Historique

 

Dans les études littéraires, cette épithète est utilisée pour qualifier certains types de textes, généralement narratifs (ainsi parle-t-on de romans historiques, d’épopées historiques…). Cet emploi ne confère pas à l’oeuvre littéraire ainsi dénommé la qualité de documentaire et, en littérature, le qualificatif « historique » est parfaitement compatible avec le concept de « fiction ». Une œuvre littéraire « historique », c’est donc une œuvre qui fait intervenir dans sa diégèse des références à des personnages ou des événements attestés historiquement, quel que soit par ailleurs le traitement qui en est fait dans l’énoncé, traitement qui peut très largement prendre ses distances avec la réalité telle qu’elle est établie par les historiens.

La tradition littéraire orale africaine, dans un grand nombre de ses cultures ethniques, comprend ainsi des œuvres dans lesquelles la composante historique est présentée au prisme des besoins idéologiques du moment : glorification d’un héros pour répondre à une situation sociopolitique donnée, récit de fondation pour justifier un état social présent… En général, le merveilleux qui intervient dans de tels récits et la récurrence de modèles narratifs identiques (très apparents dans les récits de fondation) rendent sensibles ce traitement idéologique de l’histoire. Toutefois, dans des cultures orales où il y a peu de traces matérielles, comme c’est le cas pour une bonne partie du continent africain, ces récits, pour légendaires qu’ils apparaissent, sont néanmoins utilisés par les historiens qui disposent de méthodes (parmi lesquelles la récurrence et la confrontation) pour en faire des outils susceptibles de renforcer ou d’infirmer certaines présomptions quant à la réalité des faits (voir par exemple le magistral travail d’Yves Person sur Samori Touré).

Jean Derive