Woudâlo-Woudâlo

 

Mots-clés

peul, fulfulde de l’Aadamaawa (Cameroun et États voisins) — oralité, conte, taalol — oiseau, bale de mil

Production du corpus

Conteuse: Djam Doûdou a 55 ans. Elle ne s’exprime qu’en fulfulde. Elle est née à Hodandé [Hoɗannde] Dargala. Mariée, elle n’a jamais eu d’enfant. Elle a appris à conter auprès de sa mère et de sa grand-mère. Quand elle était petite, elle savait beaucoup de contes. Maintenant, elle en a oublié une bonne partie.

Contexte de production

Hodandé [Hoɗannde], (Dargala06/03/2011)

Conte enregistré suite à un rendez-vous pris avec la conteuse

Descriptif

Woudâlo, un fils de roi, a pitié d’un oiseau qui se contente de picorer de la bale de mil.

L’oiseau finit par avaler tous les biens du village, mais, à la fin, il les restitue.

Conte avec chant.

Collecte et édition

Collecté sous la direction de: Hadidja Konaï

Image et son: Henry Tourneux

Transcription et traduction: Boubakary Abdoulaye et Henry Tourneux

Annotation: Henry Tourneux

 

 

 

 

 

 

 

Wudaalo-Wudaalo ! – Wudaalo-Wudaalo1 !
(Rires) (Rires)
Yoo ! Ɗoo kam, timmi na ? Bon ! Celui-ci est fini ?
Wudaalo-Wudaalo na ? [Je conte] Wudaalo-Wudaalo ?
Mhm ! Mhm !
Yoo ! Wooɗi ! Huuduure e daande ! Bon ! Bien ! La plaie au cou2 !
(Yolnde e tiinde !) (L’entrée au front !)
Ɓinngel ngeel, Cet enfant,
Mhm ! Mhm !
ɓii laamɗo, kanko boo… c’est un fils de roi, lui aussi…
Sonndu ɗon. Il y a un oiseau.
O yaali sonndu ɗon nyaama nyaande har wiɗaago ɗoo. En passant, [il trouve] un oiseau qui mange de la bale en grattant le sol.
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Ayyee, sonndu am ! Il dit : « Oh3 ! mon oiseau !
Ayyee, gawri baaba am mari ndii pat ni, Oh ! Avec tout ce que mon père possède de mil,
ngaraa a ɗon wiɗoo nyaande meere ! tu viens gratter la bale seulement !
Mhm ! Mhm !
Ii ! Fayannde amin woore boo a saftan. » Ii ! Une seule de nos marmites pourrait te suffire. »
Wooɗi, sonndu fiiri var ! Bon, l’oiseau s’envola var4 !
tokkii mo wi’i mo : « Ndeen kam, ndillen ma ! » le suivit et lui dit : « Alors, allons-y ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe ngari her gawri dubbe unordu maɓɓe. Ils allèrent vers le mil qui se trouvait tout autour de leur mortier.
O waddi sonndu her gawri dubbe unordu. Il amena l’oiseau dans le mil qui se trouvait tout autour du mortier.
Sonndu suppi cap ! cap ! cap ! timmini ! L’oiseau picora cap ! cap ! cap ! et mangea tout !
Mhm ! Mhm !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
(Rire) (Rires)
O wi’i : [L’enfant] dit :
« Daada am, nanii na5, [CHANT] « Ma mère, écoute,
Baaba am, nanii na, Mon père, écoute
Ko colel wi’atammi, Ce que l’oiseau me dit,
Collalel6 ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo7 !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe naastini mo, um, hum, fayannde. Ils l’ont mis dans, euh, euh, un récipient en terre.
Mhm ! Mhm !
Suppi pat, timmini, wurtii. Il a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti.
(Kaay !) (Kaay !)
Mhm ! Mhm !
(Kuugal na waɗi) (Ça c’est du boulot8 !)
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
« Daada am nanii na, [CHANT du garçon] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo, Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Ɓe naastini mo beembal. On le fait entrer dans le grenier.
Mhm ! Mhm !
Sonndu suppi pat, timmini wurtii ! L’oiseau a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé !
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
Ɓe naastini mo ngaska gawri, ɓe ufti. Ils le font entrer dans le silo à grain, ils le déterrent9.
Sonndu naasti suppi pat timmini, wurti ! L’oiseau y est entré, il a tout picoré, il a tout mangé et il est sorti !
Mhm ! Mhm !
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
Semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
Collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
Mhm ! Mhm !
O wi’i : « Jonta kam, min timmi, [L’enfant] dit : « Maintenant, nous sommes fichus,
sey na’i amin lutti. » il ne [nous] reste plus que nos vaches. »
Moɗi na’i goo fuu. [L’oiseau] avala toutes les vaches en question.
Hmm ! Hmm !
Kadi boo : De nouveau :
« Wudaalo, Wudaalo ! [CHANT de l’oiseau] « Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
O wi’i : [L’enfant] dit :
« Daada am nanii na, [CHANT de l’enfant] « Ma mère écoute,
Baaba am nanii na, Mon père, écoute,
Ko colel wi’atammi, Ce que me dit l’oiseau,
collalel ladde. Le petit oiseau de brousse.
Wudaalo, Wudaalo ! Wudaalo, Wudaalo !
Mo huuduure daande, Lui qui a une plaie au cou,
Mo yolnde tiinde, Qui a une entrée au front,
Mo labbe damarje, Qui a de petites lances,
A semti mi haaraay ! » Il a eu honte que je n’aie pas assez mangé ! »
O wi’i : « Jonta kam, [L’enfant] dit : « Désormais,
sey minin lutti bee baaba am bee daada am. » il ne reste plus que moi, mon père et ma mère. »
O wi’i : « Janngo, taa meetu ! » [L’oiseau] dit : « La prochaine fois, ne recommence pas ! »
O tuuti kuuje maɓɓe goo pat, L’oiseau régurgita tous leurs biens,
koo gawri dubbe unordu. même le mil autour du mortier.
O wi’i : « To a tawi sonndu ɗon suppa e nyaande mum, [L’oiseau] dit : « Si tu trouves un oiseau qui picore dans sa bale,
accu suppa ! laisse-le picorer.
Mhm ! Mhm !
A anndi no reedu mum foti na ? » Connais-tu la contenance de son ventre10 ? »
(Rires) (Rires)
Takkaande bojel ! Takkaande bojel11 !
(Sakko mbi’aa a jogotoo na ?) (Et tu dirais que tu vas t’occuper de lui12 ?)
(Rires) (Rire)

Corpus inédit, © Copyright Henry Tourneux

 


 

Notes:

1  Un homme de l’assistance rappelle à la conteuse le titre du prochain conte qu’elle a promis.

2  La conteuse se remémore une phrase caractéristique du conte, et une personne de l’assistance dit la suivante.

3  Ayyee : exclamation marquant la pitié.

4  Idéophone formellement apparenté à une racine verbale tchadique *fr.

5  Littéralement : « n’as[-tu] pas entendu ? »

6   Forme poétique pour collel « petit oiseau »

7  L’enfant répète le chant de l’oiseau.

8  Commentaire d’une auditrice.

9 Autrefois, on creusait de profonds silos à grain dans la terre, et on les rebouchait soigneusement.

10  L’oiseau conseille à l’enfant de laisser les oiseaux picorer comme ils ont l’habitude de le faire, sans leur proposer quoi que ce soit d’autre, au risque de se retrouver ruiné.

11  Formule conclusive.

12  Commentaire d’une personne de l’auditoire.