Nom et code ISO: Zarma (ISO 639-3, dje)
Si on considère généralement ces parlers comme un continuum ou une « famille de langues » (Heath 1999), qu’on appelle dans le monde universitaire la « langue songhay ». Au Niger, cependant la plupart des linguistes regroupent les variantes sous l’appellation de langue songhay-zarma (cf. B. Yaro 1993, H. S. Hanafiou 1995 et O. Boukari 2008). . Quant aux locuteurs, ils spécifient le nom de la variante pour désigner la langue qu’ils parlent, comme N. Chaibou Maiga (2001) lorsqu’il utilise l’expression ay ne hã « je dis que ».
Locuteurs : 2,350,000 au Niger (2006). Population totale tous pays: 2,440,100.
Région : Principalement présent dans la vallée du fleuve Niger (Niger, Mali) et plus marginalement au Bénin, au Burkina Faso et en Algérie. B. Grimes (1996) signale aussi des locuteurs de cette langue au Nigeria.
Classification : Nilo-Saharan, Songhay, Eastern Songhay, Zarma-Kaado-Dendi
(1) le songhay méridional composé d’au moins huit variantes dialectales qui présentent une certaine homogénéité et entre lesquelles il y a intercompréhension, même si celle-ci n’est pas totale d’un bout à l’autre du fleuve : le songhay occidental, ou koyra ciini [ISO 639-3, khq] (litt. « langue du village »), que l’on parle dans la zone de Tombouctou à Niafounké (Mali) ; le songhay oriental, appelé koyra boro senni [ISO 639-3 ses] (litt. « langue des villageois »), présent dans la région de Gao (Mali) ; la langue de Djenné (Jenne ciini) parlée dans l’enclave de Djenné (Mali) ; le songhay central, appelé Humburi senni [ISO 639-3 hmb](litt. « langue de Hombori), qui est pratiqué dans les régions de Hombori (Mali), de Tinié et de Filio (Burkina Faso) ; le songhay du fleuve (ou kaado) parlé dans la région du fleuve et de l’Anzourou, ainsi que par les Kourtey, des Peuls parlant aujourd’hui la langue songhay (Niger) ; le wogo que l’on trouve dans les îles autour de Bourra au sud d’Ansongho et dans l’archipel de Tillabéri (Niger); le zarma qui est essentiellement parlé sur la rive gauche du fleuve Niger, à l’ouest de l’actuelle République du Niger, dans les arrondissements de Ouallam, Kollo, Dosso et, en partie, celui de Fillingué. On distingue toutefois au sein de ce groupe deux sous-variantes : d’une part, celle parlée dans le Zarmataray, de l’autre celle présente au Zarmaganda ; le dendi [ISO 639-3, ddn] est quant à lui parlé au sud du fleuve dans la région de Gaya, vers la frontière du Bénin, ainsi qu’au nord du Bénin (Karimama, Djougou, Parakou et Kandi).
(2) le songhay septentrional comprend des variétés « mixtes » parlées par des locuteurs culturellement intégrés dans le monde touareg. Les parlers des groupes nomades : le tadaksahak et le tagdal-tabarog, le tagdal étant parlé par la tribu des Igdalen et le tabarog par celle des Iberogan et les parlers des groupes sédentaires : le koranje (ou belbali) parlé dans le sud-ouest algérien, plus précisément dans l’oasis de Tabelbalam et le tasawaq qui comprend quant à lui deux sous-variantes (l’ingelsi présente dans la région d’Ingal et de Teggida-n-tessemt, vers Agadez et l’emghedesi disparue au début du 20ème siècle).
Statut : Le songhay est langue nationale au Mali, le songhay-zarma et le tasawaq (bien que parlé par seulement 8000 locuteurs) au Niger et le dendi au Bénin ont statut de langue nationale. Le français comme langue officielle tant au Mali qu’au Niger et au Bénin implique que la scolarisation passe par le français.
écriture : Dans les parlers songhay, il existe en principe une orthographe officielle interétatique depuis la conférence de Bamako (1966) qui sous l’égide de l’UNESCO avait réuni un groupe d’experts pour l’unification des alphabets des langues nationales, parmi lesquels, entre autres, des experts du songhay. Depuis, au Niger, la transcription orthographique a été inscrite dans la loi, suite à la loi n° 98-12 du 1er juin 1998 portant orientation du système éducatif nigérien par un arrêté du 19 octobre 1999 (n°0215).
Principaux traits typologiques : Langue SOV de type isolante à faible morphologie, sans aucune sorte d’accord. A côté des verbes il existe des prédicats non-verbaux. Un système de 20 consonnes avec une série de nasales mais sans semi-nasales, ni labio-vélaires ni glottalisées et des voyelles comportant des nasales et des voyelles longues. Structure syllabique ouverte. Un système tonal à deux niveaux et quatre tons.
Sandra Bornand