La geste de Ségou
Classiques africains
Mots-clés:
mandingue, bambara, oralité, épopée, griot, royaume de Ségou
Éditeur scientifique:
Gérard Dumestre
Production du corpus:
Ces textes ont été enregistrés entre 1965 et 1971 à Bamako ou à Ségou. Ils ont été publiés en 1979 dans la collection « Classiques Africains », n° 19, diffusée à l’époque par Armand Colin, et aujourd’hui par Karhala.
Édition du corpus:
Collecte: Gérard Dumestre (les deux récits de Baba Cissoko et le second récit de Taïrou Bambéra); Lilyan Kesteloot (le récit de Sory Kamara); Sékou Traoré (le premier récit de Taïrou Bambéra).
Transcription: Gérard Dumestre
Traduction: Gérard Dumestre
Descriptif:
Ce volume de 419 pages comprend cinq textes en version bilingue bambara-français. Ils sont précédés d’une introduction de 60 pages et suivis d’annexes et d’une bibliographie. Tous sont des fragments d’une geste plus vaste qui comprend un ensemble de récits relatifs au royaume bambara de Ségou, d’où le titre donné au volume.
Les deux premiers récits, donnés par Baba Cissoko se rapportent à un héros de Ségou, Bakari Dian. Le troisième, interprété par Sory Kamara, raconte la victoire du jeune Da, le fils de Monzon, sur Douga de Koré, roi d’une ville voisine qu’il avait défié à la demande de son père. Les deux derniers récits, dits par Taïrou Bambéra, racontent, pour le premier, l’avènement de Da et, pour le second, un épisode du règne de Biton.
L’exécution orale de tous ces récits épiques a toujours été sollicitée par les collecteurs. Toutes les performances se sont donc déroulées dans des conditions artificielles, en dehors de l’auditoire naturel de l’épopée. Elles ont obéi cependant aux règles d’énonciation propres au genre quant à la diction (voix de tête, déclamation rapide) et à l’accompagnement musical (kóra ou ngɔ̀ni, deux variétés de harpes-luths à cordes), selon des séquences prosodiques qui ont conduit l’éditeur du recueil à les présenter sous une forme versifiée, la versification n’étant pas en l’occurrence entendue comme une suite d’unités isométriques, mais plutôt comme un enchaînement d’unités inégales entretenant entre elles des rapports de symétrie.
Ce volume peut être mis en relation avec La Prise de Dionkoloni, un récit épique relatant un épisode particulier de l’histoire de Ségou sous le règne de Da Monzon, également publié aux « Classiques Africains» (n° 16). Cette autre œuvre épique est répertoriée sur le site.
Référence de l’ouvrage:
DUMESTRE, Gérard (éd.), 1979, La geste de Ségou racontée par des griots bambara, traduite et éditée, Paris, Armand Colin, « Classiques africains », 419 p. [diffusé par Karthala].
Bibliographie
- DERIVE, Jean, 1997, « Eléments de poétique de l’épopée manding », in LÉTOUBLON, Françoise (ed.), Hommage à Milman Parry. Le style formulaire de l’épopée homérique et la théorie de l’oralité poétique, Amstredam, Gieben, pp. 369-377.
- DERIVE, Jean, 2012, L’Art du verbe dans l’oralité africaine, Paris, L’Harmattan, collection « Oralités », 224 p. [voir surout le chapitre 4 (pp. 99-142): « Poétique des genres. L’exemple de l’épopée mandingue »].
- DUMESTRE, Gérard, 1998, « L’accentuation d’un texte épique bambara: le cas des « Trois Amadou » de Bakoroba Koné » [Colloque de l’African Studies Association, 1989], in VYDRINE, Valentin & KIBRIK, Andrej (eds), pp. 221-236.
- JANSEN, Jan, 2001, Epopée, histoire, société. Le cas de Soundjata. Mali et Guinée, Paris, Karthala, 307 p.
- KESTELOOT, Lilyan, 2010, [avec la collaboration de TRAORÉ, Amadou et TRAORÉ, Jean-Baptiste], L’épopée bambara de Ségou, Paris, Orizons, 328 p.
- VYDRINE, Valentin & KIBRIK, Andrej (éds), 1998, Les Peuls. Recueil d’articles dédiés à Antonina Koval, St. Petersbourg, Moscou, Evropeiskiy Dom, 358 p. [bilingue russe français].
La geste de Ségou
Extrait
La trahison de Bakari Dian (pp. 62-63)
L’un des récits de la Geste de Ségou
ɔ̀ Segu yé náani yé maraka dùgu kɔ̀nɔntɔ sìdo Jara àni bálansando bálansan bà tán ní náani àni bálansan kɔ́ kùrunnin kélen. ɔ̀ dón dɔ́ Tinyɛtigiba Dantɛ àni jèliGoroli bé nìn yɔ́rɔ nìn ná kà à fɔ́ Bakari yé A kábùon kɔ́nɔ. dón dɔ́ Bkari Jan sìgilen kó jèliw mà á yé nkɔ̀ni tɛ́liya né Bakari bé à fɛ̀ kà ń dɔ̀n Segu ń bé ń dɔ̀n bì. ɔ̀ jèliw yé nkɔ̀ni tɛ́liya ɔ̀ jèliw kó Bakari mà í ní dɔ̀n ká kán Kɔda àni Jɛnɛba mɔ̀den |
Quatre villages forment Ségou, les villages marka sont au nombre de neuf. Diara d’entre les karités et les acacias, quatorze mille acacias et un acacia tordu. Un jour Tientiguiba Danté et le griot Goroli jouaient cet air-ci [1] à Bakari dans son vestibule; ce jour-là, Bakari dit aux griots: « Cadencez vos ngoni, [2] moi, Bakari, je vais danser ici à Ségou, je vais danser aujourd’hui ». Alors les griots cadencèrent leurs ngoni, ils dirent à Bakari: tu mérites de danser, petit-fils de Koda et de Diènèba. |
Notes:
[1] C’est-à-dire l’air que le griot qui narre l’épopée est en train de jouer à l’occasion de la performance.
[2] Instrument à cordes qui accompagne l’épopée.