Duɓdo paatuuji / L’invitation des chats

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — invitation, chat, coq, souris, margouillat, mariage

Production du corpus

Conteuse: Djebba (Ayya Daada), 45 ans. Née à Kaya, elle ne parle que le fulfulde. Elle a appris à conter auprès de sa grand-mère et de sa mère. Elle perfectionne ses contes en contant auprès de ses enfants et petits-enfants.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde] (Dargala) 18/04/2012

Le conte a été enregistré dans une case, dans la matinée, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Un chat veut se marier. Il réunit des animaux pour obtenir des cadeaux. Margouillat pousse des youyous. Coq bat le tam-tam. Dialogue rythmé du tam-tam et des youyous de Margouillat. Une souris bat la cadence. Elle avertit les autres souris et leur dit de faire semblant d’aller uriner. Une souris prend le tam-tam. La souris demande dans sa chanson de creuser des trous pour pouvoir fuir. Les animaux arrivent à fuir. Il ne reste que trois animaux. Chat chante. Dialogue entre les trois animaux. Coq et Margouillat veulent fuir, Chat veut les manger. Fin ouverte.

Rythme remarquable.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Duɓdo[1] paatuuji kam, L’invitation des chats.
paatu maatini gortooɗe, Le chat a informé les poules,
maatini paa…, ee… doombi, il a informé les ch-…, euh…, les souris
Mhm[2] ! Mhm !
Maatini ɗume ? il a informé qui ?
Yoo, … bee pallaandi. Bon ! ainsi que le margouillat.
Mhm ! Mhm !
Pallaandi kam ilinan[3]. Le margouillat pousse des youyous.
Mhm ! Mhm !
[Rires d’une personne dans l’assistance] [Rires]
Yoo ! Jonta kam, paatu fi-, Bon ! À ce moment, le chat b-…
ḿ’m̀, agumri fiyata tawon. Non ! C’est d’abord le coq qui bat [le tambour].
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Agumri fuɗɗi fiigo. Bon ! Le coq s’est mis à battre [le tambour].
Mm, : « Laalayel, paatu, onon boo, saani mon, Mm ! [Le coq dit :] « Laalayel, chat[s], vous, votre affaire,
goɗɗo heɓtataa. personne ne peut la comprendre !
– A’’a, walaa koo ɗume. – Non [répond le chat] ! Il n’y a pas de problème.
Miin kam, mooɓtirde am tan ! Moi, je n’ai pas d’autre objectif que ma réunion [litt. : moi, ma réunion seulement]
– Yoo, wooɗi ! » – Bon ! C’est bien [répond le coq] ! »
Yoo, ɗum fuɗɗi, Bon, ils ont commencé.
Agumri fuɗɗi kadi : Le coq a commencé [à battre le gros tambour].
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam ! Ciɗiki, ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki ciɗiki !
Pallaandi : « Laalee ! Laalee ! » Le margouillat [dit] : « Courage ! Courage ! »
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari[4] yaa micingiriwww [fait le coq[5] avec son tambour] !
[Rire d’une personne dans l’assistance] [Rire d’une personne dans l’assistance]
Yoo ! « Ɗiɗon, taton, ngaɗa ba cilloyan. » Bon ! « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser[6] ! »
Ɗoo boo caɓɓoyel : Elle, c’est une petite [poule] qui lui répond en rythme :
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser !
Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. » Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser ! »
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [dit le margouillat[7]].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriw ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww [fait le coq avec le gros tambour] !
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki Gam ! Ciɗiki, ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki !
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [fait le margouillat].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! [fait le coq avec son gros tambour].
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser !
Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. » Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser ! » [dit la poule[8] avec son petit tambour].
Mm, doomru wii : « Waddu haa mi jaɓa ! Mm, la souris dit : « Apporte-le-moi ! »
Jonta kam, miin jaɓata. » Désormais, c’est moi qui prends [le gros tambour] ! »
« Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! « Creusez, serpentez, resserrez !
Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! » Creusez, serpentez, resserrez ! » [dit la souris[9] avec le gros tambour].
Ɓe ɗon ngasa, ɓe ɗon lunya. Elles creusent, elles serpentent.
Doombi ɗon njolloo nder gasɗe. Les souris se précipitent [litt. : tombent] dans les trous.
Mhm ! Mhm !
Too, « Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan » boo, Bon ! « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser ! »
gertooɗe piirdi ! Les poules se sont toutes envolées.
Lutti agumri bee paatuuru bee doomru luttundu ; Il reste le coq et le chat ainsi que la souris restante.
Mhm ! Mhm !
Paatu : « Ngaddee! » Le chat [dit] : « Apportez [le gros tambour] ! »
« Nduu fayndu, ngaal payngal, « [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal, [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal, [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal ! » [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras ! » [dit le chat avec le gros tambour].
A’’a ! Non !
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam ! Ciɗiki ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki ciɗiki !
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [fait le margouillat].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! [fait le coq avec son tambour].
Noy kam ? Comment ?
[Rires de la conteuse et de l’auditoire] [Rire]
Yoo ! Bon !
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser !
Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. » Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser ! » [fait la poule].
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [dit le margouillat].
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww !
Gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam ! Ciɗiki ciɗiki !
Gam gam ! Ciɗiki, ciɗiki ! Gam gam ! Ciɗiki ciɗiki ! [fait le coq].
« Laalee ! Laalee ! » « Courage ! Courage ! » [dit le margouillat]
Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww ! Gaɗu gam gam maaki kilaari yaa micingiriwww !
« Ɗiɗon, taton ngaɗa ba cilloyan. « Que deux trois petites fassent mine d’aller pisser !
Nayon, njowon ngaɗa ba cilloyan. » Que quatre cinq petites fassent mine d’aller pisser ! » [fait la poule].
« Nduu fayndu, ngaal payngal ! « [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal ! [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras !
Nduu fayndu, ngaal payngal ! » [La souris] est grasse, [le gallinacé] est gras ! » [fait le chat[10]].
« Ngasee, lunyee, njajjitinee ! « Creusez, serpentez, élargissez[11] !
Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! Creusez, serpentez, resserrez !
Ngasee, lunyee, njajjitinee ! Creusez, serpentez, élargissez !
Ngasee, lunyee, paɗɗitinee ! » Creusez, serpentez, resserrez ! » [fait la souris].
Takala mulus ! Takala mulus
Takkaande bojel ! Takkaande bojel !
[Rires de la conteuse et de l’auditoire] [Rires de la conteuse et de l’auditoire]

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

[1]. Duɓdo : invitation et réunion d’ami[e]s destinées à susciter des cadeaux au bénéfice de celui ou de celle qui invite.

[2]. Acquiescement d’une répondante dans l’auditoire.

[3]. Ilingo : pour une femme, pousser des youyous [la main devant la bouche avec mouvement alterné de la langue].

[4]. Kilaari : mil prêté ou emprunté pour une durée de quelques jours. C’est aussi une désignation du coq adulte.

[5]. Le coq est sur ses gardes et l’on suppose que, par ce rythme particulier, il donne une consigne aux poules présentes.

[6]. C’est le message qu’envoie le tambour du coq à l’adresse des poules. Comme chacun le sait, les poules ne pissent pas. Un tel ordre est donc suspect pour les poules qui l’entendent ; son seul objectif est de les mettre en garde contre un danger et de leur conseiller la fuite.

[7]. Le margouillat apparaît comme particulièrement stupide dans ce texte. Manifestement, il ne voit pas du tout ce qui est en train de se tramer et il continue bêtement à encourager les batteurs de tambour sans chercher à comprendre ce qu’ils disent.

[8]. La poule demande à ses congénères de se préparer à fuir.

[9]. Le père souris demande aux souris de creuser une galerie tortueuse et étroite.

[10]. En s’intéressant maintenant ouvertement à la corpulence de ses invités, le chat démasque ses véritables intentions.

[11]. On peut supposer qu’à ce moment, toutes les souris ont réussi à se faufiler dans la galerie et le père souris, un peu plus gras qu’elles, demande qu’on lui élargisse le passage pour que lui aussi puisse fuir.