Kaico Arjin ! / Pauvre Arjin !

 

 

Mots-clés: haoussa, Niger — écriture littéraire, nouvelle ; édition bilingue — pauvreté, gouvernance, corruption, critique sociale.

Langue:  Bilingue haoussa/français.

Modalités d’énonciation: Texte écrit et illustré.

Auteurs: Aliyo Mainasara

Genre: Nouvelle.

Éditions: Niamey, Albasa, 2004, 103 p. Version PDF téléchargeable sur le site d’African Language Materials Archive (ALMA), rubrique « Hausa Language Ebooks » : http://www.dlir.org/e-books.html

Contexte d’écriture:  Kaico Arjin / Pauvre Arjin ! paraît en 2004 à Niamey aux Éditions Albasa. 

Le Projet éducation de base/Promotion de l’enseignement bilingue (2PEB 1997-2003) a initié plusieurs rencontres culturelles, dont celles de Birni N’Konni en 1999, de Zinder et de Maradi en 2000. Lors de ces rencontres, plusieurs textes en haoussa ont été présentés et compilés dans trois volumes de Duniyar haoussa. La contribution de Alio Maïnassara à ces rencontres a fait l’objet d’une publication à part sous le titre de Kaico Arjin ! Pauvre Arjin ! (2004). Initialement écrite en haoussa, la contribution a été traduite en français par l’auteur à la demande des organisateurs, aboutissant ainsi à ce recueil de nouvelles bilingue.

Dans la préface, l’auteur précise : « J’ai écrit ce petit recueil de nouvelles titré ‘Pauvre Arjin !’ avec l’intention d’apporter ma contribution dans la lutte contre l’imposture et d’autres mauvaises pratiques comme la corruption et le non-respect des engagements. […] Mon plus grand souhait est que ce petit recueil soit accepté par les lecteurs ».

Descriptif:  Le livre compte 103 pages. La première de couverture représente un homme portant un turban. Son visage évoque la forme de la carte du Niger. Arjin symboliserait donc tout simplement le pays, le Niger. Cette interprétation devient plus convaincante lorsqu’on sait qu’Arjin est une anagramme du mot Nijar, qui est la désignation du pays en haoussa.

Le livre est subdivisé en trois parties : 1) « Maza tuwon ƙaya  / Intraitables sont les héros », 2) « Nama ya ƙone / La viande est calcinée », et 3) « Bakin zare ya ɓace wa ƴaƴan Arjin / Les fils d’Arjin s’embourbent ». Chacune de ces trois parties comporte quatre nouvelles.

Résumé: Le titre, Kaico Arjin ! Pauvre Arjin ! », résume à lui seul le recueil : kaico est une interjection exprimant le regret et la compassion, ce qui induit la traduction par « pauvre ! ».

Arjin est un vieil homme qui vit dans une situation difficile, provoquée par l’imposture et la malhonnêteté de certains de ses fils. L’histoire est présentée comme vraie. L’auteur explique dans la préface qu’elle est « le résultat d’une longue observation de la vie quotidienne de la famille Arjin ». L’histoire confirme l’utilité « des conseils invitant à suivre l’exemple des dirigeants honnêtes qui font des bonnes œuvres ». De même, elle illustre « les conseils incitant à fuir les mauvais dirigeants tout en les maudissant ».

 

 


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Extrait1

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[Haduwar Arjin da yan-fashi]

[Arjin rencontre les brigands]

Arjin yana zaune cikin gidansa lafiya lau, sai kwatsam ba zato ba tsammani, ƴan fashi suka auka masa. Waɗannan mutane ƴaƴan wani mutun ne mai suna Safarana. Sun fito daga wata daula mai nisa da ake ce wa Utari. Utari daula ce mai attajirai da suka tara maƙuɗan kuɗi. Saboda kuɗaɗensu suka riƙa juya akalar mulkin daular yanda suke so. Suna sanya talakkawa cikin halin ƙangi tare da danne duk wani mai manufar da ta saɓa wa tasu.

Assis paisiblement dans sa maison, Arjin a reçu la visite inopportune des brigands. Ces derniers sont les fils d’un homme appelé Safarana. Ils viennent d’un empire lointain nommé Outari. C’est un empire dans lequel les richards qui y vivent, manipulent le pouvoir à leur guise. Ils maintiennent les gouvernés dans une situation précaire tout en réduisant toute possibilité de velléité de se procurer quelque chose pour soi.

Attajiran daular Utari sun dogara ga wata manufa ta jari hujja da suka ƙirƙiro sakamokon haɓɓakar arzikin daularsu. Masu mulkin Utari sun raba wata daula mai suna Raifa tsakaninsu ba tare da shawartar mazauna daular ba. Sun yi bincike don gano dubarar da za ta sa su kara habbaka arzikinsu ta hanyar sana’a da sassan da za su mallaka. Wannan manufa ta danganta ga yawan jama’ar daular da buɗuwar harakokin kasuwanci da ƙaruwar ilimi ta fannin kimiyya. Sun shiga daular Raifa da kyaukyawar niyya a baka. Amma daga ƙarshe sai cikakkiyar manufarsu ta bayyana. Masu kuɗi da masu mulkin Utari na da aƙidar ƴan jari haja da ta ƙunshi abubuwan da ke ƙara rishin mutunci da rishin tausayi. Wannan yana nuna kamar sun yi baki ɗaya ne don su cuci talakkawan duniya gaba ɗaya. Neman dukiya ya toshe wa waɗannan mutane basira. Sun shiga duniya da nufin tara arzikin ta kowane hali.

Les richards d’Outari s’appuient sur un système capitaliste qu’ils ont créé pour développer l’économie de leur empire. Quant aux gouverneurs ils se sont partagé un autre empire appelé Raifa sans en consulter les occupants. Ils ont mené des recherches afin de trouver une méthode leur permettant de développer leur économie à travers le commerce avec les zones qu’ils colonisent. Ce principe est le résultat de la croissance démographique, du développement des activités économiques et du progrès scientifique. Ils entrent dans l’empire de Raifa en chantant leurs bonnes intentions. Mais à la fin le vrai sens de leur discours apparaît. Les richards et les gouverneurs de Outari ont une idéologie capitaliste qui contient en elle les germes de l’insensibilité et de l’antipathie. Ceci dénote leur complot commun pour nuire à l’ensemble des pauvres du monde. La recherche du profit les a éblouis. Ils sont entrés dans le monde afin d’accumuler des richesses à n’importe quel prix.

Ibrahim Yahaya

 


Note:

1  Extrait pp. 12-13. Texte bilingue, traduction française reprise par Ibrahim Yahaya. Le texte haoussa respecte la graphie originale.