Mimèsis

 

Ce terme grec est employé par Aristote pour désigner une fonction de la littérature de fiction consistant à donner l’illusion d’une reproduction du réel à l’identique. Comme telle, elle peut toucher aussi bien au narratif (vraisemblance des événements relatés dans une intrigue) qu’au descriptif (respect scrupuleux des éléments représentés). Ce concept ne représente bien entendu qu’une des fonctions possibles de la création littéraire dont la tâche ne se limite pas à donner une « photographie » fidèle de la réalité (« le miroir qu’on promène le long d’un chemin » selon la formule de Stendhal à propos du roman). La fonction mimétique sera donc plus ou moins à l’œuvre suivant les genres et suivant les cultures. L’art littéraire est aussi, comme celui du peintre, transfiguration du réel, sublimé, caricaturé etc. Cela dit, il y a souvent des degrés de mimesis dans la mesure où la création littéraire n’abandonne que très rarement toute référence au réel, même si elle prétend s’en éloigner comme dans le surréalisme.
Avoir une approche mimétique d’un texte littéraire, c’est donc s’interroger sur son rapport au réel. Cette relation varie selon les genres, (le conte merveilleux, la littérature fantastique ou la littérature de science-fiction sont, par leur nature même, beaucoup moins mimétiques que le roman réaliste par exemple). La notion de mimesis est aussi tributaire de la conception qu’une culture se fait de la réalité sensible. Ainsi, la fonction mimétique d’une œuvre ne sera pas forcément appréhendée de la même façon et ce qui apparaîtra comme fantastique aux yeux d’un critique occidental pourra être perçu comme beaucoup plus réaliste par un lecteur africain. C’est donc en fonction d’un substrat culturel préalable que la question de la mimesis pourra être traitée de façon pertinente dans le rapport entretenu par une littérature avec son environnement culturel.

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Bibliographie:

  • BERGEZ Daniel & alii, 1999, Introduction aux critiques pour l’analyse littéraire, Paris, Dunod.
  • CHELEBOURG Christian, 2000, L’imaginaire littéraire, Paris, Nathan.
  • MORIER Henri, 1989, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, PUF, (4e édition).

Jean Dérive