Chanter l’amour en pays dioula

 

 

Chanter l’amour en pays dioula (Côte d’Ivoire)

édité par Jean Derive

Classiques africains

 

 

 

 

Mots-clés:
mandingue, dioula, oralité, chants, femmes, mariage
Éditeur scientifique:
Jean Derive
Production du corpus:
Communauté des femmes de Kong.
Ces chants ont été enregistrés à Kong (sous préfecture de Côte d’Ivoire) entre 1975 et 1981, dans des conditions naturelles, en ce sens que leur énonciation n’a pas été artificiellement provoquée par un enquêteur. Elle est toujours à l’initiative des usagers. Cette anthologie thématique a été publiée en 2012 par l’association des « Classiques Africains » sous le n° 32 (aujourd’hui diffusée par Karthala).
Édition du corpus:
Collecte: Marie-José Derive, Jean Derive, Banassi Barro
Transcription: Balemori Barro, Marie-José Derive, Jean Derive
Traduction: Jean Derive

 

 

Descriptif:


Ce volume présente des chants dits collectivement par des femmes, sélectionnés sur le critère du thème de l’amour. Ils relèvent de plusieurs genres qu’elles sont amenées à interpréter à différentes étapes de leur vie: chants dits de clair de lune dans le français local (bóndolon dɔ̀nkiri) à l’adolescence; divers types de chants nuptiaux (kɔ́nyɔn dɔ̀nkiri) au moment de passer de l’état de jeune fille (súnguru) à celui de femme mariée (mùso), d’autres chants dits de danse (dɔ̀n dɔ̀nkiri) – dont six variétés sont présentées – à leur âge mûr. A cet échantillon s’ajoutent des chants dits par des femmes d’origine captive (appelés wóloso dɔ̀nkiri) dont la particularité est de faire des parodies grossières des autres chants en les orientant systématiquement vers des motifs de sexualité paillarde. Cette succession permet de saisir l’évolution du traitement littéraire de l’amour tout au long de la vie féminine.
Ce volume de 250 pages comprend une série de chants d’amour interprétés par des femmes et relevant d’une quinzaine de genres différents en version bilingue dioula/français. L’objectif de l’ouvrage est de mettre en exergue l’évolution du traitement thème de l’amour en fonction des différents âges et statuts de la femme. Les textes sont présentés selon une mise en page versifiée correspondant aux unités d’énonciation qui suivent le moule mélodique. Ils sont précédés d’une introduction générale de 30 pages présentant les grands traits de la culture orale des Dioula de Kong et situant les conditions de production des chants féminins au sein de ce contexte. Chaque genre représenté fait en outre l’objet d’une brève introduction particulière pour en expliquer les circonstances conventionnelles d’énonciation et la fonction culturelle.

 

Référence de l’œuvre:
DERIVE Jean (éd.), 2012, Chanter l’amour en pays dioula, Paris, Classiques africains, 251 p. [diffusé par Karthala].


Bibliographie

    • BERNUS, Edmond, 1960, Kong et sa région. Abidjan, Etudes éburnéennes, 8, pp. 239-324.
    • DERIVE, Jean, 1987, Le fonctionnement sociologique de la littérature orale. L’exemple des Dioula de Kong (Côte d’Ivoire), collection « Sciences Humaines », série « Archives et Documents », Paris, Institut d’Ethnologie, 987 + 1339 p.
    • DERIVE, Marie-José, DIABATÉ, Tiégbé Victor (dir.), 1977, Table ronde sur les origines de Kong, Annales de l’université d’Abidjan, série J, 1, Traditions orales, 504 p.
    • SANGARÉ, Aby, 1984, Dioula de Kong (Côte d’Ivoire): phonologie, grammaire, lexique et textes (3 vol.), Université de Grenoble III, 432 + 85 + 51 p.

 

 

Chanter l’amour en pays dioula (Côte d’Ivoire)
Extrait
Chant de clair de lune n°3 (p. 42-45)
L’un des chants des jeunes filles sur le mari idéal

 

 

 

Dɔ́ri yé à yé ń jàrabi yé,

Certains reconnaissent comme mon bien-aimé

kàlanbaga bɛ́ kólɛzi rá,

celui qui est élève au collège,

lɛ́irdimankalanbaga bɛ́ kólɛzi rá.

celui qui m’écrit des lettres séduisantes est au collège.

Refrain:

 

Dɔ́ri yé à yé ń jàrabi yé,

Certains se rendent compte que c’est mon bien-aimé

Ń yɛ̀rɛ yé à yé ń jàrabi yé.

Et moi-même, je le vois que c’est mon bien-aimé.

Dɔ́ri yé à yé ń jàrabi yé,

Certains reconnaissent comme mon bien-aimé

kàlanbaga bɛ́ kólɛzi rá.

celui qui est élève au collège.

Fɔ́baga bɛ́ ń jàrabi lè yé,

C’est un beau parleur qui est mon bien-aimé,

ń tá kúmadimanfɔbaga bɛ́ ń jàrabi yé.

celui qui me fait de beaux discours est mon bien-aimé.

Refrain:

 

Dɔ́ri yé à yé ń jàrabi yé,

Certains se rendent compte que c’est mon bien-aimé

Ń yɛ̀rɛ yé à yé ń jàrabi yé.

Et moi-même, je le vois que c’est mon bien-aimé.

Dɔ́ri yé à yé ń jàrabi yé,

Certains se rendent compte que c’est mon bien-aimé.

Fɔ́baga bɛ́ ń kànuncɛ yé,

C’est un beau parleur qui est mon chéri.

ń tá kúmadimanfɔbaga bɛ́ ń kànuncɛ yé.

Celui qui me fait de beaux discours est mon chéri.

Refrain:

 

Dɔ́ri yé à yé ń jàrabi yé,

Certains se rendent compte que c’est mon bien-aimé

Ń yɛ̀rɛ yé à yé ń jàrabi yé.

Et moi-même, je le vois que c’est mon bien-aimé.