaux chants
gonkalaari ga’i gorɗi e Sewru un plantureux taureau parmi de vaillants mâles, au Sewrou[3],
ndi Cammbel jammata se care mun laaɓa que Petit Samba célèbre pour ses bracelets d’argent immaculés,
watti[4] adduha[5] ndii wartii e Sammba qui, à l’heure de la prière du matin, est revenu vers Samba
ndi salminii e baynoowel saaje et a salué le petit pastoureau de La-Fanon-Blanc :
baynoo mbuuldi tonta ɗi faa mi waaje — Berger de Taureau-à-Liste, arrête-les, que je te mette en garde :
fadde duunde Pipiya faŋataako. on ne peut pas passer par l’île de Pipiya !
Basal nii e bannda Kaji kawraali Et voilà que Bassal et le frère de Kadji ne se sont pas mis d’accord
baddi tawdee-ɗaa wati[6] batu sarri avec les jeunes qui t’accompagnent, ne complote pas !
Pullo Kapparal a salike ko kaal-mi Peul de Caporal, tu as refusé ce que j’ai dit !
a yi’an e terɗe maa ɓe tele boonooji Tu verras sur ton corps les coups de batte[7] qu’ils te lanceront
boɗal sayge’en mboyrete lebbi les gens du Grand-Bai-né-de-Pis-Blancs te pleureront des mois
saaje suddanete sule woye duuɓi La-Fanon-Blanc prendra pour toi le deuil et La-Piquetée te pleurera des années
celaa yimde ngel toni mun cuumɗii cesse de chanter la mignonne aux lèvres noircies[8]
mi jaɓaay haala maa ndi lu’e ɓuri jalɓe — ­­­­Je n’ai pas admis tes propos : le taureau aux cornes plus aiguës qu’alènes,
so mi yimii debbo Nyaanyama tan nyaaƴu si je chante une femme de Gnâgnama, qu’il se pavane !
fay so maayɗo daasaa ma nyaamu Même si mort on me traîne, il mangera !
njaaw-ɗaa hewtoy buulal Yaateere Va vite rattraper le Grand-à-Liste de Yâtêré
ana yaa e sonngo sodditi ana anndi allant dans les hautes herbes, il coupa au plus court en connaisseur
cooro-ɗaa e huɗo faa mi yi’ataa ma tu te glisses dans l’herbe au point que je ne te vois plus
miɗo jogii soore[9] miɗo batti coldi muni d’une lance je me rapproche du Tavelé
eɗi cokoo ɓayɗe miɗo yima sokotooɓe et, tandis qu’ils s’empêtrent dans les marais et que je chante les tatouées[10],
tilay Sorge jiiɗo ɗi ma soƴƴoo ! Sorgué[11] ne peut que, à leur vue, faire demi-tour !
Wakka woyta wan woka giɗo waage Relève les manches de ton boubou autour du cou, avec gros plis[12], ami de La-Ventre-Blanc,
gunnju woyta soora e guti Seɓɓe prends tes cliques et tes claques et glisse-toi parmi les costauds Bozo
abadaa ɓe njoowrataa diŋeewol ceeɗu jamais ils n’auront haute main sur barrage de bassin en saison chaude
ko warataa ɗum ɓe uddan illa seetto. et, la prochaine fois, ils le fermeront dès la saison sèche.
Se mbeelu tiimtinoo ɗi ngaddoyi tiife Quand l’heure du retour[13] arrivée, les bêtes vinrent ensemble faire foule
cikkinii-mi na’i calluɗi cinɗi je crus voir en elles des cours d’eaux qui confluaient !
Mbeeyno-ɗon na na’i nganki e mbeelu Faites donc avancer les vaches de  « micocoulier et ombre[14] » !
na’i ngorowi han keɓ-ɗon gorko Vaches du colatier, aujourd’hui, vous avez un homme
gooytotooɗo gimi gorko e Mboola ! qui clame à tue-tête des chants, un homme de Mbôla !
Mi tontike nyannde nyammingol tolde. Je me suis arrêté aujourd’hui pour faire paître (mon troupeau) sur un bas-fond.
Tammat. Terminé.

[1] Personnification d’une vache dont les balzanes sont comparées à des bracelets.

[2] Donndo est une devise musicale attribuée aux héros épiques.

[3] Lieu de campement à un confluent.

[4] watti : wakkati.

[5] adduha : [aḍ-ḍuḥā], heure de la matinée où le soleil est déjà assez haut à l’horizon (vers 8 h.)

[6] wati pati.

[7] Il s’agit de gourdins utilisés par les pêcheurs pour assommer les gros poissons ; ce qui suggère qu’il sera attaqué par des pêcheurs bozo.

[8] Comme les bovins à robe blanche et museau d’un gris bleuté ; allusion aux lèvres tatouées des jeunes filles.

[9] Soore : sooreewo.

[10] C’est-à-dire les jeunes femmes aux lèvres et gencives tatouées selon la coutume cosmétique de la région.

[11] Nom d’un Bozo ; les Peuls plaisantent les pêcheurs Bozo sur leur prétendue couardise, surtout à l’égard des bovins.

[12] Pour dégager la marche dans l’herbe, on passe, en les croisant, les manches du boubou autour du cou, ce qui en raccourcit la longueur et forme aussi par devant er par derrière un large pli en forme de poche.

[13] Textuellement « quand l’ombre se revoit » ; après le soleil passé au zénith, le berger voit à nouveau l’ombre à ses pieds, il sait alors que c’est le moment de se mettre en route pour ramener le troupeau au campement.

[14] Devise d’un lieu ; le micocoulier africain est le Celtis integrifolia Lam. (Ulmaceæ).

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MERGOL – SIRE TARAWORE / POÉSIE LIBRE – SIRÉ TRAORÉ – TEXTE 3: UNE RIXE

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Ko woni golle am e goongol duniyaaru :

Ce que furent mes actions durant mon existence ici-bas :
Jaaƴe nyannde maa e jannjere Gommbolo Diâdié, ton jour de célébrité à la fête de Gombolo[1]
jantu nyannde ndeen no ngaddaa jaahili. raconte comment, ce jour-là, tu eus affaire à un mécréant[2].
Se jamaa yaynunoo so laɓi kii jalɓii Lorsque, la foule s’étant égaillée, la lame brilla,
a jaƴaay donnde aan e banndel Jannji tu n’as pas même ébauché un mouvement de fuite, avec le petit frère de Diandyi
kaandungal so safunoo kaafaawi pour échapper au dément qui avait dégainé un sabre !
Pullo Kapparal hawrii e makko Le Peul de Caporal est allé à sa rencontre
Badara saaganii waynata saaje Et Badara s’est interposé en l’aidant à mener La-Fanon-Blanc
miɗo jogii ndu santata undu sami malfa j’avais en main un bâton infaillible et plus sûr qu’un fusil
ko neɗɗo satti bile fuu ma saamu tel que même le plus fort en magie, tomberait sous ses coups
mbii-mi hugga kam e manngal huyre je dis : « à moi la victoire sur le gros tas de viande !
so kufune maaɗa oo samii nii talki si chargée de talismans que soit ta chéchia
so kucun-ɗaa ki faa ki ɓuri mi toowde et si haut au-dessus de moi que tu aies brandi le sabre
a yi’an ɓe kuccataa kulataa njamndi tu verras qu’ils ne montreront pas le dos ni n’auront peur de l’arme. »
ɓee Kaji e Kaagu’en kajotoo wolde Eux les gens de Kadyi et de Kâgou voulaient empêcher l’attaque
nji’aay fuu no ngoortiri kaafaawi mais ne virent aucun moyen d’esquiver le sabre
sikko kallisaangal Kalaseegi surtout venant d’un gros vaurien de Kalassêgui ;
lewru janjundu e laɓi jalɓoowi reflet de la lune brillant sur une lame luisante
so wonaa jaajinɓiingel darataako il faut être quelqu’un de bien audacieux pour rester sur place
so daasowoo doomde ndi ngowwundi daande. voire, avançant calmement, attendre le costaud au cou énorme.
Nanngooɓe laɓi wati hem Sammba Que ceux qui ont pris des couteaux n’atteignent pas Samba
e iwritooɓe caggal se piya cabbi ! ni ceux qui surgissent par derrière pour donner des coups de bâtons !
No naawrii faa mo hosii naadde e suudu Il a été tant malmené qu’il tenta d’entrer dans une maison
so jamaa mornyinoo nyase ɗee moddii une fois la foule repartie, les chaumes ne furent plus que magma !
too mi yeggitaay Inna-moodiɓɓe. Là-bas, je n’ai guère oublié le quartier de Inna-Môdibé.
Ndeen buulo-hoore sawndii giɗo mbuuldi Lors allèrent côte à côte un homme au front clair et ami de Taureau-à-Liste
cuuyndi nguyka cukkundi gemeneeji et un fieffé voleur aux favoris bien fournis
cuddotoondi nimre se sorsorta qui, à la faveur de l’obscurité, se faufile en catimini
marii junuuba yaaɓata tife nimre pécheur invétéré qui bat les chemins dans l’obscurité :
se Time nanii a ŋaasii kam tiinde quand Timé a appris que tu m’avais balafré le front
se mi nabbinii ma biro ganyo bitigiiji et quand je t’ai amené au bureau, ennemi des boutiques,
tuubaaku biisa kanuwal fiɗa birɗe l’Européen dirige le canon du fusil en visant les côtes,
guyal gonnjiloo simtina gonɗi et gros malandrin s’effondre en larmes !
Gommbolo ɓuuɓa miin mi jammee ɓunndu Gombolo retrouve le calme et moi, on me célèbre, au puits,
nyannde maay-mi duu mi yiida e Ɓurɗo disant que, au jour de ma mort, je rencontrerai le Meilleur
mi ɓurii donnde hono nduu tonsooru. et que je n’ai pas été homme à fuir, comme ce gros vampire !
Tammat. Terminé.

[1] Nom d’un quartier de la ville de Konza.

[2] Textuellement « un ignorant » de la loi religieuse.

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MERGOL – SIRE TARAWORE / POÉSIE LIBRE – SIRÉ TRAORÉ – TEXTE 4: SUCCÈS FÉMININS

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Ko woni galle am e goongol duniyaaru

Ce que furent mes actions durant mon existence ici-bas :
nayo e sappo ngarii nyannde nabba-mi Il en est venu quatorze le jour où je montai au village
nano e nyaamo fuu mi nanngira gonnjo de la gauche et de la droite je prends de la cola
kiiso-ɗon ɓe faa mi limta ɓe kiɓɓa comptez-les donc quand je les énumère au complet
njogee naamu ndaro-ɗon, nanaaɓe, approuvez et, tenez-vous là, nobles femmes !
so won nyakuɗo hen mi yaltii mi giɗo nyaawi Et s’il en manque une, je ne me compte plus comme un ami des Tiquetées.
Miɗo sooda goro nyaamon joonde J’achète de la cola et, mangez, assistance !
Senora e Jannji Sénora et Diandyi,
Ciingel banndo Jaaje Brunette et la sœur de Diâdié
Kaji Kajiija Kadyi, Kadyîdia
debbo Dujje e Kambo femme de Douddié et de Kambo[1] ,
ɓee kaa wo waalde ɓuttal kaŋŋeeje elles, sont de la classe d’âge de celle aux grosses boucles d’or.
Sire kanyum e Kummba Siré et Koumba
Aysata Siise Ayssata Cissé
ɓee duu yo waalde Silawal banndo Appa quant à elles, sont de la classe de Silawal, sœur de Appa.
mi waɗii hen mo danewol siiwaaka Je compte parmi elles celle dont le teint clair ne manque pas d’éclat
ɓee yo sappo nayo keddii Sammba C’en sont là dix,   restent quatre, Samba :
Baaragal e Aysata banndo Ikko Bâragal et Ayssata sœur de Ikko
Diide aan e Dikko banndel Guurɗo Dîdé et toi Dikko petite sœur de Gourdo,
Goforo ciiɗo debbo calluɗi ciindi goforo[2], au beau teint cuivré, femme du confluent !
   
Gaynaako ciindi jamalal jannjii ɓe Un berger d’un taureau bai foncé né d’une jamal[3] l’a emporté sur les autres auprès d’elle !
Sire, kiiso-ɗaa ɓe salla ɓe kiɓɓaali. Siré, fais le compte et vois s’il n’est pas complet.
Tamat. Terminé.

[1] Lieux dans le bourgou.

[2] Déformation de « Gouverneur », adjectif attribué à une femme très belle et aimée.

[3] Robe de bovin comportant trois grandes taches partageant le corps verticalement.

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MERGOL – KAW BII MO NDUKOY / POÉSIE LIBRE – KAW BÎ DE NDOUKOYE – TEXTE 2: ÉLOGE DE PERSONNALITÉS

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Mi wi’ii jonɗo

J’ai parlé d’une personnalité accomplie
jogiiɗo qui a du bien
joom laaka un propriétaire de riz paddy
mo laakara mun jiiɓataako dont le destin en l’autre-monde sera sans ambiguïté :
gilla mo laami ndi laatiima depuis qu’il gouverne la région il a réussi
kupi[1] Maasina fuu laaka il a couvert tout le Massina de riz
so muuyii huɓɓa kuranaaji[2] s’il en a envie, il allume une ampoule électrique
genndun waɗa kubbi kaŋŋe son épouse met de l’or à ses tresses
kuutiral mun ana satti il observe strictement les prescriptions religieuses
oo kaa anndaa saɗeende lui, certes, ignore les difficultés de la vie
hitaande fuu mo yoɓanan ɓe chaque année il paie (l’impôt) pour eux
yontere fuu mo etanan ɓe chaque semaine il leur mesure [du grain]
Laamɗo eewni ndi jawdi – c’est Le Seigneur qui a appelé cette richesse ! –
ittan jakka faa laaɓa il s’acquitte de la dîme totalement
jaawe muuɗun faa ndunngu avec ses meules jusqu’à l’hivernage ;
ko njirru-mi joom-saare Saare ce que j’aime dans le chef de village de Sâré[3]
jogiiɗo fey c’est que, bien que nanti
neɗɗo jonɗo. c’est une personne accomplie.
Jeɗɗo e mun fuu keɓoowo Qui lui réclame sa part l’obtient
joola fuu mo kenyoowo l’étranger, il le reçoit avec empressement
banƴo mo fuu yo kersoowo qui lui est hostile connaît la honte
keɓe ɗe duu ngaɗi barki quant aux acquis, ils prospèrent :
mo kaabi il a des génisses
kanyum e kammooji et aussi de grosses pirogues
demooji ɗii ngalaa ɗo kaaɗi. les bœufs de labour sont en nombre illimité !
Fiilka bugeeji joom-buuli Il s’enturbanne de bougués, possède des bêtes à liste
Bukkari anndi mo jaɓaaɗo ! Boukkari sait qu’il est un favorisé du sort !
Ameeri Mura woni jaado maaɗa Amêri Moura est ton compagnon
fay Amiiru wuro Arɗo-Maayo et même le chef du village de Ardo-Mâyo ;
mi nanii Maasina fuu aan tiimi maaro j’ai ouï dire que, de tout le Mâssina, c’est toi qui as le plus de riz
kanyum e dumaari maŋaaji et avec ça, des vaches ibis-sacré, tourterelles-des-bois[4]
e rewɓe sinnduɓe masiriiji[5] et des femmes à la coiffure ornée de pen-dentifs !
sa a muuyii ɓornaa may-danndi. si tu le veux, tu t’habilles de basin-à-piments[6].
Kanaa mo hokkaa laamu Saare Il fallait que lui soit accordé le comman-dement de Sâré
so min njii ɗoon sappooji car nous avons vu là des bœufs de dix ans
kanyum e caaji korfaaɗi et aussi des vaches à longue liste gardées à l’étable[7],
rewɓe sinnduɓe kootonɗe des femmes parées d’anneaux
ɓe keɓi ɓeyngu e ɓerɗe ɓuuɓɗe qui ont nombreuse progéniture et cœur serein
ɓe ɓutii garuuje fuu maaro ! et ont toutes les granges pleines de riz !
Maasina fuu Saare tiimi De tout le Massina, c’est Sâré qui domine
ɗun kaa fuu saabe maaɗa ! et tout cela c’est grâce à toi !
Ɓe piitii kaabi Ils ont ramené au village des génisses[8]
ɓe keɓi kaŋŋe ils ont eu de l’or !
joom-saare Saare kahaldi[9] Chef de village de Sâré, valeureux
mo kaabi mun mbaɗɗotoo koofi dont les génisses chevauchent la ligne des berges
ko hatta min yimde joom-saare qu’est-ce qui nous empêcherait de célébrer un chef de village
mo hokkii kaalisi e kaabi qui a offert argent et génisses
mo hokkii min kaŋŋe Buure qui nous a offert de l’or de Boûré[10]
mo hokkii min nyaamri e na’i nyaawi ! qui nous a offert céréales[11] et bovins à robe tiquetée !
Nyalaande ndee Alla waɗi La bonne fortune c’est l’œuvre de Dieu
Alla waɗii wirfaali et Dieu a fait qu’elle ne s’est pas détournée
mobbo fuu duu winndaali et nul marabout n’a eu à écrire [des talismans]
wii maa tan woni e mayri et tu en as toute possession et jouissance,
ɗo huɓeere ɗoo a sinyinaama[12] c’est l’autorité administrative qui te l’a assignée
ko laami-ɗaa koo a siddaaka[13] et dans ce qui est sous ton commandement, tu n’as pas rencontré d’adversité :
maccuɗe[14] joom-simo woɗeewo forts ouvriers agricoles pour un propriétaire de riz rouge[15]
aan kaa a wooraaka ndunngu toi, en tout cas, tu n’as pas manqué l’hivernage
mi tawii a woytaaki goɗɗo j’ai trouvé que tu n’avais pas eu à solliciter autrui
ko laamɗo koo duu a woppaali[16] ! tout ce qu’est un chef, aussi, tu ne t’y es pas soustrait !
Noon woynaali wonki Pullo Ainsi tu n’as pas affligé l’âme du Peul
won pulfuli [tu] as des zébus peuls[17],
marɗo pucci es propriétaire de chevaux
e garuuje maaro ɗe puɗaaka et de granges de riz pas même entamées,
oo, Fulɓe nyallata ana ɓoosa ! quelqu’un que des Peuls passent la journée à masser !
A won buuli Tu as des bêtes à liste
a won bugeeji tu as des bougués
buudi annii ley keesu ! des pièces de monnaie sont là dans une caisse !
So muuyii waɗa burmusuuje[18] Si [tu] veux, on fait des burnous,
buuli piitee jaɓɓe Saaya vaches à liste sont ramenées[19] aux tama-riniers de Sâya
a won kuunooji e kuyooji tu as des bêtes qui beuglent et pleines d’entrain
a won kankeeji kummbooji tu as grandes pirogues à moteur et à pagaies
kummbaaru’en annii ndaƴa ! et les gens de l’entourage de Koumba vont d’un pas altier !
Ko ndaar-ɗaa Laamɗo jaabike[20] Ce que tu cherches, Le Seigneur y a répondu favorablement
joom-saare Saare yo jaɓaaɗo le chef de village de Sâré est un favorisé du sort
hokku maccuɓe ɓee jakka[21] ! a donné aux captifs la dîme !
Hammadi Guro e Maccaalu Hammadi Gouro et Matiâlou
Maasina fuu mi yiilike j’ai sillonné tout le Massina
maayo ngoo fuu mi yottiima j’ai atteint tout le fleuve
hono maa yoomtere mi yi’aali et, comme chez toi, je n’ai pas vu état si satisfaisant
kanyun e yotteede Fulɓe ni autant de visites de Peuls
mi taƴorii haalataa fuusu ! je suis sûr de ne pas parler à la légère !
Fornii[22] juggol funnaange Tu as renforcé un bras d’eau temporaire à l’est
hono maa wayri gilla e Fuuta ! comme toi, il n’y en a pas eu depuis l’époque du Foûta[23] !
Miin nii hokkaa fulaare Moi qui ai reçu le don de la langue peule
mi seenni Fulɓe Komongallu. j’en prends à témoin les Peuls de Komongallou.
Boori Sammbu ana anndi Bôri Sambou le sait bien :
bohi ana toon ɗi piitataake vaches à tête noire sont là-bas et non ramenées au village pour la traite
na’i mon fuu piɗii worɓe toutes vos vaches ont pris des hommes pour cible[24]
ɗun kaa fuu wonki maaɗa tout cela assurément c’est ta personnalité
nde wotanoo[25] ndee a heɓi hoore quand il y a eu vote, tu as été en tête des suffrages
se neɗɗo wanyii ma dow Saare duu et si quelqu’un t’es hostile dans Sâré
oo kaa maaydan e saɗɗa. celui-là, en tout cas, mourra dans la pauvreté.
Maasina fuu Saare tiimi De tout le Massina, c’est Sâré qui domine
Saare fuu yo Ɓeydi samti et de tout Sâré c’est Beydi qui est le mieux
nde samtunoo ndee heɓi nyaamri et ayant eu l’avantage, il a obtenu du grain[26]
nyalaande mun Alla waɗi sa bonne fortune, c’est Dieu qui en est l’auteur :
fay so mo yaltini awre il n’a pas plus tôt sorti des semences
kammu waaƴa adoo e mabba[27]. que le ciel entre en effervescence et com-mence par son champ.
ªeydi adotoo e aljanna Beydi sera le premier au Paradis
ɗun mi narri Aarabe voilà ce que j’ai entendu dire par un Arabe
iw-mi Kaya paa-mi Kaareeri lorsque quittant Kaya je m’acheminai vers le Kârêri
ɗo Kaanaaje ɗoo adortoo-mi c’est par la région de Kânâdié[28] que je commencerai
e yannge Seeku Aali kawroy-mi. et à la cérémonie de Sêkou Âli que je vais assister.
Seeku Aali Fanni Kaanaaje Sêkou Âli Fanni de Kânâdié
hono mun walaa Kaareeri comme lui, il n’en est point au Kârêri
kanyum samti ɓe fuu kaɓɓe c’est lui qui, de tous, a eu le plus de gerbes
kanyum e kaabi korfaaɗi et aussi de génisses gardées à l’étable
ga’i dee aɗa heewi gawri avec des taureaux, certes, tu as beaucoup de mil
kanyum e ga’i ɓujji demooji. et aussi des bœufs de labour.
Galle mun dammbi garuuje sa demeure enclôt des pièces en banco
garci annii paltaama ont été sélectionnées des bêtes de trans-humance
garuuje annii mahaama des pièces ont été construites
garuwal fuu duu e werannda[29] chaque pièce avec une véranda
bonkonooji e bolooɗe[30] antichambres et vestibules
Seeku Aali Fanni borraaka Sêkou Âli Fanni n’a subi nul dommage
mo hoore be’i il a troupeau de chèvres
e beembe cuumi. quantité de vaches blanches au museau bleuté[31].
Mi taƴorii a anndaa Bereeje Je suis certain que tu ne connais pas Bérêdié
Kaareeri fuu kaafa kullu dans tout le Kârêri au complet
faa yottaade Kaanaaje et jusqu’à atteindre Kânâdié
Seeku samti ko kaalan-mi koo c’est Sêkou qui l’emporte en tout ce dont je parle
kanyun samti ɓe fuu ceeri c’est lui qui, plus que tous, a du mil en grain
kanyun samti ɓe fuu ceede lui qui, plus que tous, a de l’argent
kanyun e galle ceyniiɗo. et il a une demeure agréable.
Demmba Aali duu ceesiiɗo Demba Âli aussi, une personne pondérée
hewti jale ɗee cenŋaama le temps venu, fers de houes ont été emmanchés
so seeno ngoo fuu arwiima[32]. et tout le terrain a été ensemencé.
Seeku Aali hokkata ɓe awdi Sêkou Âli leur donne des semences
sa a naatii galle Seeku si tu pénètres dans la demeure de Sêkou
seyo kaa ɗoo waawi hadde : c’est là que, certes, le bonheur a pu s’arrêter :
jugge dimaaɗi piquets pour chevaux de race
na’i diili vaches prêtées pour leur lait
panyaaji gooro paniers de noix de cola
jugge gorbi piquets pour baudets
jugge be’i piquets pour chèvres
e beembe cuumi et quantité de vaches au museau bleuté
kurkuru cofe poulaillers
e paali cobbe et gourdes de bouillie
jugge doori piquets pour moutons sahéliens
dolle nyebbe charges de haricots
dolnde walaa galle Seeku ! pas de disette dans la demeure de Sêkou !
Mi seennii Alla ɗun ngoonga ! Je prends Dieu à témoin que c’est la vérité !
Seeku Saala wuro Buubu Sêkou Sâla du village de Boubou
e Seeku Aali Fanni Kaanaaje et Sêkou Âli Fanni de Kânâdié
ɗoo seekuuɓe ɓee kaaɗi ! c’est à eux que s’arrêtent les Cheikhs[33] !
Ko kaal-mi e Seeku ko ngoonga : Ce que je dis de Sêkou, c’est la vérité :
danɗe ɗe’en kala gerte ces hangars, rien que d’arachides,
gese ɗee duu ngalaa keeri les champs aussi sont sans limites
ceeri ndii duu walaa keeƴi et le mil en grain aussi, sans limite,
ngal’en garuwal yo kelte. dans cette pièce-ci, ce sont des fusils.
Keɓal manngal waɗi barke Grande richesse donne chance
maccuɓe ndawra wotorooji nii travailleurs partent de bon matin en char-rettes
Seeku Aali dawra motoŋaaji Sêkou Âli part en moto
Laamɗo moƴƴini oo galle Le Seigneur a fait réussir cette demeure :
dimaaji kijja chevaux de race hennissent
gorbi kiika baudets braient
kaabi kippoo dow ɓiɓɓe génisses se courbent sur leurs petits
kaaɗam weeta bayteede toute la matinée on boit du lait aigre coupé d’eau
kaayeeji ndaasa baajakka[34] taurillons tirent une charrue
mo itti fay jakka kaŋŋe il paie même la dîme en or
ko kaalisi koo mi hisaaki et pour ce qui est de l’argent, je n’ai pas compté
jakka nyaamri dîme sur le grain
jakka nyalbi dîme sur les génisses
nyalluɗe mbeeta wummpeede toute la matinée on brasse du lait caillé entier
mo ɓam-ɗaa hannden o wuuri celle qu’aujourd’hui tu prends pour épouse elle vit bien
jakka be’i dîme sur les chèvres
daali benndi. cordes pour vaches gardées au village[35].
Waajibi tan a beleteeɗo Tu ne peux qu’être un homme auquel on fait en sorte de plaire
etooɓe ana iwra togge ceux qui cherchent [du grain] sortent des levées de terre[36]
eelooɓe ana ndaara nyalbi des quémandeurs cherchent à avoir des génisses
e hoɓɓe ndaarooɓe ɗo nyaama avec des hôtes qui cherchent où manger
ɗo maa ɗoo ɗun nyallidita c’est chez toi que tout cela passe la journée
se hiirii yoga maɓɓe hiirnda et, le soir venu, certains d’entre eux se mettent en route
yoga hen ndooman hiiraande. tandis que d’autres attendent le dîner.
Baawɗo jaɓɓoowo oo weli janta Quelqu’un de capable et d’accueillant est agréable à narrer
Seeku Aali Fanni njaarii-mi Sêkou Âli Fanni, je célèbre,
Tambura maa belɗo tawde ton Tamboura agréable à trouver :
nde taynoy-ma-mi ndee mi hutaaki quand je suis allé te rejoindre je n’ai pu avoir piètre opinion
joom-saare Somogiri woni jonɗo le Chef de village de Somoguiri est une personne accomplie
oo jonɗo mo wanaa joorɗo juungo et c’est un homme accompli qui n’est pas parcimonieux
nde joonnu ma fuu ma hokke quand il te laisse espérer quelque chose, il te le donne
jogiiɗo fey duu nafoowo qui a du bien est aussi utile
mo hokkii Kaw Bii nafaawe il a doté Kaw Bî d’une vache bien utile
yo Laamɗo naannu mo aljanna ! que le Seigneur le fasse entrer au Paradis !
Gilla mo ardii so mo weeyii Depuis qu’il s’est trouvé en tête au point de dominer de haut[37]
sokortu fuu duu yi’aaka on ne lui a vu aucun défaut
mboy warataa ɓii nagge maaɗa la bronchite ne tuera pas ton petit veau
ɓiingel keccel fanaali petit nourrisson ne mourra pas avant l’heure
maayde walaa plus de mort
maaro heewii et riz en abondance :
ɗun Maasina ana anndi ngoonga cela le Massina sait que c’est vrai
joom-saare Somogiri weli maande le chef de village de Somoguiri est agréable à louanger
jaɓaaɗo c’est un favorisé du sort
joom-jamali buuli propriétaire de diamali[38] à liste
mo jaawe gunnuɗe qui a des meules imposantes
joom-guurti propriétaire de gros taureaux
guddeteengal Seenoore qu’on doit chanter à Sênôré
waawii, faltiima sewre il a été capable, il s’est fait un troupeau personnel
mi seennii Cammbel-Na’i-Baaba j’en ai pris à témoin Tiambel-Na’i-Bâba
sewre ndee kaa ooroore ce troupeau certes est un troupeau qui va au pâturage
sewre gukkere joom-guurti koɗanteeɗo gummbalaaji. troupeau de poids d’un propriétaire de gros taureaux pour qui l’on doit jouer au luth des airs de goumbala[39].

[1] kupi : français « occuper ».

[2] kuranaaji : français : « courant », c’est-à-dire « électricité » ; signe de richesse et de notabilité, car seuls les nantis peuvent avoir le courant électrique chez eux.

[3] Il s’agit du village de Sâré Matiâlou.

[4] Ces vaches ont une robe qui rappelle les taches du plumage de ces deux oiseaux.

[5] masiri : emprunt au bambara màsiri « parure, ornement ».

[6] Tissu dispendieux venu du Ghana, basin à décor de petits piments, à la mode et très apprécié à cette époque.

[7] Il s’agit des jeunes vaches qui, ayant vêlé pour la première fois, sont parfois gardées dans la cour des habitations, attachées court à un piquet par les cornes ou les pattes, pour qu’elles se laissent téter par leur petit.

[8] Normalement on ramène au village quelques vaches laitières gardées dans les environs pour les traire et disposer de leur lait.

[9] kahaldi korboori ; ce terme (proche de kalhaldi) qui désigne un jeune taureau qui commence à monter les femelles, devient un terme laudatif évoquant un homme dans la force de la jeunesse mais aussi de toutes les vertus viriles.

[10] C’est toujours cet or que l’on évoque comme le plus pur et le plus beau. L’or de Bouré est, avec celui du Bambouk, célèbre depuis l’antiquité ; cette région se situe en haute-Guinée, près de Siguiri, ville située sur le fleuve Niger, près de la frontière malienne.

[11] nyaamri : textuellement « nourriture », le classificateur indiqué par la désinence –ri indiquant qu’il s’agit de celle fournie par les céréales.

[12] Emprunt au français « signer ».

[13] Emprunt à l’arabe [šiddat] « adversité, malheur, violence ».

[14] maccuɗe : pluriel augmentatif du terme maccuɗo qui, à l’époque moderne, a pris dans cette région le sens d’ouvrier agricole, ou de manœuvre.

[15] Variété de riz à balle jaune mais grain très blanc.

[16] woppaali au lieu de la forme plus habituelle au Massina yoppaali, pour respecter les allitérations en wo-. De même, au vers suivant, wonki pour yonki.

[17] Il s’agit de la race de zébus sahéliens élevée par les Peuls de cette région, qui est d’un format plus grand que celle du sud et se distingue aussi des races élevées par les Touaregs et les Maures.

[18] Déformation du mot arabe [burnus], « burnous ».

[19] Ces vaches sont ramenées aux approches du village pour la traite.

[20] jaabike, comme plus bas, yiilike est prononcé jaabikiyiiliki, prononciation dialectale habituelle. Par ailleurs, ce poète utilise indifféremment, pour la voix moyenne, tantôt cette forme –ike du fulfulde du Massina, tantôt la forme –iima du pulaar, importée dans la région par les Toucouleurs venus avec El-Hadj Oumar conquérir la région.

[21] jakka : emprunt à l’arabe [zakāt] « dîme, aumône » et verbe [zakkay] « percevoir/payer la dîme ».

[22] fornii : il « a renforcé », à partir de l’emprunt au français « fort ».

[23] C’est-à-dire depuis l’entrée des troupes d’Al-Hadj Oumar et des Foutankés dans Hamdallaye, en 1862.

[24] Il est classique d’évoquer la vaillance et l’efficacité des troupeaux, lancés contre les armées ennemies, mises en déroute par ces attaques inattendues.

[25] Emprunt au français « vote ».

[26] Textuellement « de la nourriture » ; la base de la nourriture étant le mil ou le riz, le terme de nyaamri a fini par désigner ce que l’on appelle sur place, le « grain ».

[27] Sous-entendu ngesa.

[28] Nom d’un village qui évoque les lavognes, dépressions aménagées en abreuvoirs pour les troupeaux. Il fait face au village de Kâmaka-Sebbé.

[29] Emprunt au français.

[30] Comme bon nombre de termes relatifs à la vie urbaine, ces mots sont des emprunts au bambara : bón kònɔ̀ : « intérieur d’une maison » et bɔ̀lɔn : « vestibule ».

[31] Textuellement « des greniers de vaches… » ; les vaches blanches au museau et aux oreilles d’un gris bleuté sont particulièrement appréciées pour leur beauté. Leur nom suume (pl. cuumi) rappelle le tatouage bleuté dont les jeunes filles peules de cette région soulignent leurs lèvres et le pourtour de leur bouche.

[32] arwiima : métathèse pour awriima.

[33] C’est-à-dire qu’ils représentent le nec plus ultra de ce qui fait la qualité de Cheikh.

[34] Par antonomase, ce nom d’une marque de charrues, Bazak (orthographe ?) désigne la charrue elle-même.

[35] Il s’agit de quelques vaches laitières qui sont gardées près des villages pendant que le troupeau est parti en transhumance.

[36] Autant dire « ceux qui quittent les villages » à la recherche de provisions ; en effet dans cette région que la crue du Niger recouvre, les villages sont bâtis sur les levées de terre qui restent exondées.

[37] Image : textuellement de « planer haut dans les airs ».

[38] Diamali : robe de bovin comprenant trois grandes taches partageant le corps verticalement.

[39] Le goumbala est un genre poétique pratiqué par les Foutankés ; ce sont de courts poèmes accompagnés au luth, sortes d’hymnes guerriers récités à l’adresse des preux. Au Massina, on donne ce nom au luth et à certains airs joués en l’honneur de quelqu’un.

[/av_one_full]

attente 17

 

KURA YANGU / MY VOTE

[av_one_full first]

Yeah, Yeah,
we’re talking HipHop here, We’re talking HipHop here,
tunazungumzia HipHop, we are talking about HipHop,
kama muziki na maisha [1], as music and as life,
siasa ndani, Dokta Levy. politics within, Dr. Levy.
   
Kura yangu toka mikononi mwangu, My vote from my hands,
napiga kumchagua kiongozi wangu, I cast it to choose my leader
atakayeiongoza nchi yangu who will lead my country
niliyopewa na Mungu. which was given to me by God.
Ni kweli It’s true.
Isiwe kura ya kula [2] It shouldn’t be a “vote of eating”,
nikapata hasara which would result in detriment,
kwa kumchagua kiongozi aliyekosa busara. because of choosing an unwise leader.
Noma! A shame!
Tusiwe na mawazo fukara, Let’s not have destitute thoughts,
tukageuza biashara zoezi la upigaji kura. and subsequently turn the voting exercise into business.
Tusichague mradi chama tuangalie ubora wa sera. Let’s not choose just a party, but assess their policies’ quality.
   
Eh mungu! Eh, God!
Kura yangu, waondolee adhabu bibi na babu My vote should remove the burden from grandmother and grandfather
ya kutembea maili nyingi of walking many miles
kwenda kufuata matibabu, noma! To seek medical treatment, a shame!
Nikashindwa kumlaumu kata, waziri na katibu, I can’t blame the ward, minister and secretary,
kaka zangu ngoja nisiendelee kuwasulubu. my brothers, don’t let me continue to aggrieve you.
Uh! Oh!
Ninapokwenda hospitali manesi wawe na adabu. When I go to the hospital the nurses should behave properly.
   
Kura yangu iwapunguzie machungu moyoni My vote should alleviate the bitterness in the hearts
ndugu zangu kufukuzwa machimboni. of my brothers who were driven from the mines.
Salamu mpaka Mbuguni! [3] Greetings to Mbuguni!
Noma! A shame!
   
Mzawa kuondolewa mgeni anapokelewa. The national is being removed, and the stranger welcomed.
Miaka mitano mwanzoni ushuru kodi anafutiwa. For the first five years he needn’t pay taxes or customs.
Nisingependa mambo haya tuendelee kutendewa. I would not like these things to continue happening to us.
Kwa yeyote mwenye akili ninachosema anakielewa. Everybody with a brain understands what I’m saying.
Eheee. Eheee.
   
Wanamuziki hatufiki tunakosa haki miliki.. We musicians don’t succeed ‘cause we lack copy right.
Wabunge wetu watarajiwa kasemeni vikaoni. Our MPs, you are expected to speak out in the meetings.
Kasemeni! Speak out!
Naamini hata nyie hampendi tushinde vijiweni. [4] I’m sure that even you don’t like us to spend our time at the jobless youth’s meeting places.
Acheni fikra potofu kwamba haki iko mbinguni Forget the wrong thought that our right is in heaven.
   
Kiitikio: Chorus:
Kura yangu! My vote!
Nawauliza viongozi waliyesimama, I ask the leaders who stand for election,
ni yupi kati ya wale waliobeba dhamana who among those who gave an election pledge
aweze kutuongoza sisi kwa amani? will be able to lead us peacefully?
Maisha bora mijini na vijijini, A better life in the towns and villages,
hakika sasa jibu ninalo kichwani: sure, now I have the answer in my head:
Kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani: Sure, now I have the answer in my head:
Kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani: Sure, now I have the answer in my head:
Kura yangu! my vote!
   
Bado ninaendelea kusema. I’m still speaking.
Soko huria bado tatizo kwa wakulima. The free market still poses a problem to peasants.
Tuombe tuwe salama. Let’s pray to live in safety.
Yeee! Yeee!
Tunajivunia amani viongozi ndivyo wanavyosema. We are proud of peace, that’s what our leaders say.
Uchaguzi unapokaribia wanarudi majimboni When the election comes near, they go back to their constituencies,
kwenda kujipatia kura kwa blaablaa za mdomoni. to gather votes by blaablaa from their lips.
Noma! A shame!
Na vijisenti kidogo mfukoni kuwarubuni, And small money in their pockets to lure them [the voters],
waweze kuchaguliwa warudi tena bungeni, that they might be elected and go back into parliament
kwenda kupiga soga na kuingiza mamilioni. to chat and pouch millions.
Oooh! Oooh!
Maisha ni duni, pesa inashuka thamani Life is low, money loses its value,
tokea sitini, sabini, themanini mpaka tisini, from the sixties, seventies, eighties till the nineties,
na sasa ni elfu mbili na bado tu yupo tu wizarani. and now it’s two thousand and he is still in the ministry.
Wizarani! In the ministry!
Anapata shinikizo na mwongozo. He gets pressure and guidelines.
Tukapate kiongozi mwenye uwezo kifikra na kimawazo. May we get a leader with intellectual abilities.
   
Mungu ndiye mweza tunamtanguliza. God who is the Almighty, we let him lead the way.
Tangulia! Lead the way!
Tujaliwe tupate kiongozi bora wa kutuongoza. May we get a good leader to lead us the way.
Nawaza kile nasema, nasema kile nawaza. I think this, I say that, I say this, I think that.
Ndiyo hivyo! That’s how it is!
Tunataka utawala bora katika kila idara, We want a better administration in every department,
mahakama, wizara, kwenye mashirika mpaka jela. courts, ministries, in the companies up to the prison.
Jela! The prison!.
Mabadiliko ni ya lazima. Changes are necessary.
Oh! Oh!
Tusikubali kila kitu wanachosema We should not accept everything they say.
Ahaa! Ahaa!
Mahospitali na mashule ya binafsi ndiyo Private hospitals and schools have been started.
yamechukua nafasi,  
Na sasa sitakubali kura yangu kuipoteza. And now I will not agree to gamble away my vote
Noma!!! A shame!
Imetosha nilivyojieleza kwa heri nimemaliza I have now expressed myself sufficiently, good bye, I have
  finished.
Ni kama bado hujamaliza! It is as if you had not finished!
Naisha I end here!
   
Chorus, aha! Chorus, ahaa!
Kiitikio: Chorus:
Nawauliza viongozi waliyesimama, I ask the leaders who stand for election,
ni yupi kati ya wale wajumbe wa dhamana who among those who gave the election pledge
aweze kutuongoza sisi kwa amani .

will be able to lead us peacefully.

Maisha bora mijini na vijijini, A better life in the towns and villages.
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
Kura yangu! My vote!
   
Wataka kura ndiyo wakati siyo – no! You want a “yes” vote while it is “no” – no!
Sikupi ndiyo wakati itikadi zako siyo, I don’t give you “yes” when your commitment is “no”,
na sera zako siyo and your policies are “no”,
yaani kila kitu siyo! in fact, everything is “no”!
Wanasiasa wahuni ni lazima tuwafaini. The corrupt politicians, we have to punish them.
Hata kama mimi ni mwananchi masikini Even if I‘m a poor citizen,
kura yangu ina thamani my vote has a value.
Sasa nishaelimika. Now I have already understood.
Sasa siyo kama zamani This time it’s not like in the past,
sasa sitauza kura kwa pilau [5] kwenye sahani. this time I will not sell my vote for a dish of pilau.
Kha! Kha!
Mtanzania mwenye nia kura yangu ina thamani [I’m] a Tanzanian with a will, my vote has a value.
Nikikupa nataka elimu bora mashuleni If I give it to you, I want good quality education in the schools.
Halafu nataka dawa hospitalini Then I want medicine in the hospitals,
pembejeo za kutosha mashambani enough agricultural tools in the rural areas
na msaada kwa vijana wa mijini and support for the urban youth
kupambana na umaskini. to fight poverty.
Halafu sitaki rushwa kabisa serikalini. Then I don’t want any corruption in the government.
Tunaona kila idara rushwa bado inatawala. We see that in every department corruption is still ruling.
Kura yangu simpi tena waziri wa ile wizara I will not again give my vote to that minister
alikuwa mlalahoi mchapakazi mara leo mfanyabiashara, who was an idler, then a worker and now a businessman,
na anavyozidi kuwa tajiri hali yangu inadorora. and while he is getting richer all the time my living conditions get worse.
   
Ah! Ah!
Kura yangu ndiyo silaha nitaitumiaje vema? My vote is a weapon, how can I use it well?
Labda nimchague mtu nisiangalie tena chama. Maybe I should choose a person without regard to the party.
Haya shemeji kazi kwetu kina baba kina mama. Okay, brother-in-law, we have to tackle it, men and women.
Wengi ni wale wale wa kampeni ya tisini na tano, Many of them are the same like in the campaign of 1995,
watasema yale yale mwaka elfu mbili na tano. they will still say the same in 2005.
HipHop, HipHop,
HipHop! HipHop!
Yeah! Yeah!
   
Kiitikio: Chorus:
Nawauliza viongozi waliyesimama, I ask the leaders who stand for election,
ni yupi kati ya wale wajumbe wa dhamana who among those who gave the election pledge
aweze kutuongoza sisi kwa amani. .

will be able to lead us peacefully.

Maisha bora mijini na vijijini. A better life in the towns and villages.
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!
Hakika sasa jibu ninalo kichwani Sure, now I have the answer in my head,
kura yangu! my vote!

[1] Muziki na Maisha is the title of an album released by Mr. II (one of Sugu’s former names) in 2001.

[2] Kura ya kula (‘a vote of eating’) is a rhyming word-play connecting kura (‘vote’) and kula (‘eat’). This saying alludes to the fact that votes are “sold” for small gifts like food, money, and the like.

[3] The name of a Tanzanite mining area south of Arusha.

[4] Kijiwe (literally ‘little stone’) is a used in colloquial speech to denote the usual meeting place of groups of youth, mainly those who have no job (Reuster-Jahn & Kießling 2006: 131).

[5] [5] Pilau is a dish made from rice, meat, potatoes and spices.

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LILLEL (VERSION COURTE)

[su_video url=”http://ellaf.huma-num.fr/ellaf/videos/lillel2.mp4″ autoplay=”no”]

[av_one_full first]

– Lutti nayaɓol na ? – Il en reste un quatrième ? [La conteuse demande si elle doit ajouter un autre conte]
– Ooho ! – Oui ! [répond Hadidja]
[Rires de la conteuse] [Rires de la conteuse]
Madam oo ! – Madame !
– Ɗaldugo men bee haalaaji. – [Dans l’auditoire :] Nous laisser avec les paroles…
– Taa suddu nga kam! – Ne le couvre pas ! [H. demande à la conteuse de ne pas couvrir le micro avec son pagne]
Maɓɓita nga na ? – Je dois le découvrir ?
– Ooho ! Ooho ! Haa en nanra ! – Oui, oui ! Pour que nous entendions avec !
Yoo ! Mi faami ! – Bon ! J’ai compris !
– En taalan Lillel kadi ? – Nous allons donc conter Lillel ? [demande Hadidja]
Mhm ! Bajjel ! – Oui ! Bajjel[1] !
– Eehe ! – Oui !
Kanngel ngeel kadi, C’est donc lui [le conte de Lillel Bajjel] [que nous allons conter].
min keɓ-, mi heɓtaay haala maajum, Nous n’av-, je ne me souviens plus de cette histoire [que j’avais prévue].
mbiimi ndikka o waɗa ngol kanngol ngool kadi caka maaji. J’ai dit qu’il vaut mieux qu’on mette celui-ci parmi eux [i.e. dans la liste des contes prévus].
Ooho ! – Oui !
Lillel oo, Cette Lillel,
Mhm ! Mhm !
baaba maagel, laamɗo, son père est roi.
dilli jahaangal, Il est parti en voyage
wii yaadikko yoo : et a dit à sa marâtre [à la marâtre de Lillel] :
« Lillel am oo, taata o wurtoo. « – Ma chère Lillel, qu’elle ne sorte pas !
– Yoo, wooɗi, o wurtataako. » – Bon, bien ! Elle ne sortira pas. »
Laamɗo dilli ni, Dès que le roi est parti,
kanko kam o hooƴi faandu o loowi kosam, elle, elle a pris une gourde et a versé du lait dedans,
o wii Lillel : « War nyaaƴ ! » et elle a dit : « Lillel, viens baratter ! »
Jooɗi, ɗon nyaaƴa ni, Elle s’asseoit, et dès qu’elle se met à baratter,
kosam fuŋi dow mum. le lait l’éclabousse.
– Nganyaandi ! – La méchanceté ! [exclamation dans l’auditoire]
O wii Lillel : Elle dit à Lillel :
« Umma dillu haa weendu Hursuuru ! » « – Lève-toi et va [te laver] à la mare de Hursuuru ! »
Weendu boo haa caka laddeeji toon, kuujeeji fuu ngoni ; Cette mare se touve en pleine brousse, tous les animaux sauvages s’y trouvent ;
ko nyaamata fuu. tout ce qui dévore.
Jam, Lillel tokki laawol. Puis, Lillel a pris la route.
– Waay Alla am ! – Oh mon Dieu ! [exclamation dans l’au­ditoire]
Ɓe potti e Lillel. Lillel a rencontré des gens.
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel, où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru[2] que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis[3] !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawda­maari !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour, rentre à la maison ! »
Mhm ! Mhm !
Lillel saali, oo boo yaali : Lillel est passée, une autre personne aussi est passée par là :
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel, où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru, njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
Fotti e oo boo : Elle a rencontré quelqu’un d’autre.
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel, où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawda­maari !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel, où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru, njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Ɗon ni haa Lillel fotti bee fowru. Ainsi jusqu’à ce que Lillel rencontre l’Hyène.
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
Lillel, toy njaataa ? Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
O wii : Elle dit :
[chant] – Hursuuru njahanmi ! [chant] – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari.
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
Kadi boo nga lori zey ! zey ! zey ! Et l’hyène a fait demi-tour [pour croiser Lillel à nouveau], zey, zey zey !
[Rire dans l’auditoire] [Rires dans l’auditoire]
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis.
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
Laamɗo’en mbangiti. Le roi et ses gens ont fait leur apparition.
Goɗɗo wii : « Ɗoo, naa ɗum Lillel ? Quelqu’un a dit : « Elle, n’est-ce pas Lillel ?
– Lillel ? » – Lillel ? » [s’étonne le roi].
O wii : « Piirnanee yam mo daande ! » [Le roi] a dit : « Faites-lui-moi sauter le cou ! »
Ɓe piirni varrr ! On le lui a fait sauter, varr !
Ɓe puɗɗiti. Ils ont repris [leur marche].
Nga loroyi : [L’Hyène] a fait demi-tour.
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
Lillel, toy njaataa ? Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! La lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru, njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
Kadi boo, oo boo wii Lillel ɗon wara. Un autre [membre de la suite du roi] dit que Lillel est en train de venir.
Ɓe piirni ɗum daande. On lui a fait sauter le cou.
Ɓe puɗɗiti wargo. Ils on repris [leur marche].
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti, dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru quu je vais !
« – Lillel am lora yaa huucu ! » « – Ma chère Lillel, fais demi-tour et rentre à la maison ! »
Oo boo wii o ɗon wara. Un autre [membre de la suite du roi] dit qu’elle vient.
Ɓe mbii : « Booɗɗum ! » Ils ont dit : « Très bien ! »
Ɓe mbangiti. Ils sont de nouveau apparus [devant Lillel].
[chant] – Lillel, toy njaataa ? [chant] – Lillel où vas-tu ?
Lillel Bajjel, toy njaataa ? Lillel Bajjel où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi ! – C’est à Hursuuru que je vais !
Hursuuru ndu koole ! Le Hursuuru des Mitragyna inermis !
Kosam fiiti dawdamaari ! Le lait a fait des éclaboussures, dawdamaari !
Hursuuru njahanmi ! C’est à Hursuuru que je vais !
Ɓe mbangiti. Ils ont fait leur apparition à nouveau.
« – Lillel, ko waddu ma ? » « – Lillel pourquoi es-tu venue [ici] ? »
O wii : « Yaadikko am wii sey mi dilla weendu Hursuuru mi yiiwoo. » Elle dit : « Ma marâtre m’a dit d’aller me laver à la mare de Hursuuru. »
Ɓe kooci mo ɓe koori saare. Ils l’ont prise et l’ont ramenée à la maison.
Laamɗo warti, yottiti saare : Le roi est revenu et a regagné sa maison.
« – Ee toy Lillel am kam ? « – Et où est ma chère Lillel ? [demande-t-il à son épouse].
– Kayya ! Laamɗo am, munyaa mi defane nyaamaa ni. » – Voyons, mon roi ! Attends d’abord que je te prépare à manger ! » [dit la femme du roi].
O defi, laamɗo nyaami. Elle a fait la cuisine et le roi a mangé.
« – Ee toy Lillel am kam ? « – Et où est ma chère Lillel ?
– Kayya ! Laamɗo am, caanindiren lee ! » – Voyons, mon roi ! Échangeons des salutations entre nous ! »
Ɓe caanindiri. Ils ont échangé des salutations.
« – Ee toy Lillel am ? « – Et où est ma chère Lillel ?
– Kayya ! Laamɗo am, waala lee, ciiwtooɗaa ! » – Voyons, mon roi ! Couche-toi et repose-toi ! »
O waali, o siiwti. Il s’est couché et s’est reposé.
« – Lillel maa oo, o semtataa. « – Ta Lillel, elle n’a pas de pudeur !
Iga keenya o wurti. Depuis hier elle est sortie.
Miin, mi anndaa toy o dilli. » Moi, je ne sais pas où elle est allée. »
[Rire] [Rires dans l’auditoire]
(Fewre ɓaleere kurum !) (Gros mensonge !) [s’exclame quelqu’un]
[Rire] [Rires]
« – O semtataa, o dilluɗo. « – Elle n’a pas de pudeur, elle est partie !
Miin, mi anndaa e o waɗata fuu. Moi, je ne sais pas là où elle va !
Ko ndilluɗaa, o nanantaa yam. » Depuis que tu es parti, elle ne m’obéit pas ! »
Laamɗo wii : « Booɗɗum ». Le roi a dit : « Très bien ! »
Jam, Puis,
(Ooho ! Yaadikko wooɗaay haa toy fuu !) (Oui ! Les marâtres sont toujours méchantes !) [exclamation dans l’auditoire].
ɓe ndokki Lillel duweeje. ils ont donné à Lillel des aiguilles à cheveux.
Yaadikko wari turi dow mum. La marâtre est venue se pencher sur elle.
Lillel, ɓe loowi ɗum nder buuhuure. Lillel, on l’a fourrée dans un sac.
Lillel wurwiti gite maako fuu. Lillel lui [marâtre] a crevé les yeux.
(Haala timmi !) (L’affaire est terminée !) [exclamation dansl’auditoire]
[Rire] [Rires]
O do’’i, o maayi. Elle est tombée morte !
Ɓe ɓoli mo, ɓe ngaddi laral ɓe ɓili e dammugal. On l’a dépouillée de sa peau et l’on a accroché [cette] peau à la porte.
Lillel yaala faɗɗa, yaalta faɗɗa ! Lillel passe et tape dessus, passe et retape dessus.
Naasta suudu ! Elle entre dans la maison !
Takkaande bojel ! [Marmite] hermétiquement scellée du Lièvre !
Takkitaande bojel ! [Marmite] descellée du Lièvre !

[1].     Précédemment, la conteuse avait établi avec Hadidja une liste de contes qu’elle allait nous interpréter. Dans cette liste, il y avait un certain conte dont la conteuse ne se souvient plus sur le moment. Elle propose donc de le remplacer par « Lillel Bajjel ». Bajjel : « enfant unique ».

[2].     Hursuuru : « la mare de Hoursou ».

[3].     Arbre buissonnant de la famille des Rubiacées, qui pousse dans les bas-fonds ou au bord des mares. Utilisé en pharmacopée.

[/av_one_full]

NYIIWA BEE BOJEL BEE NGABBU / L’ÉLÉPHANT, LE LIÈVRE ET L’HIPOPOTAME

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[av_one_full first]

Nyiiwa bee bojel bee ngabbu. L’Éléphant, le Lièvre et l’Hippopotame.
[– On ɗon taala taali kadi boo na ?] [– Vous contez encore vos contes[1] ?]
– Ooho ! – Oui !
Bee ngabbu. Et l’Hippopotame.
Mhm ! Mhm !
Jonta kam, bojel ɗon yiiloo, ɗon yiiloo, ɗon yiiloo, Alors, le Lièvre se promenait, il se promenait, il se promenait,
Mhm ! Mhm !
yehi fotti bee nyiiwa. et il était allé rencontrer l’Éléphant.
Yehi fotti bee nyiiwa goo, Après avoir été rencontrer l’Éléphant,
Mhm ! Mhm !
bojel wi’ata nyiiwa yoo : le Lièvre dit à l’Éléphant :
« Hm ! Nyiiwa, jonta, nyiiwa, « Hm ! Éléphant, maintenant, Éléphant,
Mhm ! Mhm !
mi wadda ɓoggol nii, j’apporte une corde,
Mhm ! Mhm !
njogooɗaa ɓoggol. tu tiens la corde.
Miin boo mi yaha haa daayiiɗum, mi jogoo ɓoggol. Moi, je m’éloigne, je tiens la corde.
Pooɗpooɗtindiren haa ndaaren moy ɓurata semmbe na. » Tirons mutuellement pour voir qui est le plus fort. »
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa wi’ata : « Hm ! Hey bojel ! Hey bojel ! L’Éléphant dit : « Hm ! Eh ! Lièvre ! Eh ! Lièvre !
Aan oo ni mbi’aa yoo pooɗpooɗtindiren haa ndaara moy ɓurata semmbe C’est toi qui me dis que nous tirions chacun de notre côté pour voir qui est le plus fort ?
Sinaa haa carga yam ? » N’est-ce pas pour m’embêter ? »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Aan kam, poonden ma haa ndaaren. Il dit : « Toi, essayons donc pour voir !
A anndi moy ɓurata semmbe na ? » Tu sais qui est le plus fort ? »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Nyiiwa wii : « Wooɗi. » L’Éléphant dit : « Bon ! »
Bojel hokki nyiiwa ɓoggol. Le Lièvre donna la corde à l’Éléphant.
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa jogake. L’Éléphant la prit.
Bojel dilli, ɗon dura, ɗon dura, ɗon dura, Le Lièvre partit, il pâture, il pâture, il pâture,
yehi tawoyi ngabbu. et va trouver l’Hippopotame.
Ngabbu boo, kanyum mari maayo, ɗon nder maayo tum. L’Hippopotame, c’est lui le maître du fleuve, il est toujours dans le fleuve.
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa, kanyum mari ladde, ɗon nder ladde tum. L’Éléphant, c’est lui le maître de la brousse, il est toujours en brousse.
Mhm ! Mhm !
Suy, Puis,
[Miin kam, mi dilli, Adda !] [Moi, je m’en vais, Adda[2] !]
Ngabbu wi’ata, L’Éléphant dit[3],
Bojel wi’ata ngabbu yoo : le Lièvre dit à l’Hippopotame :
« Ngabbu, jonta, ngabbu, « Hippopotame, maintenant, Hippopotame,
jonta en poondoo lee semmbe men, ndaaren. maintenant mesurons nos forces, pour voir.
Mi hokke ɓoggol njogooɗaa, Je te donne la corde à tenir,
Mhm ! Mhm !
miin doo[4], mi jogoo ɓoggol. moi aussi, je tiens la corde.
En ɗon pooɗpooɗtindira haa ndaaren moy ɓurata semmbe. » Tirons chacun de notre côté pour voir qui est le plus fort. »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ngabbu wii: « Hey bojel ! L’Hippopotame dit : « Eh ! Lièvre !
Aan oo nii jonta pooɗpooɗtindiren haa haa ndaaren moy ɓurata semmbe ? C’est toi maintenant [qui dis] que nous tirions chacun de notre côté pour voir qui est le plus fort ?
Sinaa haa mbi’aa, haa cargaa yam, bojel. » N’est-ce pas pour dire, pour m’embêter, Lièvre. »
O wii : « Aan kam, a anndi no semmbe am foti na, joga lee ! » Il dit : « Toi, tu connais ma force, tiens ça ! »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ngabbu wii : « Yoo, wooɗi ! » L’Hippopotame dit : « Bon, d’accord ! »
Mhm ! Mhm !
Ngabbu goo jogake ɓoggol. L’Hippopotame a tenu la corde.
Bojel dilli naasti ladde ɗon dura. Le Lièvre est parti en brousse et il pâture.
Nyiiwa fooɗa, ngabbu fooɗa. L’Éléphant tire, l’Hippopotame tire.
Daga fajiri, Depuis le matin,
Mhm ! Mhm !
nyiiwa fooɗa haa ɗum laaha, ɗum somsomtindira. l’Éléphant tire tant et si bien que [tous les deux] halètent, ils sont fatigués tous les deux.
Ngabbu wi’a yoo : « Kaay ! Ayyee ! Bojel ni, L’Hippopotame dit : « Kaay ! Ayyee ! Le lièvre !
Mhm ! Mhm !
daga fajiri haa asiri mi waawataa fooɗgo bojel. Depuis le matin jusqu’au soir, je n’arrive pas à tirer un lièvre ?
Mhm ! Mhm !
Kaayeefi kam waɗi. » C’est vraiment qqch d’incroyable ! »
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa boo fooɗa, fooɗa, soma, daroo wi’a yoo : L’Éléphant, également, tire, tire, se fatigue, s’arrête et dit :
« Ayyee ! Bojel ni, miin nyiiwa, Ayyee ! Le Lièvre ! Moi, Éléphant,
mi waawataa fooɗgo bojel mi wartira haa yeeso am daga fajiri haa asiri. je n’arrive pas à tirer un lièvre pour l’amener devant moi, depuis le matin jusqu’au soir ?
Mhm ! Mhm !
Ammaa, bojel, asee, jonta, bojel bee semmbe bannii. » Mais, le Lièvre, ah ! maintenant, le Lièvre est fort comme ça ? »
Bojel fooɗa, ngabbu fooɗa. Le Lièvre[5] tire, l’Hippopotame tire.
Bojel fooɗa, ngabbu fooɗa haa asiri, naange ɗon muta. Le Lièvre tire, l’Hippopotame tire jusqu’au soir, le soleil se couche.
Mhm ! Mhm !
Suy, nyiiwa ɗon tagga ɓoggol. Puis l’Éléphant enroule la corde.
Mhm ! Mhm !
Ngabbu ɗon tagga ɓoggol. L’Hippopotame enroule la corde.
Mhm ! Mhm !
Haa ɓe ngari ɓe potti kakara kap ! Jusqu’à ce qu’ils se rejoignent nez à nez !
« – Hii ! Nyiiwa ! « –Hii ! Éléphant !
– Hii ! Ngabbu ! – Hii ! Hippopotame !
Noy ngabbu? – Que se passe-t-il, Hippopotame ?
Hii ! Miin na ndaa ko bojel wii yam. Hii ! Moi, voici ce que m’a dit le Lièvre.
Mhm ! Mhm !
Bojel wii : “Mi foo-, mi jogoo, kanyum haa fooɗa, Le Lièvre a dit : « Je ti-, je tiens, pour que lui il tire,
miin boo, mi fooɗa, min ndaara semmbe”. et moi, que je tire, que nous comparions nos forces. »
Hii ! Miin doo, na bojel wii yam ka. – Hii ! Moi aussi, le Lièvre m’a dit ça.
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Laa ilaaha illalla ! Laa ilaaha illalla[6] !
Hey bojel ! Hey nyiiwa ! » Hey, le Lièvre ! Hey Éléphant ! »
Booɗɗum ! Bon !
Nyiiwa wii yoo : « Naa non ngaɗten ngab-, ngabbu. L’Éléphant dit : « Ce n’est pas comme ça qu’on doit faire, Hip-, Hippopotame.
Mhm ! Mhm !
Miin, min mari ladde. Moi, je suis le maître de la brousse.
Mhm ! Mhm !
To mi yii bojel ɗon dura haa ladde ɗoo pat, mi wara ɗum. Dès que je verrai le Lièvre pâturer dans la brousse, je le tuerai.
Aan boo, aan mari ndiyam. Toi, c’est toi qui es le maître de l’eau.
Taa bojel yaha yara. Il ne faut pas que le Lièvre aille boire.
To wari haa yara fuu, war ɗum. » Dès qu’il vient boire, tue-le ! »
Mhm ! Mhm !
Yoo, wooɗi ! Asee, bojel ɗon falii sera nana. Bon, bien ! Ah ! Le lièvre est aux aguets, à côté, et il entend.
[Ɓe acca haraka, Adda ! [Il faut qu’ils arrêtent de faire du bruit, Adda[7] !
– Mbi’aa Adda faarta ɓe, ɓe acca haraka !] – Dis à Adda de les chasser, qu’ils arrêtent de faire du bruit[8] !]
Mhm ! Mhm !
Suy bojel kam, Puis le Lièvre,
[Adda, o wii yoo paartaa ɓe, ɓe acca haraka.] [Adda, elle a dit que tu les chasses, qu’ils arrêtent de faire du bruit[9].]
Bojel kam doggi suuɗake, Le Lièvre a couru se cacher,
suuɗoo dura, suuɗoo dura, il se cache et pâture, il se cache et pâture,
Mhm ! Mhm !
suuɗoo dura. il se cache et pâture.
Jam, ɓiira, bojel kam, Puis, ɓiira, le Lièvre,
har suuɗotoo dura, ɗoon, yehi tawi saŋalde waati. là où il se cache pour pâturer, là, il a trouvé un porc-épic mort.
Saŋalde boo, huunde jey mari gi’e gi’e ɗoo, Le porc-épic, c’est une bête qui a des piquants,
huunde jey mari gi’e gi’e ɗoo. une bête qui a des piquants partout.
Ɗon nii nii ɗoo, waati. Ils [piquants] sont comme ça comme ça[10], il est mort.
Mhm ! Mhm !
Buubi ɗon tokkii laral man. Il y a des mouches qui sont après la peau.
Ɓiira, bojel itti laral man fahaat ! ɓorni haa ɓanndu muuɗum. Ɓiira, le Lièvre arrache la peau fahaat[11] ! et l’a mise sur lui.
Mhm ! Mhm !
Suy, ɓiira, buubi ɗon tokkii. Puis, ɓiira, les mouches sont après [lui].
Suy bojel goo ɗon yaha, yehi ɗon dura les nyiiwa, Puis le Lièvre s’en va, il s’en va pâturer à côté de l’Éléphant,
Mhm ! Mhm !
hakkiilo, hakkiilo, buubi ɗon tiŋŋinii. tout doucement, tout doucement, il est couvert de mouches.
Mhm ! Mhm !
Nyiiwa laari : « – Saŋalde ? L’Éléphant le voit : « – Porc-épic ?
– Na’aam ! nyiiwa am ! – Oui ! Cher[12] Éléphant !
– E ko waɗma bannii, saŋalde ? – Et qu’est-ce qui t’arrive comme ça, Porc-Épic ?
(Rire) (Rires)
– Naa bojel siiri yam na ? – N’est-ce pas le Lièvre qui m’a jeté un mauvais sort ?
– Hii, jonta bojel siirotoo na, saŋalde ? – Hii, depuis quand le Lièvre jette-t-il des mauvais sorts, Porc-Épic ?
– Ala, ala, ala, bojel na siirotoo haa mbara, saŋalde. – Ha, ha, ha ! Le Lièvre jette bel et bien des sorts au point de tuer, Porc-Épic[13].
– Useni to a yi’ani yam nyiiwa, bojel, – Si tu me vois l’Éléphant, Lièvre[14],
mbi’aa bojel wara dura, ladde nde maako. dis-lui de venir pâturer, la brousse est à lui.
Kanko mari, useni. » C’est lui [qui en est] le propriétaire, je t’en prie. »
Mhm ! Mhm !
Wooɗi, bojel dilli gal ndiyam, Bon ! Le lièvre est allé du côté de l’eau,
ɗon duu-, ɗon haa yara ndiyam, il pâ-, pour boire de l’eau,
wari tawi ngabbu. et il a trouvé l’Hippopotame.
Ngabbu laari huunde, buubi fuu ɗon tokkii, L’Hippopotame voit la bête, suivie d’un essaim de mouches.
ba nga ɓadake waatgo. comme [un animal] qui est près de crever.
– Hii ! ii ! Bojel, e ko waɗ ma bojel ? – Hii ! ii ! Lièvre, et qu’est-ce qu’il t’arrive Lièvre ?
– Hii, naa ! – Hii, n’est-ce pas !
[Saŋalde] [Le Porc-épic[15]]
– Ko waɗ ma saŋalde ? – Qu’est-ce qu’il t’arrive, Porc-Épic[16] ?
– Naa bojel siiri yam na ? – N’est-ce pas le Lièvre qui m’a jeté un mauvais sort ?
Na bojel siiri yam. C’est bel et bien le Lièvre qui m’a jeté un mauvais sort.
– Jonta bojel siirotoo na, saŋalde ? – Depuis quand le Lièvre jette-t-il des mauvais sorts, Porc-Épic ?
– Ala, ala, ala, ko siiri ba bojel. – Ha, ha, ha ! Qu’est-ce qui jette des mauvais sorts sinon le Lièvre !
Bojel na siirotoo haa mbara. C’est le Lièvre qui jette des mauvais sorts jusqu’à tuer.
– To a yi’ani yam bojel, – Si tu me vois le Lièvre [dit l’Hippopotame],
mbi’aa bojel wara duu-, wara yara ndiyam. dis-lui de venir pâ-, de venir boire de l’eau.
Ndiyam ɗam maako. L’eau lui appartient.
Mhm ! Mhm !
Useni to a yi’ani yam bojel… » Je t’en prie, si tu me vois le Lièvre… »
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Jam, o wii : « Iyo ! » Puis, il dit : « D’accord ! »
Bojel taari nii yehi ɓorti laral goo, sakkini. Le Lièvre est allé faire un tour, il a retiré la peau et l’a jetée.
Mhm ! Mhm !
Suy wari ɗon dura les nyiiwa. Puis il est venu pâturer près de l’Éléphant.
Daga daayiiɗum, bojel, nyiiwa laari bojel. De loin, le Lièvre[17], l’Éléphant a vu le Lièvre.
« Bojel, war ! « Lièvre, viens !
(Rire) (Rire)
Kadi ngam en ngaɗi haala seɗɗa nii, Alors, c’est parce qu’on a eu une petite dispute,
tikkaa mbi’aa a durataa ladde ? que tu te fâches et que tu dis que tu ne vas pas pâturer en brousse ?
Ladde na nde maaɗa ! La brousse est à toi !
Ngaraa nduraa no ngiɗɗaa. Viens pâturer comme tu veux !
Mhm ! Mhm !
Ngaɗaa ko ngiɗɗaa. Fais comme tu veux !
Ladde nde maaɗa. La brousse est à toi.
Kadi to a duraay haa ladde ndee kam, Si ce n’est pas toi qui pâtures dans cette brousse,
moy duri nde ? qui le fera ?
War, dur no ngiɗɗaa. Viens, pâture comme tu veux !
– Iyo wooɗi, nyiiwa am ! » – Bon, d’accord, cher Éléphant ! »
Kadi boo, ngel dilli haa ngabbu. De nouveau, [le Lièvre] est allé du côté de chez l’Hippopotame.
Ngabbu ƴeewi haa daayiiɗum : L’Hippopotame l’a aperçu de loin :
« Bojel, bojel, war waaye ! « Lièvre, Lièvre, viens, mon ami[18] !
War waaye bojel ! » Viens mon ami Lièvre ! »
Bojel wari. Le Lièvre est venu.
« Kadi ndiyam ɗam maaɗa ni, a warataa njaraa. « Alors que cette eau est à toi, tu ne viens pas boire ?
Mbi’aa yoo ngam en ngaɗi haala seɗɗa, Tu dis que c’est parce que nous avons eu une petite dispute,
mbi’aa yoo a tikki a warataa njaraa ndiyam. tu dis que tu es fâché et que tu ne vas pas venir boire de l’eau ?
Toy ngarataa njaraa ndiyam sinaa haa ɗoo ? Où iras-tu boire de l’eau sinon ici ?
Mhm ! Mhm !
War yar ndiyam maa no ngiɗɗaa. » Viens boire de l’eau comme tu veux. »
Mhm ! Mhm !
Bojel heɓti hoore muuɗum. Le Lièvre s’est sauvé.
Takala mulus ! Takala mulus !
(Rire) (Rires)

[1] Question posée à la conteuse par une femme de passage.

[2] Une femme de l’auditoire prévient la conteuse qu’elle s’en va.

[3] La conteuse se trompe et se reprend immédiatement.

[4] Variante de boo.

[5] La conteuse se trompe. Elle voulait dire « l’Eléphant ».

[6] Littéralement : « il n’y a d’autre dieu que Dieu ! » ; fait partie de la profession de foi islamique. Ici, comme dans le langage courant, c’est simplement une exclamation qui marque la réprobation, la stupéfaction, etc.

[7] La conteuse s’adresse à une femme surnommée « Adda » [grande sœur] et lui demande de faire cesser le bruit qui la dérange.

[8] Comme Adda ne comprend manifestement pas ce qu’on lui demande, la conteuse demande à une petite fille d’aller redire la chose à Adda.

[9] La petite fille s’adresse à Adda.

[10] La conteuse fait un geste pour montrer comment les piquants sont dressés.

[11] Idéophone qui décrit le geste et le bruit d’une peau qu’on arrache sur un animal mort.

[12] Litt. « mon Éléphant » ; comporte une forte nuance d’affectivité.

[13] La conteuse s’est trompée et voulait dire « Eléphant ».

[14] La conteuse voulait dire : « Si tu me vois le Lièvre, Eléphant… »

[15] Un personne de l’auditoire fait comprendre à la conteuse qu’elle s’est trompée et rectifie son erreur.

[16] La conteuse se reprend en corrigeant.

[17] Lapsus de la conteuse, qui se reprend immédiatement.

[18] Appellation familière entre membres d’une même classe d’âge ; en dehors de ce cadre, peut être considéré comme un manque de respect.

[/av_one_full]

WUDAALO-WUDAALO

[av_one_full first]

Wudaalo-Wudaalo ! – Wudaalo-Wudaalo[1] !
(Rires) (Rires)
Yoo ! Ɗoo kam, timmi na ? Bon ! Celui-ci est fini ?
Wudaalo-Wudaalo na ? [Je conte] Wudaalo-Wudaalo ?
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Wooɗi ! Huuduure e daande ! Bon ! Bien ! La plaie au cou[2] !
(Yolnde e tiinde !) (L’entrée au front !)
Ɓinngel ngeel, Cet enfant,
Mhm ! Mhm !
ɓii laamɗo, kanko boo… c’est un fils de roi, lui aussi…
Sonndu ɗon. Il y a un oiseau.
O yaali sonndu ɗon nyaama nyaande har wiɗaago ɗoo. En passant, [il trouve] un oiseau qui mange de la bale en grattant le sol.
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Ayyee, sonndu am ! Il dit : « Oh[3] ! mon oiseau !
Ayyee, gawri baaba am mari ndii pat ni, Oh ! Avec tout ce que mon père possède de mil,
ngaraa a ɗon wiɗoo nyaande meere ! tu viens gratter la bale seulement !
Mhm ! Mhm !
Ii ! Fayannde amin woore boo a saftan. » Ii ! Une seule de nos marmites pourrait te suffire. »
Wooɗi, sonndu fiiri var ! Bon, l’oiseau s’envola var[4] !
tokkii mo wi’i mo : « Ndeen kam, ndillen ma ! » le suivit et lui dit : « Alors, allons-y ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe ngari her gawri dubbe unordu maɓɓe. Ils allèrent vers le mil qui se trouvait tout autour de leur mortier.
O waddi sonndu her gawri dubbe unordu. Il amena l’oiseau dans le mil qui se trouvait tout autour du mortier.
Sonndu suppi cap ! cap ! cap ! timmini ! L’oiseau picora cap ! cap ! cap ! et mangea tout !
Mhm ! Mhm !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
(Rire) (Rires)
O wi’i : [L’enfant] dit :
« Daada am, nanii na[5], [CHANT] « Ma mère, écoute,
Baaba am, nanii na, Mon père, écoute
Ko colel wi’atammi, Ce que l’oiseau me dit,
Collalel[6] ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo[7] !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe naastini mo, um, hum, fayannde. Ils l’ont mis dans, euh, euh, un récipient en terre.
Mhm ! Mhm !
Suppi pat, timmini, wurtii. Il a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti.
(Kaay !) (Kaay !)
Mhm ! Mhm !
(Kuugal na waɗi) (Ça c’est du boulot[8] !)
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
« Daada am nanii na, [CHANT du garçon] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo, Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Ɓe naastini mo beembal. On le fait entrer dans le grenier.
Mhm ! Mhm !
Sonndu suppi pat, timmini wurtii ! L’oiseau a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé !
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe naastini mo ngaska gawri, ɓe ufti. Ils le font entrer dans le silo à grain, ils le déterrent[9].
Sonndu naasti suppi pat timmini, wurti ! L’oiseau y est entré, il a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti !
Mhm ! Mhm !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Jonta kam, min timmi, [L’enfant] dit : « Maintenant, nous sommes fichus,
sey na’i amin lutti. » il ne [nous] reste plus que nos vaches. »
Moɗi na’i goo fuu. [L’oiseau] avala toutes les vaches en question.
Hmm ! Hmm !
Kadi boo : De nouveau :
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
O wi’i : [L’enfant] dit :
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
O wi’i : « Jonta kam, [L’enfant] dit : « Désormais,
sey minin lutti bee baaba am bee daada am. » il ne reste plus que moi, mon père et ma mère. »
O wi’i : « Janngo, taa meetu ! » [L’oiseau] dit : « La prochaine fois, ne recommence pas ! »
O tuuti kuuje maɓɓe goo pat, L’oiseau régurgita tous leurs biens,
koo gawri dubbe unordu. même le mil autour du mortier.
O wi’i : « To a tawi sonndu ɗon suppa e nyaande mum, [L’oiseau] dit : « Si tu trouves un oiseau qui picore dans sa bale,
accu suppa ! laisse-le picorer.
Mhm ! Mhm !
A anndi no reedu mum foti na ? » Connais-tu la contenance de son ventre[10] ? »
(Rires) (Rires)
Takkaande bojel ! Takkaande bojel[11] !
(Sakko mbi’aa a jogotoo na ?) (Et tu dirais que tu vas t’occuper de lui[12] ?)
(Rires) (Rire)

[1] Un homme de l’assistance rappelle à la conteuse le titre du prochain conte qu’elle a promis.

[2] La conteuse se remémore une phrase caractéristique du conte, et un personne de l’assistance dit la suivante.

[3] Ayyee : exclamation marquant la pitié.

[4] Idéophone formellement apparenté à une racine verbale tchadique *fr.

[5] Littéralement : « n’as[-tu] pas entendu ? »

[6] Forme poétique pour collel « petit oiseau »

[7] L’enfant répète le chant de l’oiseau.

[8] Commentaire d’une auditrice.

[9] Autrefois, on creusait de profonds silos à grain dans la terre, et on les rebouchait soigneusement.

[10] L’oiseau conseille à l’enfant de laisser les oiseaux picorer comme ils ont l’habitude de le faire, sans leur proposer quoi que ce soit d’autre, au risque de se retrouver ruiné.

[11] Formule conclusive.

[12] Commentaire d’une personne de l’auditoire.

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LILLEL (VERSION LONGUE)

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[av_one_full first]

(Rires)

(Rires)
Yoo ! Bisimilla ! Lillel na ? Bon ! Bisimilla[1] ! [Le conte de] Lillel[2] ?
Mhm ! Mhm !
Lillel boo, ɓii laamɗo ! La Lillel en question, elle est fille de roi !
Laamɗo danyi mo. C’est un roi qui l’a mise au monde.
Ooho ! Ooho !
Laamɗo yiɗaa o wurtoo sam, Le roi ne veut absolument pas qu’elle sorte.
O gooto pal, o mari mo. Il n’y a qu’elle qu’il a.
Mhm ! Mhm !
Laamɗo dillan jahaangal. Le roi s’apprête à partir en voyage.
O wi’i debbo mum yoo, o yaadikko : Il dit à sa femme, c’est une marâtre[3] :
« – Useni, Lillel am oo, taa o wurtoo ! « – S’il te plaît, ma chère Lillel, il ne faut pas qu’elle sorte !
Mhm ! Mhm !
To mi dilli, Quand je serai parti,
useni, taa accu o wurtoo o yaha wuro. s’il te plaît, ne permets pas qu’elle sorte et qu’elle aille dans le village.
A giiɗo o yiilataako. Tu vois qu’elle ne se promène pas.
– Aa booɗɗum ! – Bien ! D’accord !
Aa kadi, laamiiɗo am, ko o waɗta wuro ? » Ah, mon cher roi, qu’est-ce qu’elle ferait dans le village ? »
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Na laamɗo’en kam na ngurtake ndilli ! Bon ! Le roi et sa suite s’en vont !
Jam, o loowi paala kosam. Puis, elle [marâtre] a rempli une grande gourde de lait.
Mhm ! Mhm !
O wi’i Lillel goo : « Ndaa ! Nyaaƴanam ! » Elle a dit à Lillel : « Tiens ! Baratte-le moi[4] ! »
Mhm ! Mhm !
Lillel jooɗi ɗon nyaaƴa. Lillel s’assoit et baratte.
Suy, paala fuŋi dow mum ! Puis la grande gourde l’éclaboussa !
Kosam ɓakkake ɗum ɓanndu fuu. Elle fut couverte de lait.
Mhm ! Mhm !
O wi’i : Elle [marâtre] dit :
« Ɓiira, mi yii ma toy keɓataa ndiyam ngiiwooɗaa ! « Ɓiira, je vais voir où tu vas trouver de l’eau pour te laver !
Dillu haa weendu Hursuuru ! » Va à la mare de Hoursou ! »
Mhm ! Mhm !
Wooɗi. Lillel ummake tokkake laawol. Bon. Lillel se leva et se mit en route.
Mhm ! Mhm !
Wurtake, Elle sortit
Mhm ! Mhm !
fotti e yimɓe. et rencontra des gens.
Yimɓe boo pat anndino mo o wurtataako. Tout le monde savait qu’elle ne sortait jamais.
Ooho ! Ooho !
« – Hii ! Lillel, toy njaataa ? [CHANT[5]] « – Hii[6] ! Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare des Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussée, daydamaari[7],
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
Mhm ! Mhm !
« Lillel am lora yaa huucu ! » « Ma chère Lillel, reviens, rentre à la maison ! »
Mhm ! Mhm !
O saalake oon kam. Elle dépasse celui-ci.
Oo boo, ɓe pottoyi. Celui-là, ils se sont rencontrés[8].
« – Hii, Lillel, toy njaataa ? [CHANT] « – Hii, Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare de Hoursou aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussé[e], daydamaari,
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
Mhm ! Mhm !
« Lillel am lora yaa huucu ! » « Ma chère Lillel, reviens, rentre à la maison ! »
Mhm ! Mhm !
Oo boo saalake. Celui-ci aussi passa.
O fottoyi e oya boo. Elle en rencontra un autre.
« – Hii, Lillel, toy njaataa ? [CHANT] « – Hii, Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare de Hoursou aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussé[e], daydamaari,
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
Mhm ! Mhm !
« Lillel am lora yaa huucu ! » « Ma chère Lillel, reviens, rentre à la maison ! »
Mhm ! Mhm !
Lillel fotti bee fowru boo. Lillel rencontra aussi l’Hyène.
« – Hii, Lillel, toy njaataa ? [Chant[9]] « – Hii, Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare de Hoursou aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussé[e], daydamaari,
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
Mhm ! Mhm !
« Lillel am, lora yaa huucu ! » « Ma chère Lillel, reviens, rentre à la maison ! »
Kadi boo nga lori. De nouveau la [sale bête] revient.
(Rire) (Rire)
« – Hii, Lillel, toy njaataa ? [CHANT] « – Hii, Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare de Hoursou aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussé[e], daydamaari,
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
Mhm ! Mhm !
Lamɗo goo boo ɗon warta ! Le roi, lui, revient !
Mhm ! Mhm !
Biiro mum gooto ƴeewi wi’i ɓe : L’un de ses notables a vu de loin [Lillel et l’Hyène] et a dit [au roi et à sa suite] :
« Sike miin na, mi giiɗo ba Lillel wiirti ! » « J’ai comme l’impression d’avoir vu passer furtivement quelqu’un qui ressemble à Lillel ! »
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Piirnanee yam mo daande. [Le roi] dit : « Faites-lui sauter la tête[10].
Lillel am oon wara haa ɗoo ? » C’est ma Lillel qui vient ici ? »
Mhm ! Mhm !
Kadi boo powa lorake. La sale Hyène revint encore.
« Lillel, toy njaataa ? [CHANT] « Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? » Lillel la fille unique, où vas-tu ? »
O wi’i: Elle dit :
« Hursuuru njahanmi, « C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari. Le lait [l’] a éclaboussé[e], daydamaari.
Hursuuru njahanmi. C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
« Lillel am, lora, yaa huucu ! » « Ma chère Lillel, reviens, rentre à la maison ! »
Mhm ! Mhm !
Kadi boo nga lori. La sale [bête] revient.
« – Lillel, toy njaataa ? [CHANT] « – Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussé[e], daydamaari.
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
« Lillel am, lora yaa huucu ! » « Ma chère Lillel, reviens, rentre à la maison ! »
Oya goo, goɗɗo boo wi’i: L’autre, quelqu’un d’autre dit aussi [au roi] :
« – Alla woonane, ɗum Lillel, mi giiɗo mo. « – S’il vous plaît[11], c’est Lillel, je l’ai vue.
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
– Piirnee mo daande ! » – Faites-lui sauter la tête ! »
Ɓe piirni mo. Ils la lui firent sauter.
Mhm ! Mhm !
Kadi boo nga lori. La sale [bête] revint encore :
« – Lillel, toy njaataa ? [CHANT] « – Lillel, où vas-tu ?
Lillel bajjel, toy njaataa ? Lillel la fille unique, où vas-tu ?
– Hursuuru njahanmi, – C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru njahanmi, C’est à la mare de Hoursou que je vais,
Hursuuru ndu koole. La mare aux Mitragyna inermis.
Kosam fiiti daydamaari, Le lait [m’]a éclaboussé[e], daydamaari.
Hursuuru njahanmi. » C’est à la mare de Hoursou que je vais. »
Mhm ! Mhm !
Laamɗo’en mbangiti vaaw ! Le roi et ses gens réapparurent brusquement.
Jam, powa doggi. Puis, la sale Hyène s’enfuit.
Mhm ! Mhm !
« Hii ! Lillel ! » « Hii ! Lillel ! »
Ɓe kooci Lillel. Ils prirent Lillel.
Mhm ! Mhm !
Ɓe njooɗake les lekki. Ils s’assirent sous un arbre.
« E toy njaataa ? » « Où vas-tu donc ? »
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Nyannde ndilluɗon goo baaba am, Elle dit : « Le jour où vous[12] êtes partis, papa,
yaadikko loowi faandu. [ma] marâtre a rempli [de lait] une gourde.
Mhm ! Mhm !
O wi’i mi nyaaƴana mo. Elle m’a dit de la lui baratter.
Mhm ! Mhm !
Nyaaƴmi, mi ɗon nyaaƴa ni, kosam fiiti dow am. Je l’ai barattée, et dès que je me suis mise à la baratter, le lait m’a éclaboussé.
O wi’i yam mi hok-, o hokkataa yam ndiyam. Elle m’a dit[13] je vais te don-, qu’elle ne va pas me donner d’eau.
Sey mi dilla haa weendu Hursuuru qu’il faut que j’aille à la mare de Hoursou
Mhm ! Mhm !
mi yiiwoyoo. » pour me laver. »
Booɗɗum ! Ɓe kooci mo, ɓe kuucidi wuro. Bien ! Ils la prirent et la ramenèrent avec eux au village.
O weernoyi mo saare maccuɗo goɗɗo. [Le roi] l’hébergea dans la maison d’un esclave.
Mhm ! Mhm !
Yoo ! O warti saare, Bon ! Il revint au palais,
o yottitake ! il y arriva !
« – Kaay ! Laamɗo am ! A warti ? « – Kaay[14] ! Mon roi ! Tu es de retour ?
Kaay ! Laamiiɗo am ! A jaɓɓaama ! Kaay ! Mon roi ! Sois le bienvenu !
Kaay ! Laamɗo am ! » Kaay ! Mon roi ! »
O waddi ndiyam. Elle [lui] apporta de l’eau[15].
« – E toy Lillel am ? « – Et où est ma chère Lillel ?
– Kayya ! Laamɗo am ! – Kayya [16]! Mon roi !
Ndiyam a yaraay ni ƴama Lillel ! Tu n’as pas [encore] bu d’eau et tu me demandes [des nouvelles de] Lillel !
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ko waɗta mo ? » Qu’est-ce qui peut bien lui arriver ? »
Mhm ! Mhm !
Lillel yari, o defani ɗum kadi boo, o waddi. [Le roi[17]] a bu, elle lui a fait à manger et le lui a apporté.
« – Kaay ! E toy Lillel am ? « – Kaay [18]! Et où est ma chère Lillel ?
– Aan laamɗo am ! – Toi, mon roi !
Lillel kam, na ɗon saare ton ni ! Lillel, elle est tout simplement dans la concession !
Mhm ! Mhm !
Toy o yaata ? » Où peut-elle bien aller ? »
Laamɗo nyaami. Le roi mangea.
« – E toy Lillel am ? « – Où est donc ma chère Lillel ?
– Aan laamɗo am, – Toi, mon roi,
koo siiwtaago a siiwtaaki ni, a ɗon ƴama Lillel ! tu ne t’es même pas reposé un instant et tu demandes [après] Lillel !
Mhm ! Mhm !
– Ee toy Lillel am ? – Où est donc ma chère Lillel ?
– Lillel oo iga[19] fajiri wurtii ɗoo o wartaay. – Cette Lillel, depuis le matin elle est sortie et elle n’est pas rentrée.
Mi anndaa e o hokkii. » Je ne sais pas vers où elle est allée. »
Mhm ! Mhm !
Laamɗo wi’i : « Wooɗi ! Le roi dit : « Bien !
Ayyee ! Mi wiino ayna mo ni, Pourtant, je t’avais dit de la surveiller,
Mhm ! Mhm !
accaa o dilla ? et tu la laisses partir ?
– Kaay ! Lillel maa semtataa ! » – Kaay ! Ta Lillel ne respecte rien ! »
(Rire) (Rires)
Wooɗi ! Bon !
Laamɗo yehi wi’i Lillel : Le roi alla dire à Lillel :
« – E noy ngiɗɗaa mi waɗane yaadikko maa ? « – Que veux-tu donc que je fasses à ta marâtre ? »
O wi’i : « Ngaddaa buhuure loowaa yam. Elle dit : « Apporte un sac et mets-moi dedans.
Ndokkon yam duweeje ɗiɗi mi jogoo. Donnez-moi en main deux aiguilles à tresser.
Mhm ! Mhm !
Njaaron yam haa suudu kisin njo’’inon yam. Emmenez-moi dans la cuisine et déposez-y-moi.
Mbi’aa a warti, o yaha o hooca ufuru man. » Dis que tu es rentré [de voyage], qu’elle aille prendre ce paquet[20]. »
Ɓe ngaati mo nder buhuure, On la mit dans le sac,
ɓe ndokki mo duweeje. et on lui a donné les aiguilles.
Jam laamɗo wari naasti suudu, Puis le roi est entré au palais
wi’i : et a dit :
« Yaa haa suudu too, woodi ko tawataa. » « Va dans la case, là-bas, il y a quelque chose que tu y trouveras. »
Mhm ! Mhm !
Jam o wari o naasti, Puis [la marâtre] y alla et y entra,
o turi haa o efta nii. elle s’est penchée comme ça pour soulever [le sac].
Suy Lillel waddi duweeje, ɗisi e gite maako, Puis Lillel prit les aiguilles et les lui planta dans les yeux,
ɓiira, wurwi ɗe. ɓiira, et les y fit tourner.
Ɗon wurwa, ɗon wurwa ! Elle les tourne, elle les tourne !
O ɗon wooka ni haa o do’’ii ɗoon o maayi. [La marâtre] crie jusqu’à ce qu’elle tombe là et meure.
O wi’i : « Ɓolon mo ! » [Lillel] dit : « Arrachez-lui la peau ! »
Ɓe kaɓɓi mo her caka dammugal. Ils attachèrent [la peau] entre les montants de la porte.
Lillel wi’i yaalta faɗɗa laral maako, Lillel dit qu’en repassant, elle doit frapper sur sa peau,
wurtoo faɗɗa laral, qu’en sortant, elle doit frapper la peau,
yaalta ! en repassant… !
Takkaande bojel ! Takkaande bojel[21] !
(Rires)  

[1] « Au nom de Dieu ! » Exclamation que l’on formule avant de se lancer dans quoi que ce soit.

[2] Nom sans signification précise, de forme diminutive.

[3] Incise de la conteuse, pour indiquer que la femme en question est la marâtre de Lillel.

[4] La marâtre demande à Lillel de lui baratter le lait qui est dans la gourde.

[5] Les deux premiers versets sont chantés par la personne rencontrée sur la route. Ensuite vient la réponse de Lillel.

[6] Exclamation marquant un fort étonnement.

[7] Mot inséré sans doute pour des raisons de prosodie ; il n’a pas de sens particulier, semble-t-il.

[8] Lillel continue son chemin et laisse derrière elle la première personne qui l’a interpellée. Une autre personne l’interpelle à nouveau.

[9] Les deux premiers versets sont chantés par la conteuse avec une grosse voix, censée représenter celle de l’Hyène.

[10] Littéralement : « le cou ».

[11] Formule de politesse pour demander au roi la permission de s’adresser à lui ; signifie littéralement : « Que Dieu soit bon pour toi ! »

[12] Il ne s’agit pas ici d’un pluriel de politesse. « Vous » inclut le roi et la troupe qui l’accompagnait.

[13] Hésitation de la conteuse, qui se reprend.

[14] Ici, c’est la marâtre qui parle. Elle se réjouit du retour du roi.

[15] Geste naturel envers quelqu’un qui arrive chez vous.

[16] Exclamation à valeur de reproche.

[17] La conteuse se trompe et dit « Lillel » ou lieu du roi.

[18] Par cette exclamation, le roi repousse la nourriture qu’on lui apporte, semble-t-il.

[19] Variante locale de diga « depuis ».

[20] La fille dit à son père de faire croire à sa marâtre qu’il lui a rapporté quelque chose de son voyage.

[21] Formule de clôture.

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attente 16

 

FOWRU E MBAROODI E ƁIKKON MUM

 

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– Wonnoo ɗoo ko fowru.

Ndu sumi ladde fof. Ndu wii : « Ndee ladde sukkunde, hay batte yi’etaake heen ! Miin sumi nde. » Ndu wii : « Ladde sukka tan, a danyataa hay ko nyaamɗaa ? Kulle fof coorniima heen. Huunde wontaa soorno ɗoo tawa mi yi’aani. »

Ndeka cumu nguu sumii ɓikkon mbaroodi haa koonyi. Ndu tawi mbaroodi ina jiimi e ɓikkon mum, ina hawsa. Ndu wii : « Kaawu Mbaroodi, miin sumi ladde ndee fof, kulle fof tan coornoo e ladde, hay huunde a yi’ataa ! Miin sumi ndee ladde reedaande. Nyawu, jooni dey ko felti ɗoo fof, mi yi’an ɗum ! » Mbaroodi wii : « Aan kay, ko cumu maa nguu sumi cukalon am kon ! ».

Fowru ndaari leydi, tan yii ɓikkon mbaroodi ina kooyni takke, ina koonyi. Fowru wii : « Alaa, Kaawu Mbaroodi, a yi’ii, cumu am nguu, nde faandii ɗoo, tan ngu waɗi keel, ngu faati too. Cumu am nguu yettaaki gaay. Wonaa miin ! »

Mbaroodi wii : « Hannde ko mi baroowo ma tan. Aan kuɗaaɗo oo, a anndaa ko dunndu suuɗi mbaroodi, mbaroodi suuɗi dunndu, ko dunndu suuɗi enen fof ? »

Fowru dogi ronki yiide dunndu ɗo suuɗii. Mbaroodi aafi fowru…

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DIALA DE TAMMBA – CONTEXTE ANTHROPOLOGIQUE

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1 – Les deux transhumances

La vie pastorale des Fulɓe (Peuls) de Tiguine est rythmée par la succession des saisons : ndunngu, la saison des pluies ou hivernage de début juillet à mi-octobre, à laquelle succède dabbunde, la saison sèche et fraîche de mi-octobre à février, puis vient ceeɗu, la saison sèche et chaude de mars à juin. Suivant ce rythme annuel, les éleveurs de Tiguine effectuent deux transhumances: seeɗoyde, la transhumance de saison sèche, et ruumoyde, la transhumance de saison des pluies.

Voici comment se déroule une année pastorale.
 Lorsque prend fin la saison des pluies, début octobre, certaines familles se préparent pour la transhumance de saison sèche vers le ɓaleeri, le sud. Ce ne sont pas seulement les bergers et leurs troupeaux qui s’apprêtent à partir, mais toute la famille. Le matin du départ, les femmes sortent des maisons tous les bagages nécessaires pour un voyage de huit à neuf mois. Au milieu de la cour de la concession, elles placent dans de grands filets, les ustensiles de cuisines : pilons, mortiers, marmites… ; les malles et les sacs qui contiennent les vêtements, les draps, les couvertures… ; quelques réserves de nourriture : riz, maïs, arachide, huile… ; les nattes, les bois des lits et parfois les bois qui constituent l’armature des cases en paille. Les jours qui précèdent, les hommes ont rassemblé les ânes qui viennent de passer trois mois de vie sauvage, en toute liberté, dans la savane. Les filets contenant les bagages sont posés en équilibre et sans attache sur le dos et les flancs des ânes. Les femmes et les enfants grimpent sur les animaux et s’assoient entre les bagages. La famille quitte alors la concession et part pour un périple de huit à neuf mois. Les hommes les accompagnent, certains à pieds, d’autres feront le voyage à vélo, à cheval ou sur une petite moto. Le même jour, les bergers quittent le village avec leurs troupeaux de vaches, de moutons et de chèvres. Tous, famille, bergers et troupeaux, se retrouveront le soir dans un premier campement.

Les départs des différentes familles et des troupeaux vont ainsi s’échelonner sur une période de deux à trois mois. Au bout du compte, ce sont les deux tiers du village qui partent en transhumance, soit près de deux mille personnes sur les trois mille habitants de Tiguine.

Pour chaque famille, la transhumance vers le sud est jalonnée de campements successifs. Si on rencontre de bons pâturages, on s’installe pour quelques jours ou quelques semaines dans un campement. Les femmes construisent les cases recouvertes de paille. Les bergers passent la journée dans la savane à faire pâturer les animaux et rentrent au campement pour passer la nuit. Si on ne trouve pas de bons pâturages, on ne défait pas les bagages et on déménage dès le lendemain matin.

La destination finale n’est pas la même pour toutes les familles. Certaines s’installent à seulement une trentaine de kilomètres du village. Ensuite on peut rencontrer presque tous les dix kilomètres le campement d’une famille de Tiguine. Mais nombre d’entre elles partent s’installer avec leurs troupeaux, plus au sud, dans la région de Bafoulabé, au confluent du Bafing et du Bakoye. D’autres poursuivent encore leurs transhumances plus au sud, pour fixer leurs campements définitifs dans la région de Manantali, sur les rives du Bafing, soit à environ 250 à 300 kilomètres de Tiguine. Suivant les années, l’abondance ou la maigreur des pâturages rencontrés, le temps passé dans les campements successifs, le trajet pour atteindre la destination finale peut durer de deux à trois mois. Une fois sur place, la famille installe un campement définitif pour y vivre pendant quelques mois. Si les pâturages et les points d’eau sont satisfaisants aux alentours, les bergers mènent paître leurs troupeaux dans la savane environnante et rentrent chaque soir au campement. Mais certains bergers continuent la transhumance, seuls avec leurs troupeaux pendant plusieurs semaines, voir quelques mois. Ils peuvent ainsi aller, de pâturage en pâturage, encore plus au sud, jusqu’à la frontière guinéenne.

Après plusieurs mois passés au ɓaleeri, au sud, lorsque le mois de juin revient et que la saison des pluies approche, tout le monde, hommes et animaux, prend le chemin du retour vers Tiguine. Arrivée au village, chaque famille réintègre sa maison en banco et s’installe confortablement pour passer toute la saison des pluies de début juillet à début octobre. Certaines familles, qui n’ont pas de maison « en dur », installent un campement à la périphérie du village. La plupart des troupeaux de bovins passent également l’hivernage aux alentours du village.

Par contre, les bergers de moutons et leurs troupeaux ne font qu’un passage éphémère à Tiguine. Après quelques jours passés au village, ils repartent en transhumance, mais cette fois-ci seuls avec leurs troupeaux, sans la famille, et dans la direction opposée, vers le Sahel, le nord.

Le but de cette transhumance de saison des pluies est les Rochers de Gana[2], en territoire mauritanien, à environ 200 kilomètres au nord de Tiguine. Les bergers et leurs animaux partent pour un périple de deux à trois mois. Les conditions de vie sont rudes. Comme c’est l’hivernage, ils doivent subir les violents orages, faire traverser des cours d’eau, gonflés par les pluies, à leurs animaux. Ils dorment à la belle étoile, doivent surveiller jours et nuits leurs animaux (voyager à plusieurs permet d’alléger les difficultés). Ils se nourrissent essentiellement de lait et parfois de viande.

Les paysages traversés sont changeants. Après les terres ocre et la savane arborée, c’est le sable blanc qui domine avec des prairies de hautes graminées à perte de vue. Un peu plus au nord, la végétation côtoie les premiers signes du désert : des dunes de sable qui ondulent jusqu’à l’horizon.

Après un mois de marche, le but de la transhumance est atteint. Il s’agit d’une dépression bordée de rochers : les Rochers de Gana. Certaines années, le centre de cette dépression est occupé par un petit lac d’eau salée formé à partir de résurgences. Les années plus sèches, l’eau ne sourd pas et reste au fond de quelques puits. Les bergers ont conduit leurs moutons jusqu’ici pour qu’ils fassent une cure d’eau salée. Cette cure va les purger et leur apporter des sels minéraux. De plus les bergers enduisent certains de leurs animaux, ceux au pelage noir et brun-rouge, d’un emplâtre de boue, pour couper les poils et donner une couleur plus intense au pelage.

Quand la cure salée des animaux est terminée, les bergers et leurs moutons prennent le chemin du retour vers Tiguine où ils arriveront vers le début du mois d’octobre en même temps que la fin de la saison des pluies. Ce retour boucle un cycle annuel et annonce le suivant. Après quelques jours passés au village, les bergers et les troupeaux repartent en transhumance, mais cette fois avec leurs familles et vers le sud.

2 – Distinction entre gaynaakoaga et ŋaaba

Toute personne qui garde du bétail (bovins, ovins, caprins), même s’il s’agit simplement de mener les animaux au pâturage pour la journée et de rentrer le soir au village ou au campement, est appelée gaynaako (pluriel : aynaaɓe). Ce mot peut donc être traduit par : gardien de bétail.

Par contre un aga (pluriel : agaaɓe) va partir seul avec son troupeau, pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, pour effectuer la transhumance. Plusieurs agaaɓe peuvent faire la transhumance ensemble. Mais qu’il soit seul ou non, la vie d’un aga est une vie dans la savane, jour et nuit, pendant de longues périodes, avec le troupeau. De plus quand on est aga, on participe à la compétition qui aboutira à désigner le meilleur berger de l’année. C’est donc ce mot d’aga que l’on traduira par : berger ou berger transhumant.

A Tiguine, quand on devient aga, on l’est pendant sept ans. Ensuite on quitte le « statut » d’aga pour devenir ŋaaba (pluriel : ŋaabaaji), c’est à dire : ancien aga. Mais quand on est ŋaaba, on n’en continue pas moins à faire les transhumances. Par contre on ne participe plus à la compétition entre bergers.

Il n’y a pas d’âge précis pour devenir aga, mais ce sont tous de jeunes gens. Lorsqu’un jeune souhaite devenir aga, il en fait la demande auprès des ŋaabaaji. Une petite réunion est organisée au cours de laquelle le jeune homme fait des cadeaux aux ŋaabaaji : on remplit de lait un ɓirdugal (une écuelle à traire) et on y ajoute des biscuits, on tue un mouton et le jeune homme donne une petite somme d’argent. En règle générale les ŋaabaaji acceptent qu’un jeune qui en fait la demande devienne aga. Mais parfois ils peuvent refuser, s’ils pensent que la famille du jeune homme n’en a pas les moyens. En effet, au-delà de la vie en solitaire dans la savane avec son troupeau, ce qui caractérise aussi un aga c’est qu’il est un compétiteur. Il devra montrer au retour de la transhumance que ses animaux sont gros et gras, preuve de son savoir-faire de berger. Pour cela, il va éviter que les brebis se reproduisent. Et s’il y a des naissances pendant la transhumance, il va sacrifier les jeunes agneaux pour que les brebis ne se fatiguent pas et ne maigrissent pas en allaitant leurs petits. Mais cette conduite de compétiteur empêche l’augmentation du cheptel de la famille et cela pourrait-être un trop gros sacrifice pour une famille qui traverse une passe difficile. Aussi, dans ce cas, les ŋaabaaji font comprendre au jeune homme qu’il serait préjudiciable à sa famille qu’il devienne aga.

Pendant les transhumances, les bergers qui partent avec les troupeaux sont donc : pour certains, des agaaɓe, pour d’autres, des ŋaabaaji, et il y a aussi des aynaaɓe qui n’ont pas le « statut » d’aga.

3 – Le ƴaro, festivité de retour de transhumance

A Tiguine on élève tout type de bétail : bovins, ovins et caprins. Mais c’est l’élevage des moutons qui est particulièrement valorisé. Cette valorisation de l’élevage ovin se manifeste notamment par le fait que c’est pour les agaaɓe baali, les bergers de moutons, que le village organise des festivités de retour de transhumance (ƴare ; singulier ƴaro). Ces festivités sont organisées au retour des deux transhumances, celle de saison sèche et celle d’hivernage. Ces festivités sont le cadre de la compétition entre bergers, qui permettra de les départager et de désigner le meilleur berger de moutons pour chaque transhumance.

Lorsque la veille ou dans la matinée plusieurs bergers sont revenus de transhumance, on organise dans l’après-midi un ƴaro. Ce sont les agaaɓe eux-mêmes qui décident de participer ou non au ƴaro, et en général ils y participent tous, sauf dans des circonstances particulières, comme un décès dans la famille.

Une partie des villageois se rassemble sur une des places du village ou bien sur un terrain à la périphérie de celui-ci. Les jeunes filles se regroupent, les femmes se mettent toutes ensemble un peu plus loin, les hommes se retrouvent par groupes et les enfants courent un peu partout. Il y a une grande effervescence, car se sont les premiers jours de retour de transhumance et la plupart des gens ne se sont pas revus depuis plusieurs mois et c’est l’occasion de prendre des nouvelles de chacun.

Les joueurs de buuba (petit tambour d’aisselle) commencent à battre leurs instruments. Les jeunes filles tapent dans leurs mains. Quelques griotes entament une danse au rythme des petits tambours.

Et puis on entend des coups de sifflet métallique qui approchent. Surgissant d’une ruelle du village, dans un nuage de poussière, la « cavalcade » d’un troupeau de moutons traverse la place, précédée par un groupe de ŋaabaaji qui entoure un aga. La petite troupe, hommes et animaux, fend la foule qui encombre la place et repart dans le village, à la même allure. Quelques minutes plus tard, ils sont de retour, toujours au pas de course. L’aga précède son troupeau. Les coups de sifflets, les cris de la foule, excitent les moutons. Quelques ŋaabaaji entourent toujours le berger et l’aident à guider ses animaux. Le troupeau doit suivre le berger. Il les fait passer sous le hangar à palabre, entre les groupes de villageois qui encombrent la place. Puis ils repartent tous dans le village. Le troupeau et le berger font à nouveau plusieurs incursions sur la place, ce qui provoque à chaque fois l’effervescence de la foule. Des femmes déchirent un morceau de leur pagne qu’elles attachent au cou de certains moutons.

Puis, le troupeau est ressemblé au milieu de la place. Le jeune berger est hissé sur les épaules d’un maccuɗo (descendant d’ancien captif) et au son des tambours d’aisselle et des cris de la foule, on promène le berger tout autour de la place. On lui met des lunettes noires, on lui donne une épée et on l’asperge de parfum, le tout dans une cohue et une grande effervescence. Ensuite lorsque l’atmosphère s’est calmée, la foule se ressemble autour des moutons et plusieurs anciens bergers vont successivement prendre la parole pour faire l’éloge des moutons et du jeune berger. Certaines de ces prises de parole seront des déclamations de poèmes.

Les ƴare des différents jeunes bergers vont ainsi se succéder pendant plusieurs heures.
 Ce sont les ŋaabaaji qui désignent le meilleur jeune berger de l’année. Lorsque tous les agaaɓe ont fait leur ƴaro, les ŋaabaaji se réunissent et délibèrent. Le meilleur berger sera désigné en fonction des qualités physiques de ses animaux, de la façon dont il sait se faire obéir de son troupeau, de ses qualités morales, et des cadeaux qui auront été donnés aux ŋaabaaji. Le vainqueur est ensuite fêté. Juché sur les épaules d’un maccuɗo, on le fait passer sous un « ciel » de turbans dépliés et tendus à bout de bras. Il est porté en triomphe autour de la place du village, au son des tambours d’aisselles, des sifflets métalliques et des cris de la foule villageoise.

4 – La performance d’énonciation des poèmes, les jaargi


Comme nous venons de le voir, c’est lorsque la foule est rassemblée autour du troupeau de moutons qu’ont lieu les performances d’énonciation de ces poèmes. Le jeune berger, qui ne parle pas, est juché sur les épaules d’un autre homme. Il se tient près de ses animaux et écoute les bergers expérimentés qui se succèdent pour parler de lui et de ses animaux. Parmi ces anciens bergers, les ŋaabaaji, celui qui va dire un poème (jaargol ; pluriel jaargi) s’avance et se tient debout, comme les autres intervenants, au sein du premier cercle qui entoure le troupeau de moutons. Il attend que celui qui parlait avant lui ait terminé puis il débute son poème. Quand il a terminé, il se retire du premier cercle qui entoure les moutons.

La déclamation du poème est faite d’une voix forte et avec un débit rapide. Comme Christiane Seydou[3] l’a mis en évidence pour les éloges aux bovins, au Mâssina, on constate un double rythme dans l’énonciation de ces poèmes : l’un ample, lié à la respiration et l’autre plus rapide, lié à l’intonation et à l’articulation des sons. L’un ou l’autre sont plus ou moins marqués en fonction de l’énonciateur

Ce sont des bergers plus âgés, les ŋaabaaji, qui déclament ces poèmes au cours des ƴare et non pas les jeunes bergers dont on fête le retour de transhumance. Quels sont les critères définitoires de cet énonciateur : un ŋaaba ? C’est un homme dont la spécialisation professionnelle est l’élevage. Son âge est variable, mais ce n’est plus un tout jeune homme, puisqu’il a au moins passé sept années en tant qu’aga. Son statut social de ŋaaba en fait un homme dont la compétence d’éleveur est reconnue puisqu’il a terminé cette période d’apprentissage que constitue les sept années au cours desquelles il a été aga.

Il faut noter la différence entre les énonciateurs des jammooje na’i (éloges aux bovins) étudiés par Christianne Seydou[4] au Mâssina et les énonciateurs des jaargi de Tiguine. Dans le premier cas, ce sont les bergers eux-mêmes qui déclament leurs poèmes lors de leur retour de transhumance. Alors qu’ici, ce ne sont pas les agaaɓe, les jeunes bergers en compétition, mais les ŋaabaaji, des bergers plus vieux et plus expérimentés, qui déclament des poèmes en l’honneur des bergers qui sont en compétition et de leurs moutons.

Il faut aussi préciser que les énonciateurs de ces poèmes, les ŋaabaaji, ne sont pas des professionnels de la parole. Ce sont des Fulɓe, leur statut social est donc celui d’éleveur. Dans le même ordre d’idée, il faut aussi souligner que les professionnels de la parole, ceux qui possèdent ce statut social et qui vivent dans le village, les wammbaaɓe (griots), n’interviennent à aucun moment au cours de ces festivités. Ils y participent en simples spectateurs. Tout ce qui est de l’ordre de la parole au cours des ƴare est le domaine des Fulɓe.

Les destinataires de ces poèmes sont : le jeune berger responsable du troupeau ; sa famille, dont plusieurs membres sont toujours présents autour des moutons à ce moment du ƴaro ; ainsi que toutes les personnes présentes. S’agissant d’une fête à laquelle tout le monde peut participer, il n’y a donc pas de restriction concernant le public auquel sont destinés les jaargi.

Il faut toutefois noter que ce sont presque exclusivement des hommes qui se regroupent autour des moutons. Mais les femmes sont présentes sur la place, non loin de l’attroupement autour des animaux, et elles peuvent entendre le poème. Parfois, une femme ou une jeune fille vient se placer au cœur de l’attroupement, tout près des moutons.

La déclamation du poème se fait souvent avec l’intervention d’un répondant. Ce n’est pas toujours la même personne, mais à chaque fois un ŋaaba qui se tient à côté de l’énonciateur du poème. Le répondant ponctue les unités rythmiques du poème par un mot court qui varie suivant le répondant et la performance : woodi (cela est) ; ou bien : saarsu (c’est bien) ; ou encore : goonga (c’est vrai). Parfois le répondant ponctue tout le poème, parfois son intervention se limite à une partie de la performance.

Les interventions du public sont peu nombreuses. Dans un enregistrement, deux personnes répètent le « Attention ! » introductif du poème. Dans tous les enregistrements, plusieurs personnes reprennent le cri clôturant la performance : « Seydi Soh », « Seydi Bah » ou
« Seydi Coulibali », c’est à dire le nom du berger à qui appartiennent les moutons. Dans un enregistrement, quelques personnes frappent dans leurs mains à la fin de la performance.

Il faut noter que, pendant les ƴare, d’autres types de prises de paroles ont lieu, qui ne sont pas des déclamations de poèmes. Des ŋaabaaji prennent la parole pour faire également les éloges des bergers et de leurs moutons, mais sous une forme non poétique. Ces prises de parole portent le nom de mantugol baali (louange aux moutons). Le ŋaaba dit une première phrase qui est répétée à très haute voix par une autre personne, souvent un maccuɗo (descendant d’ancien captif). Et cette prise de parole alternative de ces deux personnes se poursuit pendant plusieurs minutes.

Il faut enfin également préciser que les agaaɓe, les jeunes bergers, déclament aussi les poèmes qu’ils composent. Mais ils ne les déclament pas en public, au cours des ƴare. Ils le font quand ils sont seuls, dans la savane, avec leurs troupeaux, en compagnie seulement de quelques autres bergers. Les ŋaabaaji (les bergers plus expérimentés) déclament aussi dans ces circonstances.

[1] AMIAND Pierre, Les jaargi : un exemple de poésie pastorale peule à Tiguine, un village de l’ouest du Mali, Mémoire de DREA, INALCO, 2006, 82 p.

AMIAND Pierre, Les jaargi, poésie pastorale peule de l’ouest du Mali : transmission, variabilité, création, Mémoire de Master, INALCO, 2008, 228 p.

[2] Ces Rochers de Gana sont situés à 16° de latitude nord et 10°30’ de longitude ouest, en Mauritanie.

[3] SEYDOU Christiane, 1991, Bergers des mots. Poésie peule du Mâssina, Paris, Classiques Africains – Vol 24, Les Belles Lettres, 359 p.

[4] Ibid.

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DIALA DE TAMMBA, POÈME PASTORAL PEUL – VERSION ENREGISTRÉE HORS CONTEXTE RÉEL D’ÉNONCIATION

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Ataasiyo !

Attention !
Jala Tammba Diala de Tamba
Jaljallo debbo Femme Diallo
Jaannaba[1] nyekko La chaleur de la saison sèche progresse
Leydi ɓuuɓii paraaji L’eau qui ruisselle a rafraîchi la terre
Nyemmbii torooje Comme les figuiers sauvages
Kahe ɓawlii Les caïlcédrats sont noirs[2]
Kaareeje ndawnii Les karités ont blanchi[3]
Leykal Sininkoro Petit pays de Sininkoro
Baninkoro Baninkoro
Ɓeeɓaa daande maayo La rive du fleuve ne tarit pas
Seeɗa nyaamee On mange un peu
Sella waalee On passe la nuit dehors
Moƴƴuɓe mbaynee On dit au revoir aux bonnes personnes[4]
Bonɗi njahdee On part avec les méchants[5]
Mbakkiimi bagaas J’ai mis mes bagages sur l’épaule
Mi wayraani baasi Je n’ai pas laissé de problème derrière moi
Jam waawi baasi La paix l’emporte sur les problèmes
Ndunngu waawi ceeɗu La saison des pluies l’emporte sur la saison sèche
Halal waawi njananndi Le bien propre l’emporte sur le bien d’autrui
Ceelawal[6] waawi ceeɗɗi Baafi Le grand bicolore l’emporte sur ceux qui passent la saison sèche au Bafing[7]
Kaabi baali mbii Les brebis ayant agnelé ont dit :
Baasi alaa Maniga la[8] Il n’y a pas de problème chez les Malinkés

Maniga ceekiiɗo Les Malinkés aux scarifications
Ceemeedo mbaroodi Où il y a des lionnes
Jamaa yoo tappu jamɗe Que l’assemblée [fasse] battre le fer
Garde[9] yoo nanngu jammbe Que le garde [des Eaux et Forêts] s’empare des haches[10]
Jawal yoo yaɓɓu kaaƴe Que le grand mouton piétine les pierres
Kaabi yoo njaɓɓu peɗal Que les brebis ayant agnelé piétinent les branches
Persidaa eeral Goral Jallo Le berger est président du mouton blanc [nommé] Diallo le Grand Homme
Jawal nelii golle mbiltiima Le grand mouton est un message de la réussite du travail
Yoga tiggitoo ɓennataa Certains se dressent [pour faire quelque chose] mais s’arrêtent en chemin
Ɓernde mum nyawii Le cœur est malade[11]
Yejjitii nyaaƴo Il a oublié la fierté
Leer[12] jeeɗiɗi ceeɗu Au septième mois de la saison sèche
So midi[13] wullii Lorsque midi hurle
Jokolɓe miili joloyde Les jeunes hommes robustes ont pensé à la descente[14] [au fleuve]
Yoga jola ƴakka gerte Certains descendent [mais] croquent de l’arachide
Gera boombi Ils font la cour aux jeunes filles
Ndeen boɗeejii nana bojji jamɗe Alors les [moutons] rouges entendent le bruit des haches
Gori ndardii pelle-pelle Les béliers ont formé des groupes
Culu[15] wonti sofeer[16] isperes[17] Le moucheté est devenu le chauffeur du train express[18]
Ataasiyo ! Attention !
Albarka culu cuɓɓu[19] Merci à la mouchetée et aux longs poils sur la croupe
Ngiwngu e Suumanaaɓe Qui vient des Peuls Suumanaaɓe
Fooɗee diccoo On la tire, elle s’agenouille
Woppee dikkoo On la lâche, elle met bas son premier agneau
Jamma jenngii A la nuit tombée
So jeereende yeewii Si la brousse est solitaire et déserte
Mi yeewtida e culal labaari Je cause avec le grand moucheté, qui est beau
Puɗɗoraaɗi maral Ceux qui sont au commencement des biens
Mi maɓɓa galbal Je rassemble le troupeau
Mi tipporoo ɗi gaaworɗe Je dirige les [moutons] par leurs flancs
Ɗi camman kebbe Ils gauleront [de leurs pattes] les graines piquantes des graminées
Ɗi njaɓɓan tuppe Ils piétineront les épines sur le sol
Minen e masaalahaa Nous sommes dans l’entente
Leykal mooyaama gelooɗi Petite terre où marchent les dromadaires
Saafaama lubaaji On a trait les brebis allaitantes
Jartaa wuynuuji On a fait téter les cordées d’agneaux
Mbiyaa albarka maa Tu dis merci à toi
Sawndintaa jawal [Il] ne confie pas le grand bélier à quelqu’un d’autre
Sawndotaako firigaaji Ne fréquente pas les tentes des Maures
Tippantaake njaganaayi Ne se repose pas sur un oreiller
Usmaan kulu[20] sembe[21] Ousmane, à côté de la colline
Seeɗde Sidibe la[22] [Qui] passe la saison sèche chez les Sidibés
Ceekowal Alla nyoota Qui déchire [et] Dieu recoud
Joom gori tati Propriétaire de trois béliers
Taƴa haala nyawnda joote [Qui] coupent la parole et soignent la misère[23]
O wii sewde korle Il dit : avoir les jambes fines
Sellude wonki Avoir l’esprit fort
Wulde ceɓal Être vif pour la coupe[24]
Wuttude mbareeji Béliers aux flancs rebondis
Tampinde sukaaɓe pulindaaji Découragent les enfants quand revient l’hivernage[25]
Jamalel jamaanu Petit [mouton] à la robe tachetée parmi l’assemblée
Mudda laacel e peɗeeli À queue et ongles courts
So ŋatii sammittaake S’il mord, il n’y a pas de remède
Maa tooke njahda e nguleeki Le poison ne s’en ira qu’avec la chaleur
Darjayaagal e Muulen La célébrité et Dieu
Mobel Senegaal moƴƴi ŋari Belle est la voiture du Sénégal
Mobel Seneraal faɗɗi ɗum Plus belle est la voiture du général
Toowi toggini Woɗeeɓe Ce qui prend de l’altitude[26] transporte les Rouges[27]
Siraa Talla e haawandere Siraa Talla et ses merveilles
Tagi bolle e Aamanndeeri A créé le travail et Aamanndeeri[28]
Tagi jawal tammbii duhorɗe A élevé un grand bélier, tient la ceinture de son pantalon
Waɗi dewel e hakkunde keeci A mis une brebis sur son dos
Ngaari mboondi ko njiirliindi Bélier aux yeux noirs qui a voyagé
A yehii Gajaba, a yehii Ndaar Tu es allé à Gajaba, tu es allé à Saint-Louis
Wullu madamel Podoor Crier [les louanges] de la demoiselle de Podoor
Maa jamɗe ɓuuɓa nde mbela yaɓɓude Que les fers[29] soient frais pour qu’il soit agréable de marcher dessus
Ɓuuɓa nannda mi e tameeji Frais et semblables pour moi à du sable tamisé
Yaɓɓa nannda mi e suliyeeje[30] Semblables pour moi à des souliers sous mes pieds
Ataasiyo ! Attention !
Jala Tammba Diala de Tammba
Jaljallo debbo Femme Diallo
Jaannaba nyekko La chaleur de la saison sèche progresse
Leydi ɓuuɓii paraaji L’eau qui ruisselle a rafraîchi la terre
Nyemmbii torooje Comme les figuiers sauvages
So kahe ɓawlii Si les caïlcédrats sont noirs
Kaareeje ndawnii Les karités ont blanchi
Ataasiyo ! Attention !
Mawɗi e Maniga la[31] Les grands [moutons] chez les Malinkés
Mawɗi e manndinnja Les grands [moutons] là où l’on parle le malinké
Mawɗi tippee tilee Les grands [moutons] sont entrés [dans la brousse], c’est fini
Alla tiiɗ e maa Dieu t’a aidé
Tiiɗaa garde[32] baali La surveillance des moutons n’est pas difficile
Mutirii Kale A disparu à Kalé
Suppitorii Kannguɗe A ressurgi à Kanngudé
Hawri e Ceerno Aali Kibbo A rencontré Maître Aali Kibbo
O wii winnda lootoo Il dit : écrit et se lave[33]
Winndanee lootoo On lui écrit et il se lave[34]
Haɓee Alla nootoo Se bat et Dieu répond
Janngii Lawwal[35] A appris Lawwal
Janngii Lakdari[36] A appris Lakdari
Nano fuuɗaama La [main] gauche est teinte au henné
Nyaamo tookaama La [main] droite est venimeuse[37]
Debbi ndarnii kumtii kuuɓi ladde Les brebis se sont accouplées, elles ont mis bas, remplissant la brousse
So borti ngoorii Les agneaux partent au pâturage
Ceŋi gaaworɗe Accrochés aux flancs [de leurs mères]
Debbi mbaɗii kunkuuji Les femelles ont des croupes charnues
Gori mbaɗii tuubaaji Les mâles ont des pantalons[38]
Cegeeji ɓilii buti Les brebis gestantes ont la vulve visible
Buuti kay e bulanka [Les moutons ont mangé du] buuti[39] et ils ont de la peinture bleue[40]
Alla hulaaka On ne craint pas Dieu
Enɗam reenaaka On ne respecte pas la parenté
Misiida juulaaka On ne prie pas à la mosquée
Miskiino sakkaaka On ne fait pas l’aumône aux indigents
Ataasiyo ! Attention !
Albarka Alla Merci à Dieu
Jamalal laaɓi toɓɓe Grande brebis à la robe tachetée, aux taches claires
Laamiima Tooro A régné au Tôro
Jibinii jinndinii A mis bas [et] a mis dans l’embarras[41]
Nyaati agaaɓe njoomi La séparation d’une brebis et de son petit rend les bergers tristes
Mo ganyo gantotaako Celui à qui un ennemi ne peut pas dire non
Mo gantii oo jaŋtotaako Celui qui lui a dit non ne peut pas le répéter

[1] De l’arabe jahannama : géhenne.

[2] Le feuillage dense donne à l’arbre un aspect sombre.

[3] Ont fleuri.

[4] La famille.

[5] Les moutons.

[6] Mouton au pelage bai à l’avant et blanc à l’arrière.

[7] Cours d’eau dont la confluence avec le Bakoye forme le fleuve Sénégal.

[8] Mot bambara signifiant : chez.

[9] Du français : garde.

[10] La loi interdit aux bergers de couper des branches d’arbres pour nourrir leurs moutons. Si un garde de l’administration des Eaux et Forêts surprend un berger dans cette circonstance il peut confisquer la hache du berger.

[11] Il a manqué de courage.

[12] Du français : l’heure.

[13] Du français : midi.

[14] Descendre au fleuve pour faire boire les animaux.

[15] Mouton à la robe mouchetée.

[16] Du français : chauffeur.

[17] Du français : express.

[18] Ce mouton est en tête du troupeau.

[19] Mouton avec de longs poils sur le haut des cuisses.

[20] Mot bambara signifiant : colline.

[21] Mot khassonké signifiant : à côté.

[22] Mot bambara signifiant : chez.

[23] Lors d’un procès, avec le prix des moutons, on peut corrompre les juges et donc couper la parole du procès.

[24] Habileté à se servir d’une hache.

[25] Les enfants désignent ici les jeunes bergers qui peuvent être découragés lorsqu’un autre berger revient de la transhumance de saison sèche avec des moutons aux formes particulièrement rebondies et plus beaux que leurs propres moutons.

[26] Un avion.

[27] Les Blancs.

[28] Mot dont nous n’avons pas trouvé la signification.

[29] Les rails de la ligne de chemin de fer Bamako-Kayes que les bergers et leurs troupeaux traversent pendant la transhumance vers le sud.

[30] Du français : souliers

[31] Mot bambara signifiant : chez.

[32] Du français : garder.

[33] Il écrit des écritures saintes et se lave avec l’eau de lavage de ces écritures.

[34] Idem.

[35] Titre d’un ouvrage dans les études coraniques.

[36] Petit abrégé de fiqh malékite.

[37] La main est très efficace, forte.

[38] Ils ont également des croupes charnues.

[39] Plat fait avec une plante que mangent les moutons.

[40] Couleur avec laquelle on peint les moutons pendant les ƴare (les fêtes de retour de transhumance).

[41] La mise bas de cette brebis est la promesse de beaux moutons pour son propriétaire et donc cela peut mettre les autres bergers dans l’embarras à l’occasion des futures fêtes de retour de transhumance.

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KISWAHILI BILA MIPAKA / LE KISWAHILI SANS FRONTIÈRE

 

[av_hr class=’short’ height=’50’ shadow=’no-shadow’ position=’center’ custom_border=’av-border-thin’ custom_width=’50px’ custom_border_color=” custom_margin_top=’30px’ custom_margin_bottom=’30px’ icon_select=’yes’ custom_icon_color=” icon=’ue808′ font=’entypo-fontello’]

TAWILE 2

[av_one_full first]

“Mama Juma na wanao, hebu njooni!

Mama Juma, with your children, come here!
Kuanzia leo sitaki kuwaona humu ndani. From today onwards I will not see you in here any more.
Kwanza humu ndani nyie mnamtegemea nani?” First of all, on whom do you depend in this house?”
“We, mume wangu!” “On you, my husband!”
“Ah, mimi, eh. “Aha, on me, eh.
Ambaye hajapiga. kura humu ndani ni nani? Who is the one in this house who has not voted?
Kama wote mmepiga sasa mlimpigia nani? And if you all have voted, who has voted for me?
Mie kupata kura moja, bwana, haiwezekani. For me it is impossible to get only one vote, man.
Ni aibu, ni aibu kubwa jamani. It’s a shame, it’s a big shame, people.
Nimekuwa kama siishi na watu humu ndani.” It appears as if I don’t live with people in here.”
“Haya masharti ya mganga, mume wangu umeyafuatilia?” “Those conditions of the medicine man, my husband, did you follow them?”
“We we we we, koma, tena koma, umesikia? “You, you, you, you, shut up, again, shut up, you hear?
Habari za mganga humu ndani sitaki kuzisikia. I don’t want to hear about the medicine man inside here.
Pesa zangu nyingi huyo amenitafunia, He has chewed much of my money,
halafu chochote wala hajanisaidia. and then he didn’t help me with anything.
Tena, kwake sasa hivi mie naelekea, I tell you, I will go to him on the spot,
Na nikimkuta leo huyu atanitambua. And if I meet him today, he will know me.
Nikifika mimi kwanza nakata halafu nafunua. When I arrive I will directly throw him to the ground.
Nikija kufunika mjue nimeshamwua. When I have overwhelmed him, know I have killed him.
Na nikirudi hapa nyumbani wote mnatimua, mmesikia, he?” And when I come back here, you all have to go away, have you heard me, he?”
   
Kiitikio x2: Chorus x2:
   
“Tulikupa madaraka kumbe umeyachezea, “We gave you power, but you played with it,
uchaguzi unapofika kwa mganga unaelekea, when the election comes close, you go to the medicine man.
Shauri yakoooo! It’s your own fault!
Oh, shauri yako, hicho kiini macho! Oh, your own fault, this is a conjurer’s trick!
Na ulie baba.” Now just cry, father.”
   
“Kalibu, kalibu, kalibu, mesimiwa [1].” “Welcome, welcome, welcome, Honourable.”
“Hakuna cha mheshimwa, wala cha mshtakiwa! “There is nothing about “Honourable”, nor about “Accused”!
Nasema leo hii utanitambua! I tell you, today you will know me!
Kwanza wewe siyo mganga, mimi nimegundua,

First of all – you are not a medicine man, I have realized that.

Wewe mwanga tu unaniwangia.” You are just a sorcerer, who is bewitching me.”
“Wee! Ishia apo apo! “Youuu! Stop right here!
Unataka nikugeushe mlupo? [2] Or do you want me to turn you into a girl?
Kweli mkuki kwa nguluwe ndiyo tamu, It’s true, the spear is sweet for a pig,
ila ni chungu sana kwa binadamu. but very bitter for the human.
Wewe uliomba wananchi kazi, You asked the citizens to give you work,
na wananchi wakakupa hiyo kazi, and the citizens gave you that work,
ukaona kazi hukufanya kazi, and then you realized that it was real work, therefore you did not work.
Ahadi zako ukawa huzitekelezi, And so you did not fulfill your promises.
Tulikupa madaraka ukalala uzingizi, We gave you power, but you slept.
hukuwajibika ukategemea hii ilizi, you didn’t act responsibly, instead you relied on this amulet,
ukaamini mimi nitakusaidia, believing that I would help you,
wakati mimi pia ni Mtanzania while I’m also a Tanzanian
ambaye maendeleo nayalilia. who is longing for progress.
Yaliyokupata wewe umejitakia. What has befallen you is self-inflicted.
Ungetimiza ahadi madarakani ungebakia.

Had you fulfilled the promises, you would have stayed in power.”

[1] As in Tawile (part 1) the medicine man’s pronunciation is that of an up-country man, presumably of Luo origin.

[2] mlupo is a slang expression meaning ‘young woman easily laid’ (Reuster-Jahn & Kießling 2006: 153).

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TAWILE 1

[av_one_full first]

“Mama Salehe, ongeza sauti yaani volume kidogo kidogo!” “Mama Salehe, crank up the voice, I mean the volume, a little bit!”
“Ehee.” “Okay.”
“Mama Juma ee!” “Mama Juma ee!”
« Be ! » [1] “Be!”
“Njoo, kuna jambo mie nataka kukuambia. “Come here, there is something I want to tell you.
Si unajua uchaguzi sasa umekaribia? You know of course that the election has come close now?
Na uongozi watu wengi wanauwania, So, many people are striving for leadership,
na mimi madarakani mie sitaki kuachia, and I do not want to let off power,
japo wananchi ahadi zao mimi sijawatimizia. even if I have not achieved what I have promised to the citizens.
Sasa mie nani atanisaidia Now, who will help me
ili madarakani niweze kubakia.” to stay in power?”
   
“Mume wangu, kuna wazo moja ambalo limenijia, “My husband, I have got an idea,
mganga [2] ndiye ambaye atakayekusaidia. it ‘s the medicine man who will help you.
Tena Mjaluo, wengi amewasaidia, He is a Luo who has already helped many.
nenda mume wangu, nenda!” Go, my husband, go!”
“Hilo hilo ndilo ninalokupendea “That’s why I love you,
Kichwa chako chepesi sana cha kufikiria. Your brain is very quick in thinking.
Poa, mama [3], kwa mganga naelekea. Very well, Mama, to the medicine man I will go.
Baadaye!” [See you] later!”
   
Kiitikio: Chorus:
   
“Hodi mganga! “Hallo medicine man!
Kwako mimi nimekuja mganga” To you I have come, medicine man.”
“Pita ndani!” “Come in!”
“Nisaidie mganga, “Help me, medicine man,
madarakani nibakie, mganga” so that I may stay in power, medicine man.”
“We, pita ndani!” “You, come in!”
   
“Pita ndani, kijana, pita, ingia.” “Come in, youngster, come in, enter.”
“Asante!” “Thank you!”
“Abali [4] ya uko ulikotokea?” “What news do you bring from where you are coming?”
“Nzuri.” “Fine.”
“Nimekuona tangu wewe unafikilia kwa mganga kuelekea, “I have seen you since you were thinking of going to the medicine man,
na tatizo lako mie nimesalijua.” and your problem, I know it already.”
“Eee?” “Eee?”
“Nikisema kweli tawile [5] we itikia. “If I’m right, you reply ‘tawile’.
Kuna madalaka wewe anayasikilia.” There is power which you are holding.”
“Tawile.” Tawile.”
“Na hiyo madalaka wengi wayawania.” “And this power – many are striving for it.”
“Tawile.” Tawile.”
“Wewe madalaka hutaki kuachia.” “You don’t want to give up power.”
“Umejuaje?” “How did you know?”
“Tatizo ndogo hiyo nitatatua. “This is a small problem, I will solve it.
Kuna vifaa mie nitakuagizia, There are some utensils that I will request from you.
kwa kazi yako ndiyo tutavitumia, We will use them for your case.
Kaniletee kleti mbili za bia.” Go and bring me two crates of beer.”
“Simpo!” “Simple.”
”Sigara pakti mbili na kibiliti, “Cigarettes, two packets, and matches,
Kitimoto [6] kilo tano losti, umesikia?” porc meat, five kilos, roasted, have you heard?”
”Aya.” “Okay.”
“Machozi ya samaki ambaye analia.” “The tears of a crying fish.”
“Mh!” “Mh!”
“Ndevu mbili za Osama akiwa amesinzia.” “Two beard-hairs of Osama while he is asleep.”
“Hapana.” “Impossible.”
“Nazi mbili za nyota yako kuvutia, “Two coconuts in order to attract your star.
Kama umeshindwa acha hela nitakutafutia, If you are unable [to bring this], leave me money, I will find it for you
milioni moja inatosha ya kununulia.” One million is enough to buy it.”
“Poa!” “Okay!”
   
Kiitikio: Chorus x2
Hodi mganga …. x 2  
   
“Vifaa nimepata na dawa nimekutengenesea, “I have got the utensils and I have prepared the medicine for you.
Nimeweka kwenye hilizi ii hapa, chukua. I have put it in this amulet here, take it.
Uwe nayo mfukoni popote unapotembea, You must have it always in your pocket wherever you go.
utafanikiwa maswala tukizingatia. If we are attentive to the requirements, you will be successful.
Nazi Mtaa wa Kongo [7] ndiyo utakapovunjia The coconuts you have to break in Congo Street
saa saba na nusu mchana kama ikitimia. at half past one o’clock at noon, sharp.
Alafu usisahau kuzikojolea. And don’t forget to urinate on them.
Kuanzia leo gali marufuku kutembelea, From today it is forbidden to go by car,
Kampeni ufanye kwa miguu, umesikia? The campaign you have to do on foot, you hear?
Si ruhusa tena kulala kitandani, You are not allowed to sleep in a bed,
ndugu awe mpambe wa kukupigia kampeni. a brother should be your adjutant who conducts the campaign for you.
Mikutano yako yote uyafanyie juani, At all your meetings you have to stand in the sun,
Wananchi wanayekusikiliza wakae kivurini, while the citizens who listen to you sit in the
shade,  
Ila wewe tu ndiyo ukae juani. only you have to sit in the sun.
Tukizingatia haya wewe utafanikiwa.” If we are attentive to this all, you will succeed.”
“Hakuna tabu bwana mimi nimekusikia, “No problem, man, I have understood you,
masharti yote haya mie nitazingatia. all these conditions I will observe.
Milioni tano hizi hapa wewe chukua, These five millions here – take them,
na naahidi gari mimi ntakununulia, and I promise that I will buy you a car,
endapo tu madarakani ntabakia, umesikia?” If only I stay in power, you understand?”
   
Kiitikio x2 Chorus x2

[1] Be is the response of women to a call, to signal attention. It is not used by men.

[2] The concept of mganga comprises ‘healer’ and ‘magician’.

[3] Mama is a term of address used towards women in general.

[4] Abali is a dialectal pronunciation of Standard Swahili habari. This stylistic device marks the medicine man as an up-country man whose speech is affected by his mother tongue. In this case the pronunciation is that of a Luo, for example sh is replaced by s.

[5] Zaramo medicine men in Dar es Salaam ask their clients to confirm the information he is giving them about their case by Tawile (Swantz 1990: 68).

[6] Kitimoto is a slang expression for ‘porc meat’ (for etymology see Reuster-Jahn & Kießling 2006: 135).

[7] A street in Kariakoo, Dar es Salaam

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RAIS WA BONGO / THE PRESIDENT OF BONGO

[av_one_full first]

Ah, ah ah aha ah Ah, ah ah aha ah
Nane noni, Chifu Rumanyika. Nane noni, Chief Rumanyika. [1]
Kiutani utani. Just joking.
Maana amekuwa raisi I mean, he has been [elected] president,
Serikalini Soggy Doggy ndo kama bosi, Soggy Doggy, as boss of the government,
kama sinema jiulize itakwishaje? like in the cinema, you may ask yourself “how will it end?”
Miaka yangu mitano serikali itakwendaje? My five years – how will the government go?
Ahaaaa Ahaaaa.
Watu wengi wajiuliza ntakapokuwa raisi Many people are asking themselves, if I would be president,
wizara nani ataongoza? who would lead the ministries?
Haijulikani kati ya Jay, GK, Mwana FA, It’s not known, who among Jay, GK or Mwana FA
nani waziri mkuu. would be prime minister.
Kila mtu cheo hiki atatamani, Everybody covets this position,
ili bungeni apate kushika usukani. in order to hold the steering wheel in parliament.
Msiulize kuhusu wizara ya madini. Don’t ask about the ministry of minerals.
Hiyo ni ya Feruzi nilimpa ndotoni. This will be Feruzi’s, I have dreamt I gave it to him.
Wizara mpya ya burudani, The new ministry of entertainment,
hiyo mpaka hivi sasa najiulza nimpe nani? up to this moment I’m still thinking of whom I should give it.
Ni Abdul a.k.a Dully Sykes, Is it Abdul a.k.a. Dully Sykes,
au Ali Tekuni a.k.a Mchizi Moxx? or Ali Tekuni a.k.a. Mchizi Moxx?
Ndio Domo mazingira, Of course Domo for environment.
Mr. II atakuwa wa biashara. Mr. II will be the one for trade.
Wizara ya mambo ya ndani itakufaa Mr. Blue, The ministry of internal affairs will suit you, Mr. Blue

 

kwanza wewe bado mtoto namteua Fid Q. but since you’re still too young, I’ll give it to Fid Q.
   
Kiitikio x2: Chorus x2:
Nimchague nani? Whom should I choose?
Nimpe uongozi atawale kisanii? Whom should I give the leadership to rule artfully?
Atoe mchango kwa jamii, To make a contribution to society,
awe kinara bora wa wasanii. and be a good leader of the artists.
   
“Soggy, niteue mimi kwa mali asili au utalii.” “Soggy, choose me for natural resources or tourism”
A’a, haikufai ni Mike T na Jay Dee. A’a, it doesn’t fit you, it’s for Mike T and Jay Dee.
Kuhusu mambo ya nje ni TID na Ray C .

As for external affairs it will be TID and Ray C.

Nitaanzisha wizara ya pombe hapo nitamweka Suma G. I will start a new ministry for liquor, where I will put Suma G.
Dokii, Caz T wizara itakuwa nanii. Dokii, Caz T, their ministry will be thingy.
Mawasiliano na uchukuzi Communications and transport
itamfaa Mac to Be. will suit Mac to Be.
CzG, Suma Lee, Mez B nafikiria. I’m thinking of CzG, Suma Lee, Mez B.
Na nikiwa raisi ati nyie nitawabania And if I would be president I would skimp you,
Juma na Ngwea Juma and Ngwea.
A’a, kama mnalia, And if you cried,
katiba na sheria wizara nitawapatia. I would give you the ministry of constitution and law.
Wizara ya michezo imezidi kuvurugwa, The ministry of sports has become too messed up,
Mkoloni nitampatia kila mechi tutashinda. I would give it to Mkoloni, so we would win every match.
Kuna wizara nyingine naziona kama mtaji There are other ministries which I consider as capital,
hasa hii ya fedha inasemekana ina ulaji. especially that of finance is said to provide enrichment.
Jana usiku tu Mr Nice kapiga simu Yesterday night Mr. Nice has called me,
eti nisipomteua basi atakunywa sumu. he said, if I don’t choose him, he will take poison.
Wizara ya ulinzi nimemteua Dudu Baya. For the ministry of defense I have chosen Dudu Baya.
Mapromota matapeli mtaikanyaga miwaya, The promoters who are fraudsters will face hard times,
kudhulumu wasanii akutembezee kichapo, if you oppress the artists, he will beat you up,
ukiwa jeuri sana akule kisamvu cha kopo. if you are very rude, he will sodomise you.
   
Kiitikio x2 Chorus x2
   
Juma Nature, Inspector, Banana, Sijawamwaga. Juma Nature, Inspector, Banana, I haven’t let them down.
Serikali bila nyinyi nadhani haitanoga. Without you the government wouldn’t be appealing.
Temeke nzima hawatanipa kura All of Temeke [2] would deny me their votes
sababu bila nyinyi kazi haiwi bora. because without you the work will not be good.
Swaibu Bushoke ni kilimo na chakula, Agriculture and food is for my friend Bushoke,
Wanawake na watoto nitampatia lady Stara. women and children I will give to Lady Stara.
Wizara ya kazi ananifaa JayMoe JayMoe suits me for the ministry of labour,
Wizara ya ujenzi bila shaka Mr Paul . and for the ministry of construction it’s certainly Mr. Paul.
Wizara nyingine unaweza zusha balaa. With another ministry you might cause calamity,
Unagombana na wanakijiji You quarrel with the villagers,
eti kisa wanywa chang’aa because they drink illicit liquor.
Tawala za mikoa serikali za mitaa The administration of regions, and community governments
kazi kwako Mr Ebbo ili mradi usife njaa. is your task, Mr. Ebbo, so that you won’t die of hunger.
Wote jamani tufanye kazi kama timu Let’s all work together as a team,
miaka mitano tusukume gurudumu. in order to push the steering wheel for five years.
Kuna wizara muhimu a.k.a elimu, There are other important ministries, like education
K Baz, Solo Thang, hapo ndugu mpeane zamu. where K Baz, Solo Thang should work on shift.
Ambao sijawachakua sio kama nimewasahahu Those who I haven’t chosen, it’s not that I have forgotten them.
Hata wewe Afande Sele usidhani nimekudharau Even you, Afande Sele, don’t think that I despise you.
Mwaka huu huna nafasi subiri miaka mitano This year there is no opportunity for you, wait for five years.
Wala usilete upinzani tunataka ushirikiano. But don’t start an opposition, we want cooperation.
   
Kiitikio x2 Chorus x2
   
Andagraundi msikonde Undergrounds, don’t worry,
mnaweza mkawa wajumbe, (au vipi?) you can become MPs, (don’t you agree?)
mnaweza mkawa hata madiwani. (Au vipi?) you can even become advisors. (Don’t you agree?)
Vyeo viko kibao. (Au sio) Ranks are there in abundance. (Isn’t it?)
Kizazi chetu sasa. (Au sio) It’s our generation now. (Isn’t it?)
Suma G nifuate ofisini hivi sasa. Suma G, come with me to my office right now.
Mkoloni nipigie simu nikuambie Mkoloni call me by phone that I can tell you,
kazi yako ya kufanya. What your task will be.
Ndugu yangu Jitemani nakupa kanda ya ziwa My brother Jitemani, I give you the Lake Region,
ufanye kazi kama mkuu wa kanda. you will work as Regional Commissioner.
Bwana Misosi kanda ya kaskazini usikonde Bwana Misosi, the Northern Region, don’t worry,
uchaguzi ujao nitakupatia uwaziri unaibu. in the next elections I will give you the post of vice minister.
Usikonde – pamoja Don’t worry – together.
Au siyo, masela, wote pamoja. Isn’t it true, my friends, we are all together.

[1] Chief Rumanyika is an alias of Soggy Doggy.

[2] The mentioned artists are based in the town quarter Temeke, and are referred to as “Temeke family”.

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MTOTO WA JAH-KAYA / CHILD OF JAH-KAYA

 

[av_one_full first]

“Hahahaha, ah vijana sasa hivi naona wanajitahidi, ari mpya, kasi mpya, nguvu mpya.” „Hahahaha, ah, the youngsters are recently making an effort, a new spirit, new speed, new strength.“
   
“Ehee, hata mimi nimeliona hilo toka longi taim, au siyo, Babu Ayubu, hilo liko wazi”. Jamani vijana mwapewa nafasi.” “Ehee, even I have noticed this since a long time, isn’t it, Babu Ayubu, this is obvious.”
   
Si ndio sisi-M [1], CCM – that’s us,
si ndio sisi-M, CCM – that’s us,
si ndio sisi-M. CCM – that’s us.
   
Ah, pisha njia, Ah, let us pass,
tunaingia. we are entering,
Wote, pisha njia. You all, let us pass.
Nasema tena kwamba si ndio sisi-M. I repeat that the CCM – that’s us.
Pisha njia, watu wazima Let us pass, us grown up persons
tuongee na Watanzania. in order that we talk to the people.
   
Oh yeah, mtoto wa Jah-Kaya, Oh yeah, the child of Jakaya,
Profesa kama Dadi japo choka zaidi ya mbaya. professor like Dadi although he is very exhausted.
Mikasi siyo mbaya, mademu Mikasi [2] isn’t bad, the girls,
nasikiliza kimtindo nimewafundisha tu japo sikumaliza. I listen, I have taught them the style although I have not finished
Naleta maana, pembeni ukiwa na mama I’m meaningful, in the corner, if you have a mother
   
na yeyote atakaye kukana and anybody who will deny it.
Masela wanaandamana, na mengi ya kufanya The urban youth protest and ther is a lot to do
kutokomeza umaskini. to wipe out poverty.
Kuhusu swala la vijana na ukimwi uko na mimi. Regarding the youth issue and AIDS you are together with me.
Hujajua nachokizungumzia nini Haven’t you understood what I’m talking about,
au hujaskia albamu ya a.k.a mimi? [3] or haven’t you listened to a.k.a. mimi?
Na mengi ya maana ongea kwa vijana. And many important things, talk to the youth.
Ndiyo maana mwana nakufagilia sana. That’s why I praise you so much, man.
Huna mpinzani si bara si visiwani. You don’t have a rival, not on the mainland nor on the isles.
naamini maneno ya Komba: “CCM ni namba wani.” [4] I believe Komba’s words “CCM is number one.”
   
Kiitikio x2 Chorus x2
Hizi ni salam pokea zangu salamu. These are greetings, receive my greetings.
Na Dar es Salaam na tena ukitabasamu. And Dar es Salaam, and if you smile.
Hizi ni salam toka Dom to Jakaya dot com These are greetings from Dom to Jakaya dot home.
Sauti toka getto mpaka home sweet home The voice from the ghetto, to home sweet home
   
Tuseme wakishinda upinzani labda vita itokea, Maybe, if the opposition wins, war will happen,
ila ni jamani amani imepotea. and this would mean that peace has gone.
Ntazidi kukuombea miaka kumi uendelee. I will pray more for you to go on for 10 years,
Wala usiache moyo wako wa kukumbuka wazee. [5] And don’t cease to remember the urban youth
Mapenzi yako kwa binti yako Your love for your daughter
sawa na kwa Ngwair. should be the same as for Ngwair.
Haki sasa nina imani pia utatetea , Now I believe that you will also defend the rights,
japo sheria ina mkondo. although the law has its trends.
Kila takayekosea natoa pisto. Everything that you do wrong, I will point the pistol to.
Dudu Baya nahisi na Babu Seya, Dudu Baya and Babu Seya,
watoto hadi wazee rika zote umekubaliwa. from children to old people, you are accepted
  by all age groups.
Wala usihofu labda siku nchi yako itapinduliwa And don’t worry, if one day your country should become overthrown,
nani aingie msituni na vijana wote watu wako. who would go into the forests – with all the youth being your followers.
   
Mimi mwenyewe ni mmoja I myself am one
wa wale wenye kura yako of those who vote for you.
Shahidi ukija geto ukutani picha yako. For evidence, if you come to my ghetto, on the wall there is your portrait.
Natamani kuona japo sarafu yenye sura yako. I also want to see your face on a coin.
Kiti chako, kakuachia Benjamini nakuamini sana. Your seat has been left to you by Benjamin [6], I trust you much.
You know what I mean You know what I mean.
   
Kiitikio Chorus
Ninachotaka kurudisha heshima ya (unintelligible) What I want is to bring back the dignity of ??
Kwa kumheshimu babu [7] aliyepanga makao makuu To honour grandfather, who planned the headquarters.
Na kila mbunge jimbo lake liwe juu, And every MP’s constituency should be in a good state,
si kusinzia bungeni tu tena miguu juu. they should not doze in the parliament with feet high.
Maisha ninayotamani huendi kuyawinda Ikulu. The life that I want, you are not going to catch it at the state house.
Basi fanya Tanzania jivunie kuwa huru. Well then, make Tanzania to be proud of its independence.
Walinde uhusiano na amani. Keep good relationships and peace.
Pia kutuokoa waige mfano wako. Also, in order to save us, they should imitate you.
Kila mmoja awe sta kama a.k.a. mimi. Everybody should be a star like a.k.a. mimi.
Tuone kama taiweza naita mia tatu stini. Let’s see if you will be able, I call 360.
Mimi ni zaidi ya mamiss mimi sio rahisi I’m more than the “Misses” [8] , I’m not easy.
DCA sijasahau na polisi I haven’t forgotten the DCA [9] and the police.
Tupunguze mbio za mchangani na mapusha Make our life easier and free us from the drug dealers.
na mengi ya kufanya There is much to do,
Kutokomeza rushwa to remove corruption.
Kila mmoja aelewe hii situation and everybody knows this situation.
Ok na mambo mengine na mimi I’m gone. Okay, and there are also other things, and me, I’m gone.
   
Kiitikio Chorus
   
Yea mapya. Yeah, new issues.
Wee na East zoo. You and East-zoo.
Nani mwingine wa kufanya zaidi ya hii Who else should do more than this.
Na bado nipo na P- Yep [10] ! And I’m still here with P – Yep!
Bongo Records. Bongo Records.
   
East zoo Babu Ayubu. East zoo Babu Ayubu.

[1] This is a word-play mixing the words sisi (‘we’) and CCM to “sisi-em”.

[2] Mikasi was a a very successful track which Ngwair released in 2004. It displays the rappers’ lifestyle focussing on alcohol, drugs and sex. Mikasi, literally meaning ‘scissors’, was used by Ngwair with the meaning of ‘sex’. It is thus an instance of the coining of a slang term by a rapper in Tanzania.

[3] A.k.a. mimi (‘a.k.a. me’) is the title of Ngwair’s album released in 2004. It got the prestigious Kilimanjaro Best HipHop award in 2005 (Reuster-Jahn 2006: 229).

[4] [4] Captain Komba is the leader of Tanzania One Theatre, a governmental cultural troupe established in 1993. In the 2005 elections he was an MP candidate for CCM. He composed a number of campaign songs, among which was ‘Namba wani ni CCM’ (‘the number one is CCM’). He released an audio cassette with four songs, one of which is included in this collection (no. 9).

[5] [5] Term of address used among (male) youth (Reuster-Jahn & Kießling 2006: 159)

[6] Benjamin Mkapa, the then incumbent president from the CCM.

[7] The term babu ‘grandfather alludes to the epithet baba ‘father’ of former president J.K. Nyerere.

[8] This alludes to the hype concerning the “Miss Tanzania” elections.

[9] DCA is a rank in the police.

[10] P. might refer to the producer P. Funk of the studio Bongo Records.

[/av_one_full]

MRISHO

[av_one_full first]

Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho [1]!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
   
Mrisho njoo nimekuita mdogo wangu, Mrisho, come here, I have called you, my younger brother,
nikueleze yaliyo moyoni mwangu. In order to explain to you what is in my heart.
Siwezi kukuficha, I can’t hide it from you,
kwani wewe ni ndugu yangu. since you are my brother.
Unakumbuka baba nyumba hii aliniachia You remember that father [2] has left this house to me,
na mambo mengi kuhusu nyumba kanihusia. and he gave me many instructions regarding the house.
Yote hayo mie nimeyafuatilia, I have followed all of them,
si umeona mafanikio tuliyojipatia? and haven’t you seen the achievements we have made?
Ila kaka yako Benja sasa hivi nimeugua But now, I, your brother Benja [3], I have fallen ill,
inanibidi kuondoka kwenda kujitegemea. I have to leave and rely on myself.
Mrisho, nyumba, nyumba nakuachia, Mrisho, the house, the house, I leave it to you,
na nitakayokuambia, and what I will tell you,
Mrisho, naomba zingatia. Mrisho, please, take note of it.
Nyumba hii, bwana, ina wapangaji watatu, This house, man, has three tenants,
hawa walikuwepo tangu enzi ya baba yetu. who have been here since the time of our father.
Ni Ujinga, Maradhi na Umaskini wetu, They are our Ignorance, Diseases, and Poverty,
hawa ndiyo kikwazo cha nyumba yetu, it’s them who are the obstacle for our house,
wanaokwamisha maendeleo ya nyumba yetu, who impede the development of our house.
Kuwa makini sana, Mrisho, na hawa watu, Be very serious, Mrisho, about these people,
wabane! Wabane wasiharibu nyumba yetu. clamp down on them! Clamp down on them lest they destroy our house.
   
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
   
Nilishakumbuka kupunguza madeni, I have already managed to reduce the debts,
ila wewe usiache kukusanya kodi ndani. however, do not abandon the collection of taxes.
Tena simamia, simamia kwa makini, Furthermore, supervise, supervise it attentively,
ikusaidie kurekebisha humu ndani. so that they [the taxes] may help you to do make improvements here inside.
Ona jinsi elimu ilivyo duni, See how mediocre education is,
Ujinga pia naye aondoke humu ndani. so Ignorance should leave this house.
Madawa hospitalini hayapatikani, In the hospitals there is no medicine available,
maradhi yametuandama sana humu ndani, we are constantly afflicted with diseases,
yote hayo kwa sababu ya Umaskini. and all this is because of Poverty.
Sasa hivi kamwoa Rushwa kamleta ndani. Only recently he has married Corruption and has brought her in here.
mbane Rushwa asitawale humu ndani, Clamp down on Corruption, so that she doesn’t rule here inside,
ili nyumba yetu isiwe masakani. so that our house doesn’t become her dwelling place.
ila siyo siri, Mrisho nakuamini, And it is not a secret, Mrisho, I trust you,
kwa sababu ulishapitia jeshini. because you have gone through the army. [4]
Nakushauri umpe notisi Umaskini, I advice you to give notice to Poverty,
yeye ndiye kikwazo cha maendeleo. ‘cause he is an obstacle for development.
Pia usiwasahau hawa wadogo zako, And don’t forget your younger siblings,
hawa si taifa la kesho, ni la leo! they aren’t the nation of tomorrow, but of today!
Uwapatie hila ya kukwea maisha yao. Give them the know-how to master their lives.
   
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe maskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
   
Tangu baba yetu hajaondoka duniani, Before our father had left this world,
alipenda sana kudumisha amani. he liked to maintain peace very much,
Kwa kumwenzi baba, Mrisho, linda amani. So, in order to revere father, Mrisho, guard peace.
Mila na desturi ya nyumba hii ni amani. The morals and customs of this house are peace.
Pinga sana ubaguzi wa kabila na dini. Strongly oppose ethnic and religious discrimination.
Zingatia kuishi vizuri na majirani, Think of living well with your neighbours,
shilikiana [5] nao kuleta maendeleo mtaani, cooperate with them and bring development to the neighbourhood.
Likitokea tatizo basi saidianeni, If there occurs a problem, help each other,
kama baba yetu alivyowasaidia zamani. like our father helped them in the past.
Ila nakusihi sana kuwa nao makini However, I beg you, observe them closely,
kwani hujui rafiki au adui ni nani. because you don’t know who is a friend and who is an enemy.
ehee, Mrisho kuna kitu nimekumbuka, Ehee, Mrisho, there is another thing coming to my mind,
baba alituachia tochi unaikumbuka? father has left us the torch [6], do you remember it?
Basi kila mwaka humu ndani zunguka! So, every year go around with it inside here,
Tumia tochi hili kila chumba kumulika, and use it to illuminate every room,
uyafichue mabaya na maovu yaliyofichika. in order to discover the bad and rotten things that are hidden there.
Usijali, mungu atakusaidia, Don’t worry, God will help you,
na malengo yako yote atatimia! and all your goals He will achieve!
   
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!
Nakukabidhi nyumba hii – Mrisho! I hand this house over to you – Mrisho!
Yenye utulivu na amani – Mrisho! It is calm and peaceful – Mrisho!
Isimamie kwa makini –Mrisho! Preside over it attentively – Mrisho!
Na uondoe umaskini –Mrisho! And remove poverty – Mrisho!

[1] Mrisho is the second name of the then presidential candidate of the CCM, Jakaya Mrisho Kikwete.

[2] Baba (‘father’) is an epithet of the first president of Tanzania, Julius Kambarage Nyerere, who died in 1999.

[3] Benja refers to the former president of Tanzania, Benjamin Mkapa (1995- 2005)..

[4] This refers to the fact that Jakaya Mrisho Kikwete has been a member of the army.

[5] Standard Swahili: shirikiana

[6] This refers to the Uhuru Torch, a national symbol of Tanzania which symbolises freedom and light. It was first lit on top of mount Kilimanjaro in 1961, symbolically to shine the country and across the borders to bring hope where there is dispair, love where there is enmity and respect where there is hatred. Yearly there is the Uhuru Torch race, starting from different prominent places in the Republic.

[/av_one_full]

ANAFAA / HE FITS

 

[av_one_full first]

Tulishakaa na kuwaza tukagundua When we were sitting down and thinking, we realized
anafaa kuiongoza Tanzania. that he is fit to lead Tanzania.
Mwenendo wake si tofauti sana na mwalimu His conduct is not very different from Mwalimu’s [1]
na ndiyo maana tukamwona kwetu ni muhimu. and that’s why we think he is important for us.
Anafaa, anafaa, anafaa   – Jakaya He fits, he fits, he fits – Jakaya [2],
anafaa kuiongoza Tanzania – Jakaya. he fits to lead Tanzania – Jakaya.
Anafaa, anafaa, anafaa – Jakaya He fits, he fits, he fits – Jakaya
anafaa kuiongoza Tanzania – Jakaya. he fits to lead Tanzania – Jakaya.
   
Ukimtazama anapotoa spichi, ndugu Jakaya If you look at comrade Jakaya delivering a speech,
ana kila sababu ya kuitwa “Mheshimiwa” he has every right to be called “Honourable”.
Kakubalika kila kona hiyo inaeleweka, It’s clear that at every corner he’s been accepted,
na ndiyo maana kila anapokwenda afunika. that’s why everywhere he goes he succeeds.
Anafaa, anafaa, anafaa – Jakaya He fits, he fits, he fits – Jakaya,
anafaa kuiongoza Tanzania – Jakaya. he fits to lead Tanzania – Jakaya.
Anafaa, anafaa, anafaa. – Jakaya He fits, he fits, he fits – Jakaya,
anafaa kuiongoza Tanzania – Jakaya. he fits to lead Tanzania – Jakaya.
   
Nchi yetu yenye amani na utamaduni. Our country of peace and culture.
Eti leo tuuane kwa kukosa amani? Today, should we kill each other because of lacking peace?
Tulishasema naye kila kona hapa nchini We have talked to him at all places in this country,
tukagundua kwamba huyu jamaa yuko makini. and we have realized that he is concentrated.
Kasi mpya, nguvu mpya, ari mpya, New speed, new strength, new spirit,
hiyo sera ya Jakayaaa. that’s Jakaya’s policy.
Kasi mpya, nguvu mpya, ari mpya, New speed, new strength, new spirit,
hiyo sera ya Jakayaa. that’s Jakaya’s policy.
   
Sisi ndiyo watu wake kwanza kuchonga naye We were the first to talk to him
tulivyokuwa naye mitaa ya kati katika jua when we were with him in the city centre in the sun.
Tukamwambia masela mtaani wamepigika, We told him that the youth in the quarter have problems,
ndiyo maana wengi wao sasa wanakaba. and that’s why many of them now resort to violence.
   
Tumempata tuliyempenda. We have got the one we like.
Tuliyempenda! The one we like!
Mungu kamchagua, God has chosen him,
hata vijana tunampenda. and even we youth like him.
Tunampenda! We like him!
Ndiyo maana tumemchagua. That’s why we have chosen him.
   
Kwani nguvu mpya, kasi mpya, ari mpya, Because new strength, new speed, new spirit
inawezesha hali ya uchumi wetu kuinuka. makes it possible that our economic condition rises.
Kwani nguvu mpya, kasi mpya, ari mpya, Because new strength, new speed, new spirit
inawezesha hali ya uchumi wetu kuinuka. makes it possible that our economic condition rises.
Kasi mpya, nguvu mpya, ari mpya, New speed, new strength, new spirit,
kasi mpya, nguvu mpya, ari mpya. new speed, new strength, new spirit.
Kasi mpya, nguvu mpya, New speed, new strength,
moja kwa moja mpaka Ikuku straight to the state house.
   
Amani na upendo ndiyo silaha za Watanzania! Peace and love are the weapons of Tanzanians!
Tuliweka nia sasa mambo yametimia. We were determined and now we have achieved something.
   
Tumempata anayetufaa kutuongoza kishujaa We have found the one who will lead us bravely.
Kweli ni kifaa na anafaa kuongoza makataa . Yes he is apt and he is fit to lead in the final decision.
Wote tunamkubali kwa kila hali . All of us agree on him in every respect,
Hata kama dhiki ya ugali, Even if there are problems to get enough ugali [3],
naona mimi napata shwari. I expect calm times.
Ninachotaka ni amani What I want is peace
itawale mpaka mitaani. to rule even in the streets.
Mungu twamtakia Jakaya hadi amalize hili duru God, we hope for Jakaya to finish this round,
nchi yetu iendelee kuwa huru. so that our country may stay free.
Tunakuombea kwa mungu ahadi yote uyatekeleze. We pray for you to God that you may be able to fulfill all your promises.
Elimu iwe juu, Education should be up,
uchumi uwe juu. and the economy should be up.
Kila wikendi iwe siku kuu. Each weekend should be a holiday.
Kina dada, kina kaka kina mama, kina baba: Sisters, brothers, mothers, fathers:
Anafaa! He fits!
Anafaa kuiongoza Tanzania. He fits to lead Tanzania.
Anafaa! He fits!
Anafaa kuiongoza nchi yetu. He fits to lead our country.
Anafaa! He fits!
Anafaa kuiongoza Tanzania, He fits to lead Tanzania,
anafaa kuiongoza nchi yetu. he fits to lead our country.
Mpenzi baba Kikwete, Beloved Father Kikwete,
umepita sehemu nyingi you have passed through many areas,
na umekwepa vingi vigingi. and you have avoided many flanges.
Tumekuchagua wewe! We have chosen you!
Unayetufaa ni wewe! You, who is fitting us, it’s you!
   
Kasi mpya, nguvu mpya, ari mpya, New speed, new strength, new spirit
inawezesha hali ya uchumi wetu kuinuka. makes it possible that our economy rises.
Kasi mpya, nguvu mpya, ari mpya, New speed, new strength, new spirit
inawezesha hali ya uchumi wetu kuinuka. makes it possible that our economy rises.
   
Tumempata tuliyempenda, We have got the one we like,
tuliyempenda! the one we like !
Mungu kamchagua God has chosen him.
Hata vijana wanampenda, Even the youth like him,
wanampenda! they like him!
Ndiyo maana wanamchagua. That’s why they vote for him.
   
Kwani nguvu mpya, kasi mpya, ari mpya, ‘Cause new speed, new strength, new spirit,
inawezesha hali ya uchumi wetu kuinuka. makes it possible that our economy rises.
Kwani nguvu mpya, kasi mpya, ari mpya, ‘Cause new speed, new strength, new spirit,
moja kwa moja mpaka Ikulu. straight to the state house.
   
Tumempata tunayempenda We have got the one we like,
Hata vijana tunampenda. even we youth, we love him.

[1] Mwalimu (‘teacher’) is one of the epithets of the first president of Tanzania, Julius Kambarage Nyerere, who died in 1999.

[2] First name of CCM’s 2005 presidential candidate Jakaya Mrisho Kikwete.

[3] Ugali is a stiff porridge.

[/av_one_full]

attente 15

 

JAAƳE E JAARI

[av_one_full first]

– Wonnoo ɗoo ko gorko e debbo mum.

Gorko oo wi’etee ko Jaaƴe. Debbo oo wi’etee ko Jaari. Ɓe ngonaa alɗuɓe, ɓe ngonaa joom-lenyol’en. Laamɗo leydi maɓɓe yiɗi Jaari no feewi. Laamɗo oo nuli Jaaƴe wuro wonngo. Jaaƴe yehi. Laamɗo oo nulani Jaari yo o ar to mum. Jaari ari. Laamɗo oo wii : « Jaari, miɗa yiɗ-maa. Tee njiɗmi ko wondude e maa. »

Jaari wii : « Eey, mi jaɓii. Kono njiɗmi ko waɗande ma bottaari, ngaraa galle ngonden. » Laamɗo wii : « So sallifanaa juulaama, mi aran toon. »

Jaari hooti galle gorko mum. O yettii. O defi lacciri e kosam, o defi kodde e kosam, o defi nyiiri e kosam. O waɗi e lehe. Lahal fof, o hippi heen mbeɗu.

Sallifanaa eeraa. Laamɗo ari to Jaari. Jaari wii : « Nyaam lehe ɗee, so a gaynii, ngonden. » Laamɗo hippiti heen lahal, o tawi ko lacciri e kosam, o hippi. O hippiti gonngal ngal, o tawi ko kodde e kosam, o hippi. O hippiti tataɓal ngal, o tawi ko nyiiri e kosam, o hippi. Laamɗo wii : « Ko ndii bottaari woni ? »

Jaari wii : « Rewɓe fof ko gootum, ko mo a wondaani heen tan. Rewɓe maa ɓee ɓuri mi yooɗde, ɓuri mi laaɓde, ɓuri mi haarde… So a woppii ɓeen, a arii e am, ina haawnii. » Laamɗo oo wii : « Mi yaafi-maa-ma. »

Laamɗo oo ummii yehi. Feggere mum saami ɗoon. Jaaƴe arti to nelanoo too, o yettii galle makko. Jaari wettani mo leeso. O lelii, tan, ha o yii feggere laamɗo ina irii e leydi ! O ƴeɓti nde. O anndi ko feggere laamɗo. O wii e ɓernde makko : « Ndee ɗoo feggere, hay gooto alaa nde so wanaa laamɗo leydi ndii. » O anndii nelal ngal wonaa meere.

O deƴƴi, o haalaani hay batte. O natti haaldude e Jaari. Jaari, so haalii, o jaabo­taako. Ɓe ngoniri noon hakke lebbi tati. Jaari wii : « Haaɗi a nattii yiɗde mi, mi hootii galle baaba am. » Jaari suutii.

Jaari arti galle baaba mum. Baaba makko wii : « Jaari, ko addu-maa ? » Jaari wii : « Jaaƴe nattii yiɗde mi. Ɗii lebbi tati, o haaldataa e am, o ƴeewataa kam, so mi haaldii e makko, o jaabotaako mi. Mi anndaa ko woni. »

Baaba mum Jaari noddi Jaaƴe galle mum. Jaaƴe ari. Baaba mum Jaari wii : « Jaaƴe, holko renndin-maa e joom suudu maa ? O wii ɗii lebbi tati on kaaldaani. Mbiimi ko haala debbo, ha mi yii-maa, mi naamno-maa. »

Jaaƴe wii : « Laamɗo nelii kam wuro Kaari, mi yehii toon, nyallumi ko e tep­pere am. Mi artii, mi tawii feggere laamɗo ina e galle am ! Miin ko mi miskiino, so laamɗo waɗtii arde e galle am caggal am, holko mbaawmi haalde e ɗum ? Mi suusaa wullitaade hay gooto. » Baaba mum Jaari wii : « Jaari ko noon ? » Jaari wii : « Ko noon… Kono ko kaalan-moo-mi koo, o wontaa artu, o wontaa haalanam ko wa’i noon. »

Jaaƴe e esum kaaltidi haa paamondiri. Baaba mum Jaari wii : « Njehen to laamɗo. » Ɓe njehi to galle laamɗo. Ɓe njettii, kamɓe tato fof. Laamɗo wii : « Ko addi on ? » Baaba mum Jaari wii : « Miin dey miɗa halfinnoo oo ɗoo ngesa yo o reen, o woppi : ngesa baa ŋonyaama. » Laamɗo wii : « Jaaƴe, so a reennaama ngesa, so tawii a waawaa reende, a haalataa gila law, mbaasaa woppude ngesa njanana haa ŋonyee ? » Jaaƴe wii laamɗo : « So a reennaama ngesa, a waɗtii tawde ɗoon takkere mbaroodi, a dogataa ndanndaa fittaandu maa ?

Ɗoon laamɗo faami ko ɓe njiɗi haalde koo. Laamɗo moosi, o wii : « A wontaa yii ɗoon takkere mbaroodi. Hootdu e debbo maa galle maa. »

Jaaƴe e Jaari kooti.

[/av_one_full]

NOORWA E CUKALEL

[av_one_full first]

– Wonnoo ɗoo ko noorwa e cukalel.

Ba mawni. Ba ƴeeŋi maayo, ba ari e weendu sukkundu leɗɗe haba nyaama cide e booti. Yehi haa ceeɗu naati, weendu fuɗɗii horde, colli mbaɗti sikaade laaci mabba. Boyiiji mbaɗti ƴakkude laaci mabba.

Noorwa yii cukalel, ba wii : « Cukalel, ar nawam maayo, mi hokku-maa ko giƴa teettataa ma. » Cukalel wii : « Holno nawirtu-maa-mi, aɗa foti no laana nii ? » Noorwa wii : « A ɓolan baaji, laaci am kii e hoore am ndee, kaɓɓondiraa ɗum dow, mi ɗehoo, coraa, ndoondoɗaa mi, nawaa mi maayo. »

Cukalel ɓoli baaji, haɓɓi hoore ndee e laaci kii e koyɗe ɗee, noorwa tumpilii, ba ɗehii, cukalel sori les mabba, roondii ba, faari ba maayo. Cukalel yettii maayo. Ngel wii : « Miin dey mi waawaa ndiyam, munyo mi rooto-maa ɗoo. » Noorwa wii : « So a rootimaama mi ɗoo, mi waawaa yettaade ndiyam. »

Cukalel juuwi haa ndiyam ari ɗum e koppi. Ngel wii : « Mi rooto-maa ɗoo. » Noorwa wii : « So a rootimaama mi ɗoo, mi sinkan. Nawam yeeso. »

Cukalel nawi ba haa ndiyam heɓi ɗum e becce. Noorwa wii : « Rooto mi ɗoo. » Cukalel rootii ba. Noorwa wii : « Haɓɓitam. » Cukalel haɓɓiti noorwa, ƴeɓti baaji ɗii werlii dow.

Noorwa yinii, yehi too e fonngo maayo, yehi gaa e fonngo maayo. Ba arti e cukalel, ba wii : « Jooni njiɗmi ko nyaamde ma. » Cukalel wii : « Ndaw ko haawnii ! Ndeen dey tawan moƴƴere yoɓetee ko bonde ! » Noorwa wii : « Moƴƴere kay yoɓetee tan ko bonde ! » Ba wii : « Ɗuum ne, so miɗa nyaam-maa, ma mi seedna kulle tati ceedtoo nyamaande moƴƴere ko bonde yoɓetee. Ndee, mi nyaam-maa ! » Cukalel wii : « Seednu Alla tan. » Noorwa wii : « Alaa. Nyande fof, Alla ina yi’a geɗe keewɗe, kono o haɗataa. » Cukalel wii : « Eeyii, no njiɗɗaa fof waɗ ! »

Haa mbabba ari. Noorwa wii : « Mbabba, holko nyamaande moƴƴere yoɓetee ? » Mbabba wii : « Nyamaande moƴƴere kay ko bonde tan yoɓetee ! Jooni-jooni ngummiimi dimngal, kono hay so mi duuftii heen sammeere, tan ko sawru piyeteemi ! » Noorwa wii : « A nanii ko oo seede wii ? Go’o. »

Rawaandu ari. Noorwa wii : « Rawaandu, holko nyamaande moƴƴere yoɓetee ? » Rawaandu wii : « Nyamaande moƴƴere kay ko bonde yoɓetee ! Jooni-jooni ngummiimi raddo, mbarmi lella, kono ko ƴi’al ndokketeemi. Ɗuum ne, so mi yaawii hunuko, tan ko ɓannde piyeteemi. » Noorwa wii : « A nanii seedeeji ɗiɗi kaalii, nyamaande moƴƴere ko bonde yoɓetee ? Ina heddii seede gooto, so haalii mi nyaam-maa. »

Bojel ari. Noorwa wii : « Bojel, holko nyamaande moƴƴere yoɓetee ? » Bojel wii : « Ina yoɓee moƴƴere, ina yoɓee bonde… Ko ɗuum woni ? » Noorwa wii : « Cukalel, haal. »

Cukalel wii : « Miin, mi tawnoo noorwa e nder weendu, colli e booyiiji fof ina cikoo laaci mum. Noorwa wii yo mi wallu ɗum, mi roondoo ɗum, mi nawa ɗum maayo, hokka mi ko giƴam teettataa kam. Jooni mi addii ba e maayo, ba wii haba nyaama mi. » Bojel wii : « Noorwa, ko noon ? » Noorwa wii : « Ko noon. »

Bojel wii : « Ko ngel cukalel fenata ! Ngal nooral, aɗa waawi roondaade ɗum ? » Noorwa wii : « Omo waawi kay, wanaa ko kanko addi mi ɗoo ? » Bojel wii : « Ɗum, mi seedtotaako ɗum, ngati ɗum ko fenaande : ngel cukalel waawaa roondaade ma. Taw goonga, mbaɗtee no woorunoo. »

Noorwa ƴeeŋi. Cukalel ɓoli baaji, haɓɓi hunuko koo e laaci kii. Bojel walli ngel haɓɓude. Noorwa tumpilii, laaci kii e hoore ndee e takke ɗee, ɓe kaɓɓi haa tiiɗi. Noorwa ɗehii. Cukalel sori les noorwa. Bojel wii : « Ko nii woorunoo ? » Noorwa wii : « Aaha. » Cukalel wii : « Aaha. »

Bojel wii : « Cukalel, mate baaba maa nyaamataa noorwa ? » Cukalel wii : « Ina nyaama kay ! » Bojel wii : « Nawan baaba maa. » Cukalel faari galle mum’en. Noorwa wii : « A’ahaa !… A’ahaa !… »

Gilaa ndeen, so noorwa roondaama, wi’ata ko : « A’ahaa !… A’ahaa !… »

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HARE DUULAAƊE

 

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– Wonnoo ɗoo ko rawaandu.

Ndu tawi duulaaɗe – walla mbatiiji ɗiɗi ina kaɓa. Ndu ari e puccu, ndu wii : « Puccu, duulaaɗe ɗiɗi nena kaɓa, a yaataa ceerndaa ɗe ? » Puccu wii : « Miɗa jiimi e gammbal am miɗa nyaama, yo mi yah hare duulaaɗe ? Ko wondii kam e ɗuum ? » Rawaandu wii : « Bone dey ficcan laaci !… » Rawaandu ɓenni, ari e ngori, ina wiɗoo. Ndu wii : « Ngori, duulaaɗe ɗiɗi nena kaɓa, a yaataa ceerndaa ɗe ? » Ngori wii : « Hol miin e yaade hare duulaaɗe ? Ɗuum dey wonaa haaju am ! » Rawaandu wii : « Bone dey ficcan laaci !… » Rawaandu ɓenni, ari e njawdi. Ndu wii : « Njawdi, duulaaɗe ɗiɗi nena kaɓa. A yaataa ceerndaa ɗe ? » Njawdi wii : « Miɗa nyaama gooƴe am, yo mi yah hare duulaaɗe ? Yo ɗe mbarndir ! » Rawaandu wii : « Bone dey ficcan laaci !… » Rawaandu ɓenni, ari e ngaari. Ndu wii : « Ngaari, duulaaɗe ɗiɗi nena kaɓa. A yaataa ceerndaa ɗe ? » Ngaari wii : « Miɗa nyaama nyaayko am, yo mi seerndoy hare duulaaɗe ? Ummo ɗoon dey ! » Rawaandu wii : « Bone dey ficcan laaci !… » Duulaaɗe cippiri haa njani e jige debbo nayeejo. Jige oo ina waɗi wiro. Laaceeje ɗee nawori wiro. Ɗe njani e jaaynge, ɗe ŋabbi e suudu. Suudu debbo nayeejo wonnoo nduu sumi. Debbo oo maayi. Gullaali ngulli, yimɓe mbii : « Kaɓɓee puccu nguu, ƴeewon cukalel wulloyoo banndiraaɓe. » Puccu seŋaa labungal. Rawaandu ari e puccu, ndu wii : « Puccu, mi wi’iino ma bone ficcan laaci. Hannde so ɓe ceertii e maa, so a maayaani ne, a tampan. » Puccu nyalli dog­neede e gure, arti tan maayi, daasaa werlaa caggal wuro. Rawaandu nyaami. Hoɓɓe ngari janayse. Yimɓe mbii : « Ƴeewanee hoɓɓe ɓee ko nyaami. » Ɓe mbii : « Mbaree ngori oo ». Tan sukaaɓe mbi’aa yoo paɗɗu ngori. Ɓe ƴeɓti cabbi, ɓe ndewi e ngori. Ngori ina doga, ina naata e cuuɗi e ndallaaji. Rawaandu wii : « Ngori, mi wi’iino ma bone ficcan laaci. Oo bone luutataa ma. » Ngori waraa nyaamaa, ƴi’e mum mberlaa rawaandu. Hiiri. Yimɓe mbii : « Ƴeewanee hoɓɓe ko kiirtii. » Ɓe mbii : « Mbaree njawdi ndii. » Njawdi nanngaa ina waree. Rawaandu ari e njawdi. Ndu wii : « Mi wi’iino ma bone ficcan laaci. Aan kam a daɗataa. » Njawdi waraa nyaamaa, ƴi’e mum mberlaa. Rawaandu nyaami. Nyawli. Ɓe mbii : « Ƴeewanee hoɓɓe ko ngottii. » Yimɓe mbii : « Mbaree ngaari ndii. » Ngaari jaggaa, haɓɓaa ina waree. Rawaandu ari wii : « Ngaari, mi wi’iino ma bone ficcan laaci. Oo bone luutaani ma. » Ngaari waraa nyaamaa, ƴi’e mum mberlaa rawaandu.

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BOJEL E NYIIWA E MBAROODI E CAAMAABA

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– Wonnoo ɗoo ko bojel.

Ngel yehi to nyiiwa, ngel wii : « Nyiiwa, nyamlam ngaari haa nyande altine mi yoɓ-maa. » Nyiiwa nyamli ngel ngaari. Bojel yehi to mbaroodi, ngel wii : « Mbaroodi, nyamlam ngaari haa nyande altine mi yoɓ-maa. » Mbaroodi nyamli ngel ngaari. Bojel yehi to caamaaba, ngel wii : « Caamaaba, nyamlam ngaari haa nyande altine, mi yoɓ-maa ngaari maa. » Caamaaba nyamli ngel ngaari.

Ngel waɗdi e maɓɓe lajal. Nde lajal ngal timmi, bojel yehi to nyiiwa. Ngel wii : « Nyiiwa, addu ɓoggol mi yoɓ-maa ngaari maa. » Nyiiwa hokki ngel ɓoggol. Bojel yehi to mbaroodi, ngel wii : « Mbaroodi, addu ɓoggol mi yoɓ-maa ngaari maa. » Mbaroodi hokki ngel ɓoggol. Bojel yehi to Caamaaba, ngel wii : « Caamaaba, addu ɓoggol mi yoɓ-maa ngaari maa. » Caamaaba hokki ngel ɓoggol.

Bojel ƴeɓti ɓoggi ɗii, ngel haɓɓi e lekki mawki. Bojel yehi to nyiiwa, ngel totti nyiiwa ɓoggol, ngel wii : « Nyiiwa, fooɗ ngaari maa ! » Bojel yehi to mbaroodi, ngel wii : « Mbaroodi, ndaa ɓoggol fooɗ ngaari maa ! » Bojel yehi to caamaaba, ngel totti caamaaba ɓoggol, ngel wii : « Fooɗ ngaari maa ! » Bojel wii gooto fof yoo fooɗ ngaari mum. Ɓe nyalli fooɗde ha ɓe tampi, hay huunde araani. Moni fof rewi e ɓoggol mum, ha ɓe njettii lekki.

Nyiiwa wii : « Waɗi en nii ko Bojel. Kono ɗo njii-moo-mi fof, ko mi baroowo mo ! » Mbaroodi wii : « Ladde ndee mi jaggii ɗum : ɗo njiimi Bojel fof, ko mi baroowo ɗum ! » Caamaaba wii : « Ndiyam, mi jaggii ɗum : nde ngel tellii e ndiyam fof, mi waran ngel ! »

Lella ari yarde. Caamaaba wii : « Ɗum ko Bojel ne ? » Lella wii : « Alaa. Ko miin lella ari yarde. » Caamaaba wii : « So a yi’ii Bojel, mbi’aa mo, miin e Nyiiwa e Mbaroodi, ɗo min njii mo fof, ko min warooɓe mo ! »

Lella yehi. Ba yii bojel, ba wii : « Bojel, Nyiiwa e Mbaroodi e Caamaaba mbii ɗo njii-maa fof, ko ɓe warooɓe ma ! Ɗuum noon, a wontaa yar ndiyam, ladde ndee, on kejjataa heen ! »

Bojel ari tawi koturu ina maayi ha ndu nyoli, handu ɓuny-ɓunyca gilɗi. Tan bojel suddii nguru oo, gilɗi ina caama. Bojel ari e sara maayo, tan caamaaba wii : « Hii jam, Koturu, holko waɗ-maa nii ? » Bojel wii : « Waɗi mi nii, ko kuɗdi Bojel. Mi nyamlii ngel ngaari, mbiimi yo ngel yoɓam, ngel salii yoɓde mi, ngel huɗi mi : kuɗdi maggel waɗi mi nii. » Caamaaba wii : « So a yi’ii Bojel, miɗa rewannoo mo ngaari, mi yaafi-moo-mo. »

Bojel yehi to nyiiwa. Nyiiwa wii : « Koturu, holko waɗ-maa nii ? » Bojel wii : « Waɗi mi nii ko kuɗdi Bojel. Mi nyamlii ngel ngaari, ngel salii yoɓde mi, ngel huɗi mi : kuɗdi maggel waɗi mi nii. » Nyiiwa wii : « So a yi’ii Bojel, mbi’aa mo mi yaafi-moo-mo ngaari ndewanno-moo-mi ndii. »

Bojel yehi to mbaroodi. Mbaroodi wii : « Koturu, holko waɗ-maa nii ? » Ngel wii : « Waɗi mi nii ko kuɗdi Bojel. Mi rewii ngel ngaari, lajal amen timmi, Bojel salii yoɓde mi, huɗi mi : kuɗdi maggel waɗi mi nii. » Mbaroodi wii : « So a yi’ii Bojel, mbi’aa mo ngaari ndewanno-moo-mi ndii, mi yaafi-moo-mo ndi.

Tan bojel itti nguru werlii. Ngel yehi to caamaaba. Caamaaba wii : « Ɗum ko Bojel ne ? » Bojel wii : « Yaa Allaahu, yaa Allaahu !… » Caamaaba wii : « Alaa, mi yaafino-maa-ma ngaari am. Ɓam, wata huɗam ! »

Bojel yehi to nyiiwa. Nyiiwa wii : « Ɗum ko Bojel ne ? » Bojel wii : « Yaa Allaahu, yaa Allaahu !… » Nyiiwa wii : « Alaa, alaa ! Wata huɗam, mi yaafino-maa-ma ngaari am ! »

Bojel yehi to mbaroodi. Mbaroodi wii : « Ɗum ko Bojel ne ? » Bojel wii : « Yaa Allaahu, yaa Allaahu !… » Mbaroodi wii : « Alaa, alaa ! Mi yaafi-maa-ma ngaari am ndii, ɓooyii ! »

Ɗoo bojel fanndini nyamaale, nyamaale njoolii !

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FOWRU E DEBBO E CUKALEL MUM

 

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– Wonnoo ɗoo ko fowru.

Ndu raddi balɗe tati, ndu danyaani ko ndu nyaami. Ndu nyalli yaade, handu tampi. Ndu ari les lekki handu leha, handu ɗeɓa maayde heege. Ndu yii cukalel ina lelnaa e les lekki jammi. Ndu wii : « Ɗum kam, maa taw ko koyɗol, walla ko gite am ɗee ngoni ɗe mbelaani no feewi ? »

Ndu toknyii, ndu feerti gite, ndu ndaari cukalel ngel, ndu hooynii dow, ndu yii debbo ina woosa yatilo. Tan ndu moosi. Ndu geewii, ndu yirlii seeɗa, ndu arti sara cukalel ngel. Tan ndu wii : « Ɗum kam wonataa : miɗa jooɗii balɗe tati mi nyaamaani !… Cukalel ngel, ko bottaari mbaɗanmi ngel. Yummo oo, ko hiraande mbaɗan-moo-mi. »

Tan cukalel ngel woni e woyde. Ndu hooynii dow lekki, ndu wii debbo oo : « Hiraande, holko Bottaari woyata ? » Debbo oo wii : « Kanko dey, o woyata, ko o goowɗo wottaade keenye pobbi ; hannde noon, gila subaka baaba makko ina waanya pobbi, hay wooturu yi’aani. Ɗuum woni ko o woyata. Baaba makko nena e nder jeeje, gila subaka heɓaani hay batte. O wii kam, yo mi ŋabbu dow lekki, so mi sooyniima fowru, mi haalana mo. Ɗuum woni ko ŋabbini mi dow lekki. » Ndu wii : « Ɗuum dey, yoo ngaari kooba dunkilo yah. » Debbo oo wii : « Ngaari kooba ndi alaa gallaaɗi ? » Ndu furƴini, ndu wii : « Hii, wonaa ko nguumuuji deedaaɗi tan njahata e ladde hee ? » Debbo oo wii : « Ngaari kooba ina yaha, ina jooɗtoo ? » Ndu wii : « Ndii ko kelnoondi ina jokki. »

Tan ndu ruŋtii, ndu woni e nyoƴƴude koyɗe handu doga !… Debbo oo wii : « Aan a wonaa kooba, ko a fowru ! Ooy baaba makko, ar ! Fowru ne nii. » Tan fowru renndini, punndi ruuki. Fowru dogi naati e nder ladde, ina nanta teppe mum, ɓeydii marnyaade e koose. Ɗoo debbo seerti e fowru. O tellii. O ƴeɓti ɓiyiiko. O faati wuro.

Gila ndeen, ina haɗaa ɗalde baasnumel tan e nder ladde, walla e nder ngesa, walla to baɗtoowo e mum hakkille ɗoo alaa…

Diwaa ɗoo, ɗakkaa ɗoo…

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NYIIWA E MBAROODI E CEWNGU E FOWRU

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– Wonnoo ɗoo ko nyiiwa e mbaroodi e cewngu e fowru. Ɓe mbii haɓe mbaɗa suudu joom-doole’en.

Ɓe mbaɗi suudu e sara ndiyam. Ɓe nginniri ndu « Suudu Joom-Doole’en ».

Lella nani ɗum wii : « Ladde bonii ! Joom-doole’en mbaɗii suudu sara ndiyam, mbii ndu Suudu Joom-Doole’en. Hay gooto yarataa hankadi ! » Ba wii : « Bojel, ladde bonii, joom-doole’en mbaɗii suudu sara ndiyam, ɓe mbii ko Suudu Joom-Doole’en. Ɗuum en mbooraama ! » Bojel wii : « Holi ɓeen ? » Lella wii : « Nyiiwa e mbaroodi e cewngu e fowru. » Bojel wii : « Ma mi sar suudu maɓɓe nduu, ɓe ngontaa renndu e Aduna ha ɓe maaya ! »

Ndeen ɓe peewni suudu nduu. Ɓe pecci lelɗe ɗee : lelnde nyiiwa, lelnde mba­roodi, lelnde cewngu, lelnde fowru. Ɓe mbii hay gooto wata toony goɗɗo oon. Ɓe kawri e oon shari’a.

Bojel ƴeewi barme kiiɗɗo e wujo e hudusuru. Bojel loowi hudusuru ndiyam haa heewi. Ƴeewi fetel, loowi heen peɗeeli nay conndi. Bojel seŋi heen kapsin boɗeejo coy. Taw nyiiwa e mbaroodi e cewngu e fowru ndaddoyii. Ngel ari, ngel naati suudu, ngel heɓi lelnde nyiiwa, ngel lelii.

Hiiri. Nyiiwa adii arde, tawi bojel ina lelii e lelnde mum. Nyiiwa wii : « Hol oo ? » Bojel wii : « Miin dey ko mi koɗo. Mi arii ɗoo, taw hiirii, mi yi’aani ɗoo hay gooto, mbiimi mi leloo ɗoo haa janngo mi dawa. » Nyiiwa wii : « Suudu nduu ko Suudu Joom-Doole’en, ko miin adii joftude, heddiiɓe ɓee nena ngara. Kono haadi ko a koɗo, waal ɗoo haa janngo. Bisimilla maa ! » Nyiiwa heɓi lelnde mba­roodi lelii. Mbaroodi arti wii : « Hay yontinaani, toonyannge ina fuɗɗoo ?

Nyiiwa wii : « Alaa, ko en danyɓe koɗo, haa subaka o yaha. Lelo e lelnde cewngu. » Mbaroodi wii : « Ɗum ina moƴƴi. » Mbaroodi lelii e lelnde cewngu.

Cewngu ari wii : « Hii jam ! Hay yontinaani, toonyannge ina fuɗɗoo ? » Mbaroodi wii : « Alaa, ko en danyɓe koɗo, lelii e lelnde nyiiwa. Lelo e lelnde fowru haa janngo tan moni fof heɓa lelnde mum. » Cewngu wii : « Ɗum ina moƴƴi. » Cewngu lelii e lelnde fowru.

Fowru arti wii : « Hee hee, hay yontinaani tawo, toonyannge ina fuɗɗoo ? » Cewngu wii : « Alaa, ko en danyɓe koɗo, lelii lelnde nyiiwa, nyiiwa lelii lelnde mbaroodi, mbaroodi lelii lelnde am, miin, leliimi lelnde maa. Haa janngo tan, moni fof heɓa lelnde mum. » Fowru wii : « Hee hee, koɗo lelotooɗo lelnde nyiiwa ? Oo koɗo koy, ko o joom doole koy ! Nduu suudu dey, so o waalii e men hannde ndu fusaani, ngannden ndu wontaa bon ! » Fowru lelii e damal…

Nde yehi haa jenngi, bojel wii : « Nyiiwa, suudu mon nduu ina ŋaanyee ne ? » Nyiiwa wii : « Handu ŋaanyee kay. Ŋaanyo ! » Bojel ƴeɓti wujo tan waɗi e barme koos !… koos !… Fowru fini wii : « Hii jam ! Ko ɗum woni ? » Nyiiwa wii : « Famɗin dille : ko koɗo men ŋaanyotoo. » Fowru wii : « Ɗum ko segene ? Nduu suudu, so ndu weetii e men ndu fusaani e men, ngannden ndu wontaa fus !… »

Yehi haa ɓooyi, bojel wii : « Nyiiwa, suudu mon nduu ina soofee ne ? » Nyiiwa wii : «Handu soofee. Minen fof ko ɗoo min coofata. Soof ! » Tan bojel haɓɓiti hudusuru, ndiyam deeli e leydi, wa’i no waraango nii ! Ndiyam ɗam tawi fowru e damal. Fowru wii : « Hii jam ! Ko ngoo waraango woni ? » Nyiiwa wii  : « Famɗin dille maa : ko koɗo men soofata. » Fowru wii : « Ɗum ko coofe ? Hii, ha mi yi’a oo jamma weeta ! »

Yehi haa ndaari weetde, bojel wii : « Nyiiwa, suudu mon nduu ina puttee ne ? » Nyiiwa wii : « Ina puttee. Minen fof ko ɗoo min puttata. Puttu ! » Bojel ƴeɓti fetel, fooɗi ngelooba, nanngi e rawaandu, kapsinaaji petti, fiyannde waɗi tuy !… Tan nyiiwa roondii bannge e suudu, mbaroodi bannge e suudu, cewngu roondii bannge e suudu, fowru roondii bannge e suudu. Tan suudu dajjitii. Moni e maɓɓe fof rewi tiinde mum.

Fowru wii : « Miin kay, mi haaliino : koɗo lelotooɗo e lelnde nyiiwa, oon koɗo kay, to waali fof, jam waalataa ɗoon ! »

Gila ndeen, ɓe kawraani.

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FOWRU E BOJEL E RAWAANDU

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– Wonnoo ɗoo ko fowru e bojel e rawaandu.

Fowru e bojel ina ladde, rawaandu tawi ɓe toon. Rawaandu woni e yeewtande ɓe nyaameele wuro belɗe. Fowru e bojel mbii : « Holko weli toon ? » Rawaand wii : «Nyaamde ina toon, ina wi’ee kodde. » Fowru wii : « Holno kodde mba’i ? » Rawaandu wii : « Kodde ndakketee ko subaka, kono heewi nyaameede ko kikiiɗe. » Fowru wii : « Sifono mi no kodde mba’i. » Rawaandu wii : « Kodde ina rawni, ko gawri sottetee haa laaɓa, saanyo koo ittee, unee haa ɗaata, waɗee ɓooɗe-ɓooɗe. » Ngool laawol, rawaandu haalanaani fowru ɗo kodde mooftetee. Hiiri. Fowru ari e wuro, tawi jinnde ndoondi, sikki ko kodde. Fowru muuɗi haa reedu heewi ndoondi, tan fowru arti wii : « Bojel, mi muuɗii kodde hanki jamma ! » Bojel wii : « Eehee ! Haa Rawaandu ara, mi naamnoo ɗum taw ko kodde muuɗɗaa. » Weeti. Rawaandu ari. Bojel wii : « Rawaandu, Fowru dey wii muuɗii kodde hanki ! » Rawaandu wii : « Fowru, holto tawɗaa kodde ɗee ? » Fowru wii : « Tawmi kodde ɗee ko sara caggal wuro, ina weɗɗaa e jinnde, muuɗmi heen haa kaarmi. » Rawaandu wii : « Alaa. Ɗuum wonaa kodde, ko ndoondi. Hay gooto yiɗaa. To kodde ngonata too, so a yehii toon, so a artii, kulle fof nganndan a nyaamii kodde, walla a yettiima ɗo ɗe ngoni. » Fowru wii : « Holto kodde ngoni ? » Rawaandu wii : « So a naatii e galle, njahataa ko nder suudu, kooynoɗaa dow, ma a yii ɗaggal – walla kaggu – ma a yii koron ɗiɗon : ngel ina waɗi kosam, ngela ina waɗi kodde ; ma a yii heen nyeɗdude : njowtaa korel kosam ngel, e korel kodde ngel, e nyeɗdude ndee ; ƴeɓtaa kosam ɗam, mbaylaa e kodde hee, nirkiraa nyeɗdude ndee haa ɗaata, tan njaraa haa kaaraa. Ɗuum woni kodde. » Tan fowru acci haa futuro juulaa, yehi wuro. Fowru ari naati galle, fa’i nder suudu, yettii, yii ɗaggal, ndu hooynii ɗaggal ngal. Ndeke joom kodde ɗee ina nder suudu : o yii fowru nduu. O ƴeɓtii ɓannde… O yii fowru naatii suudu. Fowru tinaani. Fowru ƴeeŋii ina yowta koron kon, tan korel kosam ngel rufi e hoore fowru ! Joom kodde ɗee addi ɓannde fiyi kine fowru pat ! Tan hinere fowru fusi, ƴiiƴam werlii, nyiiƴe ɗee keli, tan cosorɗi ƴiiƴam mberlii, tan fowru dogi faati to bojel, hoore mum ina moddi kosam, hunuko mum ina silsilta ƴiiƴam ! Fowru yettii bojel. Bojel ndaari fowru, hoore ndee ina moddi kosam, hinere ndee ina feesii, ƴiiƴam ina siimta. Bojel wii : « Heehee ! Kaawu fowru, hay so a yaraani kodde dey, a yettiima ɗo kodde ngoni ɗoo ! »

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FOWRU E MBEEWA

 

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– Wonnoo ɗoo ko fowru e mbeewa.

Subaka law, mbeewa ina iwra funnaange, fowru ina iwra hiirnaange. Ɓe kawri e nder guumi cukkuki. Mbeewa tinaani, fowru tinaani, haa gite maɓɓe kawri.

Mbeewa wii : « Hii, subaka am bonii hannde ! » Fowru ndaari mbeewa. Mbeewa ndaari fowru. Fowru wii : « Aaha, hannde kay subaka maa bonii ! » Fowru wii : « So a haalii goongaaji nay, tan mi accete, mi waasa warde ma. » Mbeewa wii : « Nyaamam tan, ɗum woni e maa. » Fowru wii : « So a haalanii kam goongaaji nay, mi nyaamataa ma. »

Mbeewa wii : « Sinno Alla anndinii kam aɗa rewa e ngol laawol, mi rewataa heen. » Fowru wii : « Aaha go’o, a haalii goonga. »

Ba wii : « Ɗiɗaɓel ngel, so mi yehii wuro mi wi’ii yimɓe ɓee, mi hawrii e fowru accii kam, ɓe mbi’oyan ko fenaande, ngati a alaa nguun ndimaagu. » Fowru wii : « Ɗiɗi, a haalii goonga. »

Mbeewa wii : « Tataɓel ngel, sinno joomam anndiino so mi oorii hannde miɗa hawra e maa, ko e ɓoggol nyallanmi. » Fowru wii : « Tati, a haalii goonga. »

Mbeewa wii : « Nayaɓel ngel, so a yi’ii haala men kaa juutii tan ko aɗa haari. » Fowru wii : « Nay, a haalii goonga. Jooni-jooni, conngumi ngaari, nyaammi haa ngoppumi teewu. Yah, mi accii ma. »

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FOWRU E FAYANNDE TEEWU E MBAROODI ƁESNDI

 

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– Wonnoo ɗoo ko fowru.

Handu yaha ha ndu tawi fayannde teewu ene jooɗii. Ndu huufi fayannde ndee. Ndu hooynii dow, ndu yii naange. Ndu wii naange ngee : « A nyaamataa heen dey. » Ndu wii : « Nyaamanmi fayannde teewu ndee, ko to a yi’ataa kam. »

Ndu roondii fayannde ndee. Ndu ari e lekki cukkuki. Ndu hooynii dow, ndu yii sereendu naange. Ndu wii : « Ɗoo, hange yi’a mi… Ma mi yah ɗo a yi’ataa kam. »

Ndu ɓenni, ha ndu ari e guumi cukkuki. Ndu rootii fayannde ndee. Ndu hooynii dow, ndu yi’aani naange. Ndu wii : « Ɗoo dey, nge yi’ataa kam… Aɗa fut­tini gital maa tan, ɗo njaami fof, ndewaa e am ! Ko a tenkoowo no feewi. A nyaamataa heen dey ! »

Ndeke mbaroodi ɓesndi ene nder guumi hee. Yontere, yaltaani, nyaamaani. Ene fadi haa ɓikkon mum ngutta, yalta raddoya. Ndu hippiti fayannde ndee tan, haa gite mayru e gite mayri mbaɗdi renku ! Ndu wii : « Yumpaany Mbaroodi, miin kay, mi nanno a ɓesnii, ngaddan-maa-mi fayannde teewu. » Mbaroodi wii : « Joƴƴin ɗoon, yah. A jaaraama ! »

Tan ɓoosaaji mbaroodi njiimi e fayannde ene nyaama kette teewu, ene pijira. Fowru darii ene morsindoo, suusaa haalde, suusaa haɗde. Mbaroodi wii : « Fowru, ko padɗaa ? » Fowru wii : « Hay batte, Yumpaany Mbaroodi, mi yehii. »
Fowru ene yaha, ene saɓɓitoo.

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FOWRU E BOJEL E MBAROODI

 

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– Wonnoo ɗoo ko fowru e bojel e mbaroodi.

Ɓe mbii : « Ngaree njehen raddo. » Ɓe njehi, ɓe mbari lella e kooba e wil­wilnde. Ɓe mbii : « Peccen. » Fowru wii : « Kaawu Mbaroodi, moni e men fof, ko hokkaa hoto yaw. » Mbaroodi wii : « Kala jawɗo, ko mi baroowo ɗum ! »

Ndu sastii wilwilnde ndee, handu jogori rokkude bojel. Tan bojel wii : « Tappi ! Hee Kaawu Mbaroodi, Kaawu Fowru ƴeɓtii geɗal mum ! » Ngel wii : « Kaawu Mbaroodi, naw kooba baa, miin mi nawa lella baa. »

Bojel woni e juɗde lella mum. Mbaroodi woni e juɗde kooba mum. Haɓe mbaɗa sunununuu !… sanananaa !… Fowru woni e ɓiinyde, e ŋormaade. Bojel wii : « Hii jam, Kaawu Fowru, aan kam a yaw ne ? »

Fowru heɓɓitii wii : « Hii, ko yawi e ɗum ɓiɗɗum soolde, ko alaa teewu, alaa ƴiiƴam ? »

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attente 14

 

SEYGELAARE

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Ko ɓoggol Fulɓe jaambareeɓe, ngol yahdataa e jimol. Ko leeɓol bellalol, ko Buubu Arɗo hoɗantenoo ngol, oon ko laamɗo Pullo Maasina.

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NJILLU LEELI E YILLAADE

 

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Jimol dingiral (chant populaire). Haalata ko haala potal, heewi yimeede ko e kirɗeeli pine walla maagooji.

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MALI SAAJO

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Ɓoggol Subalɓe, waɗti yahdineede e jimol biyateengol kanyum ne Maali Saajo. Mali firti ko Ngabu.

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LEELE

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Ko leeɓol jahdowol e jimol biyateengol kanyum e hoore mum Leele. Ko jimol dingiral (chant populaire). Leele haalata ko gilli, cehilaagal e nyaam-golluuje tiiɗɗe.

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LAGIYA

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Walla mbiyaa Layya, ko ɓoggol Deeniyankooɓe e seɓɓe mum’en. Ina yahda e jimɗi biyateeɗi Gumalaa, jimɗi maabgol jaambareeɓe, ndeen so wolde waaldaama, ko ndeen Gumaalaa yimatee, worɓe ɓee mbaala maabde, rewɓe ɓee mbaala yimde Yelaa.

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BOJAL

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Ko jimol naalanke mawɗo biyateeɗo Mammadu Faatel Bah. Bojal, ina sikkaa ko innde neɗɗo o soowi ɗoon, ɓaadi omo wiya :

“Bojal ngal bonni golle am.

Haɗi mi ngaynaaka saka ndema.

Haɗi mi as ɓulli nay njara.

Haɗi mi rem nguura woodee.

So Bojal uuɓii, mi tuuban. ”

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ƁIƁƁE LEYDI AM / LES ENFANTS DE MON PAYS

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Ittaa ko e jimol Awluɓe biyateengol “Banna Saa Rellaa”, waɗtaa jimol renndo (chant populaire). Yimatee ko e nyalɗi walla kirɗeeli pine e diɗɗe magooji.

Il provient d’un chant des griots…ce n’est pas un chant de rassemblement (chant populaire). Il est chanté le jour ou au cours des soirées culturelles et es représentations théâtrales.

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ANA / L’OBSCUR

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Ko ɓoggol Awluɓe. Ina hoɗee kanyum tan. Ina hoɗee, hoɗanee jimoowo Yelaa. Yelaa e hoore mum ko jimɗi Awluɓe, baaruuji Yelaa ina keewi.

C’est l’air des griots. Il est joué tout seul. Il est joué, il est joué pour le chanteur Yélâ. Yelâ en lui-même c’est les chants des griots, les accompagnements de Yélâ sont nombreux.

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NDIMAAGU

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– Wonnoo ɗoo ko suka gooto debbo.

Omo wi’ee Daado.

Daado ko ɓaleejo juumo, mbaadi e needi ! Ndiin wi’etee kaaɗtudi. Alaa fof to ndaarataa e Daado mbi’aa : « Sinno wonaa… » Ko gorko yoori hoore fof, so Daado ɓamtii gite mum ɓutte daneeje o ndaarii ɗum, o waɗdii heen mooso ray !, oon nyippan ɗe mum, ronka anndude ko waɗata. Daado, kala ɗo o wirtii sagataaɓe worɓe, yeewtere mum’en telɓan !

Waaw-haala’en mbii : « Hoto mem ko a yamiraaka, kono hoto ndaar ko njiɗɗaa. »

Daado wii ina ƴeewa ndimaagu worɓe ɗo tolnii. O wii : « Mi haaldataa e gorko ƴamal so wonaa cokaaɗo e suudu balɗe cappanɗe tati, subaka fof, ko lonngere wootere nyaamata e wooɓre wootere ndiyam yarata, ko oon kumanteemi. »

Kala garɗo ƴamde mo, ko ɗuum o wi’ata ɗum. Oon wi’a : « Miɗa yiɗ-maa no feewi, kono mi waawaa. » Joomum hoota. Kala ɗo ngarɗaa tawɗaa sagataaɓe worɓe ina njeewta, ko haala Daado kaalata, Alla e makko yooɗde.

Sagataaɓe tato worɓe nani ɗum. Oo ina wi’ee Sammba, oya ina wi’ee Demmba, tataɓo oo ina wi’ee Yero. Gooto e maɓɓe fof, ko tinɗo hoore mum to diiwaan mum’en. Ɓe mbii : « Oo suka debbo no wa’i yooɗde nii fof, ronka gorko jaɓɗo ko o wii koo ? » Ɓe mbii : « Ƴamoyen mo ngannden holko o miijii, walla holko miijo makko ngoo yiɗi wiide, ngannden ko cikkuɗen ko o miijii koo, so ina e makko. »

Daado wii : « Mi wi’aani ko danyɗo resata mi. Mi wi’aani ko laamɗo resata mi. Mi wi’aani ko joom lenyol resata mi. Mbiimi ko miɗa ƴeewa ndimaagu worɓe ɗo tolnii. »

Ɓe ngari ƴamde Daado, gooto e maɓɓe fof hokkaa suudu. Daado ari salminde ɓe. Daado salmini Sammba, ɓe calmondiri haa saɗi joofi. Sammba haali sabaabu garal mum, wonde ari ko ƴamde mo. Daado wii : « So tawii ko mbiimi koo aɗa waawi waɗde ɗum, ma en kaaldu.

Daado ɓenni to Demmba, ɓe calmondiri haa saɗi joofi. Demmba wii : « Itti mi wuro amen hannde, ko dawol jam tan. Addi mi, ko yiɗde ƴamde ma. » Daado wii : « So aɗa waawi waɗde ko mbiimi koo, ma en kaaldu. » Daado yehi to Yero. Ɓe calmondiri. Yero wii : « Ngarmi ko ƴamde ma. » Daado wii : « A waasataa nande ko mbiimi koo. So aɗa waawi waɗde ɗum, ma en kaaldu. »

Kamɓe tato fof, ɓe mbaɗdi aadi e Daado. Gooto e maɓɓe fof sokaa e suudu. Dammbii. Subaka fof, ko lonngere wootere e wooɓre ndiyam hokketee.

Rawaandu ina nehaa e galle hee. Subaka fof, so lonnge ɗee ngarii, ndu ara ɓe tenkude.

Ndu daroo e damal suudu Sammba, ndu tawa Sammba nyaamii lonngere mum, yarii wooɓre mum. Ndu ɓenna to Demmba, ndu daroo e damal suudu Demmba, ndu tawa Demmba nyaamii lonngere mum, yarii wooɓre mum. Ndu ɓenna to Yero. Yero fecca lonngere mum e wooɓre mum, hokka ndu heen.

Ɓe ngoori noon haa balɗe cappanɗe tati timmi. Wi’aa yo ɓe njaltu. Ɓe njalti. Gooto e maɓɓe fof timminii ndimaagu mum e aadi mum waɗdunoo e Daado. Wi’aa hol e maɓɓe potɗo resde Daado ?

Yimɓe hellifaaɓe noddaa, ngari, mbi’aa : « Ɓee ɗoo tato ngariino ƴamde Daado. Daado wiino ɓe kala desoowo ɗum, maa sokee e suudu balɗe cappanɗe tati, subaka fof, ko lonngere wootere nyaamata e wooɓre wootere ndiyam yarata. Kamɓe tato fof, ɓe njettinii aadi maɓɓe e Daado. »

Mawɓe hellifaaɓe mbii : « Ƴeewee gelooɗi teemedde tati, ngelooba heen fof waɗee iililal, Daado waɗee e nder iililal, gelooɗi ɗii coggee. » Ɓe mbii : « Moni e maɓɓe fof yoo yah nannga heen ngelooba : nannguɗo ngelooba Daado waɗɗii baa, oon humanee e Daado. So hay gooto e maɓɓe nanngaani ngelooba Daado waɗɗii baa, kamɓe tato fof, ɓe mbaasii Daado. »

Ɓe kaalanaa. Ɓe njaɓi oon sharii’a. Moni e maɓɓe fof wi’aa yoo naattu suudu sokee.Gelooɗi mbaɗaa iilile, Daado waɗaa e nder iililal, waɗɗinaa heen nge­looba. Gelooɗi coggaa nawaa boowal wuro. Ɓe mbi’aa : « Jooni dey, gelooɗi nawaama boowal, moni e mon fof, yoo yah suɓoo e heen ngelooba : so arsuku mum hawrii e ngelooba Daado waɗɗii baa, oon humanee e Daado ; mo arsuku mum hawraani e ngelooba Daado waɗɗii baa, oon ko Alla haɗi ɗum. »

Ɓe pinii subaka, ɓe mbi’aa : « Jooni dey, gelooɗi ɗii njaltii boowal. » Moni e maɓɓe fof woni e hebaade.

Rawaandu ari e Yero. Ndu wii : « Yero, hannde nganndataa ko woni ndimaagu e moƴƴere ko nafata : hannde mi yoɓ-maa. Balɗe cappanɗe tati haa ndawdi e naange, subaka fof, mi aran on tenkude, hay gooto e mon meeɗaa siftorde mi. Aan, subaka fof, ko miin e maa peccata lonngere maa. Miin ko ɗoo nehaami, jeyaaɗo e galle hee fof, miɗa anndi balngol mum. Hay so joomum waɗaama lolli e lolli, walla waɗaama dow soorooji, so mi uurniima ɗo koyngal mum yaɓɓunoo, mi yiitan ɗum. So gelooɗi ɗii njaltii, kala ngelooba Daado woni, mi yiitan ba. So on njaltii, kala ngelooba njiiɗaa miɗa e les mum, ko baan Daado woni, ngaraa nanngaa dabbungol baan. »

Ɓe njalti, ɓe pa’i boowal. Ɓe tawi teemedde tati ngelooba ina darii. Iililal fof, cikkataa faɗɗi gonngal ngal. Rawaandu nduu ari naati e diɗɗal gelooɗi hee. Ndu heɓi les ngelooba Daado waɗɗii baa, ndu lelii.

Sammba ari suɓii heen ngelooba, nanngi dabbungol baan. Demmba ari suɓii heen ngelooba, nanngi dabbungol baan. Yero ari darii. Nde rawaandu nduu sooynii mo tan, haftii darii les ngelooba Daado woni baa. Yero daaƴi koyɗe fa’i e mayru, yettii, nanngi dabbungol baan ngelooba.

Gelooɗi ɗii ɗowaa, ngaddaa hakkunde wuro. Moni e maɓɓe fof, ngelooba mum, iililal mum tellinaa. Sammba, iililal mum udditaa : hay batte alaa heen.Demmba, iililal mum udditaa : hay batte alaa heen. Yero, ililal mum ud­ditaa : Daado tawaa e nder maggal. Gullaali ngulli. Yimɓe ɓee ngoni e wiide : « Ɗum dey woni muynude mbelɗam ! »

Mawɓe hellifaaɓe mbii : « Ko Yero arsuku mum hokki. »

Daado nanngi e junngo Yero, ɓe pa’i galle Daado’en. Ɓe njettii galle Daado’en, Yero wii : « Daado ? » Daado wii : « Naam. » Yero wii : « Sammba e Demmba fof, mi ɓuraani ɗum’en ndimaagu. Minen fof, min mbaɗii ko mbiinoɗaa koo. Kono wanaa sabu mi hawrii e ngelooba mbaɗɗinoɗaa baa tan, maa kumaneɗen. Kala mo njiɗɗaa e amen, ko oon kumanteɗaa. » Daado wii : « Ko aan njiɗmi. Jooni wiide ko wiide maa. So aɗa yiɗi mi, hiirataa hannde en kumanaaka. » Yero wii : « Miɗa yiɗ-maa. »

Daado yalti haalani baaba mum e yummum. Ɓeen mbii : « Mo njiɗɗaa fof, ko oon min njiɗi. »

Dewgal ngal humaa. Yero wii : « Daado, njiɗmi ko lelnde ndee waɗa wuro amen. » Daado wii : « So a yiɗii, mi hurtoyoo hannde. » Yero wii : « Njiɗmi ko kurtoyoɗaa hannde. »

Daado yalti haalani baaba mum e yummum. Ɓeen mbii : « Wiide ko wiide mon. No njiɗirɗon fof… »

Tabalde fiyaa, wi’aa Daado ina hurtoyoo hannde. Daado ina joginoo cakka kaŋŋe. O wii : « Yero, ndaa cakka am kaa, mooftanaa mi haa njettoɗen. »

Yero heɓi cakka kaa, waɗi e jeyba mum.

Wonnoo Daado ko ɓii galo, ko ɓii innee-anndee, falnde ndee fof renndii ɗo galle baaba makko ɗoo. Moni fof wii maa yaha kurtungu makko, maa ɓur tee­medde ɗiɗi ndimaangu ceŋaa labale. Ɓee mbaɗɗii coweeji, ɓeya mbaɗɗii bamɗi, ɓee njaari koyɗe. Gulaali e kuljinaali : gila e wammbaaɓe ha e awluɓe, ha e nyeenyɓe, ha e coolooji, leydi ndii fof dilli nyande Daado hurtoytoo ndee. Nyande mum Yero ina weltii sanne. Nde yehi haa kurtungu nguu yalti, dimaaɗi ina ngama, ɗii ina cuudoo, ɗii ina mbaɗa baamte : ɗoon yitere ndaarata tan haa…

Nde yehi haa kurtungu nguu waɗɗii, yalti wuro, Yero fooɗti taltali heedti caggal. O jolni junngo makko e jeyba hee, o yaltini cakka kaa, o woni e uurnaade ka, omo ɓuucoo ka, omo teɓɓoo ka, tan haa ciilal diftii cakka kaa diwdi heen ! Omo ndaara ngal, ha ngal majji e leɗɗe. Ɗuum haawi mo sanne. Holno o waɗata ? O noddi giƴiiko gooto, sehil makko sanne. Oon wii : « Yero, aan kam giƴam, ko heednu-maa caggal ? Haalanam no njiitirɗaa ngelooba Daado waɗɗinoo baa.

Yero wii : « Giƴam, won ko heɓi mi ɗoo jooni. » Oon wii : « Hol ɗuum  ? » Yero wii : « Ko njiɗmi haalande ma koo, mi yiɗaa hay gooto nana ɗum. » Sehil makko oo wii : « Ko njibinaɗen koo, a meeɗii haalande mi sirlu, nantuɗaa bannge goɗɗo ? »

Yero wii : « Alaa… Kaalantu-maa-mi, won ko heɓi mi jooni. Daado ina res­ndunoo mi cakka mum, miɗa teɓɓotonoo ka, ciilal diftii e juuɗe am. Mi waawaa gite am e gite Daado laaɓda nay, o naamnoo mi cakka kaa, tawa mi alaa ka. Mi waawaa wiide mo : “Cakka ndesndunoɗaa mi kaa, ciilal nawi !” Jooni miɗa abboo ciilal ngal, so mi heɓaani cakka kaa, mi waawaa artude, gite am e gite Daado ndaarndira. Njiɗmi, giƴam, ko hoto haalan ɗum hay gooto. So a naam­naama, wii a yi’aani mi. Nyande Daado naamni-maa mi fof, noddaa baaba am e neene am, kaalanaa ɓe sirlu oo. Hoto haal, so wonaa nyande Daado naamni-maa mi. Nyande mum, mbi’aa Daado, mi seerii mo. »

Yero yiilti puccu mum, naati e ladde.

Kurtungu ɓenni, fa’i wuro Yero’en. Ɓe njettii wuro, Yero yi’aaka ! Sehil makko oo naamnaa, oon wii : « Mbayrumi Yero ko gila galle Daado’en. »

Waɗii balɗe, Yero ina laaknee e falnde hee fof, hay gooto waawaa wiide ko ɗoo Yero rewi… Ɗuum haawi yimɓe ɓee fof.

Ɗuum fof, Daado meeɗaa haalde heen konngol. Daado jooɗiima hitaande, naamnaaki Yero. Haa heen gootol, Daado noddi sehil mum Yero oo. Daado wii mo : « Aan kam, to Yero woni ? » Oon wii jooni yontii haaleede, jooni lajal ngal timmii. Oon wii : « Daado, noddu esa’en, mi haalan-maa ko Yero wii. »

Daado noddi baaba mum Yero e yummum Yero. Ɓeen ngari, ɓe njooɗii. Sehil mum Yero oo wii : « Yero, nawi ɗum ko Daado ina resndunoo ɗum cakka. Nde kurtungu nguu yalti ndee, wonnoo Yero ina wondi e weltaare mawnde, o yaltini cakka kaa omo uurnoo ka, omo teɓɓoo ka, tan haa ciilal diftii ka e juuɗe makko. Yero wii gite mum e gite Daado mbaawaa laaɓdude nay, tawa o alaa cakka kaa, o waawaa wiide Daado : “Cakka ndesndunoɗaa mi kaa, ciilal diwdii heen…” O abbiima ciilal ngal, o artataa e leydi hee tawa o yiitaani cakka kaa. Ɗuum nawi mo. O wii so wonaa nyande naamniɗaa mo, hoto mi haalan hay gooto. Daado, Yero wii nyande naamniɗaa mo fof, yo mi haalane, o yaafiima daande maa. »

Tan yummum Yero e baaba mum Yero ngoni e woyde… Daado wii : « Hoto ngoyee ! Ko miin foti woyde. » Daado wii : « Gorko am e Aduna, ko kanko. Miɗa abboo mo. So mi yiitaani mo, mi artataa e leydi hee. Nde njiiɗon mi fof, tawan miɗa ardi e makko, walla miɗa waawi wiide on ko ɗoo o woni… »

Daado faati suudu mum. Nde Daado yettii suudu mum ndee, o ɓoori comci makko haa laaɓi, o ƴeewi taggere leppi, o hetti heen tuuba e wutte, o foogi hoore makko haa laaɓi cer, o meerti laafa e hoore makko. O waɗti hoore makko no gorko nii, hoto worɓe nganndude mo. Yeeso ngoo fof, o waɗi heen ndoondi, hoto worɓe tampinde mo. Daado fini subaka law, o yalti leydi maɓɓe. Wuro fof o ari, o liggoo. Omo teena leɗɗe, omo soppa tuugaaji omo yeeya. Liggey worɓe tan o liggotoo. Omo ayna. Ɗo o yettii fof, o laakna Yero.

Yero woni tan ko e nder ladde. Ɗo o yii ciilal fof, o yaha toon. Omo ƴeewa cakka kaa. Addata mo e wuro tan, ko ƴeewde ko o nyaami. O addora gubbal walla leɗɗe, o yeeya, o sooda ko o nyaami, o ruttoo ladde.

Ceerno ina resi debbo mum. Debbo oo ko moƴƴo ŋari no feewi. Sanɗa ari e wuro hee, jippii ɓe. Sanɗa oo wii ari ko janngude. Nde sanɗa oo yii debbo oo, tan o jarlibaa e debbo oo. Debbo oo jibidinii e Ceerno oo ɓiɓɓe tato worɓe. Sanɗa oo wii : « Miɗa yiɗ-maa. Tee njiɗmi ko kumaneɗen. » Debbo oo wii : « Miin ko mi desaaɗo, mi jibidinii e gorko am ɓiɓɓe tato, mi waawaa woppude sukaaɓe am. »

Nyande fof, sanɗa oo ina rewi debbo tan. Debbo oo wi’a : « Woppam ! » Sanɗa rewi heen haa tampi, debbo oo haalata tan ko konngol gootol : « Woppam ! » Sanɗa kalwi debbo waɗi e haatumeere, waɗi e nyaamde. Debbo nyaami. Ndeka sanɗa waɗi e aaye mum, kala ko o haalani debbo oo, waawaa salaade ; debbo yi’ataa hay gooto so wonaa sanɗa.

Sanɗa oo wii : « Woppu gorko maa kumaneɗen. » Debbo oo wii : « Holno ngoppiran-moo-mi ? » Sanɗa wii : « Mi waɗan huunde, so a lootiima tan, a wa’an no maayɗo nii, ɓe mbi’a a maayii. So ɓe ngubbii ma tan, futuro mi ara mi ubbit-maa, mi waɗa huunde, tan a ummoto, ndogen njehen leydi ngondi. »

Debbo oo jaɓi ko sanɗa oo wii koo. Sanɗa totti mo aaye, o lootii, tan o maayi ! Tan wi’aa debbo ceerno maayii. Debbo waɗaa kasanka, roondaa, ubboyaa. Sanɗa wii : « Ceerno, haaɗi Alla waɗii haajaande mum, jooni hakkille maa oo ina diwi, miɗa yawta yeeso. » Ceerno wii : « Ina moƴƴi. Maayde, ɗuum yimɓe tagraa. »

Futuro tan sanɗa yehi baamuule. O yettii, o waɗi ko o waɗannoo, o ubbiti debbo, tan debbo haftii darii, wa’i ɗum no koyɗol nii. Ɓe ndogi, ɓe njehi leydi ngondi. Debbo woppii gorko mum e sukaaɓe mum tato. Ceerno heddoriima cukalon mbaasnumon, kon nganndaa yummum’en no feewi.

Ɓe njehi leydi ngondi, ɓe ngari e wuro mawngo, ɓe koɗi ɗoon. Sanɗa oo woni ceerno mawɗo e nder wuro hee. Kanko jannginta sukaaɓe wuro ngoo, kanko woni elimaan wuro ngoo. Omo hokkaa hoolaare mawnde sanne, hay gooto yiiraani mo ko oonyii.

Ceerno mo debbo mum maaynoo oo wii sukaaɓe mum : « Eɗen ɗannoo oɗon njanngoya. » Ɓe ɗannii. Ɓe ngari e wuro, ɓe njippii e galle. Ko e ngoon wuro debbo oo e sanɗa koɗi. Sallifanaa juulaa. Ceerno wii sukaaɓe mum : « Njehee njeloyoɗee. »

Sukaaɓe ɓami paali mum’en njehi njelaari. Ɓe ngari e galle haɓe njeloo tan haa debbo oo yii ɓe. O heftini ƴiiƴam. Debbo oo wii : « Almuɓɓe, ndehee sadak ! » Almuɓɓe ngari o sakkii ɓe. O wii : « Holto njeyaɗon ? » Ɓe mbii : « Wuro Kaari. » O wii : « Yummon no wi’etee ? » Almuɓɓe mbii : « Neene amen ina wi’ee Kaari, kono o maayii ko ɓooyi, min nganndaa mo nii no feewi. » Mawngel ngel wii : « Miin hoore am, ko seeɗa nganndu-moo-mi. Heddiiɓe ɓee nganndaa mo. » Debbo oo wii : « Baaba mon no wi’etee ? » Almuɓɓe mbii : « Baaba amen ina wi’ee Ceerno Kaari. » Debbo oo wii : « To o woni ? » Almuɓɓe mbii : « Ko galle Kaari, toon baaba amen woni. »

Tan o itti gertooɗe defaaɗe o hokki almuɓɓe. Almuɓɓe nyaami haa kaari. O itti gertogal, o wii : « Nawanee ceerno mon. Nyande fof, ngaree ɗoo, mi sakkoo on. »

Almuɓɓe kooti to ceerno mum’en. Ɓe njettii, ɓe totti baaba maɓɓe gertogal defangal, Baaba maɓɓe wii : « To ittuɗon ngal gertogal ? » Almuɓɓe mbii : « Baaba, debbo gooto, min nji’ii ɗum ɗaa, oon nyammini min ha min kaari ger­tooɗe ca’aaɗe, o hokki min gertogal yo min nawan ceerno amen. O wii nyande fof, yo min ngar toon o sakkoo min. » Ceerno wii : « Oo debbo dey ko jurum-deero ! »

Nyande fof, almuɓɓe njaha kasitoo, ngottoo. Haa waɗi sahaa gooto, baaba oo wii : « Njehen mi salmina korɗo Alla nyamminoowo on nyande fof oo. »

Tan ɓe pokkiti, ɓe njehi to galle debbo oo too. Ɓe njettii, tan ceerno yii debbo oo, wii : « Subahaana Allah ! Alla dey anndi so maayɗo ina wuurta, kono oo, ko Alla ittata… » Nde o yettii tan, o nanngi e debbo, o woni e woyde. Tan debbo luuki, yimɓe ngari naati galle. Ɓe mbii : « Ko woni ? » » Debbo oo wii : « Oo gorko yii mi tan woni e woyde… » Yimɓe ɓee mbii : « Ko ndee heddii : seernaaɓe mbaɗtii yande e rewɓe jananɓe ! » Ɓe mbii : « Gorko, woppu debbo janano ! » Ceerno wii : « Saallaaw ! Oo ko debbo am. » Yimɓe ɓee mbii : « To debbo maa woni ? » Ceerno wii : « O maayii. Kono ko Alla ittata, ko kanko woni oo. »

Tan sanɗa oo noddoyaa, wi’aa : « Ar, debbo maa, gorko happitiima. » Sanɗa ari, wii : « Musiɗɗo, ko renndin-maa e joom suudu am ? » Ceerno wii : « Oo ko joom suudu am. » Sanɗa oo wii : « To joom suudu maa woni ? » Ceerno wii : « O maayii. » Sanɗa wii : « Juulɓe, on ƴeewataa kaa haala ? » Yimɓe mbii : « Kaa haala, nawee ka galle joom wuro : oo ceerno ko kaangaaɗo. »

Yimɓe nanngi ceerno faaraa galle joom wuro. Joom wuro wii : « Ɓenninee ɓe to laamɗo : kaa wonaa miin nyaawata ka. » Ɓe njettii galle laamɗo. Laamɗo wii : « Holko renndini on ? » Sanɗa wii : « Oo gorko dey yii debbo am tan yani e mum. » Laamɗo wii : « Ceerno, holko renndin-maa e debbo janano ? » Ceerno wii : « Oo, ko Alla ittata, kono ko debbo am. » Laamɗo wii : «Holto debbo maa woni ? » Ceerno wii : « Debbo am maayii. » Laamɗo wii : « Mande o maayi ? » Ceerno wii : « Waɗii hikka duuɓi joy. » Laamɗo wii : « Aan, hay gooto waawaa safrude ma : safrude ma weeɓaani… Cokee mo ! »

Daado ina e wuro hee, omo tawaa nyaawoore ndee. Tan o haftii, o darii. O wii : «Laamɗo, maa njaafoɗaa mi, kono goonga ko ngesa Alla, garɗo fof ina foti fiide heen paafal. » Tan yimɓe ɓee mbii : « Hol oo ? » Woɓɓe ɓee mbii : « Oo dey, ko suka liggotooɗo e wuro hee oo. » Laamɗo oo wii : « Mi laamiima duuɓi cap­panɗe joy hikka, mi meeɗaa nande kaa e sellude, mi yi’aani ko wa’i nii e wonde goonga. Ko mbiiɗaa koo, ko goonga… Aan, aɗa waawi nyaawde kaa ? » Daado wii : « Miɗa waawi. »

Laamɗo wii : « Miɗa haalan-maa konnguɗi ɗiɗi, cuɓoɗaa heen gootol : go’o, so tawii a nyaawii shari’a kaa naatii hakkillaaji yimɓe ɓee, laamu nguu ina hokku-maa teddungal mawngal ; ɗiɗi, so tawii nyaawoore maa ndee naataani hakkillaaji yimɓe ɓee, aɗa hirsee. » Daado wii : « Mi jaɓii. » Laamɗo wii : « Nyaaw ɓe. »

Daado wii : « Ngaddanee kam sagataaɓe tato. Sagataaɓe tato ngari. » Daado wii : « Ceerno, no oo ɗoo debbo woniri debbo maa ? » Ceerno wii : « Alla anndi so maayɗo ina wuurta ! Kono oo debbo, kanyum jibini ɓee ɗoo sukaaɓe. » Daado wii debbo oo : « Aɗa anndi ɓee ɗoo sukaaɓe ? » Debbo wii : « Miin kay ko njurum tan heɓnoo mi, miɗa sakkoo almuɓɓe ɓee, maa taw safaara wontii ɗeɗɗere. »

Daado wii : « Sanɗa, debbo maa oo, ko kumanaɗon koo, ɓooyii ? » Sanɗa wii : « Duuɓi joy, walla jeegom. »

Haaliyankooɓe mbii : « Goonga regan. » Daado deeyi sagataaɓe tato ɓee. O wii : « Ƴeewanee kam loonde, ƴeewon leydi mboɗeeri mbaɗon e nder loonde hee, mbaɗon ndiyam, iirton, naatnon nder huɓeere, hoto hay gooto yii. Gooto e mon fof yaltida e laɓi. So mi wi’ii : “Nanngee oo”, so on nanngii oon, naatnon ɗum toon e nder huɓeere too, mbaɗon juuɗe mon e nder loonde hee. Njalton, juuɗe mon e laɓɓe mon fof yoo taw ina ngojji. »

Sagataaɓe mbaɗi noon. Ɓe njalti, moni e maɓɓe fof woni e welnude laɓi mum. Daado wii : « Ceerno e sukaaɓe mum fof yoo kirsee ! » Yimɓe ɓee mbii : « Hii jam, ko ndee nyaawoore woni ? » Laamɗo wii : « Accee mo o nyaawa shari’a makko. » Daado wii : «Kirsee ceerno. »

Ceerno nanngaa, woni e wiide : « Feere am bonii, mi accii ɗo boni. »

Ceerno naatnaa nder huɓeere. Ɓe mbii : « Muɓɓu hunuko maa, min kirsaani on. » Ceerno deƴƴi… Sagataaɓe njalti, juuɗe mum’en e laɓɓe mum’en fof ina ngojji coy. »

Daado wii : « Nanngee ɓiɗɗo mawɗo oo ! » Oon nanngaa. Tan debbo oo warnyi. Sagataaɓe paari mo nder huɓeere, tan ɓiɗɗo oo woni e woyde, omo wi’a : « Feere am bonii, ee neenooy am ! »

Sagataaɓe moofti mo toon e nder huɓeere, ɓe mbii cukalel ngel deƴƴu. Ngel deƴƴi. Ɓe mbaɗi juuɗe maɓɓe e nder loonde, ɓe njalti juuɗe maɓɓe ina ngojji coy.

Daado wii : « Nawee ɗiɗaɓel ngel ! » Ngeel nanngaa. Debbo oo, gite mum ngoni e werlaade gonɗi. Ɓe paari ngel nder huɓeere. Ngel luuki : « Feere am bonii, ee neenooy am ! » Debbo ronki jooɗaade, haftii darii.

Sagataaɓe moofti toon cukalel ngel, ɓe njalti juuɗe maɓɓe ina ngojji.

Daado wii : « Nawee tataɓel ngel ! » Tan debbo oo wii : « Ngoppanee kam kod­dayel am ! »

Ɗoon batu oo fof haftii darii, moni fof uumiri bannge. Debbo oo wii : « Saallaaw, ko miin jibini ɓe ! » O wii : « Oo ɗoo ceerno woni baaba mum sukaaɓe am. » Daado wii : « Holno worɓe ɗiɗo ngoniri worɓe maa ? » O wii : « Baaba mum sukaaɓe oo woni gorko am. Oo sanɗa ariino wuro amen, o yii kam o wii omo yiɗi mi. Mbii-moo-mi, miin ko mi desaaɗo. O waɗi huunde fof, caliimi. Haa heen gootol, o hokki mi goro ƴakkumi, tan hakkille am ruŋtii gorko am e sukaaɓe am. Hankadi, mi yi’ataa so wonaa kanko. Ko o wii fof, ɗuum mbaɗanmi. O wii kam ma o hokkam huunde, so mi lootiima ɗum tan, mi wa’an no maayɗo nii. So mi maayii, mi ubbaama, o ara o ubbita mi. O wii so o ubbitii kam tan, mi wuurtan, min ndoga, min njaha leydi ngonndi. O hokki mi aaye lootiimi, keɓmi dow ndaɗɗudi leliimi. Ɗoon mbayrumi anndude ɗo ngonmi. Miin kam, wa’i mi ko no koyɗol nii, njiimi tan ko miɗa darii e yeeso makko. O wii : “Njehen !” Min ndogi, min ngari ɗoo e leydi hee. Hakkille am ko birninooɗo, ko ko njiimi sukaaɓe ɓee ɓernde am hecciɗi. »

Daado wii : « Sanɗa, ko noon ? » Sanɗa wii : « Ko noon. Ko jarabi heɓnoo mi, mi yiɗno mo no feewi, huunde fof jarani mi waɗde… »

Daado wii : « Banndiraaɓe, on nanii ? » Yimɓe ɓee mbii : « Min nanii jaati, laaɓii cer ! »

Waaw-haala’en mbii : « Fenaande ina jogii koyɗe, kono alaa dote ; ina waawi dogde, kono waawaa jooɗaade. »

Daado wii : « Laamɗo, jooni dey nyaawoore am gasii. » Laamɗo oo ummii darii, o wii : « Ko kaa shari’a laaɓi ! Mi waɗii ma nyaawoowo leydi ndii hannde… Holno mbi’eteɗaa ? » Daado wii : « Mbi’eteemi ko Paate. » Laamɗo wii : « Ko ɓiɗɗo gooto debbo ndanymi. So aɗa yiɗi mo, mi hokkii ma mo, e galle ɗo koɗɗaa. » Daado wii : « Miɗa yiɗi mo. Naamnoɗee mo so omo yiɗi mi ? » Laamɗo wii ɓiyum : « Diiye, ko mbiiɗaa e ko mbiimi koo ? » Diiye wii : « Miɗa yiɗi mo. » Laamɗo wii : « Mi humii dewgal mon hannde. »

Paate humanaama e Diiye ɓii laamɗo. O hokkaa galle, o hurtini Diiye. Hiiri, dammbooɓe kooti, Paate wii : « Diiye, ko miin woni gorko maa ? » Diiye wii : « Hii, mi sikku ? » Paate wii : « Miɗa jogii ɗoo sirlu gooto, miɗa haalan-maa. So tawii aɗa waawi mooftude, ina moƴƴi ; so a waawaa mooftude sirlu oo, mi doga mi yalta leydi ndii. » Diiye wii : « Haal mi nana. »

Paate wii : « Miin mi wonaa gorko : ko mi debbo. » Paate ɓoori comci mum, o holli enɗi makko Diiye. O wii : « Mi joliino to leydi amen, mbiimi miɗa ƴeewa ndimaagu worɓe ɗo tolnii. Mbiimi mi humantaake so wonaa gorko cokaaɗo e suudu balɗe cappanɗe tati, subaka fof ko lonngere wootere nyaamata e wooɓre wootere yarata. Kala baɗɗo ɗuum, mi humanee e mum. Sagataaɓe tato ngari, ko ɓe yooɗɓe, ko ɓe danyɓe. Ɓe ngari ƴamde mi. Gooto e maɓɓe fof sokaa e suudu. Subaka fof ko lonngere wootere e wooɓre wootere hokketee. Heen ɗiɗo, nde lonnge ɗee ngari fof, nyaama lonnge mum’en, njara gooɓe mum’en. Heen gooto, subaka fof, rawaandu ara feccondira e rawaandu nduu lonngere mum e wooɓre mum.

« Nyande ɓe timmini aadi amen, nyaawooɓe goongiranteeɓe noddaa ngari, ɓe mbii yoo gelooɗi teemedde tati ngaddee, ngelooba fof waɗee iililal, mi waɗee e nder iililal, gelooɗi ɗii coggee ndaroo hakkunde dingiral, gooto e maɓɓe fof wi’ee yoo yah suɓoo heen ngelooba : kala kawruɗo e ngelooba mbaɗɗiimi baa, mi humanee e oon ; so hay gooto e maɓɓe hawraani e baan, kamɓe tato ɓe mbaasii.

« Nyande gelooɗi ɗii mbaɗaa iilile ndee, rawaandu nduu ari e mo feccondiran­noo oo, ndu wii : “Hannde nganndaa ko woni moƴƴere e ndimaagu.” Rawaandu nduu wii mo : “So gelooɗi ɗii njaltii, kala ngelooba njiiɗaa miɗa les mum, ko baan Daado woni.” – Mi siftin-maa ko Daado mbi’eteemi.

« Gelooɗi njalti, o ari ha e diɗɗal gelooɗi hee. Rawaandu nduu ari heɓi nge­looba ngonmi baa, heɓi les mum, ndu lelii. Ndu sooynii mo tan, ndu haftii ndu darii, o fa’i e mayru. O nanngi baan ngelooba.

« Mawɓe nyaawooɓe ɓee mbii ko kanko arsuku mum hokki. O wii kam o ɓuraani heddiiɓe ɓee ndimaagu, kala mo njiɗmi e maɓɓe, yo mi humane e oon. Mbiimi ko kanko njiɗmi. Min kumanaa.

« Nyande kurtungu nguu, ngittumi cakka am ndesndu-moo-mi. Nyande mum, omo weltii sanne. Min njalti wuro, o yaltini cakka kaa, omo uurnoo ka, omo teɓɓoo ka, haa ciilal diftii ka e juuɗe makko. O wii sehil makko, o waawaa yiide mi taw o alaa cakka kaa, o abbiima ciilal ngal. O wii o artataa e leydi amen so wonaa o yiitu cakka kaa. O wii oon, kala nde naamni-moo-mi, yo oon noddu baaba makko e yum makko, o haalan min yaadu makko, hoto oon haalan hay gooto so wonaa nyande naamni-moo-mi. O wii oon, nyande naamni-moo-mi fof, o accii daande am.

« Mi jooɗiima hitaande, mi naamnaaki mo. Heen gootol, noddumi sehil makko oo, mbii-moo-mi : “Holto gorko am oo yehi ?” Oon wii yontii haaleede… Oon wii yo mi noddu esam’en, o haala ko Yero wii. Noddumi ɓeen, o haalani min ko kaalan-maa-mi koo. Jooni, miin ne, mi fellitii miɗa abboo mo. So mi yiitaani mo, mi hootataa leydi amen. Mbaɗtumi hoore am no gorko nii, hoto worɓe tampinde mi.

« So tawii aɗa waawi mooftude ɗuum, kaalanaa kam ; so tawii a waawaa, haa­lanam, mi doga mi yalta leydi mon, hay huunde waawaa falaade mi… So wonaa njiimi Yero, walla mi wi’ee ko ɗoo o maayi. Gorko am e Aduna ko kanko. »

Diiye wii : « Mi woondii e yeeso Joomiraaɗo, nde ka nanaa fof, ko aan haali, walla ko aan yamiri. » Daado wii : « Suudu maa ne nii, suudu am ne nii. »

Ɓe koɗdii duuɓi joy. Diiye meeɗaa haalande ɗum hay jinnaaɓe mum. Daado woni nyaawoowo leydi ndii. Kala ko tiiɗi nyaawde, so Daado arii, nyaawan ɗum haa laaɓa cer, naata hakkillaaji yimɓe fof.

Yero woni tan ko ladde. Toon o hoɗi. Kala ɗo o yii colli, o yaha toon ƴeewde so ciilal ngal woppaani ɗoon cakka kaa. So o hooƴaama, o teena leɗɗe, walla o wubba, o yeeyoya wuro, o sooda ko o nyaami, o ruttoo ladde.

Haa waɗi sahaa gooto, omo wubbi, o tiri gaccungol makko, tawi o tampii, o ɗomɗii. O talli gaccungol ngol sara ɓokki mawki. O lelii e dow gaccungol ngol, omo ndaara ɓokki kii. Tan, o yii e nder luuro ɓokki kii huunde ina jalba e nder toon. Ndeka ko ɗoon ciilal ngal hoɗi. O ummii, o darii, o yii ko jalbata koo, mooƴu ina sara mum. O jolni junngo makko e nder luuro hee, o suuti ɗum tan, o tawi ko cakka kaa. O ndaari ka haa ɓooyi, o wii : « Iskey Allah ! » O wii e ɓernde makko : « Debbo alanaa kam leydi amen. Kono ma mi naw cakka kaa haa leydi amen, mi yaha wuro Daado’en, mi hokka mo ka. » Kala ɗo o resaa, mi tottan mo ka. Yero wii : « Jooni dey so mi hootii, alanaa kam gacce. »

O woppi gaccungol makko e gubbal makko, o ƴeɓti cakka kaa, o soomi ka e tekkere makko, o ɓitti e naafki makko. O yehi wuro.

Wuro ngoo, weendu mawndu ina ɗoon. O yettii e weendu hee, o woni e soc­cude cakka kaa, o socci ka haa laaɓi cer. O fawi ka dow wutteyel makko, omo fadi ha ka yoora, walla haa saaɗa seeɗa, o ƴeɓta ka o hoota leydi maɓɓe.

Ndeka debbo nayeejo yii mo, yii cakka kaa, yiɗi wujjude ka. Kono ina anndi Yero hakkille mum woni ko e cakka hee. O waawaa wujjude ka. Cakka kaa saaɗi tan Yero ƴeɓti ka, soomi ka e nder tekkere mum. O ɓitti ka e naafki makko, o woni e yaade. Tan debbo nayeejo oo luuki, o wii : « Ngaree, gujjo wujjii cakka am ! »

Yimɓe ngari mbii : « Neene, ko woni ? » Debbo oo wii : « Oya suka jahoowo, wujji cakka am. Miɗa loototonoo, pawmi cakka am dow comci am, palmi daande, tan oo ɗoo gorko ari ƴeɓti ka. Ko mi mawɗo, mi waawaa dogde, omo naa ɓitti ka e naafki makko. »

Tan yimɓe ɓee nanngi Yero, ɓe kefti cakka kaa, ɓe pii mo haa ɓanndu nduu fof waɗi lare ! Hellifaaɓe ngari keɓti mo e juuɗe sukaaɓe.

Tan Yero gumaa, o ronki haalde. Konngol makko fof ko wiide : « Miin Yero… », o yiila hoore.

Yero nawaa galle laamɗo. Ko ɗoon Daado woni nyaawoowo. Yero sokaa. Haa nyaawoore makko yonti. Cakka kaa addaa to nyaawoowo oo. Daado yii cakka kaa, tan o soomi ka, o wii : « Diiye, daarol ndaaranno-maa-mi, aɗa siftora ? » Diiye wii : «Miɗa siftora. » Daado wii : « Mi anndaa to gorko oo heɓi cakka kaa, kono kaa ɗoo cakka nawi gorko am. Ndonmi ka ko e neene am, neene am roni ka ko e yummum. Haa janngo mi yi’a gujjo oo. »

Weeti, Yero haɓɓaa haa tiiɗi, addaa hakkunde batu. Daado nyuumanii Diiye, o wii : «Ko oo ɗoo gorko woni gorko am oo, mo kaalanno-maa-mi oo. O wi’etee ko Yero. »

Cakka kaa fawaa hakkunde batu oo. Daado ndaari cakka kaa, o ndaari Yero, o moosi. O suuti ka, o joƴƴini ka. O tellii hakkunde batu oo. O wii debbo nayeejo oo : « Neene, holno gujjo oo wujjiri cakka maa ? » Debbo oo wii : « Mi yaano weendu too, coccumi cakka am, pawmi ka dow comci am, ngonmi e lootaade, palmi daande tan, oo ɗoo gorko ari wujji cakka kaa, tan woni e dogde… Alla e yimɓe mballi mi, nanngini mi mo. »

Yero addaa. Paate wii : « Gorko, aan ne, no keɓruɗaa cakka kaa ? » Yero wi’a : « Miin Yero…, tan o yiila hoore, tan o deƴƴa, o ronka yo o haal. »

Yimɓe mbii : « Ko gujjo haawnii ! Nyande fof aɗa adda leɗɗe maa, aɗa yeeya, a wujjii tan a muumɗii !… »

Paate wii : « Neene, haaɗi oo ɗoo gorko ronkaama yo o haal, ɓiya ina e batu hee ? »

Ɓiyum debbo nayeejo oo ummii darii. Paate wii : « Gujjanaaɗo oo, ko yumma ? » Suka debbo oo wii : « Ko neene am. » Paate wii suka debbo oo : « Ndaaram. » Suka debbo oo ndaari mo. Paate wii : « So a maayii janngo, ko aan tan e qaɓri maa. A meeɗii yiirude neene maa kaa ɗoo cakka ? »

Suka debbo oo deƴƴi. Paate wii mo : « Ko aan min keɗii. » Suka debbo oo wii : « Alaa. » Paate wii : « Neene, hol baylo tafanɗo ma kaa ɗoo cakka, walla mo cooruɗaa ka ? Noddu mo o seedtono-maa. »

Tan debbo nayeejo oo yoomi, ronkaa yo o jaabo. Paate wii Diiye : « Sirlu kaalanno-maa-mi oo, mi yamirii ma jaŋtono yimɓe ɓee.

Diiye haftii darii e hakkunde batu hee. O wii : « Musiɓɓe tedduɓe, oo ɗoo joom galle am, o wonaa gorko, ko debbo. Oo ɗoo gorko bi’aaɗo ko gujjo oo woni gorko makko. Nyande ɓe kumanaa ndee, o itti kaa ɗoo cakka, o resndi gorko oo, o wii yo o mooftu ha ɓe njettoo galle mum.

« Nyande mum oo ɗoo gorko ina weltii weltaare mawnde sanne. Kurtungu nguu yalti wuro, kanko gorko oo, o yaltini cakka kaa omo teɓɓoo ka, omo ɓuusoo ka, tan haa ciilal diftii ka e juuɗe makko. Oo gorko wii gite maɓɓe mbaawaa laaɓdude nay, o naamnoo ɗum cakka kaa, tawa alaa ka. O waawaa wiide ko ciilal diftii e juuɗe makko. Gorko oo haalani sehil mum, wonde ina abboo ciilal ngal ha nde o yiiti cakka kaa fof. O wii oon o hootataa leydi maɓɓe tawa o yiitaani cakka kaa.

« Joom galle am oo, addani mo innirde hoore makko Paate, ko waylude innde makko. O wi’etee ko Daado. O jooɗiima hitaande o naamnaaki gorko oo, haa heen gootol, o noddi sehil oo, o naamnii to gorko makko oo yehi. Oon waɗdiino aadi e gorko makko oo, hoto haalan hay gooto so wonaa nyande Daado naamnii ɗum. O wii nyande Daado naamnii ndee, oon wii yontii haaleede. Oon haalani ɓe ko nawi oo ɗoo gorko. Kanko Daado, ko gabbiiɗo oo ɗoo gorko, o waɗti hoore makko gorko.

« Nyande kurtiimi ndee, o haalani mi oo ɗoo taariika. O wii so miɗa waawi mooftude, ina moƴƴi ; so mi waawaa mooftude, o doga. Mbii-moo-mi so nanaama, tawan ko kanko haali, walla kanko yamiri. Mi woondii e yeeso Joomiraaɗo, so o yamiraanino, mi haalataa. Gila oon sahaa, suudu makko, suudu am. Musiɓɓe tedduɓe, ko nii taariika oo siforii. »

Tan yimɓe ɓee kaawaa sanne. Moni fof ina wondi e kaawis mawɗo. Laamɗo oo ummii darii. O wii : « Musiɓɓe tedduɓe, on nanii oo ɗoo taariika ? » Yimmɓe ɓee mbii : « Min nanii kay, laaɓii cer ! Hono ɓee mbaawi laamaade leydi nde moƴƴa. »

Laamɗo oo wii : « Miin mi mawnii, miɗa yiɗi waɗtude laamu nguu e juuɗe maɓɓe. Ko mbiiɗon heen ? » Yimɓe ɓee mbii : « Aaha, aaha !… » Laamɗo wii : « Mi waɗtii laamu nguu e juuɗe Daado. »

Daado wii : « Mi waɗtii laamu nguu e juuɗe Diiye, ngati ko kanko waawi mooftude sirlu. Ko sirluyanke mo janfotaako waawi laamaade leydi.

Diiye wii : « Mi waɗtii laamu nguu e juuɗe Yero, ngati ko kanko anndi ko woni ndimaagu. Maa neɗɗo rimɗa nde waawa rimɗinde leydi. »

Yero haɓɓitaa. Ɗoo ɗemngal Yero teppitii. O wii : « Duuɓi joy, miɗa yiiloo cakka. Mi yehi wubboyde. Mi wubbii gubbal am, mi tirii gaccungol am, mi tampii, mi ɗomɗii, mi tallii gaccungol am sara ɓokki, mi leliima dow gaccungol hee, njiimi huunde ina jalba nder luuro ɓokki hee. Ummiimi, njolnumi juuɗe am e nder luuro ɓokki hee, tawmi ko cakka kaa ! Mi ɓamii ka, coommi ka e tekkere am, ngarmi ɗo weendu ɗoo, coccumi ka, pawmi ka dow wutte am miɗa fadi ha ka saaɗa. Oo ɗoo debbo ina lootoo sara am. Mi ƴeɓtii cakka kaa miɗa yaha, miɗa hoota leydi amen. Tan haa oo ɗoo debbo luuki : “Ngaree, gujjo wujjii cakka am !” Holko mbaawmi haalde ? »

Yimɓe ɓee mbii : « Hay batte, ɗii kaawisaaji. » Daado wii Diiye : « Mi humanii ma e Yero : ngonaa jeewo, mi wona lemmbel. » Waaw-haala’en mbii : « Ko ɗoo nawliigu fuɗɗii. » Nguun ndimaagu ngu Daado holli, woni tan ko e rewɓe, alaa e worɓe, so kulle mum, so daabaaji mum… Yero woni laamɗo. Diiye woni deenoowo sirlu leydi. Daado woni nyaawoowo leydi ndii.

GASII

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BACCA JOOM

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– Wonnoo ɗoo, ko Bacca Joom.

O jibinaa e laamu, o mawni e laamu, o bewnaa bewre mawnde.

Bacca Joom mawni, wonii sagata timmuɗo. Baaba makko noddi mo, o wii mo : « Bacca am, jooni a wonii sagata, a yontii resde : waɗ feere ndesaa, ɗum ɓuri ittude. »

Bacca Joom yeewtidi e baaba mum haa njaɓdi e haala. Baaba makko wii yo o waɗ lappol, o yiiloo e njiimaandi mum, ɗo o yii debbo mo o yiɗi fof, o resa ɗum. Baaba makko wii : « Tuggude e funnaange ngenndi ndii, haa hiirnaange ngenndi ndii, ɗo njiiɗaa debbo mo njiɗɗaa fof, a hokkaama. »

Watulaaɓe Bacca Joom mbaɗi lappi haalande ngenndi ndii, wonde Bacca Joom ina yiiloo e njiimaandi baaba mum, ina ƴeewa debbo. Ɓe kaalani ngenndi ndii fof lajal, Bacca Joom yiiloto e nder ngenndi hee. Boombi e seemedɓe e diwɓe fof moorii, cinkii, nyaantii haa njooɗi, moni fof waɗi cuɗaari mum.

Lajal ngal timmi, tabalde ndee fiyaa, wi’aa janngo ko dawol Bacca Joom. Watulaaɓe ɓee mbaɗɗii pucci tintinde ngenndi ndii garal makko. Wuro fof haa­lanaa waktu Bacca Joom yettotoo ɗoon. Bacca Joom fini tawi teemedde tati puccu haɓɓaama ceŋaama labale. Sagataaɓe ndariima e naange, ina cabbii e Bacca Joom.

Awluɓe ina ngaskina, wammbaaɓe, kolli mum’en ina ŋuura.

Bacca Joom yaɓɓi e baylo, sakke sefi mo, o tawi maabal ina wettii, o jooɗii e geeŋorgal maama labbo. Sagataaɓe kooti e alkabeeje. O fiyi ngu jamɗe, gorbal fiyi daande, dimaaɗi nanngi e waali jam.

Ɓe ndawri yiilaade e njiimaandi Joom. Wuro fof ɓe njettii, ɓe tawa ina ari jaɓɓaade Bacca Joom, tawa sagataaɓe ina mbaɗɗii pucci, ina njeysa. Boombi ina mbaɗi lasal mum’en, seemedɓe ina mbaɗi lasal mum’en, pijirleeji belɗi ina pija, seteeji-seteeji !

Ɓe teddinaa kaaɗdi teddungal. Bacca Joom e wondiiɓe mum ɓee njiilnaa e wuro hee, ɓe kollaa ɓiɓɓe wuro ngoo. O woni ɗoon balɗe tati, o ɓenni wuro wonngo.

Bacca yiilii ngenndi ndii fof. Wuro fof, gurel fof ɓe naati, ɓe teddinee ted­dungal mawngal. O waɗii lewru e nder ngenndi hee. O arti. Baaba makko wii : « A yi’ii ɓiɓɓe Fulɓe haarɓe keddam dey, a yi’ii mo njiɗɗaa ? » O wii : « Baaba, mi yi’aani heen mo yitere darii. »

Yehi haa woni dumunna, suka debbo ari ɗoon e wuro hee. Debbo oo ko jooɗɗo no feewi sanne. Ndeke ko jinne ! O waxlii, o wonti neɗɗo. Nde Bacca Joom yiinoo mo tan, jarlibaa e makko sanne. Bacca Joom wii debbo oo : « Miɗa yiɗ-maa. » Debbo oo wii : « So aɗa yiɗi mi gilli dewgal, humanam. » Bacca Joom yeewtidi e makko, wii : « Kikiiɗe, ma mi are hiirde. »

Hiiri. Bacca Joom e goomu mum ngari mo hiirde. Ɓe toggi ataay, ɓe ngoni e yeewtidde ha ɓe kawri e haala. Bacca wii mo : « Ma mi haalan jinnaaɓe am, mi arda ƴamal. »

Bacca noddi Baaba mum e Neene mum, o wii ɓe : « Jooni dey mi yi’ii mo njiɗmi. » Baaba makko wii mo : « Hol oon ? » Bacca wii : « Debbo ina ari ɗoo ɗee ɗoo balɗe. Ko oon njiɗmi. »

Baaba makko wii mo : « Ko aan woni afo amen : so mi yi’aaka janngo, ko aan lomtotoo mi, ko aan wonata Joom ngenndi ndii. Bacca am, won ko mi faamaani e maaɗa. Mi wi’ii ma yo a yiilo e nder ngenndi hee, debbo fof mo njiɗɗaa, a hok­kaama. A waɗii lappol, lewru e nder ngenndi hee, wuro fof a naatii, a hollaama ɓiɓɓe ngenndi fof, a wi’ii a y’aani heen debbo mo njiɗɗaa… Holno laamɗo ngenndi laamortoo ngenndi ina nefa ɓiɓɓe ngenndi ? »

Neene makko wii mo : « Bacca am, ko njiɗɗaa fof, ko ɗuum njiɗmi. Kono ina wenyii, laamɗo ngenndi so ronkii mo yiɗi e ɓiɓɓe ngenndi. Onon ngoni Joom ngenndi ndii : fannyaade wonaa ko yooɗi e laamɗo ngenndi. »

Bacca Joom wii so humanaaka e mo o wii oo tan, ko o bartotooɗo. O wii o yiɗaa hay gooto so wonaa mo o wii oo. O geddi nyaamde e yarde. Siraa dow, sammaa les, o wii so wonaa o humanaa e debbo mo o wii oo tan ko o bartotooɗo. Joom haalani sehilaaɓe Bacca fof, yoo tef Bacca. Bacca salii. Mo o wii oo tan o humantee.

Jagge laamu Joom e watulaaɓe mum fof noddi Joom batu. Ɓe njooɗii. Mawɗo salndu laamu Joom ƴeɓti konngol. O wii : «Joom ko minen noddu maa batu. Laamu ngenndi ndii, gila e njaata’en, ko on Joom ngenndi ndii. Kono Joom ngenndi ndii meeɗaa fannyaade. Resata tan ko ɓii ngenndi ndii. So tawiino a wonaa laamɗo, mo ɓiya yiɗi fof, resan. Kono laamɗo ngenndi ndii resata tan ko ɓii ngenndi ndii. Ɓiya wi’aama tuggude e funnaange ngenndi ndii haa hiirnaange ngenndi ndii, mo yiɗi fof, yoo res. O waɗii lewru e nder ngenndi hee omo yiiloo, o wii o yi’aani heen mo o yiɗi ! Oo ɗoo suka debbo garɗo e ngenndi hee, en nganndaa to ummii, en nganndaa to jeyaa, en nganndaa ko addi mo. Holno laamɗo ngenndi walla koolaaɗo ngenndi resirta oon ? Jagge ngenndi, sirlu ngenndi. Wonaa to bannge lenyam-lenyamaagu, kono sirlu ngenndi ko ɓiɓɓe ngenndi poti reende ɗum. »

Cukko salndu Joom ɓami konngol, o wii : « Fannyaade laamɗo liɓii jappeeje laamuuji keewɗi, fusii mbaadiiji walla ŋariiji ngenndiiji keewɗi. »

Joom ƴeɓti konngol, o wii : « Ko kaalɗon koo ko goonga, kono haalooɓe Pulaar mbii : “Won ko mawɗo lelotoo yi’a, so suka dariima yi’ataa.” Ko njiiɗen koo, Bacca yi’ataa ɗum. Bacca ko cukalel, yi’ataa ko njiiɗen koo. Miin Joom, mi jibinaama e laamu, mi yi’ii laamu maama am, mi yi’ii laamu baaba am. Kono laamu heen fof jiidaa e laamu ngonngu nguu. Waɗi noon, ko laamu fof e jamaanu mum. Mi nanii haala mon, ma mi yaadu janngo e jagge ngenndi ndii tato, to sirlu ngenndi ndii, min naamnoo to oo debbo ummii, ko o woni, ko addi mo. Oon sahaa, mi jaaɓtoo on. »

Janngo mum, Joom e jagge ngenndi mum, ɓe njehi to koomaaji ngenndi ndii. Joom waɗi ko waɗannoo. Koomaaji e gallaaɗi mbaɗi kaawisaaji mum’en. Ɗi mbii mo : « Joom, min nganndii sabu garal mon ɗoo. Kono debbo mo ɓiya wii ina resa oo, o wonaa neɗɗo : ko jinne. Addi mo ko fusde laamu ngenndi ndii… Kono ɓiya oo faamataa ko kulɗon koo.

« Ɗaccee mo o humanee e debbo oo. So o dammbiima ha o dammbitiima, ma o wii omo yaa njillu, tee o jaɓataa yaadude e hay gooto so wonaa Bacca. So Bacca ina yaada e makko njillu, yoo naw puccu mon mbi’eteengu Mboolu nguu. Tottaa mo ɓoccooɗe tati, ina e fooɓre ɓokki hee : heen wootere ko ndiyam ; ndeya ko haayre, ndeya ko leɗɗe cukkuɗe. Mbi’aa mo, so ɓe njehii, nde o faayi fof, o fiya ɓoccoonde e leydi. Mi yiirii yitere am ɓuri mi nanirii nofru am. »

Joom arti yeewtidi e jagge mum, ɓe ndokkondiri hakkillaaji, ɓe njamiri yoo Bacca humane e mo wii oo.

Joom arti, noddi Bacca, o wii : « Bacca am, ko tikkuɗaa ? Ƴeew tan, Bacca am, ngenndi men ndii no wa’i yaajde. Ɓiɓɓe ngenndi ndii fof a hollaama, a yi’aani heen mo njiɗɗaa ! Jooni, mo njiɗɗaa oo, humane e mum. Minen, min njiɗan-maa tan ko jam e kisal ngenndi ndii.

Tabalde fiyaa, wi’aa janngo Bacca Joom ina humanee. Lenngi puɗɗii. Yontere haa dawdi e naange ko pijirleeji. Nyande Bacca Joom hurtinta ndee, boombi e sagataaɓe nyaantii haa njooɗi, edda nyaantungal fof waɗaama nyande mum. Pucci ina njeysa, bawɗi e buubaaji e kummballi awluɓe, e kolli wammbaaɓe, moni fof ina waɗa ko waawi.

Yannge dawi, ga’i e ndammiri fof ina mbaree. Pedane ina ngurwee, nyeenyɓe ina mbi’a : « Ɗum dey woni goonga : so aɗa wallee yoo taw aɗa waawi. » Bacca Joom hurtini. Yannge ngee welii sanne.

Debbo oo dammbii haa dammbitii, jooɗii hakke dumunna, o wii omo yaha njillu. O wii : « Bacca, en kumanaama hay gooto e lenyol am tawaaka. Jooni, njiɗmi ko njaaden nji’aa banndam’en, banndam’en njii-maa. » Bacca wii : « Munyo mi haalana Baaba am tintina ngenndi ndii, njaaden e yimɓe. » Debbo oo wii : « Alaa, njiɗmi ko enen tan ɗiɗo njehen. Miɗa anndi ko on laamɓe, on njahataa gooto. Kono miin, njiɗir-maa-mi tan ko gilli, wonaa ko a laamɗo, wonaa ko a ɓii laamɗo. Ko enen ɗiɗo tan njahata. »

Bacca ari haalani baaba mum e neene mum hono ko debbo oo wii koo. Neene makko wii : « Ɗuum dey ina haawnii ! Holno laamɗo yaarata to esum’en kanyum gooto ? Ɗuum meeɗaa waɗde. Jahoowo njillu yaadan e yimɓe. Ko naatmi ɗoo koo, mi meeɗaa yiide debbo ina yaa njillu kanyum tan e gorko mum, hay gooto yaadataa… Bacca am, ko minen ngoni rewɓe : won mo min moosanta, min pew­jata ko warde ɗum. »

Joom ndaari ɓe moosi. O wii : « Ina moƴƴi. Nde pellitɗaa yaade fof, ngaraa ɗoo. »

Neene mum Bacca wii : « Joom, nii accirtaa cukalel ngel yaha e nder ladde ? » Joom wii : « So mi yi’aaka janngo, ko kanko lomtotoo mi. Jooni o timmii sagata. Accu mo o yi’a kaawisaaji Aduna ɗum woni : so mi yi’aaka janngo, o annda no ngenndi jogortee. Mi wuurataa tan nyande fof waɗtude mo e laawol. Maa dany nde mi tawaaka. En keɓataa reende mo nyande kala. Accu o yi’a Aduna. »

Nyande ɓe njahata ndee, Bacca yehi waynaade Baaba mum. O yettii, o jooɗii, o wii : « Baaba, ko janngo subaka law min njahata, gila yimɓe pinaani. »

Baaba makko wii : « So aɗa yaha, haɓɓu Mboolu – puccu nguu – nawaa. Ndaa ɗee ɗoo ɓoccooɗe tati, nde njiiɗaa ko a heftinaani fof, toƴƴaa heen wootere e leydi.

Bacca Joom, nde wenndogini, haɓɓi Mboolu, ƴeɓti ɓoccooɗe ɗee waɗi e gafakke mum, waɗɗini debbo mum, ɓe njehi. Ɓe nyalli yaade, ɓe kiiri yaade, haa fajiri fuɗɗii seekaade. Bacca Joom wii : « Aan koy, ngenndi mon ina woɗɗi koy ! » Debbo oo wii : « Ɓooyataa jooni njettoɗen. » Bacca wii : « Holno njet­tortoɗen, mi nanaani ɗoo fof dille yimɓe ? So wonaa dille kulle e ciikaali come, alaa ko woni e ndee ladde. »

Haɓe kaala tan debbo oo woni e waxlaade ! Gite ɗee ngojji mbii coy ! O seerti e comci, o wonti jinne ! Tan Mboolu hiji diwi dow. Jinne diiri ina maɓɓa ɓe, tan Mboolu weeyi dow, naati e duule. Jinne wonti duleendu, weeyi abbii ɓe, yehi haa ɗeɓi ballaade ɓe, tan Mboolu tellii, muti e leydi. Jinne rewi heen, yehi haa ɗeɓi maɓɓude ɓe, tan Bacca fiyi ɓoccoonde e leydi, tan wonti maayo hakkunde maɓɓe. Jinne ruttii, addoyi wujo mum, horsi maayo ngoo, abbii ɓe. Jinne yehi haa yettii ɓe, ɗeɓi jawlaade laaci Mboolu, tan

Bacca toƴƴiti ɓoccoonde e leydi, wonti haayre hakkunde maɓɓe. Jinne ruttii, addoyi fulla mum, heli haayre ndee, abbii ɓe. Yehi haa ɓooyi, jinne heftii ɓe, ɗeɓi jawlaade laaci Mboolu, tan Bacca toƴƴi ɓoccoonde e leydi, wonti leɗɗe hakkunde maɓɓe. Jinne ruttii, addoyi jammbere mum, soppi leɗɗe ɗee, abbii ɓe.

Nde jinne yettotoo ɓe taw Bacca naatii wuro. Tan Mboolu hiji, sagataaɓe laawii. Mboolu yettii galle Joom, diwi tata, jooroyii hakkunde galle Joom. Ngu fiyi daande, kanngu fof hangu leppi ndiyam. Comci Bacca fof, henndu e kaaƴe e leɗɗe ceekii haa laaɓi cer. Joom ina jooɗii e jaayorgol mum. O wii : « Bacca, aan koy ese’en teddinii ma koy !.. »

Bacca tellinaa, hokkaa wudere disa mojii, ina sinnya ger-ger, omo gumaa, o waawaa haalde. Joom wii : « Yaa suudu maa, haa pooftaa, njeewtanaa mi njillu mon. »

Yummum Bacca addi leɗɗe, woni e urde Bacca. Bacca lelii, ɗaanii haa kulol ummii e mum, o ari, o jaŋtanii baaba makko e neene makko no o waɗdi e debbo makko. Baaba makko wii : « Bacca am, sirlu ngenndi ko jagge ngenndi. Laamu ngenndi yoo taw ko ɓiɓɓe ngenndi lammini. Ndeena ŋari ngenndi e mbaadi ngenndi haɗataa liggodaade kala ngenndi. »

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attente 13

 

JULIEN BARRET: “RAP ET POÉSIE PEULE : UNE PERFORMANCE GUIDÉE PAR LE RYTHME ET LA RIME. LES CANONS DE LA POÉSIE ORALE ?”

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Qu’il s’agisse des poèmes de bergers peuls ou bien de rap instrumental ou a capela – du genre égotrip ou freestyle, sans thème directeur, où le rappeur affirme ses prouesses microphoniques à l’auditeur -, ces performances vocales semblent obéir à des règles communes : un travail formel sur les rythmes et les jeux de sons, qui semble nécessaire à la mise en valeur sonore d’un tel propos. Ainsi, du rap français au rap ghanéen en passant par le hip-hop américain, les flows des MC’s ne sont pas sans rappeler la scansion accélérée, assonancée, au style formulaire des bergers peuls du Mâssina, qui, dans leurs mergi et jammooje na’i, mettent en valeur les vertus de leurs troupeaux ou leur propres qualités. Cette communication tentera de définir un canon commun à ces pratiques relevant de la poésie orale scandée, l’« aspect canonique » résidant dans les dimensions phonique et rythmique qui procèdent toutes deux de la figure de répétition.

CATHERINE TAINE-CHEIKH : “CANONS POÉTIQUES ET POÉSIES CANONIQUES DANS LA CULTURE MAURE”

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Chez les arabophones de Mauritanie, la poésie se compose en arabe littéraire ou en dialecte. Si la première, plus prestigieuse, obéit à la métrique très élaborée du classique, celle en dialecte ḥassāniyya, pour être plus simple, n’en obéit pas moins à des règles métriques précises, plus ou moins complexes. Je m’attacherai à présenter les caractéristiques de cette poésie, à la fois du point de vue de la prosodie et du point de vue de l’énonciation, afin d’éclairer les éventuelles spécificités des poèmes satiriques du Sahara occidental. Mettant l’accent sur les poésies à visée critique ou politique, je discuterai ensuite du caractère canonique ou non de certaines productions récentes.

PAULETTE ROULON DOKO (LLACAN): “RÉCIT ET CANON, RÉFLEXION À PARTIR D’EXEMPLES GBAYA”

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

A partir d’une première analyse de récits de témoignage sur le passage des mercenaires dits ‘rebelles’ en français local en 2006 au village de Ndongue (7 récits), je m’interrogerai sur ce qui peut être ‘canonique’ dans ces récits appelés ɲɛ́rɛ̀ “conversation” en gbaya en prenant en compte les propositions de définition de William Labo dans Oral narratives of personal experience (document pdf sur Internet).

DOMINIQUE CASAJUS : “INSCRIPTIONS RUPESTRES EN PAYS TOUAREG: UN DISCOURS CANONIQUE EN VERSION GRAPHIQUE”

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Les inscriptions rupestres abondent en pays touareg. Certaines sont récentes, d’autres, utilisant des signes alphabétiques aujourd’hui disparus, datent peut-être de plusieurs siècles. Les alphabets utilisés dérivent selon toute probabilité des antiques alphabets dits” libyques”, attestés par plus d’un millier d’inscriptions recueillies au Maghreb. Le déchiffrement de ces inscriptions, même les plus récentes, est un exercice hasardeux. Dans un grand nombre de cas, nous pouvons cependant nous aider du fait qu’elles suivent un patron (un canon…) repérable, signe que les messages inscrits répondent à un schéma formulaire. Pour certaines d’entre elles, ce schéma reproduit celui dont on use dans l’art épistolaire. On ira donc de la pratique épistolaire aux inscriptions plus récentes puis antiques, en faisant ressortir à chaque fois la formularité des pratiques  d’écriture en jeu, qui peut parfois nous mettre sur la voie du déchiffrement.

FRANCOISE UGOCHUKWU : « LE VIDÉO FILM IGBO ET SES PARTICULARITÉS »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Les films nigérians, plus connus sous le nom générique de ‘Nollywood’ et dont la production fête cette année 2013 ses vingt et un ans, se nourrissent dans le terreau des trois grands groupes linguistiques de la fédération: igbo, hausa et yoruba, mais témoignent de la fusion progressive des identités linguistiques, ethniques et régionales dans un moule ‘nigérian’, différenciant cependant entre nord et sud. Il est extrêmement rare en effet que ces films, les films igbo en particulier, soient le produit d’un seul groupe: même si leurs producteurs et réalisateurs sont igbo, on trouve dans la distribution des acteurs igbo, yoruba et autres.
Nous porterons ici notre attention sur les films du sud du pays, pour noter leurs caractéristiques principales. Si beaucoup de choses ont changé en vingt-et-un ans dans la technique des films comme dans leur contenu et leur façon d’aborder les sujets traités, ces films, décrits comme ‘edutainment’ – éducation + divertissement [éducation + entertainment] – restent avant tout porteurs d’un message, adressé, non pas seulement à l’individu mais au groupe : avatars des veillées de contes et des festivals traditionnels, ils sont destinés à être visionnés en groupe – en famille à la maison, ou dans des lieux publics tels que cafés ou salles – et à générer une discussion au sein de l’audience.
Le message des films fait d’eux les héritiers de la riche tradition orale du pays, évoquant le passé récent ou plus ancien, dénonçant les maux de leur société et guidant la réflexion du public. Les deux films considérés dans le cadre de ce séminaire, œuvre de réalisateurs igbo et tous deux sur le thème du viol, serviront d’illustration à notre propos.

JEAN DERIVE : « LES INCIDENCES LINGUISTIQUES (PHONOLOGIE, MORPHOLOGIE, SYNTAXE) DES PROPRIÉTÉS CANONIQUES DE QUELQUES GENRES DU DISCOURS EN PAYS MANDING »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Les discours canoniques, i. e. des énoncés textualisés dans le cadre des conventions énonciatives propres aux différents genres du discours, ont de ce fait, chacun, des propriétés stylistiques spécifiques. Mais certaines de ces propriétés stylistiques ne manquent pas d’avoir des incidences sur la linguistique proprement dite, influant sur la phonologie (par ex. transgression du régime tonal, nasalisation de certains phonèmes…), sur la morphologie (phénomène de dérivations atypiques, néologismes), sur la syntaxe (constructions atypiques, notamment par ellipses), sur le registre de la langue (archaïsmes). Quelques cas seront examinés, à partir d’un échantillon limité de genres du discours dans la culture dioula.

YOOLI-YOOLI

 

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Ko ɓoggol Jaawanɓe, jeyaa ko e ɓoggi ɓaleeji. Jaareeɓe Mali mbaɗti yahdinde heen jimɗi, hay ɗiin ko Yooli-yooli mbiyatee.

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WANNGO

 

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Ko jimol dingiral (chant populaire). Baar oo fentiraa ko mbele duusde jimol ngol. ɓuri lollinde ngol ko biyateeɗo Medda Njaany.

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TOŊO

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Ɓoggol Awluɓe kanyum ne. Ina yahda e Yelaa so waɗtaama jimol, kono Toŋo jiiɗaa e Ana; kanyum yimantee tan ko baar gooto.

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TAARA

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Ko ɓoggol Tooroɓɓe, heewi huutoreede ko so neɗɗo ina daara golwole Seeku Umar Taal.

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attente 12

 

LOBNA MESTAOUI : « AHMADOU KOUROUMA ET LA RÉACTUALISATION DU PATRIMOINE ORAL : RÉÉCRITURES ET SUBVERSION DES CODES »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Dès son premier opus Les Soleils des indépendances, Kourouma opte pour une visibilité de la culture malinkée dans ses écrits. Une présence qui se décline en hybridation linguistique, intégration au sein du récit romanesque de variantes de récits de chasse, de mythes de fondation et de proverbes qui s’inspirent fortement des discours oraux de son aire culturelle, le Mandingue. La virtuosité de l’auteur réside dans son aptitude à faire du récit de chasse traditionnel et de la figure du chasseur le fil d’Ariane de son œuvre et le tremplin esthétique et littéraire pour dire la modernité africaine. En attendant le vote des bêtes sauvages matérialise par excellence cette transmutation des codes oraux coulésdans le moule du roman à l’occidentale. J’analyserai à travers les trois premiers romans de kourouma cette réactualisation des récits oraux, ses modalités et la subversion des codes.

HUGO FERRAN : « RATE THIS MEZMUR ». ETHNOGRAPHIE D’UN GROUPE DE DISCUSSION FACEBOOK SUR LE GOSPEL ÉTHIOPIEN

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Le groupe de discussion Facebook « Rate This MezmuR » rassemble plus de neuf cents Éthiopiens disséminés à travers le monde. Son but est d’évaluer, de critiquer ou encore d’attribuer une note (de 1 à 5) à tout type de musiques évangéliques éthiopiennes. En apparence banale, la découverte de ce groupe allait se révéler marquante pour l’étude que je mène sur la transnationalisation du gospel éthiopien. Je pouvais désormais suivre les multiples débats auxquels les Éthiopiens évangéliques du monde entier se livrent sur leurs pratiques musicales. À partir de questions simples telles que « faut-il en finir avec le synthétiseur ? », « pourquoi nos musiques sont-elles pentatoniques ? », « le terme gospel est-il approprié pour nommer nos musiques ? » ou « peut-on danser à l’Église ? », les membres interrogent sans cesse les frontières du religieux et du séculier, de l’universel et du culturel, de la tradition et de la modernité. L’ethnographie de ce groupe virtuel et transnational vient éclairer les processus de (re)création d’un répertoire en train de se faire, dont les artisans semblent guidés par une double quête d’efficacité : 1) pour convertir le plus grand nombre de fidèles, et 2) pour hisser leur répertoire vers des sommets spirituels.

KATELL MORAND : « LES FORMES CANONIQUES D’UN DISCOURS « JUSTE » : MUSIQUE ET PAROLE DANS LA POÉSIE CHANTÉE DE LANGUE AMHARIQUE (ÉTHIOPIE)»

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

La poésie chantée occupe une place prépondérante dans une grande partie de l’Éthiopie du Nord. Cette prépondérance est particulièrement notable chez les Amhara, où elle est une composante essentielle des interactions aussi bien rituelles (funérailles, commémorations) que quotidiennes. Bien qu’elle se distingue de la parole ordinaire par sa mise en vers et sa mélodisation, la poésie chantée appartient au domaine dudiscours : persuasive, influente, et accompagnée de réactions émotionnelles intenses, elle est un dire « juste » dont on retrouve des traces jusque dans les chroniques du XIXème siècle, où la parole chantée rapportée du roi ou de ses soldats interrompt le récit à intervalles réguliers.
Cette tradition d’écriture, doublée des efforts de recueil entrepris par des chercheurs aussi bien européens qu’éthiopiens a eu pour effet d’obscurcir les traits fondamentalement oraux qui définissent les formes poétiques et identifient en particulier les différents genres. Dans cette présentation, nous poserons donc la question des formes canoniques à partir de l’analyse de performances et d’hypothèses sur les processus de perception. Nous verrons que c’est dans l’imbrication entre musique et langage (notamment via l’intonation) et dans les interactions entre chanteurs et auditeurs que peuvent être décelées ces formes que nous caractériseronscomme des systèmes d’attente et d’interprétation.

GRAHAM FURNISS : « DEBATING VALUE AND THE HAUSA LITERARY CANON »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

The presentation will discuss northern Nigerian public reaction to the emergence of a new form of Hausa popular fiction writing from the 1980s onwards. The canonical discourse in this context is the debate about the value of this literature that raged in various public media – about its presentation and coherence, its language, its themes, and its conformity with Islam and notions of ‘Hausa customs’. All of this was in a larger context of shari’a implementation and the contemporaneous explosion of a Hausa video film industry from 1990 onwards

NDIABOU TOURÉ: “RÉFLEXIONS SUR LA CANONICITÉ À PARTIR DE L’ÉVOLUTION DU TAASU DU CONTEXTE TRADITIONNEL ET AUX CONTEXTES MUSICAL ET PUBLICITAIRE AU SÉNÉGAL”.

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Il s’agit d’un questionnement sur la canonicité à partir de l’étude d’un genre traditionnel wolof, le taasu, qui relève de la poésie orale. Le taasu, à l’inverse d’autres genres, s’est remarquablement adapté à de nouveaux contextes, et a investi un nouveau genre poétique moderne, le mbalakh (chant populaire moderne wolof), et un champ d’application également nouveau, la publicité. Je m’interrogerai sur la canonicité de ce genre dans une perspective évolutive, et sous un angle énonciatif (auteur, interprète, récepteur, canal, etc.). Que se passe-t-il lorsque le taasu passe d’un contexte traditionnel à des contextes différents, complètement modernes et qui répondent à des modalités n’énonciation complètement différentes ? Cette question est sous-tendue par une problématique complexe qui concerne toutes les modalités de l’énonciation : l’auteur, dont le statut peut changer, ce qui a des incidences notamment sur le choix de l’interprète ; la communication de masse en terme de diffusion ; le canal qui obéit à d’autres règles du point de vue de l’interaction ; le récepteur, qui doit être abordé à plusieurs niveaux.
Ainsi, en partant de son contexte traditionnel, il est intéressant d’observer l’évolution de ce genre et son mode de fonctionnement dans sa fusion avec d’autres genres ou dans des contextes comme la publicité.

SAMIA KHICHANE : “MODALITÉS CANONIQUES DE L’INJURE EN KABYLIE: TRANSGRESSIONS LANGAGIÈRES ET FRONTIÈRES SYMBOLIQUES »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Dans la société traditionnelle kabyle l’injure est proférée selon des modalités strictes et convenues : on n’injurie pas n’importe comment en n’importe quelle circonstance n’importe qui selon qu’on est un homme ou une femme. Pour la femme, l’injure n’est que l’expression de sa condition, puisqu’elle matérialise la bande des échanges qu’elle entretient au quotidien au sein de la société, et qui se limite, tel que nous le verrons, aux rapports qui ont trait au domaine clos du foyer. Par ailleurs, les injures apparaissent pour les locuteurs natifs dans certaines de leurs formes (syntaxique, lexical, gestuel, etc.) et leurs modalités d’énonciation comme des canons d’injures relevant des particularités des faits de parole féminine et d’autres comme relevant des faits de parole masculine. A travers mon exposé, je m’attacherai à présenter les différentes propriétés canoniques de l’injure telle qu’elle est utilisée en Kabylie et à voir dans quelle mesure ces modalités se répartissent et affirment du même coup un fossé entre hommes et femmes de sorte que toute tentation de passage devient transgression de la norme.

MARIE-ROSE ABOMO-MAURIN : « DU MVET ÉKANG AUX NOUVELLES FORMES DU CHANT ÉPIQUE : LE CAS DE LA MUSIQUE RELIGIEUSE AU CAMEROUN »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Dans le mvet ékang, une tribu, celle des immortels, les Ékang, du village d’Engong Zok Mevele me Mba, sous la houlette de leur grand chef Akomo Mba, domine la terre. Ce peuple est constitué de trois grandes familles, chacune sous le commandement et la protection d’un capitaine : La famille des Fers, la famille des Rocs et celle des Marteaux. Les exploits de ces immortels constituent ainsi l’essentiel du mvet.
Une certaine musique religieuse au Cameroun reprend cet héritage de la célébration de grands hommes au service de le l’évangélisation ou tout simplement dans les rituels des messes. On ôte au genre cette violence et cette combativité qui le caractérise pour ne mettre en valeur que le message divin.
On ne vit pas seulement le chant à travers son rythme, sa musicalité, sa beauté ; on revit une histoire, des passages de l’histoire religieuse dont les passages sont extraits de la Bible. Tels sont les cas de Mvət Mèjô me Zambə de Joseph Akono Minlaa (1972) et Asimba de Gervais Mendo Ze, ou le Duma (gloire à Dieu) ékang.
Si les personnages mis en scène viennent des récits bibliques, la narration, entrecoupée régulièrement de refrains et de chants repris par la foule, épouse la chronologie et la structure du Mvet.

Extraits à voir que je vous encourage à regarder sur google, ou You Tube, afin d’avoir un avant-goût de l’évolution du genre.

1. Asomo Ngono Ela, Prélude : 3mn 10

2. Asomo Ngono Ela, chantant : 3mn

3. Asomo Ngono Ela : 7mn 40

4. Mvett Ekang Fang Beti Bulu – Prosper Ze Hommage à Mvome Eko: 6mn35

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5. You tube : Association chrétienne des femmes de l’EPC, Cameroun : A wulu ma: 9mn

6. Asimba Gervais Mendo Ze: 9mn30

7. Nsamba binga 2012 ékang, Dumà à yè kù: 8mn

AWA TRAORÉ ET JEAN DERIVE : “MODALITÉS DU FORMATAGE CANONIQUE DES CONTES DIOULA ET LEUR SIGNIFICATION CULTURELLE”

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Il s’agira dans un premier temps de recenser toutes les formules susceptibles d’être un trait définitoire du genre “conte” chez les Dioula (en prenant en compte l’existence d’éventuelles variantes pour chaque séance formulaire) à partir d’un corpus d’une cinquantaine de contes enregistrés dans la ville de Kong à deux époques relativement éloignées (décennie 1970-1980 et 2011) auprès de conteurs et de conteuses de statuts et d’âges différents. Cette variété permettra d’évaluer dans quelle mesure les canons du conte sont les mêmes pour tout société et dans quelle mesure il peut y avoir des modalités canoniques dominantes selon l’âge, le sexe ou d’autres statuts particuliers. Sera également prise en compte la question de la diachronie en cherchant à voir dans quelle mesure il a pu y avoir une évolution des traits canoniquesd’une époque à l’autre.
Dans un deuxième temps, l’analyse de ces séquences canoniques permettra d’avancer des hypothèses sur leur fonction culturelle et en particulier sur les informations qu’elles nous donnent à propos de la représentation du genre “conte” dans la société dioula.

KRISTIN VOLD LEXANDER : “PEUT-ON PARLER DE FORME CANONIQUE CONCERNANT LE SMS SÉNÉGALAIS?”

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

Le SMS est une pratique de l’écrit relativement nouvelle qui fait plus penser à la violation de règles qu’aux normes et où l’on voit plus la créativité que la conformité. Il y a aussi diversité en ce qui concerne les fonctions des messages, les choix de langue et les rapports avec d’autres pratiques langagières, écrites ou orales. Pourrait-on tout de même en retenir quelques normes communes pour le SMS canonique, dans le sens du SMS idéal ou acceptable chez les étudiants Dakarois?
Pour répondre à cette question, nous allons examiner un corpus d’environ 500 SMS collectés à Dakar de 2005 à 2007, ainsi que les propos des scripteurs/récepteurs de ces messages. D’abord nous allons voir la manière dont les processus de “language policing”, glocalisation, “enregisterment” et de stylization contribuent à la constitution du discours SMS chez les jeunes Sénégalais, puis, nous allons considérer trois types de messages dans leurs modalités linguistiques. Le SMS du “jump” exprime une identité jeune bien précise, à travers les choix de mots et de langue, le SMS de l’amour est l’expression d’une voix particulière, adressée à un récepteur bien défini, alors que le SMS des vœux est une pratique qui traverse les générations, et, dérivée d’une pratique langagière orale avec des formules fixes, il offre pourtant des possibilités de spécialisation dans l’expression identitaire. L’innovation et l’intertextualité sont deux caractéristiques considérables dans ces trois groupes de messages, qui dirigeront notre quête d’une forme canonique. Car, pour le jeune Sénégalais, la maîtrise du SMS est une compétence essentielle.

LEE HARRING: “DEUX OU TROIS CHOSES QUE JE CONNAIS DES CONTES COMORIENS”

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Deux ou trois cents contes des Comores, surtout de Mayotte, ont acquis une position canonique pour le chercheur, au moyen des démarches de l’enregistrement, la transcription, et la traduction. Mayotte, aujourd’hui Département d’Outre-Mer, se trouve plus multilingue que jamais. Y sont présentes les langues kibôsy (malgache de Mayotte), shimaore (langue propre de l’île) et le franc̨ais (éternellement langue des étrangers) ainsi que les langues des autres îles. La circulation des textes en Mayotte est le résultat des déplacements des gens entre Madagascar et les autres îles.
On peut modifier les données du concept de l’intertextualité à partir de telles particularités énonciatives (la performance, c.-à.-d. l’ethnographie descriptive), des théories de la traduction, et des principes de la créolisation. La croissance des études de la traduction fait mieux comprendre ce qui se passe quand les conteurs mahorais reconstituent un conte tel que la fille difficile. Le concept de l’interprétant, disseminé par le théoricien Lawrence Venuti, a son équivalent parmi les chercheurs de la littérature orale. La notion de la fidelité d’une traduction devient variable selon les genres “ethniques”. ‘L’objet de la science de la littérature [dit Jakobson] n’est pas la littérature mais la “littérarité”, c’est-à-dire ce qui fait d’une oeuvre donnée une oeuvre littéraire’ — ce qui veut dire les genres “ethniques”. Le contact socioculturel amène une créolisation culturelle. Comme les langues créoles ne peuvent être prévues à partir de leurs langues parentales, il est bien possible que les contes de Mayotte seront des produits nouveaux, des pièces de bricolage, utilisant des matériaux de Madagascar, de l’Afrique, et d’autre part; que le remaniement est l’essentiel dans toutes les époques de l’agitation culturelle.
On peut étendre le concept du discours canonique en regardant la communauté de chercheurs et lecteurs côte à côte avec les performers et les auditeurs comoriens. Le chercheur travaillant sur la littérature orale, pour diriger ses travaux, va cerner non seulement les productions littéraires étrangères. Pour diriger ses travaux, il va aussi invoquer les discours canoniques de son domaine: les écrits de Marcel Mauss, Franz Boas, Stith Thompson, Michel Foucault . . . , et de ses professeurs. Si les contes sont des produits de l’histoire, le large éventail où l’on mettra tous les genres de l’expression le sera aussi.

attente 11

 

NYOTA YA REHEMA / L’ÉTOILE DE REHEMA – INCIPIT

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« Baba, baba, wakulima wamekuja. » Salma alikuwa akipiga kelele huku akipanda vidaraja kuelekea ndani kwao.

« Papa, papa, les paysans sont là. » Salma criait en montant les escaliers de la maison.
Fuad, kijana mmoja mrefu, mweupe, mwenye sharafa ya ndevu ndogo ndogo, aliyevaa kanzu nyepesi ya darizi, na kofia ya viua vya lasi, alichungulia dirishani, tabasamu ikatokeza katika uso wake wenye haiba. Fuad, un jeune homme élancé, la peau claire, avec des fins favoris, portait une fine tunique brodée, un chapeau orné de soie, regarda en souriant la fenêtre avec bienveillance.
« Ah, vizuri, » alisema kuwaambia wakulima wapatao darizeni walioleta gunia na vipeto vya mazao yao, zawadi kwa bwana shamba. « Très bien, » dit-il à l’adresse des paysans qui apportaient des sacs de récolte en cadeau à leur propriétaire.

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MZIMU WA WATU WA KALE / LE BOIS SACRÉ DES ANCÊTRES – INCIPIT

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[av_one_full first]

Najum alipopiga hodi nyumbani kwa Bwana Msa, Kikwajuni karibu na Mnazi Mmoja, aliitikwa na mtoto mdogo aliyekuwa akicheza mlangoni. Wakati ule Bwana Msa alikuwa msalani akioga, naye alikuwa amekwisha kuagiza kuwa ye yote atakayekuja ana ruhusa ya kuingia ndani amngojee.

Najum toqua à la porte de Bwana Msa, à Kikwajuni près de Mnazi Mmoja, et fut accueilli par un petit enfant qui jouait près de la porte. Bwana Msa était en train de prendre une douche et l’enfant avait reçu l’instruction de laisser entrer tous ceux qui se présenteraient et de les faire attendre.

Najum alikuwa kijana wa Kiarabu wa umri wa miaka ishirini na mitano, lakini nywele zake za kipilipili na pua yake nene alionyesha waziwazi kuwa yeye ni suriama.

Najum était un jeune arabe de vingt cinq ans, mais ses cheveux crépus et son nez épaté le faisaient ressembler à un métis.

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KASRI YA MWINYI FUAD / LE PALAIS DE MAÎTRE FUAD – INCIPIT

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Kijakazi akizaliwa kutokana na ukoo wa kitumwa. Baba yake ne mama yake walikuwa ni miogoni mwa watumwa watiifu sana kwa Bwana Malik na kama wao, Kijakazi alinuia kuwa mtumishi wake mtiifu kabisa.

Kijakazi était née dans une famille d’esclaves. Tant son père que sa mère comptaient parmi les plus fidèles serviteurs du Seigneur Malik. Et Kijakazi, à leur instar, en devint à son tour l’esclave infiniment dévouée.
Wazee wa Kijakazi walifakiri alipokuwa bado mdogo. Katika kukua kwake aliamini kuwa kule kuzaliwa kwake mtumishi ndiyo majaaliwa yake. Shabaha kubwa ya Kijakazi katika maisha yake ilikuwa ni kumfurahisha bwana wake na kwa hiyo alikuwa tayari kumfanyia kazi yoyote ile.

Orpheline dès son plus jeune âge, elle grandit persuadée que l’esclavage était son lot. Elle n’existait que pour donner satisfaction à son maître, prête à lui obéir au doigt et à l’œil.

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DUNIA MTI MKAVU – INCIPIT

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Fumu Jaku aligutuka usingizi kwa pupa. Hatimaye kumekucha na pupindukia nyakati alizopenda na kuzowea kuelekea kondeni kwake. Alikuwa na dharura ya kuchelewa.

Fumu Jaku se réveilla en sursaut. Il faisait déjà jour et l’heure à laquelle il aimait se rendre dans son champ était passée. Il y avait plusieurs raison à ce retard.

Mosi, mwili wake ulikuwa na malimbiko ya uchofu na mavune, ingawa hilo sii la kuhesabiwa, maana mwili wake umehimili sulubu na mateso toka mja yeye kutumbukia katika shimo hili la dunia. Ni shimo hii dunia : na kama dhiki huzoeleka basi mwili wa Fumu ungalizoea.

D’abord son corps avait accumulé la fatigue et la lassitude qui sont le lot de tous ceux qui sont tombés dans le trou de la terre. Car cette terre est un trou et si l’on finit généralement à s’habituer à la souffrance, le corps de Fumu, lui, ne s’y était pas encore habitué.

Pili, mauivu ya jeraha la mguu lililovundiana. Hili lilimpekecha mfululizo na kumnyima ubwabwa wa mtoto, likimkumbusha kwa michomo na mipwito hatari ya ulimi wa mndu, ule uliochopa musuli ya mwili wake na kuacha sumu.

Ensuite, sa plaie à la jambe s’infectait. Ca le démangeait continuellement, le rendait irritable ; les brûlures et les élancement lui remettaient en l’esprit le tranchant de la machette qui avait entaillé sa chair et déposé son poison.

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ROSA MISTIKA – INCIPIT

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Katika ziwa Victoria – kama liitwayo mpaka sasa – kuna kisiwa kijulikanacho kwa jina la Ukerekwe, maili thelathini hivi kutoka Mwanza, na kama hakuna ukungu unaweza kukiona kutoka Usukumani. Katikati ya kisiwa hiki kuna jengo kubwa la Wajerumani lisilosalia mpaka sasa. Karibu na jengo hili kuna mti mpaka leo uliokuwa ukitumika kunyongea watu – watu weusi nafikiri. Jengo hili liko katikati ya kijiji cha Namagondo. Si mbali na jengo hili alikuwa akiishi Regina.

Au milieu du lac Victoria — c’est ainsi qu’on le nomme encore aujourd’hui — il y a une île connue sous le nom d’ Ukerewe, à trente miles de Mwanza, que l’on peut apercevoir depuis le pays des Sukuma, par temps clair. Au centre de l’île il y a un grand bâtiment construit par les Allemands. A côté de ce bâtiment se trouve toujours un arbre qui servait à pendre les gens — les Noirs. Ce bâtiment est au milieu du village de Namagondo. Non loin de là vivait Regina.

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XAVIER GARNIER : « ÉCRIVAINS SWAHILIS ENTRE INJONCTIONS NORMATIVES CONTRADICTOIRES »

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[su_heading size=”14″]RÉSUMÉ[/su_heading]

La littérature écrite en kiswahili s’est développée, dans le courant du vingtième siècle, dans le contexte d’une standardisation de la langue pilotée de façon institutionnelle à l’échelle de l’Afrique de l’Est à l’époque coloniale, puis de la Tanzanie à partir des années 60. Les écrivains ont été sollicités pour assister et prolonger le travail de standardisation de la langue et se sont souvent retrouvés en situation de tension par rapport à leur propre expérience de la langue. Ces conflits entre les normes qui sont associées aux différentes représentations de la langue sont au cœur des dynamiques de développement de la littérature swahilie moderne. Ils ont pu donner lieu à des querelles littéraires, dont nous montrerons l’enjeu politique profond.

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