Nom et Code ISO: kinyarwanda, rwanda, runyarwanda (639-3, kin, rw).
Locuteurs: 12 000 000 au Rwanda (2017); 40 000 000 sur toute la région.
Région: L’aire du kinyarwanda s’étend sur la vaste zone des Grands lacs africains incluant le Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), Bufumbira en Ouganda et Karagwe en Tanzanie. Le kinyarwanda et le kirundi sont une seule et même langue, distingués uniquement pour des raisons d’autonomie politico-linguistique. L’intercompréhension est quasi totale.
Classification: Congo-Kordofan; Niger-Congo; Benué-Congo; Bantoïd; Bantu; Protolacustre occidental; Interlacustre central; Rwanda-Rundi; Rwanda.
Dialectologie: On recense à l’intérieur du pays quelques variations phonologiques et lexicales qui sont plutôt régionales et qu’on considère comme des dialectes tels le kiréera (nord), le kigoyi (nord-ouest), le kinyágisaká (sud-est), et le gisoózo (sud-ouest). Dans toute la zone, on peut noter l’existence du kinyamuleénge (sud-Kivu), du kinyábwiísha (nord-Kivu); et du gifuumbira (sud-Ouganda).
Statut: Au Rwanda, le kinyarwanda a le statut de langue nationale et de langue officielle qu’il partage avec le français, l’anglais et tout récemment, le swahili. Il n’a pas le statut de langue d’enseignement sauf durant les trois premières années du primaire. La situation a connu une évolution significative depuis 1994. Depuis l’indépendance et jusqu’en 1994, la langue dominante était le français, suite à la colonisation belge et la bonne entente entre le pouvoir de l’époque et la France qui l’a soutenu militairement pendant la guerre 1990-1994. Après 1994 et la victoire du Front Patriotique Rwandais (FPR), aujourd’hui au pouvoir suite au soutien des Etats-Unis et du Royaume-Uni, l’anglais a pris la place du français, en devenant notamment la langue d’enseignement. L’évolution des langues européennes dans l’espace rwandais n’a pas modifié le statut du kinyarwanda.
Écriture: L’orthographe du kinyarwanda a été fixée en 1936 mais a connu de fréquents ajustements, le dernier datant de 2014.
Principaux traits typologiques: Le kinyarwanda compte 24 consonnes (sonores/sourdes) dont 4 nasales qui se combinent avec d’autres pour former des complexes, 5 voyelles qui peuvent prendre une forme brève ou longue et 2 semi-voyelles ou semi-consonnes. Le nom, de structure CVC, est identifié par la classe à laquelle il appartient. Le kinyarwanda compte 16 classes (sg/pl.) qui régissent les accords grammaticaux dans la phrase. C’est une langue à tons dont les principaux sont le ton bas et le ton haut.
Bibliographie:
-
- BIZIMANA, S. & al., 1998, Imiteêrere y’îkinyarwaanda, Butare, Institut de Recherche Scientifique et Technologique (IRST)
- CADIOU, Y., 1985, Le Kinyarwanda, études de morpho-syntaxe, Paris, Bibliothèque d’Information Grammaticale (BIG).
- GREENBERG, J., 1963, Languages of Africa, La Haye/Paris, Mouton.
- GUTHRIE, D., 1948, The Classification of the Bantu languages, Oxford, International African Institute.
- KAYUMBA, C., 1989, Etude sociolinguistique du gitwa, sociolecte du kinyarwanda, Mémoire de licence (équivalent Master), Ruhengeri, Université Nationale du Rwanda (UNR).
- MUDENGE, G., 1985, Phonétique, phonologie et morphosyntaxe du kirêera, dialecte du kinyarwanda, mémoire de licence (équivalent Master), Ruhengeri, Université Nationale du Rwanda (UNR).
- MUNYAKAZI, L., 1984, La situation sociolinguistique du Rwanda. Aspects endocentrique et exocentrique, Thèse de doctorat de 3ème cycle, Nice.
- MUREKEZI, J.-B., 1984, Description phonétique et phonologique du kikiga, mémoire de licence (équivalent Master), Ruhengeri, Université Nationale du Rwanda (UNR).
- NKEJABAHIZI, J.-C., 2010, «Étude linguistique chez les Baráshi/Banyaambo du Rwanda», in Rwanda Journal, n° 18, p. 23-40.
- NKEJABAHIZI, J.-C., 2007, «Qu’est-ce que le kinyágisaká? Contribution à la dialectologie rwandaise», in Études Rwandaises, n° 15, p. 22-40.
- NSANZABIGA, E., 1993, Structures prosodiques du rushobyo et du kinyarwanda, Thèse de doctorat, Nice.
Jean-Chrysostome Nkejabahizi