Capverdien

Nom et code ISO:

Cap-verdien, Kabuverdianu (kea)

Locuteurs :

En République du Cap-Vert, le capverdien est la langue maternelle d’au moins 95% de la population résidente, ce qui représente environ 500.000 locuteurs L1, la plupart des allophones vivant au Cap-Vert étant capables d’utiliser le capverdien en tant que L2. On trouve de nombreux locuteurs du capverdien hors de l’archipel du Cap-Vert. Les principales communautés émigrées capverdienne sont localisées aux États-Unis d’Amérique (300.000 personnes), au Portugal (150.000), en France et aux Pays-Bas (50.000 dans chaque pays), au Sénégal et en Angola (plusieurs dizaines de milliers), à Saint-Thomas et Prince ainsi qu’en Italie (plus de 10.000). Les membres de ces communautés ont des degrés divers de connaissance du capverdien, les générations nées hors du Cap-Vert tendant à s’assimiler linguistiquement à la langue dominante du pays d’accueil. Cela étant posé, on peut considérer que le capverdien est la langue maternelle d’environ 500.000 membres de la diaspora. Il y a donc approximativement 1 million de locuteurs L1 du capverdien dans le monde.

Région :

Le capverdien est fondamentalement la langue autochtone de l’archipel du Cap-Vert, qui compte 9 îles habitées à 500km au large de Dakar, en Afrique de l’Ouest) et a une superficie d’environ 4000km2. Cependant, la langue capverdienne est pratiquée au quotidien dans de nombreuses autres régions de la planète, du fait de la très forte et ancienne tradition d’émigration des capverdianophones. Le capverdien et ses locuteurs sont essentiellement présents sur trois continents : Afrique (Sénégal, Angola, Saint-Thomas et Prince), Amérique du Nord (États-Unis), Europe (Portugal, France, Pays-Bas, Italie, Luxembourg).

Classification :

créole à base portuguaise 

Dialectologie :

Il y a (1) une variation interinsulaire. Chacune des neuf îles habitées de l’archipel du Cap-Vert possède sa propre variante dialectale, aisément reconnaissable par les locuteurs des autres variantes. Il convient de distinguer deux groupes, le capverdien du Sud parlé dans les quatre Îles Sous le Vent (portugais Sotavento) – Brava, Fogo, Maio, Santiago – par environ 65% des capverdiens et le capverdien du Nord parlé dans les cinq Îles au Vent (portugais Barlavento) habitées – Boa Vista, Sal, Sant’Antão, São Nicolau, Sal – par environ 35% des capverdiens. Et (2) une variation intra-insulaire où l’on trouve de nombreux lectes qui se répartissent en deux types principaux : géographiques et sociaux, ces derniers étant. nettement plus importants. 

Statut :

En République du Cap-Vert, le capverdien a été déclaré langue nationale en 1998 par l’Assemblée Nationale, aux côtés du portugais qui a seul le statut de langue officielle.

Ecriture :

Le capverdien est attesté régulièrement à l’écrit depuis la fin du XIXe siècle et il a toujours été écrit avec l’alphabet latin. En 1998, l’Alphabet Unifié pour l’Écriture du Capverdien (acronyme portugais : ALUPEC/ capverdien : ALUPEK) est adopté par le gouvernement capverdien à titre expérimental. Cette décision est prolongée en 2009 par un décret-loi qui confirme l’adoption officielle de l’Alphabet Capverdien (acronyme capverdien : AK). Dans la pratique contemporaine, on observe toujours une profusion de systèmes graphiques distincts, en particulier dans les livrets des albums de chansons capverdiennes, mais la production écrite capverdienne imprimée au Cap-Vert (romans et poésies) tend de plus en plus à reprendre les principales règles de l’AK (avec certaines adaptations idiosyncratiques, en particulier au niveau de l’accentuation graphique).

Principaux traits typologiques :

Langue à accent tonique avec 7 ou 8 voyelles orales mais pas de nasales phonologiques. Il y a des syllabes ouvertes et fermées. Le capverdien est une langue a tendance isolante avec une morphologie flexionnelle essentiellement analytique. Au niveau du nom, il existe des flexions de genre (masculin/féminin) et de nombre d’un emploi limité, et les phénomènes d’accord sont réduits. Au niveau du verbe, il n’existe, à l’exception du verbe ser, ‘être’, aucune marque ou affixe codant la personne du sujet. La morphologie dérivationnelle du capverdien est assez riche et majoritairement suffixale. C’est une langue SVO avec les relatives qui suivent le nom qu’elles qualifient. La coordination se fait très fréquemment par juxtaposition. Le lexique du capverdien provient du portugais à plus de 95% avec plusieurs dizaines de termes qui proviennent de langues ouest-africaines, essentiellement – par ordre d’importance – le mandingue, le wolof et le temné.

Nicolas Quint