Sukaajo mo puccel / Le jeune homme au petit cheval

 

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, histoire, kiistawol — cheval, femme libre, conflit de propriété, arbitrage, silure

Production du corpus

Conteuse: Saoudatou Yougouda; environ 35 ans. Elle est née à Bogo. Divorcée, elle a des enfants. Elle vit seule dans sa maison. Son père est décédé.

Contexte de production

Wouro Issa (Bogo) 17/02/2012

L’histoire a été enregistrée dans une case, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

La fille du roi, la fille du lawan (chef d’un groupe de villages) et la fille du djawro (chef de quartier). Les trois filles vivent comme des femmes libres. Arrive un jeune homme avec son petit cheval blanc; il a une bague à la main. Les gens disent au jeune homme qu’il n’a aucune chance auprès des filles. Il fait appeler la fille du roi. La fille du roi est séduite. Ils se donnent rendez-vous. Le jeune homme fait cadeau de son petit cheval à la fille du roi. Le jeune homme procède de la même façon avec la fille du lawan et la fille du djawro.

Toutes les trois se retrouvent propriétaires du même et unique cheval. Elles se disputent le cheval. Le roi est au courant. Le roi n’arrive pas à départager les filles. Un passant propose sa façon de régler le litige à condition que le roi lui donne la moitié de son territoire. Le roi accepte. On apporte une bassine d’eau, on y jette un silure. La fille qui attrape le silure aura le petit cheval blanc. Les filles du roi et du lawan échouent. La fille du djawro qui est une fille kanouri gagne la partie.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Ɓii laamɗo, Une fille de lamido,
Mhm ! Mhm !
ɓii lawan, une fille de lawan,
Mhm ! Mhm !
ɓii jawro, une fille de jawro,
Mhm ! Mhm !
ɓe tato. elles sont trois.
Jonta kam, ɓe tato, Effectivement, elles sont trois,
ɓe kooƴi ajabaaru. et elles ont pris une maison pour « femmes libres[1] ».
Mhm ! Mhm !
Ɓe kooƴi ajabaaru, ɓe ɗon njooɗii. Elles ont pris une maison pour « femmes libres », et elles y demeurent.
Gorko garɗo pat, ɓe ngiɗaa. Chaque homme qui vient, elles n’en veulent pas.
Mhm ! Mhm !
Gorko garɗo pat, ɓe ngiɗaa. Chaque homme qui vient, elles n’en veulent pas.
Gorko garɗo pat, ɓe ngiɗaa. Chaque homme qui vient, elles n’en veulent pas.
Gorko feere wari bee puccel mum daneeyel nii. Un certain homme est venu avec son petit cheval blanc.
Mhm ! Mhm !
Jonta kam noy ? Que se passe-t-il maintenant[2] ?
Wari kanyum boo ɗon mari boo baageyel[3] nii haa junngo muuɗum. Il est venu lui aussi, il a une petite bague à la main.
Mhm ! Mhm !
Ɓiira, suy wari, Ɓiira, puis il est venu,
e ɓe mbii mo yoo : et on lui a dit :
« Koo ngaɗaa koo ngole[4], a wurtintaa koo gooto. « Quel que soit ton stratagème, tu n’en auras[5] aucune.
Walaa ko yimɓe kaɓaay. Les gens ont déjà tout essayé.
Laamɓe, ɓeye-ɓeye’en, walaa ko… Des lamidos, des tas d’autres hommes, ils sont…
walaa ɓe ngaraay. il n’y en a pas qui ne soient venus.
Mhm ! Mhm !
Woɗɓe bee mootaaji bee noy ngara, Il y en a qui viennent en voiture et quoi et quoi,
ɓiira, ngam puu-, puccel maa ngeel, ɓiira tu crois qu’avec ton che-, ce petit cheval que tu as,
ngam ngel ranwi, du fait qu’il est blanc,
suy, mbi’aa haa keɓaa debbo na ? alors, tu crois que tu auras une femme ?
A heɓataa ! » Tu n’en auras pas ! »
Suy, o wii : « Booɗɗum ! » Puis il dit : « D’accord ! »
O waalii haa peewol, o ɗon darii haa sera nii. Il a gardé son calme[6], il est resté à proximité.
O wii yoo, o wii ajabaajo feere ni : Il dit, il dit à une autre « femme libre » :
« – Yaa ƴeewnanam ɓii laamɗo wara. « – Va m’appeler la fille du lamido !
– Ɗum moy ƴeewnotoo yam ? » – Qui m’appelle ? »
O wii mo : « Aan, war lee noota mo, Elle lui dit : « Toi, viens répondre à son appel,
koo ngam njottiiɗaa noon, kuɗɗaa mo loriiɗaa boo na kal. » dès que tu arriveras [là-bas], insulte-le et reviens, ça ira. »
Mhm ! Mhm !
O wii kaay ! o wurtataako. Elle [la fille du lamido] dit non, qu’elle ne sortirait pas.
O wii mo : « No ngaɗɗaa pat, Elle [l’autre femme libre] lui dit : « Quoi que tu fasses,
aan kam, koo ni njottiiɗaa nii, toi, dès que tu arriveras,
aan kam, piiɗaa mo maaraawo noon, loriiɗaa boo, kal. » toi, que tu l’auras giflé et que tu seras revenue, ça ira. »
Mhm ! Mhm !
Jam, o wari, o yottii noon. Puis, elle [la fille du lamido] y est allée, elle est arrivée.
Yottaago maako noon, Dès son arrivée,
ɓiira kam, saarme[7] kam nanngi ɓooyma. ɓiira, [son] charme[8] [l’]a déjà subjugué[e].
Mhm ! Mhm !
Suy, ii, suka ɗon jogii… Puis, euh… le jeune homme tient…
(puccel) (le petit cheval[9])
jo’’ini junngo muuɗum dow puccel, a posé la main sur son petit cheval,
ɓiira baageyel ɗon jalbita. ɓiira, sa petite bague brille.
Ɓiira, o wari o darii. Ɓiira, elle est venue auprès de lui.
O wii mo : « – Noy debbo ? Il lui dit : « – Comment [ça va], la femme ?
Jam ɓanndu ? Ça va bien ?
– Jam koo ɗume ! – Ça va bien !
– Jam ɓanndu booɗɗum ? – Ça va très bien ?
– Jam ! – Ça va !
– Ee noy, na mi yiɗi ma ? » – Et alors, je t’aime ? »
Mhm ! Mhm !
Ɓii laamɗo goo wii mo : La fille du lamido lui dit :
« Miin boo na mi yiɗi ma. » « Moi aussi, je t’aime. »
Haala kam waɗi, ɓe ngaɗi ka kaayeefi. Il s’est passé quelque chose, on a trouvé ça extraordinaire.
Jam : « E noy jonta kam ? Puis : « Et maintenant ?
Noy ngiidirten ? Comment allons-nous nous revoir ?
Ɓaawo mangariba, mi woodi weerde. Après la prière du coucher du soleil… je suis hébergé quelque part.
Mhm ! Mhm !
Ngiiden haa saare wanciire[10]. Voyons-nous dans telle concession.
Goɗ-, goɗɗo am mo ngardumi ɗon wara hooƴe haa ngonɗaa. Mon ami avec qui je suis venu viendra te prendre là où tu es.
Mhm ! Mhm !
Taaskooɗaa ! Prépare-toi !
Wooɗi walaa ayibe ! » Bien ! Il n’y a pas de problème ! »
O hooƴi Il prit
(halagaare) (la bague)
ɗorommayel goo, o ɓornani ɓii laamɗo. la petite bague et l’a passée [au doigt] de la fille du lamido.
Ɓii laamɗo warti. La fille du lamido est rentrée [chez elle].
Ɓaawo mangariba, ɓaawo mangariba, Après la prière du coucher du soleil, après la prière du coucher du soleil,
ii, ɓokkorgel mangariba goo, suka maako wari hooƴi debbo. euh, juste après la prière du coucher du soleil, son serviteur est allé prendre la femme.
(Njehoyɗaa) (Tu y es allée[11] !)
Njehoyɗaa ! Tu y es allée !
A faami ? Tu comprends ?
(Rires) (Rires)
Kuugal timmi. Ils ont fait leur « affaire[12] ».
O wii mo yoo : « Ndaa puccu boo. Il lui dit : « Prends aussi le cheval.
To… to a suklitake, Quand … quand tu seras libre,
Mhm ! Mhm !
ii, ɓe ngara ɓe piistane puccu boo. euh, qu’on vienne te détacher le cheval aussi.
Mi hokki ma ɗum. » Je te le donne. »
O warti. Elle est rentrée.
A faami ? Tu comprends[13] ?
O wii na ɓe caahake mo puccu. Elle dit qu’on lui a offert un cheval.
« – Ayyee ? « – C’est vrai ?
– Ooho ! » – Oui ! »
Janngoore kadi boo, o yehi o darii. Le lendemain encore, il est allé se planter [devant chez les filles].
O sannjitii, naa ɗum kanko noon. Il s’est déguisé, ce n’est plus lui.
Kadboo, o wari o wi’ata ɓe ƴeewnanoo mo ɓii lawan. De nouveau, il est venu leur dire de lui appeler la fille du lawan.
Ɓii lawan wari. La fille du lawan est venue.
O wi’ata : « – Noy ? Il dit : « – Comment [ça va] ?
Na mi yiɗi ma ? Je t’aime ?
– Ayyee ? A yiɗi yam ? – Ah bon ? Tu m’aimes ?
Miin boo, mi yiɗi ma Moi aussi, je t’aime.
– Ayyee ? – Ah bon ?
– Ooho ! – Oui !
– Yoo ! Ɓaawo mangariba, ngiiden haa saare wayne. – Bon ! Après la prière du coucher du soleil, voyons-nous chez un tel.
Mi ɗon nula[14] goɗɗo am. » J’enverrai[15] mon ami [te chercher]. »
Kadboo, ɓaawo mangariba, o nuli goɗɗo, De nouveau, après la prière du coucher du soleil, il envoya quelqu’un,
Mhm ! Mhm !
wari hooƴani mo ɓii lawan. qui est venu lui prendre la fille du lawan.
O yehi, aan boo, haaje hiɓɓi. Elle est allée – toi aussi[16] ! – L’ « affaire[17] » est faite.
O wii ɗum : « Mi saahake ma puccu ». Il lui dit : « Je t’offre un cheval ».
Puccu ngu ngootu noon. Le même cheval[18] !
(Rires) (Rires)
O nanngi laawol maako kadboo. Il reprit sa route.
Janngoore maajum kadboo, Le lendemain, à nouveau,
o waalii haa peewol, o wari o darii haa yolnde. il a gardé son calme, et il est venu se planter au seuil [de la maison des filles].
O wii ɓe ƴeewnanoo mo ɓii jawro boo. Il dit qu’on lui appelle la fille du jawro.
Ɓii jawro wari. Le fille du jawro est venue.
O wii ɗum : « Noy ? Il lui dit : « Comment [ça va] ?
Na mi yiɗi ma ? » Je t’aime ? »
Ɓii jawro boo wii : « – Miin boo, mi yiɗi ma. La fille du jawro dit également : « – Moi aussi, je t’aime.
– Too, ɓaawo mangariba, mi ɗon nela goɗɗo am. » – Bien ! Après la prière du coucher du soleil, je t’envoie mon gars. »
Ɓaawo mangariba, o nuli goɗɗo maako. Après la prière du coucher du soleil, il a envoyé son gars.
Too, jonta kam, e noy ? Bien, maintenent, qu’est-ce qui se passe[19] ?
O wari oon boo, kuugal timmi. Elle est venue, l’« affaire » est faite.
O wii : « Mi saahake ma puccu. » Il dit : « Je t’offre un cheval. »
Suka nyaɓi[20], huuci. Le serviteur s’est enfui en cachette, il est renté chez lui.
Mhm ! Mhm !
Puccu ngu ngootu pal, ɗaldi ɓe ngu. Le même unique cheval, il les a laissées avec.
Oo wi’a yoo : « Miin na bee puccu am. » Celle-ci dit : « Moi, j’ai un cheval. »
Oo boo wi’a yoo : « Na bee puccu am haa saare wayne. » Celle-là aussi dit : « J’ai mon cheval chez un tel. »
Ɓe pat ɓe njehi. Elles toutes, elles sont partie.
Oo, nuli, oo, nuli, oo, nuli. Celle-ci a envoyé [chercher son cheval], celle-là a envoyé, cette autre a envoyé.
Nulaaɓe tato pat ngari haa kooca puccu. Les trois commissionnaires sont venus prendre le cheval.
Mhm ! Mhm !
Ɓe tulli no ɓe koocira ngu. Ils n’ont pas réussi à le prendre.
Jonta kam, na sey laamɗo nana ka. Alors, il faut que le lamido l’apprenne.
Mhm ! Mhm ! Mhm ! Mhm !
Ɓe njaari puccu yolnde laamɗo. On a amené le cheval devant chez le lamido.
Ee jonta kam, e noy ? Et maintenant, qu’est ce qui va se passer[21] ?
Laamɗo tulli dabare mum. La lamido n’a pas trouvé de solution.
Haa hiitoo kiita kaa ɗoo, Pour rendre ce jugement,
heɓaay no hiitoroo kiita kaa ɗoo. il n’a pas trouvé comment rendre ce jugement.
Mhm ! Mhm !
E moy hiitotoo ka ? Et qui va le rendre ?
Gorko feere nii ɗon saaloo. Quelqu’un passe.
O wii : « Barkaa maa, to mi hiitanake ma kiita kaa, Il dit : « Majesté, si je rends pour toi ce jugement,
ɗume ndokkuɗaa yam ? » que me donneras-tu ? »
O wii mo : « E aan, ɗume ngiɗɗaa ? » Il lui dit : « Et toi, que veux-tu ? »
O wii mo : « Barkaa maa ! Il lui dit : « Majesté !
Ko ngiɗmi na o hokkataa yam ɗum. » Ce que je veux, tu ne me le donneras pas. »
Mhm ! Mhm !
O wii : « Mi hokkete ! » Il dit : « Je te le donnerai ! »
O wii mo : « – Miin, to mi hiitanake ma kiita ɗoo, Il lui dit : « – Moi, si je rends pour toi ce jugement,
miin, ndeekanaa yam wuro, ndokkaa yam. moi, partage-moi le village en deux, et donne m’en [la moitié]. »
– Bisimilla ! » ‑ Bisimilla ! [répond le lamido]. »
O wii : « Too ! Il dit : « Bon !
Ndeen kam, barkaa maa, Alors, Majesté,
heɓanam daaroowo[22] maapinndiiwo, trouve-moi une énorme bassine,
ngo heewa ndiyam. qu’elle soit pleine d’eau.
To ngo… a’’a ! Si elle… non[23] !
Koombewal na ? Daaroowo noon nii, Est-ce une pirogue ? [Non] une simple bassine,
ngo heewa ndiyam. qu’elle soit pleine d’eau.
Mhm ! Mhm !
To ngo heewi ndiyam, Une fois qu’elle sera remplie d’eau,
keɓanon yam liinga maapinndiiwa muuɓalaawa ! trouvez-moi un énorme poisson silure !
Mhm ! Mhm !
Muuɓalaawu maapinndiiwu ! Un énorme silure !
Njollanon yam nder ndiyam goo. Plongez-le-moi dans l’eau.
Yoo, booɗɗum walaa ayibe. » D’accord, il n’y a pas de problème. »
Ɓe njehi ɓe ngaddoyi, ɓe njo’’ini. On est allé en chercher un, et on l’a mis [dans la bassine].
Ɓiira, laamɗo ɗon haɓɓi bee faada muuɗum, Ɓiira, le lamido est entouré de sa cour
kiita kam na haa hiitoo. pour que le jugement soit rendu.
Mhm ! Mhm !
Ɓiɓɓe rewɓe ɗon njooɗii tato. Les trois filles sont là.
Too, kiitoowo, ndaa ɗum wari haa hiitanoo laamɗo. Bon ! Le juge, le voici venu pour rendre le jugement au nom du lamido.
Mhm ! Mhm !
Too, liingu ɗon jooɗii. Bon ! Le poisson est là.
« – Too, onon ndaa oon na oon tato. « – Bon ! Vous, vous voici, vous êtes à trois.
– Ooho ! – Oui !
– Kala nannguɗo liingu nguu fuu, – N’importe laquelle qui attrapera ce poisson,
kanyum mari puccu. » c’est elle qui aura le cheval. »
Mhm ! Mhm !
Ɓii laamɗo ɓadoo : wurururuu ! La fille du lamido s’approche : wurururuu[24] !
Ɓiira liinga fititoo. Ɓiira, le gros poisson gigote.
Oo ɓadoo : wurururuu ! Celle-là [la fille du lawan] s’approche : wurururuu !
O[25] fititoo. Il gigote.
Ɓiira, ɓii jawro ɗoo, o ɓii Sirataajo boo. Ɓiira, la fille du jawro, c’est une Kanuri.
Ɓiira, o ɓaditii. Ɓiira, elle s’approche.
O tibistinii ɗoo, ɓiira o hooƴi, ɓiira o nyeɗi liingu. Elle rassemble ses forces, ɓiira elle le prend, ɓiira, elle sort le poisson [de la bassine].
(Rires) (Rires)
Liingu fititii, fititii, meere. Le poisson gigote, gigote, sans pouvoir s’échapper.
Ɓiira, ɓe njooɗii ɓe mbooki. Ɓiira, ils se sont mis à crier.
Ɓe mbii yoo : « Ɓii … ɓii jawro mari ngu ! [Les gens] disaient : « La fille, la fille du jawro l’a eu !
Ɓii laamɗo, o do’’i ɗum ! La fille du lamido, elle l’a laissé tomber !
Ɓii lawan, o do’’i ɗum ! » La fille du lawan, elle l’a laissé tomber ! »
Ɓiira, o hooci liingu ! Ɓiira, elle a pris le poisson !
Kay ! Kay[26] !
Puccu kam, na o mari ɗum ! Le cheval, elle l’a eu !
(Fakat !) (Vraiment[27] !)
Takala mulus ! Takala mulus[28] !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

[1]. Les femmes divorcées ou veuves non remariées ont le statut de « femmes libres ». Elles n’ont pas d’habitat spécifique. Mais celui qu’elles choisissent peut être dit a posteriori « maison de femmes libres ». Cette maison, située à l’entrée de la concession, est considérée comme une source de nuisance, du fait du défilé potentiel des soupirants. Le statut de ces femmes leur accorde une grande liberté sexuelle.

[2] Question rhétorique posée par la conteuse.

[3]. Emprunt moderne au français « bague ».

[4] Pronom mis pour dabarewol « stratagème ».

[5] Litt. : « Tu n’en feras sortir aucune » ; euphémisme pour « tu ne coucheras avec aucune ».

[6] Litt. : « il s’est couché dans l’humidité ».

[7] Emprunt au français « charme ».

[8] Il ne s’agit pas du charme physique du jeune homme, mais d’un procédé magique.

[9] Suggestion d’une personne de l’assistance, qui vient au secours de la conteuse.

[10] Wanci– « tel » ; adjectif absent du dictionnaire de D.Noye ; pas d’alternance consonantique à l’initiale. Prend la désinence de degré 3.

[11] Une personne de l’assistance parle comme si elle s’adressait à la fille du chef.

[12] En fulfulde : kuugal, litt. « travail » ; façon euphémique de désigner une relation sexuelle.

[13]. La conteuse s’adresse directement à Hadidja, sa principale auditrice

[14] Variante de nela.

[15] Variante de nela.

[16] La conteuse fait comme si elle s’adressait directement à la fille du lawan.

[17] En fulfulde haaje, litt. « besoin, envie » ; euphémisme pour « relation sexuelle ».

[18] Litt. : « le cheval qui est un seul ».

[19] C’est la conteuse qui adresse cette question rhétorique à l’auditoire. Elle n’attend évidemment aucune réponse.

[20] Nyaɓaago : prendre fuite en essayant de ne pas se faire voir. Mot absent du dictionnaire de D. Noye

[21] Cf. note précédente.

[22] Daaroowo / daarooji (ngo/ɗi) : grande bassine en métal émaillé. Absent du dictionnaire de D.Noye.

[23] La conteuse a une hésitation. Elle se demande s’il s’agit bien d’une bassine et si elle ne s’est pas trompée.

[24] Cri poussé par la fille du lamido, qui a peur de toucher le poisson.

[25] La conteuse aurait dû employer le pronom ngu.

[26] Exclamation marquant l’admiration.

[27] Intervention d’une personne de l’auditoire.

[28] Formule de clôture. La conteuse, trouvant son récit suffisamment explicite, omet d’ajouter que le lamido tient sa promesse et offre la moitié du village au juge improvisé. On peut aussi imaginer que le « juge » est en fait le propriétaire du petit cheval. Comme il s’est déguisé pour aller chez les filles, il pourrait paraître sous son aspect réel devant le lamido. Auquel cas, il gagnerait sur tous les tableaux : il empocherait la fille, retrouverait son cheval et obtiendrait la moitié du village.