ELLAF — Canevas de présentation de « Langue »

.

La fiche présente une langue dont les données figurent dans ELLAF. Les informations sont succinctes ; elles ont un caractère général et introductif. La fiche est au format docx ou rtf ; utiliser une police Unicode (par ex. Arial Unicode MS) ; joindre une copie en format pdf.

.


PAR PRENOM_NOM_AUTEUR_DE_LA_PRÉSENTATION

Nom_de_la_langue_en_français

Nom

Indiquer les désignations de la langue dans la langue et dans la littérature spécialisée.

Locuteurs

Nombre estimé de locuteurs.

Régions

Zones géographiques où la langue est parlée.

Classification

Indications sur la classification de la langue (famille, groupe, branche…).

Principaux traits typologiques

Caractéristiques générales de la langue : type de langue (langue isolante, agglutinante…) ; ordre des mots ; traits dominants de la phonologie (présence de tons ou non, oppositions de voyelles brèves / longues, consonnes simples / géminées, types de syllabes, etc) ; généralités sur la morphologie (caractéristiques générales du système nominal et du système verbal).

Dialectologie

Indiquer les principales variantes dialectales et leur répartition géographique.

Statut

Statut sociolinguistique : usages, fonctions.

Graphies

Les différentes graphies utilisées, anciennes et actuelles. Leur mise en place.

Bibliographie

Indiquer les principales références ; présentation :

a) ouvrage: NOM Prénom_de_l’auteur_en_entier, Année, Titre de l’ouvrage, tomaison/volume, Lieu d’édition, Éditeur, pagination.

b) article de revue : NOM Prénom_de_l’auteur_en_entier, Année, « Titre de l’article » in Titre périodique, tomaison/numéro,

c) article dans un ouvrage : NOM_Prénom_de_l’auteur_en_entier, Année, « Titre de l’article » in Prénom_de_l’auteur_en_entier NOM_DE_L’AUTEUR, Titre de l’ouvrage, tomaison/volume, Lieu d’édition, Éditeur, pagination_de_l’article_dans_l’ouvrage.

Prénom_Nom_de_l’auteur

 


 

 

 

ellaf-01-presentation-langue

 

Téléchargement

Ammaanta — Éloge

berceuse

 

Mots-clés

somali — oralité, littérature enfantine, hees caruureed, berceuse — Somalie, Djibouti ; fille, garçon, ammaanta, éloge.

Production du corpus

Les deux textes font partie d’un corpus de berceuses somali recueillies en 2001 auprès de femmes originaires de Djibouti et du nord de la Somalie. Les performances ont été enregistrées sur solliciation, mais en situation : la mère chantait la berceuse à son enfant.

Contexte

Plusieurs raisons peuvent motiver une berceuse. Certaines sont provoquées par l’état de l’enfant au moment où la mère chante et qui se rapportent à un besoin pressant de celui-ci tel que la faim, la soif, le sommeil ou la maladie. Dans ce cas, la mère s’adresse à lui et la berceuse pallie le manque ou fait patienter l’enfant.

La mère chante également à son petit alors que ses besoins primaires sont satisfaits. Dans ces instants de quiétude, elle parle de lui, fait son éloge ou dresse sa généalogie.

Enfin, à d’autres heures, elle s’adresse à lui pour lui faire des prières ; lui donner des conseils ; se plaindre de lui ou de son mari ; ou se mettre en valeur.

Les berceuses font partie du patrimoine culturel. Elles n’ont pas d’auteur connu. Chaque mère peut improviser quelques vers et exprimer son sentiment du moment. Il existe des variantes régionales, tant sur le plan rythmique que lexical.

Les deux textes proposés portent sur l’éloge qui est différencié selon le sexe de l’enfant. Dans le premier texte, la mère s’adresse à sa fille. Elle rappelle la grande proximité qu’elles partagent et combien cette dernière lui sera précieuse dans le grand âge et dans la maladie. Elle la nomme Mane, « conscience, esprit » ou Billa (de bil, « croissant de lune »), « luisante, embellissante », mais elle l’appelle également Wiilo (de wiil, « garçon »), « la garçonne », en grande partie à cause de la valeur accordée au garçon dans la représentation patriarcale.

Dans le second texte, la mère loue son fils sur des thématiques habituelles telles que la beauté physique, une généalogie irréprochable et des qualités de leader.

 


 

Ammaanta gabadha — Éloge de la fille

 

 

Maneey maneeya

Maneey madadaaliyaaya

Maneey magantii Allaaya

Maneey Rabi mahadii ee ya

Maneey maradaan sitaa ya.

Ô Mane, ma fille, ma conscience,

Mane, tu es celle qui me divertit et qui me distrait

Mane, tu es ce présent d’Allah

Mane, tu es celle par qui s’exprime ma gratitude pour le Seigneur

Mane, tu es l’habit qui drape mon corps.

 

 

Billaay hooyadeed Billaa ya

Billaay bilic gu ee ya

Billaay abbeheed bokhraa ya

barbaar badan o bahda ya

bafti iyo shal wada hagoogan

ka baylahayey ha odhanin.

Ô Billa, toi qui embellis ta mère,

Billa, tu es pareille à l’éclat de l’été

Billa, toi que le père a placée sur un piédestal,

parmi la jeunesse nombreuse de ta tribu

drapée toute de blanc, leur châle sur les épaules,

ta présence ne doit pas faire défaut.

 

 

Naa waxaa wiillowda lahayo

naa waxaa loo wada wareeray

naa waxaa loo waalanaayo

naa adaa bilisooy i maydhi

naa adaa huga igu hagogi.

Haddaan wadka kaa karayo

haddaan Rabi kaa helayo

naa adaa wiilooy wanaagsan.

Fille, on a beau  toujours souhaiter un garçon,

fille, on a beau être tourmenté pour ça,

fille, on a beau perdre la tête,

ô ma fille, c’est toi qui laveras ma dépouille (le moment venu),

c’est toi qui mettras mon linceul.

Si je peux te protéger de la mort,

si le Seigneur peut m’accorder ta présence,

ô ma fille, ma garçonne, tu demeures ma préférée.

 

 

Waxaa gabadh gud madowle

Waxaa waranli iyo wadaada

Waxaa wiil timacad jooga

Naa aduun bay igala wanaagsan

Hooyo dabeyl iyo dhahanta jiilal

Hooyo adaan dugseey ku doortey

Parmi toutes ces filles à la chevelure de jais,

tous ces guerriers, ces religieux,

ces jeunes gens aux cheveux cendrés,

ô ma fille, tu demeures ma préférée.

Fille, quand souffle en rafales le vent froid de l’hiver

ma fille, mon abri, c’est toi que je choisis.

 

 


 

Ammaanta wiilka — Éloge du garçon

 

Waar Guntane geeraar ma joogo

Waar geyiga geeraa dhameysay

Waar siddi suugaan la duubay

Waar amma surrad wada xariira

Waar sargooyo wanagsanoowa

Fils, Goutaneh l’instant n’est pas à la poésie

Fils, la région est ravagée par la mort.

Fils, Comme une jolie natte qu’on a roulée

Fils, ou un revêtement mural entièrement soyeux

Fils, tu es merveilleusement bien bâti.

 

 

Waar xariirta iyo shiidka suuqa

Waar si loo wada ibsan maayo

Waar sac dhiina iyo saanta geela

Waar haddii aqal lagu siyaabo

Waar si lo wada daawan maayo

Fils, la soie et un banal tissu

Fils, ont-ils la même valeur sur le marché ?

Fils, Si pour ornement d’intérieur

Fils, l’on accrochait côte à côte la peau pourpre de la vache et celle d’un camélidé [terne].

Seraient-elles appréciées de la même manière ?

 

 

Waar sidi dayax daleexiyo wa

Waar sidi daah la hadhsado wa

Waar sidi diin lagu dhaqmo wa

Hooyo daruraha xamaar guyo wa

Waar dareemaha Cali dablo wa

Fils, tu es comme la lune cheminant dans la nuit

ou à la manière d’un rideau qui abrite du soleil

ou d’une foi que l’on pratique

ou les gros nuages durant la saison des pluies.

Fils, tu as le tempérament d’Ali le fougueux

 

 

Waar gudida geedka u tago wa

Waar guntiga feedhaha gasho wa

Hooyo ma jabee jaleelabsho wa

Waar gabdhaha jiidho jabsho wa

Fils, tu participes aux palabres des sages sous l’arbre,

tu attaches solidement ton pagne autour de tes reins.

Toujours robuste, toi qui rudoies et que personne ne peut molester

Fils, tu brutalises et malmènes les filles.

 

 

Bilow waar Bilow

Bilow habartii Bilow wa

Waar bahdooda biiriyo wa

Waar adaa laba dhaalad dhaxdod ah

Waar adaa laba dhool horaad ah

Waar ada laba dheef dambeed ah

Waar adaa dhuux iyo laftii ah

Hooyo adaa lagugu dhici karaynin

Bileh ô Bileh,

tu es comme un astre pour ta mère.

Fils, par ta présence, tu augmentes le nombre des tiens,

fils, tu es le fruit de deux êtres nobles,

tu as l’éclat de deux incisives centrales

tu as la générosité des mamelles de la vache

tu es l’os et la moelle (authentiquement noble)

fils, tu es celui qu’on ne peut attaquer de front.

Fatouma Mahamoud

Corpus inédit, © Fatouma Mahamoud 2019

Axdi jaceyl —[Pacte d’amour]

de Anissa ᶜUmar Saleeban

 

Mots-clés

somali — écriture littéraire, roman — Somalie, Djibouti, Mogadiscio ; pauvreté, parents, jeunes gens, ville, campagne, amour, séparation, retrouvailles, mariage.

 

Contexte d’écriture

Axdi jaceyl [Pacte d’amour] appartient à une veine romanesque qui s’est développée durant les années 1980-1990. Moins d’une décennie après la généralisation de l’écriture du somali en 1972, le genre romanesque connaît un développement important. La plupart des auteurs sont des jeunes gens, hommes et femmes. Le thème favori qu’ils traitent est l’amour et ses déboires.

Descriptif de l’ouvrage

Le roman Axdi jaceyl, [Pacte d’amour] est publié en deux volumes de longueur à peu près identique. La première partie est publiée en janvier 1988 et comporte 60 pages ; la seconde partie (66 pages, paraît le 25 octobre de la même année. Le dessin de la couverture, fait par « Goobe Sagal Arts », représente un jeune homme accroupi qui plante des fleurs, une jeune femme se tient debout près de lui avec un arrosoir, en déversant de l’eau sur les fleurs. Le texte dactylographié présente des fautes de frappe. Pour les romans de cette période, la photo de l’auteur, généralement un jeune homme ou une jeune femme, est reproduite sur la quatrième de couverture.

Résumé

L’histoire commence le soir du nouvel an de 1982, pendant les préparatifs de la fête dans une ville. Farxaan Warsame, un jeune homme de 21 ans, bien habillé, sort de chez lui à 19h30 et prend sa voiture pour rejoindre la fête. Sa voiture heurte Haweeya, une jeune femme. C’est le début d’une histoire d’amour tourmentée. La jeune femme que Farxaan soigne et qu’il accueille ensuite chez lui pour sa convalescence est durement éprouvée par la vie. Née à la campagne près de la ville de Laascanood et orpheline, Haweeya s’enfuit vers Mogadiscio à 18 ans : sa tante, qui l’a élevée, la donne en mariage à un vieillard en échange de quelques chamelles.

Elle est engagée comme domestique depuis deux ans dans la grande ville. Le fils de ses patrons, qui s’intéresse à elle, la calomnie. Elle est chassée de la maison et elle erre dans les rues lorsqu’elle se fait renverser par Farxaan. Après l’avoir soignée dans un hôpital, ce dernier l’amène dans la luxueuse demeure de ses parents qui effectuent un voyage touristique en Amérique.

Farxaan et Haweeya connaissent une période paisible durant l’absence des parents, ils se découvrent, apprennent à se connaître et voient leur amour croître. A son retour, Warsame, le père de Farxaan, rejette cette fille sans famille, envoie son fils à Hargeysa pour s’occuper de ses affaires commerciales dans le nord et profite de l’absence de ce dernier pour renvoyer de nouveau Haweeya. Avant son départ, Farxaan et Haweeya se quittent en se jurant fidélité éternelle. De retour quelques mois plus tard à Mogadiscio, Farxaan apprend que son père a congédié définitivement Haweeya. Il est inconsolable et n’a plus goût à la vie. Inquiets de la dépression de leur fils, ses parents l’envoient en Roumanie joindre son frère et sa sœur qui y font leurs études. Il revient à Mogadiscio, mais avec la détermination de retrouver sa bien-aimée.

De son côté, Haweeya cherche à se faire engager comme domestique, en vain. Elle est finalement recueillie par Sahra, une jeune femme, qui a pitié d’elle. Celle-ci l’encourage à faire des études pour être indépendante. Deux années plus tard, après avoir suivi une alphabétisation intensive, elle a appris à taper à la machine et elle s’est qualifiée pour le métier d’infirmière. Quelques mois plus tard, en se rendant à son poste de travail, elle tombe sur Farxaan venu rendre visite à la mère d’un ami.

Farxaan découvre Haweeya métamorphosée en une belle femme moderne et indépendante. Il l’admire, elle qui a dû traverser tant d’épreuves. Ils décident que personne ne pourra plus les séparer. Son frère et sa sœur, venus passer leurs vacances au pays, mesurent combien l’amour de Farxaan et Haweeya est sincère. Ils décident de plaider leur cause auprès de leur père, qui de son côté, établit le même constat et ne s’oppose plus à leur union.

Références

Axdi jaceyl [Pacte d’amour] est publié par l’auteur, Anissa ᶜUmar Saleeban, à Mogadiscio, en 1988, en deux volumes ronéotés : vol. 1, 60 p. ; vol. 2, 66 p.

 


 

Axdi jaceyl —[Pacte d’amour]
Extrait

 

L’extrait illustre le rapprochement progressif des deux personnages, Farxaan et Haweeya, qui vivront une histoire d’amour.

 

Farxaan intuu is taagey ayuu garabka ka dhirbaaxay Haweeya isaga oo leh : « waan seexanayaa ee habeen wanaagsan ».

Farxaan se met debout et donne une petite tape sur l’épaule de Haweeya en disant: “ bonne nuit, je vais me coucher ! ».

Sidaas ayaa habeenkaa lagu kala seexdey. Haweeya waxay la fajacsan tahay nasiib wanaageeda iyo shimbirka Illaahay u soo direy. Waxay soo xasuusataa habeenadii ay la’ayd meel ay u ciirsato ee gaadhigu jiidhay. Waxay is barbar dhigtaa habeenadii soo maray noolosheeda iyo habeenkan caawa ah sida ay ku sugan tahay. Waxay mahad u celinaysaa Ilaahay sidiina wey ku seexatey habeenkii.

Cette nuit-là, chacun part se coucher de son côté. Haweeya est toujours étonnée de sa chance et le secours que Dieu lui a envoyé en la personne de Farxaan. Elle se rappelle de la nuit de son accident où elle n’avait nulle part où aller. Elle compare les douloureux moments du passé qu’elle a vécu à sa situation de ce soir et remercie Dieu de l’abri qui lui est offert cette nuit.

Markii waagii baryey ayey soo fadhiisatay. Waxay isku dayday inay socon karto. Nasiibdarro wey u suuroobi weydey inay socoto. Waxay ku soo noqotay sariirteedii. Wax yar  kadib, Farxaan ayaa u soo galay, wuxuuna ka waraystey caafimaadkeeda. Waxayna u sheegtey inay ladan tahay oo ay doonayso inay banaanka ku naacawsato. Markiiba intuu garab galay ayuu u saaray guriga barandihiisa. Farxaan wuxuu bilaabey inuu labisto. Intii uu labisanaayey ayey gabadhii jaariyada ahayd u diyaarisey quraacdii una saartay miiska. Farxaan markii u diyaar noqday, miiskii ayuu soo dul fadhiistey si uu u qureecdo.

Le lendemain, au lever du jour, elle se redresse sur son lit et essaie de marcher toute seule, mais elle n’y arrive pas. Elle revient vers son lit et s’y assied. Peu après, Farxaan entre dans sa chambre et lui demande des nouvelles sur son état de santé. Elle lui dit qu’elle va bien et qu’elle souhaite prendre l’air. Aussitôt, il lui passe un bras sous l’épaule et la fait sortir sur la véranda. Ensuite, Farxaan retourne s’habiller. Pendant ce temps, la femme de ménage prépare le petit déjeuner et le sert sur la table. Une fois qu’il a fini de s’habiller, Farxaan s’installe à table pour prendre son petit déjeuner.

Fatouma Mahamoud

Byakumarira iki ?

 

Byakumarira iki ? Inkuru ndende
À quoi cela te servirait-il ?

(Roman)

 

Fiche libraire

 

Auteur

Titre

Éditeur

Lieu

Pagination

Langue

ISBN

Format

Date de parution

Prix

Diffusion

 

Jean Chrysostome NKEJABAHIZI

Byakumarira iki ? Inkuru ndende [À quoi cela te servirait-il ? Roman]

Ellaf Éditions

Lagny sur Marne (France)

223 pages + 16 pages de résumé en français

kinyarwanda

978-2-491422-00-4

12 cm x 18 cm

10/09/2019

15 €

L’Harmattan

Commande à l’adresse: https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=64269

Présentation

Le livre

Byakumarira iki ? [À quoi cela te servirait-il ?] est un roman en kinyarwanda qui évoque le parcours difficile d’une jeune fille de milieu aisé de Kigali, Keza Sandrine. Faussement accusée de vol, Keza est renvoyée de son établissement scolaire. Elle décide de quitter sa famille, son milieu social, son pays et elle part pour Kampala.

Recrutée comme ouvrière dans une plantation de thé, elle connaît une ascension rapide et finit par diriger l’entreprise. Sa réussite professionnelle et matérielle est considérable. Sa carrière l’amène à Nairobi et à Londres. Mais elle est toujours à la recherche de sa voie.

L’auteur

Jean Chrysostome Nkejabahizi est enseignant-chercheur de linguistique et de littérature kinyarwanda à l’Université de Butare au Rwanda. Il a publié plusieurs travaux de recherche sur la langue et la littérature kinyarwanda. Il est membre du Comité scientifique de l’Encyclopédie des littératures en langues africaines. Il est l’auteur de plusieurs textes littéraires inédits en kinyarwanda. Byakumarira iki ? est son premier roman.

La langue

Le kinyarwanda, connu au Burundi sous le nom de kirundi, est parlé par environ 40 millions de locuteurs dans la région des Grands Lacs. Il est langue nationale et langue officielle du Rwanda ; il est langue d’enseignement dans les trois premières années du primaire.

 

 

Lire le livre en ligne

 

Byakumarira iki

 

 

Présentation d’ELLAF éditions

 

Une édition consacrée aux littératures en langues africaines

 

 

ELLAF Éditions publie en format livre numérique et livre papier des textes de littérature orale ou écrite dans les langues présentes sur le site de La bibliothèque numérique des littératures en langues africaines. Pour une langue qui ne figure pas encore sur le site, voir Pages d’accueil, « Contribuer à ELLAF ». Les manuscrits sont expertisés par le Comité scientifique et le Comité de lecture qui décident de leur publication.

Pour nous contacter : ellaf@inalco.fr.

Écriture littéraire

Types de texte reçus :

      • roman
      • recueil de nouvelles
      • recueil de contes (écrits)
      • recueil de poèmes
      • pièce de théâtre
      • récit de vie
      • littérature enfantine (avec illustrations).

Le manuscrit est accompagné :

      • d’une présentation de l’auteur (une dizaine de lignes)
      • et d’un résumé détaillé ou d’un descriptif (environ un dixième du texte) permettant d’en appréhender le contenu.

Littérature orale

Les manuscrits sont des recueils de textes oraux enregistrés et transcrits, avec autorisation de publication. Les textes sont accompagnés d’une introduction qui les situe et qui décrit la méthode de collecte et de transcription. Accompagner le manuscrit d’une présentation de l’éditeur scientifique (une dizaine de lignes) et, de même que pour l’écriture littéraire, d’un résumé détaillé ou d’un descriptif représentant environ un dixième du texte.

Plusieurs types de textes sont reçus ; à titre indicatif :

Genres longs

      • recueil de textes (épopées, contes, légendes, mythes)
      • récit de vie

Genres brefs

      • recueil de proverbes et assimilés
      • recueil de devinettes

Chansons

      • recueil de berceuses
      • recueil de chansons

Les proverbes et les devinettes sont traduits et classés par ordre alphabétique du premier terme lexical pertinent dans la langue (nom, verbe, adjectif ou adverbe). Par exemple, les deux proverbes peuls suivants seront classés au verbe aawde « semer » :

aawde semer

Kala ko neɗɗo aawi, ɗuum fuɗata.

Quel que soit ce que l’on sème, c’est cela qui germe.

Mo aawi henndu sonya bempeƴƴe.

Qui a semé le vent récolte des vagues.

Pour chaque proverbe, indiquer la situation d’énonciation : à qui s’adresse le proverbe, dans quel contexte et à quel sujet le dit-on ? Expliquer les termes rares ou d’un usage particulier.

Historique du projet ELLAF

 

L’Encyclopédie des littératures en langues africaines (ELLAF) a été constituée grâce à un projet financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) de janvier 2014 à décembre 2017. Le projet s’est appuyé sur les recherches menées ou dirigées par Ursula Baumgardt sur une vingtaine d’années à l’INALCO et au LLACAN (UMR 8135 du CNRS) sur les littératures orales et écrites en langues africaines.

De décembre 2017 à maintenant, ELLAF est gérée bénévolement par un groupe international de chercheurs autour de trois professeurs de l’INALCO membres de PLIDAM : Ursula Baumgardt, Aliou Mohamadou et Patrice Pognan.

En juillet 2019, le groupe s’est constitué en « Association pour le développement des littératures en langues africaines » (ADELLAF). L’association est une société savante dont l’objectif est de poursuivre ELLAF et son site, La bibliothèque numérique des littératures en langues africaines, en dépassant le format initial pour amener le projet à de nouvelles dimensions.

Genèse du projet

En 2009, un groupe de chercheurs africanistes appartenant à l’INALCO, à l’Université de Paris 3 et à l’Université de Tours se donne, dans une perspective pluridisciplinaire, l’objectif d’élaborer une base de données dédiée à l’enseignement et à la recherche sur les langues africaines et les littératures dans ces langues ; il s’agit de : Ursula Baumgardt, Xavier Garnier, Suu-Toog-Nooma K. Kaboré, Aliou Mohamadou, Delombera Negga, Sylvester Osu, Odile Racine et Narivelo Rajaonarimanana. Devant la complexité de la problématique, le projet a été resserré sur les littératures en langues africaines.

ELLAF a été conçue dans sa forme de départ entre 2009 et 2011. Jean Derive, professeur émérite, a rejoint le projet. Marie Lorin, doctorante encadrée par Ursula Baumgardt, a été sollicitée pour les aspects numériques, et plus tard, en tant que webmaster.

Un projet ANR

Le projet ELLAF a été présenté à l’ANR par Ursula Baumgardt en tant que coordinatrice et Xavier Garnier en tant que partenaire.

Xavier Garnier est professeur de littératures française et francophones à Paris 3 et membre de THALIM (Théorie et Histoire des Arts et des Littératures de la Modernité, UMR7172 du CNRS).

Ursula Baumgardt est professeure d’oralité et de littératures africaines (INALCO / PLIDAM). Membre du LLACAN jusqu’en janvier 2017, elle a démissionné de ce laboratoire pour intégrer son équipe actuelle, Pluralité des Langues et des Identités : Didactique, Acquisition, Médiation (PLIDAM).

Depuis janvier 2018, le projet n’est plus un projet financé, et en tant que tel, il n’est plus adossé à une équipe de recherche.

Des perspectives nouvelles

Dans sa phase initiale, onze langues et littératures ont été présentées sur le site : le bomu, le bulu, le capverdien, le gbaya, l’igbo, le malgache, le mandingue, le peul, le swahili, le wolof et le zarma.

Malgré l’absence de financement dont souffre le projet, celui-ci se poursuit, se développe de manière significative et atteint de nouvelles dimensions : le site a été entièrement reconstruit ; des espaces nouveaux sont ouverts ; de nouvelles langues ont rejoint l’encyclopédie (le berbère, le haoussa, le kinyarwanda et le somali) ; d’autres sont en préparation ; le Dictionnaire de concepts, qui compte 70 articles, s’enrichit régulièrement.

Pourquoi une encyclopédie des littératures en langues africaines ?

retour

Une réalité méconnue

Les littératures en langues africaines sont profondément méconnues. Dans de nombreux pays africains, les langues officielles, anciennement coloniales, sont enseignées et utilisées à divers niveaux de la vie publique, ce qui n’est pas toujours le cas des langues africaines. Cette inégalité de statut explique en très grande partie pourquoi les littératures africaines en langues européennes sont mieux connues que celles en langues africaines.

Produites dans des langues minorées, souvent peu ou non enseignées, les littératures en langues africaines sont de ce fait soumises à un processus de dévalorisation qui s’accentue et s’accélère. Leur méconnaissance, leur minoration et une diffusion insuffisante sont autant d’obstacles à leur transmission.

Les conséquences d’une telle situation sont graves : les littératures en langues africaines sont sérieusement atteintes dans leur créativité et leur vitalité, et le patrimoine culturel qu’elles constituent se perd progressivement. Le phénomène est accentué par leur quasi-absence dans l’enseignement.

Richesse et diversité culturelles

En réalité, les littératures en langues africaines se caractérisent par une grande diversité et une grande richesse. Elles réunissent aussi bien des littératures orales que des littératures écrites en plusieurs graphies. La coexistence de plusieurs formes d’expression de l’art verbal interroge l’analyse et la théorie littéraires. Mais, au-delà et avant tout, elles assurent la transmission des langues, expriment des représentations et des valeurs culturelles et interviennent dans la régulation de la vie sociale.

Notre engagement

Dans la situation actuelle, les littératures en langues africaines n’ont pas la possibilité d’exercer pleinement ces fonctions. Ceci n’est pas une fatalité : ELLAF s’inscrit à l’opposé de ce processus de dévalorisation et s’engage pour le développement de ces littératures.

Les objectifs d’ELLAF

ELLAF voudrait contribuer à combler les lacunes flagrantes dans l’accès aux données et dans l’édition de textes littéraires. Elle associe la documentation et la recherche sur les littératures en langues africaines, et de façon plus large, dans les langues minorées. Elle développe des ressources numériques textuelles qui servent de base à l’enseignement.

 

ELLAF agit à plusieurs niveaux :

        1. elle apporte de l’information reposant sur des recherches approfondies, elle présente des exemples concrets et elle soutient la transmission et la création à travers l’édition de textes littéraires ;
        2. ELLAF développe des outils de recherche : un dictionnaire des concepts et une bibliographie générale, complétée par des références sur les langues et les littératures présentes sur le site.
        3. ELLAF publie des manuscrits inédits de littératures en langues africaines et ouvre de nouveaux horizons à l’oralité et à l’écriture littéraire.

Ces objectifs se concrétisent à travers ELLAF La bibliothèque numérique des littératures en langues africaines, organisée en rubriques complémentaires. Elle occupe ainsi une place centrale et fédératrice.

Une garantie scientifique

ELLAF repose sur un travail collégial de chercheurs internationaux sous la direction d’Ursula Baumgardt. Chaque langue et sa littérature est encadrée par au moins un spécialiste du domaine qui en est scientifiquement responsable.

retour

Daawule / Dâwoulé

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — enfant terrible

Production du corpus

Conteuse: Djebba, 45 ans. Née à Kaya, elle ne parle que le fulfulde. Elle a appris à conter auprès de sa grand-mère et de sa mère. Elle perfectionne ses contes en contant auprès de ses enfants et petits-enfants.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde ] (Dargala, Cameroun, région de l’Extrême Nord),  10/04/2012

Enregistré à l’intérieur d’une case, suite à un rendez-vous pris avec la conteuse.

Descriptif

Conte incomplet. La conteuse s’est interrompue brusquement car elle avait oublié la suite.

Dâwoulé, l’enfant dans le ventre, parle à sa mère. Il lui dit comment faire pour qu’elle le mette au monde. Il veut protéger son grand frère des mangeurs d’hommes.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

Taalel taalel ! Petit conte, petit conte !
Miin kam, sey ngaɗanaa yam « ooho ! », Moi, il faut que tu me fasses « ooho ! »
Na’am Na’am
haa mi heɓta lisaafi am no ka yaarata. pour que je m’y retrouve[1].
Mhm ! Mhm !
Gommbel gommbel ! Petite tige, petite tige !
Mhm ! Mhm !
Yoo, ɓinngel ngeel, Bon, cet enfant,
daada maagel waɗi reedu. sa mère tomba enceinte.
Ooho ! Ooho !
Haa reedu maagel ɗoo, Au cours de sa grossesse,
Ooho ! Ooho !
reedu mawni, le ventre grandit
Ooho ! Ooho !
ɓadake danyeego. et fut près d’être accouché.
Na’am ! Na’am !
Yoo, o mari ɓiɗɗo, Bon, elle a un enfant,
o mari ɓiɗɗo gorko suka. elle a un jeune garçon.
Na’am ! Na’am !
O danytaayno law. Il y avait longtemps qu’elle n’avait plus accouché[2].
Na’am ! Na’am !
Yoo, ɓiɗɗo gorko suka goo bee ngorgi maako, Bon, le jeune garçon en question a un camarade ;
ɓe ndillan jahaangal. ils partent en voyage.
Na’am ! Na’am !
Yoo, ɓe ɗon ndilla jahaangal ɗoo, Bon ! Pendant qu’ils sont en voyage,
Na’am ! Na’am !
ɓe ndilli haa ɓe ndaaynake. ils sont allés loin.
Na’am ! Na’am !
Suy o wi’ata yoo… Puis il dit…
Na’am ! Na’am !
ɓiɗɗo gorko goo wi’ata : « – Daada am ! le garçonnet[3] dit : « – Maman !
Na’am ! Na’am !
Hamma am oo, to ɓe njehi haa toon ni, Mon grand frère [et son camarade], dès qu’ils seront arrivés là-bas,
Nyamri’en nyaaman ɓe. les Nyamri[4] les mangeront.
Na’am ! Na’am !
– Too, ayyee ! – Ah bon, c’est vrai ?
Ee noy ngaɗammi ? Et comment dois-je faire ?
– A’a, jooɗa, danyam miin kam ! – Ne t’en fais pas ! Accroupis-toi[5] et mets-moi au monde !
Na’am ! Na’am !
– Too, wooɗi ! Mi jooɗake, noy ngaɗammi ? – Bien ! Je suis accroupie, comment dois-je faire ?
– Waɗ bisimillaahi ! » – Dis “bismillah[6]” ! »
Na’am ! Na’am !
O waɗi bisimillaahi, Elle a dit « bismillah ! »,
o danyi ɓiɗɗo gorko, et elle a mis au monde le garçonnet,
Na’am ! Na’am !
bee toggoore, bee sirla, bee sawru, bee hifineere. avec son boubou, son pantalon, son bâton et son bonnet.
Na’am ! Na’am !
Suy, o ummake, o ɗon dogga, o ɗon dogga, Puis [celui-ci] s’est levé, il court, il court,
Na’am ! Na’am !
o taasni worɓe goo. et se lance à la poursuite des hommes en question[7].
Na’am ! Na’am !
Yowwa ! « – Worɓe ndaree ! Ndaree ! Ndeenee yam ! Bon ! « – Les hommes, arrêtez-vous ! arrêtez-vous ! attendez-moi !
– Hii e ɗum moy o’’oon ? – Eh ! C’est qui celui-ci ?
– A’a ! Ndenee yam, onon mbolwananmi ! » – Peu importe ! Attendez-moi, c’est à vous que je parle ! »
Na’am ! Na’am !
Wooɗi ! Ɓe ndarake, ɓe ndeeni mo. Bien ! Ils se sont arrêtés et l’ont attendu.
Na’am ! Na’am !
« – Ee moy… aa, gooto hamma am ! « – Et qui, euh[8]…, l’un est mon grand frère !
– Ee moy woni hamma maa ? – Et qui est ton grand frère ?
Na’am ! Na’am !
– Aan oon ni. – C’est bien toi !
– A’a ! Miin, daada am reedu ɗalmi. – Non ! Moi, ma mère, je l’ai laissée enceinte.
Na’am ! Na’am !
– Miin, daada meeɗaay danygo goɗɗo sey miin. – Moi, ma mère n’a accouché personne d’autre que moi.
Na’am ! Na’am !
– Aan oon wi’etee hamma am. – C’est toi qu’on appelle mon grand frère.
Na’am ! Na’am !
– Yoo, wooɗi ! – Bon, d’accord !
– Har njaaton ɗoo, – Là où vous allez,
Na’am ! Na’am !
oon… Nyamri’en nyaaman on. vous… les Nyamri vont vous manger.
Na’am ! Na’am !
Yoo, ammaa, taa loree, ndillen ma ! Mais bon, ne faites pas demi-tour, allons-y donc !
Na’am ! Na’am !
Yoo, to en njehi boo, taata mballinee yam suudu feere. Bon, quand nous arriverons, ne me faites pas dormir dans une autre case [que la vôtre].
Na’am ! Na’am !
Mbaalen miin bee mon fuu suudu wooru. Dormons ensemble, vous et moi, dans une seule case.
On tawan rewɓe, Vous trouverez des femmes,
ɓe ndokkan on rewɓe ɓee ɗoo, on vous donnera ces femmes,
ammaa, taata… taata ceedee bee am, mais, ne… ne vous séparez pas de moi,
mbaalden ma ! dormons donc ensemble !
Na’am ! Na’am !
– Yoo, booɗɗum, wooɗi ! – Bien ! Bon ! D’accord !
Na’am ! Na’am !
(Aan boo Kileele, accu le, aan boo). (– Et toi, Kileele, arrête, toi aussi[9] !)
Miin kam, na no anndumi. – Moi, [je conte] comme je le sais[10].
(Accu le sargugo goɗɗo, aan boo) (– Arrête d’embêter la personne, toi aussi[11] !)
Miin kam, na no anndumi. – Moi, [je conte] comme je le sais.
Wolwii na ! (– Parle donc[12] !)
Too, yoo, bannii goo, D’accord, bon, comme ça,
ɓe njehi ɓe cilminake, ils sont allés et se sont annoncés[13],
ɓe njaɓɓake ɓe, on les a accueillis,
ɓe ngaɗani ɓe nyaamdu maɓɓe, ɓe nyaami. on leur a préparé à manger et ils ont mangé.
Na’am ! Na’am !
Too, jam, suy ɓe leesti ɓe mbaalake. Bon, et puis, ensuite, ils se sont mis par terre et se sont couchés.
Na’am ! Na’am !
Jemma waɗi goo, ɓe mbaalake bee rewɓe goo. La nuit est tombée et ils ont dormi avec les femmes[14] en question.
Na’am ! Na’am !
Suy, yimɓe goo njehi teeni leɗɗe ngaddi haa ngula ɓe haa yii… haa suudu goo. Puis, les gens[15] sont allés chercher du bois mort[16] pour les brûler dans le f… dans la case.
Na’am ! Na’am !
Ɓe mbaalake goo, Alors qu’ils étaient couchés,
ɓe nga- ɓe ngaɗi lekki maɓɓe. ils ont… ils ont fait leur protection magique.
Na’am ! Na’am !
Ɓiɓɓe rewɓe goo ɗaanake. Les filles en question sont endormies.
Na’am ! Na’am !
Kamɓe kam, ɓe ummake, ɓe ndoggi, Quant à eux, ils se sont levés et ont pris la fuite en courant,
ɓe kuuci har ɓe kuucata. ils sont rentrés chez eux[17].
Na’am ! Na’am !
Ɓe koo’i ndiyam ngulɗam, ɓe ngulni daada’en maɓɓe goo, Elles ont pris de l’eau chaude, elles l’ont fait chauffer, les mères[18] [des filles],
ɓe ndufi dow ɓikkoy goo, jaka ɗum ɓikkoy rewɓe, elles l’on versée sur les enfants, alors que ce sont les filles,
jaka ɓikkoy maɓɓe. alors que ce sont leurs filles.
Na’am ! Na’am !
Yoo, jam, weeti fajira, Bon, et puis, le matin est arrivé,
ɓe njehi ɓe maɓɓiti, elles sont allées ouvrir [la case],
ɓe tawi ɗum ɓikkoy maɓɓe. et elles sont constaté que c’étaient leurs filles [qui étaient là].
’M’hmm ! ’M’hmm[19] !
Na’am ! Na’am !
Yoo, ɓikkoy goo kam ndoggi kuuci. Bon ! Les garçons, eux, ils sont rentrés chez eux en courant.
Na’am ! Na’am !
« Kaay ! Asee ! Jaka kuugal ngaal kam, Daawule waɗi en ngaal duu ? « Oh là là ! Ah bon ! Ça[20], c’est donc Daawule qui nous a fait ça ?
Na’am ! Na’am !
Alla anndi no ngaɗeten ! » Dieu [seul] sait comment nous allons faire ! »
Na’am ! Na’am !
Woodi debbo ajabaajo soodi gooro mum waɗi e hindayre[21] : Il y a une « femme libre[22] » qui a acheté de la kola et l’a mise dans un petit panier :
Na’am ! Na’am !
« Haa mi yaha mi heɓana en Daawule. » « Je pars nous chercher Daawule. »
Na’am ! Na’am !
Yoo, o yehi o jooɗake. Bon, elle est allée rester [là-bas].
Na’am ! Na’am !
Yoo ! O ajabaajo. Bon ! C’est une femme libre.
Worɓe ɗon ngara. Les hommes viennent.
« Jonta kam, ndaa ajabaajo wari ! « Maintenant, voici qu’une femme libre est arrivée !
Na’am ! Na’am !
Moy fuu wara ! Que tout le monde vienne !
Moy fuu wara ɗon yeewta geewteeji noy na noy na ! » Que tout le monde vienne converser de choses et d’autres ! »
Jam, suy hamma goo yeewti. Puis, alors, le grand frère a fait la conversation [avec elle].
Na’am ! Na’am !
Suy o wi’i : « Miin kam, hamma Daawule ngiɗmi. » Elle a dit alors : « Moi, c’est le grand frère de Daawule que j’aime. »
Na’am ! Na’am !
O wi’i : « Wooɗi ! » Il dit : « D’accord ! »
Too, Hamma Daawule wi’i ɓaŋan mo. Bon, le grand frère de Daawule dit qu’il va l’épouser.
Na’am ! Na’am !
Daada maako wi’i : « Taa ɓaŋ mo ! » Sa mère lui dit : « Ne l’épouse pas ! »
Na’am ! Na’am !
O wi’i : « Ɗoo ɗum yimɓe halluɓe goo. Elle dit : « Ça, ce sont des mauvaises gens.
– A’a ! Accu ! – Ça ne te regarde pas, laisse !
Na’am ! Na’am !
Accu mi ɓaŋa mo ! » Laisse-moi l’épouser ! »
O ɓaŋi, Il l’a épousée
ɓe njooɗake. et ils sont restés [ensemble]
Na’am ! Na’am !
Jonta kam, haa neeɓi, alors, un bon bout de temps.
Na’am ! Na’am !
o hooci hamma goo, o wi’i ɗum Elle a pris le grand frère et lui a dit
sey yaara mo haa maɓɓe… qu’il faut qu’il la conduise chez elle[23],
haa amin ! chez nous[24] !
Na’am ! Na’am !
« – A ɓaŋi yam, mi walaa kuuje. « – Tu m’as épousée, [mais] je n’ai rien.
Na’am ! Na’am !
– Yoo, wooɗi, ndillen ! » – Bon, d’accord, on y va ! »
Ɓinngel wi’i : « A’a ! Taa yaa ! » L’enfant[25] dit : « Non ! N’y va pas ! »
O wi’i : « Miin kam, mi yahan bee debbo am. » Il dit : « Moi, je pars avec ma femme. »
Ɓe njaadi. Ils sont partis ensemble.
Na’am ! Na’am !
Too, ɓe kooci hamma goo, Bon, ils ont pris le grand frère
ɓe kaɓɓi jonta kam haa ɓe ngaɗa dabare maɓɓe. et l’ont attaché alors pour faire leur stratagème.
Na’am ! Na’am !
Yoo, sey[26] ɓinngel goo wi’ata : Bon, puis l’enfant dit :
« Na a laari daada mi ɗon wi’a « Tu vois, maman, je disais
Hamma goo taa o yaha, que le grand frère n’y aille pas,
mbiiɗaa o yaha. et tu lui as dit d’y aller[27].
Na’am ! Na’am !
Na o halki kadi. » Il est bel et bien fichu ! »
Na’am ! Na’am !
Suy daada goo ɗon woya : Alors, la mère se mit à pleurer :
« Waɗanam dabare ! « Trouve-moi une solution !
Na’am ! Na’am !
Useni, Daawule am ! Waɗanam dabare ! » Je t’en prie, mon cher Daawule ! Trouve-moi une solution ! »
Na’am ! Na’am !
Suy, Daawule goo yehi naasti nder reedu nagge maɓɓe, jooɗake. Alors, Daawule est entré dans le ventre de leur vache[28] et s’y est installé.
Na’am ! Na’am !
Yoo, suy ɓe mbii : « Nagge ngee, Bon, ils dirent alors : « Cette vache,
to nge rimi ɓinngel daneeyel kam, si elle met au monde un veau blanc,
Na’am ! Na’am !
ɗum ɓinngel nagge men. c’est le veau de notre vache.
Na’am ! Na’am !
To ɓaleeyel kam, ɗum Daawule. » Mais s’il est noir, c’est Daawule. »
Na’am ! Na’am !
Yoo, jam, rimi nagge ɓaleeyel goo kam, Et puis, si elle donne naissance à un veau noir,
ɗum Daawule no duu ? ce serait donc Daawule[29] ?
Mhm ! Mhm !
Suy rimi naggel daneeyel, Puis elle a mis au monde un veau blanc,
jonta kam ɗum Daawule. alors, c’est Daawule.
Mhm ! Mhm !
Ala ! Jonta kam, ɗum nagge, Oh là là[30] ! En fait, c’est une vache…
ɗum ɓinngel nagge maɓɓe. c’est le veau de leur vache.
Na’am ! Na’am !
Yoo, ɓe ɗon njooɗii, Bon, quelque temps après :
« Ɓikkoy maɓɓe ! Njehee nduree nagge ɗoo ! » « Leurs enfants[31] ! Allez faire pâturer ce veau ! »
Na’am ! Na’am !
Ɓe njaha ɓe ndiiwa naggel goo, Qu’ils aillent chasser ce veau,
ɓe ndilla duroygo. qu’ils aillent faire pâturer[32].
Na’am ! Na’am !
Ɓinngel goo, Le petit,
naggel goo wi’a : « Ndillen ma yeeso seɗɗa haa gese. » le veau dit : « Avançons donc un peu dans les champs ! »
Yoo, ɓe njehi haa gese goo ; Bon, ils sont allés dans les champs ;
O[33] wi’i : « – Njooɗee, mbu’ee ! [Le veau] dit : « – Accroupissez-vous et chiez !
Naa ɗum nagge, ɗum Daawule. Ce n’est pas un veau[34], c’est Daawule.
Na’am ! Na’am !
Haa mi hooca on, Je vais vous prendre,
haa mi hooca ha hooca ɓikkoy goo ! » je vais prendre, je vais prendre ces enfants[35] ! »
Mhm ! Mhm !
Sey ɓe njooɗii ɓe mbu’i. Alors ils se sont accroupis et ils ont chié.
O wi’i : « Takkee buubi haa dow bu’e ɗee ! » Il leur dit : « Collez des mouches sur ces bouses ! »
Na’am ! Na’am !
Ɓe takki buubi haa dow bu’e goo. Ils ont collé des mouches sur les bouses.
« Too ! Ndoggee, ndillen ma ! » « Bon ! Courez, allons-nous en ! »
Na’am ! Na’am !
Ɓe kooci ɓikkoy goo, o dilli bee maɓɓe. Ils ont pris[36] les enfants et il est parti avec eux.
Na’am ! Na’am !
Yoo, Hamma Daawule, « Bon, le grand frère de Daawule,
asee, naane goo, ɗum Daawule wari jakan haa heɓa dabare mum heɓaay, en fait, avant, Daawule était venu pour trouver une solution[37], mais il n’en a pas trouvé,
hooƴi min ɓikkoy nde min kooƴi hamma. il nous a pris nos enfants comme nous avons pris son grand frère[38] ».
Na’am ! Na’am !
« Hamma huucu ! » « Grand frère, rentre à la maison ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe kooci hamma, Ils [les parents des enfants enlevés] ont pris le grand frère,
hamma yaha hoocoya ɓikkoy. le grand frère, pour qu’il aille reprendre les enfants.
Hamma yehi yerɓitoyi ɓikkoy ngarti. Le grand frère est allé renvoyer les enfants qui sont revenus.
Na’am ! Na’am !
Hamma doggi huuci. Le grand frère est rentré à la maison en courant.
A’a ! Kuugal wonnake. Oh là là ! L’affaire a raté.
Na’am ! Na’am !
Yoo, jonta kam, Bon, alors,
goɗɗo ummake laatake ibbi, yehi jooɗake haa nder wuro. quelqu’un s’est levé, s’est transformé en Ficus sycomorus et est allé se poser dans le village.
Ooho ! Ooho !
Ibbe ɓenndi. Les figues ont mûri.
Na’am ! Na’am !
Ɓikkoy ɗon teɓa, ɗon teɓa nyaama. Les enfants en cueillent, ils en cueillent et en mangent.
Na’am ! Na’am !
« Taa teɓee, min ndilli remoygo ! » « N’en cueillez pas, nous allons travailler aux champs ! »
Na’am ! Na’am !
A’a ! Ngurdigiijo ɗon yiiloo nder wuro, ɗon lada. Oh là là ! Un cul-de-jatte se promenait dans le village en se traînant par terre.
Na’am ! Na’am !
Ngurdigiijo yaha teɓa, teɓa wadda, teɓa, a’a ! Le cul-de-jatte va en cueillir, il en cueille et en rapporte, il en cueille, non !
Na’am ! Na’am !
Kaay ! « Mba’’ee ! C’est pas ça[39] ! « Montez !
Mi heɓan dabare am no njipporooɗon. » Je trouverai comment vous faire descendre. »
Na’am ! Na’am !
Ɓikkon mba’’ake, Les enfants sont montés,
ibbi ɗɓoofake huuci wuro, le Ficus s’est déraciné et est rentré au village,
Mhm ! Mhm !
yehi jooɗake. il est allé s’y poser.
Na’am ! Na’am !
(Rire) (Rire)
Yoo, ɓe koori ibbi yehi jooɗake. Bon, ils ont accompagné le figuier et il est allé se poser.
Na’am ! Na’am !
Ɓe njehi haa ɓe… ɓe mooɓti leɗɗe haa ɓe ngula ɓikkoy goo. Ils sont allés pour… ils ont entassé du bois pour brûler les enfants.
Ooho ! Ooho !
Too, yoo… A’a ! Ɓikkoy kalki daliila ngurdigiijo. Bon ! … Ho là là ! Les enfants sont perdus à cause du cul-de-jatte.
Na’am ! Na’am !
Yoo, ngurdigiijo… Bon, le cul-de-jatte…
yoo, na ɓikkoy kalki daliila ngurdigiijo. bon, les enfants sont vraiment perdus à cause du cul-de-jatte.
Ɓe ngarti ɓe tappi ngurdigiijo. Ils sont revenus frapper le cul-de-jatte.
Na’am ! Na’am !
To ngurdigiijo yehi… Quand le cul-de-jatte est parti…
[Mi ɗon yejjita haala man[40]] [Je suis en train d’oublier l’histoire[41]]
(Rire de la conteuse) (Rire de la conteuse)
Mhm ! Mhm !
[Mi ɗon yejjita haala man !] [J’oublie l’histoire !]
Ɗoo kam, takala mulus noon tan ! Puisque c’est comme ça, je n’ai plus qu’à dire takala mulus !
(Rires) (Rires)
Takala mulus man noon tan. Takala mulus et c’est tout !

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

[1] Litt. : « pour que je retrouve mon calcul comment ça pourra marcher ». La conteuse demande à Jam-Duudu, une autre conteuse présente à gauche de l’écran, de scander sa récitation en disant régulièrement ooho ! « oui ! ».

[2] Litt. : « Elle n’avait pas rapidement accouché de nouveau ».

[3] Le garçonnet en question est l’enfant à naître qui est encore dans le ventre de sa mère.

[4] Nyamri : population plus ou moins mythique, censée être anthropophage ; noter le jeu de mots entre son nom et la racine nyaam– « manger ». Le nom a été appliqué aux Igbo venus du Nigeria voisin lors de la guerre du Biafra.

[5] Litt. : « assieds-toi ».

[6] « Au nom de Dieu ! », formule que l’on prononce avant de se lancer dans une action.

[7] Il s’agit de son grand frère et de son camarade.

[8] Hésitation de la conteuse.

[9] La femme de gauche (Jam-Duudu) dit à celle qui se trouve entre elle et la conteuse de la laisser tranquille et de ne pas interférer dans son récit.

[10] La conteuse abonde dans le sens de Jam-Duudu pour dire qu’elle raconte l’histoire telle qu’elle l’a apprise et qu’il n’y a donc pas lieu de la reprendre.

[11] Jam-Duudu réitère son avertissement à sa voisine.

[12] Jam-Duudu encourage la conteuse à poursuivre.

[13] En arrivant chez quelqu’un, vous vous annoncez en disant en arabe : « Assalaam aleekum ! » On vous répond « Aleekum salaam ! » qui signifie que l’on est au courant de votre présence.

[14] En fait, il s’agit des filles de la maison.

[15] Il s’agit des femmes de la concession où les trois garçons sont arrivés. La collecte du bois mort est une tâche féminine.

[16] Litt. : « sont allés chercher du bois mort et l’ont apporté ».

[17] Litt. : ils sont rentrés là où ils devaient rentrer.

[18] « Les mères » sont le sujet de cette phrase.

[19] Une femme de l’assistance émet cette interjection, bouche fermée, pour marquer sa réprobation vis-à-vis des mères et sa pitié vis-à-vis des filles qui ont été ébouillantées dans leur sommeil.

[20] Ce sont les mères des fillettes ébouillantées qui parlent. Litt. : « ce travail ».

[21] Petit panier en vannerie dans lequel on met notamment la noix de kola.

[22] Jeune femme divorcée ou veuve, qui est donc libre de ses relations.

[23] Litt. : « chez eux », i. e. dans sa famille.

[24] La conteuse passe brusquement au style direct en se mettant à la place de la femme qui parle.

[25] C’est Daawule qui s’adresse à son grand frère.

[26] Variante de suy.

[27] On apprend donc incidemment que la mère des deux garçons avait autorisé son aîné à suivre sa femme. Rappelons que la règle est que la femme réside chez son mari, et non l’inverse.

[28] Il s’agit de la vache qui appartient à la famille de la femme de son grand frère.

[29] La conteuse ne se souvenant plus si c’est le veau blanc ou le veau noir qui serait Daawule, elle pose la question à l’assistance.

[30] La conteuse se rend compte qu’elle s’est trompée.

[31] En fait, la conteuse commence comme si elle était en style indirect et embraie en style direct.

[32] La conteuse est repassée au discours indirect.

[33] Le pronom de reprise ici devrait être ngel.

[34] Comprendre : « moi qui vous parle, je ne suis pas un veau » ;

[35] Daawule-Veau s’adresse aux enfants qu’on a envoyés faire pâturer les animaux.

[36] Erreur de la conteuse qui voulait dire « il a pris les enfants ».

[37] Daawule voulait persuader son grand frère de quitter sa femme et de rentrer à la maison.

[38] Ce sont les parents des enfants enlevés qui parlent ici.

[39] La conteuse se rend compte qu’elle s’est trompée.

[40] Incise de la conteuse.

[41] Incise de la conteuse qui a oublié la suite du conte. Elle va s’interrompre brutalement en prononçant prématurément la formule conclusive « takala mulus ».

Mboɗdi / Serpent

 

 

Mots-clés: peul, pulaar Fuuta Tooro, pular Fuuta Jaloo — littérature enfantine, imagier, animaux sauvages, serpent — blasons.
Auteurs: Bénédicte CHAINE-SIDIBE, Aliw MOHAMMADU, Mammadu Abdul SEK
Image: Étienne SOUPPART
Son: Pierre AMIAND
Descriptif: Texte d’un imagier inspiré d’un genre oral peul, jobbitooje « blasons » (Cameroun). Oralisé après publication par l’association Timtimol.
Référence: Bénédicte CHAINE-SIDIBE, Aliw MOHAMMADU, Mammadu Abdul SEK, Kulle ladde [Animaux de la brousse — Illustrations d’Étienne SOUPPART], Paris, Timtimol, 2009, 26 p. [Prix Kadima 2008].

 

 

 

Version Foûta Tôro

Ko miin woni Mboɗdi. Tooke am ina mbara. Nguru ɓanndu am ina hufoo. Nguurmi ko diwooji, doombi e paaɓi. Yimɓe cuusaa sowtude innde am. Aɓe coowira mi mbaroodi leydi, walla baajol leydi, walla daasotoongal. — p. 26


Je suis Serpent. Mon venin tue. Ma peau mue. Je me nourris d’insectes, de rats et de grenouilles. Les gens n’osent pas m’appeler par mon nom. C’est pourquoi ils me donnent les surnoms de « ueur de la terre » ou de « rampeur ».


I am Snake. My venom is deadly. My skin sloughs. I feed on insects, and rats and frogs. People dare not call me by my name. Therefore they nickname me “the killer of the earth” or “the crawler”.

 

 

Lecture normale

 

Lecture didactique

 

Version Foûta Djallon

Ko min woni Mboɗdi. Tooke am hino wara. Gurii ɓanndu am hino rusoo. Wuurumi ko koowo, doomi e toti. Yimɓe suusaa innutude lam, hiɓe wi’a-mmi mbaroodi leydi, walla baajol leydi, walla daasotoongal.  — Tijjaani Maalun Bari

 

 

Site WordPress - ELLAF par Adellaf - ISSN 2804-7672 (en ligne) - Hébergé par Huma-num -©- 2019