Malgache

Nom et code ISO : malgache ; ISO 639-1 : mg ; ISO 639-2 : mlg
A Madagascar, la langue malgache est dénommée (fi)teny malagasy ou (fi)teny gasy en abrégé. Dans l’île française de Mayotte (Comores), la variété de cette langue parlée localement est appelée kiboŝy (kibushi) ou kiboŝy kimaôre. Le nom « malgache », transformation de l’ancien nom madécasse donné à la langue par les explorateurs, est l’appellation courante aujourd’hui dans le monde francophone.

Classification
Le malgache appartient à la famille des langues austronésiennes dont le berceau serait situé sur la côte sud de la Chine ou à Taiwan.
Dans cet ensemble, le linguiste norvégien Otto Ch. Dahl (1951) a distingué deux grands sous-groupes :

(1) les langues du groupe formosan (de Taiwan), et
(2) les autres langues appelées malayo-polynésiennes (de l’Ouest, de l’Est, dites langues océaniennes).

Le proto-malgache présente des similarités avec les langues du groupe barito du Sud-est de Bornéo. Cette langue mère a subi l’influence du malais et du javanais. En traversant l’Océan Indien, elle est entrée en contact avec le sabaki, langue bantoue qui s’est fragmentée en pokomo, swahili et comorien. Le malgache a emprunté à l’arabe et, à partir du 19ème siècle, à l’anglais et au français.

Locuteurs et aire linguistique
Contrairement à ce qui est attesté dans d’autres pays de l’Afrique francophone, Madagascar possède une langue unique, déclinée en plusieurs variétés régionales plus ou moins proches, qui est comprise dans l’ensemble du pays. Le niveau d’intercompréhension entre ces variétés est comparable à celui qui existe entre, par exemple, le français parisien et le français canadien du Québec.
Aujourd’hui, la langue est parlée par environ 22 millions de locuteurs à Madagascar, auxquels il faut ajouter les malgachophones de Mayotte dans l’archipel des Comores (26 000 personnes, soit un tiers de la population), et ceux de France (environ 60.000).
Le malgache est reconnue par l’Académie Africaine des langues (ACALAN) de l’Union Africaine comme une langue transfrontalière, comme le peul et le kiswahili par exemple.

Dialectologie
On distingue deux aires dialectales : celle de l’Ouest et du Sud, celle de l’Est et du centre, auxquelles il faut ajouter celle du Nord, dont le dialecte participe des deux autres aires.
Quant au malgache kiboŝy kimaôre, il comprend lui aussi deux variétés : la première, commune à la plupart des villages ne reçoit pas de nom spécial (on l’appellera simplement kiboŝy kimaôre, en un sens restreint) ; la seconde, qui est propre à trois localités seulement, s’appelle kiantalaotsy, un terme qui réfère aux Antalaotsy, groupe musulman qui occupait autrefois une série de cités commerçantes le long des côtes nord-ouest de Madagascar » (N.J. Gueunier, 2016).

Statut sociolinguistique
Standardisé par les missionnaires britanniques lors de la christianisation (début du XIXème siècle, période anglaise), le parler merina de Tananarive se répand et acquiert le statut de langue officielle de la monarchie vers la fin du 19ème siècle. Il devient la langue d’enseignement, la langue de la religion chrétienne et la langue de l’administration royale, reléguant ainsi les autres variétés régionales dans le domaine de l’oralité.

Pendant la période coloniale (1896-1960), le français est imposé comme langue officielle et langue d’enseignement, mais l’administration continue d’utiliser le malgache comme langue vernaculaire pour communiquer avec la population.

Depuis l’indépendance (1960), le bilinguisme est instauré dans le système éducatif mais une diglossie enchâssée perdure (français-malgache et malgache officiel-variétés régionales).
En 1972, un nouveau gouvernement d’inspiration nationaliste préconise le rejet de la langue française et le retour aux sources en revalorisant la langue et la culture malgaches. La langue malgache est alors promue langue d’enseignement et le français étudié comme langue étrangère. Pour des raisons diverses, cette « malgachisation » n’est pas parvenue à hisser la langue malgache au rang de langue de prestige et de promotion sociale.
Une nouvelle politique linguistique est actuellement en cours d’élaboration. L’article 15 de la Loi n° 2005-006 portant sur la politique culturelle nationale pour un développement socio-économique (2005) précise le statut et les fonctions de la langue malgache et des langues étrangères :
Voir J. Leclerc, «Madagascar» dans le site L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval,

http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/madagas.htm

A Mayotte (Maore), on est en présence d’une diglossie concernant le statut inégalitaire du kiboŝy, langue utilisée surtout dans les villages et du kimaôre, (langue comorienne appartenant à la famille bantoue), langue de prestige et d’ouverture sur un espace social plus large.
La langue française est la langue officielle.

Écriture
Le malgache utilise la graphie arabe et la graphie latine.
C’est au début du 19ème siècle que des populations islamisées ont introduit sur les Hautes terres centrales, en Imerina, une écriture fondée sur la graphie arabe modifiée et voyellisée : la sorabe ou « grande écriture » considérée comme sacrée.
Même si elle a été supplantée dès le début du 19ème siècle par l’écriture latine qui avait la faveur des conseillers anglais et français du roi Radama I (1793-1828), elle perdure sur la côte sud-est.

Principaux systèmes de la langue
Système phonologique
Le malgache compte vingt-sept consonnes, cinq voyelles et sept diphtongues.
Les cinq voyelles i, u , e, o, et a (sauf e et o) peuvent apparaître en position initiale, médiane ou finale, dans une syllabe accentuée ou inaccentuée. La forme graphique de la voyelle [i] en fin de mot est y.
Il existe deux diphtongues : ai, ao. Les voyelles des suites suivantes sont syllabiques : oi, eo, ia, oa, io.

Accent
Le malgache est une langue à accent variable.
La préfixation ne change pas la place de l’accent, la suffixation par contre le déplace vers la fin du mot (àntso « appel », miàntso « appeler », antsòina « qu’on appelle »)

Morphologie
Le malgache est une langue agglutinante, avec une majorité de mots construits par affixation et un nombre d’affixes très limité. Il ne possède ni genre grammatical (pour les êtres vivants, le sexe peut être précisé par lahy, « mâle » ou vavy, « femelle »), ni pluriel (sauf pour les adjectifs démonstratifs et certains pronoms)

Voix
Le malgache est une langue à voix multiple. On y dénombre cinq voix symétriques de base: active, passive, instrumentale, applicative et circonstancielle

Syntaxe
La structure de base est un énoncé à verbe initial de type VOS.

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Bibliographie:

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  • AKADEMIA MALAGASY, 2005/2009, Rakibolana Rakipahalalana, Antananarivo, Akademia malagasy.
  • BUILLES J. M., 1984, Le Merina. Description phonologique et grammaticale de la variété de malgache parlée à Tananarive, Paris, Université Paris 5.
  • DAHL O. Chr., 1951, Malgache et maanjan. Une comparaison linguistique, Oslo, Egede Universitetforlaget.
  • DEZ J., 1980, Structures de la langue malgache, Paris, Publications orientalistes de France.
  • FUGIER H., 1999, Syntaxe malgache, Louvain, Peeters.
  • GUEUNIER N. J., 2016, Dictionnaire du dialecte malgache de Mayotte (Comores). Moroni,  KomEDIT, 2ème édition revue et corrigée (1ère édition, Revue Etudes Océan Indien, 7, N° spécial, 1986).
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  • OUVRARD L., 2011, Les particules énonciatives en betsileo du sud, dialecte malgache parlé dans la région de Fianarantsoa (Madagascar), Paris, Institut National des Langues et Civilisations Orientales : TezaBoky et Croima.
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  • RABENILAINA R. B. et Morin J. Y., 2015, Vitasoa. Dictionnaire français-malgache, Analamahitsy, éditions Ambozontany.
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  • RAJAONARIMANANA, N., 1995, Dictionnaire du malgache contemporain, Paris, Karthala.
  • RAJAONARIMANANA, N., 1995, Grammaire moderne de la langue malgache, Paris, L’Asiathèque.
  • RAJAONARIMANANA N., FEE S., 1996, Dictionnaire Malgache dialectal-Français. Dialecte tandroy, Paris, L’Asiathèque.
  • RAJAONARIMANANA N., 2012, (dir.), Rakibolan’ny ankizy, (Dictionnaire des enfants), Antananarivo, Le Zébu francophone, Tezaboky et Idac, (2ème édition).
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  • SIMON P., 2007, Fiteny fahizany. Reconstitution et périodisation du malgache ancien, Paris, L’Harmattan.

 

Narivelo RAJAONARIMANANA